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MASSE DES NEUTRINOS !

 

Les neutrinos ont enfin une masse


et aussi - dans mensuel n°311 daté juillet 1998 à la page 17 (570 mots) | Gratuit
En mettant en évidence un phénomène quantique appelé " oscillation ", une équipe de physiciens japonais et américains vient d'apporter un élément de réponse décisif à l'une des questions les plus brûlantes en physique des particules: celle de la masse des neutrinos.

Les neutrinos ont-ils une masse? Le " modèle standard " qui décrit l'ensemble des particules élémentaires et leurs interactions, à l'exception de la gravitation, considère la masse de cette famille de particules non chargées comme nulle. Mais depuis une trentaine d'années, la détection des neutrinos produits par le Soleil, puis celle des neutrinos produits dans notre atmosphère, posaient une énigme: leur nombre ne correspond pas à celui attendu par les physiciens voir " Le neutrino, une particule à problème ", La Recherche, avril 1995. La solution de cette énigme peut venir d'un phénomène quantique envisagé dès la fin des années 1950, dénommé oscillation: les neutrinos d'un certain type - il en existe trois neutrinos électroniques, muoniques et tauiques - se convertissent lors de leur propagation en neutrinos d'un autre type. Des groupes de chercheurs avaient déjà fait état, mais de manière prématurée, de la découverte expérimentale d'un tel phénomène. L'équipe du projet Super-Kamiokande, qui rassemble une centaine de physiciens, affirme cette fois en apporter de solides preuves pour les neutrinos muoniques atmosphériques, c'est-à-dire ceux produits par l'interaction des rayons cosmiques particules chargées se déplaçant à très grande vitesse avec l'atmosphère terrestre. Les chercheurs ont présenté leurs résultats le 5 juin dernier, lors de la conférence internationale Neutrinos'98, et soumis un article à Physical Review Letters . Leur dispositif de détection consiste en un gigantesque réservoir de 50 000 tonnes d'eau purifiée, enterré à un kilomètre de profondeur sous les Alpes japonaises, et équipé de 11 146 détecteurs de photons photomultiplicateurs. Comme ils interagissent très peu avec la matière, les neutrinos traversent généralement notre planète sans laisser de trace. Mais il arrive parfois - toutes les 90 minutes environ - qu'un neutrino vienne heurter le noyau d'un atome d'oxygène de l'eau du réservoir. Une particule chargée est alors émise. En se déplaçant à très grande vitesse dans l'eau, elle émet un rayonnement particulier, le rayonnement Tcherenkov, qui est détecté par les photomultiplicateurs. Les caractéristiques de ce rayonnement permettent de déterminer la nature et l'énergie du neutrino incident. En analysant les 4 700 interactions de neutrinos recensées sur une période de 537 jours, les chercheurs ont constaté que le flux de neutrinos muoniques dépend de leur angle d'incidence et de leur énergie: ils observent un déficit de neutrinos de basse énergie, ou ayant parcouru une grande distance neutrinos ayant traversé une partie du globe terrestre par exemple. Cette dépendance s'explique très bien par le phénomène d'oscillation: plus le trajet parcouru est long, plus le neutrino muonique a le temps de se transformer en neutrino d'un autre type ; et moins il est énergétique, plus l'oscillation est rapide. Les physiciens ne savent pas encore en quel type de neutrinos les neutrinos muoniques se sont transformés. Mais l'existence même du phénomène d'oscillation impose qu'un des neutrinos au moins ait une masse non nulle. La mesure des oscillations conduit au chiffre de 0,07 ± 0,04 eV soit un dix millionième de la masse de l'électron, valeur qui constitue donc une limite inférieure de la masse des neutrinos. Et comme il y a beaucoup plus de neutrinos que d'électrons dans l'Univers, les neutrinos, aussi faible soit leur masse, devront désormais être pris en compte dans l'estimation de la densité de l'Univers.


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NEUTRINOS

 

Des neutrinos supraluminiques interrogent la physique


l'événement - par Denis Delbecq dans mensuel n°457 daté novembre 2011 à la page 8 (1548 mots) | Gratuit
Un neutrino peut-il aller plus vite que la lumière ? C'est ce que laissent penser les résultats d'une expérience conduite entre le CERN, en Suisse, et le laboratoire italien de Gran Sasso. Chez les physiciens, la prudence est de mise.

T out reste encore à dé-montrer. Mi-septembre, la révélation, par une équipe internationale, respectée en physique des hautes énergies, de l'existence de neutrinos « supraluminiques » a suscité une grande excitation chez les physiciens et le grand public, tout autant qu'un doute profond. Car les résultats de l'expérience dite Opera aboutiraient, s'ils étaient validés par d'autres équipes et expliqués, à une remise en question d'un des fondements de la théorie de la relativité restreinte énoncée par Einstein en 1905 : rien ne peut dépasser « c », la vitesse de la lumière dans le vide. Rien que ça... On comprend dès lors la prudence, le scepticisme, voire l'incrédulité des spécialistes du domaine. Retour sur une annonce époustouflante, et sur ses enjeux.

Vitesse de la lumière
Imaginons une course contre la montre. Un faisceau de neutrinos sur la ligne de départ pour un parcours de 732 kilomètres en ligne droite à travers l'écorce terrestre. La montre a fixé le temps du trajet : 2,4 millièmes de seconde, soit celui que mettraient des photons de lumière pour parcourir le même trajet dans le vide. Albert Einstein l'avait proposé sans jamais être démenti : rien ne peut dépasser la vitesse de la lumière, les neutrinos ne peuvent donc que l'égaler. La course s'est tenue sous l'égide de l'équipe de l'expérience internationale Opera, entre le site du CERN, près de Genève, et le laboratoire souterrain de Gran Sasso, enfoui sous 1 400 mètres de roche dans les Abruzzes italiennes. Et les résultats du chrono ont provoqué un véritable séisme : le 23 septembre, lors d'une conférence organisée au CERN, Dario Autiero, de l'institut de physique nucléaire de Lyon, annonçait que les neutrinos sont arrivés 60 milliardièmes de seconde plus tôt que prévu. Comme s'ils avaient franchi la ligne d'arrivée avec 20 mètres d'avance sur la lumière [1] .

Six mois de calculs
« Débutée en 2006, l'expérience Opera a été conçue pour observer les oscillations des neutrinos : c'est-à-dire leur transformation d'un type en un autre, en particulier celle du neutrino "muon" en neutrino "tau" », résume Dario Autiero. Ces particules fugaces sont créées au CERN par bombardement d'une cible par un faisceau de protons, provoquant une série de désintégrations qui donne finalement naissance à des neutrinos. Comme ces derniers interagissent très peu avec la matière et ne se détectent qu'indirectement, le détecteur est placé sous une roche immense, la montagne de Gran Sasso. « En 2008, nous avons décidé de mesurer le temps de parcours entre la source et le détecteur. Nous avons mis en place toute l'instrumentation nécessaire pour mesurer la distance exacte et tous les délais pouvant intervenir dans l'expérience. » Le résultat tombe en mars dernier, au très grand étonnement de l'équipe d'Opera.

Des neutrinos supraluminiques ? « Je n'y croyais pas un instant, se souvient Dario Autiero. Ça a été un vrai choc pour tout le monde. Nous avons décidé de ne rien en dire, et de tout reprendre de zéro. » Les spécialistes de géodésie de l'institut allemand de métrologie PTB ont été rappelés en renfort pour vérifier la distance parcourue. Pendant six mois, des calculs ont été faits pour évaluer l'influence des mouvements des plaques tectoniques, celle du séisme italien de l'Aquila, en 2009, la position des balises de positionnement GPS, la précision des horloges atomiques, l'emplacement des détecteurs... Et aucune de ces vérifications n'a remis en question le résultat : l'avance des neutrinos 60 nanosecondes est six fois plus importante que l'incertitude sur la mesure. Un résultat qui devient de plus en plus difficile à garder secret. Les responsables de l'expérience Opera décident donc de le rendre public le 23 septembre dernier.

Dans la communauté scientifique, le sentiment est partagé entre l'admiration pour le travail de vérification entrepris par Dario Autiero et ses collègues, et le scepticisme. Déjà, en 1987, une expérience similaire, menée dans le cadre du programme Minos, du Fermilab américain avait conduit à une conclusion proche, mais l'incertitude expérimentale était trop élevée. Jenny Thomas, porte-parole de Minos, reste prudente : « On ne jette pas des modèles qui marchent depuis longtemps pour un seul résultat. Mais si c'est vrai, ce serait le plus grand séisme dans la physique depuis Einstein. »

Pour Michel Gonin, de l'École polytechnique, qui participe à T2K, une expérience similaire à Opera au Japon, il n'est pas question de parler de vitesse supraluminique du neutrino. Il s'agit pour l'instant d'une « anomalie », comme le CERN l'indique dans ses communiqués. « C'est un excellent travail, avec un souci méticuleux d'éliminer les causes d'erreurs. Il n'y a aucun doute sur leur résultat. Reste à savoir si ce qui a été mesuré est réellement le temps de parcours des neutrinos entre la source et le détecteur. Nous devons comprendre s'il n'y a pas un biais qui a échappé à mes collègues. » Et c'est bien pour cette raison que les travaux d'Opera ont été rendus publics, affirme Dario Autiero. « Nous avons des résultats qui nous semblent solides, mais il faut maintenant que d'autres les reproduisent, c'est comme cela qu'on fait de la bonne science. »

Pour Guy Wormser, du laboratoire de l'accélérateur linéaire d'Orsay, l'expérience a été menée avec un soin remarquable. « Mais aucune physique ne peut expliquer un tel résultat qui contredit d'autres expériences, notamment l'observation, en 1987, de l'explosion d'une supernova. » À l'époque, les astrophysiciens avaient assisté à l'arrivée quasi simultanée de neutrinos et de photons émis par une explosion cosmique survenue à 168 000 années-lumière de notre planète. Les neutrinos étaient arrivés en avance légère sur les photons, un écart qui ne se démarquait pas des incertitudes de mesure. « Si on projette, sur cette supernova, l'avance des neutrinos constatée par l'équipe Opera, il aurait dû y avoir un écart de près de quatre ans entre les neutrinos et la lumière. Or il était de l'ordre de quelques heures. Cette observation de la supernova ne contredit pas la théorie de la relativité, et sa précision est dix mille fois meilleure que celle relevée par mes collègues d'Opera, à cause de la très grande distance de vol. Pour moi, l'expérience sur la supernova est idéale en matière de calcul de vitesse du neutrino, même si ces particules cosmiques ont une énergie mille fois plus faible que celles produites par l'accélérateur d'Opera. »

Biais et erreurs
Avant de repenser les fondements de la physique, il faut donc s'assurer de ce que l'on mesure réellement. Parmi les biais, la mesure de distance réelle entre la source de neutrinos du CERN et le laboratoire de Gran Sasso est évoquée. « Le problème dans ce type d'expériences est que le drapeau d'arrivée est facile à abaisser, estime Michel Gonin. En revanche, le top-départ peut être source d'erreurs, compte tenu de la manière dont les neutrinos sont fabriqués. » Les scientifiques procèdent donc par le biais de la statistique. Ce que l'on sait, c'est que les neutrinos naissent quelque part dans un tunnel long de 1 kilomètre.

De plus, la position du détecteur de Gran Sasso estimée à 20 centimètres près reste une source de biais, puisque les signaux de positionnement par satellite GPS ne peuvent pénétrer sous la montagne. Elle est donc calculée à partir de détecteurs extérieurs, et d'un dispositif optique qui ne peut être parfait.

Trancher le débat qui s'engage ne sera pas une mince affaire. Car il faut d'abord reproduire les résultats d'Opera avec une incertitude plus faible que les 60 nanosecondes mesurées. Autant l'expérience Minos, aux États-Unis, que T2K, au Japon, ne peuvent encore rivaliser en précision. « D'ici six mois, Minos devrait être nettement plus performant, annonce Jenny Thomas. Et en 2014, nous disposerons d'un faisceau à plus haute énergie qui devrait nous faire progresser. » Au Japon, le groupe T2K a aussi entrepris d'améliorer la qualité de ses mesures temporelles.

Cela suffira-t-il ? Rien n'est moins sûr, car si biais il y a, il n'est pas exclu qu'il ne frappe pas l'ensemble des expériences. « De fait, la seule chose qui serait indiscutable, ce serait de refaire l'expérience d'Opera avec des neutrinos d'énergie comparable à ceux de la supernova, prévient Guy Wormser. Si on observait à nouveau une vitesse supérieure à la lumière, ce serait la preuve d'une erreur de mesure. Dans le cas contraire, cela prouverait qu'il y a une déviation à très haute énergie, vis-à-vis de la relativité. Si d'autres expériences à haute énergie trouvent la même chose que les résultats d'Opera, cela peut aussi venir d'un même biais qui s'applique à tous. »

Pour le théoricien Jean Orloff, de l'université Blaise-Pascal à Clermont-Ferrand : « S'il existe, le biais peut autant être théorique qu'expérimental. Pour moi, si le résultat d'Opera devait être confirmé, ce ne serait pas un bouleversement complet. Il faudrait travailler à comprendre, étendre les modèles, sans tout casser. » Pour le physicien, l'annonce du CERN est une preuve de plus que la science progresse également à coup de surprises. « Quand on dépose des dossiers de financement, on nous demande de tout prévoir des années à l'avance. Mais la science avance aussi à coup d'impromptus. En tout cas, cela pose des questions stimulantes qui méritent réflexion. »

Par Denis Delbecq


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ECRANS PLIABLES ...

 

Paris, 14 octobre 2015
Des LED flexibles à nanofils : une nouvelle avancée pour les écrans pliables

Des chercheurs du CNRS, du CEA, de l'université Paris-Sud et de l'université Joseph Fourier(1) ont mis au point un nouveau procédé pour obtenir des diodes électroluminescentes (LED) flexibles. Ces chercheurs ont ainsi fabriqué la première diode électroluminescente verte flexible et à nanofils au monde ainsi que le premier système multicouche combinant des émissions bleues et vertes, une étape cruciale avant d'obtenir des écrans et des ampoules blanches à LED déformables. Leurs travaux sont publiés dans la revue Nano Letters le 14 octobre 2015.
L'attribution du prix Nobel de physique 2014 aux inventeurs de la LED bleue2 le confirme : la recherche sur les diodes électroluminescentes, DEL ou LED en anglais, connaît une forte expansion. Les LED sont composées d'un matériau semi-conducteur hétérogène, une partie étant enrichie en électrons et l'autre en étant appauvrie. Le passage d'un courant électrique dans ce matériau hétérogène provoque l'émission d'un photon, et donc de lumière.

Le choix du matériau semi-conducteur influence les caractéristiques lumineuses et physiques des LED. Il est ainsi possible d'obtenir des LED flexibles grâce à des polymères organiques pour constituer, par exemple, un écran pliable. Ces matériaux souffrent cependant d'une mauvaise brillance des bleus et d'une usure précoce. Pour pallier ces problèmes, les chercheurs ont donc combiné la haute brillance et la grande durée de vie de LED à base de nitrures3, avec la flexibilité des polymères.

Ils ont pour cela utilisé des nanofils de nitrures englobés dans une couche de polymère, puis les ont détachés de leur substrat pour réaliser une membrane flexible. Ces émetteurs mesurent plusieurs centaines de nanomètres de diamètre pour 20 micromètres4 de hauteur et l'ensemble paraît totalement homogène à notre échelle.

Les chercheurs ont ainsi fabriqué la première LED verte flexible à nanofils au monde, ainsi qu'une variante bleue. L'équipe a également combiné deux couches de nanofils de ces couleurs, afin d'obtenir une LED capable d'éclairer à la fois en vert et en bleu. Cette étape est importante car, une fois que le rouge sera ajouté, il sera possible d'émettre une lumière blanche et d'afficher des vidéos5.

Cette avancée ouvre la porte à des écrans, montres ou ampoules à LED déformables. D'autres couleurs peuvent être obtenues si les nitrures sont remplacés par des arséniures ou des phosphures, ainsi qu'en jouant sur la taille des nanofils. À plus long terme, les chercheurs espèrent utiliser des matériaux absorbants afin de transformer ces LED en photodétecteurs ou en cellules solaires flexibles.


LED
© Xing Dai
Gauche : Photos de LED bleue et verte flexibles à base de nanofils de nitrures. Milieu : Schéma illustrant la structure d'une LED flexible à deux couleurs. Droite : Spectre de l'électroluminescence d'une LED à deux couleurs.


En savoir plus sur les écrans déformables : https://lejournal.cnrs.fr/articles/demain-lelectronique-flexible

Notes :
1 Les laboratoires impliqués dans cette étude sont : l'Institut d'électronique fondamentale (CNRS/Université Paris-Sud), l'Institut Néel (CNRS) et l'Institut nanosciences et cryogénie (CEA).
2 Le prix a été remis à Isamu Akasaki, Hiroshi Amano et Shuji Nakamura.
3 Les nitrures sont une grande famille de composés azotés caractérisés par une émission lumineuse couvrant le domaine du visible et de l'ultraviolet.
4 1 micromètre (µm) = 0,001 millimètre.
5 Les écrans d'ordinateurs utilisent l'espace RVB, rouge vert bleu, qui leur permet de reproduire toutes les autres teintes grâce à des combinaisons de ces couleurs primaires. Une combinaison de ces trois couleurs donne du blanc.

Références :
Flexible Light Emitting Diodes Based on Vertical Nitride Nanowires. Xing Dai, Agnès Messanvi, Hezhi Zhang, Christophe Durand, Joël Eymery, Catherine Bougerol, François H. Julien, and Maria Tchernycheva. Nano Letter, le 14 octobre 2015. DOI: 10.1021/acs.nanolett.5b02900

 

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LES JUPITERS CHAUDS ...

 

Paris, 9 septembre 2015
Planètes : les « Jupiters chauds » se seraient formés très rapidement

Vingt ans après leur découverte, les « Jupiters chauds », ces planètes géantes gazeuses tournant de façon très rapprochée autour de leur étoile, restent encore des objets énigmatiques. En utilisant le spectro-polarimètre ESPaDOnS du Télescope Canada-France-Hawaii, une équipe internationale d'astrophysiciens menée par Jean-François Donati (CNRS) vient de montrer que ces corps pourraient ne mettre que quelques millions d'années à se rapprocher de leur étoile tout juste formée. Cette découverte devrait nous aider à mieux comprendre comment les systèmes planétaires, similaires ou différents de notre système solaire, se forment et évoluent au cours de leur existence. Elle est publiée le 9 septembre 2015 dans Monthly Notices of the Royal Astronomical Society (MNRAS) et en accès libre sur le site ArXiv.
Dans le système solaire, les planètes rocheuses, comme la Terre et Mars, occupent les régions proches du Soleil, alors que les planètes géantes et gazeuses, comme Jupiter ou Saturne, sont plus éloignées. D'où la surprise de Michel Mayor et Didier Queloz lorsqu'ils découvrent, il y a exactement vingt ans, la toute première exoplanète : celle-ci est en effet une planète géante gazeuse similaire à Jupiter, mais tournant autour de son étoile vingt fois plus près que la Terre autour du Soleil.

Depuis, les astronomes ont montré que ces futurs « Jupiters chauds » se forment en périphérie du disque protoplanétaire, le nuage qui donne naissance à l'étoile centrale et aux planètes environnantes, avant de migrer à l'intérieur. C'est lorsqu'elles se rapprochent ensuite au plus près de leur étoile que ces planètes géantes gazeuses se réchauffent et deviennent des Jupiters chauds - au contraire de notre Jupiter, planète géante « froide », environ 5 fois plus éloignée du Soleil que la Terre.  Mais quand ces Jupiter chauds se rapprochent-ils de leur étoile ? Les astronomes imaginaient jusqu'ici deux théories possibles : ce processus peut se produire dans une phase très précoce, alors que les jeunes planètes s'alimentent encore au sein du disque originel, ou bien plus tardivement, une fois que de nombreuses planètes ont été formées et interagissent en une chorégraphie si instable que certaines d'entre elles se retrouvent propulsées au voisinage immédiat de l'étoile centrale.

Une équipe internationale d'astrophysiciens, comprenant plusieurs chercheurs français et menée par Jean-François Donati, de l'Institut de recherche en astrophysique et planétologie (IRAP, CNRS/Université Toulouse III-Paul Sabatier)1, viendrait de montrer que le premier scénario était une réalité. Avec ESPaDOnS, le spectropolarimètre construit par les équipes de l'IRAP pour le télescope Canada-France-Hawaï (CFHT2), ils ont observé des étoiles en formation au sein d'une pouponnière stellaire située à environ 450 années-lumière de la Terre, dans la constellation du Taureau. L'une d'elles, V830 Tau, montre des signatures similaires à celles causées par une planète 1.4 fois plus massive que Jupiter, mais sur une orbite 15 fois plus proche de l'étoile que la Terre ne l'est du Soleil. Cette découverte suggère que les Jupiters chauds peuvent être extrêmement jeunes et potentiellement bien plus fréquents autour des étoiles en formation qu'au voisinage d'étoiles adultes comme le Soleil.

Les étoiles jeunes abritent des trésors d'information sur la formation des planètes. Leur activité et leur champ magnétique très intenses les couvrent de taches des centaines de fois plus grosses que celles du Soleil. Elles engendrent donc dans leur spectre des perturbations d'amplitude bien plus importantes que celles causées par des planètes qui deviennent du coup beaucoup plus difficiles à détecter, même dans le cas des Jupiters chauds. Pour aborder ce problème, l'équipe a entrepris le programme d'observation MaTYSSE3 dans le but de cartographier la surface de ces étoiles et de détecter d'éventuels Jupiters chauds.

En suivant ces étoiles au cours de leur rotation et par le biais de techniques tomographiques inspirées de l'imagerie médicale, il est possible de reconstruire la distribution des taches sombres et brillantes, ainsi que la topologie du champ magnétique, à la surface des étoiles jeunes. Cette modélisation rend également possible la correction des effets perturbateurs de l'activité et la détection d'éventuels Jupiters chauds. Dans le cas de V830 Tau, les auteurs sont parvenus à découvrir, grâce à cette nouvelle technique, un signal enfoui suggérant la présence d'une planète géante. Même si de nouvelles données sont nécessaires pour valider la détection, ce premier résultat prometteur démontre clairement que la méthode proposée peut nous fournir les clés de l'énigme de la formation des Jupiters chauds.

SPIRou, le nouvel instrument que les équipes de l'IRAP construisent en ce moment pour le TCFH et dont la première lumière est prévue pour 2017, permettra de repousser encore les limites de la méthode, grâce à sa capacité à observer dans l'infrarouge - domaine dans lequel les étoiles jeunes sont beaucoup plus brillantes. Grâce à lui, la formation des étoiles et des planètes pourra être explorée encore plus finement.

 

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