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LE CONGO

 

LE  CONGO


État d'Afrique centrale ouvert au sud-ouest sur l'océan Atlantique, le Congo est limité au sud par l'Angola, à l'est par la République démocratique du Congo, au nord par la République centrafricaine, au nord-ouest par le Cameroun et à l'ouest par le Gabon.
Superficie : 342 000 km2
Nombre d'habitants : 4 448 000 (estimation pour 2013)
Nom des habitants : Congolais
Capitale : Brazzaville
Langue : français
Monnaie : franc CFA
Chef de l'État : Denis Sassou-Nguesso
Chef du gouvernement :
Constitution :
Adoption : 25 octobre 2015
Entrée en vigueur : 6 novembre 2015
Pour en savoir plus : institutions du Congo


GÉOGRAPHIE
Chevauchant l'équateur, le pays est en grande partie recouvert par la forêt dense, localement exploitée. Le manioc est la base de l'alimentation. Le pétrole est la principale source d'exportations. Les deux seules grandes ville sont la capitale, Brazzaville, et le port de Pointe-Noire.
1. Le milieu naturel


1.1. Le relief
D'une superficie de 342 000 km2, l'État s'étire du sud-ouest au nord-est sur 1 200 km, à partir d'une façade maritime étroite. Au nord, une partie de la cuvette alluviale du Congo, plate et souvent marécageuse, draine un large éventail de rivières ; sur le pourtour se succèdent des plateaux et des collines gréseuses qui culminent vers 860 m dans le pays Téké, tandis que le socle ancien apparaît dans le bassin de l'Ivindo. Dans le sud, au-delà des collines du Pool, s'ouvre le bassin Niari-Nyanga encadré par le plateau des Cataractes, À l'ouest de Brazzaville, le massif granito-gneissique du Chaillu est cerné par des auréoles de couches sédimentaires dessinant une ample dépression (synclinal Niari-Nyanga). Ces couches forment des plis serrés contre la chaîne du Mayombe, dont les crêtes appalachiennes successives dominent la zone des bas plateaux et des plaines littorales. La côte, tantôt basse et tantôt rocheuse, est en voie de régularisation.


1.2. Le climat
Le Congo reçoit plus de 1 200 mm de pluie par an, sauf dans la vallée du Niari ; mais les précipitations dépassent rarement 1 700 mm. Leur rythme est marqué par l'existence d'une saison sèche, longue de quatre mois dans le Sud (juin-septembre), qui dure encore un mois sous l'équateur et pendant laquelle la température s'abaisse nettement. La « petite saison sèche » de décembre-janvier n'est qu'un ralentissement des pluies. La chaleur moyenne est comprise entre 24 et 26 °C, et les maximums ne sont jamais très élevés. Le fleuve Congo et l'Oubangui servent de frontière avec la République démocratique du Congo ; le Niari Kouilou a un bassin purement congolais. Les régimes hydrologiques sont très variables. Celui du Kouilou (appelé Niari, en amont de Makabana), dont le module est de 960 m3/s, reflète les variations pluviométriques en présentant un étiage marqué et deux périodes de hautes eaux. Celui de l'Oubangui est nettement tropical : une seule crue, très accentuée. Le régime du Congo est rendu très complexe par l'étendue de son bassin : ses variations à Brazzaville sont souvent le reflet de phénomènes qui se sont produits très loin de là.


1.3. La végétation
La forêt, humide, dense, à la végétation étagée, couvre 19 000 000 d'ha répartis entre trois grands blocs : la chaîne du Mayombe, le massif du Chaillu et le nord du pays. Mais, dans la cuvette congolaise, le sol marécageux la rend difficilement exploitable. Les savanes occupent le reste du territoire, déroulant leur tapis de hautes herbes piqueté de millions d'arbres, d'arbustes ou de buissons ; elles sont parcourues chaque année par de vastes incendies. Zones inondées et lacs sont encombrés par des prairies flottantes ou des papyraies. La mangrove est installée dans quelques estuaires.


2. La population et l'économie
Le Congo est un pays peu peuplé, avec une densité moyenne à peine supérieure à 10 habitants par km2. Longtemps, la fécondité y fut inférieure à la moyenne de l'Afrique subsaharienne, ce qui tenait à une stérilité féminine assez importante. Cette spécificité a disparu et le taux de croissance démographique a rejoint la norme africaine, avec, corrélativement, un rajeunissement de la population : avec un âge médian de 16 ans, la population du Congo est aujourd'hui une des plus jeunes du monde, derrière celles du Niger et de l'Ouganda.
La population est très inégalement répartie. Le Sud, où se situent les deux principales villes du pays, regroupe près des trois quarts des habitants. Le taux d'urbanisation est l'un des plus élevés d'Afrique.
Le Congo a hérité de la période coloniale une économie déséquilibrée, la prépondérance des activités de services datant de l'époque où Brazzaville était la capitale de l'A.-É.F. (Afrique-Équatoriale française). La mise en valeur de gisements pétroliers, permettant une extraction annuelle de l'ordre de 12 à 14 millions de tonnes (soit, par habitant, quatre à cinq fois la production du Nigeria), n'a fait qu'accentuer cette tendance, et le Congo est, dès lors, entré dans un système d'économie de rente : le pétrole représente les deux tiers du produit intérieur brut et 80 % du total des exportations. L'agriculture, qui n'a jamais été très dynamique, ne parvient toujours pas à satisfaire les besoins alimentaires de base des villes et le pays doit recourir massivement aux importations. L'exploitation du bois est en régression, la production de potasse interrompue et celle de sucre en constante diminution. Seule la fabrication de boissons et de cigarettes parvient à maintenir une activité relativement soutenue. Quant aux infrastructures, elles n'ont été ni développées, ni même entretenues : l'exploitation du chemin de fer est devenue si incertaine que le Gabon a décidé, en 1991, d'utiliser son propre réseau pour acheminer son minerai de manganèse. La route qui relie Brazzaville à Pointe-Noire, la capitale économique située au bord de l'Atlantique, est toujours en construction.
Bien que quatrième pays producteur d'hydrocarbures en Afrique subsaharienne, le Congo ne bénéficie guère de ses retombées, du fait du montant très élevé de sa dette extérieure (environ 150 % du produit intérieur brut en 2005), qui absorbe à elle seule 60 % des recettes budgétaires. Les importations restent supérieures aux exportations. La part des produits manufacturés dans les exportations est passée de 15 % dans les années 1990 à seulement 2 % aujourd'hui. Aussi le pays recherche-t-il l'aide du Fonds monétaire international dans le cadre de l'initiative de réduction de la dette en faveur des pays pauvres très endettés, tout en essayant de diversifier son économie (exploitation du fer et du magnésium).


HISTOIRE
1. La période précoloniale
1.1. Le royaume téké

Les royaumes de la savane au nord du Congo sont mal connus. Le royaume téké (tyo ou anzique), désigné souvent d'après le nom de son roi, le Makoko, remonterait au xve siècle.
Au siècle suivant, les Portugais l'estimaient plus puissant que le royaume du Kongo. Il s'adjuge rapidement le monopole de la traite en amont du Pool, ce qui engendre une communauté de culture avec les peuples voisins, Boubanguis, Kongos, etc. Un important commerce d'esclaves se pratique sur la côte du Loango, du cap Lopez à l'embouchure du fleuve, et est relayé au xixe siècle par le commerce de l'ivoire. Le roi, guide religieux et maître de la pluie, est reconnu par tous les villages, ainsi que par l'ensemble des chefs, notamment les chefs de terre, mais il n'intervient pas dans leur existence, si bien qu'on a pu considérer la société téké comme de structure segmentaire.
1.2. Le royaume de Loango

Le royaume de Loango, dont la structure est proche de celle du Kongo, est une monarchie de droit divin fortement hiérarchisée. Le reste du pays, occupé par la grande forêt, abrite des Pygmées (Bingas) et subit peu le contrecoup des bouleversements des populations des savanes centrafricaines.
2. La période coloniale
2.1. Pierre Savorgnan de Brazza

Le Congo entre dans la mouvance française par l'intermédiaire de Savorgnan de Brazza, qui l'explore à partir de 1875. La signature du traité Makoko (1880) et sa ratification par le Parlement français en 1882 débouchent sur la création de la colonie en 1886. L'organisation administrative de celle-ci connaît des vicissitudes, sous le nom généralement de Moyen-Congo, avec Brazzaville comme capitale, tantôt groupée avec le Gabon, tantôt avec l'Oubangui-Chari et autres dépendances.
En 1903, le territoire obtient son autonomie administrative et financière. En 1910 est créé le gouvernement général de l'Afrique-Équatoriale française (A-ÉF), dont le siège est à Brazzaville.


2.2. Les vicissitudes de la colonisation
De nombreux abus marquent les débuts de la colonie, notamment en 1904, entraînant le retour de Brazza en 1905 à la tête d'une commission d'enquête. Le pays n'en reste pas moins livré aux grandes compagnies concessionnaires, faute d'investissements publics et privés, et il est particulièrement sous-administré. Un grave soulèvement éclate en 1913 dans la haute Likouala.
La construction du chemin de fer Congo-Océan (1921-1934) est également une lourde épreuve pour les populations, que l'Administration tente de regrouper le long des voies de communication, malgré l'opposition des Kotas notamment. Un mouvement syncrétiste, le matswanisme, du nom de son fondateur, André Matswa (1899-1942), provoque des troubles de 1926 à 1942. Matswa, emprisonné sur l'ordre de Félix Éboué, meurt en 1942.


2.3. Le Congo territoire d'outre-mer
En 1940, le Congo, entraîné par le gouverneur général Éboué, rallie, avec l'ensemble de l'A-ÉF, le camp des Alliés dès l'appel du général de Gaulle. Le développement de Brazzaville s'en trouve accéléré, mais le pays souffre encore davantage en raison de l'effort de guerre qui lui est demandé. Après la conférence de Brazzaville (30 janvier-8 février 1944) et la création de l'Union française (1946), le Congo devient territoire d'outre-mer.


2.4. La République autonome du Congo
En 1945, le premier député congolais, Jean Félix Tchicaya, est élu à l'Assemblée constituante ; leader du pays vili, chef du parti progressiste congolais (PPC), il se rallie au Rassemblement démocratique africain (RDA). Face à lui et au leader socialiste Jacques Opangault (1907-1978), l'abbé Fulbert Youlou, battu aux élections législatives de 1956, crée l'Union démocratique de défense des intérêts africains (UDDIA), section locale du RDA et, appuyé par les Kongos, remporte un succès éclatant aux élections municipales de novembre 1956. Le Congo, qui a voté « oui » au référendum de 1958 à l'appel des trois chefs politiques, devient une République autonome.


2.5. Accession l'indépendance
En janvier 1959 ont lieu à Brazzaville de sanglantes émeutes qui opposent l'UDDIA, appuyée par les Balalis, dirigés contre le PPC, soutenu par les Mbochis ; ces émeutes entraînent l'intervention des troupes françaises. F. Youlou, chef du gouvernement depuis novembre 1958, grand vainqueur des élections de juin 1959, est élu à l'unanimité président de la République en novembre 1959. J. Opangault se rallie alors et devient vice-président du Conseil. Le 15 août 1960, la République du Congo accède à l'indépendance complète.


3. Le Congo-Brazzaville
En mars 1961, l'abbé Youlou est réélu à la tête de l'État. Devant son intention de créer un parti unique, en août 1963, les syndicats proclament la grève générale et une émeute éclate ; il doit alors démissionner.
Une nouvelle Constitution, remplaçant celle de 1961, donne des pouvoirs effectifs au Parlement. Massamba-Débat, à qui a été confié le gouvernement provisoire, devient en décembre président de la République avec Pascal Lissouba, militant marxiste, comme Premier ministre. À partir de 1964, devant l'agitation entretenue par les partisans de F. Youlou, le régime s'oriente nettement à gauche avec l'établissement du Mouvement national de la révolution (MNR) comme parti unique et l'élimination des éléments modérés du gouvernement ; le pays conserve cependant de bons rapports avec les investisseurs étrangers, notamment français. Les liens avec l'URSS, la Chine sont resserrés, et d'étroites relations s'établissent à partir de 1965 avec Cuba.
P. Lissouba démissionne en avril 1966 et est remplacé par le chef du MNR, Ambroise Noumazalay, d'où une nouvelle radicalisation du régime. Une tentative de soulèvement d'officiers, entraînés par le commandant Ngouabi, échoue en juin. En janvier 1968, Massamba-Débat démet Noumazalay de ses fonctions. Mais une crise éclate au cours de l'été 1968. Massamba-Débat, otage des militaires, crée un Conseil national de la révolution (CNR), dirigé par le commandant Marien Ngouabi, puis démissionne. M. Ngouabi devient alors chef de l'État le 1er janvier 1969. Les relations, très tendues avec le Congo-Kinshasa du fait de l'aide longtemps apportée par Brazzaville aux rebelles congolais, sont rompues.
4. La République populaire du Congo (1969-1992)
4.1. Marien Ngouabi (1969-1977)
Le 30 décembre 1969, le congrès constitutif du parti congolais du Travail (PCT), parti unique qui remplace le MNR, adopte une nouvelle Constitution. Le Congo devient une République populaire, tous les pouvoirs émanant, à travers le PCT, du « peuple travailleur ». Marien Ngouabi, président du Comité central du parti, est également président de la République. Il n'y a pas d'assemblée élue. La vie politique continue d'être mouvementée : tentatives de coups d'État, limogeages, fuite de responsables à l'étranger, nouvelle Constitution (juin 1973, qui crée une Assemblée nationale populaire), mise en place d'un « état-major révolutionnaire » (décembre 1975) auquel appartient le commandant Denis Sassou-Nguesso, qui va se révéler être l'homme fort du pays.


4.2. La dictature marxiste de Sassou-Nguesso (1977-1985)
Après l'assassinat de M. Ngouabi, le 18 mars 1977, puis celui du cardinal-archevêque de Brazzaville, l'ancien président Massamba-Débat, accusé d'être à l'origine du meurtre de M. Ngouabi, est jugé sommairement et exécuté le 25 mars. Le général Joachim Yhombi-Opango devient chef de l'État, et D. Sassou-Nguesso, ministre de la Défense, est son second. Au début 1979, ce dernier occupe la présidence après la destitution de J. Yhombi-Opango. Contrairement à ses prédécesseurs, D. Sassou-Nguesso parvient à se maintenir au pouvoir durant de longues années, malgré les difficultés économiques qui s'accumulent et la révolte dans le centre-nord du pays, en 1987.
Si les discours des dirigeants congolais sont vigoureusement révolutionnaires et si des structures de développement publiques comme des fermes d'État sont mises en place, le réalisme l'emporte dans les relations internationales. Le Congo ne quitte pas la zone franc, et l'exploitation pétrolière est confiée à des compagnies européennes (Elf, en particulier). À partir de 1985, D. Sassou-Nguesso admet même le bien-fondé de l'ajustement structurel recommandé par le Fonds monétaire international (FMI).


4.3. Retour au multipartisme
En novembre 1989, le président engage le pays sur la voie du libéralisme économique et assouplit le régime en libérant des prisonniers politiques. Sous la pression des mouvements de revendication qui se multiplient, D. Sassou-Nguesso accepte le multipartisme en décembre 1990, puis autorise les partis d'opposition (février 1991). Une Conférence nationale est organisée par le gouvernement en juin. L'opposition parvient à s'y imposer : la Conférence élit André Milongo, ancien administrateur de la Banque mondiale, au poste de Premier ministre, dont les pouvoirs sont étendus. Après une tentative de renversement du gouvernement de transition en janvier 1992, une sixième Constitution est adoptée par référendum (15 mars), suivie d'élections locales, législatives, sénatoriales, puis présidentielle (août 1992). D. Sassou-Nguesso est battu dès le premier tour, et Pascal Lissouba, leader de l'Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS), est élu.
5. La difficile démocratisation
5.1. Pascal Lissouba (1992-1997) : crises politiques et militaires
Le nouveau président ne sait – ou ne peut – faire face à une situation très dégradée. En moins d'un an, trois Premiers ministres se succèdent, et les élections législatives de mai-juin 1993, rendues nécessaires par la dissolution de l'assemblée cinq mois plus tôt à la suite d'une crise politique grave, sont le point de départ d'une vague de violences à Brazzaville, qui débouchent sur un nouveau « second tour » des législatives. La courte victoire de la « mouvance présidentielle » relance les violences dans l'agglomération de Brazzaville. Commises par des milices partisanes s'opposant à l'armée, celles-ci font plus de 300 morts. Une réconciliation en juillet 1994 est suivie d'un pacte de paix solennel, signé en décembre 1995, qui prévoit le désarmement de toutes les milices. Le pouvoir paraît de plus en plus fragile : sa majorité parlementaire se désagrège et une partie de l'armée se mutine à plusieurs reprises.


5.2. Le Congo déchiré par les guerres civiles (1997-1998)
Alors qu'une élection présidentielle est prévue en juillet 1997, des affrontements armés se produisent début juin dans le centre et le nord de Brazzaville entre l'armée et les « cobras » de D. Sassou-Nguesso. De l'autre côté du fleuve, Laurent-Désiré Kabila vient de conquérir Kinshasa. Malgré les tentatives du président gabonais Omar Bongo et les pressions diplomatiques de la France et des États-Unis, les affrontements dégénèrent en combats à l'arme lourde, qui ravagent Brazzaville et s'étendent au nord du pays. Ils ne s'achèvent que le 15 août, avec l'intervention des troupes angolaises, appelées par D. Sassou-Nguesso.
Ce dernier s'intronise président de la République le 25 octobre et promet d'œuvrer dans le sens de l'unité nationale. Il s'efforce de rassurer l'opinion internationale, met en place un Parlement de transition et organise un Forum de réconciliation nationale. Mais la trêve est de courte durée et, fin 1998, les combats reprennent à la suite d'accrochages survenus en octobre dans la région du Pool près de Brazzaville entre, d'une part, l'armée congolaise soutenue par les cobras et l'armée angolaise et, d'autre part, les « ninjas » de Bernard Kolélas, dernier Premier ministre de l'ex-président Lissouba.


5.3. Vers l'apaisement
Après la conclusion de deux cessez-le-feu fin 1999, D. Sassou-Nguesso appelle à un dialogue national en février 2000, sans toutefois mentionner les exils de P. Lissouba et de B. Kolélas. Une grande réunion destinée à jeter les bases d'une réconciliation nationale est organisée, en mars 2001, en l'absence de ces derniers.
Dans un contexte de reprise de l'activité économique à partir de 2002 et en partie pour satisfaire aux exigences des bailleurs de fonds, le Congo semble chercher la paix. Une série de scrutins a lieu en 2002 qui marquent la fin du régime d'exception instauré à partir de 1997. Ils se déroulent sous le contrôle de l'armée angolaise, dans un pays encore secoué localement par la guerre civile et en l'absence des principaux opposants (dont la majorité vit en exil), ce qui en fait contester la sincérité par les observateurs étrangers.
D. Sassou-Nguesso, dont les pouvoirs sont considérablement renforcés par une nouvelle Constitution, adoptée en 2002, est réélu dès le premier tour la même année (près de 90 % des suffrages) en l'absence de ses principaux concurrents : l'ex-président P. Lissouba, condamné à mort par contumace en décembre 2001, ayant été éliminé de la course et le président de l'Assemblée nationale, André Milongo, ayant préféré se désister.
Quelques signes d'apaisement apparaissent : en 2005, P. Lissouba est amnistié ; B. Kolélas, malgré sa condamnation, rentre au pays et prête allégeance à D. Sassou-Nguesso (il décèdera en novembre 2009).
Les combats entre milices armées et forces gouvernementales se poursuivent dans la région du Pool en 2006 en dépit de l'accord de paix du 17 mars 2003 dont l'application s'avère difficile. La pacification de la région connaît une notable avancée en 2007-2008 avec la transformation du principal mouvement rebelle en parti politique et la relance (juin 2008) par la Banque mondiale d'un programme de désarmement et de réinsertion des rebelles.
Une partie de l'opposition boycotte l'élection présidentielle du 12 juillet 2009, remportée par D. Sassou-Nguesso avec 78,61 % des suffrages. Un mois avant le scrutin, le candidat du principal parti de l'opposition, l'Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS, créée par P. Lissouba), Ange Édouard Pongui (ex-Premier ministre de 1984 à 1989), avait vu, ainsi que trois autres concurrents, sa candidature rejetée par la Cour constitutionnelle. Mathias Dzon, considéré comme le principal adversaire du président, n'a obtenu que 2,30 % des voix. Peu après sa réélection, le chef de l'État forme un nouveau gouvernement et supprime le poste de Premier ministre, jugé par l'opposition en contradiction avec la Constitution.
Le 25 octobre 2015, faisant fi de la mobilisation populaire à l’appel de l’Initiative pour la démocratie au Congo (IDC) et du Front républicain pour le respect de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique (Frocad), et après avoir ordonné la répression des manifestants (qui entraîne plusieurs morts), D. Sassou-Nguesso fait adopter par référendum une nouvelle Constitution, levant ainsi les obstacles – dont la limite d’âge – à sa candidature (non déclarée) en 2016. Par ailleurs, deux articles lui permettraient également d’échapper à d’éventuelles poursuites.
Présentée comme une modernisation des institutions et une avancée démocratique avec le rétablissement de la fonction de Premier ministre et de la responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée nationale, accueillie avec prudence et un certain embarras par la communauté internationale dont la France, cette réforme est dénoncée comme un « subterfuge », alors que le résultat du plébiscite – 94 % de « oui » et un taux de participation de plus de 72 % – est validé par la Cour constitutionnelle. Rejeté par l’opposition, le texte est promulgué le 6 novembre. En mars 2016, D. Sassou-Nguesso est ainsi réélu avec 60 % des suffrages.

 

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NAPLES ET LA POLLUTION AU PLOMB

 

Paris, 16 mai 2016
Quand la pollution au plomb raconte l'histoire antique de Naples

 



Près de deux mille ans après l'éruption du Vésuve qui détruisit Pompéi et Herculanum, certains pans de l'histoire de Naples viennent d'être reconstitués. Jusqu'à présent, historiens et archéologues s'interrogeaient sur l'impact de cette éruption volcanique sur l'aqueduc Aqua Augusta, qui alimentait en eau Naples et les cités voisines. De récentes analyses géochimiques ont permis d'établir un lien direct entre le plomb qui composait les canalisations d'eau de l'époque et celui piégé par les sédiments de l'ancien port napolitain. Elles prouvent, sans équivoque, que le réseau hydraulique a effectivement été détruit lors de l'éruption du Vésuve, en 79 après J.-C., et qu'il a fallu une quinzaine d'années pour le remplacer. Ces découvertes font l'objet d'une publication dans la revue PNAS le 16 mai 2016 par le laboratoire Archéorient – environnements et sociétés de l'Orient ancien (CNRS/Université Lumière Lyon 2)1 et le Laboratoire de géologie de Lyon : Terre, planètes et environnement (CNRS/ENS de Lyon/Université Claude Bernard Lyon 1), en collaboration avec des experts internationaux2,3.
C'est à l'occasion de la construction d'une nouvelle ligne de métro que des fouilles archéologiques ont été menées dans le port antique de Naples, aujourd'hui enseveli. Les excavations ont permis d'étudier les couches de sédiments qui se sont déposés dans l'ancien port au cours des siècles, sur six mètres d'épaisseur. Les analyses géochimiques de ces dépôts sédimentaires montrent que l'eau du port a été contaminée durant les six premiers siècles de notre ère par du plomb provenant du système d'adduction d'eau de Naples et des cités voisines. Ce plomb, principal composant des canalisations, se dissolvait au contact de l'eau et se répandait dans les différentes fontaines et points d'apport des cités, pour finalement se déverser dans le port. L'étude de la composition isotopique de cet élément, c'est à dire la proportion des différents isotopes4 du plomb contenu dans les sédiments permet de retracer aujourd'hui des événements vieux de deux mille ans.

Les analyses ont principalement révélé deux compositions isotopiques du plomb bien distinctes, avant et après l'éruption du Vésuve en 79. Elles prouvent que le vaste système d'alimentation en eau de la baie de Naples a été détruit lors de l'éruption volcanique et que les réparations ont été effectuées avec un plomb extrait d'un ou plusieurs districts miniers différents. Ce changement brusque du signal du plomb, intervenu une quinzaine d'années après l'éruption volcanique, suggère que les Romains ont réparé l'aqueduc et les canalisations en un temps relativement court.

Cette étude permet également de reconstituer les différentes phases du développement urbain de Naples : du 1er au 5e siècle après J.-C., le plomb est de plus en plus présent dans les sédiments, laissant envisager une expansion du réseau hydraulique ou une intensification de ce réseau dans des secteurs déjà équipés. Dès le début du 5e siècle, par contre, les sédiments sont moins contaminés, révélant que le réseau d'adduction d'eau subit de nouvelles destructions liées aux invasions barbares (prise de l'aqueduc pour assécher la ville), aux nouvelles éruptions du Vésuve en 472 et 512, aux épidémies ou encore à l'effondrement économique et administratif de Naples.

Cette lecture des pollutions métalliques dans les sédiments portuaires anciens, qui permet de retracer l'histoire d'un territoire, pourra être transposée à d'autres civilisations, d'autres aires géographiques. Et à l'heure des débats sur l'Anthropocène, elle pourrait offrir de nouveaux éléments de réflexion sur la dynamique de l'empreinte de l'homme sur l'environnement.

 

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LE JAPON

 

Japon : histoire



Multimillénaire, l'histoire du Japon est jalonnée de ruptures. Après l'intrusion plus ou moins brutale de tribus continentales au iiie s. avant notre ère, la naissance, neuf siècles plus tard, d'un État unifié sous l'égide d'un dynastie impériale aux origines obscures, constitue la deuxième rupture. Aux alentours de l'an 1000, cet État s'effondre dans les guerres incessantes que se livrent les clans des Minamoto et des Taira ; à l'État centralisé succède la féodalité. L'affaiblissement du pouvoir shogunal plonge l'empire dans deux siècles d'anarchie sanglante (xve s.-xvie s. et marque la quatrième rupture. Les Tokugawa pacifient le pays et forgent un État centralisé et moderne, dans lequel se constituent de puissantes dynasties marchandes ; le pays est fermé au monde ; cette nouvelle rupture ouvre la période d'Edo (1616-1868), souvent considérée comme la « matrice du Japon moderne ». L'avènement de l'empereur Mutsuhito ouvre l'ère Meiji (1868-1912), caractérisée par un processus de modernisation économique et politique qui transforme un archipel replié sur lui-même en un empire agressif et expansionniste : guerre sino-japonaise (1894-1895), guerre russo-japonaise (1904-1905), annexion de la Corée (1910). Contraint par les Occidentaux à limiter son expansion coloniale (traité de Washington, 1921-1922), atteint par la crise de 1929, alors que la pression démographique devient insoutenable, le Japon connnaît une nouvelle rupture avec la montée du militarisme (1930-1945). Au lendemain de sa défaite en 1945, le Japon impérial entame sa mue en une démocratie officiellement pacifiste et transpose sur le plan économique son énergie et son appétit d'expansion.
1. Préhistoire et protohistoire

Les îles du Japon sont peuplées, dès avant le VIIIe millénaire avant notre ère, par des populations provenant probablement du continent nord-asiatique et qui étaient au stade du paléolithique supérieur (ou tout au moins mésolithique). On distingue dans la préhistoire du Japon plusieurs phases, la plus ancienne étant qualifiée de pré-Jomon ou précéramique. Lui succède une culture céramique de type particulier (à impressions de cordes, d'où son nom de Jomon), qui durera jusqu'au iiie s. avant notre ère dans le sud du Japon, mais se continuera parfois jusqu'au xe s. dans le Nord.
1.1. La période Jomon
Cette longue période de « mésolithique attardé », au développement assez lent, est caractérisée par des poteries à fond plat ou pointu, décorées de reliefs sur leurs bords, et par l'utilisation d'un outillage de pierre. Ces objets appartiennent à des populations clairsemées de chasseurs-ramasseurs et de pêcheurs au harpon, demeurant dans des cabanes de bois à demi enterrées, rectangulaires ou rondes. Vers le milieu de la période (Ve-IVe millénaire avant notre ère), les poteries commencent de s'orner de décors fantastiques en relief et de figures anthropomorphes. La pierre polie se substitue progressivement à la pierre taillée, sans toutefois la supplanter complètement. Vers la fin de la période, la poterie se simplifie et apparaissent des mortiers plats en pierre, servant à broyer les graines alimentaires. On peut déjà discerner des éléments de cultes du foyer. Les techniques de chasse et de pêche se perfectionnent et des filets sont utilisés pour attraper le poisson. .
Pour en savoir plus, voir l'article Jomon.
1.2. La période Yayoi
Vers le iiie s. avant J.-C., dans le nord du Kyushu, apparaît un nouveau peuple en provenance du sud de la Chine. Ces Yayoi (du nom d'un quartier de Tokyo où, en 1884, ont été découvertes les premières poteries : yayoishiki) apportent avec eux la technique de la culture du riz. Leur céramique, montée au tour et cuite à une température plus élevée, a des formes inspirées de la poterie des Han et de la Corée. Dans le même temps apparaissent, dans l'extrême nord des îles, des populations venues de Sibérie, apparentées aux Caucasoïdes, les Aïnous, qui se mélangent aux peuples Jomon attardés. Dans le reste des îles, les populations Jomon sont progressivement refoulées dans les montagnes par les néolithiques Yayoi, qui utilisent de nouvelles techniques : métallurgie du fer et du bronze, tissage, tour de potier, etc. Parmi les objets métalliques, on distingue des armes rituelles, des miroirs et des dotaku.


Mot japonais désignant des cloches de bronze sans battant de l'époque Yayoi (IIe siecle av J.C.-IIIe siecle apr. J.-C.), de forme semi-cylindrique et souvent ornées d'un décor en léger relief.

Les paysans Yayoi sont organisés en petites communautés ou chefferies, dont le roi est en même temps le grand prêtre. Ils construisent des maisons d'un type nouveau inspiré de celles, sur pilotis, du sud de la Chine et enterrent leurs morts dans des cistes ou des urnes. De cette époque date probablement la « mongolisation » de la population, une certaine sinisation des mœurs et une organisation religieuse et politique particulière.
Pour en savoir plus, voir l'article Yayoi.
1.3. La période des tumulus

Vers le milieu du iiie s. de notre ère, des groupes de cavaliers-guerriers venus de Corée pénètrent dans le Japon méridional et s'installent en maîtres. Ces familles « aristocratiques » s'imposent facilement aux paysans Yayoi et entrent en lutte contre les populations de « sauvages » réfugiées dans les montagnes et le nord des îles. Ces cavaliers-archers d'origine altaïque, bardés de fer et montés sur de grands chevaux, deviennent les chefs des communautés villageoises et les organisent en « États ». Ils se font inhumer dans des tumulus de très grandes dimensions appelés kofun, sous lesquels sont ménagées des chambres funéraires, dont certaines ont un plan en « entrée de serrure », qui semble particulier au Japon. Autour des tumulus sont rangés des cylindres de terre cuite (haniwa), parfois surmontés de représentations humaines ou animales. Ces guerriers apportent également aux paysans Yayoi de nouvelles croyances (chamanisme sibérien), des mythes et un schéma d'organisation sociale en clans. Ceux-ci, en se groupant, forment des sortes de royaumes qui ne tardent pas à entrer en lutte les uns contre les autres. Il n'y a pas alors de distinction politique entre les îles du Japon et le sud de la Corée : celle-ci ne se fera que plus tard, alors qu'à la suite des luttes internes un groupe de clans arrivera à dominer tous les autres dans les îles.
1.4. Le Kojiki et le Nihon Shoki
Le clan souverain du Yamato (région du sud de Kyoto), une fois sa position solidement établie, va prétendre à l'empire, et son roi (miyatsuko) prendra aussitôt le titre chinois d'empereur (tenno). Assez tardivement (en 712 et 720), les nouveaux empereurs, afin de légitimer leur emprise, font rédiger une « histoire » du Japon, faisant descendre leur lignée de la déesse du Soleil, Amaterasu. Les deux ouvrages ainsi rédigés à la gloire des tenno, le Kojiki et le Nihon Shoki, sont les seules sources (ou à peu près) que nous ayons pour établir une histoire du Japon avant l'arrivée du bouddhisme (venu de Corée vers 538). On y apprend qu'un empereur Jimmu, petit-fils d'Amaterasu, aurait fondé l'empire, que des guerres auraient opposé le Mimana (sud de la Corée) au Yamatai (nord de Kyushu ?), dans lesquelles se seraient illustrés l'« impératrice » Jingu et son fils Ojin. Le sud de Kyushu fut à son tour conquis sur les autochtones. Ces luttes provoquèrent un afflux considérable de Coréens au Japon, qui y apportèrent leurs mythes et croyances, ainsi que de nombreuses techniques nouvelles héritées des Chinois : tissage de la soie, écriture, poterie vernissée, architecture, doctrines confucéenne et taoïque, ainsi que des rudiments de culture chinoise. On date généralement de 538 (introduction officielle du bouddhisme coréen) le début de la période historique du Japon.
Pour en savoir plus, voir les articles bouddhisme, Confucius, confucianisme.
2. La période d'Asuka (milieu du vie s.-début du viiie s.)
538-587 : la royauté étant établie en Yamato, des ambassades commencent de s'échanger avec les cours coréenne et chinoise. Des Japonais vont étudier en Chine et des moines bouddhistes coréens s'installent à la cour, ce qui provoque une guerre civile entre les clans Soga (partisans de l'adoption du bouddhisme et de la civilisation chinoise) et Mononobe (partisans des cultes indigènes, appelés shinto, et de l'isolement politique du Yamato). Les Soga finissent par l'emporter ; ils font élever un temple de type coréen à Asuka, alors résidence temporaire de la cour.
628 : après la mort du prince Shotoku (en 622), neveu de l'impératrice Suiko (593-628), un code de lois en 17 articles est promulgué. Shotoku a fait construire de nombreux temples bouddhiques. Textes chinois, bouddhiques et confucéens, techniques, idées politiques affluent au Japon.
645 : le clan Nakatomi réussit à éliminer celui des Soga, alors tout-puissant, et établit un système de gouvernement calqué sur celui de la Chine des Tang (code de l'ère Taika), un système d'« ères », et préconise une distribution idéale des terres aux paysans, assiette d'un système d'impôts inspiré de celui alors en vigueur en Chine.
663 : défaite des troupes japonaises en Corée ; les liens politiques sont rompus avec le continent, mais de très nombreux Coréens accompagnent les Japonais dans leur retraite et s'établissent dans les îles.
672 : l'empereur Temmu fait appliquer plus strictement le code Taika et entreprend de faire rédiger un code plus complet, celui de l'ère Taiho (701).
3. La période de Nara (710-794)
Six sectes bouddhiques, installées près de Nara et de la cour d'Asuka, imposent leurs conceptions, mais le peuple n'y a point de part.

Samouraï vassal dépendant directement de Tokugawa Ieyasu et qui avait combattu à ses côtés à Sekigahara (1600).
hatamoto
Samouraï placé sous la vassalité directe du shogun et non d'un daimyo. Sous les Tokugaya, les hatamoto furent au nombre de 80 000.
kampaku
Titre d'une fonction équivalent à celle de régent. Les Fujiwara, les premiers à l'assumer, exercèrent en fait une véritable dictature du Xe au XIIesiecle
ronin
Samouraï qui, volontairement ou non, quittait le service de son maître et se mettait à parcourir le pays en quête d'aventures.
samouraï
Guerrier placé au service d'un daimyo. Les samouraïs développèrent un idéal d'honneur et de fidèlité exacerbé.
shikken
Lieutenant d'un shogun. La fonction fut créée par les premiers shogun de Kamakura (XIIesiecle). En 1199, cette charge échut à la famille des Hojo, qui la rendirent héréditaire, puis gouvernèrent sous ce titre à la place des shogun de Kamakura.
shogun
1. À l'origine, chef militaire japonais en campagne contre les Aïnous.
2. Dictateur militaire du Japon de 1192 à 1867.
tandai
Titre donné, sous le shogunat de Kamakura (1192-1333), aux gouverneurs militaires de certaines régions, principalement Kyoto et le Kanto.
tozama
Nom donné aux daimyo qui ne se soumirent au shogun Tokugawa Ieyasu qu'après la bataille de Sekigahara (1600) et la chute du château d'Osaka (1615). Ils bénéficiaient d'une plus grande indépendance de fait que les fidèles de Ieyasu, appelés fudai.
710 : achèvement du code de l'ère Taiho, promulguant une nouvelle distribution des terres, précisant les droits et devoirs de chacun et instituant un système militaire et social nouveau.
712 : rédaction officielle du Kojiki. La cour s'établit définitivement à Nara, abandonnant l'habitude de changer de lieu de résidence à la mort de chaque souverain. Les paysans, trop imposés, s'évadent des terres impériales pour se réfugier sur celles des seigneurs ou des monastères, ce qui affaiblit le pouvoir impérial au profit des chefs de clans et des communautés religieuses.
741 : l'empereur Shomu fait construire des temples bouddhiques dans toutes les provinces, afin de prier pour la prospérité, ce qui affaiblit financièrement les chefs de clans obligés de participer à la dépense.
743 : l'empereur permet la possession individuelle des terres nouvellement défrichées ; c'est l'origine des grands domaines féodaux. Épidémie de variole : pour apaiser les divinités, on élève un grand temple, le Todai-ji, à Nara (alors appelée Heijokyo) et on y installe une grande effigie du Bouddha en bronze, en 749.
751 : première anthologie officielle de poèmes, le Kaifuso, rédigée en chinois.
754 : le moine bouddhiste Ganjin arrive de Chine avec des élèves et de nombreux techniciens.
756 : l'impératrice douairière Komyo fonde un musée (le Shosoin), encore intact de nos jours.
770 : à la mort de l'impératrice Shotoku, le moine Dokyo, qui avait usurpé tous les pouvoirs, est chassé, et les ministres refusent désormais de laisser le trône à des femmes.
784 : l'empereur Kammu, afin de se libérer de l'emprise des moines bouddhistes de Nara, fonde une nouvelle capitale à Nagaoka, puis, dix ans plus tard, une autre à Heiankyo (Kyoto), qu'il fait édifier sur le plan en damier de la capitale des Tang, Changan (aujourd'hui Xi’an). Cette nouvelle cité, inaugurée en 794, demeurera la capitale du Japon jusqu'en 1868.
Pour en savoir plus, voir l'article Nara.
4. La période de Heian (794-1185/1192)
800-803 : le général Sakanoue no Tamuramaro refoule vers l'extrême nord les populations Jomon et Aïnous, qui se faisaient menaçantes ; sur les terres ainsi conquises viennent s'installer des colons guerriers qui s'érigent en clans.
805-806 : deux moines bouddhistes japonais reviennent de Chine, Saicho (Dengyo Daishi) et Kukai (Kobo Daishi), et en rapportent de nouvelles doctrines bouddhiques ainsi que des formes d'art nouvelles. Ils fondent de grands monastères. Une nouvelle écriture syllabique est créée pour transcrire les désinences purement japonaises et permettre aux femmes (lesquelles n'ont pas accès à la culture chinoise) d'écrire. Des académies se créent. Les nouvelles doctrines bouddhiques tentent de concilier les croyances autochtones, les concepts confucéens et taoïques avec les doctrines du bouddhisme.
838 : le Japon tente de se libérer de l'emprise culturelle chinoise et cesse d'envoyer des ambassades, bien que les contacts individuels (moines surtout) continuent. Des réformes sont entreprises pour transformer la société et l'organiser sur des bases bouddhiques.
858 : un ministre du clan Fujiwara, ayant épousé la fille de l'empereur Saga, prend le titre de régent (kampaku). Sa famille détiendra en fait les rênes du pouvoir jusqu'au milieu du xiie s.. Les Fujiwara instaurent une ère de paix et de développement culturel qui fera de leur période l'ère « classique » du Japon.
903 : un adversaire politique des Fujiwara, le ministre Sugawara no Michizane, est exilé et meurt à Kyushu. Le peuple le divinisera sous la forme chinoise du « dieu de la Littérature et de la Calligraphie ». Les Fujiwara et les seigneurs des grands domaines (shoen) lèvent des troupes personnelles parmi les clans de colons guerriers du Nord et de l'Est afin de faire la police et de se protéger contre le banditisme. Le Japon se morcelle en un grand nombre de « grandes propriétés », tandis que la cour, oisive, mène une vie luxueuse et pieuse.
940 : un seigneur du clan des Taira se révolte dans l'Est et ose se proclamer empereur. Les Fujiwara envoient contre lui des troupes empruntées à un autre clan guerrier de l'Est, celui des Minamoto. Les clans des Taira et des Minamoto tentent alors de supplanter les Fujiwara, commencent de se livrer à des guerres de conquête afin d'affirmer leur pouvoir, et organisent leurs provinces comme de véritables États.
Vers 1000 : les femmes de la cour écrivent des romans, et la nouvelle secte bouddhique d'Amida, prônant une sorte de piétisme populaire, diffuse le bouddhisme dans le peuple. Dans l'Est, les clans guerriers se fortifient et, à la cour, les intrigues se font de plus en plus nombreuses, visant à éliminer le clan tout-puissant des Fujiwara.
1068 : pour la première fois depuis plus d'un siècle, un empereur accède au pouvoir sans qu'il soit apparenté aux Fujiwara et tente de réaliser des réformes. Pour avoir les mains plus libres, il abdique en 1072 au profit de son fils et forme un gouvernement « parallèle », inaugurant ainsi une coutume qui se prolongera pendant plus d'un siècle. Le clan Fujiwara ne tarde pas à se diviser en factions ennemies. Ces dissensions font le jeu des chefs des clans guerriers, qui bientôt obtiendront de hautes charges à la cour, soutenus par de nombreux petits seigneurs et les grands monastères bouddhiques qui se sentent menacés dans leurs possessions. Le pays se divise de plus en plus, sous l'égide des deux clans les plus puissants militairement, les Minamoto et les Taira. Tour à tour ceux-ci prendront le parti de l'empereur contre les Fujiwara et les remplaceront aux postes clés. Mais les deux clans rivaux ne tardent pas à s'affronter pour la suprématie.
1159-1160 : le chef du clan des Taira, Kiyomori, est dépossédé par les Minamoto, qui déposent l'empereur. Les Taira attaquent et battent les Minamoto dans la ville de Kyoto.
1167 : Taira no Kiyomori devient chancelier de l'Empire, mais sa dureté lui aliène la sympathie de la population, qui se tourne vers les Minamoto.
1180 : des batailles opposent sans cesse les Taira et les Minamoto, à Kyoto et Uji. Les troubles politiques favorisent le banditisme. Des famines s'installent dans le centre et l'est de l'île de Honshu, affaiblissant principalement le clan des Taira. Dès 1183, les Minamoto attaquent ces derniers et, en 1185, détruisent la flotte Taira près de Shimonoseki, à Dan-no-Ura. Le jeune empereur Antoku est noyé dans la bataille. Le chef du clan Minamoto, Yoritomo (1147-1199) et son frère, le général Minamoto no Yoshitsune, éliminent le clan des Taira.
1189 : les Minamoto se retournent alors contre les Fujiwara et conquièrent leurs territoires du nord du Honshu.
Pour en savoir plus, voir les articles confucianisme, taoïsme.
5. La période de Kamakura (1185/1192-1333)
Après avoir confisqué « au nom de l'empereur » les terres de nombreux seigneurs qui lui étaient hostiles, Minamoto no Yoritomo a constitué un gouvernement parallèle à celui de l'empereur, mais sur des bases différentes, instaurant une société quasi féodale fondée sur les relations d'assistance et de fidélité existant entre Yoritomo lui-même, ses vassaux et les vassaux de ceux-ci. Il lève des troupes, libère quelque peu la paysannerie des règles qui la régissaient jusque-là, lui donnant les terres qu'elle cultive, mais lui conférant un statut inférieur à celui des guerriers (samouraïs). Des intendants représentent Yoritomo dans chaque État vassal, et, à partir de 1192, un représentant personnel du shogun, le tandai, est placé auprès de la cour à Kyoto. Yoritomo a imposé un kampaku de son choix à la cour et repris à son compte la politique matrimoniale instaurée par les Fujiwara au ixe s.
1192 : devenu le seigneur le plus puissant du Japon, Yoritomo se fait nommer shogun par l'empereur, qui, à Kyoto, ne possède plus aucune autorité. Yoritomo, ayant établi son bakufu à Kamakura, dicte ses ordres au pays tout entier. Le pays, ruiné, affamé, se rallie à lui. Yoritomo met fin au régime des « empereurs retirés » et règne en maître sur tout le Japon.
1195 : Minamoto no Yoritomo fait une impressionnante démonstration de force à Kyoto, mais les intrigues continuent.
1199 : à la mort de Yoritomo, un seigneur Hojo (apparenté aux Taira) prend la régence (shikken) du bakufu, avec l'aide de sa fille Masako, veuve de Yoritomo. Yoriie, fils de Yoritomo, prend le titre de shogun.
1203 : Yoriie, incapable, abdique au profit de son frère Sanetomo et est assassiné. Hojo Tokimasa est cependant obligé de démissionner de sa charge de shikken en 1205, Masako s'étant opposée à Makiko son épouse. Son fils Hojo Yoshitoki lui succède en tant que shikken.
1219 : Sanetomo ayant été assassiné, l'empereur Go-Toba déclare (en 1221) le bakufu rebelle et tente de reprendre le pouvoir. Hojo Yoshitoki bat les troupes de l'empereur à Uji et l'exile. Les shikken Hojo ont désormais tous les pouvoirs et nomment à leur gré les empereurs.
1222 : le bakufu fait faire un recensement général.
1232 : promulgation d'un nouveau code de lois en 51 articles, le Joei Shikimoku, rédigé en japonais. Il recevra par la suite, en 1243 et 1286, des additions. Ce « code national » restera en vigueur jusqu'en 1868.
1247 : à la suite de la révolte de quelques seigneurs non inféodés au bakufu et après la victoire de ce dernier, leurs domaines sont confisqués. Bien que le shogun soit désormais choisi dans la famille impériale, le véritable pouvoir demeure aux mains des shikken Hojo. Le bakufu s'aristocratise et se stabilise.
1266-1268 : Kubilay Khan, alors empereur de Chine, prétend conquérir le Japon. Le bakufu, alarmé, fait renforcer les défenses du nord de l'île de Kyushu et mobilise tous les samouraïs. En 1271, une autre ambassade chinoise (mongole) est renvoyée.
1274 : attaque du nord de Kyushu par une grande flotte mongole et coréenne (30 000 hommes) qui, inexplicablement, se retire la nuit suivante. La cour offre des prières aux divinités.
1275 : des envoyés du khan demandant la soumission du Japon à la Chine sont exécutés. Le bakufu se dote d'une flotte puissante et fait construire un long mur en pierre le long des côtes du nord de Kyushu.
1281 : deux flottes mongole et coréenne (environ 140 000 hommes) débarquent en deux points de la côte nord de Kyushu. Les Mongols sont sur le point de vaincre, lorsque, le 14 août, un typhon providentiel détruit une partie de la flotte d'invasion et force les guerriers mongols et coréens à se rembarquer en toute hâte ; ceux qui sont restés à terre sont impitoyablement massacrés par les samouraïs.
1294 : mort de Kubilay Khan. Le Japon est provisoirement sauvé de l'envahisseur chinois, mais les shikken préfèrent garder sous les armes les samouraïs afin de prévenir un retour offensif des Mongols. Ces guerriers, une fois démobilisés, se trouvent ruinés. Certains sont alors obligés, en contrevenant à la loi, de vendre des parties de leurs domaines à des marchands, qui, seuls, ont profité de la guerre en fournissant armements et vivres…
1297 : le bakufu renforce les lois interdisant la vente des fiefs. Mais les seigneurs dépossédés n'obéissent déjà plus au gouvernement de Kamakura. L'empereur les soutient dans leur révolte.
1326 : l'empereur Daigo II refuse d'abdiquer comme le lui demande le shikken, et, soutenu par les nobles, désigne son fils comme héritier.
1331 : Daigo II est battu par les troupes du shikken et exilé dans l'île d'Oki.
1333 : grâce à la complicité d'un Minamoto dissident, Ashikaga Takauji, Daigo II s'enfuit, réunit des troupes et rentre à Kyoto. Soulèvement général des seigneurs contre le bakufu. La ville de Kamakura est prise et incendiée. Daigo II restaure le pouvoir impérial.
Pour en savoir plus, voir l'article Mongols.
6. La période Ashikaga ou de Muromachi (1333-1582)
1336 : Ashikaga Takauji , devenu le seigneur le plus puissant du Japon, se retourne contre l'empereur et établit à son tour un bakufu à Kyoto même. En 1338, il se fait nommer shogun par l'empereur qu'il a mis sur le trône. L'empereur légitime se réfugie dans les montagnes du Yamato avec ses partisans, inaugurant la période dite des « deux cours », pendant laquelle la guerre civile va ensanglanter le pays jusqu'en 1392. La lutte sera épisodique mais acharnée. La ville de Kyoto sera prise et reprise quatre fois, et chaque fois détruite. Dans les provinces, les seigneurs, espérant conquérir la suprématie, se battent, plongeant le pays dans la guerre civile.
1383 : bien qu'Ashikaga Takauji soit mort en 1358, la situation demeure la même sous ses successeurs et ceux de Daigo II. L'île de Kyushu reste acquise aux loyalistes, mais, dans le Nord, nombre de seigneurs se sont rendus indépendants.
1392 : reconquête de Kuyshu par les Ashikaga. L'empereur légitime Go-Kameyama accepte d'abdiquer, et la guerre des deux cours se termine. Mais le pays est ensanglanté et la ville de Kyoto presque totalement détruite. Sous l'autorité des shogun Ashikaga, l'organisation administrative a été refondue et le pays divisé en trois grandes régions dirigées par un kanrei (grand délégué) sous l'autorité du shogun.
1400-1401 : le shogun tente de réduire les pirates Wako, qui écumaient les côtes japonaises, coréennes et chinoises et renoue des relations amicales avec la Chine des Ming.
1419 : les Wako de l'île de Tsushima sont détruits par les Coréens.
1428 : révolte des paysans des provinces à la suite d'épidémies et de famines. Ils forment des ligues de défense contre les bandes de samouraïs-brigands.
1456 : le shogun Ashikaga Yoshimasa doit reconnaître les droits de propriété des paysans et réduire leurs dettes.
1457 : grande famine et épidémies. Le gouvernement central ne fait rien. Les grands seigneurs lèvent des barrières d'octroi qui entravent le commerce et aggravent les famines. Les paysans, à bout de ressources, s'engagent comme soldats à pied (ashigaru) dans les rangs des armées seigneuriales, et se livrent au brigandage.
1467-1477 : une nouvelle guerre civile est déclenchée entre les seigneurs au sujet de la succession du shogun Yoshimasa. 160 000 hommes s'affrontent dans la ville de Kyoto, qui est la proie des flammes. Cette guerre civile, dite de l'ère Onin, est une guerre « pour le plaisir » faite par les daimyo pour leur gloire. Elle s'étend jusque dans les provinces, où les guerriers s'affrontent sans savoir pourquoi.
1486 : grande révolte paysanne contre les excès des guerriers. Les paysans demandent le départ des troupes et veulent rentrer en possession de leurs terres.
1489 : le shogun Ashikaga Yoshihisa est assassiné et sa succession fait s'affronter les daimyo. Ceux-ci s'opposent entre eux ou au bakufu de Muromachi, rendant tout gouvernement central impossible. Des comités de paysans, de commerçants, d'artisans se créent afin de constituer des gouvernements locaux. La cour, oisive et ruinée, protégée par l'un ou l'autre des daimyo, se désintéresse de la situation. Le Japon est alors partagé de fait entre une trentaine de grands daimyo et une centaine de plus petits seigneurs qui se combattent sans répit, aidés par des bandes de paysans-guerriers n'observant aucune des lois de la chevalerie des samouraïs.
1542 : des marchands portugais échoués sur la petite île de Tanegashima (sud de Kyushu) importent les premiers mousquets. Très vite l'usage de cette arme nouvelle se répand dans tout le Japon.
1549 : François Xavier commence l'évangélisation du pays. Bateaux portugais, hollandais et espagnols accostent et font du commerce avec les Japonais des côtes.
1568 : un petit seigneur du Nord, Oda Nobunaga (1534-1582), réussit à vaincre tous ses adversaires, entre à Kyoto en vainqueur et se fait nommer shogun, ayant abattu la puissance déclinante des Ashikaga. Il organise à son profit les provinces centrales.
1574 : les sectes religieuses, qui s'étaient armées, représentent désormais une puissance avec laquelle le gouvernement doit compter. La secte Ikko (créée par le moine Shinran) se révolte et soulève les campagnes.
1576 : Oda Nobunaga se fait construire un château sur les bords du lac Biwa, prototype de tous les châteaux japonais, et le fait luxueusement décorer par les meilleurs artistes de son temps. En 1571, il a détruit les monastères rebelles du mont Hiei, près de Kyoto, et fait massacrer leurs moines. En 1574, il a attaqué et mis en fuite le dernier Ashikaga, Yoshiaki. En 1580, il abat la puissance de la secte Ikko et prend son château d'Osaka. Avec l'aide de ses généraux Tokugawa Ieyasu et Toyotomi Hideyoshi, il vient finalement à bout de tous ses adversaires et unifie le centre du Japon sous son autorité.
1582 : Oda Nobunaga, devenu dictateur des provinces centrales, est attaqué par un de ses généraux, et obligé de se suicider. Treize jours après, le félon est attaqué et tué par Toyotomi Hideyoshi, qui prend la succession de son maître.
7. L'ère des dictateurs (1582-1616)

1584 : Hideyoshi fait élire le fils d'Oda Nobunaga comme shogun, mais garde le pouvoir. Il continue alors la guerre contre les seigneurs non encore ralliés, surtout ceux de Kyushu, et transfère le siège de son gouvernement à Osaka, où il oblige les grands daimyo à lui construire un immense château. Il fait en même temps démolir ceux des seigneurs rebelles. Il fait établir un recensement général des terres, rend les paysans propriétaires et solidaires de leurs terres et interdit le port des armes aux non-samouraïs. Il établit le principe (d'origine chinoise) de la responsabilité collective et fixe l'impôt entre 40 et 50 % de la récolte. Les daimyo sont classés selon leur revenu annuel en koku (180 litres) de riz. Le plus puissant d'entre eux, Tokugawa Ieyasu, en possède 2 500 000, les moins puissants seulement 10 000.
1585 : Hideyoshi fait frapper sa propre monnaie et favorise le développement des mines d'or et d'argent. Homme le plus riche du Japon, il subventionne la cour impériale, ordonne un grandiose programme de constructions, donne des fêtes splendides et patronne arts et lettres. Il est nommé dajo daijin (Premier ministre) par l'empereur.
1586 : Hideyoshi réunit une immense armée afin de soumettre les grands daimyo encore indépendants (sauf cependant Tokugawa Ieyasu, avec qui il est allié et qui demeure dans son fief du Kanto [région de Tokyo]).
1590 : le dernier des daimyo Hojo est vaincu en son château d'Odawara.
1592 : afin d'occuper ses guerriers, Hideyoshi les lance à la conquête de la Corée. Ses troupes entrent à Séoul. Il décide alors de s'attaquer à la Chine.
1593 : les Chinois étant venus au secours des Coréens, les Japonais perdent Séoul. Un fils naît à Hideyoshi. Le neveu de Hideyoshi, Hidetsugu, nommé son successeur, se révèle débauché et cruel.
1595-1597 : les troupes japonaises en Corée subissent revers sur revers. Hideyoshi, qui montre des signes d'aliénation mentale, contraint son neveu au suicide. En 1596, il nomme son fils (âgé de trois ans) kampaku. L'amiral coréen Li Sunshin, qui a inventé un bateau cuirassé, détruit la flotte japonaise. Hideyoshi réorganise alors sa flotte et envoie en 1597 100 000 hommes en renfort en Corée pour soutenir l'armée commandée par Konishi Yukinaga.
1598 : les Sino-Coréens refoulent les armées japonaises. Mort de Hideyoshi. Konishi traite avec les Chinois et abandonne la Corée. Tokugawa Ieyasu se pose en protecteur du jeune Hideyori, mais se voit confronté aux ambitions des autres seigneurs.
1600 : affrontement général entre les troupes fidèles à Tokugawa Ieyasu et les autres daimyo. À Sekigahara, Tokugawa Ieyasu est vainqueur. Il fait exécuter les principaux chefs des armées adverses (parmi lesquels Konishi) et prend le pouvoir.
1601 : Ieyasu confisque les mines d'or, fait battre monnaie et oblige les villes à lui céder leurs privilèges.

1603 : Tokugawa Ieyasu établit son bakufu au centre de ses domaines, à Edo (aujourd'hui Tokyo), et s'y fait construire un château. Il monopolise le commerce de la soie et acquiert une fortune considérable. Il s'adjoint des hommes habiles : le confucéen Hayashi Razan (1583-1657), le navigateur anglais William Adams, dit Anjin (qui s'était échoué sur les côtes du Japon et que Ieyasu avait pris à son service afin qu'il créât une marine moderne), des marchands influents… Il divise ses vassaux en trois classes : les fudai, dépendant directement de lui et qui avaient combattu à ses côtés à Sekigahara, les hatamoto ou vassaux mineurs, dépendant aussi directement de lui, enfin les tozama ou « daimyo extérieurs », très surveillés et obligés de venir vivre à Edo pendant une partie de l'année. Le code de réglementation instauré par Hideyoshi est strictement appliqué.
1614-1615 : les seigneurs mécontents se regroupent autour d'Hideyori dans le château d'Osaka. Deux sièges permettent à Tokugawa Ieyasu d'abattre les rebelles. La forteresse est rasée et Hideyori contraint au suicide, ainsi que les principaux chefs des rebelles.
1616 : Ieyasu, blessé au cours du siège d'Osaka, meurt. Son fils, Tokugawa Hidetada, déjà intronisé shogun depuis 1605, lui succède. L'œuvre de Ieyasu a été immense et durable : il a unifié le pays et donné à celui-ci un gouvernement stable ; il a renoué des relations amicales avec la Chine des Qing, amélioré sa flotte de commerce et noué de fructueuses relations avec les pays du Sud-Est asiatique, et même l'Europe. Ayant tout d'abord favorablement accueilli les prêtres étrangers, il s'est vite aperçu de la collusion de ceux-ci avec les puissances militaires d'Europe, et il a interdit prosélytisme et construction d'églises, sans toutefois recourir à la persécution, comme l'avait fait Hideyoshi sur la fin de sa vie.
8. La période d'Edo ou des Tokugawa (1616-1868)

1623-1624 : après avoir consolidé la position du bakufu, Hidetada laisse sa charge de shogun à son fils Iemitsu. Mais celui-ci renforce les interdits relatifs aux étrangers déjà promulgués par son père en 1616 : tous les ports japonais sont fermés aux navires européens, sauf ceux de Hirado et Nagasaki. Cependant, l'activité missionnaire reprenant dans l'île de Kyushu, Iemitsu recourt à la persécution, dès 1622. En 1624, les marchands portugais quittent le pays et les Anglais ferment leur comptoir à Hirado.
1637 : grande rébellion chrétienne et paysanne à Shimabara. Le bakufu réagit violemment, massacre les chrétiens de Shimabara et interdit aux navires portugais et espagnols d'aborder au Japon.
1639 : le pays est fermé aux étrangers, sauf aux Chinois et aux Hollandais, qui ont permission de rallier une partie du port de Nagasaki, Dejima (Deshima). Les bateaux japonais doivent être munis d'une autorisation spéciale pour aller en Chine, aux îles Ryukyu, en Corée ou dans le Sud-Est asiatique. Création de grandes routes (Tokaido). Le christianisme est pourchassé.
1651 : mort de Tokugawa Iemitsu. Tentative de coup d'État avortée. De nombreux hatamoto, appauvris, vivent de brigandage.
1657 : un incendie catastrophique détruit la ville d'Edo, faisant plus de 100 000 morts. La capitale est reconstruite sur un plan nouveau. Troubles chez les tozama, qui sont rapidement remis à la raison.
1680 : sous le shogun Tokugawa Tsunayoshi, la classe de marchands commence à prendre une très grande importance. Les daimyo sont parfois obligés de leur emprunter de quoi subvenir à leurs fastueuses dépenses.
1703 : incident de la « vengeance des 47 ronin » (samouraïs ayant quitté le service de leur maître et parcourant le pays en quête d'aventures) : le shogun les condamne à se suicider, mais cet événement va défrayer la chronique et inspirer d'innombrables récits et pièces de théâtre.
1709 : Arai Hakuseki, conseiller confucéen du shogun Ienobu, complète la « Règle des maisons guerrières » instaurée par Tokugawa Ieyasu et adoucit la justice pénale. Les villes connaissent une grande prospérité et la classe des chonin (citadins) se développe.
1716 : plusieurs années de disette ont fait monter les prix et la situation économique est précaire. Le shogun Yoshimune tente des réformes agraires, fait irriguer de nouvelles terres et interdit les dépenses excessives.
1735 : Yoshimune fixe le prix du riz, mais les paysans, accablés par les impôts, se révoltent.
1764, 1765, 1773 : nouvelles et sanglantes révoltes paysannes.
1787 : le conseiller du shogun Ienari, pour rétablir la situation, chasse les fonctionnaires corrompus, assainit les finances et tente de repeupler les campagnes.
1792 : apparition de bateaux russes sur les côtes d'Hokkaido. La prospérité est revenue et les citadins jouissent d'une vie facile baptisée ukiyo (« monde flottant »).
1804 : l'amiral russe N. P. Rezanov mouille dans le port de Nagasaki et y reste pendant six mois. Il ne reçoit pas l'autorisation de se rendre à Edo.
1808 : un navire anglais menace de bombarder Nagasaki si on lui refuse l'approvisionnement en eau et en vivres.
1825 : le shogun Ienari ordonne de détruire tout navire étranger mouillant dans un port japonais.
1832-1836 : série de famines suivies de révoltes paysannes.
1844 : le gouvernement hollandais demande au bakufu de cesser sa politique d'isolement.
1845-1846 : un navire anglais est bien accueilli à Nagasaki ; deux navires de guerre américains mouillent en rade d'Edo, mais ne peuvent entreprendre de pourparlers avec le bakufu.
1853 : l'Américain Matthew Calbraith Perry vient avec quatre bateaux de guerre apporter une lettre du président des États-Unis et annonce son intention de revenir l'année suivante chercher la réponse. Le pays se divise en anti-Occidentaux et pro-Occidentaux.
1854 : retour de l'amiral Perry. Le bakufu, effrayé, consent à ouvrir deux ports, Shimoda et Hakodate, et à recevoir un consul américain. Il doit signer des accords semblables avec la Grande-Bretagne, la Russie et la Hollande.
1856 : arrivée du consul américain Harris, qui est reçu en 1857 par le shogun Iesada.
1858 : une partie du pays se soulève, indignée des accords signés par le shogun avec les « barbares ».
1860 : li Naosuke, conseiller du shogun et partisan de l'ouverture du Japon, est assassiné. Le shogun demande conseil à l'empereur, aux côtés duquel se rangent les ennemis du bakufu.
1862-1863 : après l'assassinat d'un Anglais, la flotte britannique bombarde le port de Kagoshima.
1863 : un bateau américain ayant été attaqué par les canons du port de Shimonoseki, une escadre internationale prend la ville et oblige le daimyo du Choshu à payer une forte indemnité.
1864 : les partisans de l'empereur se révoltent à Kyoto et battent les troupes envoyées par le bakufu. Le shogun Yoshinobu offre sa démission à l'empereur en 1867. Un gouvernement provisoire est mis en place. Les partisans des Tokugawa tentent de résister, mais un soulèvement populaire abat leur résistance. Mutsuhito monte sur le trône et assume le pouvoir.
1868 : Mutsuhito transfère son gouvernement à Edo, rebaptisée en Tokyo. Une ère nouvelle commence, appelée Meiji ou « Époque éclairée ».
9. L'ère Meiji (1868-1912)

1868-1874 : l'empereur Mutsuhito procède à de profonds remaniements. Le pays est divisé administrativement en arrondissements, le peuple est organisé en nouvelles classes, enfin le droit au sabre est refusé aux samouraïs. La loi donne la propriété des terres aux paysans (1868), rétablit la liberté d'achat et de vente de celles-ci (1871), ainsi que la liberté du commerce intérieur et extérieur (1872-1873). L'impôt foncier est réformé (1872), des universités sont créées et le gouvernement est modernisé.
1874-1877 : Saigo Takamori et Eto Shimpei groupent les mécontents et se révoltent. L'armée impériale (créée en 1871) mettra trois ans à réduire les rebelles.
1885 : Mutsuhito supprime le Conseil impérial des Taira et institue un cabinet parlementaire de style occidental présidé par Ito Hirobumi.

Modernisation des moyens de transport
1889 : le 11 février, l'empereur promulgue une Constitution, mais les partisans de l'ancien régime sont encore nombreux et les assassinats politiques se succèdent. La Constitution donne des pouvoirs étendus à l'empereur, crée deux chambres législatives (diète), la Chambre des pairs, aux membres désignés par l'empereur, et la Chambre des représentants élus. Cette dernière assemblée sera réorganisée en 1900 et 1902. La justice est refondue sur des modèles français et allemands. L'armée et la marine sont modernisées, le service militaire obligatoire institué. De nombreuses lois accélèrent le processus d'occidentalisation du Japon. Des lignes de chemin de fer sont inaugurées entre les plus grandes villes, à partir de 1870. La population japonaise augmente rapidement.
1894 : à la suite d'un différend au sujet de la Corée, les forces japonaises débarquent en Chine. Elles l'emportent sur mer comme sur terre. Les Japonais envahissent Formose (Taïwan). La Chine signe le traité de Shimonoseki en 1895, qui consacre la victoire du Japon et, malgré la diplomatie occidentale, l'influence prépondérante de celui-ci en Corée.
1902 : le Japon, après avoir aidé les puissances occidentales contre la révolte des Boxeurs en Chine en 1900, conclut une alliance militaire avec l'Angleterre, alliance destinée à contenir les visées russes sur la Corée. Le tsar Nicolas II envoie 100 000 hommes en Mandchourie.
1904 : le Japon attaque la marine russe basée à Port-Arthur et débarque une armée en Corée et dans le Liaodong.
1905 : après d'âpres combats, le général russe Stoessel, qui commande Port-Arthur, est obligé de capituler. Les troupes japonaises avancent en Mandchourie. La flotte russe de la Baltique, envoyée en renfort, est détruite dans le détroit de Tsushima par les forces de l'amiral Togo. La Russie est obligée de concéder le droit de s'installer en Mandchourie et en Corée aux Japonais, et leur cède la moitié sud de l'île de Sakhaline. Ito Hirobumi est nommé résident en Corée et commence de « japoniser » ce pays. Au Japon même, où l'économie a fait un bond en avant énorme grâce aux deux guerres victorieuses, le jeu des partis s'installe au gouvernement, faisant alterner au pouvoir libéraux et conservateurs. Militaristes et libéraux s'affrontent, mais, en 1911, les militaristes finiront par l'emporter sur le cabinet temporisateur de Saionji.
Pour en savoir plus, voir les articles bataille de Tsushima, guerres sino-japonaises, guerre russo-japonaise.
10. Les suites de l'ère Meiji (1912-1927)
1912 : mort de Mutsuhito, désormais appelé Meiji tenno. Son fils, Yoshibito, âgé de 33 ans, accède au trône. Sous son règne, le jeu des partis continue. Katsura Taro (1847-1913) tentera d'imposer un pouvoir autoritaire. À sa mort, c'est l'amiral Yamamoto qui est chargé de former le nouveau gouvernement.
1914 : le Japon entre en guerre contre l'Allemagne et soutient les Alliés, de manière à avoir les mains libres en Chine.
1915 : le Japon envoie au dictateur chinois Yuan Shikai un ultimatum en 21 points. La Chine est obligée de céder, et la caste militaire triomphe.
1917 : le gouvernement provisoire russe ne reconnaît pas les accords passés avec le tsar. La Chine entre en guerre aux côtés des Alliés, ce qui met le Japon dans une situation délicate.
1918 : les Japonais pénètrent en Sibérie soviétique et s'opposent aux « rouges ». À la conférence de la paix de Versailles, le Japon obtient toutes les possessions allemandes du Pacifique au nord de l'équateur.
1919 : mort de l'ancien empereur de Corée. Les nationalistes coréens conduits par Syngman Rhee (Lee Sung-man) réclament le départ des Japonais et la liberté. La révolte est noyée dans le sang par les militaires japonais. Au Japon, les libéraux reprennent le pouvoir en alternance avec les militaristes.
1923 : un terrible tremblement de terre détruit entièrement Tokyo et Yokohama. L'empereur, de santé chancelante, a déjà nommé son fils, Hirohito régent depuis deux ans. La loi martiale est proclamée. Mouvement de retour aux traditions et à la xénophobie.
1926 : mort de l'empereur Yoshihito, dont le nom devient Taisho tenno. Son fils Hirohito lui succède et nomme son règne « ère Showa » (« La Paix lumineuse »).
11. La montée du militarisme (1927-1937)

En signant les traités de Washington (1921-1922), qui entérinaient le statu quo entre les grandes puissances en Asie et dans le Pacifique et gelaient les armements navals pour dix ans, les politiciens japonais renonçaient à l'expansion coloniale. L'armée avait vu diminuer son influence de même que son budget. Mais, à la fin de l'ère Taisho, le Japon rentre dans une période de tourmente : corruption politique, poussée des « partis prolétariens », misère et violences rurales provoquées par la concentration des terres. En 1927, les militaires proposent comme solution de reprendre l'expansion coloniale (« mémoire Tanaka »). La crise de 1929 les convainc de passer à l'action. En novembre 1930, ils abattent le Premier ministre Hamaguchi, qui vient d'accepter la prolongation du gel des armements navals (traité de Londres). En septembre 1931, l'armée force la main du gouvernement en occupant la Mandchourie, en violation du système de Washington. Comme le monde des affaires refuse de souscrire un emprunt de défense nationale, le directeur général de Mitsui est assassiné en mars 1932 ; en mai, c'est le Premier ministre Inukai. Terrorisées, les élites civiles abandonnent de facto le pouvoir aux militaires ; la Constitution n'est pas violée. La Diète siège, et les élections se déroulent normalement. Mais l'empereur ne désigne plus que des Premiers ministres soumis aux militaires, qui forment des cabinets extraparlementaires que la Diète n'ose pas renverser. La question qui suscite de vives controverses est de savoir si l'empereur Hirohito est alors le complice actif des militaires ou leur otage.
Les militaires imposent au Japon une organisation de type totalitaire : fusion « volontaire » de tous les partis politiques dans l'Association pour le service du trône (1940), organisation corporatiste de l'économie, encadrement de la population par les 1 120 000 tonarigumi (groupes de voisinage), endoctrinement et répression de toute dissidence par la police secrète Kempeïtaï. L'idéologie repose sur le kokutai et sa vision d'une nation organique, pure, homogène et supérieure – mais sans la volonté systématique d'éliminer les races dites « inférieures » qu'on trouve dans le nazisme. La propagande puise pêle-mêle dans la mythologie shinto, l'éthique samouraï et le confucianisme.
L'empereur est placé au centre de tout. La survie du kokutai est indissociable de celle de sa lignée divine. La nation n'agit que par lui (il légitime le pouvoir exercé en son nom) et pour lui (tous ses sujets lui doivent dévouement jusqu'à la mort). Le tennosei (système impérial) est ainsi le principe actif du totalitarisme japonais. Mais, en même temps, son existence préserve, au cœur même du système, un espace sur lequel l'emprise totalitaire ne s'exerce pas, puisqu'un ordre impérial ne peut pas être contesté. Hirohito, quelle que soit son implication dans les agissements de l'armée, l'utilise pour protéger une « faction de la paix », qui s'organise au palais à partir de 1942, et, tout à la fin, pour mettre un terme à la guerre.
Comme les nazis à leurs débuts, les militaires dénoncent aussi le caractère « antinational » des grands groupes capitalistes (les zaibatsu). Mais, malgré les velléités de l'armée de promouvoir de nouveaux groupes (Nissan, Hitachi), les quatre grands zaibatsu ne feront qu'accroître leur emprise sur l'économie pendant la guerre.
12. La seconde guerre sino-japonaise : 1937-1945
12.1. L'entrée en guerre
Dès 1932, les Japonais ont fait de la Mandchourie l'État fantoche du Mandchoukouo, que la SDN et la Chine refusent de reconnaître. Le Japon quitte alors la SDN, et ses troupes entrent en Chine du Nord (1933). L'armée est divisée sur la stratégie à adopter ; une opération sur Shanghai tourne court (1934). Le 6 février 1936, les généraux proches du palais (faction du Contrôle) éliminent les jeunes officiers extrémistes de la faction de la Voie Impériale. La cohésion de l'armée et ses liens avec les élites civiles sont renforcés. Le 7 juillet 1937, l'offensive générale est lancée contre la Chine.
12.2. L'offensive générale


Franklin Delano Roosevelt, déclaration de guerre contre le Japon
C'est le début d'une fuite en avant. Les Japonais s'emparent des régions côtières et établissent à Nankin un gouvernement chinois à leur dévotion. Ils mènent une guerre de terreur (massacre d'au moins 200 000 civils à Nankin, en 1937). Mais Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek) résiste dans l'intérieur du pays avec l'aide des communistes de Mao Zedong. Les Occidentaux, alarmés par la poussée japonaise vers leurs colonies, l'approvisionnent par la route de Birmanie. Les Japonais s'enlisent, mais la guerre en Europe et la défaite de la France (juin 1940) leur permettent d'envisager d'attaquer Jiang Jieshi par le sud. Ils se rapprochent de l'Axe (pacte tripartite de septembre 1940) et, sous la menace, obtiennent le droit de passer par l'Indochine française et d'en utiliser les ressources (riz, caoutchouc). Les États-Unis s'interposent alors et prennent des sanctions : gel des avoirs japonais, embargo sur le fer et le pétrole. Le Japon se prémunit contre une guerre sur deux fronts en signant un pacte de neutralité avec l'URSS (avril 1941). Le prince Konoe, Premier ministre, tente d'obtenir que Washington reconnaisse les acquis japonais. En octobre 1941, il est remplacé par le commandant en chef de l'armée, le général Tojo Hideki. Le 7 décembre, l'aéronavale japonaise détruit une partie de la flotte américaine du Pacifique à Pearl Harbor.
Pour en savoir plus, voir l'article Seconde Guerre mondiale.
12.3. La capitulation
Après cette victoire, le Japon compte sur sa supériorité aéronavale pour s'emparer de l'Asie du Sud-Est et de ses matières premières, couper la route de Birmanie et s'établir dans les archipels au milieu du Pacifique afin de pouvoir ensuite discuter en position de force. Mais, après six mois de succès, durant lesquelles ses forces parviennent jusqu'aux portes de l'Inde et de l'Australie, il est mis en échec sur mer (îles Midway, juin 1942) et sur terre, à Guadalcanal.
En 1943, les Américains contre-attaquent. La prise de Saipan (juillet 1944) leur permet de bombarder l'archipel qu'ils coupent de l'Asie du Sud-Est en reprenant les Philippines (octobre). Le 1er avril 1945, ils débarquent en terre japonaise, à Okinawa, et prennent l'île au terme de furieux combats (49 000 soldats américains, 110 000 soldats et 150 000 civils japonais tués), marqués par l'utilisation massive des kamikazes.

Harry Truman, Hiroshima, le 6 août 1945
Le Japon est à bout de forces. Tojo a quitté le gouvernement après la perte de Saipan. Tokyo essaye de négocier une reddition sans occupation ni représailles. Il faut la bombe atomique (Hiroshima, 6 août ; Nagasaki, 9 août) et l'entrée en guerre de l'URSS (8 août) pour que l'empereur impose la capitulation aux ultras et l'annonce à la nation (15 août). Le 30 août, le général Douglas MacArthur atterrit à la tête des unités d'occupation. Hirohito, que les Américains ont préféré maintenir en place, tirera lui-même un trait sur l'idéologie militariste en dénonçant à la radio « l'idée erronée selon laquelle l'empereur est divin et le peuple japonais supérieur aux autres » (1er janvier 1946).
Deux millions de soldats et près de 700 000 civils ont péri. Les grandes villes (sauf Kyoto) sont presque anéanties. La production industrielle est à 10 % de son niveau de 1940. Six millions de soldats et de colons sont rapatriés en désordre. Le pays est à reconstruire.

 

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ARGENTINE

 

Argentine
en espagnol Argentina


Nom officiel : République argentine

Pour avoir une vue d'ensemble sur l'Amérique, consultez en priorité les articles suivants du dossier en cliquant sur celui de votre choix :
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nouveaux pays industrialisés (NPI)

État d'Amérique du Sud baigné à l'est par l'océan Atlantique, l'Argentine est limitée au nord par la Bolivie et le Paraguay, à l'est par le Brésil et l'Uruguay, à l'ouest par le Chili.
C'est un État fédéral constitué de 22 provinces (Buenos Aires, Catamarca, Chaco, Chubut, Córdoba, Corrientes, Entre Ríos, Formosa, Jujuy, La Pampa, La Rioja, Mendoza, Misiones, Neuquén, Río Negro, Salta, San Juan, San Luis, Santa Cruz, Santa Fe, Santiago del Estero et Tucumán) auxquelles s'ajoutent un Territoire (Terre de Feu) et le District fédéral de la capitale, Buenos Aires.
Superficie : 2 780 000 km2
Nombre d'habitants : 41 446 000 (estimation pour 2013)
Nom des habitants : Argentins
Capitale : Buenos Aires
Langue : espagnol
Monnaie : peso argentin
Chef de l'État : Mauricio Macri
Chef du gouvernement : Marcos Peña
Nature de l'État : république à régime semi-présidentiel
Constitution :
Entrée en vigueur : 1er mai 1853
Révisions : 1860, 1866, 1898, 1957, 1994
Pour en savoir plus : institutions de l'Argentine
PRÉSENTATION GÉNÉRALE DE L'ARGENTINE

En dehors de sa bordure occidentale, montagneuse, appartenant à la cordillère des Andes, l'Argentine, grande comme cinq fois la France, est formée de plateaux au sud (Patagonie), de plaines à l'est (Pampa) et au nord (Chaco). Le climat, subtropical au nord, devient tempéré vers le Río de la Plata, froid en Patagonie et dans la Terre de Feu. Les produits de l'agriculture et de l'élevage (céréales, soja, vins, sucre, viande, peaux, laine) et le tourisme sont les fondements d'une économie qui, longtemps handicapée par un lourd endettement, alterne phases de croissance et crises graves (crise financière de 2001-2002 notamment). Le sous-sol recèle du pétrole et du gaz naturel, ainsi que de l’uranium. L'industrie est présente principalement vers Buenos Aires, dont l'agglomération concentre le tiers de la population du pays, peu densément peuplé dans son ensemble.

 

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