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ÉDIT DE NANTES

 

édit de Nantes


Henri IV
Édit de pacification signé par Henri IV à Nantes le 13 avril 1598, qui définit les droits des protestants en France et mit fin aux guerres de Religion.
1. le symbole de la victoire de la tolérance sur la guerre civile et religieuse

L'édit de Nantes a une grande importance dans l'histoire de la France ; il est le symbole de la victoire de la tolérance sur la guerre civile et religieuse. Par cet édit, en effet, la France devient le premier royaume d'Europe où la religion du roi n'est pas imposée officiellement à tous ses sujets. Pourtant, la négociation de l'édit a été lente et difficile, et ses dispositions ne sont pas si exceptionnelles qu'on veut le croire ; il est d'ailleurs moins favorable aux protestants que certains édits des guerres de Religion, comme celui de Beaulieu (ou paix de Monsieur, 6 mai 1576).
2. Henri IV, roi de la paix

Henri IV
Après son abjuration à Saint-Denis (25 juillet 1593) et la levée de son excommunication par le pape (17 septembre 1595), Henri IV a dû faire preuve de tous ses talents politiques. Il s'est agi pour lui, du côté catholique, de vaincre la Sainte Ligue – ce qu'il a fait en achetant le ralliement des grands seigneurs rebelles – ainsi que l'Espagne, et, du côté protestant, d'achever de rallier à lui ceux des huguenots qui craignaient que le roi, ayant abjuré leur religion, ne lèse leurs intérêts.
Alors que les catholiques se satisfont de la situation religieuse du royaume, les protestants exigent du roi, après son abjuration, des garanties réelles quant à leur liberté de conscience et à l'exercice de leur culte. Le 15 novembre 1594, Henri IV leur accorde l'édit de Saint-Germain, qui reprend celui de Poitiers (1577).
Cependant, les protestants n'apportent qu'une aide modérée à Henri IV dans sa reconquête du royaume, à la fois contre l'Espagne et contre le duc de Mercœur, dernier seigneur ligueur, qui tient toujours la Bretagne.
La situation se modifie au début de 1598 : Mercœur, dont Nantes était l’ultime bastion, accepte en mars de rentrer dans l'obéissance, tandis que les Espagnols, épuisés par leurs échecs aux Pays-Bas et contre l'Angleterre, acceptent la paix – qui est signée à Vervins le 2 mai 1598 (→ traité de Vervins). Dans le même temps se déroulent des négociations avec les protestants sur les questions principales : exercice du culte, concession de places de sûreté, accès aux emplois royaux.
3. Le contenu de l'édit de Nantes

Édit de Nantes
Déclaré « perpétuel et irrévocable », ce qui ne correspond pas à un engagement pour les successeurs d'Henri IV (il ne pouvait dès lors s'agir d'en faire une loi constitutionnelle du royaume), l’édit est composé de 92 articles, de 56 articles secrets – les « particuliers », qui concernent la mise en application concrète de l'édit et qui sont signés le 2 mai 1598 – et de 2 brevets également secrets, accordés par le roi à titre personnel – donc non enregistrés par les parlements –, dont l'un concerne les places de sûreté qui sont reconnues aux protestants.
L'ensemble des mesures de l'édit de Nantes reprennent à peu près celles des édits de pacification antérieurs, mais elles sont, cette fois, appliquées.
3.1. Préambule

Le préambule affirme que la paix du royaume doit être obtenue, même si tous les sujets ne prient pas Dieu de la même manière, comme c'était le cas avant les guerres de Religion : « Et s'il ne lui a plu [à Dieu] de permettre que ce soit pour encore en une même forme de religion, que ce soit au moins d'une même intention, et avec telle règle qu'il n'y ait point pour cela de trouble ou de tumulte entre eux. »
3.2. La liberté de conscience

Celle-ci est affirmée à l'article 6 : « Nous permettrons à ceux de ladite Religion prétendue réformée vivre et demeurer par toutes les villes et lieux de notre royaume et pays de notre obéissance, sans être enquis, vexés, molestés, ni astreints à faire chose pour le fait de la religion contre leur conscience, ni pour raison d'icelle être recherchés ès maisons et lieux où ils voudront habiter . » Mais la liberté du culte n'est pas établie : les deux religions ne sont pas traitées de manière égale, et, dans tous les cas, l'édit privilégie l'Église catholique.
3.3. Une liberté du culte restreinte

L’édit accorde aux réformés la liberté de culte dans deux localités par bailliage et chez les seigneurs hauts justiciers protestants (mais non à Paris et dans ses environs) ainsi que de façon privée, à condition que l'assistance ne dépasse pas trente personnes.
3.4. L'égalité civique

L'édit accorde l'égalité civique et l'admission aux offices et charges publiques, des chambres mi-parties (tribunaux moitié catholiques-moitié protestants), le droit de tenir consistoires et synodes et, à titre de garantie, pour une durée de huit ans.
3.5. Les places de sûreté

Les protestants se voient octroyer une centaine de places de sûreté aux frais du roi, dotées chacune d'un gouverneur et d'une garnison protestants, privilège renouvelé en 1607, 1611 et 1615 – ce qui correspond pour le roi à une abdication de sa souveraineté. Parmi ces places de sûreté figurent La Rochelle, Loudun, Mantes, Montauban, Montpellier, Nîmes, Saint-Jean-d'Angély, Saumur, ou encore Uzès.
L'édit de Nantes consacrait le parti protestant en tant qu'organisation militaire, et l'indépendance des grands seigneurs dans leurs places de sûreté n'est pas sans rappeler l'époque féodale ; c'est ce qu'on appela « l'État dans l'État ».
4. Des réactions contrastées

L'édit de Nantes est très critiqué par le pape Clément VIII, pour lequel « … la liberté de conscience […] était la pire chose du monde ».
Si nombre de protestants n'acceptent qu'avec peine leur nouveau statut, l'immense majorité des Français accepte l'édit, à la différence des précédents, qui avaient tous mécontenté l'un au moins des partis.
L'édit de Nantes peut être imposé par un roi qui dispose désormais d'un réel pouvoir, soutenu par un parti puissant, réunissant à la fois des catholiques et des protestants. Henri IV est résolu à faire respecter ses décisions, ainsi qu'il l'affirme nettement aux parlements qui tardent à enregistrer le texte. Le texte est en effet jugé inacceptable par le parlement de Paris, qui doit obligatoirement le ratifier pour que l'édit prenne force de loi dans tout le royaume. Ce n’est que le 25 février 1599 que les parlementaires parisiens l'enregistrent, non sans en avoir renégocié le texte, qui passe de 95 à 92 articles ; les parlements de province le ratifient pour la plupart en 1600, mais il faut attendre 1609 pour que le parlement de Rouen consente à l'accepter.
Si seul l'édit de Nantes est enfin respecté – malgré la reprise des conflits religieux sous Louis XIII, et jusqu'à la révocation de l'édit par Louis XIV –, c'est d'abord parce que trente-six années de guerre civile ont convaincu un nombre de plus en plus important de Français que seule la tolérance religieuse peut sauver le royaume. La tolérance est un concept nouveau : avant 1560, la tolérance était assimilée à la souffrance, et ce n'est que peu à peu, au cours des guerres de Religion, que le mot a pris son sens positif actuel.
5. Une cohabitation difficile entre catholiques et protestants

Sous Louis XIII

Sous Louis XIII, l'édit n’est pas fondamentalement remis en cause, même si certains événements montrent la détermination du roi à contrôler « l'État dans l'État » huguenot.
Ainsi, alors que les protestants du Béarn refusent de restaurer la religion catholique, Louis XIII prend les armes contre eux, et mène une rapide campagne en 1620. L'année suivante est marquée par la prise de Privas et le massacre de la population de Nègrepelisse.
En 1627-1628, le blocus de La Rochelle marque l'ultime opposition armée entre l'État et les protestants, réglée par la paix d'Alès, qui ôte aux protestants les places de sûreté accordées par l'édit de Nantes – ils conservaient la liberté de culte.
À partir de l'entrée de la France dans la guerre de Trente Ans et jusqu'à la paix des Pyrénées, soit de 1635 à 1659, l'alliance avec les princes protestants est au cœur de la politique étrangère de la France, dont l'adversaire principal est la maison, catholique, de Habsbourg. Cette politique extérieure n’est pas sans conséquences sur la politique intérieure : la lutte contre les protestants n'est plus, désormais, à l'ordre du jour.
Sous Louis XIV

Avec l'avènement de Louis XIV, en 1661, la politique royale change d'orientation. Louis XIV n'est pas, comme son père, sujet à des scrupules d'ordre religieux ; il ne craint pas de rechercher la conversion forcée en masse des huguenots – alors que Louis XIII, roi pieux, n'a pu l'envisager, sachant que les nouveaux convertis ne deviendraient sans doute pas de sincères catholiques.
À partir de la paix de Nimègue (1679), Louis XIV cherche à être le maître absolu chez lui, comme il l'est en Europe. Sur le plan religieux, les jansénistes et les protestants sont les premières cibles de diverses mesures répressives – les jansénistes participent d'ailleurs eux-mêmes aux attaques contre la religion réformée, à l'image du Grand Arnauld.
Pour mener sa politique antiprotestante et mater toute rébellion éventuelle, Louis XIV dispose des forces militaires inutilisées à l'extérieur – de 1679 à 1688. Puis, avec la mort de Colbert en 1683 – alors que celui-ci était partisan de la tolérance ne serait-ce que pour des raisons économiques –, et le plus grand rôle au Conseil d'en haut du chancelier Le Tellier, fermement hostile aux protestants, les conditions nécessaires à une attaque contre les différentes clauses de l'édit de Nantes se trouvent réunies.
Pour en savoir plus, voir les articles guerres de Religion, révocation de l'édit de Nantes.


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JEAN-PAUL II

 

Jean-Paul II

1. Un « pape polonais »

Pape de l'Église catholique romaine, l'archevêque de Cracovie, Karol Wojtyła, élu le 16 octobre 1978, succède, sous le nom de Jean-Paul II, à Jean-Paul Ier, mort subitement le 28 septembre après un pontificat de trente-trois jours seulement. Cette élection est pour l'opinion une surprise. D'une part, en effet, c'est la première fois depuis Adrien VI (originaire d'Utrecht et pape en 1522 et 1523) que la charge de souverain pontife est confiée à un cardinal qui n'est pas italien. D'autre part, le nouveau pape, qui n'a jamais appartenu à la curie romaine, est un pasteur venu d'un pays de l'Est européen, la Pologne, qui, profondément attachée au catholicisme traditionnel, trouve insupportable le joug du communisme soviétique. Le message que délivre d'emblée Jean-Paul II, la vitalité qu'il déploie dans l'exercice de sa charge, sa capacité charismatique à mobiliser les foules et à raviver, même lorsqu'elles sont devenues chancelantes, les références à l'identité chrétienne, la longueur même de son pontificat font de lui un des très grands papes de l'époque contemporaine.
1.1. La vocation

Karol Wojtyła naît le 18 mai 1920 à Wadowice, bourg proche de Cracovie, alors que la Pologne vient de retrouver sa place sur la carte de l'Europe après en avoir disparu depuis plus d'un siècle. Dès son entrée au lycée, il se passionne pour le théâtre, sous l'influence de Mieczysław Kotłarczyk, qui le soutiendra longtemps dans cette voie. À l'université Jagellon de Cracovie, il s'adonne, en même temps qu'au théâtre et à la poésie, à l'étude de la langue et de la littérature polonaises, ainsi qu'à celle du russe, de l'allemand, du français et de l'espagnol.
En 1940, les Allemands exigeant de tout Polonais qu'il exerce un métier, Karol Wojtyła en trouve un dans une carrière de pierre, puis à l'usine Solvay de Cracovie. C'est au cours de cette sombre période, en 1942, qu'il déclare un jour à un ami : « J'ai décidé de devenir prêtre. » Les séminaires étant alors interdits, il s'y prépare dans la clandestinité, sous la tutelle, qui ne lui fera jamais défaut, de l'archevêque de Cracovie, Adam Sapieha. Ce dernier l'ordonne prêtre le 1er novembre 1946 et l'envoie étudier la théologie à Rome chez les dominicains de l'Angelicum, où il soutiendra une thèse de doctorat sur la Doctrine de la foi chez saint Jean de la Croix.
À son retour, il est nommé curé d'une petite paroisse, Niegowic, puis de Saint-Florian à Cracovie, que fréquentent des intellectuels et des étudiants. Parallèlement à cette charge, il enseigne comme assistant à l'université et défend une thèse de philosophie intitulée Considérations sur la possibilité de construire une éthique chrétienne sur les bases du système de Max Scheler. Il publie aussi à cette époque des pièces de théâtre, des recueils de poèmes et un ouvrage intitulé Morale sociale catholique (1953), qui est une critique à la fois du capitalisme et du marxisme.
1.2. Le cardinalat

Le 28 septembre 1958, Karol Wojtyła est ordonné évêque et nommé auxiliaire de l'archevêque de Cracovie, Eugeniusz Baziak. Il se lie d'amitié, dès le début du concile, en 1962, avec le cardinal Koenig, archevêque de Vienne, dont il partage l'ouverture d'esprit. Le 8 mars 1964, il prend possession du siège archiépiscopal de Cracovie et sera nommé cardinal le 26 juin 1967.
Au cours du concile, il défend les droits de la personne et la liberté religieuse, en précisant au sujet de celle-ci : « Nous, Européens de l'Est, nous en avons besoin pour combattre le communisme. » Devant la multiplication des conflits entre les masses populaires et le pouvoir marxiste de Varsovie, Karol Wojtyła soutient des groupes comme Znak et des publications comme Tygodnik Powszechny (« Hebdomadaire du peuple »), de Jerzy Turowicz. Il tente d'apaiser les désaccords entre les membres de l'opposition, qui réunit des intellectuels catholiques et d'anciens communistes. Le soutien qu'il apporte aux positions morales de Paul VI lui vaut d'être invité par celui-ci à prêcher le carême de 1976 devant la curie romaine. Par l'influence qu'il exerce ainsi dans l'Église, l'archevêque de Cracovie n'est donc pas un inconnu pour la hiérarchie catholique.
2. L'activité pastorale de Jean-Paul II

2.1. Le pontificat universel

Jean-Paul II à ParisJean-Paul II à Paris
« N'ayez pas peur… Ouvrez les frontières. » C'est par cette formule que Jean-Paul II inaugure son pontificat. Il déploie d'emblée une grande activité, se déchargeant des tâches administratives sur ses collaborateurs pour se consacrer à son rôle de pasteur universel. Il effectue des dizaines de « voyages apostoliques » à travers le monde (il y en aura 104 au total) et rencontre les représentants des autres religions (comme à Assise en 1986 et 1991).
Il est le premier pape à être reçu dans un pays musulman (→ islam), le Maroc, et à y parler en public en 1985 à Casablanca, où il prône un rapprochement entre les deux monothéismes chrétien et islamique, comme il le répétera en 1992, lors d'un voyage en Afrique noire. Peu après, le 13 avril 1986, au cours de sa visite à la synagogue de Rome (→ judaïsme), il déclare, sans toutefois se prononcer sur l'attitude de Pie XII pendant la guerre : « L'Église déplore la haine, les persécutions, les manifestations d'antisémitisme dirigées contre les Juifs, quelle que soit l'époque et par quiconque. »
2.2. La « nouvelle évangélisation »

Dans son enseignement, ses encycliques et dans d'innombrables allocutions, Jean-Paul II se montre fort de sa foi et rigoureux quant aux principes de la morale traditionnelle. À la violence, au matérialisme et à la sécularisation, il oppose la nécessité d'une « nouvelle évangélisation » de l'Europe et du monde.
Après Redemptor hominis (« le Rédempteur de l'homme », 1979), Dives in misericordia (« Dieu riche en miséricorde », 1980), Laborem exercens (« l'Homme travailleur », 1981), Slavorum Apostoli (« les Apôtres des Slaves », 1985), Dominum et vivificantem (sur le Saint-Esprit, 1986), Redemptoris Mater (« la Mère du Rédempteur », 1987), Sollicitudo rei socialis (« l'Inquiétude pour la question sociale », 1988) et Redemptoris missio (« la Mission du Rédempteur », 1991), Jean-Paul II publie en mai 1991, à l'occasion du centenaire de Rerum novarum de Léon XIII, sa neuvième encyclique, Centesimus Annus, où il déclare : « On ne saurait accepter l'affirmation selon laquelle la défaite du socialisme réel fait place au seul modèle capitaliste d'organisation économique. » Elle est suivie, en octobre 1993, par Splendor veritatis, où sont exposés les fondements théologiques et anthropologiques de la morale. La onzième encyclique, Evangelium vitae (mars 1995), revient sur les rapports entre morale et loi civile, notamment à propos des États qui ont légalisé l'avortement et l'euthanasie. La douzième (mai 1995), Ut sint unum, est consacrée à l'œcuménisme. Enfin, l'encyclique, très importante du point de vue doctrinal, publiée le 15 octobre 1998, Fides et Ratio (« Foi et Raison »), traite des rapports entre la théologie et la philosophie ou la science.
3. L'influence politique de Jean-Paul II

3.1. Le premier voyage en Pologne

L'activité pastorale de Jean-Paul II n'est pas sans incidences, fût-ce indirectement, sur la situation politique de telle ou telle région du monde. Le rôle qu'il a joué à ce titre en Pologne et, par voie de conséquence, dans toute l'Europe de l'Est a eu une portée réellement historique.
L'élection du « pape polonais » a immédiatement renforcé dans son pays le moral des forces populaires, surtout des jeunes, dans leur contestation du régime communiste (→ Pologne : histoire). Aussi le premier voyage qu'il devait y faire en juin 1979 créa-t-il au pouvoir en place des difficultés extrêmes, d'autant plus que le pape Wojtyła ne s'était nullement détaché de son pays d'origine et y avait gardé des liens étroits avec les opposants. Accueilli à chaque étape de son périple (en particulier Cracovie, Poznań, Varsovie, Gniezno, le berceau de la Pologne chrétienne, où le prince Mieszko Ier avait été baptisé en 966) par des centaines de milliers de compatriotes, il revendique pour son pays les « droits fondamentaux de la nation » et pour ses habitants la liberté de s'exprimer et de s'organiser.

Lech WalesaLech Walesa
À son retour à Rome, il crée un service chargé de communiquer avec le peuple polonais. Le régime soumis à Moscou (→ URSS) décide de réagir contre l'influence grandissante du pape, lorsque, le 1er juillet 1980, éclate la révolte des ouvriers de Gdańsk, au cours de laquelle s'imposent la personnalité de Lech Wałęsa et la puissance du syndicat Solidarność. Les tensions s'intensifient sous le pouvoir du successeur d'Edward Gierek, le général Wojciech Jaruzelski.
Le grave attentat dont le pape est victime, le 13 mai 1981, sur la place Saint-Pierre, à Rome, force celui-ci au repos pendant plusieurs semaines. Mais, lorsque Solidarność est frappé d'interdiction, Jean-Paul II condamne cette « atteinte aux droits de l'homme ». Fort d'un tel appui, le peuple trouve dans les églises les seuls lieux où puisse s'exercer la liberté, en dépit de multiples arrestations et même d'assassinats, comme celui du père Jerzy Popieluszko.
3.2. Le deuxième voyage en Pologne

La répression s'adoucit toutefois à la veille du deuxième voyage en Pologne de Jean-Paul II, en juin 1983, de telle sorte que sa venue prend la dimension d'un événement qui marque un véritable tournant dans l'Europe de l'après-guerre. Au cœur de la crise politique et sociale de la nation, le souverain pontife déclare devant une foule de un million de jeunes réunis en août 1991, à Czestochowa, pour les VIe Journées internationales de la jeunesse : « L'avenir de la Pologne et des Polonais commence aujourd'hui. »

Mikhaïl Gorbatchev, 1988Mikhaïl Gorbatchev, 1988
Si, après ce voyage pontifical, la situation du pays reste bloquée, il apparaît néanmoins que, en grande partie grâce à l'action du pape, l'aventure polonaise a commencé à ébranler l'empire soviétique. Or ce dernier entreprend de se transformer de l'intérieur sous l'impulsion du nouveau chef du Kremlin, Mikhaïl Gorbatchev, qui devait déclarer en 1992 : « Rien de ce qui est arrivé en Europe de l'Est au cours des dernières années n'aurait été possible sans la présence de ce pape, sans le grand rôle – même politique – qu'il a joué sur la scène internationale. »
3.3. Les actions pionnières

Jean-Paul II, mai 1999Jean-Paul II, mai 1999
L'influence de Jean-Paul II dans l'histoire politique contemporaine touche, quoique de façon moins spectaculaire, bien d'autres régions d'un monde profondément transformé par l'effondrement du communisme. Le souverain pontife intervient notamment en Afrique noire et en Amérique latine, au Proche-Orient et en Israël, nation avec laquelle il est le premier pape à établir des relations diplomatiques (30 décembre 1993), dans les pays du Golfe et en Extrême-Orient, à Cuba, où il est reçu en 1998 par Fidel Castro, dans les Balkans…
Depuis le début de son pontificat, Jean-Paul II ne cesse de rappeler partout les droits de la personne et des groupes sociaux à la liberté, en particulier dans les importants discours qu'il prononce aux Nations unies, à New York (1979 et 1995), à l'Unesco, à Paris (1980), et au Parlement européen, à Strasbourg (1988). Il considère son rôle de chef de l'Église universelle comme lui donnant pleine autorité pour s'adresser à la communauté internationale, même en matière de simple morale, de politique ou de philosophie de l'homme, ce qu'il appelle son « anthropologie ».
Certes, qu'il s'agisse de discours solennels aux dirigeants mondiaux ou d'allocutions d'une tonalité parfois jugée populiste à l'adresse des foules, le message du pape n'est pas toujours bien reçu. Mais c'est peut-être au sein de son Église même que Jean-Paul II rencontre les plus vives difficultés. Ainsi il lui faut intervenir dans plusieurs crises intérieures, telles que la dissidence du petit groupe intégriste de Monseigneur Lefebvre (excommunié en 1988), l'affaire des carmélites polonaises installées dans le camp d'Auschwitz et l'expansion de la théologie de la libération.
4. Jean-Paul II et l'Église latino-américaine

4.1. La défiance

Olinda, BrésilOlinda, Brésil
Le mouvement de la théologie de la libération, né à la fin des années 1960 en Amérique latine, connaît son plein essor lorsque Karol Wojtyła est élu pape, et il va constituer l'un des premiers grands soucis de son pontificat. À la suite de sa participation – avant même qu'il ne se rende en Pologne – à la conférence épiscopale de Puebla, au Mexique (janvier 1979), il fera plus d'une dizaine de voyages sur ce continent. À la différence de Paul VI, il est, au départ, fort prévenu à l'encontre des théologiens de la libération, lui qui a connu le marxisme réel dans sa propre patrie. En 1964, déjà, lors du concile, il a eu une très vive discussion sur ce sujet avec dom Hélder Pessõa Câmara. Ce dernier, que certains appellent l' « archevêque rouge » (d'Olinda et de Recife, au Brésil), n'est nullement un membre du réseau des théologiens de la libération ni, encore moins, un adepte du communisme, mais il admet, avec ceux-là, qu'on puisse se référer à certaines analyses du marxisme pour mobiliser et « conscientiser » les masses populaires d'Amérique latine vouées à la misère et à l'injustice, et que prêtres et évêques regroupent dans des « communautés de base ».
4.2. La réprobation

C'est donc en arguant de la connaissance personnelle qu'il a acquise naguère des dangers du communisme soviétique que l'évêque Wojtyła devenu pape s'en prendra à l'idéologie dont se réclament les théologiens latino-américains. Il voit alors en eux des militants politiques qui font de Jésus-Christ un révolutionnaire prémarxiste plutôt que des prêtres soucieux de propager l'Évangile, seul capable de proclamer la vérité de l'homme.
Au cours de ses périples en Amérique latine, Jean-Paul II adopte parfois un ton plus compréhensif, mais pour retomber très vite dans une attitude de réprobation, par exemple lorsqu'il condamne, en juillet 1979, plusieurs prêtres devenus ministres du gouvernement sandiniste du Nicaragua ou lorsque, au cours d'un voyage au Brésil en juin 1980, il dénonce de nouveau tout engagement politique de la part des théologiens de la libération. Et même, tandis que les dictatures locales et leurs polices soumettent ces derniers à des persécutions, des emprisonnements ou des assassinats (comme, au Salvador, celui de l'archevêque Oscar Romero), il va nommer à la tête de la Congrégation romaine pour la doctrine de la foi (l'ancien Saint-Office) le théologien conservateur Joseph Ratzinger. Par l’instruction Libertatis nuntius du 6 juillet 1984, il met en garde contre une conception de la liberté fondée sur la négation de Dieu, incompatible avec le christianisme.
5. Renouveau spirituel et enseignement de la morale

5.1. Le message au monde

Tandis que Jean-Paul II tente de réduire la crise latino-américaine, son pontificat suscite un renouveau spirituel qui s'exprime sous des formes très diverses : les Journées mondiales de la jeunesse, selon une formule de rendez-vous périodiques instaurée en 1984 ; le regain de l'antique esprit de pèlerinage ; l'expansion d'îlots de ferveur et d'apostolat comme le mouvement des charismatiques ou l'Opus Dei (institut contesté dont le fondateur, Monseigneur José María Escrivá de Balaguer, est cependant béatifié en 1992) ; des efforts de pédagogie doctrinale avec, par exemple, la promulgation d'un nouveau « catéchisme universel », dont l'édition définitive paraît en 1998 (en 35 langues) et qui s'adresse à l'ensemble de l'Église catholique, à l'instar du Catéchisme romain publié à la suite du concile de Trente et approuvé par Pie V.
5.2. Le risque de dichotomie

Mais il reste que les inspirations et incitations multiformes de Jean-Paul II, tout en demeurant édifiantes et apparemment optimistes, se heurtent à d'autres obstacles internes plus insidieux que ceux qui concernent une région donnée ou un mouvement dissident particulier. Ils consistent notamment dans le fait qu'une bonne partie du peuple croyant – y compris dans la Pologne contemporaine, naguère si conservatrice – estime pouvoir rester fidèle à la foi chrétienne tout en faisant la sourde oreille à la morale que ce pape continue de lui inculquer sans le moindre aménagement possible (condamnation de la contraception, de la procréation assistée, du préservatif, de la sécularisation, du mariage des prêtres, de l'ordination des femmes – refus déclaré « infaillible » –, etc.).
6. Le pape de la paix et de la repentance

6.1. Le jubilé de l'an 2000

Prenant conscience que le temps lui est compté, Jean-Paul II redouble de vigueur pour dénoncer une crise croissante de la civilisation qui s'exprime dans les guerres civiles, la recrudescence des nationalismes et une « culture de mort » banalisée, à ses yeux, par l'avortement et l'euthanasie. C'est avec ce sentiment d'urgence qu'il décide, les 13 et 14 juin 1994, au cours d'une assemblée extraordinaire des cardinaux, de préparer l'entrée de l'Église dans le IIIe millénaire par le jubilé de l'an 2000. Cet événement, qui attire à Rome des millions de pèlerins, fournit l'occasion d'un approfondissement de la foi personnelle et communautaire, en même temps que celle d'une vaste campagne de réconciliation et de pénitence.
6.2. Le pèlerinage en Terre sainte

Jean-Paul II à JérusalemJean-Paul II à Jérusalem
C'est en relation avec ce jubilé solennel que le pape accomplit, du 20 au 26 mars 2000, un pèlerinage en Terre sainte. Souhaité par lui depuis longtemps et considéré jusqu'au dernier moment comme très risqué en raison des tensions religieuses et politiques dans cette partie du monde, ce voyage pouvait répondre au désir de Jean-Paul II de se rendre avant la fin de son pontificat sur les lieux mêmes où Celui dont il est le vicaire avait inauguré son message évangélique.
Mais ce retour aux sources du christianisme se veut aussi – et surtout – un appel nouveau adressé aux juifs, aux musulmans et aux chrétiens de la région et du monde entier, en vue d'une réconciliation dans la justice. Plusieurs gestes de ce « pèlerin de la paix » prennent alors, dans un État d'Israël de plus en plus franchement reconnu, une valeur hautement symbolique. Après avoir affirmé, à Bethléem, que la « souffrance » des Palestiniens avait duré trop longtemps, le souverain pontife, se rendant ensuite au mémorial de la Shoah puis au Mur des lamentations, demande pardon, au nom de l'Église, pour toutes les souffrances que le peuple juif a pu subir de la part de celle-ci.
Pour en savoir plus, voir l'article Question palestinienne.
6.3. Le voyage sur les traces de saint Paul

Pèlerin de la paix, Jean-Paul II l'est encore lors de son 93e voyage hors d'Italie, du 4 au 9 mai 2001. Son « pèlerinage » sur les pas de l'apôtre Paul l'amène en Grèce puis en Syrie, avant de s'achever à Malte. À Athènes, où Paul avait essuyé un échec mémorable devant l'Aréopage, le pape pouvait redouter de subir un sort analogue de la part d'une Église grecque particulièrement hostile à Rome. Mais il produit sur les chrétiens orientaux une forte impression en leur exprimant le pardon des catholiques pour les fautes commises notamment lors du sac de Constantinople par les croisés en 1204 (→ Empire latin de Constantinople), et en prenant l'initiative d'un début de réconciliation avec eux.
Le séjour de Jean-Paul II en Syrie a un retentissement plus important encore, non seulement dans ce pays, mais aussi dans l'ensemble du monde arabe (musulman et chrétien). Deux de ses gestes revêtent une portée historique : d'une part, sa visite à la Grande Mosquée des Omeyyades à Damas, perçue comme le pendant de celle qu'il a faite naguère à la synagogue de Rome ; d'autre part, sa halte dans la ville de Qunaytra, détruite à la suite d'impitoyables combats entre Israéliens et Arabes.
7. Le pape sanctificateur

Jean-Paul II a voulu être le pape qui réconcilie l'Église catholique avec le judaïsme, avec les autres confessions chrétiennes, avec l'islam, avec toute autre religion dans le monde, enfin avec l'humanité entière à laquelle elle dit sa repentance pour « les nombreuses formes de violence que l'on a exercées au nom de la foi chrétienne ».
En même temps, il a voulu être le pape qui atteste l'action vivante de l'Église dans le temps en lui offrant le modèle de ses hommes et de ses femmes. Pour cela, il a prononcé plus de canonisations et de béatifications (plus de 2 000) que tous ses prédécesseurs réunis depuis la création de la Congrégation des rites en 1588. Lui-même est d'ailleurs béatifié en 2011.
En outre, Jean-Paul II est le pape qui a créé le plus de cardinaux, privilégiant par là même l'essor des Églises d'Amérique latine, d'Asie et d'Afrique ; il a ainsi augmenté le nombre des membres du conclave, qui avait été fixé à un maximum de 120 par Paul VI. Son pontificat – le troisième de l'histoire à avoir célébré ses vingt-cinq ans – restera comme celui qui aura le plus fait pour transformer la papauté romaine en papauté universelle.
8. Décès, béatification et canonisation

RomeRome
Gravement malade depuis plusieurs années, Jean-Paul II décède le 2 avril 2005 au Vatican. Plus de 3 millions de personnes se rendent à Rome au moment des funérailles. Dans la foule des 500 000 fidèles qui se regroupent sur la place Saint-Pierre, certains scandent « Santo Subito », appelant à la canonisation immédiate.
Jean-Paul II est béatifié le 1er mai 2011 par Benoît XVI, le miracle de la guérison de la Sœur Marie Simon-Pierre de la maladie de Parkinson lui ayant été reconnu. Suite à un second miracle survenu lors de la béatification (la guérison d’une Costaricienne atteinte d’anévrisme cérébral), sa canonisation survient neuf ans après sa disparition, un délai extrêmement court, le 27 avril 2014 (en même temps que la canonisation de Jean XXIII). L’événement accueille des délégations de 54 pays et plusieurs chefs d’État, affirmant la popularité du pape, notamment auprès des jeunes.


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LA SONDE VOYAGER 1

 

C'est désormais officiel. La sonde américaine Voyager 1, lancée en 1977, a bien quitté le système solaire, devenant ainsi le premier objet envoyé par l'homme à atteindre l'espace intersidéral. Selon des mesures publiées dans la revue américaine Science (article en anglais) et confirmées par la Nasa jeudi 12 septembre, la sonde a quitté le système solaire il y a déjà plus d'un an, en août 2012.

Est-on sûr que Voyager a quitté le système solaire ?
Ce n'est pas la première fois que la sortie de Voyager 1 du système solaire est évoquée par des chercheurs. Deux études publiées plus tôt cette année, dont la dernière en août basée sur d'autres données, avaient déjà abouti à cette conclusion. Mais la Nasa avait jugé ces recherches non concluantes.

Cette fois, la Nasa a confirmé les recherches. De nouvelles analyses des densités de plasma autour du vaisseau se sont révélées conformes aux densités se trouvant dans la région interstellaire prédites dans les modèles.

L'élément crucial qui permet d'affirmer que Voyager 1 a franchi la frontière de notre système solaire s'est présenté par hasard, quand des éruptions solaires ont catapulté des particules en direction de Voyager en 2011 et 2012. Il a fallu un an pour que ces particules atteignent la sonde et fournissent des indications permettant d'établir la densité du plasma là où se trouve Voyager aujourd'hui. Le plasma, qui consiste en des particules chargées, est sensiblement plus présent dans l'espace interstellaire que dans le système solaire, où prédomine le vent solaire.

Selon les astrophysiciens, c'est vers le 25 août 2012 que Voyager, qui se trouve à plus de 18 milliards de kilomètres du Soleil, est sorti de l'héliopause, la zone frontalière du système solaire, pour entrer dans le froid et l'obscurité de l'espace interstellaire. "Nous avons sursauté sur nos chaises quand nous avons constaté ces oscillations dans nos données car elles montraient que le vaisseau se trouvait dans une région totalement nouvelle, conforme à ce que l'on peut attendre dans l'espace intersidéral et entièrement différente de l'héliosphère, la bulle formée par les rayons solaires", explique Don Gurnett, de l'université d'Iowa, principal auteur de l'étude.

Pourquoi est-ce une nouvelle historique ?
"Maintenant que nous avons ces nouvelles données clés, nous pensons que l'humanité a franchi un pas historique en entrant dans l'espace interstellaire", s'est félicité Ed Stone, responsable scientifique de la mission Voyager à l'Institut de Technologie de Californie.

L'astrophysicien Marc Swisdak, de l'université du Maryland (Etats-Unis), souligne que "c'est la première fois que l'humanité peut sortir du berceau du système solaire pour explorer le reste de la galaxie. Voyager permet ainsi d'effectuer des observations directes hors du système solaire", explique-t-il. Pour John Grunsfeld, le patron des missions scientifiques de la Nasa, "Voyager s'est aventuré là où aucune autre sonde n'est allée avant, marquant l'un des accomplissements technologiques le plus significatif dans les annales de l'histoire de la science".

Quel avenir pour les sondes Voyager ?
La durée de vie des deux sondes Voyager, lancées en 1977 à un mois d'intervalle et qui avancent à 55 000 km/h, ne devait pas dépasser cinq ans, mais elles sont toujours aujourd'hui en bon état de fonctionnement. Leurs caméras ont été éteintes pour économiser leur batterie au plutonium qui devrait s'épuiser vers 2020.

Leurs instruments s'appuient sur des technologies aujourd'hui rudimentaires. Un iPhone bas de gamme a 240 000 fois plus de mémoire que les ordinateurs des Voyager et la puissance du transmetteur (23 Watts) est équivalente à celle d'une lampe de réfrigérateur.

Le programme d'exploration Voyager avait pour objectif l'étude des planètes du système solaire. Voyager 1 et 2 ont survolé Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune ainsi que 48 de leurs lunes. Les données recueillies par les neuf instruments à bord de chacune des sondes en font la mission d'exploration du système solaire la plus fructueuse de toute l'histoire spatiale.

Les deux vaisseaux transportent chacun un disque en or plaqué de cuivre de 30 cm contenant 115 photographies et une variété de sons naturels ainsi que des messages dans 55 langues. Des messages du président américain d'alors, Jimmy Carter, et du secrétaire général de l'ONU de l'époque, Kurt Waldheim, voyagent également avec les sondes depuis plus de trente-cinq ans.

Voyager 2, elle, devrait sortir du système solaire d'ici trois ans. D'ici 40 000 ans, même si elles ne seront plus capables de fournir des informations, les deux sondes se trouveront dans le voisinage d'autres étoiles et à environ deux années-lumière du Soleil (soit 18 922 milliards de km). "Rien ne peut arrêter la course de Voyager 1 dans l'espace qui continuera son périple pendant très très longtemps, probablement des milliards d'années", prédit l'astrophysicien Marc Swisdak.

 

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INTERNET

 

Internet
(abréviation de INTERnational NETwork, réseau international)
Internet : structure du réseau
Cet article fait partie du dossier consacré à l'information et du dossier consacré à l'informatique.
Réseau télématique international, qui résulte de l'interconnexion des ordinateurs du monde entier utilisant un protocole commun d'échanges de données (baptisé TCP/IP ou Transport Control Protocol/Internet Protocol et spécifié par l'Internet Society, ou ISOC) afin de dialoguer entre eux via les lignes de télécommunication (lignes téléphoniques, liaisons numériques, câble).
Internet (en abrégé le Net) est communément appelé la « Toile » (en anglais, Web, « toile d'araignée »), ou WWW (World Wide Web, « réseau mondial »), ou W3. L'accès au réseau est ouvert à tout utilisateur, dit « internaute », ayant obtenu une adresse auprès d'un organisme accrédité (fournisseur d’accès Internet).
1. Le « réseau des réseaux »

Représentation du symbole d'Internet dans le mondeReprésentation du symbole d'Internet dans le monde
Le réseau Internet fonctionne de façon décentralisée, sans dépendre d'une administration ou d'un ordinateur central. Destiné, à l'origine, à mettre en relation chercheurs et militaires aux États-Unis, il interconnecte aujourd'hui tous les ordinateurs de la planète. Réseau informatique globalisant, Internet participe largement à la structuration du « village planétaire », utopie décrite dans les années 1970 par le sociologue canadien Herbert Marshall McLuhan. Du fait du nombre de personnes qu'il permet d'atteindre, ce moyen de communication sans précédent donne naissance à de nouveaux types d'interactions et de communications dont les conventions sociales, techniques, juridiques et économiques sont en constante évolution
Pour se raccorder à Internet, le particulier doit équiper son ordinateur d'un modem, puis ouvrir un compte auprès d'un fournisseur d'accès (le provider), qui lui fournira un identifiant personnel. L’ordinateur de l’abonné est ainsi mis en contact avec l’ensemble des autres ordinateurs connectés à Internet
2. Le lexique de l'Internet

LE LEXIQUE DE L'INTERNET

administrateur de site, administrateur de serveur, webmestre (en anglais, webmaster)
Personne responsable de la maintenance et du suivi d'un site ou d'un serveur, sur l'Internet.
adressage par domaines
Annuaire des domaines.
adresse électronique
Équivalent de l'adresse postale. Elle permet d'envoyer un message à un internaute et se présente fréquemment sous la forme : nom de l'internaute@nom de la machine.
ADSL (Asymmetric Digital Subscriber Line, ligne d’abonné numérique asymétrique)
Petite application interactive que l'utilisateur d'un système informatique charge avec un navigateur, à partir d'une page Web d'un serveur, pour l'exécuter sur sa machine.
appliquette (en anglais, applet)
Petite application interactive que l'utilisateur d'un système informatique charge avec un navigateur, à partir d'une page Web d'un serveur, pour l'exécuter sur sa machine.
archie
Type de serveurs de localisation de fichiers dans les sites FTP publics.
Arpanet (Advanced Research Project Agency Network)
Réseau à commutation par paquets, mis au point en 1969, et qui constitua la base du réseau Internet.
ASCII (American Standard Code for Information Interchange)
Code binaire qui permet de représenter les différents caractères et modes utilisés par la majorité des ordinateurs pour coder les caractères saisis.
autoroute de l'information, inforoute (en anglais, information highway)
Réseau télématique à large bande et à haut débit, destiné à favoriser la convergence des services dans le domaine de la transmission interactive et simultanée de données numériques.
bit (binary digit)
Unité élémentaire d'information ne pouvant prendre que deux valeurs distinctes (notées 1 et 0).
blog, blogue
Site Web sur lequel un internaute tient une chronique personnelle ou à un sujet particulier. Par extension, les entreprises et les institutions ont également mis en place des blogs pour communiquer de manière moins officielle et plus interactive.
bps (bits par seconde)
Unité de mesure de la vitesse de transmission de l'information, ou mesure de débit d'une ligne.
CERT (Computer Emergency Response Team)
Groupe d'intervention informatique d'urgence, commandité par la National Science Foundation en 1988. Il a pour mission d'identifier et de résoudre les failles sécuritaires des réseaux et des applications.
chat
Espace virtuel de dialogue en ligne réunissant des internautes qui communiquent par échange de messages électroniques.
commerce électronique
Mode de distribution de produits et de services par l'intermédiaire du site Web des entreprises. (On dit aussi commerce, vente en ligne.)
commutation par paquets
Procédé selon lequel les messages à transmettre sur l'Internet sont découpés en plusieurs paquets, envoyés indépendamment et réassemblés à la réception. Ce mode de transmission diffère de la commutation par circuit, utilisée pour le téléphone.
courrier électronique, mél (en anglais, e-mail)
Messagerie électronique. Les internautes échangent des messages grâce au protocole SMTP (Simple Mail Transfer Protocol). Il s'agit de textes, mais aussi d'images fixes ou animées et/ou de sons. En 1999 sont apparus les téléphones portables conçus pour afficher le courrier électronique.
cryptage
Système de protection informatique destiné à garantir l'intégrité et l'inviolabilité de données pendant leur transmission ou leur stockage.
distribution sélective (en anglais, push technology)
Technique permettant de faire bénéficier automatiquement un internaute, à sa demande, d'un envoi de données d'un type choisi.
domaine
Partie d'une adresse de l'Internet qui identifie, par pays, par activité ou par organisation, un des niveaux de la hiérarchie de l'Internet.
extranet
Réseau télématique local, non directement ouvert sur l'extérieur, mettant à la disposition du personnel et des partenaires d'une entreprise, ou d'un groupe d'entreprises, les technologies d'échange d'informations issues de l'Internet.
forum de discussion (en anglais, newsgroup)
Service permettant l'échange et la discussion sur un thème donné : chaque internaute peut lire à tout moment les interventions de tous les autres et apporter sa propre contribution sous forme d'articles.
fournisseur d'accès (en anglais, access provider)
Opérateur de réseaux fournissant l'accès à l'Internet et éventuellement à un ensemble de services en ligne exclusivement dédiés à ses abonnés ou en libre accès à toute la population des internautes.
FTP (File Transfer Protocol)
Protocole qui définit le transfert des fichiers entre deux machines.
hypertexte
Technique ou système permettant, dans une base documentaire de textes, de passer d'un document à un autre selon des chemins préétablis ou élaborés lors de la consultation.
internaute, cybernaute
Utilisateur du réseau Internet.
intranet
Réseau télématique interne à une entreprise, mettant à la disposition du personnel les technologies d'échange d'informations issues de l'Internet.
Milnet
Réseau IP de la Défense américaine, créé en 1983.
modem (modulateur-démodulateur)
Appareil électronique utilisé en télécommunication et en transmission de données qui assure la modulation des signaux émis et la démodulation des signaux reçus. Il permet notamment l'échange d'informations entre des ordinateurs par le réseau téléphonique.
mouchard, témoin de connexion (en anglais, cookie)
Appliquette envoyée par un serveur Web à un internaute, parfois à l'insu de celui-ci, au cours d'une connexion, afin de caractériser cet internaute, et, par extension, information que l'appliquette peut enregistrer sur le disque de l'internaute et à laquelle le serveur peut accéder ultérieurement.
navigateur, logiciel de navigation (en anglais, browser)
Logiciel, également appelé « butineur », « explorateur » ou « fureteur », permettant l'affichage des pages Web à l'écran et proposant des fonctionnalités étendues pour l'exploration sur le Net.
nommage
Dénomination, désignation de l'adresse d'un site Internet.
page d'accueil (en anglais, home page)
Page de présentation d'un site sur le Web ou page de tête affichée par un navigateur.
page Web
Document multimédia au format HTML, contenant des liens vers d'autres documents.
pare-feu, barrière de sécurité (en anglais, fire-wall)
Équipement situé entre le réseau Internet et le réseau privé d'une entreprise pour accroître la sécurité de ce dernier en filtrant le trafic en provenance ou à destination de l'Internet.
pirate (en anglais, hacker)
Personne qui pénètre frauduleusement dans un système informatique. Pour cela, elle contourne ou détruit les protections d'un logiciel, d'un ordinateur ou d'un réseau en vue d'en modifier ou d'en copier les informations.
portail
Site conçu pour être le point d'entrée sur l'Internet et proposant aux utilisateurs des services thématiques et personnalisés.
recherche individuelle (en anglais, pull technology)
Technique permettant à un internaute de rechercher des données par une démarche active au moyen de son navigateur, qui lui présentera ensuite le résultat de cette recherche.
réseau
Ensemble d’ordinateurs ou de terminaux interconnectés par des télécommunications généralement permanentes.
réseau social (Internet)
Site Web permettant de se constituer un réseau d’amis ou de connaissances professionnelles et d’échanger avec eux différents types d’informations (messages publics ou privés, liens hypertextes, vidéos, photos, etc.). Les réseaux sociaux les plus connus sont Facebook, Twitter, MySpace, etc.
serveur, serveur de données
Organisme privé ou public qui gère des banques de données et en autorise l'accès sous certaines conditions.
signet (en anglais, bookmark)
Mode d'accès rapide d'un internaute à l'adresse électronique d'un site Web, préalablement stockée en mémoire dans son ordinateur.
site, site Web (en anglais, website ou web site)
Ensemble de pages Web accessibles via l'Internet sur un serveur identifié par une adresse.
smiley
Dans un message électronique, association de caractères typographiques évoquant un visage expressif.
spam
Courriel non sollicité, essentiellement constitué de publicité, envoyés en grand nombre à des boîtes aux lettres électroniques ou à des forums. Les deux principaux inconvénients du spam sont d’une part l'espace qu'il occupe sur le réseau, en encombrant inutilement une partie de la bande-passante, et d’autre part le temps perdu inutilement par l’internaute pour trier son courrier.
Telnet
Programme qui permet de faire des sessions interactives de télécommunication via un autre ordinateur connecté sur l'Internet. Cette commande permet de court-circuiter les communications téléphoniques interurbaines, qui sont facturées à la minute.
vente en ligne
Commerce électronique.
WAP (Wireless Application Protocol)
Protocole d'affichage des contenus du Web sur les téléphones portables.
webcam
Caméra numérique miniaturisée destinée à enregistrer et à diffuser, généralement en direct, des images animées sur un site Internet.
wi-fi (en anglais, wireless fidelity)
Réseau local hertzien (sans fil) à haut debit, destiné aux liaisons d’équipements informatiques dans un cadre domestique ou professionnel.
wiki
Site Web collaboratif dont le contenu peut être modifié par les internautes autorisés.
WWW (World Wide Web)
Système développé par Tim Berners-Lee et son équipe du Cern. Le système WWW permet l'accès aux services d'information, quelle que soit l'origine de la consultation sur le réseau. La première version du Web, statique, est généralement notée Web 1.0. WWW utilise l'infrastructure Internet et réalise les connexions (adressage, négociation, acheminement) au moyen de trois protocoles de communications standardisées, définis par le NCSA et le Cern :
– URL (Uniform Resource Locator) ou adresse universelle : adresse qui précise la localisation d'une ressource Internet en indiquant le protocole à adopter, le nom de la machine, le chemin d'accès et le nom du fichier (par exemple : http://www.kleio.net/accueil.htm) ;
– HTML (HyperText Mark-up Language) : langage de description de documents servant à présenter des pages Web et à préciser à l'aide de balises les liens hypertextes avec d'autres documents ;
– HTTP (HyperText Transfer Protocol) : protocole qui permet le transfert de documents multiformats.
Web 2.0
Évolution du Web axée sur des fonctionnalités visuelles et interactives qui ouvrent Internet à l’intervention de communautés d’utilisateurs.
Web 3.0
Évolution du Web (au stade de recherche) axée sur une gestion accrue des bases de données permettant la personnalisation des usages en fonction de chaque utilisateur. Le Web 3.0 est généralement qualifié de sémantique.
3. Histoire de l'Internet

Fonctionnement de l'InternetFonctionnement de l'Internet
L'aventure, tout à la fois politique, technologique et sociale du réseau Internet a commencé dans le contexte de compétition, aux implications scientifiques et militaires, dû à la guerre froide. En 1957, le département d'État à la Défense des États-Unis crée l'Agence pour les projets de recherche avancée (Advanced Research Project Agency, ou ARPA), afin de mettre sur pied un réseau de télécommunications informatique qui permette aux chercheurs universitaires et aux militaires de s'échanger des données et de coordonner leurs activités. En 1962, l'US Air Force commande à la Rand Corporation un rapport sur la vulnérabilité des réseaux de télécommunications en cas de conflit. Le rapport livré par l'informaticien Paul Baran souligne la centralisation excessive de certains réseaux et le manque d'autonomie de fonctionnement des nœuds intermédiaires de communication par rapport aux centres de contrôle en cas de destruction du réseau ; la mise hors d'usage du noyau central aurait pour conséquence la paralysie de l'ensemble.
3.1. Arpanet

C'est aux chercheurs de l'ARPA qu'est confiée la mission de développer un réseau expérimental qui répondrait à la nouvelle approche stratégique préconisée par le rapport Rand. Le réseau Arpanet (Advanced Research Project Agency NETwork), réseau à commutation par paquets, est testé le 21 novembre 1969 : à l'aide d'une ligne téléphonique, une liaison est effectuée entre deux ordinateurs, respectivement installés à l'université de Californie à Los Angeles (UCLA) et à l'Institut de recherche de Stanford. En décembre, le réseau est étendu à l'université de Californie à Santa Barbara et à l'université de l'Utah.
Le projet Arpanet satisfait plusieurs objectifs. Le réseau utilise des technologies éprouvées et des équipements disponibles sur le marché, ce qui le rend évolutif. D'autre part, il n'est pas tributaire d'un centre de contrôle : au noyau central traditionnel est substituée une architecture composée d'une multitude de connexions, dont la configuration globale évoque une toile d'araignée ; chaque ordinateur du réseau peut ainsi communiquer avec tous les autres ordinateurs. De 1970 à 1980, le réseau Arpanet s'étend d'abord aux universités américaines dont les recherches concernent la défense. Puis le réseau est séparé en deux : Milnet, réservé aux militaires, et Arpanet. Ces deux réseaux demeurent interconnectés grâce à la technique appelée Internet Protocol (IP), qui permet l'échange de données entre réseaux dotés d'équipements informatiques différents. Au milieu des années 1980, les agences de recherche du gouvernement américain confient à la National Science Foundation (NSF) la charge de se substituer à l'ARPA pour donner à l'ensemble des institutions universitaires un accès au réseau, voire pour développer ce dernier à l'échelon international en prenant acte de la détente survenue dans les relations Est-Ouest. De fait, le réseau NSFnet, capable d'une transmission à grande vitesse, connaît un essor remarquable.
Jusqu'en 1991, et la création du Commercial Internet Exchange, les utilisations à caractère commercial sont bridées par les préceptes édictés dans l'AUP (Acceptable Use Policy), qui établit que le NSFnet a pour vocation exclusive de soutenir la recherche et l'enseignement. Pour répondre à la demande pressante des entrepreneurs, un second réseau national est mis au service des entreprises à caractère commercial. Parallèlement, des tractations s'engagent au niveau politique pour céder le réseau NSFnet au secteur privé. En 1995, NSFnet est remplacé par un ensemble de grands réseaux interconnectés (ANSnet, MCInet, CompuServe, etc.), lesquels proposent à leurs clients l'accès à l'Internet.
3.2. La « Toile » ou Web

NetscapeNetscape
Étroitement associé au développement de Internet, le Web rend Internet accessible au grand public en présentant les informations sous une forme multimédia et interactive. Sa conception est due au Britannique Tim Berners-Lee et à son équipe du Cern (officiellement appelé Organisation européenne pour la recherche nucléaire), à Genève. Le Web fonctionne selon un modèle « client-serveur » : le client émet une requête vers un serveur et lui demande la communication d'un document ; le serveur reçoit la demande et retourne les fichiers au client ; celui-ci reçoit le document, et le logiciel spécialisé qu'il utilise, appelé « logiciel de navigation » ou « navigateur » (browser), réalise la mise en page.
Développé en commun par le Cern et le NCSA (National Center for Superconducting Application), le programme Mosaic (mis en service en 1993) est une interface universelle utilisant les techniques de l'hypertexte et du multimédia. Distribué gratuitement par téléchargement, Mosaic permet une consultation aisée des serveurs du réseau Internet et illustre ce qu'est un hypertexte : il suffit de cliquer sur un mot ou une illustration pour se connecter à une autre zone machine du réseau. Au lieu d'obéir à un modèle hiérarchique, la recherche d'informations sur le Web se fait donc selon un modèle de type multimédia : la technologie permet de s'affranchir de l'aspect linéaire des documents. Devenu public dès 1991, le Web connaît une croissance considérable du nombre de services proposés. En 1994, d'une scission du groupe de développement de Mosaic sont nés une nouvelle entreprise, Netscape Corporation, et un nouveau produit commercial, Netscape Navigator. Depuis lors, de nombreux services d'index et de recherche d'informations, les moteurs de recherche, se sont créés (Google, Yahoo, Baidu, etc.).

Internet : structure du réseauInternet : structure du réseau
Dopé par la généralisation de la transmission de données en haut débit (via le câble, le satellite, ou encore la connexion ADSL) et par la banalisation des usages des micro-ordinateurs dans les foyers et dans les entreprises, Internet est devenu socialement et économiquement quasi-incontournable en tant que vecteur de diffusion et de communication et de recherche d'informations. Estimé, en 2005, à plus d'un milliard, le nombre d'internautes dans le monde a dépassé les 2 milliards en 2012, et ce chiffre devrait encore augmenter dans les années à venir.. En France, on est passé de 15 millions d’internautes en 2005 à environ 42 millions en 2012.
4. Les enjeux de l'Internet

CybercaféCybercafé
Internet offre aux utilisateurs de nombreux types d'applications : messagerie électronique (mél ou courriels, en anglais e-mails), messagerie instantanée (« chat »), sites Web et blogs marchands, institutionnels, personnels ou collaboratifs (wikis), réseaux sociaux (Facebook, Twitter, etc.), commerce électronique (ou e-commerce), transfert et téléchargement de fichiers informatiques (textes, images, musiques, vidéos), téléphonie sur IP (téléphone par ordinateur), forums de discussion, jeux en réseau ou en ligne (→ jeux vidéo)... Ces différents usages d’Internet créent une culture nouvelle, qui enrichit le système relationnel de l’ensemble des acteurs de la société : individus, entreprises et institutions.
4.1. Les enjeux sociaux et culturels

L’essor d’Internet constitue une innovation majeure dans le domaine des communications : c’est un vivier d’idées. C’est aussi un outil de désenclavement. Où qu’il soit dans le monde, un internaute peut « surfer » sur le Net et ainsi accéder à des produits, à des services d’information, effectuer une transaction, participer à une discussion sur un forum, etc. Mais Internet ne fait pas l’unanimité. Pour ses détracteurs, il contribue à une détérioration du tissu social en favorisant une forme de communication sans contact réel. Internet rapproche-t-il les gens ou, au contraire, contribue-t-il à l’individualisme ? S’il est indéniable qu’Internet offre un moyen supplémentaire de communication interpersonnelle, internationale et interculturelle, comme la lettre ou le téléphone, il crée en même temps de nouvelles formes d'individualisme et transforment nos modes de consommation de biens culturels et de loisirs.
Les implications d’Internet dans la vie quotidienne sont multiples. Le réseau offre la possibilité de « télégérer » des opérations financière : par exemple, acheter tel produit, commander tel voyage. Il peut simplifier les démarches administratives ou bancaires, grâce à des guichets électroniques qui évitent un déplacement ou l’envoi d’un courrier.
Le commerce en ligne (e-commerce) constitue avec la messagerie (le courriel) deux applications particulièrement porteuses.
Grâce au réseau haut débit, les opérateurs de télévision diffusent des bouquets de chaînes dont les programmes peuvent être téléchargés ou visionnés à la demande (lecture en continu ou streaming).
Par ailleurs, la téléphonie sur IP permet de communiquer de façon illimitée et à moindre coût via Internet, en s’affranchissant ainsi des opérateurs de télécommunications traditionnels.

Chômage, A.N.P.E. et InternetChômage, A.N.P.E. et Internet
Au-delà, Internet est devenu un enjeu social. Avec son développement, un nombre croissant d’emplois n’ont plus lieu d’être. Des activités comme, par exemple, la presse, la distribution ou l’édition sont à l’aube de profondes mutations. À l’inverse, de nouveaux métiers apparaissent, dont un nombre important en relation directe avec la mise en place fonctionnelle d’Internet et des systèmes d’information qui lui sont liés. Par ailleurs, Internet induit une évolution de la notion de travail : il n’est plus nécessaire d’être physiquement présent sur un lieu ; une tâche peut être effectuée à distance (télétravail), ce qui suppose une nouvelle appréciation du temps de travail et de la relation entre l’employeur et l’employé. Ainsi, Internet entraîne l'individualisation du salariat et introduit une grande porosité entre les frontières du privé et du professionnel.
Supports numériques connectésSupports numériques connectés
Parallèlement au potentiel informatif et informatique de chaque élément qui compose le réseau, se sont développés, au début des années 2000, de nouveaux services qui se caractérisent par la participation et l’interaction des utilisateurs à la production de contenus. L’internaute est devenu contributeur du Net : c’est l’ère du Web 2.0, marquée principalement par la création de millions de blogs (personnels, professionnels et institutionnels) et surtout des réseaux sociaux (Linkedin, MySpace, Facebook, Twitter, etc.) qui ont conquis une place centrale au sein des différents usages d'Internet.
Avec le Web 2.0, les utilisateurs ont la possibilité d'être beaucoup plus actifs dans la production, la diffusion et le traitement de l'information. On observe un déplacement d’un ensemble d’oppositions traditionnelles entre professionnels et amateurs, passivité et activité, autorité verticale et réseau horizontal... Toutefois, tous ces chamboulements d’ordre sociaux, culturels, informationnels et économiques engendrés par Internet, qui modifient en profondeur la société et les comportements des individus qui la composent, nécessitent un encadrement politique, juridique et éthique.
4.2. Les enjeux économiques

Commerce électroniqueCommerce électronique
La présence des entreprises sur le réseau prend des formes diverses, de la simple présence « médiatique » au serveur transactionnel qui permet de consulter un catalogue, de comparer puis de choisir un produit et enfin de procéder à son achat en ligne. Grâce au courrier électronique, l'Internet propose à l'entreprise – de même qu'à toute institution – un outil de communication externe, qui lui permet de diffuser ses messages (informations sur ses produits et services, annonces de recrutement…) à l'intention des internautes et d'organiser le travail à distance avec ses collaborateurs reliés au réseau. Mais la messagerie électronique lui offre aussi un outil de communication interne (intranet), qui est à l'usage de ses personnels pour qu'ils réalisent des gains de temps dans leurs relations professionnelles.
Pour l'entreprise, l'objectif primordial reste la vente. À cet égard, Internet assure l'essor du commerce électronique (cybercommerce ou e-commerce). Les pages d'accueil du Web, faisant place à la publicité de marque, sont âprement convoitées. Le téléchargement direct sur les autres pages du réseau permet d'offrir à la vente des produits sans cesse diversifiés. Par exemple, l'édition s'est mise à l'heure de la cyberlibrairie et les grands magasins ou les hypermarchés ont ouvert leurs propres sites de distribution. On observe toutefois, sous la forme de « spams », une invasion parasite de l'écran par des messages publicitaires que les annonceurs expédient aux internautes en captant l'adresse électronique de ces derniers à leur insu ; ce « spamming », non sollicité et souvent massif, nécessite le recours à des filtres et incite certains fournisseurs d'accès à la mise en place de parades dont l'efficacité reste toutefois aléatoire.
L'un des principaux enjeux économiques tient à l'association de la technologie d'Internet et de celle de la téléphonie mobile. Ainsi, le protocole WAP (Wireless Application Protocol) offre une passerelle entre un téléphone portable (smartphone) – ou tout autre périphérique sans fil compatible (tablettes, assistants numériques personnels, etc.) – et le serveur Web : il utilise à cette fin un langage conçu pour les écrans de petite taille, ne disposant pas d'outils de navigation comme le clavier et la souris.
Une analyse économique d’Internet montre que le réseau repose essentiellement sur la centralisation des données (YouTube, DailyMotion, Facebook, Google…), ce qui offre une grande facilité de gestion et implicitement une maximisation des profits (capitalisme appliqué au numérique). Actuellement, l’évolution d’Internet se poursuit dans ce sens, avec un développement marginal des logiciels libres (open sources) et autres plates-formes alternatives peer to peer (poste à poste).
5. Les risques et les faiblesses d'Internet

5.1. Les risques liés à la croissance

La vitesse de transmission des données sur Internet fait que ce dernier concurrence les moyens traditionnels de diffusion de l'information, en premier lieu la presse écrite, de même que des modes de transmission comme le courrier ou le fax. Mais la dimension mondiale du réseau accroît les difficultés à la fois pour repérer l'information utile et pour vérifier sa fiabilité. L'édition sur le Web ignore les filtres que constituent d'ordinaire les éditeurs traditionnels. De fait, le Web peut être un véhicule redoutable de rumeurs, notamment par le biais des news. Des informations erronées peuvent se propager avec d'autant plus de rapidité que l'anonymat des émetteurs les met à l'abri des plaintes.
5.2. Les risques liés à la sécurité et à la confidentialité

L'accès à l'Internet expose l'entreprise comme le particulier aux risques d'intrusion et donc aux risques de vol ou de destruction d'informations, par le biais de virus. En outre, l'achat sur l'Internet est subordonné à la protection de la confidentialité des données lors d'échanges transitant par le réseau et nécessitant une carte bancaire. La combinaison du filtrage (pare-feu), du cryptage, de l'authentification et du contrôle d'accès aux outils et applications permet de lutter contre les tentatives de communications indésirables. Toutefois, la cybercriminalité, pratiquement inconnue il y a moins de vingt ans, prend de l'ampleur et devient un sujet de préoccupation majeur pour la plupart des États.
5.3. Les risques liés à la sauvegarde de la propriété intellectuelle

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La question du respect des droits d'auteur sur le Web se pose avec acuité. En la matière, ce dernier n'est pas une zone de « non-droit » : la législation sur le droit d'auteur protège toute œuvre originale, « quels qu'en soit le mode ou la forme d'expression ». Elle s'applique donc à la numérisation, qui est l'expression, sous une forme spécifique, d'une œuvre. De fait, si la communication d'une œuvre entre deux personnes au moyen du courrier électronique ne constitue pas une communication publique, la diffusion d'une œuvre protégée sur un service d'information est assujettie au droit d'auteur. Sa consultation, autorisée dans le cadre de la consultation particulière, encore que la consultation d'une œuvre sous une forme numérisée suppose la copie de cette œuvre (téléchargement), ne constitue en rien une cession de droit à la reproduire ou à la diffuser.
Le débat est complexe. La multiplication des réseaux peer to peer, qui permettent l'échange de fichiers audiovisuels (musique, vidéo, jeux vidéo, etc.), reste au cœur de l'actualité juridique et économique. Plusieurs logiques s'affrontent. La première est basée sur un échange libre et gratuit. Les ayants droit ne perçoivent alors aucune rémunération. La seconde repose sur le paiement par l'internaute d'une redevance forfaitaire perçue par le fournisseur d'accès et reversée à des sociétés de répartition de droits d'auteur. Enfin, la troisième suppose le versement de droits d'auteur pour chaque œuvre protégée et téléchargée. Ces différentes solutions se heurtent à des contraintes techniques importantes ainsi que d'ordre juridique.
5.4. Les risques liés au respect de l'éthique

Peut-on tout diffuser sur l'Internet ? Quelle position les pouvoirs publics doivent-ils adopter face au réseau des réseaux ? Le développement rapide des services sur Internet a pris de cours le législateur, et le régime juridique qui leur est applicable reste empirique. L'article 2 de la loi n° 86-1067 du 30 septembre 1986 définit en tant que communication audiovisuelle « toute transmission, émission ou réception de signes, de signaux, d'écrits, d'images, de sons ou de renseignements de toute nature ». Cette définition, volontairement large, inclut les services du Web. Mais la profusion d'informations confère au réseau une envergure qui rend difficile le seul recours à des lois nationales. De fait, des casinos virtuels peuvent étendre leur clientèle en s'affranchissant de toute réglementation ; plusieurs sites ont mis en vente des objets nazis ; d'autres font commerce de la pédophilie. Il reste à élaborer une déontologie et une législation d'Internet. La notion de responsabilité est au centre des débats : les forums de discussion, par les contenus qu'ils véhiculent, posent clairement le problème de la responsabilité des internautes et/ou de celle des fournisseurs d'accès au réseau. La loi sur l'économie numérique telle qu'elle doit s'appliquer en France, faisant obligation aux hébergeurs d'exercer un contrôle a priori sur les sites Internet français et aux fournisseurs d'accès de filtrer les sites étrangers, soulève parmi eux une vive émotion, relayée par les utilisateurs du haut débit.
6. Les questions d'avenir pour Internet

6.1. Être ou ne pas être internaute ?

Internet est le média d'avenir de l'ère postindustrielle. Or, son développement suscite diverses interrogations. Elles tournent en premier lieu autour de la « nouvelle économie » – la netéconomie –, dont l'importance semble avoir été anticipée. Les contre-performances du Nasdaq ont des incidences à la baisse sur l'ensemble des indices de valeurs boursières. La « bulle » Internet a explosé en 2001. En France notamment, beaucoup de start up ont alors disparu. Depuis, les investisseurs sont devenus beaucoup plus prudents ; ils exigent, avant toute prise de décision en matière de participation, des garanties nettement plus élaborées et contraignantes sur les plans de la pérennité technique et de la rentabilité commerciale.
Internet a vocation à être grand public. Il faut pourtant se demander s'il ne contribue pas à creuser le fossé qui sépare les catégories sociales entre elles et les peuples entre eux. Surfer sur le Net implique d'avoir les moyens d'acquérir l'outil informatique, de le faire fonctionner et de le perfectionner (par exemple, en changeant de modem pour accéder au haut débit et en adoptant l'ADSL). L'idée d'une société technologique globale, du « village planétaire », se heurte à la réalité des clivages Nord-Sud, riches-pauvres, villes-campagnes, jeunes-moins jeunes. Toutefois, l’évolution du nombre d’internautes dans le monde ne laisse aucune équivoque : on est passé de 16 millions d’internautes en 1995 à environ 1 milliard en 2005 et à plus de 2 milliards en 2012 (dont 45 % ont moins de 25 ans). On note d’ailleurs que les plus fortes croissances ont eu lieu sur les continents africain et surtout asiatique (en particulier en Chine). Le nombre d’internautes dans le monde est en constante progression pour le bonheur des cybermarchands
En France, on compte environ 40 millions d’internautes en 2012, qui passent, en moyenne, 3 heures chaque jour à surfer sur Internet. Les activités les plus pratiquées sont : « réseauter » (23 millions de Français inscrits à Facebook et 3 millions à Twitter), se divertir (jeux en ligne, etc.) et acheter.
6.2. L'Internet de demain : le Web 3.0

Après un Web 1.0 relativement statique où l’internaute se contente d’accéder à une pléthore d’informations, puis un Web 2.0 dynamique, participatif et interactif où l’internaute peut à la fois consulter et échanger des données, on se dirige vers un Web 3.0 qui reste à définir.
Certains évoquent un Web intelligent, souvent qualifié de sémantique. Cette évolution du Web serait basée sur la personnalisation des usages en fonction de chaque utilisateur. L’objectif est d’améliorer la relation entre les utilisateurs et d’amoindrir les contraintes techniques et l’ergonomie, qui restent à ce jour prédominantes. Le partage de ressources, les requêtes d’informations basées sur des moteurs de recherche innovants capables de s’adapter à chaque profil en recourant à la notion de sémantique et le recours à l’intelligence artificielle pourraient constituer des facteurs clés.
Toutefois, nul ne peut prévoir l’évolution de ce gigantesque réseau – même à très court terme (de l’ordre de quelques années) – car les usages et les technologies évoluent extrêmement vite et partout à la fois à travers le monde entier.

 

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