ecole de musique toulon, cours de piano
     
 
 
 
 
 
menu
 
initiation musicale toulon  

URGUAY

 

 

 

 

 

 

 

Uruguay
Nom officiel : République orientale de l'Uruguay


État d'Amérique du Sud, l'Uruguay est ouvert au sud-est et au sud (Río de la Plata) sur l'océan Atlantique ; il est limité par l'Argentine à l'ouest et le Brésil au nord et au nord-est.
Superficie : 177 500 km2
Nombre d'habitants : 3 407 000 (recensement de 2013)
Nom des habitants : Uruguayens
Capitale : Montevideo
Langue : espagnol
Monnaie : peso uruguayen
Chef de l'État : Tabaré Vázquez Rosas
Chef du gouvernement : Tabaré Vázquez Rosas
Nature de l'État : république à régime semi-présidentiel
Constitution :
Adoption : 27 novembre 1966
Entrée en vigueur : 15 février 1967
Révision : janvier 1997
Pour en savoir plus : institutions de l'Uruguay
GÉOGRAPHIE
Formé de plaines et de bas plateaux, l'Uruguay possède un climat tempéré, qui explique la prépondérance d'un peuplement d'origine européenne (espagnole surtout). L'élevage (bovins et ovins), avec les industries qui en dépendent (laines et peaux, viande), constitue la principale ressource du pays, loin devant les cultures (céréales, agrumes, canne à sucre, riz, produits maraîchers) et la pêche. Le potentiel hydroélectrique est l'unique source énergétique. Montevideo regroupe près de la moitié de la population totale.
1. Le milieu naturel
L'Uruguay fait la transition entre le plateau brésilien et la Pampa argentine. Le littoral constitue une zone basse ; de nombreuses rias sont souvent transformées en lagunes. Vers l'intérieur, une région de collines granitiques s'allonge depuis le Rio Grande do Sul brésilien jusqu'à Montevideo. La topographie est adoucie par le modelé des argiles de décomposition, ainsi que par celui de dépôts éoliens semblables à ceux de la Pampa argentine voisine. Le Centre et le Nord ont des aspects tabulaires : des roches sédimentaires y recouvrent le soubassement cristallin ; des basaltes, alternant avec des grès rouges, dessinent un relief de côtes dont le revers descend en direction du río Uruguay.
Le climat est tempéré : la moyenne d'hiver est de l'ordre de 10 °C et le mois le plus chaud, à Montevideo, a une moyenne de 22 °C. Les pluies se répartissent assez également sur toutes les saisons, avec une tendance à la formation d'un maximum en automne ; au total, elles atteignent, en moyenne, moins de 900 mm dans le sud, mais approchent 1 300 mm dans le Nord. Mais les variations interannuelles sont importantes et les sécheresses peuvent être marquées.
L'arbre est rare, sinon en forêts-galeries le long des nombreux cours d'eau. Des landes de fougères s'étendent sur les croupes rocheuses. La prairie couvre la majeure partie du pays, contribuant à expliquer l'importance de l'élevage.
2. Une population blanche et urbaine

Les Uruguayens descendent, pour la plupart, des immigrants européens, la population indienne autochtone ayant été décimée ou absorbée dès 1850. Aux éleveurs nomades (les gauchos) venus des colonies portugaises et espagnoles au début du xviie s. se sont ajoutés, au cours du xixe s., de nombreux arrivants espagnols et italiens qui ont marqué le pays de leur mode de vie. La population uruguayenne a un comportement démographique proche des pays du Vieux Continent : son taux de croissance, de l'ordre de 0,7 % par an, est le plus faible de l'Amérique latine. Citadins à 91 %, les Uruguayens se concentrent essentiellement dans la capitale, Montevideo, et ses banlieues. Leur niveau de vie reste l'un de plus élevés du continent latino-américain : en 1999, le revenu par habitant en parité de pouvoir d'achat était estimé à 8 280 dollars.


3. Une économie touchée par la crise

État tampon entre l'Argentine et le Brésil, l'Uruguay est un « pays-ville » : Montevideo, qui contribue pour 59,6 % au P.I.B., rassemble les industries, le commerce et les finances. En dehors de ce centre économique, les terres de l'intérieur sont le domaine de l'élevage extensif et de l'agriculture, pratiqués sur de grandes propriétés foncières. Avec, en 1999, un P.I.B. de 20 milliards de dollars (l'un des plus faibles du continent sud-américain), et, en 1998, une croissance de 4,5 % et un taux d'inflation de 11 %, le principal problème du pays demeure la maîtrise du déficit public. Considéré comme la « Suisse de l'Amérique latine » dans les années 1960, l'Uruguay a connu une grave crise pendant ces deux dernières décennies, essentiellement due à la baisse de ses exportations de viande et de laine ainsi qu'à la stagnation générale de son économie : en 1990, le taux annuel d'inflation a dépassé les 100 %. Depuis cette date, des efforts ont été menés pour diversifier les activités économiques (industrie touristique à Punta del Este, par exemple). Le secteur bancaire connaît un essor important et Montevideo est devenue une place financière réputée en Amérique latine, bien qu'on y pratique également le blanchiment de l'argent de la drogue.


3.1. Agriculture, mines et industrie
L'agriculture et l'élevage représentent 9 % du P.I.B., mais ils fournissent à eux deux la quasi-totalité des produits exportés (pour moitié de la viande et du cuir). En 2000, le cheptel bovin était estimé à 10,8 millions de têtes, le cheptel ovin à 15,2 millions de têtes. La production de laine place le pays au huitième rang mondial. L'élevage occupe 85 % des terres agricoles, bien que ces dernières années la culture des céréales, en particulier le riz, ait connu une forte progression.
L'industrialisation du pays, lancée dans les années 1950, s'est affirmée dans les années 1970. Les industries de biens de consommation destinés au marché intérieur prédominent. Depuis 1985, les industries d'exportation (textile et agroalimentaire) connaissent un essor significatif, et la découverte de réserves d'or – exploitées par l'American Resource Corporation (ARC) – dans le département de San José, en 1984, a relancé le secteur minier.


3.2. Commerce extérieur
L'Uruguay est, avec le Brésil, l'Argentine et le Paraguay, l'un des pays fondateurs du Marché commun du Sud (Mercosur) créé en 1991, qui se sont engagés dans une libéralisation de leurs économies par la réduction progressive des tarifs douaniers. Si la participation de l'Uruguay au Mercosur (environ 45 % des échanges uruguayens) lui a permis de relancer son économie – essentiellement par les exportations agricoles –, sa balance commerciale connaît, cependant, un déficit croissant (−869 millions de dollars en 1999) dû à une hausse des importations. Les principaux partenaires commerciaux de l'Uruguay sont le Brésil (34,7 % des exportations, 22,4 % des importations en 1996) et les États-Unis.


HISTOIRE
1. Entre Portugais et Espagnols
Bien qu'exploré vers 1516 par l'Espagnol Díaz de Solís, le territoire de l'actuel Uruguay, à l'écart des routes conduisant aux mines, n'a intéressé Madrid que dans la mesure où les Portugais ont tenté de l'annexer : ceux-ci y installent en effet, en 1679, la colonie de Sacramento, après la « pacification », par les franciscains et les jésuites, des Indiens guerriers charrúas. Ce n'est cependant qu'en 1726 que les Espagnols fondent Montevideo, pour finalement, en 1777, se faire céder l'ensemble de la colonie portugaise, en échange de terres du haut bassin du fleuve Paraná. Dans cette « Bande orientale » – la province marque la limite est du territoire espagnol, aux frontières du Brésil portugais – se développe alors une société d'éleveurs vivant de l'exportation du cuir et de la production de viande salée. Les travailleurs des grandes propriétés d'élevage, les gauchos, fournissent le gros des troupes indépendantistes lorsque José Gervasio Artigas, le héros national urugayen, entraîne le pays dans l'insurrection lancée depuis Buenos Aires (1810). Les Argentins n'acceptent cependant pas que les « Orientaux » créent un État indépendant : finalement, en 1815, J. G. Artigas, à la suite d'un soulèvement armé, parvient à instaurer un gouvernement national et tente de mettre en œuvre une réforme agraire, la première en Amérique latine. Mais les Portugais, en annexant, en 1820, la Bande orientale au territoire brésilien, contraignent J. G. Artigas à se réfugier au Paraguay.
Sous le nom de « Provincia cisplatina », le territoire, trop excentré, n'est qu'imparfaitement contrôlé par l'Empire portugais. Partie de Buenos Aires, l'expédition dite « des Trente-trois Orientaux », commandée par Juan Antonio Lavalleja, occupe Montevideo en 1825. Après deux ans de guerre, la diplomatie britannique impose à Rio de Janeiro et à Buenos Aires la reconnaissance, en 1828, de la République orientale de l'Uruguay. L'histoire de la naissance de l'Uruguay est marquée par sa situation géopolitique, celle d'un État tampon entre l'Argentine et le Brésil, qui s'y affronteront par factions interposées.
2. Blancos et colorados
En 1830, le pays se dote d'une Constitution démocratique au suffrage restreint. C'est alors qu'émergent deux forces qui domineront jusque dans les années 2000 la vie politique uruguayenne : les blancos (blancs) et les colorados (rouges). Pour l'essentiel, les conservateurs (blancos) défendent les intérêts des grands éleveurs, face à la bourgeoisie citadine libérale représentée par les colorados. Comme dans d'autres pays issus de l'Empire espagnol, le xixe s. est marqué par les conflits armés entre factions politiques : de 1843 à 1851, une guerre civile, dite « grande guerre », éclate entre les blancos, soutenus par l'Argentine, et les colorados, qui disposent de l'appui français et anglais. Le conflit tourne d'abord à l'avantage des blancos, mais Montevideo, tenue par les libéraux, plusieurs fois assiégée, rejointe par Giuseppe Garibaldi et plusieurs centaines d'Italiens, résiste, au point qu'on la surnomme la « Nouvelle Troie ». Finalement, le Brésil et l'Argentine imposent la réconciliation au pays et, en échange de leur participation à la guerre, dite « de la Triple Alliance », contre le Paraguay (1865-1870), assurent le pouvoir aux colorados, qui le conserveront jusqu'en 1958. Après une période de dictature militaire (1876-1890), la rivalité entre colorados et blancos éclate une dernière fois lors de la rébellion des propriétaires conservateurs du Nord (1904), vaincus par le gouvernement libéral de José Batlle y Ordóñez – président de 1903 à 1907, puis de 1911 à 1915 – qui, tout en sauvegardant les intérêts des grands propriétaires terriens, développe les droits sociaux de la classe ouvrière naissante et des journaliers agricoles, et s'attache à une certaine redistribution du revenu national. Tandis que la Constitution de 1919 partage le pouvoir exécutif entre le président de la République (élu pour quatre ans et non immédiatement rééligible) et un Conseil d'administration de neuf membres – dont trois doivent obligatoirement appartenir au parti d'opposition, afin de protéger le pays de la guerre civile –, J. Batlle y Ordóñez crée vers 1920, à l'intérieur du parti colorado, la faction « batlliste ». Ces deux événements mettent fin aux oppositions traditionnelles qui ont marqué le xixe s., mais n'assurent pas la stabilité du pays pour autant.
3. De la démocratie sociale à la dictature militaire
Après la mort de J. Batlle y Ordóñez et la crise de 1929, un coup d'État militaire porte au pouvoir Gabriel Terra (1933). C'est un autre coup d'État qui remet le pays sur la voie du « batllisme », en 1946, et permet ainsi, en 1951, la rédaction d'une nouvelle Constitution qui, tout en supprimant la fonction présidentielle, maintient la représentation du parti minoritaire au Conseil. Ce système, qui s'étend à toutes les administrations, assure le monopole politique des deux partis traditionnels. Le pays, dont l'économie est florissante, possède alors la politique sociale la plus avancée du continent latino-américain, mais, dès la fin des années 1950, la baisse des prix sur le marché international de la viande et de la laine ne permet plus l'ancien compromis entre sauvegarde des intérêts des grands propriétaires et redistribution du revenu national. La dégradation du niveau de vie et la corruption gouvernementale livrent le pays à la guérilla urbaine qu'entretiennent, à partir de 1965, les guérilleros Tupamaros (nom évoquant la révolte indienne lancée en Bolivie par Túpac Amaru II, en 1780).
La réforme constitutionnelle de 1966, qui rétablit la présidence de la République et renforce le pouvoir exécutif, s'avère insuffisante et c'est l'armée qui rétablit l'ordre après sa victoire d'avril 1972 contre les guérilleros. Bien qu'un civil occupe toujours la présidence (Juan María Bordaberry, élu en 1971, puis Aparicio Méndez, à partir de 1976), les militaires détiennent désormais la réalité du pouvoir. La Confédération des travailleurs et le Parlement sont dissous en 1973. Dirigé par un Conseil de sécurité nationale (Cosena), le régime se durcit peu à peu : les associations et activités politiques sont interdites, nombre d'Uruguayens sont privés de leurs droits civiques, les tortures et les emprisonnements politiques sont fréquents. La répression et la baisse du pouvoir d'achat dépeuplent le pays. On estime que, durant le « régime militaire », 350 000 à 500 000 personnes ont fui à l'étranger. L'Uruguay, autrefois « Suisse de l'Amérique latine », est devenu un « pays de pauvres et d'émigrants ».


4. Le retour de la démocratie politique
Soumise à référendum en 1980, une Constitution, qui devait donner à l'armée des pouvoirs considérables, est rejetée par 58 % des votants. Cet échec n'empêche pas le général Gregorio Álvarez de remplacer A. Méndez en 1981, mais des négociations sont engagées en vue d'un retour à un gouvernement civil. Les conditions imposées par les militaires pour la tenue des élections sont acceptées lors d'un accord entre l'armée, le parti colorado et une coalition de gauche, le Front élargi (Frente amplio, FA), créé au début des années 1970.
Lors des élections générales de 1984, le candidat du parti colorado, Julio Sanguinetti, est élu président avec 38,6 % des voix sous la présidence du général Líber Seregni et se réclamant de l’héritage national et social de J. G. Artigas. Le nouveau gouvernement, qui entre en fonction en mars 1985, accorde immédiatement l'amnistie à tous les prisonniers politiques – y compris les Tupamaros –, mais aussi aux militaires, trop puissants pour être réellement inquiétés : une loi établissant la « caducité de la prétention punitive de l'État » est adoptée en 1986 (et confirmée par référendum en 1989), en vertu de laquelle l'État renonce à poursuivre les militaires et policiers responsables de violations des droits de l'homme durant la période allant de 1973 à 1985. En novembre 1989, les conservateurs remportent les élections générales, et Luis Alberto Lacalle devient, en mars 1990, le premier président issu du parti blanco depuis le début du siècle. Le retour à la démocratie entraîne une redéfinition du paysage politique uruguayen : le nouveau président négocie une alliance – rapidement remise en cause – avec certains secteurs du parti colorado, lui-même subdivisé en plusieurs factions, les principales étant l'Unité batlliste (Foro Batllista, F.B.) et le Batllisme radical (BR) ; le parti blanco n'échappe pas à la recomposition, « Mains à l'ouvrage » (Manos a la Obra, MO) étant l'une des principales factions issues de ses rangs. Après la victoire du F.B. et de son candidat, l'ancien président J. Sanguinetti, aux élections générales de 1994, ce dernier devient président en mars 1995 et gouverne à la tête d'une coalition des factions des deux partis.
Aux élections générales de 1999, on assiste à une profonde modification de l'échiquier politique uruguayen, avec la montée d'une coalition de centre gauche, Rencontre progressiste-Front élargi (EP-FA), dirigée par Tabaré Vázquez Rosas, qui, avec 40 % des sièges au Parlement, devient la première force politique du pays. Mais, grâce au vote utile de l'électorat conservateur et au soutien du parti blanco, Jorge Batlle Ibáñez, candidat du parti colorado, l'emporte devant T. Vázquez au second tour de l'élection présidentielle.


5. L’accession au pouvoir du Front élargi (2004)
Tirant les leçons de cette défaite et encouragé par de nouveaux succès aux élections municipales de mai 2000, T. Vázquez s'emploie alors à élargir les bases de son mouvement en direction du centre, ralliant, dans une mouvance spécifique, baptisée Nouvelle majorité (NM), les sociaux-démocrates du Nuevo Espacio et donnant ainsi naissance, en décembre 2002, à la plus vaste coalition jamais construite en Uruguay et en Amérique latine.


5.1. La présidence de T. Vázquez (2005-2010)
L'alternative de gauche apparaît d'autant plus crédible que le gouvernement Battle montre son impuissance face à la grave crise économique et financière qui s'abat sur l'Uruguay entre le printemps et l'été 2002, entraînant une contraction brutale de la production, une hausse rapide des prix et une augmentation très importante de la pauvreté. C'est dans ce contexte que la coalition EP-FA-NM (allant des anciens Tupamaros aux démocrates-chrétiens de gauche, en passant par les communistes et les socialistes) remporte sans difficultés les élections générales d'octobre 2004, avec 52 députés sur 99, 16 sénateurs sur 30 et, surtout, la victoire dès le premier tour de l'élection présidentielle de T. Vázquez, avec 50,4 % des voix contre 34,3 % au candidat du Parti national (blanco), Jorge Washington Larrañaga Fraga, et 10,3 % au colorado, Guillermo Eduardo Stirling Soto.
Cette victoire est confirmée aux élections municipales de mai 2005. Pour la première fois dans son histoire, l'Uruguay rompt ainsi avec le système conservateur-libéral instauré au xixe siècle. Depuis, le gouvernement a engagé une politique prudente de réformes graduelles afin de pérenniser cette expérience démocratique inédite. Tout d'abord, il adopte, sous l'égide d'un nouveau ministère du Développement social, un plan d'émergence contre la pauvreté, suivi en 2007 d'un « plan d'équité ». Parallèlement, il rationalise et simplifie la fiscalité afin de la rendre à la fois plus efficace et plus juste, prend diverses mesures en faveur de l'investissement productif, rembourse sa dette envers le FMI, parvient à réduire la dette publique et à consolider ses comptes.
Dans le domaine des droits de l'homme, sans s'aliéner le soutien de l'armée et sans remettre en cause la « loi de la caducité » de 1986, il en interprète les termes et applique son article 4, qui oblige l'État à éclaircir les crimes de la dictature et à localiser les corps des disparus.
La politique étrangère de T. Vázquez obéit au même réformisme pragmatique : il s'agit en priorité d'approfondir l'intégration régionale, mais, en même temps, d'en corriger les déséquilibres et de diversifier les partenaires commerciaux de l'Uruguay pour réduire notamment sa sensibilité à d'éventuels soubresauts de l'économie argentine. Cette intégration doit être atteinte à la fois dans le cadre du Mercosur – dont il appuie l'élargissement au Venezuela, à la Bolivie et au Mexique – et dans celui de la Communauté sud-américaine des nations. L'Uruguay rétablit aussi les relations diplomatiques avec Cuba et, rompant avec la politique proaméricaine de Batlle Ibáñez, écarte, en 2006, un traité de libre-échange avec les États-Unis tout en signant, l'année suivante, un accord-cadre en matière de commerce et d'investissement (TIFA-Trade and Investment Framework Agreement).


5.2. José Alberto Mujica (2010-2015)
C’est avec un bilan largement positif que le gouvernement de centre gauche aborde les échéances électorales d’octobre-novembre 2009. Plusieurs indicateurs illustrent l’embellie économique du pays – qui a bien résisté à la crise financière internationale – et témoignent du succès de la politique réformiste du Front élargi visant à concilier préservation des grands équilibres macro-économiques et lutte contre les inégalités : l’augmentation de la production industrielle de 100 % entre 2005 et 2009 et de plus de 33 % de revenu national par habitant ; le boom des exportations de près de 80 % entre 2004 et 2008 ; l’importante hausse du salaire moyen ; une inflation sous contrôle et la maîtrise des finances publiques ; la baisse du chômage et la réduction assez sensible de la pauvreté.
Le président en exercice ne pouvant briguer un second mandat, c’est José Alberto Mujica Cordano, un ancien tupamaro (âgé de 74 ans), qui est choisi comme candidat du Front élargi (FA), au sein duquel il représente le Mouvement de participation populaire (MPP) fondé en 1989. Le 25 octobre, la coalition sortante conserve ainsi sa majorité à la Chambre des représentants comme au Sénat (le parti colorado progressant de 9 sièges), tandis que J. A. Mujica l’emporte au second tour du scrutin, le 29 novembre, avec près de 53 % des suffrages face à L. A. Lacalle, candidat du parti national.
Entré en fonctions le 1er mars 2010, l’ex-tupamaro, surnommé « Pepe », inaugure une présidence atypique, cultivant un style bon enfant mêlant simplicité et proximité, et reversant la plus grande partie de ses émoluments à des associations sociales.
S’inscrivant dans la continuité de la politique modérée de centre gauche de son prédécesseur, son gouvernement met notamment l’accent sur la lutte contre la grande pauvreté (réduite de 32 % en 2004 à 15 % en 2011), la politique d’intégration sociale et territoriale, la relance d’une politique du logement ou la réduction des inégalités (création d’un nouvel impôt sur la grande propriété terrienne ; baisse de la TVA en faveur des plus pauvres), tout en maintenant les bases d’une croissance forte (6 % en 2011) tirée par une augmentation des investissements, des exportations et de la consommation et qui permet à l’Uruguay de présenter l’un des taux de chômage les plus bas d’Amérique latine (6 %).
Cette volonté de faire converger ambition sociale et rigueur économique (saluée notamment par le FMI) se traduit politiquement par un subtil équilibre entre postes ministériels au sein du gouvernement : entre les différentes mouvances de gauche et de centre gauche du FA (dont le MPP et le Front Líber Seregni), ainsi qu’entre le président et ses collaborateurs les plus proches du bureau « plan et budget » et le vice-président Danilo Astori, chef de file du courant social-démocrate.
La légalisation de l’avortement (octobre 2012), du mariage homosexuel (avril 2013) ainsi que l'autorisation, inédite dans le monde, de la production régulée et de la vente de cannabis en pharmacie (décembre 2013) constituent les mesures les plus médiatisées prises au cours de cette présidence. Le bilan économique laissé par J. A. Mujica est par ailleurs assez remarquable, malgré d’importantes tensions inflationnistes : le maintien d’un taux de croissance à environ 3 % et du taux du chômage en dessous de 7 % dans un contexte de ralentissement dans l’ensemble de l’Amérique latine, l’assainissement du secteur financier public, la hausse des investissements, l’importante diminution de la dette, la réduction de la pauvreté, figurent parmi les résultats qui expliquent la reconduction du Front élargi en octobre et novembre 2014. Tandis que la coalition remporte 50 sièges sur 99 à la Chambre des représentants et 15 sur 30 au Sénat, l’ex-président Tabaré Vázquez est élu président de la République avec près de 53 % des voix face au candidat du parti national Luis Lacalle Pou au second tour de scrutin. Ce dernier entre en fonctions le 1er mars 2015.

 

  DOCUMENT   larousse.fr    LIEN

 

 
 
 
initiation musicale toulon  

LE MÉSOZOÏQUE

 

 

 

 

 

 

mésozoïque

Le mésozoïque est une ère géologique, d'une durée de 185 millions d'années, intermédiaire entre le paléozoïque et le cénozoïque, appelée autrefois secondaire.
Le mésozoïque voit la dislocation des masses continentales par l'ouverture des nouveaux océans. L'ouverture de l'océan Atlantique, d'abord au sud puis au nord, éloigne progressivement l'Amérique de l'Afrique et de l'Europe. L'ouverture de l'océan Indien fragmente le bloc Afrique-Australie-Antarctique, mais l'Inde reste soudée à l'Afrique. L'océan Mésogée sépare l'Afrique du bloc Eurasie, puis commence à se refermer.
De nouvelles espèces vivantes apparaissent et certaines atteignent leur apogée, tels les ammonites ou les reptiles géants, qui allaient disparaître à la fin du mésozoïque, comme 60 % des autres espèces peuplant la Terre. Vers la fin du mésozoïque apparaissent les mammifères et les végétaux angiospermes.
Le mésozoïque représente une durée d'environ 185 millions d'années. Cette durée n'équivaut même pas à la moitié de celle du paléozoïque, et ne correspond qu'à une faible partie des temps fossilifères. EIle n'est cependant pas négligeable par rapport au cénozoïque (tertiaire et quaternaire), beaucoup plus court.


1. Signification du terme mésozoïque
Le terme mésozoïque a l'intérêt de montrer la position des temps secondaires par rapport à l'histoire de la vie sur la Terre (du grec mesos, moyen, et zôon, être vivant). Ce terme ne signifie pas que l'on soit alors au « milieu » de cette histoire des êtres vivants, puisqu'il y a au début du mésozoïque 600 millions d'années que des groupes d'organismes importants sont développés, et qu'à la fin de l'ère il n'y a plus que 60 millions d'années pour qu'apparaisse l'Homme. Le terme mésozoïque indique bien que cette période représente une espèce de « Moyen Age » dans l'histoire de la vie, histoire dont le paléozoïque (primaire) serait l'« Antiquité » et dont le cénozoïque (tertiaire et quaternaire) recouvrirait les « Temps modernes et l'époque contemporaine ».


2. Les subdivisions du mésozoïque
Le mésozoïque se subdivise en trois grands systèmes géologiques :
– trias, de – 251 à – 200 millions d'années (durée : 51 millions d'années) ;
– jurassique, de – 200 à – 145 millions d'années (durée : 55 millions d'années) ;
– crétacé, de – 145 à – 65 millions d'années (durée : 80 millions d'années).
Les divisions stratigraphiques du mésozoïque
Subdivisions du mésozoïque (secondaire)
Durée : 86 millions d'années
Étages
Date de début
Principaux événements
crétacé (– 146 à – 65 millions d'années)
crétacé supérieur
maastrichtien
– 71 millions d'années
extinction massive d'espèces
campanien
– 84 millions d'années
premiers serpents
santonien
– 86 millions d'années
 
coniacien
– 89 millions d'années
 
turonien
– 94 millions d'années
 
cénomanien
– 100 millions d'années
premières plantes à fleurs
crétacé inférieur
albien
– 112 millions d'années
 
aptien
– 125 millions d'années
 
barrémien
– 130 millions d'années
 
hauterivien
– 134 millions d'années
 
valanginien
– 140 millions d'années
 
berriasien
– 146 millions d'années
 
jurassique (– 200 à – 146 millions d'années)
jurassique supérieur (malm)
thitonien
– 151 millions d'années
oiseau primitif : l'archéoptérix
kimméridgien
– 156 millions d'années
 
oxfordien
– 161 millions d'années
 
jurassique moyen (dogger)
callovien
– 165 millions d'années
 
bathonien
– 168 millions d'années
 
bajocien
– 172 millions d'années
 
aalénien
– 176 millions d'années
 
jurassique inférieur (lias)
toarcien
– 183 millions d'années
 
pliensbachien
– 190 millions d'années
 
sinémurien
– 197 millions d'années
 
hettangien
– 200 millions d'années
 
trias (– 251 à – 200 millions d'années)
trias supérieur
rhétien
– 204 millions d'années
premiers dinosaures
norien
– 216 millions d'années
premières tortues
carnien
– 228 millions d'années
 
trias moyen
ladinien
– 237 millions d'années
 
anisien
– 246 millions d'années
 
trias inférieur
olénékien
– 250 millions d'années
 
induen
– 251 millions d'années
 
Les coupures du mésozoïque, trias, jurassique, crétacé, proviennent de lieux situés en Europe (Jura, formation de la craie). Il en va de même des subdivisions encore plus fines : la notion d'étage géologique vient de terrains du jurassique ou du crétacé pris comme stratotypes (sinémurien de Semur, bajocien de Bayeux, albien de l'Aube, cénomanien du Maine, turonien de Tours sont quelques exemples).


3. La valeur stratigraphique des ammonites

La valeur stratigraphique des ammonites a permis d'étudier correctement et de dater les terrains mésozoïques. Ces céphalopodes sont des espèces pélagiques dont les coquilles sont facilement transportables par flottaison et peuvent être répandues dans une large aire, et qui sont donc indépendantes du faciès des dépôts où on les recueille. Par ailleurs, elles présentent des mutations successives assez nettes. Cela a permis de définir une série de biozones, bases de toute subdivision biostratigraphique, en considérant l'extension dans le temps d'une espèce ou d'un genre donné, ou, pour une meilleure précision, d'une association caractéristique de genres ou d'espèces.


4. Les changements géologiques : l'ouverture des océans actuels
Cette grande période correspond à la dislocation des édifices précédemment construits, les continents et les chaînes primaires; il s'y prépare le bâti de ce qui deviendra les chaînes alpines et péripacifiques, cela pouvant s'expliquer par un phénomène à l'échelle du globe. Le mésozoïque est la période de la naissance, de l'ouverture des océans actuels. Ces faits se sont déroulés sous des climats différents de ceux d'aujourd'hui, ou bien répartis différemment : les changements possibles de latitude sont explicables par les mouvements relatifs des pôles et des continents. Les climats ont été dans l'hémisphère Nord assez chauds (de 5 à 10 °C en moyenne de plus que de nos jours, ce qui explique l'importance des formations calcaires au cours du jurassique et du crétacé et plus particulièrement des édifices coralliens). Ils se sont refroidis lentement au crétacé supérieur. Les territoires de l'hémisphère austral soumis aux glaciations à la fin du primaire ont connu par contre un lent réchauffement.


5. La vie au mésozoïque

Le mésozoïque est marqué par :
– l'absence de certains groupes connus au primaire qui ont disparu au cours ou à la fin de cette ère, par exemple les graptolites, les trilobites, les fusulines ;
– la diminution progressive et la disparition de certains autres au cours du trias, du jurassique ou du crétacé (par exemple parmi les brachiopodes, l'important groupe des spirifers. Chez les végétaux, les ptéridospermées [fougères à graine], les cordaïtes. Chez les vertébrés, les batraciens géants) ;
– le remarquable développement, suivi de la spectaculaire apogée, puis de la disparition à la fin de l'ère de groupes comme les ammonites ou les reptiles géants ;
– l'apparition de formes qui ont actuellement une importance considérable, les oiseaux, les mammifères et les végétaux angiospermes.

Dans les mers du mésozoïque, les genres et espèces représentés sont nombreux. On constate un développement des échinodermes (oursins et encrines, dont les débris forment les calcaires à entroques), et on assiste avec les nérinées (gastropodes), les polypiers (madréporaires) ou les algues mélobésiées à la formation de nombreux calcaires construits. Les céphalopodes pullulent, non seulement les ammonites, mais aussi les bélemnites et les nautiles. Les foraminifères sont nombreux et jouent un rôle de constructeurs de roches (orbitolines) ou de marqueurs stratigraphiques (globotruncanidés).
Le monde continental est colonisé depuis le paléozoïque. Mais il ne reste que pour peu de temps encore des batraciens (amphibiens) géants, vestiges de cette ère. Les reptiles primitifs ont déjà, à l'aube du mésozoïque, subi une diversification : ils ont été séparés en une lignée reptilienne et une lignée mammalienne, par un phénomène de divergence très précoce.


5.1. Les reptiles géants : les dinosaures

Les reptiles sont donc un groupe très hétérogène. C'est une juxtaposition de formes très spécialisées et de formes très discrètes représentant des groupes souches. Après la souche des mammifères, ils comporteront la souche des oiseaux, la souche aussi des reptiles actuels. Les crocodiles apparaissent au jurassique, les ophidiens (serpents) au crétacé.

Les formes spécialisées sont évidemment plus connues : c'est le développement, puis la disparition des reptiles géants. Ils ont en effet peuplé tous les milieux terrestres, marins, aériens, illustrant quelques-unes des meilleures possibilités d'adaptation.
Les reptiles dans le milieu terrestre

Les plus connus sont les dinosaures, dont l'âge d'or se situe au jurassique et au crétacé inférieur.La diversification a abouti à d'énormes et paisibles herbivores (30 m de long, 50 tonnes) ou à de féroces carnassiers (tyrannosaures).


Les ichtyosaures témoignent d'une parfaite adaptation au mode de vie aquatique (forme, appareil natatoire, y compris viviparité).
Les reptiles dans le milieu aérien
Les reptiles volants (ptérosaures) conquièrent le monde aérien dès – 180 millions d'années.


5.2. Petits mammifères primitifs, archœopteryx et oiseaux à dents

À côté de ces formes adaptées se développent les petits mammifères primitifs (fin du trias, début du jurassique), auxquels succèdent des multituberculés, des marsupiaux, qui seront nombreux au crétacé. Une évolution parallèle existe dans les formes aviennes. L'archéoptéryx (à caractères intermédiaires entre oiseaux et reptiles) vit au jurassique (– 140 millions d'années). Le milieu aérien verra ensuite le développement des oiseaux à dents (– 80 millions d'années).


5.3. Les végétaux et les insectes
Chez les végétaux, où c'est l'apogée des gymnospermes, il existe des formes vieillissantes (cycas, ginkgo). Mais les conifères ont une place importante. Il y a surtout au crétacé moyen le développement des angiospermes (dicotylédones). En même temps que les plantes à fleurs apparaissent les insectes butineurs (papillons, abeilles, fourmis) : tous les grands ordres d'insectes sont alors représentés.


5.4. L'extinction massive de la fin du mésozoïque

La fin du mésozoïque (c'est-à-dire la fin du crétacé), il y a 65 millions d'années, est la période posant le problème paléobiologique le plus difficile. Beaucoup de groupes actuels existent au crétacé, beaucoup de groupes survivent au tertiaire sans être affectés : les nautiles, les insectes, les poissons, les crocodiles, les tortues, etc., comme autant de formes « conservatrices ». Par contre, beaucoup de formes (celles qui étaient très évoluées) disparaissent (reptiles géants, ammonites, beaucoup de foraminifères, un quart des familles animales au total). Phénomène étrange, cette catastrophe touche tous les écosystèmes : les plantes autant que les animaux, 60 à 75 % des espèces marines, des milliers d'espèces terrestres, en particulier les animaux pesant plus de 25 kg, les espèces vivant dans les milieux tropicaux ou fréquentant les eaux douces des continents. Toutes s'éteignent quasi simultanément. Le processus d'extinction fut rapide, affectant l'ensemble de la planète et de ses mers.


L'hypothèse de la météorite
L'étude des couches géologiques déposées au moment de la crise a permis de découvrir un taux anormalement élevé d'iridium, métal lourd de numéro atomique 77. On suppose que cela pourrait être la conséquence de la chute d'une météorite gigantesque, de 10 km de diamètre, dont la collision avec la Terre aurait libéré une énergie supérieure à plusieurs dizaines de bombes atomiques. D'ailleurs, les restes d'une météorite de grande taille, ou tout au moins son cratère d'impact, ont été retrouvés dans le golfe du Mexique. Cette donnée conforte l'hypothèse de collision. Dans sa chute, la météorite aurait provoqué une onde de choc colossale, aurait explosé en de nombreux fragments et répandu une telle poussière dans l'atmosphère que, les rayons du Soleil n'atteignant quasiment plus notre planète, il s'en serait suivi un arrêt de la photosynthèse et un refroidissement climatique général. La traversée de notre atmosphère par cette météorite aurait provoqué, par oxydation de l'azote atmosphérique, une pollution en dioxyde d'azote (NO2). Avec la disparition d'une grande partie des plantes et du plancton, le taux de dioxyde de carbone (CO2, auparavant assimilé par ces organismes photosynthétiques) se serait anormalement élevé, provoquant une importante augmentation de la température par effet de serre. La présence dans l'atmosphère de gaz tels que NO2 et CO2 aurait amené, à chaque pluie, la précipitation d'énormes quantités d'acides nitrique et carbonique (les « pluies acides ») nocives pour les êtres vivants.
Toutefois, il demeure un fait inexpliqué : tous les animaux et toutes les plantes n'ont pas été affectés par la catastrophe.


Les autres hypothèses
Des scientifiques avancent qu'une augmentation générale du volcanisme, identifiée dans les couches géologiques de la fin du mésozoïque par le taux anormalement élevé d'iridium, aurait provoqué un bouleversement climatique si brutal et si rapide que les espèces les plus fragiles n'auraient pas pu s'adapter. Elle représente l'hypothèse la plus probable si l'on ne retient pas celle de la météorite. Dans un autre scénario, le bouleversement climatique aurait été provoqué par la dérive des continents. Mais, en pareil cas, les changements n'auraient pas été suffisamment rapides pour expliquer le caractère brutal de l'extinction. Enfin, plus anecdotique, on a fait l'hypothèse de l'apparition de nouvelles espèces de plantes à fleurs toxiques qui auraient décimé nombre d'herbivores, et par là même bouleversé l'ensemble des écosystèmes.


6. La Terre au mésozoïque
Au début du mésozoïque, la surface du globe peut être décrite comme un assemblage de deux supercontinents :
– le bloc laurasien (Amérique du Nord, Groenland, Europe, Asie du Nord) ;
– le bloc gondwanien (Amérique du Sud, Afrique, Inde, Australie, Antarctique).

Les événements essentiels du mésozoïque, capitaux pour comprendre la géographie actuelle du globe, sont, d'une part, les mouvements de séparation et de jeu relatif des deux blocs dans la zone instable dite de la Mésogée et, d'autre part, l'éclatement de chacun des blocs par le mécanisme dit d'ouverture océanique. Ce mécanisme, continu et qui dure encore actuellement, consiste en la fracturation des blocs continentaux, en leur séparation donnant naissance à un océan. Par suite de l'expansion des fonds océaniques, l'ouverture progressive des océans entraîne l'écartement, puis la dérive des blocs continentaux. Ce mécanisme, qui a donné naissance aux océans comme l'Atlantique ou l'Indien, est de plus responsable de la formation des importantes cordillères périocéaniques. La théorie moderne de la tectonique des plaques a bien montré que l'antagonisme entre blocs mobiles (surtout entre domaine océanique et masses continentales) entraînait la naissance de chaînes bordières du type de la bordure pacifique (chaînes bordières de type andin).


6.1. L'ouverture des océans et la dérive des continents


Les premières étapes, les plus déterminantes, de ce mécanisme ont eu lieu au cours du mésozoïque.
De – 180 millions d'années à – 135 millions d'années, c'est l'ouverture de l'océan Atlantique et de l'océan Indien. Ces océans, d'abord étroits, reçoivent peu à peu des dépôts. Ils ne contiennent guère de sédiments plus vieux que – 150 millions d'années. La fin du jurassique (– 135 millions d'années) marque le début de la séparation Amérique du Sud-Afrique et Afrique-Inde.
Au début du crétacé, c'est le pivotage de l'Amérique du Sud, qui s'écarte de l'Afrique, et le pivotage de l'Inde, qui s'éloigne également de l'Afrique.
Au crétacé moyen, puis au crétacé supérieur (environ de – 100 millions d'années à – 70 millions d'années), il y a rupture complète entre l'Australie et l'Antarctique et fissuration du bloc Europe (ouverture du golfe de Gascogne).
Pendant ce temps, des mouvements semblant antagonistes se développent dans la zone de la Mésogée, où l'instabilité est fréquente : en particulier, une interaction constante entre blocs africain et eurasien domine l'histoire complexe des géosynclinaux mésogéens (de Gibraltar à la Birmanie ?). Des dislocations au trias, au jurassique supérieur et surtout au crétacé moyen (– 100 millions d'années) aboutissent au bâti de ce qui deviendra le système alpin, disposé perpendiculairement à l'axe de la grande disjonction atlantique.


7. Les événements géologiques à l'échelle des continents
Les conséquences géologiques de ces mouvements, qui affectent une bonne partie du globe, sont très grandes. Elles se traduisent tant au point de vue sédimentaire que tectonique (types de dépôts, agencement de ceux-ci). Au trias, les profondes dislocations ayant fracturé et fait jouer les blocs continentaux sont aussi à l'origine d'importantes coulées basaltiques. C'est le début d'une grande période d'immersion des continents par les mers au jurassique. Si les océans ne sont qu'ébauchés, les surfaces marines n'en sont pas restreintes pour autant : en effet, de vastes mers peu profondes recouvre une large surface des aires continentales, par exemple toute l'Europe occidentale, où les invasions marines ont atteint la France, l'Angleterre l'Allemagne, l'Espagne et l'Afrique du Nord. Au jurassique supérieur, la phase orogénique andine ou névadienne marque une étape importante dans la construction des cordillères ouest-américaines. Pendant le crétacé, période relativement longue (70 millions d'années), l'ébauche d'un nouveau monde se poursuit. Il existe encore des zones d'importants dépôts marin. Le crétacé moyen (– 100 millions d'années) marque l'extension maximale de la transgression marine. Ensuite, le trait donnant de la géologie du mésozoïque va s'effacer. Les vastes mers épicontinentales vont se réduire et disparaître pour la plupart. Les phases orogéniques se succèdent : au crétacé inférieur, au crétacé moyen (phase autrichienne), au crétacé terminal (phase laramienne). Ces phases aboutisses à la construction des chaînes pacifiques, asiatiques, à l'ébauche des Pyrénées (à la suite de l'ouverture du golfe de Gascogne) et développe une embryogenèse de toutes les chaînes du système alpin.


8. Le mésozoïque en France

Les événements géologique du mésozoïque sont particulièrement importants en France puisqu'il expliquent la formation ultérieure des Pyrénées et des Alpes. Mais les dépôts mésozoïques occupent par ailleurs dans le pays une très large place bien visible sur une carte géologique. En effet, les transgressions marines, venant d'abord du domaine mésogéen, puis, dès le crétacé, partant du jeune Atlantique, ont envahi presque tout le territoire : elles ont donc recouvert le soubassement primaire, à l'exception de quelques zones émergées (Massif central, Massif armoricain). Peu profondes, mais très étendues, ces mers ont formé de vaste platiers récifaux où se sont formés les calcaires à entroques, à oolites et polypiers (jurassique de Bourgogne, Lorraine, Poitou, Causses...), les calcaires à polypiers du crétacé provençal, ou bien aussi les vasières fines qui ont donné naissance à la craie de Normandie, de Picardie ou de Champagne.

 

 DOCUMENT   larousse.fr    LIEN

 

 
 
 
initiation musicale toulon  

JURASSIQUE

 


 

 

 

 

jurassique

Système du mésozoïque, le jurassique se situe, à l'ère secondaire, entre le trias et le crétacé, de – 200 à – 145 millions d'années (durée : 55 millions d'années).

Amorcé au trias, le mouvement d'ouverture séparant d'un côté l'Europe et l'Amérique du Nord, et de l'autre le Gondwana se matérialise par le développement de la Téthys, cet océan qui s'ouvre de l'est vers l'ouest. Il est bordé par la Turquie, les Carpates, les Alpes, l'Afrique du Nord et le golfe du Mexique. Dans le même temps, Madagascar et l'Inde continuent à se séparer de l'Afrique, donnant naissance à l'océan Indien. Le continent de Gondwana est alors constitué d'un seul bloc avec l'Amérique du Sud et l'Afrique, qui sont unies, rien n'indiquant encore la présence de l'Atlantique Sud. De remarquables séries continentales (généralement des grès et des schistes rouges) se déposent sur ce continent, notamment en Afrique du Sud, à Madagascar et aux Indes. Ces milieux colonisés par les reptiles sont le siège d'une riche flore à Thinnfeldia , qui souligne le réchauffement du climat.

Le continent nord-atlantique et le continent de l'Angara sont toujours unis en une seule masse continentale, rien ne présageant l'ouverture ultérieure de l'Atlantique Nord. L'Angara reste relativement préservé de la transgression marine, et des dépôts continentaux à charbons s'y développent (Sibérie) en continuité de ceux du permien et du trias.
Dans les mers épicontinentales qui bordent ces continents, le climat uniformément chaud favorise le développement des plates-formes carbonatées où s'individualisent de place en place des récifs. Presque toute la France est alors recouverte par la mer où seules émergent une partie du Massif central et du Massif armoricain. Peu profondes, mais très étendues, ces mers ont formé de vastes platiers récifaux où se sont formés les calcaires à entroques, à oolites et à polypiers (Jurassique de Bourgogne, Lorraine, Poitou, Causses...). L'Europe se présente comme un immense archipel.
Des mouvements orogéniques se produisent au cours du jurassique supérieur. Précédée par une importante activité volcanique (andésites), la phase dite andine au kimméridgien (Amérique du Sud) ou névadienne au portlandien (Amérique du Nord et bordure asiatique du Pacifique) marque une étape importante dans la construction des cordillères ouest-américaines. Elle est suivie deuis la phase néocimérienne à la fin du portlandien (Antilles et Indonésie surtout).


Paléontologie
Le jurassique est caractérisé par le développement des dinosaures, des ptérosaures et l'apparition des premiers oiseaux. Dans le domaine marin épicontinental, le benthos se diversifie. Les spongiaires, brachiopodes, lamellibranches, gastéropodes et échinodermes prolifèrent dans les mers chaudes.
Animaux : développement des dinosaures et apparition des premiers oiseaux
La faune d'invertébrés jurassiques est riche. Les polypiers sont tous des hexacoralliaires. Les crinoïdes ont joué un grand rôle en fournissant le matériel des calcaires à entroques. Les oursins sont abondants et variés, ainsi que les bivalves et les gastropodes. Les mollusques céphalopodes (ammonites et bélemnites) connaissent un développement très important. Parmi les brachiopodes, on trouve de nombreuses populations de térébratules et de rhynchonelles. Les poissons sont de plus en plus variés (apparition de poissons osseux). Parmi les amphibiens, on trouve un anoure : palæobatrachus.

C'est l'époque du règne des grands reptiles (qui survivront encore au crétacé). En mer, on trouve les ichtyosaures et les plésiosaures. Sur le continent, les grands dinosauriens font leur apparition (ceratosaurus, megalosaurus, brontosaurus, diplodocus, stegosaurus, etc.). Les dinosaures, qu'ils soient marcheurs ou nageurs, domineront le monde pendant tout le mésozoïque, c'est-à-dire pendant 180 millions d'années. Ils possédaient, comme les mammifères, une régulation thermique et des membres dressés.

Un certain nombre de reptiles commencent à voler (pterodactylus), tandis qu'apparaît le premier oiseau (dont le premier connu est l'archéoptéryx du portlandien de Bavière) à caractères reptiliens très marqués. Les mammifères apparaissent en petit nombre. Dans les mers chaudes, les foraminifères et les algues planctoniques (coccolithophoridées) pullulent. Les rudistes caractérisent les dépôts de récifs.
Végétaux : l'apogée des gymnospermes
Dans le domaine continental, la flore est dominée par des végétaux à ovules (gingko, cycas) et à graines (apogée des gymnospermes, notamment les bennettitales).
Les principaux groupes fossilifères utilisés pour l'établissement des subdivisions stratigraphiques sont, pour la macrofaune, les ammonites et les aptychus (organismes bivalves représentant peut-être des opercules d'ammonites). Parmi la microfaune, on utilise notamment les tintinnoïdiens et les calpionelles.

 

 DOCUMENT   larousse.fr    LIEN

 

 
 
 
initiation musicale toulon  

GÉOLOGIE

 


 

 

 

 

géologie

Étude des constituants de la Terre, visant à en comprendre la nature, la distribution, l'histoire et la genèse.


Si les premières observations géologiques remontent à l'Antiquité, le nom de géologie apparaît pour la première fois à la fin du xviie s., dans le titre d'un ouvrage, et ce n'est qu'au xviiie s. que cette science commence véritablement à se développer, dans l'ambiance du siècle des Lumières. On voit bientôt s'opposer les théories antagonistes de l'Allemand Abraham Werner (1749-1817), qui attribue à toutes les roches une origine océanique, et de l'Américain James Hall (1811-1898), qui privilégie l'origine ignée des roches éruptives. Au xixe s., la géologie proprement dite se diversifie en ses différentes branches, tandis que le xxe s. voit son explosion en disciplines nouvelles, avec d'une part son ouverture à la physique et à la chimie, donnant naissance à la géophysique et à la géochimie, et d'autre part les progrès des moyens d'observation qui étendent son champ à l'océanologie et à la planétologie, l'ensemble constituant les géosciences.
1. Objets d'étude et différentes branches de la géologie

La géologie proprement dite comprend diverses branches qui concourent à l'étude de la nature des roches, de leur âge ou de leur structure.
1.1. L’étude de la nature des roches

L'étude de la nature des roches fait l'objet de la pétrographie, ou pétrologie, qui distingue :
– les roches sédimentaires, ou exogènes (calcaires, grès, argiles, etc.), déposées par les agents dynamiques externes (eaux, glaces, vent) et dont la caractéristique principale est d'être stratifiées ;
→ sédimentation
– les roches magmatiques, ou endogènes, issues des profondeurs, généralement cristallines, sous forme d'amas massifs, ou plutons, lorsqu'elles ont cristallisé à l'intérieur de la croûte terrestre (granites, gabbros, péridotites, etc.) ou de volcans et de coulées de laves lorsqu'elles se sont épanchées à la surface (rhyolites, basaltes, etc.) ;

– les roches métamorphiques, de nature endogène ou exogène, mais transformées dans les profondeurs de la croûte terrestre sous haute température et haute pression, ce qui leur confère un aspect de schistes cristallins (micaschistes, gneiss).
1.2. L’étude de l’âge des roches

L'étude de l'âge des roches fait l'objet de la stratigraphie (pour les roches sédimentaires) et de la géochronologie, la première s'appuyant sur la paléontologie, ou science des fossiles, la seconde sur la géochimie isotopique, seule méthode pour les roches endogènes et métamorphiques, méthode complémentaire pour les roches sédimentaires.

La paléontologie (qui permet la stratigraphie par la succession des faunes et flores fossiles dans le temps), est surtout efficace depuis 540 millions d'années (MA), moment de l'explosion biologique fondamentale qui ouvre les temps dits phanérozoïques (du grec phaneros, visible, et zôon, animal). Ceux-ci sont divisés en ères, elles-mêmes divisées en systèmes, eux-mêmes formés d'étages définis par un contenu faunistique et floristique rapporté à une localité type dont l'étage porte le nom.


Apparue il y a quelque 3,8 milliards d'années (traces d’activité d’organismes procaryotes), la vie s’est longtemps limitée au développement de bactéries et de cyanobactéries (dont certaines, coloniales, ont laissé des structures appelées stromatolites). Puis apparaissent les organismes unicellulaires eucaryotes, il y a 1,9 milliard d’années environ, suivis par les premiers pluricellulaires, il y a 670 millions d’années. Les invertébrés prolifèrent, sous toutes leurs formes, à la limite précambrien-primaire, vers 540 MA. Les poissons les plus primitifs apparaissent vers 500 MA, à la limite cambrien-ordovicien, les amphibiens (ou batraciens) vers 360 MA, à la limite dévonien-carbonifère, les reptiles vers 320 MA, au milieu du carbonifère, les mammifères vers 200 MA, au trias, les oiseaux vers 160 MA, au jurassique. Les hominidés n'émergent que vers 4 MA, au cours du pliocène. Parmi les végétaux, les cryptogames partent à la conquête des continents, jusqu'alors déserts, vers 430 MA, au silurien, les gymnospermes apparaissent vers 360 MA, au début du carbonifère, les angiospermes, ou plantes à fleurs (→ phanérogame), vers 100 MA, au crétacé.

Cette succession des faunes et des flores dans l'ordre de la complexité croissante est le support de la théorie de l'évolution formulée à la fin du xviiie s. par le Français Jean-Baptiste Lamarck (1744-1829) – connue aujourd’hui sous le nom de lamarckisme –, puis de celle établie au xixe s. par le Britannique Charles Darwin (1809-1882). Ces successions de faunes ne sont pas régulières : certaines périodes sont marquées par de brutales et vastes vagues d’extinctions ; la plus connue s'est produite à la fin de l'ère secondaire (transition crétacé-tertiaire), vers 65 MA, et vit la disparition totale des dinosaures.

L'établissement du concept d'évolution est l'un des grands chocs spirituels ayant modifié l'idée que l'humanité se fait d'elle-même (aux côtés du concept de révolution de la Terre sur elle-même et autour du Soleil) : non seulement l'homme n'est pas au centre du monde, mais il n'est qu'un maillon parmi d'autres d'une chaîne biologique a priori sans fin.
La géochronologie a donné à la stratigraphie un calendrier précis, outre qu'elle a permis de donner un âge aux terrains cristallins, jusqu'alors datés approximativement par des méthodes indirectes. Elle se fonde essentiellement sur des méthodes géochimiques.
La datation des terrains et l'analyse de leurs faciès débouchent sur la reconstitution des géographies du passé géologique, ou paléogéographie.
L'ensemble de ces disciplines, qui reconstituent l'histoire de la Terre, forme la géologie historique.


1.3. L’étude de la structure des roches

L'étude de la structure des roches fait l'objet de la tectonique, qui décrit les déformations des roches par l'observation de terrain et leur genèse par la tectonique expérimentale et la tectonophysique.

On reconnaît ainsi des formes et accidents tectoniques, cassures ou failles, plis, transports horizontaux ou chevauchements et charriages et des styles tectoniques, selon la profondeur des déformations.
Les chaînes de montagnes qui en résultent forment des ensembles intra- ou intercontinentaux. Les chaînes intracontinentales associent les déformations du socle continental et de sa couverture sédimentaire.
Les chaînes intercontinentales, ou de collision, sont liées au rapprochement des continents jusqu'à leur collision : l'océan intermédiaire se réduit à une cicatrice, ou suture ophiolithique, du nom des roches basiques et ultrabasiques qui formaient la croûte de l'océan disparu – les chaînes alpines de la ceinture montagneuse qui va de Gibraltar à l'Indonésie, entre l'Eurasie d'un côté et l'Afrique, l'Inde et l'Australie de l'autre, par les Alpes et l'Himalaya, en sont un bon exemple.


Les chaînes péricontinentales, ou de subduction, sont dues au passage en force de la lithosphère océanique sous les marges des continents qui les bordent (→ subduction). Elles affectent soit la forme de puissantes cordillères, comme les Andes, limitées à la déformation des marges continentales, soit la forme d'arcs insulaires, comme ceux de l'ouest du Pacifique, lorsqu'une mer marginale s'intercale entre l'arc déformé et le bord continental ; cordillères et arcs insulaires sont riches en roches granitiques et volcaniques (andésites).
Chaînes de collision et de subduction forment les deux grandes ceintures montagneuses volcaniques et sismiques du globe : la ceinture péripacifique, liée à la subduction de l'océan Pacifique (« ceinture de feu », et la ceinture téthysienne, liée à la collision des masses continentales aujourd'hui septentrionales (Amérique du Nord et Eurasie), avec les masses méridionales (Amérique du Sud, Afrique, Inde, Australie), aux dépens de la Téthys, océan aujourd'hui disparu qui séparait ces deux ensembles continentaux.


2. Les nouvelles disciplines

De la rencontre entre la géologie et la physique et la chimie, sont issues la géophysique et la géochimie.
2.1. La géophysique

Fournissant un apport essentiel à la tectonique, la géophysique s'est développée via la gravimétrie, la sismologie et le géomagnétisme.
La gravimétrie

Née au xviiie s., la gravimétrie, en se fondant sur les anomalies de la pesanteur, contribue à définir la forme du globe terrestre, puis l'équilibre des couches superficielles sur les plus profondes, ou isostasie, notamment dans le cas des chaînes de montagnes sous lesquelles existe une racine légère, conçue comme un gonflement de la lithosphère continentale à l'aplomb du relief, sorte d'image en négatif de la chaîne. En affinant la mesure de ces anomalies de pesanteur, on peut déterminer les régions en équilibre isostasique, donc stables, et celles en déséquilibre, qui tendent soit à s'affaisser, soit à se soulever, ayant ainsi une clef de la dynamique du relief.
La sismologie

Ondes sismiques
La sismologie est devenue une science vers la fin du xixe s. et les études sismologiques se sont orientées successivement dans trois directions :
• les tremblements de terre (→ séisme) eux-mêmes (échelle de Mercalli, qualitative ; et échelle de Richter, quantitative) ;
• la détermination de la structure du globe terrestre en croûte, manteau et noyau, séparés par les discontinuités de Gutenberg et de Mohorovičić (→ moho), croûte et manteau supérieur formant la lithosphère, rigide, tandis que le reste du manteau constitue l'asthénosphère, plastique (→ Terre) ;
• la structure de la croûte terrestre et de ses parties superficielles qui, seule, concerne la géologie.

La sismicité générale a permis de définir le mécanisme d'ouverture (accrétion) des rifts médio-océaniques (→ fossé d'effondrement, expansion des fonds océaniques), le jeu des failles transformantes qui segmentent ceux-ci, le plan de subduction, dit plan de Benioff (du nom de son découvreur, le sismologue américain Hugo Benioff [1899-1968]), selon lequel l'océan plonge sous les marges continentales au niveau des arcs insulaires et des cordillères. Ainsi a été fondée la tectonique des plaques.

La sismique appliquée, développée par les compagnies pétrolières (→ pétrole), a conduit à une connaissance détaillée de la croûte terrestre faisant la liaison entre géophysique et géologie. D'abord limitée aux ensembles sédimentaires, objets de la prospection pétrolière, elle s'est étendue à l'épaisseur de la croûte terrestre, par la mise au point de programmes de profils sismiques d'écoute longue, comme les programmes COCORP (COnsortium for Continental Reflection Profiling) aux États-Unis, le premier du genre, ou ÉCORS (Étude des Continents et des Océans par Réflexion Sismique) en France, et d'autres dans différents pays. C'est la tectonique qui a surtout profité de ces développements.
Le géomagnétisme

Dérive des continents
Le géomagnétisme est, avec la gravimétrie, la plus ancienne discipline de la physique du globe, car, comme elle, liée à la géodésie : dès le xviie s. et surtout le xviiie s., les mesures du magnétisme terrestre sont devenues courantes. Mais il a fallu attendre le xxe s. pour qu'elles prennent un sens pour la géologie et qu'elles soient effectuées dans ce but.
Le paléomagnétisme, qui fournit la direction des pôles à un moment donné en un endroit donné, se fonde sur le champ magnétique fossile daté par la stratigraphie ou la géochronologie. Chaque continent, à un moment donné, indiquant une position différente des pôles de celles indiquées par les autres continents, la mobilité relative des uns par rapport aux autres se trouve ainsi démontrée, justifiant la théorie de la dérive des continents de l'Allemand Alfred Wegener (1880-1930), et confortant la tectonique des plaques qui l'intègre dans ses prémisses.

Le relevé d'anomalies magnétiques océaniques parallèles au rift médian, interprétées comme marquant les renversements successifs de la polarité du champ magnétique terrestre pendant la genèse progressive de la croûte océanique, donne une mesure quantifiée de celle-ci, dont l'ordre de grandeur est le centimètre par an, de 2 cm/an pour les rifts lents jusqu'à plus de 10 cm/an pour les rifts rapides. Ainsi se trouve mesurée l'expansion océanique et une nouvelle fois confortée la tectonique des plaques.
À la paléogéographie succède ainsi la palinspatie, qui tient compte du déplacement des continents et devient globale, justifiant que la tectonique des plaques soit aussi désignée sous le nom de tectonique globale.


2.2. La géochimie


La géochimie a renouvelé la pétrologie par l'analyse précise et quantifiée de la composition des roches et de chacun de leurs minéraux majeurs. Mais c'est par l'analyse des éléments mineurs et de leurs composants isotopiques qu'elle a apporté une véritable révolution.
En s'appuyant sur la période de désintégration des éléments radioactifs, elle a permis la mesure de la durée des temps géologiques, dont l'unité est le million d'années : tous les chiffres rappelés dans le tableau stratigraphique se fondent sur cette géochronologie isotopique qui utilise les couples uranium/plomb, potassium/argon, rubidium/strontium, etc., pour les temps géologiques anciens, le fluor et le carbone 14 pour les périodes récentes aux limites de l'histoire et de la préhistoire.

Après la paléontologie, qui a fondé la notion d'évolution biologique, la géochronologie est à la source de la deuxième grande révolution apportée par les géosciences dans la pensée humaine : désormais, l'histoire de la Terre a un début et un calendrier dans lequel l'évolution biologique, notamment celle de l'homme, prend sa place.

En s'appuyant sur la composition isotopique des roches, la géochimie a permis de préciser les conditions de leur formation, notamment la température à laquelle elles sont apparues. Ainsi ont été définis des paléothermomètres, comme le couple oxygène 16/oxygène 18, qui permet de dire à quelle température se sont déposés les sédiments, fournissant une clef à la paléoclimatologie : les périodes froides sont caractérisées par un enrichissement en oxygène 18, isotope lourd moins volatil, au contraire des périodes chaudes, caractérisées par un enrichissement en isotope léger oxygène 16.
Par l'ensemble de ces approches, la géologie dynamique, ou géodynamique, a été complètement renouvelée.


3. Les nouvelles approches

Dans les dernières décennies, les progrès de l'océanographie et de la recherche spatiale ont donné à la géologie une dimension qui englobe les océans tout autant que les continents et dépasse même les limites du globe terrestre pour s'étendre aux autres planètes du Système solaire et à leurs satellites.


3.1. L'océanologie géologique

Source hydrothermale océanique
Apparue au xixe s., l'océanologie géologique a donné des océans une connaissance précise qui a renouvelé l'interprétation des terrains du passé géologique, en s'appuyant sur toutes les méthodes de la géologie, de la géophysique et de la géochimie et, à la fin du xxe s., en utilisant des moyens performants comme le sondeur multifaisceaux (fondé sur le principe du sonar), pour le dessin des cartes du fond des océans, les forages océaniques profonds, pour recueillir des éléments de la croûte océanique et de sa couverture sédimentaire, et les submersibles autonomes (→ bathyscaphe), capables de descendre à 6 000 m de profondeur, pour effectuer des observations et recueillir des échantillons, etc.

Le principe de l'uniformitarisme, suivant lequel le globe a évolué selon les mêmes modalités qu'aujourd'hui, énoncé dès 1830 par le Britannique Charles Lyell (1797-1875), y a trouvé sa convaincante illustration, du moins pour ce qui concerne les temps phanérozoïques.


3.2. La planétologie

image: http://www.larousse.fr/encyclopedie/data/images/1314211-Curiosity_sur_Mars.jpg
Curiosity sur MarsCuriosity sur Mars
La planétologie (→ planète) s'est développée en s'appuyant sur des télescopes de plus en plus performants et sur les sondes spatiales. Elle autorise une étude comparée des planètes et de leurs satellites, l'événement le plus spectaculaire ayant été la récolte de roches lunaires, des basaltes identiques à ceux que l'on rencontre sur la Terre et de même âge que les plus anciens : la Lune a le même âge et la même origine que notre planète.
image: http://www.larousse.fr/encyclopedie/data/images/1306185-D%c3%a9p%c3%b4ts_s%c3%a9dimentaires_sur_Mars.jpg
Dépôts sédimentaires sur Mars
Dépôts sédimentaires sur Mars
image: http://www.larousse.fr/encyclopedie/data/vignettes/1306185.jpg
Dépôts sédimentaires sur Mars
image: http://www.larousse.fr/encyclopedie/data/vignettes/1313213.jpg
Mimas, satellite naturel de Saturne
image: http://www.larousse.fr/encyclopedie/data/vignettes/1313221.jpg
Encelade, satellite naturel de Saturne
Nombre de traits géologiques terrestres ont été reconnus sur les planètes telluriques et les satellites des planètes géantes ; outre les impacts météoritiques mieux conservés que sur la Terre, où l'érosion les a le plus souvent effacés, on a reconnu des traces d'érosion fluviale, des plis et failles, des calottes glaciaires (sur Mars) ; des carapaces de glace déformées (sur Callisto, Europe et Ganymède, satellites de Jupiter) ; des volcans éteints (sur Vénus et Mars) ou en activité (sur Io, satellite de Jupiter), etc. Ces observations sont l'amorce d'une géologie des planètes qui n'en est qu'à ses débuts.


3.3. La télédétection

image: http://www.larousse.fr/encyclopedie/data/images/1314088-Vue_satellite_de_la_terre.jpg
Vue satellite de la terreVue satellite de la terre
L'observation de la Terre par satellite dans le visible ou dans certaines bandes du spectre infrarouge autorise une cartographie précise, révélant des structures de grande dimension que la synthèse des observations de terrain ne permet pas toujours de mettre en évidence.

3.4. L'océanologie spatiale

Les mesures effectuées au-dessus des océans par des satellites équipés d'altimètres radar donnent des résultats de premier plan pour l'étude des courants ou des grands déplacements de la masse océanique, comme le phénomène El Niño, mais aussi dans le domaine de la géologie : moyennant diverses corrections, l'altimétrie de la surface des océans – connue au centimètre près – révèle la forme du fond et les accidents tectoniques qui l'affectent : on a pu ainsi dresser des cartes des fonds océaniques, qui vérifient les prédictions de la tectonique des plaques, fournissant donc de cette théorie une autre démonstration.


3.5. La géodésie spatiale

Des satellites géodésiques ont permis de mesurer avec une précision centimétrique les déplacements des objets géologiques à la surface de la Terre et de retrouver ainsi, par une autre méthode, les données de la tectonique des plaques, mais cette fois chiffrées en temps réel.

image: http://www.larousse.fr/encyclopedie/data/images/1313425-faille_de_San_Andreas.jpg
faille de San Andreasfaille de San Andreas
On passe ainsi de la géodynamique moyennée sur des millions d'années à la géodynamique mesurée sur une année. Le résultat le plus spectaculaire est que les valeurs obtenues par ces deux approches sont identiques : par exemple, moyenné sur 5 millions d'années ou mesuré sur une année, le coulissage du complexe de failles de San Andreas, en Californie, est de 5 cm par an.
On peut dès lors envisager de prédire le futur : à long terme, par exemple quand l'axe égéen, qui s'avance vers le sud à la cadence de 4 cm par an, viendra recouvrir la Libye en fermant la mer du Levant, etc. ; ou, à court terme, en particulier pour la prévision des séismes.

 

  DOCUMENT   larousse.fr    LIEN

 

 
 
 
Page : [ 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 ] Prcdente - Suivante
 
 
 
Google