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BOLIVIE

 

Bolivie
en espagnol Bolivia


État d'Amérique du Sud, la Bolivie est limitée au nord et à l'est par le Brésil, au sud-est par le Paraguay, au sud par l'Argentine et à l'ouest par le Chili et le Pérou.
Superficie : 1 100 000 km2
Nombre d'habitants : 10 671 000 (estimation pour 2013)
Nom des habitants : Boliviens
Capitales : Sucre et La Paz (siège du gouvernement)
Langues : espagnol et 36 langues indigènes, dont aymara et quechua
Monnaie : boliviano
Chef de l'État : Evo Morales Ayma
Chef du gouvernement : Evo Morales Ayma
Nature de l'État : république à régime présidentiel
Constitution :
Entrée en vigueur : février 2009
Pour en savoir plus : institutions de la Bolivie


GÉOGRAPHIE
État continental, la Bolivie juxtapose deux régions s'opposant par le milieu naturel et l'occupation humaine : les Andes, d'une part, et l'Oriente (70 % du pays, d'autre part).
L'Est (Oriente), à la population très clairsemée, appartient à l'Amazonie forestière. L'Ouest, andin, région de hauts plateaux (3 000 et 4 000 m), concentre la majeure partie de la population (amérindienne ou métissée) et les principales villes (dont La Paz). L’agriculture associe élevage et cultures (pommes de terre, orge, mais aussi coca, source d’une importante économie parallèle). L’industrie minière (étain, argent, tungstène), aujourd'hui en crise (sauf pour le lithium, prometteur), est relayée par l’exploitation des gisements de gaz naturel (surtout) et de pétrole. Mais le revenu moyen par habitant reste très bas.
1. Les milieux naturels

Dans les Andes, deux cordillères encadrent une série de hauts plateaux, l'Altiplano. À l'est (cordillères Royale et d'Apolobamba), des volcans enneigés dépassent 6 000 m d'altitude : Ancohuma, Illimani, Illampu. De profondes vallées et des bassins faillés (Cochabamba) entaillent le versant amazonien très abrupt. L'étagement de la végétation y fait apparaître, au-dessus de la forêt sempervirente et des cultures tropicales (coca, café, canne à sucre, agrumes), un étage tempéré (Yunga), entre 1 500 et 2 700 m, puis une forêt dense, dégradée par l'excès d'humidité, avec fougères arborescentes et bambous. Dans la cordillère occidentale, de grands volcans (Sajama) dominent de hauts plateaux volcaniques désertiques.

L'Altiplano est formé d'une série de hauts bassins séparés par des chaînons plissés. Celui du lac Titicaca (3 800 m) a des dépôts tertiaires et quaternaires, lacustres et fluviatiles. Le Desaguadero l'unit au lac Poopó, puis se déverse dans le salar de Uyuni. Le climat tropical est altéré par la sécheresse (de mai à novembre) et l'altitude (forts écarts thermiques quotidiens, gelées nocturnes). Le Nord reçoit 600 mm de précipitations (9,8 °C de moyenne annuelle à La Paz) et le Sud seulement 200 mm. La steppe à ichu au-dessus de 3 700 m (étage froid de la puna) fait place, à l'ouest et au sud, à des croûtes salines et à une végétation désertique, avec des touffes de llareta et de tola.
L'Oriente est un ensemble de régions basses (inférieures à 500 m) et humides. Au nord, les plaines du Madre de Dios, du Beni, du Mamoré associent la forêt sempervirente à des savanes arborées, tandis que le Sud (plaine du Chaco), situé dans la diagonale aride de l'Amérique du Sud, a un climat plus frais et plus sec, avec une forêt claire à épineux.
2. Une population indienne
La Bolivie est le plus indien des pays de la cordillère des Andes. Les Quechuas représentent 25 % de la population totale, les Aymaras 17 %, les métis 30 %, les Blancs 12 %. La densité moyenne, de 7 habitants par km2, est parmi les plus faibles de l'Amérique latine. La majorité des Boliviens vivent encore dans les hautes terres et les vallées de l'Altiplano, même si les fronts pionniers ont transféré une bonne partie de la population vers le piémont oriental.
L'accroissement de la population se maintient à un rythme soutenu depuis plusieurs décennies : 2,2 % par an entre 1965 et 1970 ; 2,3 % entre 2000 et 2005. Si le taux de mortalité infantile a baissé de 163 à 56 ‰, il reste l'un des plus élevés du continent et, en 1990, 40 % des enfants âgés de moins de 5 ans présentaient des signes de dénutrition chronique. La population est très jeune, 40 % des Boliviens ayant, à ce jour, moins de 15 ans. L'espérance de vie (63 ans pour les femmes, 60 ans pour les hommes) est parmi les plus courtes de l'Amérique latine. Le taux de population urbaine dépasse les 60 %, mais la Bolivie conserve un caractère encore fortement rural.
3. Une économie en faillite

La Bolivie, condamnée à l'enclavement continental dès le xixe s., possède l'un des produit intérieur brut les plus bas du continent. Depuis l'époque coloniale, la structuration de son espace s'est opérée par des cycles successifs d'exploitation économique. L'argent autour de Potosí et de Sucre (1545-1650) et l'étain autour de La Paz (1880-1986) ont fait de l'Altiplano le centre économique du pays. Celui-ci s'étend, à partir de 1950, au piémont oriental, autour de Santa Cruz, qui, grâce aux hydrocarbures et à la colonisation rurale, devient l'une des régions les plus dynamiques. La « Bolivie utile » se résume, en fait, à ce tiers du territoire, même si le cycle de l'hévéa (1880-1910), autour de Trinidad, a permis à cette ville de devenir une petite capitale régionale.
L'agriculture est composée, excepté dans la région sud-est, de petites exploitations agricoles travaillant selon des méthodes anciennes. Ces microfundia fournissent 80 % des produits destinés au marché intérieur. Autour de Santa Cruz s'est récemment développée une agriculture commerciale mécanisée. Disposant d'investissements brésiliens et argentins, elle produit principalement du soja. Toutefois, la plupart de ces terres chaudes sont occupées par la culture du coca.
L'industrie occupe une place mineure dans l'économie du pays. Sous-développée, elle produit essentiellement pour le marché interne. Le secteur minier était le secteur le plus dynamique. La chute des cours mondiaux de l'étain, de l'argent et d'autres produits du sous-sol a été catastrophique et l'industrie minière ne fournit plus que le tiers des recettes d'exportation. La Bolivie reste néanmoins le quatrième producteur mondial d'étain. En revanche, l'exportation de gaz naturel croît.
L'économie informelle absorberait 60 % de la population active urbaine et que deux tiers de la population vivraient, directement ou indirectement, de la culture du coca et du trafic de drogue. La production de la cocaïne est ainsi devenue la première activité économique du pays.
La balance commerciale est déficitaire. Les oléoducs vers le Brésil ont permis au gaz naturel de devenir l'un des premiers produits d'exportation. Les principaux partenaires commerciaux de la Bolivie sont les pays voisins, suivis de l'Europe et des États Unis.
Depuis 1997, la Bolivie est associée à la zone de libre-échange que constitue le Mercosur (Mercado Comun del Sur, « marché commun du Sud »).
HISTOIRE
1. Formation et blocages de l'État bolivien
1.1. Des origines à l'indépendance
Une longue histoire

Avant que le conquistador espagnol Francisco Pizarro n'impose l'autorité de Charles Quint en 1538, le territoire de l'actuelle Bolivie possédait déjà une longue histoire.
Sur le haut plateau des Andes centrales, la civilisation de Tiahuanaco (600 avant J.-C.-1200 après J.-C.) est remplacée par le royaume des Collas (xiiie-xve siècles), conquis ensuite par l'Empire inca (1438).
La « montagne d'argent » : l'une des plus riches possessions de l'Empire colonial espagnol
Soumis à la domination espagnole, le Haut-Pérou, comme on nommait cette région à l'époque, connaît un développement important à partir de 1544 grâce à la découverte d'immenses gisements d'argent. L'exploitation intensive des mines fait rapidement du pays la plus riche colonie minière de l'Empire espagnol et du monde. La ville minière de Potosí (fondée en 1545) en particulier, parmi les autres villes coloniales (Paria, 1535 ; Tupiza, 1536 ; Chuquisaca [aujourd'hui Sucre] 1539 ; La Paz, 1548), connaît un essor extraordinaire. Entre 1575 et 1620, date de son apogée, elle est la plus grande ville du continent, d'où rayonnent de nombreux chemins muletiers. Une vaste zone, s'étendant du Pérou au nord de l'Argentine, travaille pour la « montagne d'argent ».
La lutte pour l'indépendance
Le sort du Haut-Pérou, organisé en audiencia de Charcas depuis 1551 et rattaché à la vice-royauté du Pérou, est similaire à celui des mines de Potosí. Au déclin économique, qui s'installe à partir des années 1630 et qui se prolonge jusqu'à la fin de la période coloniale, s'ajoute la misère de la main-d'œuvre indienne. Soumis aux tâches agricoles serviles, aux travaux forcés dans les mines (la mita) ou dans les ateliers textiles (les obrajes), aux achats imposés d'un certain nombre de produits (le reparto), les Indiens se révoltent, sous la conduite du métis José Gabriel Condorcanqui Noguera. Celui-ci, se proclamant héritier légitime du dernier Inca, se fait appeler Túpac Amaru II, et lance en 1780 une insurrection qui se répand dans l'ensemble du monde andin colonial. Túpac Amaru II, fait prisonnier l'année suivante, est exécuté, mais la révolte continuera, longtemps, à hanter l'imaginaire des couches dominantes.
Au début du xixe siècle, lors des guerres d'indépendance qui embrasent l'Amérique latine, l'audiencia de Charcas, rattachée à la vice-royauté du Río de la Plata depuis 1776, reste loyaliste. Elle repousse plusieurs offensives argentines avant que les armées de Simón Bolívar, commandées par le général Antonio José de Sucre, ne lui imposent l'indépendance, en août 1825.
1.2. La République de Bolivie (1825-fin du xixe siècle)
Simón Bolívar
Proclamée par une poignée de créoles, la république ne change en rien le sort de la majorité de la population mais profitera aux propriétaires d'haciendas. Elle porte le nom de son premier président, Simón Bolívar, qui est aussi le président de la Grande-Colombie, fédération qui regroupe les actuels Venezuela, Colombie, Panamá et Pérou. Le général Sucre, le vice-président, détient en fait la réalité du pouvoir sur le pays.
La confédération Pérou-Bolivie (1836-1839)
Après l'échec de la fédération en 1828, le général Andrés Santa Cruz (1829-1839) crée la fragile confédération Pérou-Bolivie, détruite militairement en 1939 par le Chili.
Instabilité politique
Le pays connaît alors, jusqu'à 1880, une période de coups d'État à répétition. Ils sont dirigés par ceux que l'on appellera les « caudillos barbares » (Manuel Belzú, de 1848 à 1855 ; Mariano Melgarejo, de 1864 à 1871 ; Hilarión Daza, 1876-1880), pour qui le pouvoir est le moyen d'un enrichissement personnel. C'est aussi l'époque d'un certain renouveau économique, caractérisé par des productions spéculatives successives (quinine de 1830 à 1850, guano et nitrate de 1868 à 1878, argent de 1870 à 1890) qui, comme à l'époque coloniale, profitent surtout à l'étranger. La fructueuse exploitation des mines d'étain dans les années 1890 dans la région d'Oruro donne naissance à une nouvelle oligarchie qui s'oppose à celle, traditionnelle, de Sucre, capitale déclinante. Une guerre civile s'ensuit (1898-1899) et les vainqueurs imposent La Paz comme nouveau siège du gouvernement.
1.3. Les guerres et leurs conséquences
De la fin du xixe siècle au milieu du xxe siècle, trois conflits armés entraînent une réduction considérable du territoire de la Bolivie, qui est amputé de 1,2 million de km2, soit la moitié de sa surperficie.
En premier lieu, la guerre du Pacifique aux côtés du Pérou (1879-1883) prive le pays, au profit du Chili, d'un littoral riche en nitrate et le condamne à un enclavement continental. Puis, les expéditions contre les séparatistes soutenus par le Brésil (1903-1904) lui ôtent, en faveur de celui-ci, la région amazonienne d'Acre, riche en gommes et en bois précieux. Enfin, après la guerre contre le Paraguay (→ guerre du Chaco, 1932-1935), la Bolivie perd la plus grande partie de la région du Chaco, réputée pétrolifère.
Cette guerre du Chaco change profondément le destin politique du pays. La Bolivie était, depuis le début du siècle, gouvernée par une élite urbaine restreinte, groupée, à partir des années 1920, au sein du parti républicain (conservateur), qui dominait la paysannerie indienne asservie des campagnes et une population urbaine d'artisans métis. Le pays avait bénéficié d'une certaine prospérité économique, due à l'exploitation pétrolière, à laquelle la crise de 1929 met fin brusquement.
Après la défaite du Chaco, qui prend l'aspect d'une catastrophe nationale, de jeunes officiers, héros de cette guerre (José David Toro, Germán Busch et, plus tard, Gualberto Villarroel) occupent à intervalles le pouvoir. Ils mènent l'offensive contre la vieille oligarchie, liée aux investissements nord-américains : nationalisation des concessions de la Standard Oil en 1937, création des syndicats de mineurs, congrès indigène de 1945. De nouveaux partis naissent : le parti de la Gauche révolutionnaire (marxiste), le parti ouvrier révolutionnaire (trotskiste), la Phalange socialiste bolivienne (inspirée de la Phalange espagnole) et, surtout, le Mouvement nationaliste révolutionnaire (MNR).
2. La Bolivie contemporaine
2.1. Révolution et dictatures (1952-1982)
Les réformes du MNR
La stabilisation des prix de l'étain aux États-Unis en 1951, après la flambée due à la guerre de Corée, entraîne une grave crise économique. En 1952, une révolution amène au pouvoir le MNR, qui compte sur l'appui des classes moyennes, des paysans et des mineurs. Les gouvernements révolutionnaires de Victor Paz Estenssoro (1952-1956 et 1960-1964) et de Hernán Siles Zuazo (1956-1960) réalisent d'importantes réformes : nationalisation de trois grandes compagnies minières, réforme agraire, droit de vote aux Amérindiens, création d'une centrale ouvrière (COB) et de milices paysannes et ouvrières.
Dictatures militaires
Le coup d'État militaire de novembre 1964 met fin à l'expérience populiste et réformiste d'un MNR miné par l'éclatement des diverses forces qui le composent. Il ouvre une phase d'instabilité chronique, durant laquelle les gouvernements militaires se succèdent. La dictature du général René Ortúno Barrientos (1964-1969) doit affronter non seulement les forces de gauche, mais aussi l'aile nationaliste de l'armée. C'est l'époque où la guérilla d'Ernesto « Che » Guevara, essentiellement rurale, s'exporte dans les Andes. En octobre 1967, l'armée bolivienne, soutenue par les États-Unis, abat le Che.
Après les intermèdes des militaires Ovando Candía (1969-1970) et Juan José Torres (1970-1971), un nouveau soulèvement militaire, soutenu par l'Argentine et le Brésil, porte au pouvoir le général Hugo Banzer Suárez. En 1974, par une série de décrets, le régime se durcit : les activités politiques et syndicales sont suspendues, les grèves interdites. Si l'économie jouit d'une certaine stabilité, le niveau de vie est l'un des plus bas de l'Amérique latine ; les paysans sont sous-alimentés, la mortalité infantile ne cesse de croître et la moitié de la population est analphabète. Une situation que la crise économique de la fin des années 1970 ne fait qu'aggraver.
2.2. Liberté politique et libéralisation de l'économie (1982-2006)
Le retour des civils au pouvoir
L'organisation d'élections en 1978 ne permet pas pour autant le retour à la démocratie. Une série de putschs militaires se succèdent, parmi lesquels le coup d'État du général Luis García Meza Tejada en 1980, qui est suivi d'une violente répression contre les organisations populaires. L'instabilité du régime, associée à la crise de la dette extérieure et aux implications des militaires dans le trafic de cocaïne, provoque le retour des civils au pouvoir.
En 1982, Hernán Siles Zuazo, chef de la coalition de gauche Union démocratique et populaire (UDP), est élu à la présidence. Confronté à une économie à la dérive et minée par la corruption et le narcotrafic, il tente de créer un gouvernement d'union populaire incluant des communistes. Mais les trois années de gouvernement UDP se soldent par un échec : l'action gouvernementale est paralysée par les dissensions internes, les pressions de l'opposition de droite, majoritaire au Congrès, et du Fonds monétaire international (FMI), ainsi que par une agitation sociale croissante. La COB (centrale ouvrière) retire progressivement son soutien et, en mars 1985, les mineurs occupent La Paz. Hernán Siles Zuazo, éclaboussé par des implications dans le trafic de drogue, et de plus en plus isolé politiquement, appelle à des élections générales anticipées.
La Nouvelle Politique économique
Celles-ci donnent, en juillet 1985, la victoire au candidat de l'Action démocratique nationaliste (ADN, fondée en 1979), l'ex-dictateur Hugo Banzer Suárez, qui arrive en tête du premier tour avec 28,5 % des voix précédant de peu le vieux leader du MNR, Victor Paz Estenssoro (26,49 %). Cependant, à l'issue du second tour devant le Congrès, c'est ce dernier qui est élu.
Pour sortir le pays d'une situation économique catastrophique – liée à la baisse des cours de l'étain –, le gouvernement Estenssoro conclut une alliance avec l'ADN, et lance une Nouvelle Politique économique, ultralibérale : libéralisation totale des échanges, privatisation ou démantèlement des entreprises publiques (mines, télécommunications, transports, eau, électricité, pétrole et gaz) blocage des salaires et liberté des prix. La restructuration de la Corporation minière bolivienne (Comibol) et le transfert des mines d'étain au privé (25 000 mineurs mis à pied) entraînent un important accroissement du chômage, qui touche 20 % de la population. En 1987, une réforme monétaire institue une nouvelle monnaie, le boliviano.
En août 1989, le Congrès porte au pouvoir Jaime Paz Zamora, candidat social-démocrate du Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR, Movimiento de la Izquierda Revolucionaria, apparu à la fin des années 1970), arrivé en troisième position lors du scrutin de mai, mais qui bénéficie de l'appui de l'ADN de l'ancien président H. B. Suárez. J. P. Zamora poursuit l'orientation néolibérale de la politique économique de son prédécesseur. Celle-ci permet à la Bolivie d'assainir son économie, mais au prix d'un coût social considérable puisque trois millions de Boliviens souffrent de sous-alimentation et 600 000 autres vivent de la culture traditionnelle du coca et du trafic de cocaïne.
En 1993, Gonzalo Sánchez de Lozada (MNR) remporte l'élection présidentielle de juin, devançant une nouvelle fois H. B. Suárez, pourtant soutenu par le MIR. Le Congrès le confirme le 6 août à la tête de l'État. Une première dans l'histoire du pays, la vice-présidence revient à une personnalité d'origine indigène, Victor Hugo Cardenas (Indien aymara). G. Sánchez de Lozada procède à une réforme constitutionnelle (mandat présidentiel de 5 ans, concentration du pouvoir exécutif) et annonce un vaste programme de décentralisation administrative et de privatisations qui se heurte à l'opposition des syndicats, des fonctionnaires, des enseignants et des paysans, dont le niveau de vie ne cesse de se dégrader (grève générale en mars 1996).
L'émergence d'une nouvelle gauche indigène
Lors de l'élection présidentielle de 1997, l'ancien dictateur au pouvoir de 1971 à 1978, H. B. Suárez, est élu. Sous la pression des États-Unis, il applique un programme d'éradication de la culture du coca, responsable de la ruine de centaines de milliers de cocaleros. Une grave crise politique, économique et sociale secoue le pays au cours de l'année 2000 : à la suite de l'augmentation du prix de l'eau à Cochabamba, la mobilisation des paysans pour la défense de la culture traditionnelle du coca, de la terre et de l'eau s'étend à tout le pays. L'état de siège est décrété pendant un mois, le gouvernement démissionne. Gravement malade, le président H. B. Suárez démissionne à son tour en août 2001 et remet le pouvoir au vice-président, Jorge Quiroga Ramírez.
Lors des élections générales du 30 juin 2002, le candidat libéral et ex-président G. Sánchez de Lozada remporte le premier tour de l'élection présidentielle avec 22,5 % des suffrages, devant l'Amérindien aymara Evo Morales Ayma (20,9 % des voix), leader syndical de six fédérations de cocaleros, et dirigeant du Mouvement pour le socialisme (MAS, extrême gauche) – une confédération informelle d'organisations sociales –, fondé en 1999. À l'issue du scrutin législatif, le MAS devient la deuxième formation du Congrès avec 35 députés (sur 130) et 8 sénateurs (sur 27). Le Mouvement indigène Pachakuti (MIP) de Felipe Quispe Huanca, qui représente l'aile radicale de la communauté indienne, obtient 6 sièges.
Cette percée de l'extrême gauche marque un tournant dans la vie politique du pays. Elle illustre l'émergence – face à la vieille gauche du MIR, transformé en parti néolibéral largement corrompu et ayant apporté son soutien à l'ancien dictateur H. B. Suárez –, d'une nouvelle gauche indigène, paysanne et ouvrière, luttant par le biais de multiples associations – la Confédération syndicale unitaire des travailleurs paysans de Bolivie (CSUTCB), le Mouvement sans terre de Bolivie (MST-B), la Fédération des comités de voisinage (Fejuves) – pour que soient reconnues les revendications de la majorité amérindienne n'ayant jamais été impliquée dans la vie politique du pays et vivant au-dessous du seuil de pauvreté.
Confirmé à la tête de l'État, le 6 août, G. Sánchez de Lozada est aussitôt confronté à un mouvement social, lancé en septembre 2003 à l'appel de la COB, pour protester contre l'exportation de gaz naturel vers les États-Unis via le Chili. Violemment réprimé, le mouvement, dont l'épicentre est El Alto (cité-dortoir surplombant La Paz) gagne l'ensemble du pays, prend une ampleur politique, syndicats et opposition exigeant désormais la démission du président. Après un mois d'affrontements meurtriers entre l'armée et les manifestants (80 morts, 500 blessés), G. Sánchez de Lozada démissionne et se réfugie aux États-Unis (17 octobre).
Le vice-président Carlos Mesa est désigné par le Congrès pour lui succéder. Appuyé par le MAS de E. Morales, il organise le 18 juillet 2004 un référendum sur la réorganisation du secteur des hydrocarbures, au cours duquel la population se prononce massivement pour sa récupération. Le projet divise le pays : en septembre, le président dépose un projet de loi sur les hydrocarbures permettant d'augmenter les royalties imposées aux sociétés étrangères. En novembre, les députés adoptent un texte qui prévoit la nationalisation des gisements et dispose la révision des 76 contrats signés depuis la privatisation de 1997 : le texte est condamné par les départements de Santa Cruz, siège des compagnies pétrolières étrangères, et de Tarija, où se trouvent 80 % des hydrocarbures en exploitation, qui réclament leur autonomie.
Invoquant l'agitation sociale grandissante, C. Mesa remet sa démission au Parlement, qui la refuse (mars) avant de proposer la tenue d'élections générales anticipées pour le 28 août. Entre-temps, les députés adoptent un projet de loi, qui établit à 18 % les royalties et à 32 % les impôts, sans compensations ni déductions. Ce projet – plus contraignant que celui du président mais moins radical que celui du leader du MAS, E. Morales, qui exige 50 % de royalties – est voté par le Congrès le 5 mai. En dépit du veto opposé par le président, la loi est promulguée le 17 mai par le Congrès. La COB et la Fejuve d'El Alto, partisans d'une nationalisation pure et simple du pétrole et du gaz, se mobilisent.
Outre le débat sur les ressources du sous-sol, la Bolivie est divisée sur le degré d'autonomie de ses régions. L'initiative prise par les « comités civiques » des départements de Santa Cruz (Est), Tarija (Sud), Beni (Nord-Est) et Pando (Nord) de convoquer un référendum sur l'autonomie régionale le 12 août est perçue avec suspicion par d'autres départements.
Le paysage politique est, lui aussi, sujet à une fragmentation, manifeste lors des élections municipales (décembre 2004), à l'occasion desquelles les Boliviens ont délaissé les partis traditionnels – MNR, MIR –, sortis laminés au profit des candidats indépendants. En juin 2005, après trois semaines d'agitation sociale doublée d'une crise politique, C. Mesa annonce sa démission. Ayant validé cette dernière, le Congrès investit provisoirement à la tête de l'État le président de la Cour suprême, Eduardo Rodríguez Beltzé. Les élections générales de décembre 2005 voient la victoire du candidat du MAS, E. Morales, avec 53,7 % des voix, devant le candidat de la droite, l'ancien président J. Quiroga Ramírez (28,5 %). Disposant d'une majorité de députés à l'Assemblée nationale (72 sur 130), le MAS est, en revanche minoritaire au Sénat avec 12 sièges, derrière la droite (Podemos, 13 sièges). Le sociologue Álvaro García Linera (MAS) prend la fonction de vice-président.
2.3. La présidence d'Evo Morales (2006-)

Tandis que la Bolivie rejoint le Venezuela et Cuba au sein de l'Alternative bolivarienne pour les Amériques (avril 2006), Evo Morales fait adopter son programme de nationalisation du secteur des hydrocarbures (mai) et de réforme agraire (novembre). Bien que ménageant les intérêts des compagnies pétrolières et s'attaquant en priorité aux grandes propriétés improductives « ne remplissant pas de fonction économique et sociale », ces mesures suscitent l'hostilité des oligarchies et la mobilisation des opposants. Le projet de nouvelle Constitution, qui officialise ces dispositions et ouvre surtout la voie à une transformation du système politique au profit des communautés amérindiennes, adopté en décembre 2007 sans la participation de l'opposition qui la juge trop étatiste et indigéniste, achève d'exacerber les tensions.
L'épreuve de force avec l'opposition
Un violent conflit s'ouvre dès lors entre le pouvoir central et cinq départements : en mai 2008, le département de Santa Cruz (le plus riche du pays) se prononce massivement par référendum en faveur de son autonomie et les autorités du Beni, de Pando et de Tarija (les trois autres départements de la « demi-lune »), suivent l'exemple en juin. Le 10 août, afin de clarifier la situation politique, les mandats du président, du vice-président et de 8 « préfets de département » (gouverneurs élus) sont remis en jeu lors d'un référendum révocatoire : E. Morales et A. García Linera sont confirmés dans leurs fonctions par plus de 67 % des électeurs (au niveau national), mais les gouverneurs des départements autonomistes obtiennent également de très bons scores et refusent de céder.
Le dialogue entre les deux camps s'avère impossible et une grève générale (ayant pour revendication officielle la restitution aux départements des recettes issues de l'impôt sur les hydrocarbures que le gouvernement entend affecter à l'aide aux personnes âgées) paralyse la moitié du pays ; des affrontements entre opposants et partisans du président font plusieurs morts dans le département de Pando, dont le gouverneur est arrêté et où l'état de siège est proclamé en septembre.
Grâce à la médiation de l'Union des nations sud-américaines (UNASUR, une instance économique et politique régionale, créée en mai 2008 et visant, à court terme, à éviter de saisir l'Organisation des États américains [OEA], dont font partie les États-Unis) qui manifeste son soutien à E. Morales (lequel a fait expulsé l'ambassadeur américain, accusé de soutenir l'opposition), le gouvernement et les préfets autonomistes du Beni, de Tarija, Santa Cruz et Chuquisaca entament finalement des négociations le 18 septembre. Après une légère révision du projet constitutionnel – le président acceptant notamment de ne se représenter que pour un seul mandat – la nouvelle Constitution est finalement approuvée le 25 janvier 2009 avec 61,43 % de « oui » au niveau national ; elle est, en revanche, largement rejetée dans les provinces rebelles de Tarija, du Beni, de Pando et de Santa Cruz (entre 56 % et 67 % de « non » selon le département).
Dans l'attente d'élections générales prévues en décembre, la tension demeure très vive dans le pays, alors que E. Morales promulgue le texte le 7 février, s'engageant à l'appliquer par décret si le Congrès s'y refuse.
La réélection de Morales et la mise en place du nouvel État plurinational
Le 6 décembre 2009, Evo Morales est très largement réélu dès le premier tour de l'élection présidentielle avec plus de 62 % des suffrages devant Manfred Reyes Villa, candidat de la coalition de droite Plan Progreso para Bolivia-Convergencia Nacional (PPB-CN), qui n'obtient que 27 % des voix. Avec plus de 64 % suffrages, le MAS s'assure la majorité des deux tiers dans les deux chambres de la nouvelle « Assemblée législative plurinationale », progressant même fortement dans les quatre départements rebelles de la partie orientale du pays.
Par ailleurs, plusieurs référendums sont organisés : les départements de La Paz, Chuquisaca, Cochabamba, Oruro et Potosí votent massivement en faveur de leur autonomie, la province du Gran Chaco, dans le département de Tarija, se prononce pour sa régionalisation et onze municipalités sur les douze consultées décident leur transformation en « territoires indigènes originaires paysans ». Le 22 janvier 2010, après avoir été intronisé la veille « chef spirituel » du pays au cours d'une cérémonie traditionnelle et prononcé pour la première fois un discours en quechua et en aymara, Evo Morales est officiellement investi par l'Assemblée. La création du nouvel « État plurinational » est ainsi proclamée, tandis qu'un gouvernement paritaire est constitué.
Sont alors adoptées les grandes mesures fondatrices du nouvel État dont la loi sur les autonomies en mai, après des élections municipales, départementales et régionales (avril) qui confortent la majorité présidentielle avec 6 gouverneurs sur 9 et plus de 220 mairies sur 337.
Un président sur la défensive
Cependant, l’opposition reste puissante dans ses bastions orientaux, et le MAS essuie également quelques revers électoraux dans certains de ses fiefs de l’Altiplano. Il est en particulier contesté au centre gauche par le « Mouvement sans peur » (MSM, créé comme organisation citoyenne en 1999), avec lequel il a rompu et qui remporte la mairie de La Paz. Parallèlement, la loi anti-corruption entre en vigueur (mars 2010), tandis qu’est poursuivie la politique de nationalisation dans le secteur de l’électricité (mai).
Autre source de préoccupation pour le pouvoir, ses relations avec la Centrale ouvrière bolivienne (COB), l’un de ses principaux alliés. Celles-ci montrent certains signes de refroidissement à l’occasion de la fête du 1er mai, habituellement l’occasion pour Evo Morales de célébrer l’union entre l’État et les travailleurs du pays qui, cette année, se mobilisent dans l’industrie, la police et la santé pour réclamer des hausses de salaires. Les mécontentements culminent en août dans le département de Potosí avec une grève générale des mineurs : ce mouvement, parti d’une revendication d’ordre territorial, s’étend pour réclamer des mesures de développement en faveur de cette région, où plus de 60 % de la population vit dans l’extrême pauvreté, et parvient à faire céder le gouvernement.
Par ailleurs, incité à montrer davantage de fermeté contre le trafic de stupéfiants, le président doit en même temps tenir compte des pressions des cocaleros dont il reste l’un des dirigeants syndicaux. Comme l’illustrent aussi la vigilance et l’impatience des organisations indigènes fédérées dans la CIDOB à l’origine d’une marche pour la terre déclenchée en juillet, il doit ainsi répondre aux revendications de ceux qui l’ont porté au pouvoir, au-delà des mesures avant tout symboliques comme la loi très sévère contre le racisme promulguée en octobre. Ce qui explique peut-être la décision plus spectaculaire prise en décembre, en concertation étroite avec la COB, de nationaliser les fonds de pension et d’abaisser l’âge de la retraite de 65 à 58 ans pour les hommes, et de 60 à 55 pour les femmes avec trois enfants : une exception bolivienne justifiée par une espérance de vie plus basse, de 68 ans en moyenne contre 73 en Amérique latine.
Les relations entre le président et sa base n’en restent pas moins tendues : après avoir dû abandonner un projet d’augmentation massive du prix de l’essence (fortement subventionné) destiné à réduire le coût supporté par l’État et à lutter contre la contrebande avec les pays voisins (janvier 2011), il doit, en octobre, affronter l’hostilité des communautés indiennes à un projet routier monté avec le Brésil et menaçant une réserve naturelle. Par ailleurs, les premières élections judiciaires au suffrage universel organisées dans le pays se soldent par près de 60 % de votes nuls ou blancs, conformément aux vœux de l’opposition.
Le troisième mandat d’E. Morales
Ces contestations sont insuffisantes pour fragiliser un président capable de concilier une politique « à la Chavez » aux accents « populistes » et un pragmatisme qui le rapprocherait davantage du Brésilien Lula. En octobre 2014, E. Morales est réélu pour un second mandat consécutif (en vertu de la Constitution de 2009), dès le premier tour de scrutin avec 61 % des suffrages. Ce score le place loin devant son principal adversaire, l’entrepreneur Samuel Doria Medina (Unité démocratique, coalition de droite), qui n’obtient que 24,4 % des voix. Résultat remarquable, à l’exception du Beni (où il progresse) le président sortant l’emporte également dans les départements de la « demi-lune », notamment dans le plus riche, celui de Santa Cruz, où il devance l’opposition avec 49 % des voix. En choisissant le compromis et en encourageant le dynamisme économique du pays, E. Morales est ainsi parvenu à partiellement convertir les secteurs qui lui étaient les plus hostiles lors de son accession au pouvoir en 2006.
L’expansion de la demande intérieure et d’importants investissements publics dans les infrastructures sont en grande partie à l’origine de la forte croissance économique – de 5 % à 6 % en 2011-2014 –, l’une des plus soutenues en Amérique latine. Ce développement largement guidé par l’État, et dont témoigne notamment l’entrée en service du premier satellite de télécommunications bolivien Túpac Katari en avril 2014, a concerné l’ensemble des secteurs d’activité, au premier rang desquels les hydrocarbures, les communications, les services financiers, l’industrie manufacturière et les transports. Il s’est accompagné à la fois d’un renforcement de la classe moyenne et de l’amélioration de la situation des plus pauvres grâce à une importante redistribution des revenus. Les très fortes inégalités tendent à se réduire, et le taux de pauvreté a notablement diminué. Mises à part les tensions inflationnistes (maîtrisées dans la fourchette fixée par les autorités), la prudence et les performances de cette politique économique sont ainsi saluées par le FMI. Cette réussite présente toutefois des limites, en particulier sa dépendance encore excessive à l’égard des marchés internationaux des matières premières.
La contestation de ce « modèle extractiviste », qui tend à s’imposer au détriment des enjeux écologiques, reste vive. Mais, grâce aux diverses aides sociales – amélioration de l’accès à l’éducation et à la santé – à la redistribution-titularisation des terres et, plus généralement, à la protection de leur identité et au renforcement de leur intégration, les communautés indigènes ont bénéficié des réformes mises en œuvre. L’émergence d’une nouvelle élite d’origine amérindienne en est d'ailleurs l’illustration, et le téléphérique reliant La Paz, urbaine et développée, et El Alto, sa banlieue, indienne et plus pauvre, symbolise la réduction du fossé entre groupes sociaux.
Si la corruption, la criminalité ou les violences faites aux femmes ternissent l’image de la « révolution démocratique bolivienne », l’opposition de droite qui en dénonce les dérives ne parvient pas à offrir une alternative. Celle de centre gauche, représentée par le MSM, ne réussit pas non plus à percer, pas plus que le parti démocrate-chrétien et le petit parti Vert. Avantagé également par le mode de scrutin, le MAS consolide sa majorité des deux tiers à l’Assemblée législative plurinationale.


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LE CHILI

 

 

 

 

 

 

 

Chili
en espagnol Chile
Nom officiel : République du Chili

État d'Amérique du Sud en bordure de l'océan Pacifique, le Chili est limité au nord par le Pérou, au nord-est par la Bolivie, à l'est par l'Argentine.
Superficie : 757 000 km2
Nombre d'habitants : 17 620 000 (estimation pour 2013)
Nom des habitants : Chiliens
Capitale : Santiago
Langue : espagnol
Monnaie : peso chilien
Chef de l'État : Michelle Bachelet Jeria
Chef du gouvernement : Michelle Bachelet Jeria
Nature de l'État : république à régime présidentiel
Constitution :
Adoption : 11 septembre 1980
Entrée en vigueur : 11 mars 1981
Révisions : 17 septembre 2005
Pour en savoir plus : institutions du Chili


GÉOGRAPHIE
Étiré sur plus de 4 000 km du nord au sud, large seulement de 100 à 200 km en moyenne, le Chili est formé d'une dépression centrale discontinue, entre les Andes proprement dites, à l'est, et une chaîne côtière, à l'ouest. La situation du littoral à la frontière de deux plaques tectoniques génère une activité sismique intense. L'extension en latitude explique la succession des climats et des paysages végétaux : désert de l'Atacama au nord ; climat méditerranéen de la région de Santiago, océanique vers Osorno, froid et humide plus au sud, où la forêt disparaît progressivement.
La population est fortement urbanisée, la moitié se concentrant dans la conurbation formée par Santiago, Valparaíso et Viña del Mar. L'agriculture juxtapose blé, vignoble et élevage (bovin et ovin). La pêche et la pisciculture (saumon) sont actives. Le sous-sol fournit du fer, du lithium et surtout du cuivre (premier rang mondial), base des exportations. L'économie chilienne a connu un réel essor depuis le milieu des années 1980.
1. Le milieu naturel
1.1. Le relief

Large de 100 à 200 km en moyenne, le Chili est une étroite bande de terre étirée sur 4 300 km du nord au sud, le long du Pacifique, entre 17 ° et 56 ° de latitude sud. Il est morcelé en trois éléments longitudinaux, dont les aspects changent du nord au sud.
À l'est, la cordillère des Andes conserve l'allure d'une haute barrière massive (avec des sommets dépassant 6 000 m, dont le Llullaillaco et l'Ojos del Salado), où les dépressions et les bassins d'altitude sont rares. Au nord, elle prolonge la cordillère du Pérou et de la Bolivie, avec ses volcans enneigés, ses lambeaux d'Altiplano et ses lagunes salées (Salar de Atacama).

Au centre, ce n'est qu'un versant abrupt avec des vallées encaissées où les dépôts torrentiels et volcaniques stérilisent beaucoup d'espace. Les altitudes s'abaissent généralement au-dessous de 4 000 m au sud de Santiago (Tronador, Fitz Roy). Des vallées glaciaires viennent aérer la cordillère, tandis qu'au-delà de 47 ° de latitude sud apparaissent des inlandsis interrompus par des chenaux (détroit de Magellan et canal du Beagle, revendiqué par l'Argentine et au centre d'un conflit qui, en 1979, a amené les deux pays au bord de la guerre).
À l'ouest, la cordillère littorale est un horst avec des falaises abruptes dans le Nord (1 500 à 3 000 m) et ailleurs des collines et des plateaux étagés, inférieurs à 1 500 m.

Entre les deux cordillères s'étend une dépression tectonique discontinue et morcelée, occupée au nord par des pampas arides riches en nitrates (pampa del Tamarugal) et des dépressions fermées salées (salares, bolsones). Au centre, les rivières des Andes (Huasco, Elqui, Aconcagua, Maipo, Rapel, Maule, Bío-Bío) ont accumulé des cônes de déjection et des alluvions recouverts de dépôts volcaniques plus ou moins fertiles ou de limons quaternaires. Au sud, les glaciers ont laissé des moraines et creusé des lacs et des chenaux isolant des îles (Chiloé).

Le littoral chilien est situé à la frontière de deux plaques tectoniques, convergeant l'une contre l'autre à une vitesse de 7 cm/an : la plaque Nazca et la plaque Amérique du Sud ; c'est une zone de subduction où la plaque Nazca passe sous la plaque Amérique du Sud et s'enfonce dans le manteau terrestre. Depuis des siècles, l'activité sismique y est intense, avec un séisme en moyenne tous les 10 ans et un tremblement de terre, d'une magnitude supérieure à 8,7, une fois par siècle. Darwin a décrit le séisme de 1835 à Concepción. Précisément dans cette même zone, les observations de l'activité sismotectonique montraient depuis les années 1990 une forte probabilité de rupture prochaine, cause du séisme du 27 février 2010.
1.2. Le climat et la végétation

On trouve sur 4 300 km de long la succession des climats caractéristiques des façades occidentales de continent, mais l'ouverture aux masses d'air maritimes, l'écran apporté par les Andes aux influences continentales font qu'on passe insensiblement d'un climat à l'autre sans écarts thermiques ou pluviométriques brutaux. Au nord, c'est le désert (moins de 10 mm de pluies en moyenne par an et une température moyenne annuelle de 17 °C), à l'abri des brouillards côtiers provoqués par le courant froid de Humboldt et des précipitations neigeuses de la cordillère : pas de végétation, pas de rivières (à part le Loa), mais des cuvettes endoréiques. L'aridité a favorisé la conservation du guano et la formation de croûtes contenant les nitrates.

Le Chili central, de Coquimbo à Concepción, a un climat méditerranéen avec des pluies d'hiver (Santiago, 360 mm par an, 14 °C de moyenne annuelle ; Concepción, 1 500 mm). La végétation caractéristique est le matorral (formation buissonnante voisine du maquis) et l'espinal (brousse à acacia et cactus). L'irrigation, à partir des rivières andines, permet les cultures de céréales, de la vigne, des arbres fruitiers, et la formation de prairies artificielles. Le Bío-Bío représente une frontière climatique et botanique au-delà de laquelle commencent le climat océanique et la forêt. Les précipitations sont très abondantes (2 500 mm à Valdivia et jusqu'à 8 m dans le Sud), le climat est frais (6,6 °C à Punta Arenas) et les vents, violents. La forêt est dense, toujours verte, avec une flore relicte du quaternaire (pins araucarias, nothofagus). Au Sud, les glaciers descendent jusqu'à la mer.
2. Un peuplement discontinu
Le Chili est l'un des derniers territoires atteints par la grande vague de migration qui, vers 50 000 avant J.-C., quitte l'Asie par le détroit de Béring et se diffuse à l'intérieur du continent américain. L'existence des premières tribus de chasseurs-cueilleurs est en effet attestée vers 10 000 avant J.-C. dans le désert d'Atacama. À la différence de l'Amérique intertropicale, aucune grande civilisation ne se développe dans le Chili précolombien, caractérisé par deux pôles de peuplement, dans les oasis du Nord, d'une part, et autour de l'île méridionale de Chiloé (culture des Mapuches ou Araucans), d'autre part. La seconde grande vague de colonisation se produit donc avec la conquête espagnole : le centre de gravité démographique se déplace alors dans les campagnes du Chili central, qui jouissent d'un climat méditerranéen, où se structure une société agraire organisée autour de l'hacienda. Après l'indépendance, de nombreux immigrés européens vont occuper un espace encore vierge, étendent la zone initiale de peuplement espagnol vers le nord (La Serena) et le sud (Concepción) et établissent quelques fronts pionniers en Patagonie (fondation de Punta Arenas en 1848). Au début du xxe s., le Chili est cependant un territoire encore largement désert, organisé autour de zones à forte densité démographique, dans l'ensemble mal reliées entre elles. Malgré les efforts réalisés par l'État depuis 1930 pour développer les infrastructures de transport, cette situation perdure : « le plus long pays du monde » demeure sous-peuplé, avec une densité moyenne de 20 habitants par km2. L'essentiel de sa population (plus de 17 millions d'habitants en 2013) se concentre sur les 1 000 km de vallées côtières situées entre les 30e et 40e parallèles, la conurbation constituée par Santiago, Valparaíso et Viña del Mar regroupant, à elle seule, 50 % de la population du pays.
3. Urbanisation et démographie

À l'exception notable des Mapuches, le Chili est un mélange réussi de diverses populations, européennes et amérindiennes pour la plupart, aujourd'hui essentiellement urbaines (86 % des Chiliens sont des citadins). Depuis les années 1950, les banlieues des grandes villes, en particulier les secteurs d'habitat populaire (les poblaciones), connaissent une forte croissance, surtout à Santiago (plus de 6 millions d'habitants) et dans la conurbation de Concepción-Talcahuano, deuxième concentration urbaine du pays. Bien que plus salubres et mieux équipés que les bidonvilles d'autres métropoles latino-américaines, les poblaciones sont à l'origine de sérieux problèmes de sécurité, de transports et d'aménagements urbains.
Les indicateurs démographiques du Chili le placent à mi-chemin entre ses voisins sud-américains et les populations de pays plus développés. Son taux d'accroissement naturel, encore relativement important quoique en baisse (1,1 % par an), ne compromet pas son développement économique. D'autre part, avec un indice de fécondité de 1,9 enfant par femme et une espérance de vie de 75 ans pour les hommes et de 81 ans pour les femmes, cette jeune nation (les moins de 15 ans représentent 25 % de la population totale) a un comportement démographique proche de celui de l'Irlande.
4. Une nation métamorphosée par l'ouverture économique
4.1. La révolution libérale
Le coup d'État du général Pinochet, en 1973, marque le début d'une transformation économique et sociale qui a profondément modifié l'espace chilien. En effet, de 1930 à 1973, le pays avait suivi un modèle de développement caractérisé par une forte intervention de l'État, doublée d'un protectionnisme rigoureux, tandis que la priorité était donnée à la croissance du marché intérieur. Grand exportateur de cuivre, le Chili possédait une importante industrie protégée (pétrochimie, sidérurgie, construction mécanique, etc.). La répartition des centres de production répondait alors à des facteurs géologiques (gisements miniers), démographiques (concentration des activités autour des grandes zones de peuplement) ou politiques (aménagement du territoire). Les conseillers de la junte militaire décidèrent de rompre avec ce modèle pour mener une politique ultralibérale d'ouverture du pays sur l'extérieur. La déréglementation de l'économie s'accompagna du démantèlement du secteur public : l'État privatisa ses activités de production (à l'exception du cuivre) et de services publics. Cette « révolution silencieuse » fut à l'origine d'un développement économique sans précédent, dont les populations les plus défavorisées ont fait et font encore les frais, notamment en matière de protection sociale et d'éducation.
4.2. Un dragon en Amérique latine ?
Poursuivant le modèle de croissance libéral, la démocratie chilienne a récolté les fruits des douloureux efforts consentis sous la dictature. De 1982 à 1998, le P.I.B. s'est accru au rythme moyen de 6,8 % par an, le chômage restant limité à environ 5 % et l'inflation maîtrisée, tandis que la balance commerciale et la balance des paiements étaient structurellement excédentaires. Depuis le début des années 2000, cette croissance est en moyenne de 4 % par an. Le Chili accueille, en outre, d'importants investissements étrangers et a constitué un fond souverain, Fonds de stabilisation économique et sociale, qui a permis de financer un plan de relance de l'économie en 2009. Enfin, si la société chilienne demeure encore profondément inégalitaire, la population vivant sous le seuil de pauvreté est en constante diminution depuis 1990, fait unique en Amérique du Sud.
L'économie nationale repose principalement sur l'exploitation et la transformation des matières premières. Environ 70 % des exportations chiliennes concernent la production minière (cuivre essentiellement, argent, fer, or, molybdène), la filière bois-papier et le secteur agroalimentaire (poissons, crustacés, fruits). Dans le sillage de ces grands secteurs se développent des embryons de filières industrielles liées à la transformation des ressources naturelles (conserveries, raffinage du cuivre, production de cellulose, de meubles…). Toutefois, malgré d'excellents résultats économiques globaux, les bases du modèle de croissance chilien sont encore fragiles : les exportations restent à la fois trop concentrées sur un nombre restreint de produits et trop dépendantes de ressources non renouvelables, à faible valeur ajoutée et dont l'exploitation menace l'environnement.
Depuis 1996, le Chili est associé à la zone de libre-échange que constitue le Mercosur (Mercado Común del Sur, « marché commun du Sud ») et, depuis janvier 2010, membre de l'OCDE. Plus de 38 % des exportations du Chili vont vers l'Asie, la Chine étant son premier fournisseur et client, devant l'Union européenne (21 %) et les États-Unis (11 %).
4.3. Une géographie liée à la compétitivité des régions
La principale richesse du Chili reste l'extraction minière et, surtout, le cuivre. Avec 20 % des réserves connues et ses énormes gisements du Norte Grande, ce pays est le premier producteur et exportateur mondial de cuivre. Les sous-produits du cuivre : molybdène, rhenium, selenium et argent sont également de grande valeur. Le Chili occupe également le premier rang pour le lithium (sous forme de carbonate) et pour l'iodine et dispose aussi de réserves de nitrates. S'y ajoutent le plomb, le zinc, l'or, et, en quantités limitées, le charbon, le pétrole et le gaz naturel. Le secteur des mines fournit ainsi environ 22 % du PIB total du pays et plus de 60 % de la valeur de ses exportations. L'industrie chilienne, localisée surtout dans les cinq plus grandes villes du pays en fournit une part légèrement supérieure, 26 %.

L'agriculture (18 % de la population active et 4 % du P.I.B.) se divise en deux secteurs : celui des grandes exploitations monoproductrices et exportatrices (vallées centrales et région des lacs) et celui des petites fermes en déclin pratiquant la polyculture. Les principales ressources agricoles sont les céréales (blé), les cultures fruitières, la viticulture, ainsi que l'élevage bovin et ovin et la viticulture (le Chili est le sixième producteur mondial de vin). La pisciculture (saumon), en difficulté actuellement, jointe à la pêche, très active, place le Chili au 7e rang mondial pour l'ensemble des prises.
Le secteur tertiaire (48 % du P.I.B., 63 % de la population active) est, lui aussi, marqué par le dualisme : les services offerts par Santiago sont ceux d'un pays développé, tandis que les services régionaux accusent un certain retard.
La géographie chilienne oppose les riches zones exportatrices et les villes au reste du territoire, encore peu valorisé. Les exportations devant porter la croissance, la réorganisation de la production – donc de l'espace économique – s'est faite en fonction de la capacité de chaque zone productrice ou de chaque entreprise à s'insérer dans le marché mondial. Chacune des treize régions chiliennes exploite ses avantages naturels et commerce directement avec le reste du monde (les États-Unis ayant maintenant été dépassés par la zone Asie-Pacifique). La configuration côtière du pays, qui permet à chaque zone géographique de se doter d'un grand port et d'exporter (ou d'importer) directement ses produits, renforce ce processus. Ainsi, le Norte Grande (Ire, IIe et IIIe Régions), autrefois en déclin, connaît aujourd'hui un nouvel essor, grâce, essentiellement, aux activités minières et à la pêche. Au sud, les IXe et Xe Régions prospèrent, après avoir fortement développé la filière bois-cellulose, l'élevage, la pêche industrielle, la pisciculture et la conchyliculture. La zone centrale (Régions V et VI) est sans doute la plus diversifiée : elle satisfait aux besoins de la capitale en services touristiques (sports d'hiver, stations balnéaires) et en biens agricoles ou industriels de première nécessité, tout en développant une puissante agriculture d'exportation (fruits). Enfin, Santiago reste la capitale financière et le principal centre de décision économique et politique du pays. En marge de ces pôles de prospérité, les Régions IV (au nord), VII, VIII, XI et XII (au sud), qui n'ont que peu de biens à offrir au marché mondial, restent en retrait.
En 2012, un accord de libre-échange, l'Alliance du Pacifique, est ratifié entre le Chili, le Pérou, la Colombie et le Mexique, le Costa Rica et le Panamá ayant un statut d'observateur.
5. Les sites du Chili classés à l'Unesco
Plusieurs sites du Chili sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco :
– quartier historique de la ville portuaire de Valparaíso ;
– églises de Chiloé ;
– usines de salpêtre de Humberstone et de Santa Laura ;
– ville minière de Sewell ;
– parc national de Rapa Nui, dans l'île de Pâques.


HISTOIRE
1. L'époque coloniale
La conquête du Chili est longue et difficile. Protégé, au nord par le désert d'Atacama, à l'est par les Andes, et occupé par des tribus araucanes (les Mapuches) particulièrement belliqueuses, le Chili résiste à l'avancée espagnole. Il faut vingt-deux ans aux conquérants pour asseoir définitivement leur présence dans les vallées centrales et lancer la colonisation. La campagne de Diego de Almagro (1535-1536) est un échec, celle de Pedro de Valdivia (1540-1553) ne peut briser la résistance mapuche ; ce dernier meurt d'ailleurs lors d'une de ces batailles (Tucapel, 1553). Les Espagnols maîtrisent alors la moitié nord du Chili, ont fondé les principales villes du pays (Santiago en 1541, La Serena en 1544, Concepción en 1550 et Valdivia en 1552), mais sont toujours bloqués au sud. La troisième vague d'opérations militaires, menée par Hurtado de Mendoza en 1557, semble écarter définitivement le danger d'une révolte indigène : la conquête est alors presque achevée. En 1598, pourtant, une nouvelle insurrection chasse les Espagnols du sud du fleuve Bío-Bío qui, jusqu'en 1773 (écrasement définitif de la résistance mapuche), constituera, de fait, la borne méridionale de la nouvelle province chilienne.
Les nouveaux arrivants baptisent le territoire conquis la « Nouvelle Estrémadure ». Rattachée au vice-royaume de Lima (cette ville est le point de passage obligé de tout le commerce colonial chilien), cette province dépend juridiquement et administrativement de l'Espagne, qui y nomme la plupart de ses cadres et dirigeants (gouverneur, maires, conseillers municipaux, officiers…). La Couronne espagnole lève l'impôt, mobilise des hommes, est aussi le principal partenaire commercial de la colonie, à qui elle achète des métaux précieux et qu'elle approvisionne en biens manufacturés et produits exotiques (sucre, tabac, cacao) consommés par l'élite locale. Pour l'essentiel, l'économie chilienne repose sur la petite activité minière, sur l'élevage et la culture de céréales. Le reste de l'agriculture et l'artisanat subviennent aux besoins de la population locale et approvisionnent occasionnellement la vice-royauté du Pérou.
La Nouvelle Estrémadure tient cependant un rôle périphérique pendant l'époque coloniale et reste une charge pour l'Espagne : ses richesses minières sont mal exploitées, sa production d'or et d'argent est sans commune mesure avec celles du Pérou et de la Bolivie, les Mapuches obligent la Couronne à maintenir une forte présence militaire vers le Bío-Bío. Enfin, son monopole commercial est battu en brèche par les pirates européens qui, pendant tout le xviie siècle, récupèrent une part non négligeable des maigres richesses du pays. Au xviiie siècle, lors de la guerre de la succession d'Espagne, les ports chiliens et une partie du commerce seront même contrôlés par des armateurs français. Sous le régime colonial, cette province ne joue donc qu'un rôle marginal dans l'Empire espagnol.
La société chilienne est alors fortement polarisée en trois groupes. Le secteur social dominant est composé de l'élite administrative et militaire du pays ainsi que des créoles espagnols, propriétaires de la plupart des terres et des grandes exploitations agricoles du pays : les haciendas, travaillées par les Indiens et les métis selon un système proche du servage (l'encomienda). Cette oligarchie sert de modèle à des classes moyennes urbaines, formées par de petits propriétaires terriens, des artisans réputés, des petits commerçants et des fonctionnaires de rang subalterne, population espagnole créole parfois métissée. En bas de l'échelle sociale, les Indiens, quelques Noirs et les très nombreux métis constituent une main-d'œuvre quasiment gratuite, ne disposant pratiquement pas de droits civiques. L'Église catholique, chargée de l'évangélisation, mais qui est aussi l'un des plus grands propriétaires terriens du pays, maintient un contrôle non négligeable sur l'ensemble de cette société et joue un rôle fondamental dans l'éducation et la culture coloniale.
2. Naissance d'une nation (1817-1879)
Au début du xixe s., l'idée d'indépendance fait son chemin parmi les élites chiliennes. La bourgeoisie créole connaît les idées révolutionnaires véhiculées par le Siècle des lumières, ne se satisfait pas d'un système colonial, qui fait obstacle à son enrichissement, et a déjà établi des contacts commerciaux avec des négociants anglais. En 1808, l'invasion de l'Espagne par les armées napoléoniennes affaiblit la Couronne ibérique et joue le rôle d'un détonateur. Le 18 septembre 1810, le Chili organise son premier gouvernement national, abolit l'esclavage, décrète la liberté de la presse et décide l'ouverture commerciale du pays. Cette période dure jusqu'en 1814, date à laquelle les armées espagnoles infligent une défaite aux indépendantistes (désastre de Rancagua). La restauration est de courte durée : l'armée des Andes, dirigée par Bernardo O'Higgins et l'Argentin José de San Martín, bat les armées royales à Chacabuco (1817) et à Maipú (1818) : l'indépendance est proclamée, O'Higgins est investi des pleins pouvoirs. Il promulgue la première Constitution chilienne, établit un Sénat et restructure le pouvoir judiciaire.
La jeune République s'engage de 1817 à 1879 dans un processus de consolidation politique et de croissance économique, facilité par une longue période de paix intérieure. L'exploitation d'importantes richesses minières, le développement de l'agriculture donnent naissance à de grandes fortunes et permettent à l'État de lancer de vastes programmes de travaux publics. À partir de 1860 se développent de façon massive les principales inventions de l'ère industrielle, comme le chemin de fer, le télégraphe, les machines-outils et les machines agricoles. Le Chili s'enrichit donc, dirigé par une élite d'anciens créoles, socialement et politiquement conservateurs, mais économiquement libéraux.
Les négociants anglais, qui ont évincé les Espagnols, contrôlent l'essentiel du commerce extérieur chilien. Avec l'ouverture du pays, de nombreux étrangers s'installent au Chili ; Valparaíso devient ainsi une ville cosmopolite et l'un des principaux ports du Pacifique ; Santiago, quant à elle, s'équipe et acquiert les caractéristiques propres d'une grande ville. Si la paysannerie ne voit pas se modifier ses conditions de vie, la classe moyenne s'étoffe et, dans le domaine intellectuel, de grandes figures (tel le juriste Andrés Bello) élaborent une pensée et une culture véritablement nationales, quoique d'inspiration européenne. Sous la présidence de Manuel Montt (1851-1861), le Chili se dote d'un Code civil particulièrement novateur. Le premier demi-siècle de la République est donc une période de stabilité politique et sociale qui fait exception dans l'ensemble des nouvelles républiques américaines.
3. L'âge d'or du nitrate et les crises (1883-1938)
Au temps de la colonie, les frontières chiliennes avaient été définies de façon aléatoire dans des régions qui paraissaient sans intérêt. La découverte puis l'exploitation de riches gisements de nitrates dans le désert d'Atacama (territoire alors bolivien et péruvien) amènent le gouvernement du président Aníbal Pinto (1876-1881), appuyé par les Anglais, qui avaient des intérêts économiques dans cette zone, à déclarer la guerre à ses voisins pour s'emparer de ces bassins miniers. Les armées chiliennes gagnent facilement la guerre du Pacifique (1879-1883), conclue par le traité d'Ancón, qui annexe au Chili les provinces d'Antofagasta (Bolivie) et de Tarapacá (Pérou). En 1881, en outre, un accord conclu avec l'Argentine établit la frontière entre les deux pays à la ligne andine de partage des eaux. À la fin de la guerre, le Chili acquiert donc sa configuration définitive, que ses voisins ne cesseront, toutefois (et aujourd'hui encore), de contester.
L'exploitation intensive des gisements de « salpêtre du Chili » (nitrate de sodium) est à l'origine d'une période de prospérité sans précédent, qui transforme le pays. L'État met à profit l'augmentation de ses ressources fiscales pour développer les infrastructures du pays (énergie et transports), tout en menant une politique éducative de « chilénisation » du pays. Le Chili trouve ainsi une cohérence géographique, politique et culturelle qui lui faisait défaut jusque-là. La prospérité entraîne l'apparition d'une nouvelle bourgeoisie industrielle liée au salpêtre (los salitreros : « les salpêtriers »), tandis que se forme, dans le Nord, une classe ouvrière puissante. Dans les villes, les débuts de l'industrie légère étoffent les classes moyennes. Les nouveaux groupes sociaux, instruits, urbains, soutiennent le projet de José Manuel Balmaceda (1886-1891) : ce président, qui instaure rapidement un régime dictatorial, souhaite en effet utiliser les ressources du pays pour mener son industrialisation rapide, sous le contrôle d'un État autoritaire, mais soucieux de progrès social. Les tensions entre Balmaceda et le Congrès, contrôlé par les grands propriétaires terriens et les salitreros, se soldent finalement par une année de guerre civile (1891), perdue par les partisans du président.
La république parlementaire qui succède à la dictature de Balmaceda est aux mains de l'oligarchie minière et des grands propriétaires terriens, majoritaires au Parlement. Jusqu'en 1925, les présidents de la République, affaiblis, ne pourront faire obstacle au Congrès, qui mène une politique économique libérale, donne la priorité aux secteurs bancaires et à ceux liés à l'exportation des ressources naturelles. L'agriculture, l'éducation et les services sanitaires périclitent, tandis que le gouvernement contrôle et réprime sévèrement toute revendication politique et sociale de la population : en 1907, l'armée exécute 2 000 ouvriers en grève et leurs familles (massacre de Santa María de Iquique).
L'âge d'or du salpêtre s'achève en 1914. À partir de cette date, en effet, le Chili ne trouve plus à vendre ses nitrates, remplacés par des engrais synthétiques récemment mis au point en Europe. La dépression des années 1930 prolonge cette crise, amenant chômage, inflation et misère. Cette récession provoque des remous politiques : une nouvelle Constitution est votée en 1925, qui n'empêche pas une courte période d'anarchie et la dictature du général Carlos Ibáñez del Campo (1927-1931). À l'exception de ce dernier et d'Arturo Alessandri Palma (1920-1925 puis 1932-1938), durant ces années noires se succèdent au Chili des présidents sans envergure, aux projets inexistants, gestionnaires d'un pays en déconfiture.
4. Stabilité politique et industrialisation (1938-1973)
La victoire électorale du Front populaire, dirigé par Pedro Aguirre Cerda (1938-1941), marque un tournant dans la vie économique et politique du pays. Le Chili s'engage dans une série de réformes constitutionnelles à l'origine de trente-cinq années de stabilité démocratique. Parallèlement se met en place un nouveau modèle de développement économique, fondé sur l'industrialisation du pays, le protectionnisme, l'extension du secteur public et la priorité donnée aux classes moyennes. Créé pour organiser la reconstruction des régions dévastées par le tremblement de terre de 1938, l'organisme public CORFO (Corporación de Fomento de la producción) devient par la suite le principal instrument d'intervention d'un État puissant, relativement soucieux de justice sociale et dont l'intervention, à l'exception d'une parenthèse libérale sous la présidence de Jorge Alessandri (1958-1964), est parfaitement consensuelle pendant la période.
Sous l'impulsion de l'État, le Chili s'industrialise, voit se développer ses villes et grossir les rangs d'une classe ouvrière très organisée, alors que prospèrent les classes moyennes, composées surtout des très nombreux salariés du secteur public et des commerçants. Si de nombreuses poches de pauvreté subsistent, les conditions de vie générales de la population s'améliorent constamment pendant cette période. Dans le domaine culturel, de nombreuses institutions voient le jour (orchestre symphonique national, école de théâtre…), tandis que les poètes Gabriela Mistral, Pablo Neruda et Vicente Huidobro acquièrent une renommée internationale. La qualité des services éducatifs et médicaux permet de faire reculer l'analphabétisme, d'augmenter l'espérance de vie et de doter le Chili d'une population instruite, souvent qualifiée, dont les caractéristiques démographiques et sanitaires sont sans commune mesure avec celles des autres pays d'Amérique du Sud.
5. Salvador Allende et « la voie chilienne vers le socialisme »

L'expérience de l'Unité populaire (1970-1973) clôt cette longue période de stabilité politique. Le socialiste Salvador Allende souhaite, en effet, radicaliser le modèle de développement en lui donnant une orientation beaucoup plus sociale. Dès son arrivée au pouvoir, le nouveau président décide donc la nationalisation des mines, de plusieurs banques et l'expropriation des grands domaines. La situation économique connaît une courte période d'euphorie en 1971, en partie grâce à une forte augmentation des bas salaires, mais se détériore rapidement : baisse de la production, inflation, détérioration de la balance commerciale, aggravées par « le blocus invisible » des grandes banques et compagnies nord-américaines. À la fin de 1971, entreprises et consommateurs chiliens connaissent déjà de sérieux problèmes de ravitaillement. Cette situation provoque le départ dans l'opposition de la démocratie chrétienne (centre droit), qui soutenait Allende jusque-là. Le président ne peut plus alors compter que sur le parti socialiste et l'extrême gauche, dont le M.I.R. (Mouvement de la gauche révolutionnaire), qui négocie son soutien en échange d'une radicalisation de l'action gouvernementale. De 1972 à l'hiver 1973, les excès politiques et les erreurs économiques des militants, les grèves à répétition, les opérations de sabotage de la droite chilienne, que finance la CIA, aboutissent à une situation de quasi guerre civile et de désorganisation économique totale. Le 11 septembre 1973, l'armée chilienne, dirigée par le général Augusto Pinochet, renverse le gouvernement. Salvador Allende se suicide dans le palais présidentiel de la Moneda.
6. Dictature et refondation du Chili (1973-1990)

Les démocrates-chrétiens et la droite chilienne, persuadés que les militaires abandonneront le pouvoir une fois « l'ordre rétabli », accueillent assez favorablement le coup d'État. Pinochet et ses conseillers souhaitent cependant profiter de cette situation de crise pour transformer radicalement le pays et l'engager sur une voie libérale. Le coût de cette libéralisation est énorme : les libertés politiques sont supprimées, des milliers de personnes sont torturées et exécutées, un million d'opposants sont exilés. En 1983, après dix années de crise profonde, marquées par l'inflation, le chômage et l'accentuation des inégalités sociales, le Chili s'engage dans une phase de forte croissance qui, en matière économique du moins, paraît justifier les transformations réalisées par les militaires. À partir de 1985, la dictature peut donc recréer des espaces de liberté. L'opposition renaît, tandis que certains secteurs de l'opinion prennent des distances avec le régime. À la fin des années 1980, le modèle libéral maintenu par la force est suffisamment installé pour n'avoir plus besoin de répression. En octobre 1988, Pinochet organise, et perd, le plébiscite destiné à le maintenir au pouvoir jusqu'en 1997, première élection démocratique depuis 1973. La brèche est ouverte : les élections présidentielles et législatives de 1989 sont gagnées par l'opposition.


7. Le retour à la démocratie
Les présidents démocrates-chrétiens Patricio Aylwin Azócar (1990-1994) et Eduardo Frei Ruíz-Tagle (1994-2000) héritent d'un pays meurtri, mais prospère : les entreprises chiliennes sont compétitives, les finances de l'État sont saines, la pauvreté recule. Le système politique reste cependant verrouillé par les militaires. La commission « Vérité et Réconciliation » a certes dénoncé officiellement en 1991 les violations des droits de l'homme commises depuis 1973 mais, à l'exception de deux militaires emprisonnés, les coupables restent impunis. Pinochet demeure chef de l'armée de terre jusqu'en mars 1998. Sénateur à vie en qualité d'ancien chef de l'État, il siège à partir de cette date à la Chambre haute et contrôle une minorité de blocage. En octobre 1998, l'ancien dictateur est arrêté à Londres par la police britannique, sur la requête de deux juges espagnols, marquant le début de l'« affaire Pinochet ». Libéré pour raisons de santé en mars 2000, il rentre au Chili, où il mourra le 10 décembre 2006 sans avoir été jugé.

En janvier 2000, trente ans après l'arrivée au pouvoir de S. Allende, un socialiste, Ricardo Lagos, est élu président de la République, battant de peu l'ultraconservateur Joaquín Lavín (51,3 % contre 48,69 %). Malgré une forte poussée de la droite, la coalition de centre gauche, qui gouverne le pays depuis dix ans, reste donc au pouvoir. L'année suivante, la gauche perd le Sénat, qui passe à droite lors des élections sénatoriales partielles mais conserve la majorité de justesse à la Chambre des députés (décembre 2001). En octobre 2004, après des années de débat, un accord intervient entre la Concertation des partis pour la démocratie ou concertation démocratique (la coalition formée principalement de socialistes et de démocrates-chrétiens au pouvoir) et l'opposition de droite pour modifier la Constitution imposée en 1980 par A. Pinochet : selon la réforme (entrée en vigueur le 17 septembre 2005), le chef de l'État a désormais le pouvoir de limoger les commandants en chef des forces armées, jusqu'alors inamovibles ; les charges des huit sénateurs désignés – dont quatre occupées par des militaires – et celle de sénateur à vie, réservée aux anciens présidents, sont abolies ; la durée du mandat présidentiel est réduite de six à quatre ans non renouvelable consécutivement. En revanche, le scrutin binominal, qui empêche la représentation de partis minoritaires, est maintenu. En novembre 2004, le Chili tourne la page de la dictature lorsque le chef de l'armée reconnaît officiellement la responsabilité des militaires dans les violations des droits de l'homme.

La « Concertation » remporte la majorité au Sénat et à la Chambre des députés à l'issue des élections législatives de décembre 2005, ainsi que, pour la quatrième fois consécutive depuis le retour de la démocratie en 1990, la présidence de la République. Sa candidate, Michelle Bachelet, est élue le 15 janvier 2006 avec 53,5 % des voix, contre 46,5 % pour son rival, Sebastián Piñera, prospère homme d’affaires et l’un des deux candidats de droite resté en lice. Première femme appelée à gouverner le Chili et première femme élue au suffrage universel direct à la présidence d'un État d'Amérique du Sud, M. Bachelet forme un gouvernement strictement paritaire. Rapidement confrontée à une vaste protestation sociale (agitation lycéenne et revendications sectorielles) qui la contraint à procéder à un remaniement ministériel dès juillet, la présidente voit sa cote de popularité chuter dès les premiers mois de son mandat. En mars 2007, alors que l'alliance avec le parti démocrate-chrétien montre des signes d'effritement, la désorganisation du Transantiago, le nouveau système de transport dans la capitale, conduit au deuxième remaniement ministériel depuis l'entrée en fonctions de M. Bachelet. Ce remaniement met fin notamment à la parité. Malgré de bons résultats économiques, la présidente est sanctionnée pour son insuffisante prise en compte des délaissés de la prospérité et ne recueille que 35 % d'opinions favorables. À la suite de l'exclusion de la Démocratie chrétienne, fin décembre, du sénateur Adolfo Zaldívar, chef de file de l'aile droite du parti, la défection de cinq députés au mois de janvier aboutit à faire perdre à la coalition gouvernementale la majorité qu'elle détenait dans les deux chambres. Le gouvernement doit désormais négocier avec une opposition renforcée au Congrès, qui progresse également aux élections municipales d’octobre 2008.
En politique étrangère, le gouvernement Bachelet entend resserrer ses liens avec ses voisins latino-américains alors que le Chili a été traditionnellement tourné davantage vers les États-Unis et la zone Asie-Pacifique (adhésion à la Coopération économique Asie-Pacifique [APEC] en 1994). Tout en conservant sa marge de manœuvre dans le cadre d’un multilatéralisme affirmé, il tente notamment d’aplanir le contentieux historique qui l’oppose à la Bolivie sur l’accès de celle-ci à la mer par un accord sur la construction d’un corridor interocéanique impliquant également le Brésil (décembre 2007). Le différend avec le Pérou, concernant la délimitation de sa zone économique maritime, est en revanche porté devant la Cour internationale de justice (CIJ) en mars 2009. Par ailleurs, les relations avec l’Argentine sont renforcées avec le traité de Maipú d’intégration et de coopération, ratifié en novembre 2009. Enfin, s’associant activement à la politique d’intégration régionale, M. Bachelet assure la première présidence pro tempore de l’Union des nations sud-américaines (UNASUR) fondée en mai 2008 à Brasília, contribuant notamment à la résolution de la grave crise qui secoue la Bolivie en août et septembre.
8. Le retour au pouvoir de la droite (2010-2014)
Malgré un bilan économique très honorable « récompensé » par l’adhésion du Chili à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en janvier 2010 et la popularité de M. Bachelet qui a su redorer son blason au cours des deux années précédentes mais ne peut se représenter, les élections générales de décembre 2009-janvier 2010 se soldent par la victoire de la droite. Candidat de la « Concertation », l’ancien président démocrate-chrétien Eduardo Frei Ruíz-Tagle ne recueille que 29,6 % des suffrages au premier tour du scrutin présidentiel, l’électorat de gauche votant également pour Marco Enríquez-Ominami, jeune dissident du parti socialiste, soutenu par divers groupes minoritaires (dont le parti écologiste, le parti humaniste et le Mouvement gay et lesbien) qui arrive en troisième position avec plus de 20 % des suffrages, ainsi que pour Jorge Arrate (candidat de la gauche non-socialiste et extra-parlementaire, dont le parti communiste, 6,2 % des suffrages). Malgré le ralliement de ces derniers, E. Frei doit s’incliner au second tour face à Sebastián Piñera, candidat unique de l'Alliance pour le changement, coalition regroupant principalement Rénovation nationale (RN, droite « libérale »), dont il est issu, et l’Union démocrate indépendante (UDI, droite « conservatrice » et « pinochetiste », héritière du gremialismo, corporatisme catholique historiquement très lié à la dictature militaire). Cette coalition a toutefois pour ambition de mordre sur l’électorat centriste en incluant également des indépendants, des régionalistes et des transfuges de la « Concertation ». S. Piñera s’impose ainsi avec 51,6 % des voix et entre en fonctions le 11 mars. S’il peut compter sur une courte majorité à la Chambre des députés, sa coalition ne dispose que de 16 représentants sur 38 au Sénat.
L’arrivée au pouvoir de la droite n’entraîne pas de rupture radicale avec l’expérience de centre gauche précédente, la priorité étant la reconstruction du pays après le séisme destructeur du 27 février. Outre les travaux de remise en état des infrastructures et des logements dévastés, le nouveau gouvernement veut faire du Chili un pays développé en 2018 en se fixant une série d’objectifs dans sept domaines prioritaires : développement économique, emploi, sécurité, lutte contre la pauvreté, santé, éducation, « qualité de la démocratie ».
La première phase de la reconstruction contribue à la forte croissance de l’économie du pays en 2010 et 2011 (5 % et plus de 6 %) qui s’accompagne notamment d’une inflation modérée (3 %) et d’un chômage en diminution (de 8 % à 7 %) mais à partir de mai 2011, alors que le président Piñera défend son premier bilan devant le Congrès, une protestation massive se développe dans les milieux étudiants et lycéens contre une éducation à deux vitesses et un système universitaire largement privatisé pendant la dictature, restés sans changements substantiels malgré le rétablissement de la démocratie et les gouvernements de centre gauche. Exigeant, entre autres, une diminution des frais de scolarité, une augmentation du financement de l’université publique, une extension des bourses d’études ainsi qu’une démocratisation des instances universitaires, le mouvement, qui se renforce au fil des semaines, reçoit le soutien de la population, et finit par faire céder en partie le gouvernement au bout de six mois de manifestations donnant parfois lieu à de violents incidents. Tendant à se transformer en un plus large mouvement social, il révèle le malaise croissant de la classe moyenne et de la jeunesse chiliennes qui, après avoir récolté les fruits de l’expansion du pays, se mobilise contre un modèle économique encore très inégalitaire, fragilisant S. Piñera dont la popularité connaît une forte chute.
En dépit de la solidité de la situation économique et financière – avec un taux de croissance de 5,6 % en 2012 accompagné d’un chômage à son plus bas niveau (6,4 %) depuis quinze ans – et l’inflexion sociale de la politique gouvernementale dont le « revenu éthique familial » (mai 2012) est l’emblème, les mécontentements et la désillusion l’emportent, contribuant à l’érosion de la majorité dès les élections municipales d’octobre 2012.
9. Le second mandat de Michele Bachelet (2014-)
De retour dans la compétition politique après avoir dirigé l’agence des Nations unies ONU Femmes, l’ancienne présidente prend la tête de la coalition de centre gauche, Nouvelle majorité, à laquelle se joint notamment et pour la première fois le parti communiste. La réduction des inégalités restant l’enjeu politique et économique central, l’accord de gouvernement est axé sur une réforme de la fiscalité destinée à financer celles de l’éducation et de la santé ainsi que sur la rédaction d’une nouvelle Constitution plus démocratique.
Après les scrutins locaux de l’année précédente, les élections générales de novembre et décembre 2013 sont les premières au niveau national à se tenir depuis l’entrée en vigueur (janvier 2012) de la loi sur l’inscription automatique des électeurs et la suppression du vote obligatoire. Le corps électoral est ainsi augmenté de quelque 5 millions d’inscrits mais cette hausse n’a pas d’effet sur le nombre de votants, qui régresse, et l’abstention, déjà très élevée aux municipales, bondit par rapport aux consultations antérieures à 2012, avec des taux d’environ 51 % et 58 % aux premier et second tours du scrutin présidentiel, révélant un important fossé entre une population appelée à participer et la classe politique.
Toutefois, sans être plébiscitée, M. Bachelet s’impose avec 62 % des suffrages face à Evelyn Matthei, candidate de l’Alliance, formée par l’UDI et Rénovation nationale. Pouvant également s’appuyer sur une majorité au Congrès à la suite de la victoire de sa coalition à la Chambre des députés et au Sénat, elle entre en fonctions le 11 mars 2014. Confrontée à une perte de popularité, dans un contexte marqué par des scandales de corruption et une croissance en perte de vitesse en raison de la chute des prix du cuivre (prévision rabaissée de 3,6 % à 2,5 % pour 2015), M. Bachelet est contrainte de remanier son gouvernement en mai 2015 pour relancer son action : le parti communiste et le parti pour la Démocratie (PPD) sortent renforcés de ce remaniement.

 

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NICARAGUA

 

 

 

 

 

 

 

Nicaragua

 État d'Amérique centrale, le Nicaragua est bordé au nord par le Honduras, à l'est par l'océan Atlantique (mer des Antilles), au sud par le Costa Rica et à l'ouest par l'océan Pacifique.
Superficie : 148 000 km2
Nombre d'habitants : 6 080 000 (estimation pour 2013)
Nom des habitants : Nicaraguayens
Capitale : Managua
Langue : espagnol
Monnaie : córdoba oro
Chef de l'État : Daniel Ortega Saavedra
Chef du gouvernement : Daniel Ortega Saavedra
Nature de l'État : république à régime présidentiel
Constitution :
Adoption : 9 janvier 1987
Révision : juin 1995
Pour en savoir plus : institutions du Nicaragua

 

 

GÉOGRAPHIE
Le Nicaragua est le plus vaste pays de l'Amérique centrale et l'un des moins peuplés. Il est aussi l'un des États les plus pauvres de l'isthme centraméricain. Son troisième trait distinctif réside sans doute dans l'opposition qui s'est instaurée, depuis la conquête espagnole, entre la côte atlantique et le reste du territoire. L'intérieur, montagneux, est ouvert par les dépressions occupées par les lacs Nicaragua (8 262 km2) et Managua. Cette région sépare deux plaines littorales, l'une, étroite mais fertile, sur le Pacifique, l'autre, plus large, surtout forestière, sur la mer des Antilles (côte des Mosquitos). Au centre du pays se dressent plusieurs cordillères (Isabelia, Dariense, Chontalena) ainsi qu'une chaîne de volcans, dont certains sont encore actifs, qui ont divisé le pays en deux blocs géographiques distincts ayant suivi des évolutions historiques, économiques et culturelles très différentes.
Occupant plus de la moitié du territoire national, mais abritant 8 % seulement de la population, la région atlantique est isolée, couverte de forêt dense et très mal équipée en infrastructures de transport. Les quelques rares petites villes, de culture protestante, sont surtout tournées vers le monde anglophone. Son poids économique est enfin négligeable : à l'exception de quelques pôles d'exploitation forestière (bois rares et caoutchouc), la population (indienne ou d'ascendance noire) vit de l'agriculture vivrière, de la chasse et de la pêche. Plus à l'ouest, dans les massifs montagneux peu élevés, s'étend une zone intermédiaire, en majorité métisse et un peu plus peuplée (16 à 21 habitants par km2). Elle est consacrée à l'élevage ainsi qu'à la culture du café et du coton, exploités par une petite et moyenne paysannerie, supplantées peu à peu par de grands propriétaires établis sur des fronts pionniers. Sur le versant occidental de ces massifs et sur toute la côte pacifique se trouve le centre de gravité démographique et économique du Nicaragua : plus de 60 % de sa population, en particulier la minorité blanche, s'y concentre sur 15 % de la superficie. Les terres fertilisées par les laves et un climat tropical à saisons contrastées ont permis le développement d'une agriculture commerciale intensive, exploitant principalement le café et le coton, mais aussi la banane, le riz et la canne à sucre. Au cœur de cette zone, entre les deux grands lacs Managua et Nicaragua, s'étend une région fortement urbanisée et structurée autour de la capitale (Managua : 900 000 habitants), de culture catholique et hispanique. Avec les départements côtiers produisant plus de 70 % de la valeur ajoutée agricole, cet espace géographique regroupe 80 % des rares industries du pays et concentre 85 % de ses revenus.

 

 


HISTOIRE
1. Conquête espagnole et rivalités anglo-américaines (1521-1857)
À l'arrivée des conquérants espagnols (campagnes de Gil González Dávila et de Francisco Hernández de Córdoba entre 1521 et 1523), le Nicaragua est habité par des tribus nomades ou agropastorales, d'origine nahua et chibcha, qui contrôlent une infime partie du territoire. Aucune grande civilisation ne s'étant développée sur le sol nicaraguayen pendant la période précolombienne, la conquête et l'installation des Européens se déroulent donc sans problèmes majeurs.
La nouvelle colonie est intégrée à la capitainerie générale du Guatemala à laquelle, du reste, elle n'a point de métaux précieux ni de denrées agricoles à offrir. La période coloniale nicaraguayenne est donc celle d'une marche de l'empire espagnol qui ne fournit rien à sa métropole, mais n'exige pas non plus en retour le déploiement de forces militaires ou administratives importantes. De fait, l'indépendance du pays, proclamée en 1821, s'effectue sans violence.
Les quarante premières années d'indépendance sont marquées par d'importants remous politiques. Après avoir fait partie d'un éphémère empire mexicain (1822-1823), puis d'une fragile fédération centro-américaine (1824-1838), la jeune nation entre dans une période de quasi guerre civile opposant conservateurs, libéraux et quelques seigneurs de la guerre locaux. La position géographique du Nicaragua, particulièrement favorable au percement d'un canal transocéanique, aiguise désormais l'appétit des grandes puissances contrôlant la zone caraïbe. Les Anglais, sur la côte atlantique, et les Nord-Américains, sur le versant pacifique, attisent les divisions internes du pays, dans l'espoir de pouvoir le contrôler un jour. Après l'installation d'un protectorat anglais, entre 1841 et 1848, les États-Unis financent à leur tour la « phalange américaine » de William Walker, un aventurier souhaitant établir un État esclavagiste au Nicaragua. Conscients du danger, conservateurs et libéraux finissent toutefois par s'allier pour sauvegarder militairement la souveraineté du pays : la « campagne nationale » en finit momentanément avec les visées impérialistes anglo-saxonnes.
2. Présidences conservatrices et interventions nord-américaines (1858-1932)
Entre 1858 et 1893, le « régime des trente ans » est une période de relative stabilité politique. Des présidents conservateurs et pro-américains se succèdent au pouvoir et gèrent le pays conformément aux intérêts de l'oligarchie locale, mais avec paternalisme en matière sociale. En 1893, le libéral José Santos Zelaya prend le pouvoir à la suite d'un coup d'État et conquiert le nord-ouest du Nicaragua, contrôlé par les Anglais depuis plus de un siècle. Malgré ses efforts pour moderniser le pays, le dictateur s'aliène l'opinion par ses méthodes, tandis que son nationalisme teinté d'antiaméricanisme indispose son puissant voisin. Les États-Unis financent donc l'opposition conservatrice, qui revient au pouvoir avec le président Adolfo Díaz en 1909, puis interviennent militairement, en 1912, pour asseoir l'autorité de ce dernier.
Les marines occupent le Nicaragua de 1912 à 1926, puis de 1928 à 1933. En échange de cet appui, les hommes forts du pays (Adolfo Díaz et Emiliano Chamorro) facilitent l'installation et le développement de firmes agroalimentaires nord-américaines dans le pays, autorisent l'établissement d'une base navale dans le golfe de Fonseca et donnent le droit à leurs « protecteurs » de construire un canal transocéanique (traité Bryan-Chamorro de 1914). Cette occupation du territoire par des troupes étrangères, qui ne se traduit pas en retour par une amélioration des conditions de vie des plus pauvres, finit par donner naissance à un mouvement de guérilla nationaliste d'extrême gauche, dirigé par Augusto César Sandino. Entre 1926 et 1932, les sandinistes tiennent tête aux troupes d'occupation et à la garde nationale, devenant ainsi le symbole de la lutte armée contre l'impérialisme. Au départ des marines, Sandino accepte un cessez-le-feu. Il meurt assassiné, en 1934.
3. Dictature des Somoza (1936-1979)
Après l'assassinat de Sandino, Anastasio Somoza devient le nouvel homme fort du pays. En 1936, ce jeune chef de la garde nationale démet l'insignifiant président libéral Juan Bautista Sacasa (élu en 1934) et instaure une dictature familiale pendant presque un demi-siècle. Après son assassinat en 1956, son fils, Luis, contrôle en effet le pays, puis cède le pouvoir au président René Schick (1963-1967), un protégé du clan Somoza. En 1967, c'est enfin au tour d'Anastasio Somoza Debayle (dit Tachito), frère de Luis, de prendre le pouvoir. La dynastie en profite pour édifier peu à peu un véritable empire économique : en 1979, la famille Somoza possède en effet un tiers des terres cultivables du pays, ainsi que l'essentiel de ses industries. Anticommunistes convaincus, ce qui leur vaut les faveurs des États-Unis, les Somoza mènent une politique de libéralisme économique autoritaire favorable à leurs propres intérêts et répriment férocement syndicats et partis de gauche. Cette appropriation familiale du pays mécontente cependant une grande partie des classes moyennes et supérieures, qui manifestent leur hostilité à Anastasio Somoza à partir de 1972. Le directeur du journal La Prensa, Pedro Joaquín Chamorro, devient le porte-parole de cette opposition légale.
Une frange plus radicale de la population choisit en revanche la lutte armée : fondé en 1967, le Front sandiniste de libération nationale (FSLN) ne cesse de conquérir du terrain dans les années 1970. Après l'assassinat de P.J. Chamorro, en janvier 1978, il devient évident que les sandinistes sont seuls à pouvoir renverser Anastasio Somoza. Une grève générale, la prise de soixante députés en otage puis l'offensive militaire générale de juin 1979 contraignent le dictateur à abandonner le pays.
4. Les sandinistes au pouvoir (1979-1990)
« Ni communistes, ni socialistes : sandinistes ! » Après sa victoire, le FSLN ne souhaite ni s'aligner sur le bloc soviétique, ni réaliser la révolution prolétarienne au Nicaragua. De fait, le premier gouvernement sandiniste est un gouvernement d'union nationale, favorable à l'économie mixte (les banques et les assurances sont nationalisées, mais l'industrie et l'essentiel de l'agriculture restent aux mains du privé), offrant toutes les garanties constitutionnelles à l'opposition. Ce consensus ne résiste cependant pas longtemps : inquiets des dérives autoritaires de l'extrême gauche du FSLN, les partis modérés abandonnent le pouvoir dès 1980. En mars 1981, Daniel Ortega dirige désormais seul une junte exclusivement sandiniste. La radicalisation du gouvernement va croissant pendant les années 1980. Les partisans de Somoza (la Contra), armés par les États-Unis, harcèlent les troupes nicaraguayennes depuis le Honduras voisin. L'embargo décrété par le président Ronald Reagan amène, par ailleurs, D. Ortega à demander un soutien à l'URSS. L'état d'urgence est décrété en mars 1982, les élections de 1984 se font sans participation de l'opposition, les libertés fondamentales sont suspendues en 1985. La guérilla menée par la Contra atteint une telle intensité qu'elle désorganise l'économie nicaraguayenne, devenue une économie de guerre (les dépenses militaires absorbent jusqu'à 25 % du PIB). Incapables de mener les réformes sociales qu'ils envisageaient initialement, impuissants à contrôler la Contra, tandis que la production et les échanges sont totalement désorganisés par la guerre et la collectivisation, les sandinistes sont obligés de faire des concessions. L'état d'urgence est supprimé en 1987, un cessez-le-feu est signé en 1988, des élections libres sont organisées en février 1990. Violeta Chamorro, candidate de l'opposition, est alors élue devant Daniel Ortega.
5. Une normalisation démocratique partielle (1990-2006)
5.1. Violeta Chamorro (1990-1996)
Entre 1990 et 1996, l'équipe de Violeta Chamorro est chargée de mener à bien le processus de transition démocratique et de réconciliation nationale. La Contra a déposé les armes et les États-Unis ont levé leur embargo ; les sandinistes acceptent, pour leur part, d'être minoritaires dans le nouveau gouvernement. 90 % des troupes régulières sont démobilisées. La fin de la guerre civile permet à l'économie nicaraguayenne de sortir de l'ornière, mais la tâche de reconstruction du pays est immense : le Nicaragua est désormais l'un des pays les plus pauvres de l'Amérique latine, écrasé par sa dette extérieure et incapable de donner du travail à plus de 40 % de sa population active.
Malgré les manœuvres répétées du FSLN pour récupérer le pouvoir politique, perdu en 1990, et exploiter à son profit les tensions nées de la crise économique, le processus de démocratisation prend un nouveau tournant à partir de la réforme constitutionnelle de 1995. Les sandinistes ne sont alors plus qu'une force d'opposition parmi d'autres, de moins en moins radicale et de plus en plus social-démocrate, et c'est un libéral qui remporte les élections d'octobre 1996.
5.2. Arnoldo Alemán (1996-2002)
Le président Arnoldo Alemán (parti libéral constitutionnel, PLC) avec qui finalement Daniel Ortega, pourtant dans l’opposition, passe un accord de partage des pouvoirs, poursuit la politique de libéralisation économique entreprise par Violeta Chamorro et tente d'attirer au Nicaragua des investisseurs étrangers encore frileux. Son équipe parvient à juguler l'inflation et à mener à bien quelques projets d'équipement du pays, mais est impuissante à mettre un terme à une corruption endémique.
Cette renaissance – toute relative – du Nicaragua est cependant anéantie par le passage du cyclone Mitch, en octobre 1998 : plusieurs milliers de personnes sont portées disparues, 10 % de la population nicaraguayenne est sans abri, le réseau routier est détruit aux deux tiers et 70 % des récoltes sont perdues. On estime que le retour au niveau économique de 1997 nécessitera vingt années d'efforts.
En novembre 2000, lors des élections municipales, le FSLN, qui garde une grande capacité de mobilisation dans le pays, effectue une remontée spectaculaire (40 % des suffrages) laissant présager une possible victoire lors des élections générales de novembre 2001.
5.3. Enrique Bolaños Geyer (2002-2006)
Mais un an plus tard c'est l'échec. L'ancien président de la République D. Ortega, candidat controversé, y compris au sein du camp sandiniste (notamment pour le pacte conclu avec les libéraux), n'est pas parvenu à capitaliser autour de son nom. C'est en effet le candidat du Parti libéral constitutionnel (PLC), l'ancien vice-président Enrique Bolaños Geyer, qui, malgré l'usure du pouvoir, arrive en tête du scrutin présidentiel et remporte l'élection
Celui-ci poursuit la politique de libéralisation de l'économie mise en œuvre par A. Alemán, en lui associant un volet anticorruption, qui vaut à ce dernier d'être poursuivi puis condamné à vingt ans de prison, et au président en titre de perdre le soutien de son propre parti, le PLC. Un nouveau pacte sandinistes-libéraux est alors conclu, cependant que les élections municipales de 2004 consacrent la perte d'influence d'Enrique Bolaños dont les partisans sont laminés.
La crise trouve toutefois une issue l'année suivante, le FSLN passant un accord de gouvernabilité avec le président. Mais ce nouveau pacte signe la mainmise des grands partis parlementaires sur les leviers du pouvoir, et, à l'inverse, souligne l'impuissance de l'exécutif.
5.4. Le retour au pouvoir de Daniel Ortega (2006-)

La stratégie de recentrage de la formation sandiniste attise l’opposition interne à D. Ortega. D'où le départ du très populaire ancien maire de Managua Herty Lewites, qui rejoint le Mouvement pour la rénovation sandiniste, alliance de partis de gauche pour beaucoup issus du FSLN. Terrassé par une crise cardiaque, il ne pourra toutefois pas aller au bout de la campagne présidentielle de novembre 2006, qui voit D. Ortega arriver en tête et, à la faveur d'un changement opportun des règles électorales, l'emporter dès le premier tour (avec à peine 38 % des suffrages, son plus mauvais score en 5 scrutins), face à une droite libérale divisée, mais majoritaire en voix et toujours dominante au Parlement. Secondé par un vice-président dissident du PLC, ancien banquier, et par ailleurs ex-contra, D. Ortega entend unir et réconcilier les Nicaraguayens.
En matière internationale aussi, il doit assortir les contraires, puisque, ami de Fidel Castro et d'Hugo Chávez, il s'associe, avec la Bolivie d'Evo Morales, au front antiaméricain constitué par Cuba et le Venezuela, sans pour autant remettre en cause le traité de libre-échange (ALEAC – Accord de libre-échange de l'Amérique centrale) que son pays et d'autres États de la région ont signé avec les États-Unis en 2004, et qui est entré en vigueur en 2006.
Dès son entrée en fonctions en janvier 2007, le président D. Ortega annonce ainsi l'adhésion de son pays à l'Alternative bolivarienne pour les Amériques (ALBA). Par ailleurs, le Nicaragua se rapproche de l'Iran – avec lequel il établit des relations diplomatiques contre des accords de coopération – et de la Russie qu'il soutient lors de la crise qui oppose celle-ci à la Géorgie (août-octobre 2008), reconnaissant l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie. Si le FMI accorde son appui au programme économique du gouvernement, les relations avec l'UE, autre important bailleur de fonds du pays, se tendent en raison des dérives autoritaires et clientélistes du régime.
Les intimidations dont sont victimes des ONG, comme le Mouvement autonome des femmes, ainsi que l'exclusion de deux partis d'opposition, dont le Mouvement de rénovation sandiniste, entachent ainsi la campagne pour les élections municipales du 9 novembre. Après plusieurs jours d'affrontements entre partisans d'Ortega et opposants qui accusent le gouvernement de fraudes, le Conseil suprême électoral proclame officiellement, le 21 novembre, la victoire du FSLN dans 105 municipalités sur 146 (dont la capitale Managua où les suffrages ont été recomptés) contre 37 au PLC et 4 à l'Alliance libérale. Mais l'opposition entend faire annuler le scrutin tandis que certains observateurs (non accrédités par le pouvoir) l'ONU, l'OEA et l'UE en dénoncent le manque de transparence.
5.4.1. Une réélection contestée
En 2009, par un arrêt très controversé, la Cour suprême, contrôlée lors de ce vote par des magistrats proches du FSLN, autorise le président à briguer un nouveau mandat en novembre 2011. Pouvant mettre en avant les résultats économiques de son gouvernement, parvenu à surmonter la crise financière de 2008 tout en préservant des filets de protection sociale par des programmes tels que « faim zéro » ou le « plan toit », Daniel Ortega est réélu très facilement dès le premier tour. Face à une opposition issue quasi exclusivement du camp libéral mais divisée et dispersée, il l’emporte avec officiellement plus de 62 % des suffrages à l’issue d’une campagne électorale mêlant désormais les références au christianisme et au socialisme.
Son parti vient également largement en tête aux législatives avec plus de 60 % des voix s’assurant une majorité qualifiée à l’Assemblée nationale. Mais son principal rival – le conservateur Fabio Gadea –, candidat du parti libéral indépendant (PLI, 31 % des voix), conforté par les réserves des observateurs de l’Union européenne et de l’Organisation des États américains (OEA) sur la transparence du scrutin, ne reconnaît pas ce résultat et des violences post-électorales éclatent dans le pays. Les élections municipales de novembre 2012, à l'issue desquelles les candidats du FSLN obtiennent dans l’ensemble du pays 75,69 % des suffrages, contre 16,1 % à ceux du PLI et 6,35 % au PLC, les deux principales formations de l’opposition de droite, constituent, en dépit d'un fort taux d'abstention, une nouvelle victoire pour le président. Le lancement officiel en décembre 2014 du chantier d'un canal interocéanique par les autorités nicaraguayennes et l'entreprise chinoise HKND provoquent des manifestations de paysans menacés d'expropriation et d'associations inquiètes du risque de catastrophe écologique


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LA PATAGONIE

 

 


 

 

 

Patagonie

Région du sud du Chili et de l'Argentine, aux latitudes tempérées et subpolaires.
Superficie : 785 000 km2
Ville principale : Bahía Blanca
Parc national du PaineParc national du Paine
La Patagonie, située entre la Terre de Feu et la vallée du río Colorado, est froide, humide et en partie boisée sur la façade accidentée du Chili (en raison de son exposition aux vents d'ouest). Du côté argentin, l'obstacle méridien des Andes y suscite une relative sécheresse (250 mm seulement dans le centre) en s'opposant à l'entrée des masses d'air humide du Pacifique. La végétation y est steppique ou arbustive. En hiver, les plateaux patagoniens de l'Argentine sont balayés par un vent particulièrement froid venu de l'Antarctique, le pampero. En dehors des vallées d'orientation est-ouest, qui, relativement protégées, sont des lieux de vie privilégiés (vergers irrigués du río Negro), l'élevage très extensif des moutons à laine en de grandes estancias demeure l'activité rurale principale de la région, qui abrite 40 % du troupeau ovin argentin. Les ressources naturelles de la Patagonie argentine sont immenses : énergie hydroélectrique, 80 % du pétrole et du gaz naturel du pays (gisements pétrolifères des provinces du Chubut et de Santa Cruz), charbon de río Turbo, fer de la sierra Grande, une des plus grandes réserves d'eau douce du monde. Le port de Comodoro Rivadavia sert de terminal pétrolier, tandis que l'ensemble de la région reste dominé par la ville de Bahía Blanca, qui établit le contact entre la Patagonie, la Pampa et l'outre-mer.

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