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L'HISTOIRE DES ORDINATEURS |
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ordinateur
micro-ordinateur
Cet article fait partie du dossier consacré à l'informatique.
ORDINATEURS ET SYSTÈMES INFORMATIQUES
Caractéristiques et fonctionnement
micro-ordinateurmicro-ordinateur
L'ordinateur est une machine électronique programmable servant au traitement de l'information codée sous forme numérique. L'information (données, textes, graphiques, images, son numérisé) est représentée (codée) sous forme de suites de chiffres binaires 0 et 1. L'ordinateur la traite dans des unités de calcul (unité centrale), la stocke dans des mémoires, la communique tant à l'intérieur de la machine, grâce à des bus de communication, qu'à l'extérieur, grâce à des lignes de transmission et des réseaux. Le fait d'être programmable confère à l'ordinateur un certain caractère d'universalité. C'est le programme, ou logiciel, qui lui fournit, sous forme d'une séquence d'instructions, l'enchaînement des opérations à exécuter pour répondre à un problème donné. L'avantage de l'ordinateur est de traiter les instructions très rapidement, à la vitesse de plusieurs millions par seconde, mais les instructions directement exécutables par la machine portent sur des opérations très élémentaires. D'où l'importance des logiciels, qui permettent d'exprimer des problèmes complexes, et la nécessité de les écrire dans des langages informatiques dits évolués, plus synthétiques et lisibles que le langage machine, formé des instructions directement exécutables par l'ordinateur. Le matériel de l'ordinateur sait enchaîner automatiquement les instructions d'un programme. C'est à un logiciel, appelé système d'exploitation, que l'on confie l'enchaînement automatique des diverses phases d'un travail utilisateur telles que la traduction du programme, l'enchaînement entre les travaux et, de manière générale, la gestion de l'exploitation de l'ordinateur ainsi que les échanges avec les équipements périphériques et les réseaux.
Historique
Après la machine mécanique de Blaise Pascal (1643), qui automatisait à l'aide de roues dentées les opérations arithmétiques, et celle du Britannique Charles Babbage (1883), qui les enchaînait grâce à une complexe tringlerie lisant le programme sur un ruban, perforé, les « calculateurs électroniques » ont fait leur apparition dans les années 1940-1950 sur la base notamment de l'idée de Johann von Neumann de ranger programmes et données dans la mémoire électronique.
L’ordinateur de von Neumann
Selon le schéma de von Neumann, l'ordinateur est constitué d'une mémoire centrale dans laquelle sont rangées, après lecture du programme, les instructions dans des emplacements successifs, ainsi que les données associées, et d'une unité centrale de traitement, composée, d'une part, d'une unité d'instructions chargée d'aller chercher en mémoire la nouvelle instruction, de l'analyser, d'aller chercher en mémoire la ou les opérandes et, d'autre part, d'une unité de traitement arithmétique et logique chargée d'exécuter le traitement demandé, le tout sous le contrôle d'une unité de commande garantissant le séquencement correct des opérations. Les échanges entre la mémoire centrale et le monde des périphériques d'entrée-sortie faisaient l'objet d'instructions spéciales.
Les ordinateurs de première et deuxième génération
Les ordinateurs de première génération (1952-1958), utilisant des tubes électroniques, et ceux de la deuxième génération (1959-1964), utilisant des transistors pour les circuits et des tores de ferrite pour les mémoires, étaient de fidèles applications du schéma de von Neumann.
Les ordinateurs de troisième génération
Avec la troisième génération, née en 1965 lors de l'arrivée de la série 360 d'IBM et utilisant des circuits intégrés et des mémoires à tores de ferrite, est apparue une architecture nouvelle incluant un ou des processeurs de traitement (unités centrales) et des processeurs d'entrée-sortie gérant automatiquement, en simultanéité avec le traitement, les échanges entre la mémoire principale et la périphérie. Cela a donné lieu à des configurations multiprocesseurs comportant une mémoire principale divisée en blocs indépendants pour permettre des accès multiples, un ou plusieurs processeurs de traitement, un ou plusieurs processeurs d'entrée-sortie gérant chacun des périphériques par l'intermédiaire de contrôleurs de périphériques, unités électroniques spécialisées dans la gestion d'un type donné de périphérique. La périphérie était principalement constituée de mémoires auxiliaires d'une part, incluant la mémoire de masse formée de disques magnétiques et les mémoires fichier formées de bandes et cartouches magnétiques, de périphériques de communication d'autre part, tels que lecteurs de cartes, imprimantes puis terminaux de dialogues écran-clavier.
Les ordinateurs de quatrième génération
La quatrième génération, depuis la fin des années 1970, se caractérise technologiquement par l'utilisation de circuits intégrés à grande échelle, y compris pour les mémoires centrales. Elle a vu l'apparition du concept de système informatique incluant plusieurs ordinateurs interconnectés par le biais de réseaux. Ces architectures en réseau incluent d'une part des serveurs, ordinateurs universels ou machines spécialisées pour traitement scientifique, bases de données, base d'informatique multimédia, machines d'impression, machines d'intelligence artificielle et, d'autre part, des stations de travail individuelles aptes à traiter certaines applications en local, et, pour d'autres, faire appel aux serveurs, qui ont notamment pour but de partager entre l'ensemble des utilisateurs les bases de données, la puissance de traitement, les périphériques lourds d'impression, etc.
En attendant l’avènement d’ordinateurs de cinquième génération, qui disposeront de capacités proches de celles des humains en terme de compréhension des langues naturelles, d’apprentissage et d’interaction avec leur environnement, le recours à des architectures massivement parallèles comprenant des milliers de processeurs regroupés en grappes permet d’atteindre des puissances record indispensables dans de nombreux domaines de la recherche scientifique (biotechnologies, neurosciences, météorologie, climatologie, cosmologie…). La puissance des ordinateurs s’exprime en mips (millions d’instructions par seconde) ou en flops (nombre d’opérations en virgule flottante par seconde, dont les multiples sont : mégaflops, gigaflops, téraflops).
Les principaux types d’ordinateurs
Machine tolérante aux pannes
Ordinateur présentant des redondances et des possibilités de reconfiguration permettant une continuité de service même en cas de défaillance d'un de ses constituants.
Micro-ordinateur
Ordinateur de taille réduite construit autour d’un microprocesseur pour un usage personnel, conçu pour des utilisations dans le cadre de son foyer ou de son travail. (Synonyme : PC.)
Mini-ordinateur
MicroprocesseurMicroprocesseur
Ordinateur de puissance moyenne, souvent destiné à des applications spécifiques (applications en temps réel, conduite de processus).
Ordinateur central
Gros ordinateur puissant conçu pour le traitement des applications critiques pour la gestion intégrée des entreprises et répondre aux requêtes simultanées de plusieurs milliers de terminaux ou d’ordinateurs en gérant d’importantes bases de données.
Ordinateur frontal
Ordinateur spécialisé qui décharge l’ordinateur principal auquel il est relié de tâches spécifiques (échange des données, gestion des télécommunications).
Station de travail
Ordinateur personnel puissant doté de fortes capacités graphiques, connectable à des réseaux et généralement destiné à des utilisateurs professionnels pour des applications spécifiques.
Serveur
Système informatique qui héberge un logiciel répondant via un réseau télématique aux requêtes de machines dites « clientes ».
Serveur multimédia
Serveur stockant et gérant des bases d'informations multimédias à l'usage des abonnés d'un réseau.
Supercalculateur
Ordinateur très puissant destiné au calcul scientifique (par exemple, simulation numérique ou modélisation climatique).
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PIERRE BOULEZ 2 |
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Pierre Boulez
Compositeur et chef d'orchestre français (Montbrison 1925).
Chef de file, en France, des mouvements sériel et postsériel, Pierre Boulez est à l'origine d'importantes recherches dans le domaine de l'invention sonore. Il a également étendu sa démarche créatrice au fonctionnement des institutions nécessaires à la diffusion de la musique contemporaine.
La carrière internationale
Après des études de mathématiques supérieures à Lyon, Pierre Boulez arrive à Paris en 1942 pour entrer au Conservatoire. Il y suit les cours d'Olivier Messiaen, puis travaille le contrepoint avec Andrée Vaurabourg, épouse d'Arthur Honegger, et la technique dodécaphonique avec René Leibowitz. Lauréat du premier prix d'harmonie (1945), il est nommé directeur de la musique de scène de la Compagnie Renaud-Barrault (1946). Sous ce patronage, il fonde, en 1953, les Concerts du Petit Marigny, qui deviennent, l'année suivante, ceux du Domaine musical – il en cédera la direction à Gilbert Amy en 1967.
En 1958, Boulez se fixe à Baden-Baden, où il a créé trois ans plus tôt le Marteau sans maître, pour voix d'alto et 6 instruments. Membre éminent de la Musikakademie de Bâle (1960-1966), il est invité en même temps par l'université de Harvard (1962-1963). Son activité de chef d'orchestre s'internationalise : il crée Wozzeck (Alban Berg, 1925) à l'Opéra de Paris en 1963, donne des concerts avec l'orchestre de Cleveland, dont il est le conseiller musical (1970-1971), puis succède à Leonard Bernstein à la tête de la Philharmonie de New York (1971-1978), tout en occupant le poste de chef principal du BBC Symphony Orchestra à Londres (1971-1976).
En 1975, Boulez prend la direction du tout nouvel Ensemble InterContemporain et, en 1976, il préside à la fondation de l'I.R.C.A.M., l'année même où il est nommé professeur au Collège de France. Cette année 1976, décidément féconde, est encore celle où il est appelé à Bayreuth par un petit-fils de Richard Wagner, Wolfgang, pour y diriger la Tétralogie donnée à l'occasion du centenaire du Festival et mise en scène par Patrice Chéreau.
Après son départ de l'I.R.C.A.M., en 1991, Boulez ne se consacre plus qu'à la composition et à la direction de prestigieux orchestres comme le London Symphony Orchestra et l'Orchestre philharmonique de Berlin. C'est à Bayreuth, en 2004, qu'il fera ses adieux de chef d'orchestre.
L'adhésion à la musique sérielle
Pierre Boulez, StructuresPierre Boulez, Structures
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le compositeur se trouve face à un défi, qui est celui de l'organisation rationnelle de tous les paramètres du monde sonore. Ses premières œuvres se situent dans l'héritage des trois Viennois, Schoenberg, Berg et Webern : Sonatine pour flûte et piano (1946), Première Sonate pour piano (1946), Deuxième Sonate pour piano (1948), Livre pour quatuor (1949). La généralisation sérielle ne s'accomplit que dans Polyphonie X pour 18 instruments solistes (1951) et dans le premier livre des Structures pour deux pianos (1952). Pour Boulez, également, certaines possibilités de choix doivent esquisser de nouveaux rapports entre l'interprète et le compositeur.
En réalité, Boulez avait soulevé cette question du choix dès le Livre pour quatuor. Celle-ci est récurrente dans le second livre des Structures pour deux pianos (1956) et dans la Troisième Sonate pour piano (1957). Figures-Doubles-Prismes pour grand orchestre (1958) remet en question l'organisation fixe de l'orchestre, tandis que Éclat pour orchestre (1964), devenant en 1966 Éclat-Multiples, pose le problème de l'interprétation des signes directionnels. Dans Domaines (1968), le clarinettiste solo sollicite tour à tour six groupes instrumentaux et détermine ainsi la forme de l'œuvre.
D'autre part, Boulez se passionne pour les rapports du texte et de la musique. Après le Visage nuptial (1947, 1re version) et le Soleil des eaux (1948, 1re version), c'est encore à René Char qu'il s'adresse pour le Marteau sans maître. Le texte et son contenu conditionnent la structure : trois cycles très différenciés s'interpénètrent autour d'un noyau – le poème –, dont les deux pièces instrumentales constituent le commentaire. Le compositeur poursuit sa recherche avec les trois Improvisations sur Mallarmé (1957-1959), avec Poésie pour pouvoir (1958), d'après Henri Michaux, puis avec Cummings ist der Dichter… pour chœur et orchestre (1970-1986).
Boulez porte au plus haut degré le souci de l'invention sonore – il ne faut pas oublier son stage chez Pierre Schaeffer (1952), où il a réalisé les Deux Études de musique concrète. Son goût pour le raffinement des timbres éclate dans le Livre pour cordes (1968), dans les combinaisons d'Éclat, dans la libération totale des sons d'Explosante-Fixe (1972-1974) et dans la grandeur hiératique de Rituel in memoriam Bruno Maderna (1974-1975).
La théorie de l'œuvre en devenir
À partir de 1964, Boulez poursuit principalement son idée de work in progress, d'« œuvre en devenir », impliquant que la musique peut être transformée à l'infini. Ainsi, Pli selon pli, élaboré en 1960, ne trouve sa version définitive qu'en 1969. Ainsi, Figures-Doubles-Prismes pour orchestre (1964) est un nouveau travail, très expressionniste, de ses Doubles de 1957 et le Livre pour cordes (1968), un élargissement pour orchestre du Livre pour quatuor. Boulez donne donc une série de miroirs d'un premier état. Cette démarche est l'un des fondements de Répons pour ensemble de chambre, 6 solistes et dispositif électronique (1981-1988), qui concrétise les résultats de travaux de plusieurs années à l'I.R.C.A.M. Elle trouve son prolongement dans les ouvrages en plusieurs versions que sont Dérive pour 6 exécutants (1984) et Dérive 2 pour 11 exécutants (1988-2002), ainsi que Anthèmes pour violon seul (1992) et Anthèmes II pour violon et dispositif électronique (1997).
Pour imposer la musique du xxe s. et ses conceptions personnelles, le compositeur a dû s'engager très tôt dans la polémique (Schoenberg est mort, 1952), et maintes œuvres ont été accompagnées d'une réflexion théorique (Son et verbe, 1958). Relevés d'apprenti (1966) réunit des articles parus avant 1962. Penser la musique aujourd'hui (1963) est « une investigation méthodique de l'univers musical ». Par volonté et par hasard (1975), Points de repère (1981) et Jalons pour une décennie (1989) actualisent cette réflexion.
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PIERRE BOULEZ 1 |
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Pierre Boulez
Pierre Boulez, Structures
Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».
Pierre Boulez, StructuresPierre Boulez, Structures
Compositeur et chef d'orchestre français (Montbrison, Loire, 1925).
Ce n'est qu'après avoir suivi la classe de mathématiques spéciales à Lyon que Boulez choisit de se consacrer à la musique et s'installa à Paris (1942). Il suivit, au Conservatoire, les cours d'Olivier Messiaen (premier prix d'harmonie en 1945), travailla le contrepoint avec Andrée Vaurabourg-Honegger et la méthode dodécaphonique avec René Leibowitz. Nommé directeur de la musique de scène de la Compagnie Renaud-Barrault (1946), il fonda, en 1954, sous ce patronage, les Concerts du Petit-Marigny, devenus, l'année suivante, le Domaine musical, dont le rôle fut capital dans la diffusion de la musique contemporaine en France Boulez devait en céder la direction à Gilbert Amy en 1967.
En 1958, cédant à l'invitation pressante de la station de radio du Südwestfunk de Baden-Baden et de son directeur, H. Strobel, Boulez se fixa à Baden-Baden. Son audience en Allemagne était, en effet, très grande, surtout depuis la création du Marteau sans maître (Baden-Baden, 1955), la première œuvre à lui assurer un large public ; pendant ce temps, la France continuait de l'ignorer, du moins officiellement. Professeur d'analyse, de composition musicale et de direction d'orchestre à la Musikakademie de Bâle (1960-1966), il fut professeur invité à l'université Harvard en 1962-63, période où il rédigea son ouvrage théorique Penser la musique aujourd'hui. Son activité de chef d'orchestre s'intensifia et s'internationalisa : il créa Wozzeck à l'Opéra de Paris en 1963, donna des concerts avec l'orchestre de Cleveland, auprès duquel il exerça les fonctions de conseiller musical (1970-71), et fut chef principal de l'Orchestre symphonique de la BBC à Londres de 1971 à 1975 et directeur musical de l'Orchestre philharmonique de New York de 1971 à 1977. En 1976, dix ans après avoir dirigé Parsifal à Bayreuth à la demande de Wieland Wagner, il fut chargé d'y conduire, à l'occasion du centenaire du festival, l'Anneau du Nibelung, dans une mise en scène de Patrice Chéreau. Ce spectacle fut redonné sous sa direction jusqu'en 1980. Il a pris ses fonctions de directeur de l'I. R. C. A. M. à la fin de 1975, et a été nommé en 1976 professeur au Collège de France.
« J'ai toujours pris Debussy pour modèle, j'ai toujours lu et analysé ses partitions. Avec Webern et Messiaen, c'est mon plus grand, mon permanent modèle. » Ainsi Pierre Boulez indique-t-il, en 1958, les références reniées par la suite de sa première étape créatrice. Il faudrait y ajouter, sur le plan rythmique, Stravinski (son étude Stravinski demeure analyse magistralement l'organisation rythmique du Sacre du printemps). De fait, le premier problème rencontré par le compositeur au lendemain de la guerre est celui de l'organisation rationnelle et totale de tous les paramètres du monde sonore. Ses premières œuvres sont autant d'étapes dans la fertilisation de l'héritage des trois Viennois, Schönberg, Berg et Webern : Sonatine pour flûte et piano (1946), Première Sonate pour piano (1946), Deuxième Sonate pour piano (1947), Livre pour quatuor (1949) où Boulez propose un traitement sériel, outre des hauteurs, de tous les autres paramètres, pris successivement. La généralisation sérielle ne s'accomplit que dans Polyphonie X pour 18 instruments solistes (1951), un symbole graphique représentant le croisement de certaines structures, et dans le premier livre des Structures pour 2 pianos (1952). La série devint pour Boulez « un mode de pensée polyvalent, et non plus seulement une technique de vocabulaire », et s'élargit à la structure même de l'œuvre engendrée. L'introduction de certaines possibilités de choix (réaction à un excès de contrainte) est, pour lui, une autre manière de poser des problèmes de forme dans un univers relatif, en perpétuelle variation, et d'esquisser de nouveaux rapports entre l'interprète et le compositeur.
En réalité, avant les Klavierstücke (1956) de Stockhausen, Boulez souleva la question : choix et ordonnance des mouvements dans le Livre pour quatuor (1949), de certains parcours de la Troisième Sonate pour piano (1957) tous néanmoins écrits, prévus et donc assumés par l'auteur (par ex., Formant no 3, Constellation-Miroir, imprimé en deux couleurs pour souligner la structure : vert, les points ; rouge, les blocs) pour atteindre, en principe, une improvisation à deux par le biais des choix successifs et de l'interaction dans le second livre des Structures pour piano. Doubles pour orchestre (1957), devenu en 1964 Figures, Doubles, Prismes, remet en question l'organisation fixe de l'orchestre. Outre ses marges d'initiative dans la partie centrale, Éclat pour 15 instruments (1964), devenu en 1970 Éclat-Multiples, pose des problèmes d'interprétation des signes directionnels, tandis que, dans Domaines, pour clarinette et 21 instruments (1968), le clarinettiste, par ses déplacements, sollicite la réponse d'un des 7 groupes disposés en cercle et détermine ainsi la forme de l'œuvre (la seconde partie étant un miroir de la première).
D'autre part, Pierre Boulez a toujours été intéressé par les rapports du texte et de la musique. Après le Soleil des eaux (1948) et Visage nuptial (1951), c'est encore à René Char, qui représente une « concentration de langage », que Boulez s'adresse pour le Marteau sans maître (1954). Le texte et son contenu conditionnent la structure : 3 cycles très différenciés et s'interpénétrant autour d'un noyau, le poème (doublement présent dans le troisième), dont les deux autres pièces, instrumentales, constituent le développement, le commentaire. Le compositeur poursuit sa recherche avec les Deux Improvisations sur Mallarmé (1957), où il tente la « transmutation » de Mallarmé en musique, Poésie pour pouvoir (1958), un essai de spatialisation sans lendemain sur un texte d'Henri Michaux, puis Cummings ist der Dichter (1970), où le texte est seulement utilisé comme élément sémantique sonore.
Le souci de la sonoristique est, en effet, porté à un haut degré chez Boulez. Il ne faut pas oublier son stage chez Pierre Schaeffer en 1952, où il réalisa Deux Études de musique concrète, même s'il n'avait alors vu dans la bande qu'un instrument de spéculation rythmique. Son goût pour le raffinement des timbres éclate dans le Marteau sans maître : c'est non seulement « du Webern qui sonne comme du Debussy » (H. Strobel), mais presque la création d'un univers sonore extrêmement oriental. Cette prédilection se perçoit aussi à travers les mélismes du Livre pour cordes (1968), recomposition de deux mouvements du Livre pour quatuor de 1948 ; les combinaisons de couleurs d'Éclat, la libération totale des sons dans Explosante-Fixe (1972-1974) ; et la grandeur hiératique de Rituel " In memoriam Maderna " (1974-1975).
Depuis 1964, Boulez poursuit principalement son idée de « work in progress », d'œuvre en devenir, c'est-à-dire d'une musique pouvant être développée, transformée à l'infini : une conception de l'œuvre ouverte, mobile. Ainsi Pli selon pli intègre-t-il, dès 1960, les Deux Improvisations sur Mallarmé (1957) et ne trouve-t-il sa version définitive qu'en 1969. Ainsi Figures-Doubles-Prismes pour orchestre (1964) est-il un nouveau travail, très expressionniste, à partir de Doubles (1957), le Livre pour cordes (1968) un élargissement pour orchestre du Livre pour quatuor (1949), Multiples pour orchestre (1970) un développement d'Éclat pour 15 instruments (1964). Boulez donne donc une série de miroirs d'un premier état. Cette démarche est l'un des fondements de Répons pour ensemble instrumental, solistes et dispositif électro-acoustique (1981-1984…), œuvre concrétisant un travail de plusieurs années à l'IRCAM et par laquelle, depuis Pli selon pli, Boulez a fait le plus sensation. En 1985 ont été créés Dialogue de l'ombre double pour clarinette et bande, en 1988 Dérive 2 pour 11 exécutants et en 1989 l'ultime version du Visage nuptial ainsi que Antiphonies pour piano et ensemble de chambre.
Pour imposer la musique du xxe s. et ses conceptions personnelles, le compositeur a dû s'engager très tôt dans la polémique (Schönberg est mort, 1952), et bien des œuvres ont été accompagnées d'une réflexion théorique (Son et verbe, 1958 ; Éventuellement, 1952). Relevés d'apprenti (1966) réunit des articles parus avant 1962. Penser la musique aujourd'hui (1963), condensé des cours de Darmstadt et de Bâle, est « une investigation méthodique de l'univers musical » et de sa tentative déductive de construire un système cohérent. Par volonté et par hasard (1975), Points de repère (1981) et Jalons pour une décennie (1989) actualisent cette réflexion. Une nouvelle édition de ses écrits a été lancée pour son 70ème anniversaire, inaugurée avec Points de repère I : Imaginer (1995).
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LA CRISE DE CUBA |
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crise de Cuba
Crise qui opposa en 1962 les États-Unis et l'URSS à propos de l'installation de fusées soviétiques sur l'île de Cuba.
Des « armes défensives »
Si Nikita Khrouchtchev avait dès 1960 affirmé qu'il fournirait des armes classiques à Fidel Castro, l'échec de l'intervention armée américaine à Cuba dans la baie des Cochons (avril 1961) avait à la fois affaibli la position internationale des États-Unis et permis à Castro d'insister pour obtenir des garanties plus substantielles.
C'est, semble-t-il, au cours d'un voyage à Moscou de Raúl Castro en juillet 1962 qu'est prise la décision d'implantation secrète de fusées qui seront, le moment venu, présentées, suivant la tradition diplomatique, comme des armes défensives.
La réaction des États-Unis
En septembre, l'installation commence, tandis que le président américainJohn F. Kennedy, dans plusieurs déclarations publiques, affirme sa résolution de ne pas attaquer Cuba par la force puisqu'il est convaincu que jamais Castro n'acquerra d'armes offensives. Mais, le 16, les photographies ramenées par les avions U2 de la CIA et recoupant de nombreuses informations d'agents infiltrés, apportent la preuve du contraire.
Kennedy décide de conserver le maximum de secret sur cette découverte et convoque un comité informel, qui prendra plus tard le nom de Comité exécutif, ou EXCOM : quinze personnes en tout, dont le vice-président Lyndon Baines Johnson, le secrétaire d'État David Dean Rusk, celui de la Défense, Robert McNamara, un seul militaire, le général Maxwell Taylor, et quelques conseillers privés, dont Robert Kennedy, Theodore Sorensen et McGeorge Bundy.
C'est finalement la solution d'un blocus maritime des armes offensives livrées à Cuba par cargos soviétiques que Kennedy adopte et qui sera présentée sous le terme plus pacifique de « quarantaine ». Le lundi 22, il avertit le Premier ministre britannique Harold Macmillan ainsi que le président de la République française, le général de Gaulle, et déclare qu'il s'adressera à la nation le jour même à 19 h à la télévision. Dans l'après-midi, il convoque l'ambassadeur soviétique Zorine et lui remet le texte de son discours, qui présente les preuves photographiques et annonce la mise en place de la « quarantaine » pour le 24 octobre à 10 h.
Le dénouement de la crise
L'opinion publique américaine réagit très favorablement, ainsi que l'Organisation des États américains (OEA), qui approuve le 23 à l'unanimité les mesures prises. Officiellement à l'ONU et par les voies diplomatiques normales, l'URSS émet des protestations véhémentes, mais douze cargos soviétiques sont déroutés et ralentis dès le 23. Le 26, Khrouchtchev, par une voie officieuse, fait le geste décisif. Un secrétaire de l'ambassade soviétique, A. Fomine, demande un entretien à J. Scali, journaliste accrédité à la Maison-Blanche. Il propose une solution à la crise, prévoyant que l'URSS retirera ses missiles sous le contrôle de l'ONU, que Cuba s'engagera pour l'avenir à ne pas accepter d'armes offensives et les États-Unis à ne pas envahir Cuba. Kennedy répond secrètement à la proposition Fomine. Le 28 octobre, la crise se dénoue sur ces bases : les sites sont démantelés dès le 12 novembre, la « quarantaine » levée le 20.
Quelles conséquences ?
Nombre d'auteurs ont considéré la crise de Cuba comme très importante quant à ses conséquences. Les plus souvent évoquées sont l'officialisation de la coexistence pacifique, l'institution de liaisons directes entre le Kremlin et la Maison-Blanche (téléphone rouge), l'affaiblissement de la position de Khrouchtchev en URSS, le renforcement militaire soviétique en particulier quant aux forces navales, la mise en évidence des intérêts vitaux des deux Grands et l'autolimitation de leurs enjeux politiques face à une crise majeure.
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