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Ve RÉPUBLIQUE |
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Ve République
Régime politique actuel de la France, la Ve République a vu sa Constitution massivement approuvée par référendum le 28 septembre 1958, où le oui l’a emporté avec près de 80 % des suffrages exprimés. Rappelé au gouvernement à la suite de la crise du 13 mai et investi des pleins pouvoirs, le général de Gaulle avait établi ce nouveau texte constitutionnel, qui limite les pouvoirs de l’Assemblée nationale au profit d’un pouvoir exécutif renforcé. Le président de la République, dont l’élection sera par la suite prévue au suffrage universel, nomme le chef du gouvernement, le Premier ministre, qui forme le gouvernement, dont les membres, s’ils sont parlementaires, doivent démissionner de leur mandat. Le président dispose entre outre d’une sorte de domaine réservé sur des questions spécifiques touchant notamment à la politique étrangère. Avec cette Constitution, la Ve République a pu surmonter les crises politiques et sociales (décolonisation, mai 1968) et permettre l’alternance politique et la cohabitation. Après la IIIe République, c’est le régime républicain français qui a la plus grande longévité.
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IVe RÉPUBLIQUE |
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IVe République
Régime de la France du 3 juin 1944 (formation du Gouvernement provisoire de la République française) au 5 octobre 1958 (promulgation de la Constitution de la Ve République).
1. L'installation d'un nouveau régime : une difficile période de transition (1944-1947)
1.1. Le Gouvernement provisoire (1944-1945)
Le Gouvernement provisoire de la République (GPRF), qui s'installe à Paris en août 1944, rétablit la légalité républicaine, niant au gouvernement de Vichy, toute légitimité. Il doit, entre autres tâches, mettre en place de nouvelles institutions. Le retour à celles de la IIIe République est écarté à une très forte majorité par le référendum du 21 octobre 1945.
La première Assemblée constituante (octobre 1945-juin 1946)
Le même jour est élue une Assemblée constituante dominée par les socialistes de la SFIO et les communistes, qui détiennent la majorité absolue, ainsi que par le Mouvement républicain populaire (MRP), fondé en novembre 1944 à Paris par des résistants démocrates-chrétiens. Radicaux et modérés n'y sont pratiquement pas représentés. Cette Assemblée désigne à l'unanimité le général de Gaulle comme chef de gouvernement (13 novembre 1945). Mais les malentendus apparaissent vite, entre ce dernier et les partis de l'Assemblée, sur la conception même du pouvoir. Hostile au projet constitutionnel de la majorité qui envivage de mettre en place un régime d'Assemblée unique aux pouvoirs très étendus, le général de Gaulle démissionne le 20 janvier 1946.
1.2. L'ère du tripartisme
Le gouvernement du socialiste Félix Gouin qui lui succède (janvier-juin 1946), inaugure l'ère du tripartisme, associant communistes, socialistes et MRP. Le projet de Constitution adopté par l'Assemblée (sans le concours du MRP) est rejeté par le référendum du 5 mai 1946.
La seconde Assemblée constituante
Une deuxième Assemblée constituante est alors élue (2 juin), dans laquelle le MRP prend la première place, ce qui permet à Georges Bidault de former le gouvernement (juin-novembre 1946). Cette Assemblée vote un nouveau projet qui, approuvé par référendum le 13 octobre 1946, devient la Constitution de la IVe République.
La Constitution d'octobre 1946
Solution de compromis entre les partisans de la prépondérance de l'Assemblée et d'un pouvoir exécutif fort, cette Constitution n'est approuvée qu'à une très faible majorité (il y a beaucoup d'abstentions). Peu différente du premier projet, la Constitution d'octobre 1946 institue un Conseil de la République purement consultatif, à côté d'une Assemblée nationale élue pour cinq ans, qui ne peut déléguer ses pouvoirs au gouvernment ; à la tête de celui-ci se trouve un président du Conseil, choisi par le président de la République ; mais il doit obtenir l'investiture par un vote favorable de la majorité absolue de l'Assemblée.
La Constitution de 1946 crée l'Union française, comprenant outre la métropole, l'Algérie, les départements d'outre-mer (Guyane, Guadeloupe, Martinique, Réunion), les territoires d'outre-mer (ex-Afrique-Équatoriale française, une partie de l'Afrique-Occidentale française, îles d'Océanie…), les territoires associés (Indochine, Maroc, Tunisie).
Les élections de 1946
La première Assemblée de la IVe République est élue le 10 novembre 1946 au suffrage universel, désormais étendu aux femmes, selon le système de la représentation proportionnelle. Si le parti communiste y progresse (il devient le premier parti de France), les socialistes SFIO et le MRP reculent.
Léon Blum forme un dernier gouvernement provisoire (16 décembre 1946-16 janvier 1947), jusqu'à la désignation par le Parlement du président de la République : Vincent Auriol, élu le 16 janvier 1947, désigne Paul Ramadier comme premier président du Conseil de la IVe République.
2. La fin du tripartisme : le gouvernement de la « troisième force » (1947-1952)
2.1. L'exclusion des communistes
La coalition entre socialistes, communistes et MRP, qui soutiennent le gouvernement Ramadier, ne dure pas. Dès mai 1947, le président du Conseil exclut du gouvernement les ministres communistes, qui ont désapprouvé ouvertement sa politique. Le rejet du PCF dans l'opposition entraîne des conséquences sur le plan social (grandes grèves de juin 1947-novembre 1948, qui aboutissent à la rupture de l'unité syndicale et à la création de Force ouvrière, en décembre 1947). Sur le plan parlementaire, le départ des communistes met fin au tripartisme et amène la constitution d'une coalition du centre, la « troisième force ». Celle-ci regroupe, jusqu'en 1952, les socialistes de la SFIO, le MRP, des radicaux et des modérés ; elle doit faire face tant à l'opposition des communistes qu'à celle des gaullistes, rassemblées au sein du Rassemblement du peuple français (RPF), créé en avril 1947.
Pour en savoir plus, voir l'article radicalisme.
2.2. Une instabilité ministérielle chronique
Mais la troisième force subit les contradictions internes qui opposent les socialistes et les libéraux (sur les problèmes scolaires et religieux, sur le plan économique et social), ce qui explique la grande instabilité ministériellle de cette période. À Paul Ramadier succède Robert Schuman (novembre 1947-juillet 1948), André Marie (juillet-août 1948), Henri Queuille (septembre 1948-octobre 1949) et G. Bidault (octobre 1949-juin 1950). Les partis de la troisième force s'associent, une dernière fois, aux élections législatives de 17 juin 1951 pour combattre, grâce à la réforme électorale des apparentements, les communistes et le RPF. Mais, si la troisième force conserve la majorité des sièges, malgré le grave échec du MRP (qui perd la moitié de ses électeurs), le RPF entre en force à l'Assemblée, où il devient le premier parti.
Le retrait des socialistes, en désaccord avec la loi Marie-Barangé d'aide à l'enseignement privé (votée le 21 septembre 1951), entraîne la dislocation progressive de la coalition sous les gouvernements René Pleven (août 1951-janvier 1952), puis Edgar Faure (janvier-février 1952).
Pendant cette période, le pays achève sa reconstruction et amorce son développement économique, mais ne résout pas le problème de l'inflation monétaire et de la hausse des prix, aggravé par la hausse des matières premières consécutive à la guerre de Corée (à partir de juin 1950). Le développement économique entrepris par le Commissariat au plan dirigé par Jean Monnet, est mené grâce à l'aide américaine et au plan Marshall.
2.3. Construction de l'Europe, pacte Atlantique et insurrections outre-mer
Après le « coup de Prague » (février 1948), qui marque le début de la guerre froide entre l'Est et l'Ouest, la France signe le pacte de l'Atlantique Nord (→ OTAN, avril 1949).
Parallèlement, elle se lance, sous l'impulsion de Robert Schuman, dans la construction de l'Europe (création de la CECA, avril 1951).
Outre-mer, les gouvernements se heurtent au développement des mouvements insurrectionnels en Afrique du Nord et surtout en Indochine, où le conflit contre le Viêt-minh, commencé en 1946, se tranforme en une véritable guerre à partir de 1949 (→ campagnes d'Indochine).
3. Les gouvernements de centre droit et la parenthèse Mendès France (1952-1956)
3.1. La valse des ministères
Après la rupture de la troisième force, le pouvoir est assuré par des ministères de centre droit. Antoine Pinay, président du Conseil en 1952, réussit à freiner l'inflation et rétablit la trésorerie (emprunt Pinay). Mais l'instabilité ministérielle demeure grande. René Mayer (janvier-mai 1953), puis Joseph Laniel (juin 1953-juin 1954) succèdent à Pinay. Le modéré René Coty accède à la présidence de la République le 23 décembre 1953.
L'aggravation des conflits outre-mer
Cette période est dominée par l'aggravation des conflits outre-mer. L'agitation politique se développe en Tunisie (arrestation de Bourguiba en février 1952), au Maroc (déposition du sultan Muhammad V en août 1953). Le désastre de Diên Biên Phu (7 mai 1954) en Indochine provoque la chute du gouvernement Laniel.
3.2. L'homme miracle : Mendès France
Joseph Laniel est remplacé par Pierre Mendès France, dont le cabinet (19 juin 1954-6 février 1955), qui s'appuie sur les radicaux, les gaullistes et une partie des modérés, tout en bénificiant du soutien des socialistes et de la neutralité des communistes, constitue une sorte de parenthèse dans l'évolution du régime vers le centre droit.
Mendès France met fin à la guerre d'Indochine en signant les accords de Genève, 21 juillet) et promet l'autonomie interne à la Tunisie (discours de Carthage, 31 juillet).
Le rejet du projet d'armée européenne (→ Communauté européenne de défense [CED]) par l'Assemblée nationale (30 août 1954) n'interrompt cependant pas l'engagement du pays dans la construction de l'Europe.
Mais le déclenchement de l'insurrection en Algérie (1er novembre 1954) sera à l'origine de la chute de Mendès France (→ guerre d'Algérie).
3.3. Le gouvernement Edgar Faure
Son successeur, Edgar Faure (février 1955-janvier 1956), reconstitue un gouvernement de centre droit et mène une politique d'expansion économique. Il rétablit le sultan du Maroc et conclut l'accord de la Celle-Saint-Cloud (novembre), qui prévoit l'indépendance du Maroc.
La violente opposition des radicaux, des socialistes et des communistes, notamment sur la politique algérienne, le conduit à dissoudre l'Assemblée nationale (1er décembre 1955). Les élections du 2 janvier 1956 sont marquées par le succès inattendu du poujadisme (→ Union de défense des commerçants et artisans [UDCA] de Pierre Poujade) et par la victoire du Front républicain, constitué par les radicaux fidèles à Mendès France, les socialistes SFIO, l'Union démocratique et socialiste de la Résistance (UDSR) de François Mitterrand.
4. L'échec du Front républicain, la crise du 13 mai 1958 et la fin du régime
4.1. Le gouvernement Guy Mollet
Le socialiste Guy Mollet forme un gouvernement (février 1956-mai 1957) soutenu par les communistes et le MRP. Mais la situation en Algérie se détériore rapidement. Conspué par les Européens d'Alger lors de la manifestation du 6 février 1956, Guy Mollet doit remplacer le ministre de l'Algérie, le général Catroux, par Robert Lacoste. Les difficultés s'aggravent à la suite de la capture des chefs de la révolution algérienne (dont Ben Bella) le 22 octobre 1956 et de l'échec de l'expédition de Suez (→ canal de Suez, octobre-décembre 1956), puis de la bataille engagée à Alger par le général Massu en janvier 1957.
En revanche, le gouvernement accorde l'indépendance au Maroc et à la Tunisie (mars 1956) et fait voter la loi-cadre Defferre (juin 1956) qui octroie une large autonomie à Madagascar et aux territoires français d'Afrique. Il signe le traité de Rome (25 mars 1957) instituant la Communauté économique européenne.
À l'intérieur, Guy Mollet réalise des réformes sociales (3e semaine de congés payés, création du Fonds national de solidarité), mais la situation économique et financière se dégrade. Contesté par la droite et l'extrême gauche, le gouvernement est renversé (mai 1957). Il est remplacé par des gouvernements de centre gauche présidés par des radicaux, qui ne peuvent trouver de majorité solide pour les soutenir et ne parviennent pas à résoudre le problème algérien, malgré le vote de la loi-cadre (janvier 1958). Le développement de l'inflation entraîne de nouveaux emprunts aux banques américaines, une nouvelle dévaluation et des avances de la Banque de France.
4.2. Le retour au pouvoir du général de Gaulle et la Constitution de 1958
Après une dernière et longue crise ministérielle (chute de Félix Gaillard, 15 avril 1958), la constitution du gouvernement Pierre Pflimlin (12 mai) provoque l'émeute d'Alger, où s'installe, avec l'accord de l'armée, un Comité de salut public (→ crise du 13 mai 1958) préside par le général Massu.
Ces événements favorisent le retour au pouvoir du général de Gaulle, qui apparaît alors comme seul capable de rétablir l'ordre. Après la démission de P. Pflimlin (28 mai), il devient président du Conseil, le 1er juin, constitue un gouvernement d'union nationale et obtient les pleins pouvoirs pour régler le problème algérien et préparer une nouvelle Constitution.
Celle-ci est approuvée par le référendum du 28 septembre 1958 (→ Constitution de 1958). La IVe République prend officiellement fin le jour de la promulgation de cette Constitution (4 octobre 1958). Le 8 janvier 1959, le président Coty transmet ses pouvoirs au général de Gaulle, élu le 21 décembre 1958 à la présidence de Ve République.
5. Un bilan contrasté
La crise algérienne est la cause directe de l'effondrement du régime, qui, plus généralement, n'a pas su résoudre l'ensemble des problèmes d'outre-mer. La IVe République a également été victime d'instabilité ministérielle chronique, liée à la pluralité et à la faiblesse des partis, minés par des divisions internes, ainsi qu'à l'obligation pour les partis du centre droit ou du centre gauche – en raison de l'opposition conjuguée de la droite et de l'extrême gauche – de gouverner ensemble malgré leurs divergences.
Mais, si les gouvernements successifs n'ont pas pu venir à bout d'une inflation presque continue, en revanche, la modernisation et l'expansion économique du pays constituent un bilan positif et la IVe République a résolument engagé la France dans la voie de la construction européenne.
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IIIe RÉPUBLIQUE |
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IIIe République
Régime de la France du 4 septembre 1870 au 10 juillet 1940.
1. De 1870 à 1919
1.1. La soudaine proclamation de la république
La révolution du 4 septembre
Léon Gambetta
À l'annonce du désastre de Sedan (1er septembre 1870) suivie le lendemain de celle de la capture de l'empereur Napoléon III, les milieux politiques réclament la déchéance du régime. À Paris, pendant que le Corps législatif délibère, la foule manifeste avec colère pour la république. Celle-ci est proclamée par Gambetta à l'Hôtel de Ville le 4 septembre 1870.
Le gouvernement de la Défense nationale (4 septembre 1870-12 février 1871)
Les républicains forment le gouvernement de la Défense nationale, qui reste dans Paris assiégé et envoie en province une délégation menée par Gambetta. Le 28 janvier 1871, il signe avec Bismarck un armistice prévoyant l'élection d'une Assemblée nationale. Celle-ci est élue le 8 février au terme d'élections transformées en référendum « la guerre ou la paix ». Les monarchistes, partisans de la paix, l'emportent largement sur les républicains, qui veulent la guerre à outrance.
La Commune (18 mars-27 mai 1871)
Réunie à Bordeaux, l'Assemblée nationale nomme Thiers chef du pouvoir exécutif. Avec Jules Favre, il conclut la paix avec l'Allemagne (préliminaires de Versailles, 26 février, confirmés par le traité de Francfort, 10 mai). L'Assemblée s'installe à Versailles. Contre elle éclate l'insurrection de la Commune (18 mars-27 mai 1871), réprimée impitoyablement par Thiers.
1.2. La fondation de la république
Thiers renversé
Celui-ci devient président de la République : la loi Rivet (août 1871), qui lui confère le pouvoir exécutif, le rend également reponsable devant l'Assemblée. Le pays se relève : le paiement de l'indemnité de guerre hâte la libération du territoire (1873). S'étant prononcé en faveur d'une république conservatrice (« La République sera conservatrice ou elle ne sera pas », message de Thiers à l'Assemblée nationale le 13 novembre 1872), Thiers est renversé par l'Assemblée (24 mai 1873) et remplacé par le maréchal Mac-Mahon.
L'amendement Wallon et la Constitution
La restauration semble imminente. Mais orléanistes et légitimistes ne peuvent s'entendre (octobre 1873). Le centre gauche orléaniste vote, avec les républicains, l'amendement Wallon (30 janvier 1875), qui introduit le mot « République », puis les trois lois constitutionnelles des 24 et 25 février et 16 juillet 1875, qui tiennent lieu de Constitution.
La Constitution fonde une véritable monarchie parlementaire avec un président, élu pour 7 ans par les deux chambres ; un ministère responsable ; un Sénat nommé pour 9 ans par les députés, les conseillers généraux, les délégués des conseils municipaux ; une Chambre des députés élue pour 4 ans au suffrage universel. Très souple, cette Constitution ne fera l'objet que de révisions très partielles (4-13 août 1884), mais sera interprétée dans un sens de plus en plus démocratique (suppression des sénateurs inamovibles, décembre 1884).
La crise de mai 1877
S'étant séparée le 31 décembre 1875, l'Assemblée nationale est remplacée, le 8 mars 1876 (élections des 20 février et 5 mars 1876), par une Chambre des députés à forte majorité républicaine, mais les conservateurs restent légèrement majoritaires au Sénat. Inquiet de cette évolution vers la gauche, Mac-Mahon renvoie Jules Simon (→ crise du 16 mai 1877) et constitue un ministère d'Ordre moral, présidé par le duc de Broglie, aussitôt mis en minorité par la Chambre (16 juin 1877). Avec l'accord du Sénat, le chef de l'État dissout la Chambre (25 juin).
Après une campagne menée pour les républicains par Gambetta sur le thème « se soumettre ou se démettre », les électeurs réélisent, en octobre, une majorité de républicains qui contraint Mac-Mahon à rappeler Dufaure (décembre 1877). En janvier 1879, les républicains deviennent majoritaires au Sénat et Mac-Mahon se démet (30 janvier 1879).
1.3. La République des républicains (1879-1890)
L'instabilité ministérielle
Il est remplacé par Jules Grévy, dont l'élection consacre l'avènement de la « République des républicains » (1879-1890). Ceux-ci concrétisent leur succès en décidant le retour des chambres à Paris (novembre 1879) et en votant une loi d'amnistie en faveur des condamnés de la Commune (juillet 1880). La majorité est divisée entre opportunistes et radicaux. Les premiers souhaitent réaliser progressivement des réformes, les seconds voudraient les précipiter. Mais les uns et les autres sont issus de la bourgeoisie et peu soucieux de réformes sociales. C'est en marge du monde politique que s'exprime, à partir de 1877, le mouvement socialiste. Un homme, Gambetta, pourrait donner au régime une impulsion vigoureuse, mais Grévy l'écarte longtemps de la présidence du Conseil. Quand il l'obtient, en butte à de nombreuses oppositions, son « grand ministère » est vite renversé (novembre 1881-janvier 1882).
Le ministère Ferry (1880-1885)
L'instabilité ministérielle devient une règle en France. Seul Jules Ferry parvient à se maintenir longtemps au pouvoir (il est notamment président du Conseil de septembre 1880 à novembre 1881 et de février 1883 à mars 1885). L'œuvre de Ferry présente un triple aspect, politique, scolaire et colonial :
– affermissement du régime par l'organisation des libertés publiques de réunion (juin 1881), de la presse (28 juillet 1881) et syndicales (1884) ;
– institution de l'école primaire gratuite (16 juin 1881), laïque et obligatoire (28 mars 1882) ;
– expansion coloniale (Tunisie, 1881 ; Afrique noire ; Madagascar et Indochine).
Cette politique mécontente la droite et la gauche, préoccupées essentiellement par la question de l'Alsace-Lorraine. Animée par Clemenceau, cette double opposition chasse Ferry du pouvoir à la faveur de l'incident de Lang Son (30 mars 1885).
La crise boulangiste
La République opportuniste a déçu beaucoup de Français. La crise de la présidence, déclenchée par l'affaire du trafic de décorations autour de Wilson, gendre de Jules Grévy, entraîne la démission du président de la République. Les mécontents ont trouvé un syndic en la personne du général Boulanger, ministre de la Guerre de janvier 1886 à mai 1887, dont la position a été renforcée lors d'un incident de frontière avec l'Allemagne (affaire Schnæbelé, avril 1887). D'abord acclamé par les foules, il reçoit ensuite l'appui de la plupart des conservateurs, dont le ralliement à l'idée nationaliste marque une évolution décisive. Mis à la retraite (1888), Boulanger se fait élire député dans de nombreux départements, mais, le 27 janvier 1889, laisse passer l'occasion de s'emparer du pouvoir.
Exposition universelle de 1889
Malgré les crises politiques, la prospérité matérielle de la France se manifeste lors de l'Exposition universelle de 1889 et par la réalisation rapide du plan Freycinet, élaboré en 1878, qui rénove l'ensemble des moyens de transport, en particulier le réseau ferroviaire. L'armée retrouve sa puissance. Les difficultés existent pourtant, surtout en matière financière : krach de l'Union générale (1882), qui suscite la méfiance des prêteurs à l'égard des placements industriels ; stagnation des affaires, qui provoque le chômage, puis le retour au protectionnisme (tarif douanier de Méline, 1892). Depuis 1870, la France était restée isolée en face de la Triple-Alliance (Allemagne, Autriche-Hongrie, Italie) et de l'Angleterre, sa rivale outre-mer. En 1891, la politique de Guillaume II, qui n'a pas renouvelé le traité avec la Russie (1890), amène le gouvernement de Saint-Pétersbourg à conclure avec la France un accord diplomatique (1891), puis une convention militaire (1892) [→ alliance franco-russe].
1.4. La République modérée : le temps des crises (1890-1899)
En dépit du scandale de Panamá, en dépit aussi des attentats anarchistes entre 1892 et 1894 (assassinat du président de la République Sadi Carnot, juin 1894), le régime paraît définitivement consolidé. Les partis monarchistes s'affaiblissent de plus en plus aux élections de 1889 et 1893, tandis que s'opère le ralliement des catholiques à la République, prôné par le pape Léon XIII (février 1892) et concrétisé par la formation (avril. 1890) d'un groupe politique catholique, la « droite républicaine » de Jacques Piou. La stabilité des institutions républicaines est telle que la tentative faite par le président de la République, Jean Casimir-Perier, pour utiliser réellement ses pouvoirs aboutit à un échec sans conséquences politiques (27 juin 1894-15 janvier 1895). L'affaire de Panamá ayant provoqué un renouvellement du personnel politique (→ Poincaré, Delcassé, Leygues, Barthou), le gouvernement de la République passe aux républicains modérés, conservateurs et protectionnistes, qui s'incarnent en Méline, président du Conseil d'avril 1896 à juin 1898. Mais, à partir de 1897, le pays est bouleversé par l'affaire Dreyfus, qui déchire la société française entre deux courants antagonistes.
1.5. La République radicale (1899-1909)
L'affaire Dreyfus a déterminé un glissement à gauche de la majorité, la constitution d'un ministère de Défense républicaine, dirigé par Waldeck-Rousseau (juin 1899-juin 1902), et le regroupement des républicains en un Bloc des gauches, à l'intérieur duquel les socialistes et les radicaux s'unissent.
La politique anticléricale d'Émile Combes
Chute du ministère Combes suite à l'affaire des Fiches
La loi du 1er juillet 1901 sur les associations, qui refuse la liberté aux seules associations confessionnelles, porte un coup très dur aux congrégations religieuses enseignantes. Soutenu par le Bloc des gauches, Combes (1902-1905) accentue la politique anticléricale. En 1904, le gouvernement rompt les relations diplomatiques avec le Saint-Siège. Mais, à la suite des critiques suscitées par la politique du ministre de la Marine, Camille Pelletan, et du ministre de la Guerre, le général André (→ affaire des Fiches), Combes doit démissionner (janvier 1905) avant que ne soit votée la loi qui institue la séparation des Églises et de l'État (9 décembre 1905).
La politique étrangère
La diplomatie française, dirigée depuis 1898 par Théophile Delcassé, s'est d'abord employée à resserrer l'Alliance franco-russe (protocole d'état-major de 1900). Puis elle s'est attachée à améliorer les relations franco-italiennes (accords de 1898, 1900 et 1902) et franco-britanniques : l'accord colonial du 6 avril 1904 liquide les questions sur lesquelles la France et l'Angleterre étaient en rivalité, en particulier depuis l'incident de Fachoda (1898). Ce sera le fondement de l'Entente cordiale, bientôt élargie en une Triple-Entente, qui regroupe, autour de la France et grâce à sa médiation en 1907 (accord colonial anglo-russe), ses alliés, la Grande-Bretagne et la Russie. L'Angleterre et l'Italie ayant laissé les mains libres à la France au Maroc, Guillaume II, qui craint d'être encerclé, déclare à Tanger qu'il ne permettra pas que soit porté atteinte à l'indépendance marocaine (31 mars 1905). Delcassé, ayant poursuivi sa politique sans se soucier de l'état de l'armée française, se trouve en conflit avec le président du Conseil, Maurice Rouvier, qui, de peur d'une guerre désastreuse, sacrifie son ministre des Affaires étrangères sous la pression de l'Allemagne (6 juin 1905). Se chargeant du portefeuille des Affaires étrangères, Rouvier accepte la réunion de la conférence d'Algésiras (janvier-avril 1906).
L'agitation sociale
Le développement de l'industrie pose des problèmes économiques et sociaux nouveaux. Les ouvriers et les petits fonctionnaires multiplient leurs revendications Leur action est facilitée par leur adhésion aux Bourses du travail et à la Confédération générale du travail (CGT), née en 1895. Partisans du recours au sabotage (anarcho-syndicalisme) et à la grève générale pour obtenir satisfaction, les syndicalistes créent une agitation sociale (→ charte d'Amiens, 1906). Si l'opposition conservatrice est réduite à l'impuissance, les socialistes (Guesde et Jaurès), qui se sont regroupés en un parti socialiste unifié en 1905 (→ Section française de l'Internationale ouvrière [SFIO]), après le congrès de l'Internationale socialiste d'Amsterdam de 1904, rompent avec les radicaux. La rupture s'aggrave quand Clemenceau, devenu président du Conseil (octobre 1906-juillet 1909), brise par la force les grèves ouvrières, celles des fonctionnaires et les manifestations des vignerons du Midi.
1.6. La République et la marche à la guerre (1909-1914)
Expansion coloniale
Aristide Briand, devenu chef du gouvernement (24 juillet 1909-27 février 1911), cherche, sous le signe de l'« apaisement », des combinaisons nouvelles entre les partis et les groupes parlementaires qui acquièrent la représentation proportionnelle à leur effectif au sein des différentes commissions (1910). En juin 1911, Joseph Caillaux constitue un gouvernement qui se heurte très vite à une nouvelle menace allemande par le biais du problème marocain (envoi d'un navire de guerre allemand en rade d'Agadir (→ affaire d'Agadir,1er juillet 1911). Redoutant une guerre européenne, le gouvernement cède à l'Allemagne une partie du Congo français contre la liberté d'action de la France au Maroc (4 novembre 1911) et, en 1912, celle-ci y proclame son protectorat. Mais cette transaction provoque des protestations, et Caillaux doit céder le pouvoir à Raymond Poincaré (janvier 1912), qui accède à la présidence de la République en février 1913.
Rétablissement du service de trois ans
Si la France est alors la seconde puissance coloniale et un grand pays d'épargne, des points noirs subsistent : la stagnation démographique (en 1913, 39 800 000 Français contre 66 millions d'Allemands), et de nombreuses difficultés intérieures et extérieures altèrent le climat politique. L'augmentation par l'Allemagne de ses effectifs sous les drapeaux (juillet 1913) oblige le Parlement français à rétablir le service de trois ans (7 août 1913), ce qui mécontente d'autant plus la gauche qu'elle ne peut obtenir du Parlement le vote de l'impôt sur le revenu, réclamé par les radicaux (projet de Caillaux) et par les socialistes, ni celui de la représentation proportionnelle, demandée par les socialistes. Ainsi s'expliquent la chute de Barthou (décembre 1913), responsable de la loi des trois ans, la reconstitution du Bloc des gauches (radicaux-socialistes et socialistes) et le résultat des élections favorable à ces derniers. Le nouveau gouvernement dirigé par Viviani doit alors faire voter par le Sénat l'impôt sur le revenu, mais il retarde l'abrogation du service de trois ans en raison de la tension internationale.
1.7. La République et la Première Guerre mondiale (1914-1919)
L'« Union sacrée »
La situation balkanique s'aggrave brusquement à la suite de l'assassinat, à Sarajevo, de l'archiduc François-Ferdinand (28 juin 1914). La menace de guerre exalte le nationalisme français et aboutit à l'assassinat de Jaurès (31 juillet 1914). Tous les partis acceptent la mobilisation générale, qui s'opère dans l'enthousiasme. Ainsi se réalise l'« Union sacrée », réclamée par Poincaré au moment de la déclaration de guerre de l'Allemagne à la France (3 août). Pendant la guerre, tous les cabinets comprennent des représentants de presque tous les partis, y compris le chef socialiste Jules Guesde, ministre d'État du 26 août 1914 au 12 décembre 1916.
Mais une grave crise éclate en 1916-1917. La révolution russe prive la France d'un allié, l'usure de la guerre et l'échec de l'offensive de 1917 provoquent un certain défaitisme et des mutineries. Les ministères Ribot, puis Painlevé n'ont plus d'autorité sur la Chambre, dont certains membres sont favorables à la négociation de la paix, ce qui permet à la droite de lancer une campagne contre Malvy, le ministre de l'Intérieur, accusé de ne pas soutenir la résistance.
Le retour de Clemenceau
Après la rupture de l'Union sacrée, Clemenceau redevient président du Conseil (16 novembre 1917-18 janvier 1920) et instaure une dictature de fait, respectant les formes constitutionnelles, mais n'hésitant pas à frapper les hommes politiques soupçonnés de vouloir négocier (Malvy, Caillaux). L'armistice de Rethondes (11 novembre 1918) est accueilli par des transports de joie. Mais la victoire a été chèrement payée : près de 1 390 000 Français tués, 740 000 invalides, d'immenses destructions, un écrasant endettement, la perte de tous les avoirs à l'étranger, le franc privé de sa base. La France est exsangue et partiellement ruinée, mais elle ne s'en rend pas compte : l'Alsace-Lorraine récupérée paraît justifier le sang répandu; quant aux pertes matérielles, on pense y faire face en répétant « l'Allemagne paiera ».
Pour en savoir plus, voir l'article Première Guerre mondiale.
2. L'entre-deux-guerres : 1919-1940
2.1. L'après-guerre : les illusions de la victoire et de la prospérité (1919-1932)
L'euphorie de la victoire et de la paix retrouvée masque, pendant ces « années folles », la gravité des problèmes issus de la guerre et auxquels les gouvernements successifs devront faire face : déclin démographique, bouleversements économiques et financiers, transformation des mentalités, évolution des relations internationales... Du moins, la France va-t-elle bénéficier, durant cette période, d'une expansion économique réelle.
Le Bloc national
La question prioritaire est désormais de « gagner la paix » (Clemenceau) et d'aménager, au mieux des intérêts français, une victoire chèrement acquise. Or, ni la conférence de la paix (Paris, janvier 1919) ni le traité de Versailles (28 juin 1919), que les États-Unis refusent de ratifier, n'accordent à la France des garanties suffisantes. La majorité de droite du Bloc national, issue des élections de novembre 1919, favorable à une politique de sécurité traditionnelle, veut faire appliquer sans concession le traité de Versailles et « faire payer l'Allemagne ».
Comment lutter contre le bolchevisme ?
Par ailleurs, sa crainte du bolchevisme, renforcée par la constitution, en 1920, d'un parti communiste français (→ congrès de Tours), l'incite à remplacer l'alliance russe par un rapprochement avec la Pologne (pacte de février 1921) et avec les pays de la Petite-Entente (Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Roumanie), créant ainsi à la France des obligations à l'Est.
La politique de fermeté du Bloc national est incarnée par Poincaré, qui, après Millerand et Briand, accède à la présidence du Conseil (janvier 1922-juin 1924). L'Allemagne ne pouvant s'acquitter des réparations (→ question des réparations), il fait occuper militairement la Ruhr (janvier 1923), contraignant l'adversaire à capituler (septembre 1923). Mais, devant l'hostilité de la Grande-Bretagne et des États-Unis, auxquels la France est liée par des dettes de guerre, il doit accepter d'évacuer la Ruhr en échange d'un nouvel accord sur les réparations (→ plan Dawes, 1924).
À l'intérieur, le Bloc national mène une politique de redressement économique et surtout financier, destinée à lutter contre l'instabilité monétaire (chute du franc) et l'inflation, phénomènes nouveaux issus de la guerre. Le gouvernement Poincaré augmente notamment les impôts de 20 % (vote du double décime) en 1924, provoquant un mécontentement qui sera bientôt exploité par l'opposition.
Le Cartel des gauches
Les forces de gauche, affaiblies par l'échec des grèves de 1919-1920, par la scission de Tours (décembre 1920), qui met fin à l'unité socialiste, et par la rupture syndicale de 1921, qui entraîne la création de la CGT unitaire, se sont cependant rassemblées pour permettre, en mai 1924, la victoire du Cartel des gauches. La SFIO soutient, sans y participer, le gouvernement radical formé par Herriot (juin 1924-avril 1925). Celui-ci se heurte bientôt à de graves obstacles (exode des capitaux, défiance des épargnants) qui relancent la crise monétaire et l'inflation, provoquant finalement sa démission.
Ses successeurs, Painlevé (avril-novembre 1925) et Briand (novembre 1925-juillet 1926), s'engagent dans la voie d'une politique internationale nouvelle, conciliatrice, axée sur l'arbitrage de la Société des Nations (SDN) et qui se traduit par le pacte de Locarno, en octobre 1925 (alliance avec l'Angleterre, rapprochement avec l'URSS et l'Allemagne). Mais la persistance de la crise financière met fin au Cartel.
De la reprise de l'économie à la « politique de prospérité »
Le retour de Poincaré, qui forme un cabinet d'union nationale (juillet 1926-juillet 1929), dont sont exclus les socialistes, suffit à renverser le mouvement : confiance et capitaux reviennent. Poincaré stabilise le franc en le dévaluant de 4/5 par rapport à sa valeur d'avant-guerre, opération qui rétablit la paix monétaire et l'équilibre budgétaire jusqu'à la grande crise et qui permet une reprise économique sensible. Les élections d'avril 1928 sont remportées par les modérés, qui vont conserver presque sans interruption le contrôle du gouvernement de 1929 à 1932, sous la présidence notamment de Briand (juillet-octobre 1929), Tardieu (novembre 1929-décembre 1930 ; février-mai 1932) et Laval (janvier 1931-février 1932). Ceux-ci mènent désormais une « politique de prospérité » (A. Tardieu) qui se traduit par un certain nombre de mesures sociales (allocations familiales, assurances sociales, extension de la gratuité de l'enseignement secondaire...).
Ministre des Affaires étrangères presque en permanence d'avril 1925 à janvier 1932, Briand poursuit une politique pacifiste : entrevue avec Stresemann (septembre1926) ; pacte Briand-Kellogg (août 1928), par lequel la France renoue avec les États-Unis ; plan Young (juin 1929) fixant une nouvelle fois, en les diminuant, les réparations ; conférence de La Haye (août 1929), prévoyant avant juin l'évacuation par la France de la zone de Mayence. (En réponse à cette mesure, qui rend possible le réarmement allemand, le gouvernement décide la construction de la ligne Maginot.) Mais déjà les scandales financiers (affaire Hanau, décembre 1928 ; affaire Oustric, octobre 1930) annoncent la période de crise qui va suivre.
2.2. La France touchée par la crise (1932-1938)
Le parti radical et l'essor des ligues d'extrême droite
La crise économique mondiale atteint la France en 1931-1932. Elle se traduit par une chute de la production industrielle, des faillites et un chômage sans précédent, et s'accompagne d'une crise sociale, politique et, bientôt, diplomatique. À l'intérieur, l'instabilité ministérielle se développe. La droite perd la majorité au profit des radicaux et des socialistes, lors des élections de 1932. Édouard Herriot forme un gouvernement (juin-décembre 1932) qui est rapidement attaqué par la droite et l'extrême droite. La dégradation du régime politique, l'insuffisance de ses institutions, son incapacité à affronter les problèmes nouveaux de la récession paraissent évidentes : faiblesse de l'exécutif, totalement dépendant du législatif, majorités fragiles et changeantes. Le parti radical, qui domine la vie parlementaire (aucune majorité, aucun gouvernement ne peut se faire sans lui), joue un rôle ambigu entre la droite et la gauche, contribuant à l'immobilisme gouvernemental. Cette faiblesse développe dans le pays un vaste courant antiparlementaire qui se traduit par l'essor des ligues d'extrême droite (Jeunesse patriote de Taittinger, Croix-de-Feu de de La Rocque, Redressement français d'Ernest Mercier, Action française, francisme). L'accentuation des effets de la crise, le scandale Stavisky (1933) facilitent la montée des oppositions de droite comme de gauche. L'agitation culmine avec la manifestation du 6 février 1934, organisée par l'extrême droite et qui est suivie d'une contre-manifestation de la gauche (le 9).
Après la démission de Daladier, Gaston Doumergue forme un cabinet d'union nationale (février-novembre 1934) avec Herriot, Tardieu, Barthou et, au ministère de la Guerre, le maréchal Pétain. Les gouvernements de droite qui se succèdent ensuite doivent affronter la montée des tensions extérieures liées à l'avènement de Hitler (janvier 1933).
Les échecs de Laval
Laval, ministre des Affaires étrangères depuis octobre 1934, puis président du Conseil de juin 1935 à janvier 1936, doit renoncer à faire payer l'Allemagne, qui est la plus touchée par la récession, et ne peut empêcher le plébiscite favorable de la Sarre (janvier 1935). Recherchant un système de sécurité pour la France, il conclut des accords avec l'Italie et l'Angleterre (→ Stresa, avril 1935), avec l'URSS (mai 1935) pour s'opposer à l'éventualité de l'Anschluss et au réarmement de l'Allemagne. Cependant, le rétablissement par Hitler du service militaire obligatoire (mars 1935) et la réoccupation de la Rhénanie (mars 1936) constituent une violation flagrante du traité de Versailles, qui laisse la France sans réaction. Cet échec diplomatique se double d'un échec sur le plan social : la politique de déflation de Laval, les décrets-lois diminuant de 10 % les loyers, les dépenses publiques et les traitements des fonctionnaires, provoquent un violent mécontentement populaire et la chute du gouvernement.
Pour en savoir plus, voir l'article crise de 1929.
Le Front populaire
Le Front populaire, qui s'est dessiné à partir de 1934, en réaction contre le développement des mouvements fascistes en France (unité d'action entre socialistes et communistes, fusion de la CGT et de la CGTU en janvier 1936, alliance avec les radicaux), gagne les élections d'avril-mai 1936.
Le Rassemblement populaire
Le socialiste Léon Blum devient président du Conseil, avec le soutien (sans la participation) des communistes (juin 1936), alors que se développe dans l'ensemble du pays un vaste mouvement de grèves spontanées. Les accords Matignon (7 juin 1936), suivis de nombreuses lois sociales, entraîneront une amélioration sensible de la condition ouvrière. Le Front populaire, violemment combattu par l'extrême droite (parti social français, parti populaire français, la Cagoule), se heurte à l'hostilité des milieux d'affaires (fuite des capitaux).
Après les réformes, Léon Blum annonce une pause (mars 1937) mal acceptée par la gauche, puis, après avoir demandé en vain au Sénat les pleins pouvoirs en matière financière, doit démissionner (21 juin 1937). Son remplacement par le radical Camille Chautemps (juin 1937-mars 1938) marque le déclin du Front populaire, qui achève de se disloquer après un second cabinet Blum (mars-avril 1938).
Pour en savoir plus, voir l'article Front populaire.
2.3. Des accords de Munich à la chute du régime (1938-1940)
Le gouvernement Daladier
L'abandon de la politique du Front populaire est aussi dû à l'évolution de la situation internationale et au développement du péril hitlérien (l'Anschluss est réalisé en mars 1938). Le gouvernement Daladier, auquel participent les modérés, espère sauver la paix en acceptant la cession des Sudètes à l'Allemagne, malgré le traité d'assistance conclu avec la Tchécoslovaquie en 1925 : les accords de Munich (septembre 1938) sont accueillis avec soulagement par l'opinion française, animée d'un pacifisme viscéral, né de la dernière guerre. Mais ces concessions encouragent l'Allemagne à poursuivre la conquête de son « espace vital » (annexion par Hitler de la Bohême-Moravie, mars 1939).
Parallèlement, le gouvernement entreprend un redressement économique et financier rendu possible par une conjoncture mondiale plus favorable. Paul Reynaud, nommé ministre des Finances en novembre 1938, procède par décrets-lois pour aménager les 40 heures et dévaluer le franc, afin de restaurer la confiance et de réduire les prix de revient industriels. Une politique de natalité est entreprise pour remédier à la faiblesse démographique et militaire du pays face à l'Allemagne. La France sort peu à peu de la crise, mais cette reprise est trop tardive. Après la conclusion du pacte germano-soviétique de non-agression (août 1939), Hitler attaque la Pologne (septembre 1939), contraignant cette fois la Grande-Bretagne et la France à déclarer la guerre (3 septembre).
La « drôle de guerre »
Commence alors une période d'attente et de tension, la « drôle de guerre » (septembre 1939-mai 1940), pendant laquelle l'armée française occupe la ligne Maginot. À l'intérieur, le parti communiste est dissous ; le départ de ses députés, déchus de leur mandat, entraîne le déplacement de la majorité vers la droite. L'Assemblée contraint Daladier à démissionner (mars 1940) au profit de Paul Reynaud.
La défaite de la France
Mais l'armée française ne résiste pas à l'offensive allemande des Ardennes (10 mai 1940). La percée de Sedan permet aux Allemands de contourner la ligne Maginot et d'encercler les Alliés à Dunkerque (4 juin). Pétain, nommé vice-président du Conseil (18 mai), et Weygand, nommé généralissime le 19, ne peuvent empêcher le désastre et se déclarent partisans de l'armistice immédiat, auquel s'oppose une partie du gouvernement, animée, autour de P. Reynaud, par l'espoir de poursuivre la lutte outre-mer. Mais Reynaud est mis en minorité et doit démissionner à Bordeaux (16 juin), où le gouvernement s'est réfugié.
Le suicide de la IIIe République
Les présidents de la République de 1871 à 1913
Reynaud est remplacé par Pétain, qui signe l'armistice le 22 juin avec l'Allemagne, tandis que, à Londres, le général de Gaulle lance le fameux appel du 18 juin, marquant les débuts de la « France libre ». Pierre Laval, devenu vice-président du Conseil le 23 juin, prend une influence grandissante au sein du gouvernement, paralysé par l'ampleur de la défaite. Il obtient de l'Assemblée nationale réunie à Vichy (10 juillet) le vote des pleins pouvoirs au maréchal Pétain, avec mission de donner à la France une nouvelle Constitution. Ce vote, obtenu par 569 voix contre 80 (et 17 abstentions), met fin à la IIIe République. Dès le 12 juillet, Pétain se proclame chef de l'État français, congédie le président de la République, Albert Lebrun, et les chambres. (Le mandat des parlementaires sera officiellement abrogé en 1942.) Comme en 1815 et en 1871, le régime s'écroule, victime de la défaite militaire de 1940.
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IIe RÉPUBLIQUE |
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IIe République
Régime de la France du 25 février 1848 au 2 décembre 1851.
1. La Constitution de 1848
La République est proclamée par le Gouvernement provisoire le 25 février 1848, au lendemain de l'abdication de Louis-Philippe. Elle doit d'abord faire face aux remous de la révolution de février. Elle ne trouve son équilibre qu'après que l'Assemblée constituante, élue le 23 avril 1848, a élaboré une nouvelle Constitution, promulguée le 4 novembre. Le préambule réaffirme les grands principes de la Révolution – Égalité, Fraternité, Liberté – (y compris celle de l'enseignement), la souveraineté du peuple, la défense de la propriété et reconnaît l'existence de droits et de devoirs antérieurs aux lois, mais rejette le droit au travail (seul est reconnu le droit à l'assistance).
La Constitution instaure un régime présidentiel de type américain. Le législatif est confié à une seule chambre de 750 députés élus au suffrage universel (les fonctionnaires ne sont pas éligibles). L'exécutif revient à un président de la République élu au suffrage universel pour 4 ans (non rééligible), doté d'importants pouvoirs : il nomme et révoque les ministres, dispose de la force armée et du droit de grâce.
La Constitution crée ainsi deux pouvoirs égaux et rivaux sans leur fournir les moyens de résoudre les conflits qui peuvent surgir entre eux : le président ne peut dissoudre l'Assemblée, mais il n'est pas responsable devant elle. De plus, la Constitution n'implique pas que le ministère doive se retirer devant un vote de défiance de l'Assemblée. Entre les deux pouvoirs, « il n'y avait de sûr que la guerre qu'ils se feraient et la ruine de la République » (Tocqueville).
2. La réaction au pouvoir
Après l'élection du candidat des conservateurs, Louis Napoléon Bonaparte, à la présidence de la République (décembre 1848), des conflits surgissent entre la Constituante et le ministère présidé par Odilon Barrot. Mais, aux élections législatives (13 mai 1849), les républicains modérés sont écrasés (70 sièges), tandis que le parti de l'Ordre (formé de royalistes, légitimistes et orléanistes, et de quelques bonapartistes) triomphe avec plus de 450 élus et s'installe au pouvoir.
2.1. La défense de l'ordre et la lutte contre l'opposition démocratique
La première préoccupation du ministère, toujours dirigé par Odilon Barrot et où Tocqueville prend le portefeuille des Affaires étrangères, est la défense de l'ordre et la lutte contre l'opposition démocratique : les républicains avancés (→ Montagnards) ont obtenu 180 sièges aux élections.
Le 13 juin 1849, une manifestation organisée par les Montagnards contre l'intervention française à Rome sert de prétexte à une active répression : les chefs de l'opposition, Ledru-Rollin, Félix Pyat, Delescluze, Considérant, sont contraints à la fuite ; le 19 juin, clubs et réunions politiques sont interdits pour un an ; le 27 juillet, la liberté de la presse est restreinte ; le 9 août passe une loi sur l'état de siège. Dans le domaine social, la loi du 27 novembre 1849 interdit le droit de grève.
Isolé, mésestimé par les conservateurs, dont Thiers, le prince-président a été laissé à l'écart du gouvernement. Mais la majorité, désirant son appui pour les lois qu'elle prépare, ne peut qu'admettre le renvoi du ministère et le message de Louis Napoléon (31 octobre 1849) dans lequel il revendique le droit de choisir ses ministres. Il forme un cabinet extraparlementaire de familiers (Fould aux Finances, Rouher à la Justice, Parieu à l'Instruction publique) qui s'associe à la majorité pour faire accepter la loi Parieu, remettant la nomination des instituteurs aux préfets, puis, le 15 mars 1850, la loi Falloux, proclamant la liberté de l'enseignement secondaire et avantageant le clergé.
Les progrès des Montagnards aux élections partielles du printemps de 1850 inquiètent les conservateurs, qui votent une loi limitant le suffrage universel (31 mai 1850) : pour être électeur, il faut avoir désormais résidé trois ans dans le canton, et les condamnés politiques sont exclus. Enfin, le 16 juillet 1850, une loi sur la presse rétablit définitivement le cautionnement et impose une taxe aux journaux (timbre). L'objectif des conservateurs était, en fait, d'aboutir à une restauration monarchique, mais les désaccords entre légitimisteset orléanistes ont rendu cette solution impossible.
3. Le conflit entre le prince-président et l'Assemblée
L'échec de cette tentative renforce la position du prince-président, qui a pour but de rétablir l'Empire. À cet effet, il s'est créé une clientèle et s'appuie sur des sociétés bonapartistes et des journaux (le Napoléon). Détournant à son profit le mécontentement suscité par la permanence de la crise économique et par la politique de l'Assemblée, il critique celle-ci lors de ses voyages en province (Est, Normandie, été 1850). Il parvient à gagner l'armée par des mesures en faveur de la troupe. Le 10 octobre, au cours d'une revue à Satory, la cavalerie crie « Vive Napoléon ! », ce qui provoque un incident avec le général Changarnier, commandant de la Garde nationale et des troupes de Paris.
Sa destitution en janvier 1851 débouche sur un conflit ouvert entre l'Assemblée et le prince-président. Non rééligible en 1852, Louis Napoléon tente alors d'obtenir une révision de la Constitution. Il est soutenu par un « Comité pour la réélection » (mars 1851) qui, au cours d'une campagne de pétitions, réunit plus d'un million de signatures. Mais, le 19 juillet, la révision, venue en discussion à l'Assemblée à la demande du ministère et des conseils généraux, n'obtient pas la majorité des trois quarts, requise par la Constitution. Dès lors, le président n'a plus, pour prolonger ses pouvoirs, que la voie du coup d'État.
4. Le coup d'État du 2 décembre 1851
Le prince-président s'est entouré d'hommes de confiance : Morny, son demi-frère ; Fialin (futur → duc de Persigny) ; le colonel Fleury, chargé du recrutement des officiers. Deux généraux fidèles, Saint-Arnaud et Magnan, sont placés à la tête des troupes de Paris et de la Garde nationale. La propagande s'intensifie, mettant l'accent à la fois sur le danger socialiste etsur l'incapacité et le caractère réactionnaire de l'Assemblée.
En proposant l'abrogation de la loi électorale et le rétablissement du suffrage universel, que l'Assemblée rejette (13 novembre), Louis Napoléon discrédite celle-ci aux yeux du pays. Le coup d'État a lieu le 2 décembre 1851. Au petit matin, un appel au peuple et à l'armée et deux décrets sont affichés. Ils annoncent le rétablissement du suffrage universel, la dissolution de l'Assemblée et la convocation du peuple à un plébiscite pour reconnaître l'autorité de Louis Napoléon. Le palais Bourbon est occupé par la troupe ; Thiers, Changarnier, Cavaignac sont arrêtés. Des députés monarchistes (O. Barrot, Berryer) tentent de résister à la mairie du Xe arrondissement, mais ils sont dispersés ou arrêtés par la troupe.
Un comité de résistance républicaine (→ Schoelcher, Jules Favre, Victor Hugo) s'efforce de soulever Paris : le 3 décembre, le député Baudin est tué sur une barricade, mais les ouvriers ne bougent pas. Le 4 décembre, l'armée tire sur la foule qui manifeste sur les boulevards. Paris est maté, mais la résistance est plus vive en province : 32 départements sont mis en état de siège et les milieux républicains sont décimés (27 000 arrestations). Pourtant, le plébiscite (21 et 22 décembre) est un succès (7 millions et demi de « oui »). Il maintient Louis Napoléon et lui délègue le pouvoir constituant. Minée par la peur sociale, la IIe République aboutit à la dictature et bientôt à l'Empire.
Pour en savoir plus, voir l'article coup d'État du 2 décembre 1851.
5. Vers l'Empire
Louis Napoléon fait d'abord rédiger, en quelques jours, une nouvelle Constitution, promulguée le 14 janvier 1852. Le pouvoir législatif est partagé entre trois assemblées : le Conseil d'État, nommé par le chef de l'État, est chargé de préparer, sur son initiative, les projets de loi soumis à un Corps législatif, élu tous les six ans au suffrage universel, qui vote le budget et ne se prononce sur les projets de loi que lorsque le Sénat, formé de membres nommés à vie par le président, en a contrôlé la constitutionnalité. Si le pouvoir législatif est ainsi affaibli, le pouvoir exécutif est renforcé et le mandat du président est porté à 10 ans.
S'étant assuré le contrôle du Corps législatif par la pratique de la candidature officielle (soulignée par l'« affiche blanche »), celui de la presse par le décret du 17 février 1852, le prince-président fait proposer par le Sénat le rétablissement de l'Empire (sénatus-consulte, 7 novembre 1852), qui est approuvé par le plébiscite des 21 et 22 novembre 1852 (près de 8 millions de « oui »). Le 2 décembre, l'Empire est proclamé et le prince-président devient l'empereur Napoléon III.
Pour en savoir plus, voir les articles second Empire, Napoléon III.
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