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FLORENCE

 

 

 

 

 

 

 

Florence
en italien Firenze

Ville d'Italie, capitale de la Toscane et chef-lieu de province.
Population : 355 342 hab. (recensement de 2011)
Nom des habitants : Florentins
GÉOGRAPHIE

La capitale toscane est située dans la partie orientale d'une vaste plaine à fond plat (50 m d'altitude), appelée bassin de Florence. Il s'agit d'un bassin d'effondrement qui était occupé par un lac au pliocène et dont les limites sont l'Appenin au nord et à l'est, les collines de la zone du Chianti au sud, l'arête rectiligne du Monte Albano au sud-ouest. Il est traversé obliquement, d'ouest en est, par l'Arno. C'est sur les rives de ce petit fleuve (aux crues parfois catastrophiques, comme en 1966).
La situation est donc très bonne grâce à la fertilité des sols et surtout à la position de confluence de nombre de voies de communication. Florence se trouve sur le tracé de la voie ferrée Milan-Rome (« la direttissima ») et sur celui de l'autoroute du Soleil et est donc un point de passage obligé entre les deux plus grands pôles urbains de l'Italie.
La ville se divise en deux parties inégales. Sur la rive gauche de l'Arno, les collines de Belvedere et Bellosguardo limitent l'extension urbaine. Après un liseré de faubourgs le long de la rive, des jardins et des villas parsèment ces hauteurs opportunément parcourues par des routes panoramiques. Sur la rive droite, au contraire, la ville s'étale dans la plaine.
Le cœur de la cité, où se trouvent les richesses architecturales de la Renaissance (Dôme, Palazzo Vecchio, etc.), correspond à un vieux noyau, romain d'abord, médiéval ensuite, que le tracé des rues montre encore. Des zones de résidence ancienne l'entourent jusqu'à un anneau de boulevards issu de la suppression d'une enceinte du xiie s. L'essor moderne date de l'unité italienne, surtout de 1865 à 1871, Florence étant alors capitale du royaume. Aujourd'hui, la ville atteint les collines septentrionales couvertes d'oliviers et aligne vers Prato des faubourgs industriels. Car, si la fonction touristique est très importante, elle n'a pas enfermé Florence dans un statut de ville-musée. L'artisanat est vivace (meuble, habillement, cuir, joaillerie), et l'industrie est présente (mécanique). Quant aux activités tertiaires autres que le tourisme, leur développement démontre le rôle régional de la ville : commerce, administration, université (avec une bibliothèque nationale), édition (un quotidien régional, La Nazione), archevêché. Un tramway a été mis en service en 2010. Florence déborde sur les communes alentour, dans tout le bassin (ses voisines immédiates sont Prato et Pistoia). Mais il y a des limites à son rayonnement, et elle n'a pu s'ériger au rang de centre de décision économique de niveau national.
Le centre historique de Florence est classé au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1982.
L'HISTOIRE DE FLORENCE
Les origines antiques
Le site est peuplé du xe au viiie s. avant J.-C. par des Indo-Européens, les Italiotes. Abandonné du vie au iie s. avant J.-C. par les Étrusques, qui s'établissent à Faesulae (Fiesole), il est réoccupé par une agglomération que détruit Sulla à l'issue de la révolte de 82 avant J.-C. Peu après, les vétérans de César y fondent au confluent de l'Arno et du Mugnone, sans doute au printemps de 59 avant J.-C., au temps des ludi Florales, une colonie qui leur doit son nom : Florentia, la « florissante ». Tout entière située sur la rive droite, la colonie romaine est construite sur le modèle d'un castrum militaire ceint de deux kilomètres de murailles précédées de fossés.
De plan presque carré, la ville, d'une superficie de 20 ha, est d'ailleurs parfaitement orientée, car elle est dotée d'un decumanus est-ouest et d'un cardo maximus nord-sud qui, par-delà la porte du Midi, se prolonge jusqu'à un pont situé à quelques mètres de l'actuel Ponte Vecchio, mais qui ne devient permanent qu'au ier s. après J.-C. Au croisement à angle droit de ces deux axes s'élargit le forum (actuelle piazza della Republica).
Carrefour routier important, accessible depuis la mer par voie d'eau, Florence accueille alors avec faveur, sans doute par le relais de Pise, les commerçants orientaux et leurs produits, leurs idées et leurs religions (culte d'Isis au ier s. après J.-C. : christianisme au iie s. après J.-C.). La ville enrichie, débordant hors de son enceinte, comprend sans doute à la fin du iie s. après J.-C., environ 10 000 habitants.
Le temps des crises (iiie-viiie s.)
Cette prospérité se trouve rapidement ébranlée par la crise religieuse du iiie s., qui repousse jusqu'au début du ive s. la désignation du premier évêque connu de la ville, Félix, et jusqu'en 393 la consécration par saint Ambroise de la première cathédrale : San Lorenzo, sise hors les murs. En partie détruite en 552 par l'Ostrogoth Totila, qui a submergé l'enceinte byzantine édifiée en 541-544, la ville est annexée par les Lombards après 570 et dotée par eux, après leur conversion au viie s., de deux sanctuaires, l'un dédié à saint Michel, patron des occupants, l'autre à saint Jean-Baptiste. Mais éclipsée économiquement par Pise et administrativement par Lucques, Florence décline jusqu'au viiie s.
Le temps de l'émancipation (ixe-xiie s.)
Capitale du comté et de l'évêché carolingiens de Florence, la ville ne revit qu'au ixe s., lorsque Lothaire Ier en fait le centre d'un nouveau comté de Florence. Ce contado s'étend de la crête de l'Apennin jusqu'aux abords immédiats de Sienne et est de ce fait le plus vaste de toute la Toscane ; il reste dans la main du marquis de Toscane, qui se fait représenter dans son chef-lieu par un vicomte. Bénéficiant d'un important apport humain de contadini, fuyant les invasions hongroises au xe s., Florence doit être alors pourvue d'une troisième enceinte, englobant le faubourg, qui se développe au sud de l'Arno. Aussi le marquis Hugues (Ugo) décide-t-il d'y transférer sa résidence, jusque-là fixée à Lucques. Capitale administrative de la Toscane. Florence en devient le principal centre religieux et artistique. Le marquisat de Toscane relève du royaume d’Italie, qui appartient lui-même à l’Empire romain germanique.
Archevêque de cette ville de 1046 à 1059, le futur Nicolas II y accueille le concile réformateur de 1055, que préside le pape Victor II. L'effort de réformation est interrompu par l'épiscopat d'un Lombard simoniaque, Pietro Mezzabarba (1061-1069), mais il reprend sous la direction de Mathilde, fille de Béatrice de Toscane et épouse de Godefroi le Bossu. Restée seule marquise de Toscane en 1076, celle-ci apporte son soutien au pape Grégoire VII (1073-1085), dont elle favorise la réconciliation avec l'empereur Henri IV dans son château de Canossa en 1077. Le souverain allemand, qui ne lui pardonne pas son humiliation, la dépose solennellement en 1081, la contraignant à se réfugier dans le palais qu'elle possède hors des murs de Florence. La ville résiste d'ailleurs victorieusement à Henri IV, qui l'assiège en juillet 1082.
Ainsi, le peuple de Florence, qui a imposé la réforme de l'Église, affirme sa puissance au sein de la communauté urbaine.
Les ministeriales et les agents de l'évêque, du vicomte ou des établissements religieux forment la couche supérieure de ce peuple au sein duquel se constitue une bourgeoisie urbaine qui crée hors les murs le borgo (faubourg) Santi Apostoli, cité en 1075, et le borgo Foris Portam Santi Petri Majoris, connu dès 1090. La mort du dernier comte Cadolingi en 1113, celle de la comtesse Mathilde en 1115, enfin celle de l'empereur Henri V en 1125 facilitent l'émancipation de cette bourgeoisie, qui s'empare de Fiesole en 1125 et contraint les nobles à venir résider au moins trois mois dans la ville, où ils érigent des palais surmontés de tours de défense de plus en plus hautes (premier tiers du xiie s.).
Le temps des institutions : la commune de Florence au xiie s.
La commune de Florence n'est reconnue de facto qu'en 1154 par le légat impérial welf (les welfs [ou guelfes en français], ducs de Bavière, entretiennent une rivalité belliqueuse et constante avec les Hohenstaufen, ducs de Souabe, pour la détention du trône impérial germanique), lorsque celui-ci lui accorde la juridiction civile et criminelle sur le contado, que détient dès lors le tribunal de la commune. Et ce n'est qu'en 1183 qu'elle est reconnue de jure par Frédéric Ier de Hohenstaufen dit Barberousse.
Trois organes assurent alors le gouvernement de la ville : l'Assemblée populaire, ou Parlement, qui se réunit quatre fois par an dans la cathédrale Santa Reparata ; un conseil consultatif et délibérant de 100 à 150 boni homines, apparu au plus tard en 1167 ; enfin, un collège de douze consuls qui se relaient tous les deux mois pour exercer le pouvoir exécutif et qui sont sans doute cooptés annuellement tant parmi les non-nobles que parmi les nobles.
Les uns et les autres se regroupent d'ailleurs indifféremment aussi bien au sein de la société des combattants à cheval (societas militum), assez riches pour s'équiper à leurs frais, qu'au sein de la société des marchands (societas mercatorum), qui pratiquent le commerce lointain ; enrichis, ils assurent l'entretien, à la demande de la commune, de l'église de San Miniato (1180) et du baptistère Saint-Jean (1157), où est conservé le carroccio (char à bœufs) chargé de porter au combat ses emblèmes.
L'enrichissement de ces grands marchands s'explique en grande partie par leur intelligence économique, qui les incite à utiliser l'alun et les produits d’Orient liés à l’art de la teinture pour affiner, teindre et réexporter à haut prix les draps achetés en Flandre et en France dès la fin du xiie s. En réinvestissant au moins partiellement leurs bénéfices en prêts à intérêts de 15 à 25 %, ces marchands donnent à Florence les moyens financiers indispensables pour assurer la liberté de ses communications « en et hors » la Toscane. Profitant de l'affaiblissement relatif de Pise face à la coalition d'intérêts de Lucques et de Gênes, Florence accepte en 1171 d'accorder son aide militaire à la première de ces trois villes, à condition que ses marchandises puissent circuler librement sur mer et ne soient pas frappées, sur son territoire, de taxes supérieures à celles qui pèsent sur son propre commerce. Un tel dynamisme économique accélère les courants migratoires dont bénéficie Florence, qui entreprend entre 1172 et 1175 la construction d'une nouvelle enceinte de 4,5 km, laquelle englobe à la fois les borghi, qui se sont multipliés hors des murs, et l'actif quartier de l'Oltrarno. La ville compte dès lors environ 25 000 habitants (50 000 peut-être en 1200) ; elle est devenue une ville pont d'une superficie de 55 ha répartis non plus entre quatre quartiers, mais entre six sestiers selon un système « sexpartite » aussitôt appliqué au contado.
Le xiiie s., temps de l'expansion
La croissance rapide de Florence, la conjonction d'intérêts entre la petite bourgeoisie immigrée du contado, les artisans, dont les nouveaux métiers se constituent et se regroupent en « arts majeurs ou mineurs » (arts des merciers, des fourreurs, des épiciers, etc.), et certaines grandes familles qui, tels les Uberti, sont écartées du consulat par le système de la cooptation, l'hostilité commerciale de Lucques, qui rétablit le péage sur l'Arno au pont de Fucecchio, l'appui enfin que donnent à ces mécontents les empereurs Frédéric Ier Barberousse et Henri VI, tous ces faits rendent possible le coup de force de 1193.
S'étant fait élire podestat, un Uberti, Gherardo Caponsacchi, abolit le consulat et bannit pour la première fois certaines grandes familles nobles. Le régime consulaire, rétabli en 1196, reconquiert le contado avec l'appui de la ligue des villes toscanes, dans laquelle Florence entre en 1197 et qu'elle dirige dès 1198. Florence occupe alors Fucecchio, où elle fait abolir le péage lucquois ; elle rase Semifonte en 1202 avec le concours de Sienne, à laquelle elle enlève enfin Poggibonsi en 1208.
En partie victorieuse grâce à l'appui du pape Innocent III, la commune accepte au début du xiiie s. d'expulser les hérétiques, renouant ainsi avec la politique de stricte orthodoxie qu'elle a pratiquée au xie s. et à laquelle elle a renoncé au xiie s. en faveur des cathares, alors fort nombreux parmi les ouvriers de la laine. Aussi accueille-t-elle les frères mineurs dès 1218 dans l'hôpital San Gallo et dès 1228 dans l'église de Santa Croce, tandis que les frères prêcheurs s'établissent en 1221 dans l'église de Santa Maria Novella.
Par ailleurs, l'extension territoriale de la commune nécessite l'acquisition de ressources régulières. Elle les obtient en s'appropriant en 1197 le foderum impérial (impôt destiné aux militaires et calculé selon l’importance des récoltes) de 26 deniers par feu levé sur le contado sous forme de taxes diverses, notamment sur les villes conquises, enfin en instituant un impôt direct sur la fortune mobilière selon le système de l'allibramento (levée d'un nombre variable de deniers par livre).
Quant au gouvernement de la ville, qui siège dans le premier palais communal, construit entre 1200 et 1208, il passe en 1207 des mains des consuls à celles d'un podestat étranger. Nommé pour un an, extérieur aux factions urbaines, celui-ci est assisté du conseil étroit, qui se substitue à l'ancien collège des consuls, et du conseil général de 150 membres antérieurement existant et dont font partie les prieurs des arts majeurs.
Bien secondés par une équipe de soldats et surtout de juristes et de notaires issus de la petite noblesse florentine et formés à l'université de Bologne, les podestats assurent près de trente années de paix intérieure à Florence, malgré la querelle familiale qui éclate en 1215 entre les Buondelmonti et les Amidei, querelle qui entraîne la formation de deux partis politiques irréductibles l'un à l'autre : appuyé par le pape, le « parti guelfe » (parte guelfa), auquel appartient la première de ces deux familles, qui soutient l'empereur welf Otton IV de Brunswick ; le « parti gibelin », que constitue la seconde lorsqu'elle se décide à faire appel, pour soutenir sa querelle, à un Waiblingen, l'empereur Frédéric II de Hohenstaufen et qui regroupe donc les soutiens italiens de l’Empire. Mais avant que le conflit ne se généralise, les podestats assurent la prospérité de Florence. La population augmente, l'Oltrarno doit être uni à l'ancienne ville par deux nouveaux ponts : le Ponte Nuovo (aujourd'hui Ponte alla Carraia) en 1218, en aval, et le Ponte alle Grazie en 1237, en amont du Ponte dès lors appelé « Vecchio ». Surtout, l'activité économique connaît un essor rapide qui entraîne la naissance de nouveaux arts spécialisés et l'accroissement du domaine commercial de l'Arte di Calimala, dont les ateliers affinent les plus beaux draps de laine de l'Occident, ceux qui font la renommée mondiale de Florence.
La puissance acquise entre 1207 et 1220 permet à la ville de résister victorieusement à la coalition que noue contre elle Frédéric II en 1220. Victorieuse de Pise en 1222, maîtresse de Fiesole, elle impose en 1228 son hégémonie à Pistoia et, après une longue guerre (1229-1235), elle contraint Sienne à composer. À la même époque, elle ose frapper, sans autorisation impériale, une monnaie d'argent : le florin qui vaut douze deniers pisans et qui lui assure la prépondérance monétaire en Italie centrale.
Malheureusement, à partir de 1237, la lutte qui oppose le pape à Frédéric II amène l'un et l'autre à exploiter les querelles familiales des Florentins pour se constituer chacun un parti en Toscane. Pour conserver le pouvoir, les gibelins recherchent alors l'appui des arts du commerce et des artisans, qu'ils constituent en 1244 en une organisation autonome : le (premier) popolo, (peuple) dirigé par deux capitaines qui participent dès lors au gouvernement de la ville aux côtés du podestat. Les maladresses de Frédéric II et de son bâtard, Frédéric d'Antioche, qui supprime cette organisation en 1246-1247, celles du parti guelfe, qui bat les Allemands mais massacre de nombreux citadins enrôlés malgré eux par ces derniers, provoquent la révolte de la bourgeoisie florentine, qui instaure en octobre 1250 le régime dit « du premier peuple » (1250-1260) [en fait le second].
Dirigé par un étranger, le capitaine du peuple (le premier est un Lucquois, Uberto Rossi), assisté d'un conseil de douze anciens, élus par les compagnies à raison de deux par sestier, et d'un conseil de vingt-quatre membres où siègent les consuls des arts, disposant, par ailleurs, de vingt compagnies possédant chacune sa bannière et son gonfalonier, le « premier peuple » impose aussi ses lois aux conseils du podestat, qui doivent seulement les ratifier. Il abolit la societas militum, abaisse toutes les tours à une hauteur de 29 m, chasse les gibelins de Florence en 1251, édifie en 1254 son palais, le Bargello, réorganise l'armée, assujettit de nouveau les villes toscanes et fait frapper en 1252 le florin d'or de 3,54 g à 24 carats, nouvel étalon monétaire de l'Occident.
Le régime de la podestatie (1260-1293)
De retour après la victoire remportée sur les Florentins à Montaperti le 4 septembre 1260 par les forces de Manfred et de Sienne, les gibelins, après seulement quelques années d’exercice du pouvoir, sont finalement éliminés dans la nuit de Noël 1267 par Charles Ier d'Anjou, allié du pape et roi de Sicile, auquel les banquiers guelfes de Florence, réduits à l'exil, ont avancé l'argent nécessaire à sa victoire sur Manfred à Bénévent le 26 février 1266. Aboli en 1260 au profit des institutions traditionnelles de la commune (podestat, conseil des trois cents et conseil des quatre-vingt-dix renforcés des vingt-quatre) et de celles du parti gibelin (un capitaine, qui est aussi celui de la commune, et un conseil), le régime du « premier peuple » n'est pourtant pas restauré.
Proclamé podestat pour sept ans en 1268, Charles d'Anjou confie la réalité du pouvoir au parti guelfe. Créé en 1273, celui-ci est dirigé par six capitaines nobles assistés de deux conseils qui donnent la première place au septième art : celui des juges et des notaires, en majorité d'origine noble. La podestatie est confirmée par la soumission des gibelins toscans à Charles d'Anjou, victorieux de Conrad V à Tagliacozzo le 23 août 1268 ; le régime favorise l'essor du grand commerce florentin au Tyrol, en Languedoc et surtout en Sicile, dont l'exploitation économique et financière lui est ouverte par son nouveau souverain.
La lutte des guelfes et des gibelins est apaisée un moment par la paix de compromis du 18 janvier 1280, qui facilite le retour des exilés à Florence, dont la population se trouverait portée à 85 000 habitants ; mais elle reprend avec violence en 1282, lorsque les Vêpres siciliennes chassent de Sicile Charles d'Anjou. Les magnati (nobles et assimilés) perdent le contrôle du pouvoir au profit de la bourgeoisie d'affaires : les ordonnances de justice du 18 janvier 1293, qui excluent les magnati de toute participation au pouvoir, achèvent la mise en place du régime du « second peuple » (en réalité le troisième).
Le régime du « second peuple » (1293-1434)
Une nouvelle constitution réserve en effet le gouvernement à la bourgeoisie d'affaires. Composée de six, puis de huit prieurs tous membres des arts majeurs, présidée par le gonfalonier de justice élu comme eux pour deux mois, la seigneurie laisse subsister au-dessous d'elle deux séries d'organismes parallèles : la « commune », conduite par un podestat étranger assisté d'un conseil large ; le « peuple », dirigé par un capitaine également étranger et qui est secondé par un conseil étroit élu dans le cadre des arts et réel détenteur du pouvoir législatif. Complété par le parti guelfe et, au début du xive s., par le tribunal de la Mercanzia, seul compétent en matière commerciale, ce système repose sur le principe de l'élection tempérée par le tirage au sort et par la cooptation. Fragile et complexe, il nécessite, en cas de crise, le recours à la dictature temporaire d'une balia, commission temporaire investie des pleins pouvoirs par le peuple réuni en Parlement.
Cette réforme institutionnelle de Florence s'accompagne d'une transformation de ses structures militaires. Rationalistes convaincus des mérites de la spécialisation, les hommes d'affaires estiment en effet qu'il est plus efficace et moins coûteux de rétribuer des mercenaires en cas de guerre plutôt que d'interrompre, par une mobilisation des travailleurs valides et de leurs chefs, le cours de la vie économique. Aussi recourront-ils de plus en plus après 1350 aux condottieri, généralement étrangers et dont le plus célèbre est, en 1378, l'Anglais John Hawkwood (Giovanni Acuto).
Par ailleurs, l'oligarchie marchande de Florence réussit à échapper aux conséquences de la stagnation économique du début du xive s., aidée, il est vrai, par le déclin brutal de ses rivales toscanes : Pise et Sienne. Vers 1336-1338, selon le témoignage autorisé du chroniqueur Giovanni Villani, l'Arte di Calimala importe annuellement dans ses 20 magasins plus de 10 000 pièces de drap d'outre-monts valant 300 000 florins d'or (7 à 10 % de la production de l'Europe occidentale), tandis que l'Arte della Lana fabrique, dans ses 200 ateliers, de 70 000 à 80 000 pièces de drap pour une valeur de 1 200 000 florins d'or. En outre, la diversité des activités financières, bancaires et commerciales du premier de ces deux arts – diversité qui entraîne la frappe annuelle de 300 000 à 400 000 florins d'or – renforce la prospérité et le courant migratoire dont Florence bénéficie alors. Peuplée d'environ 95 000 habitants dès 1300 (maximum démographique jusqu'en 1865), Florence est pourvue d'une dernière enceinte de 8 500 m renforcée de 63 tours et enserrant une superficie de 630 ha. Alors naît un ensemble monumental (cathédrale Santa Maria del Fiore, églises Santa Croce et Santa Maria Novella, Palazzo Vecchio, Orsammichele, etc.), qui souligne la volonté de la bourgeoisie de pérenniser son œuvre dans la pierre en faisant appel aux artistes les plus prestigieux, dont elle stimule finalement le génie par l'efficace pratique du concours.
Pourtant, la prospérité de la ville reste à la merci de la moindre crise, en raison de la structure même des compagnies marchandes, dont le capital est constitué moins par les apports des associés (corpo di compagnia) que par ceux des tiers (sopra corpo), dont les dépôts sont remboursables à vue et garantis sans limites par les biens des associés. Aussi, malgré l'habileté des techniques inventées ou adoptées par les marchands florentins (comptabilité en partie double, chèque, lettre de change, assurance, succursales habilement réparties de Famagouste à Londres), la vie économique de Florence est-elle scandée au xive s. par d'innombrables faillites, provoquées en partie par des crises politiques intérieures ou internationales.
Ainsi, l'éclatement du parti guelfe en deux consorterie (factions) hostiles, les Noirs et les Blancs, en lutte de 1300 à 1302, aboutit à l'exil des seconds (Dante) et à la faillite de leurs compagnies. Affaiblies par ces discordes, les « sociétés noires » déposent à leur tour leur bilan : les Mozzi en 1301-1302 ; les Franzesi en 1307 ; les Pucci et Rimbertini en 1309 ; les Frescobaldi en 1312 ; les Scali en 1326, enfin.
Tenant compte de ces échecs, les Noirs rappellent les Blancs exilés en 1301, mais doivent, face à la menace gibeline, accepter à plusieurs reprises la seigneurie d'un prince étranger : celle du roi Robert de Sicile de 1313 à 1321 pour échapper à l'intervention de l'empereur Henri VII ; celle du duc Charles de Calabre de 1325 à 1327, au lendemain de la victoire des Siennois à Altopascio, en 1325 ; celle du duc d'Athènes, Gautier de Brienne, enfin, de 1342 à 1343 ; restaurant la paix avec Lucques et Pise, celui-ci est bientôt écarté par une insurrection fomentée par les Bardi, qui dirigent l'une des plus importantes compagnies marchandes de la seconde génération.
Plus prudente, cette dernière instaure entre ses membres un régime de solidarité financière qui n'empêche pas la faillite, en 1342, des compagnies dell'Antella, des Cocchi, des Uzzano, etc., les déposants ayant procédé à des retraits massifs par crainte que Florence ne renonce à l'alliance guelfe. De même les échecs militaires de leur débiteur Edouard III provoquent-ils la chute des Peruzzi et des Acciaiuoli en 1343, celle des Bardi en 1346.
Aggravée par la peste noire qui tue près de 50 000 habitants entre 1348 et 1350, la crise de Florence retarde jusqu'en 1360 le succès d'une troisième génération marchande. Les compagnies, qui veulent accaparer à leur profit la direction de leur ville, s'éliminent tour à tour. Ayant contraint les Guardi à la faillite en 1370-1371, les Alberti perdent leur chef Benedetto, frappé d'exil en 1387 selon la nouvelle procédure de l'ammonizione, instituée à leur encontre par les Ricci, qui dirigent les arts moyens, et par les Albizzi, qui sont à la tête du popolo grasso (rassemblant les riches commerçants) ; enfin chef de ces derniers, Rinaldo doit s'effacer à son tour le 29 septembre 1434 devant Cosme de Médicis, qu'il a fait exiler en 1433. Seuls restent alors en présence les Strozzi et surtout les Médicis : Cosme l'Ancien rentre, en effet, dès le 5 octobre à Florence, où il instaure la seigneurie de fait de sa famille.
Des Médicis au royaume d'Italie

La montée au pouvoir de cette dernière famille s'explique en partie par le renom de défenseur du popolo minuto (qui regroupe les modestes artisans des arts mineurs) et du prolétariat ouvrier (ciompi) que ses membres ont su acquérir. Au moment où la rupture de l'alliance guelfe et la guerre avec le Saint-Siège provoquent une crise grave à Florence, Silvestre de Médicis a préféré en effet, en 1376, accroître la participation des arts mineurs au pouvoir avec l'appui des ciompi, dont la révolte en juillet 1378, sous la direction du cardeur Michele di Lando, a abouti à la création de trois nouveaux arts (teinturiers, faiseurs de pourpoint, menu peuple rassemblant les ouvriers non qualifiés). Le prolétariat urbain de Florence, vaincu en janvier 1382 par le popolo grasso, qui rétablit les statuts oligarchiques de 1293, se retrouve naturellement solidaire des Médicis en 1433-1434.
Maîtresse d'Arezzo et de Cortone, disposant par ailleurs d'un débouché et d'un empire maritimes, grâce à l'annexion de Pise en 1406, de ses ports de Porto Pisano et de Livourne en 1421 et de ses possessions extérieures, Florence est devenue la capitale d'un vaste district (distretto) composé de quatre contadi (comtés) et qui offre une solide base territoriale et économique à la puissance des Médicis. Cosme (qui dirige Florence de 1434 à 1464), Pierre le Goutteux (1464-1469) et Laurent le Magnifique (1469-1492) contribuent dès lors à faire de la ville de Dante, de Pétrarque et de Boccace le centre de la vie intellectuelle et artistique de l'Italie, dans le respect de la tradition humaniste des grands chanceliers de la République : Coluccio Salutati (chancelier de 1375 à 1406) et Leonardo Bruni (1410-1411 et 1427-1444).
Mais en dénonçant, à partir de 1490, la richesse, le luxe et la corruption des mœurs, le dominicain Savonarole accélère la dispersion des artistes florentins en Italie et même hors de celle-ci ; surtout, il ébranle l'autorité des Médicis, dont le dernier représentant, Pierre II le Malchanceux (1492-1494), s'enfuit lors de l'arrivée en Toscane de Charles VIII, en 1494. Savonarole édifie une république aristocratique à la fois rigoriste et antipontificale, qui livre à la flamme expiatoire du bûcher objets précieux et tableaux de maîtres, dont certains chefs-d'œuvre de Botticelli. Victime de son intolérance, le moine ferrarais périt à son tour sur le bûcher. Réorganisée par les grands marchands florentins, qui confient la direction de sa diplomatie à Machiavel, la république accepte en 1512 le retour des Médicis et se place sous la direction de deux de leurs bâtards, qui bénéficient de la protection successive des deux papes Médicis Léon X (1513-1521) et Clément VII 1523-1534).
Les Médicis sont chassés une seconde fois en 1527, mais ils sont rappelés en 1530, par un Parlement au lendemain de l'occupation de Florence par les troupes de Charles Quint, qui fait de l'un d'eux, Alexandre, un duc de Florence ; maître de Sienne en 1555, son successeur, Cosme Ier, est enfin proclamé grand-duc de Toscane en 1569. Déclinant sous la domination de ses héritiers jusqu'en 1737, Florence renaît à la prospérité entre 1737 et 1859, sous le despotisme éclairé des grands-ducs de la maison de Lorraine. Occupée entre-temps par les troupes françaises en mars 1799, capitale du royaume d'Etrurie de 1801 à 1807, chef-lieu du département de l'Arno de 1807 à 1814, Florence se rattache au Piémont en mars 1860, et Victor-Emmanuel II y établit la capitale du royaume d'Italie de 1865 à 1870.
FLORENCE ET L'ÉCOLE FLORENTINE
L'époque romane
À partir de l'an 1000, Florence est une ville de première importance ; à l'intérieur et à l'extérieur de ses remparts, de nombreux édifices religieux aux formes romanes sont construits selon les normes des basiliques des ordres monastiques du Saint Empire romain. Le baptistère consacré en 1059, joyau à partir duquel va s'épanouir l'art de la ville, permet de définir cette architecture romane florentine qui se distingue par sa régularité géométrique, l'élégance de son dessin, l'équilibre de ses volumes et l'harmonie de la couleur. L'église San Miniato al Monte (commencée au xie s.) présente les mêmes caractéristiques.
Au moment où, au xiie s., Florence atteint l'autonomie communale, elle devient l'une des villes les plus splendides de l'époque par la prospérité de son industrie et de son commerce (création de la corporation des arts) et par la beauté de ses monuments. Tandis que les « maisons tours » aux murs épais, aux bossages lisses, aux ouvertures étroites sont conçues pour la défense (maison tour des Foresi, xiiie s.), le désir d'embellir la cité se fixe sur les édifices religieux.
Dès le début du xiiie s., des mosaïstes vénitiens viennent décorer le baptistère. Ce chantier va être le foyer de formation de nombreux artistes locaux, dont le principal est Cimabue, personnalité marquée qui réussit à se dégager du rythme byzantin, redécouvre l'espace et prépare ainsi la voie à Giotto. En sculpture, la leçon du Pisan Andrea da Pontedera et du Siennois Tino di Camaino va être reçue par un artiste de génie, Arnolfo di Cambio ; également architecte remarquable, il va ouvrir l'ère de l'art gothique à Florence. Au xiiie s. apparaissent également les premières manifestations littéraires et poétiques en langue vulgaire, qui précèdent l'œuvre de Dante.
L'époque gothique
Architecture

L'architecture religieuse est liée à celle des nouveaux ordres mendiants ; installés en grand nombre à Florence, ils vont multiplier les églises à la fin du xiiie s. Santa Maria Novella, église dominicaine commencée en 1278, inaugure ce type nouveau. Les trois nefs avec élévation à deux étages, de vastes espaces intérieurs dégagés pour les besoins de la prédication, une réduction du nombre des travées, un rapport d'élévation entre nef et collatéraux accentuant l'effet d'horizontalité, tels sont les caractères d'un style gothique original que l'on retrouve dans l'église franciscaine de Santa Croce (reconstruite à partir du milieu du xiiie s.). Santa Maria del Fiore, le Dôme, est entreprise en 1296 par Arnolfo di Cambio ; son campanile est dû à Giotto et sa coupole ne sera terminée qu'au xve s. Empreint d'un classicisme hérité de l'Antiquité, formé de grandes masses équilibrées (l'élévation s'inscrit dans un carré), élégant et fastueux avec ses incrustations de marbre, le Dôme est l'expression la plus haute de ce gothique florentin.
L'apparition d'une autorité plus démocratique à la fin du xiiie s. va faire naître les premiers bâtiments publics : palazzo della Signoria, ou Palazzo Vecchio (1298-1304), édifié sur les plans d'Arnolfo di Cambio pour abriter le conseil des Prieurs ; palazzo del Podesta, ou Bargello (1254-1345). Ces palais ont encore l'allure de forteresses, mais vont se transformer au cours du xive s. La loggia dei Lanzi (1376), magnifique corps de garde composé de trois arcades en plein cintre, illustre cette évolution. Florence étant plus pacifiée, les exigences esthétiques vont aussi se manifester dans les maisons privées. Un exemple en est le palazzo Davanzati, avec loggias et grandes baies surmontées d'arcs largement ouverts ; les pièces sont distribuées autour d'une cour centrale qui donne plus de lumière.
Sculpture
Il n'y a pas de sculpture monumentale, à la manière des portails français, bien que les sculpteurs de cette époque soient aussi architectes. La tradition pisane est maintenue, en même temps que l'exemple de l'Antiquité trouve son expression plastique dans la statue isolée ou dans des bas-reliefs d'une composition très dense. De 1330 à 1336, Andrea Pisano exécute la première porte de bronze du baptistère ; il succédera à Giotto, de 1337 à 1343, pour la décoration du campanile. L'élégance gothique, encore exprimée par Andrea di Cione, dit l'Orcagna, dans le tabernacle d'Orsammichele (1355-1359), se fera plus fleurie sous la poussée du style gothique « international ».
Peinture
Elle devient l'alliée des ordres religieux qui s'adressent au peuple, et les murs des églises se couvrent de fresques. C'est là que Florence joue un rôle majeur dans l'évolution de l'art. Au xiiie s., l'influence byzantine était générale, les formes du dessin figées en formules stéréotypées. Le chantier d'Assise, où travaillèrent Cimabue, puis Giotto, marque le tournant de la peinture, qui va s'épanouir à Florence, orientée vers la recherche du volume et de l'espace. À partir de 1317, Giotto peint les chapelles Bardi et Peruzzi à Santa Croce ; il y montre une puissance d'expression dramatique, une conception monumentale des formes résumées à leurs volumes essentiels, une gamme de couleurs réduite, une stabilité faite de l'équilibre entre les vides et les pleins dans un espace que la perspective tend à définir strictement. Ses véritables successeurs seront les artistes de la Renaissance. Quant aux « giottesques », ses héritiers directs, ils adoucissent l'art du maître tout en comprenant ses recherches. Maso di Banco (?-vers 1350), en utilisant aussi la couleur pour définir l'espace, va plus loin que Giotto dans la monumentalité (chapelle Bardi, Santa Croce, 1340) ; Taddeo Gaddi (1300 ?-1366) est un illusionniste à la facture un peu mondaine (chapelle Baroncelli, Santa Croce) ; Bernado Daddi (?-1348), un narrateur courtois, qui fuit le drame (Maestà pour Orsammichele, 1347).
Leçon de monumentalité, d'expression spatiale, plus large affirmation du paysage, découverte de la nature morte, des effets lumineux, de l'instantanéité et du naturalisme : on peut imaginer que, si cette évolution n'avait pas été arrêtée par les drames de la peste noire de 1348, un épanouissement du gothique international en serait résulté, soutenu par le milieu sensible et cultivé qui existe dès ce moment à Florence. Mais après la peste, sous l'influence des prédicateurs dominicains, une austérité didactique est imposée aux artistes. Les thèmes traités sont des drames : jugement dernier, triomphe de la mort. L'atelier des frères Cione, dont l'Orcagna est la figure dominante, établit à Florence un véritable académisme, qui donne le ton à la peinture de cette seconde moitié du siècle. En 1365, le programme de la chapelle des Espagnols à Santa Maria Novella, par Andrea da Firenze (actif entre 1343 et 1377), en est l'illustration. L'Orcagna, peintre, sculpteur et architecte, est le symbole des artistes de cette époque ; le grand polyptyque Strozzi (1357), à Santa Maria Novella, apparaît comme l'exposé de sa doctrine : hiératisme voulu, d'une froideur géométrique frappante par les effets techniques employés, la leçon gothique n'apparaissant que sur le plan ornemental. Un autre courant, qui appartient à la grande tradition florentine par son sens de la composition et son style, voit le jour avec Giottino (actif au milieu du xive s.) et Giovanni da Milano (cité de 1346 à 1369) ; mais pionniers du gothique international, ils ne furent pas compris à Florence, où l'académisme orcagnesque était tout-puissant. C'est Lorenzo Monaco (vers 1370-1422), avec ses arabesques, ses couleurs précieuses et sa recherche d'effets sentimentaux, qui développe tardivement ce courant gothique à Florence, au moment où l'humanisme antiquisant s'impose déjà.
La Renaissance du xve s.
Introduction

L'industrie et le commerce donnent un monopole aux familles des banques, qui détiennent le gouvernement de la cité. Grand financier, amateur d'art éclairé, Cosme de Médicis va favoriser l'embellissement et la modernisation de sa ville : sous son règne sont construits la plupart des édifices civils et religieux de la première Renaissance. Une seconde phase coïncide avec l'avènement de Laurent le Magnifique. Lettré, mécène, il s'entoure d'une véritable cour, où l'humanisme, dans une atmosphère raffinée et cultivée, trouve son plein épanouissement : l'homme prend conscience de ses possibilités, il est l'être vivant dans son unité et sa multiplicité, que la nature propose comme exemple de perfection. Le passé antique, antérieurement sous-jacent, fait l'objet de recherches et d'études. Florence est le creuset de cette nouvelle civilisation.
Architecture
C'est à elle que revient la primauté, beaucoup d'artistes, au reste, étant à la fois sculpteurs, peintres et architectes. Deux grands noms ouvrent le siècle. Filippo Brunelleschi a séjourné à Rome, peut-être avec Donatello, et en revient pour construire la coupole de Santa Maria del Fiore. Il retrouve la sereine harmonie des formes antiques, donnant à sa composition une élégance qui s'accorde parfaitement avec le style gothique de la cathédrale. Cette influence de l'Antiquité est prépondérante dans l'hôpital des Enfants trouvés (1420), la sacristie de San Lorenzo (1430), la chapelle des Pazzi, l'église Santo Spirito.

Le palazzo Pitti, sans doute entrepris sur les plans de Brunelleschi, combine le nouveau style à celui de la forteresse médiévale. Leon Battista Alberti, grand humaniste, théoricien, archéologue et poète, rattache l'architecture, dans ses traités, à tous les problèmes de la culture du temps. Il applique la rigueur de ses principes à la façade du palazzo Rucellai (à partir de 1446) : superposition des ordres, accord « musical » des différentes parties. À Santa Maria Novella, vers 1470, de larges volutes affrontées équilibrent souplement la composition. À la même époque, Michelozzo (1396-1472), également sculpteur et décorateur, est un interprète fécond de l'art de Brunelleschi. Avec le palazzo Medici (1444), il donne le type nouveau dit « palais » florentin. Il remanie le couvent dominicain de San Marco, où la vigoureuse simplicité du cloître s'accorde avec les fresques de Fra Angelico ; ailleurs, une certaine surcharge ornementale se fait jour dans son œuvre.

Les architectes de la seconde période restent fidèles à ces principes de construction : façades rythmiques, aménagement de la cour intérieure, le cortile, qui rachète par la grâce de ses colonnes l'aspect encore guerrier des demeures, ouvertures plus accueillantes. Giuliano da Sangallo construit la villa de Poggio a Caiano, pour Laurent de Médicis, et la sacristie de Santo Spirito. Benedetto da Maiano (1442-1497) et Simone del Pollaiolo, dit il Cronaca (1457-1508), édifient le palazzo Strozzi. Mais c'est surtout dans les édicules tels que chaires, tombeaux, autels…, que se manifeste la délicatesse de cette période.
Sculpture

L'esprit médiéval est encore présent dans l'œuvre monumentale d'un Nanni di Banco (vers 1373-1421), tandis que la sculpture polychrome sur bois prolonge le souvenir de Nino Pisano, le fils d'Andrea. Vainqueur, au concours de 1401 pour la seconde porte du baptistère, de rivaux tels que Brunelleschi et Iacopo della Quercia, chargé de la troisième en 1425, Lorenzo Ghiberti y enrichit d'emprunts à l'Antiquité l'art harmonieux des Pisano et de Giotto. Dans ces panneaux étonnants, qui unissent naturalisme et élégance sensuelle, tous les problèmes de la perspective sont abordés.
Donatello, sculpteur favori de Cosme l'Ancien, est une personnalité d'exception qui agit sur tous les aspects de l'art. Il travaille tout d'abord pour les chantiers de la cathédrale et d'Orsammichele, exécute des figures isolées de prophètes et de saints, suivis du célèbre David. Dans la cantoria de Santa Maria del Fiore (1433-1438), il allie plus intimement la sculpture à l'architecture et réinterprète l'antique. À partir de 1456, il se consacre à des compositions religieuses à caractère pathétique : Madeleine pénitente, scènes de la Passion de San Lorenzo. L'étonnement des contemporains devant son œuvre montre bien ce que son génie a de révolutionnaire.
Élèves de ces grands maîtres, les sculpteurs de Florence vont diffuser le thème des Madones à l'Enfant entourées de chérubins : Bernardo (1409-1464) et Antonio (1427-1479) Rossellino, Desiderio da Settignano (1428-1464), Mino da Fiesole (vers 1430-1484), Agostino di Duccio (1418-1481), Benedetto da Maiano, déjà cité comme architecte, Lucca Della Robia dans la technique de la terre cuite vernissée. Antonio Pollaiolo et Andrea Verrocchio, également peintres, aboutissent dans la seconde moitié du siècle, par leur sens de la réalité et leur lyrisme, à des effets théâtraux qui témoignent d'une nouvelle évolution.
Peinture
Alors que l'Ombrien Gentile da Fabriano peint à Florence l'Adoration des Mages (1423), chef-d'œuvre du style gothique international, deux grands artistes vont être les véritables descendants de Giotto. Fra Angelico, épris de tons purs à la suite de sa formation de miniaturiste, garde cette technique pour les tableaux d'autel. Dans ses compositions murales, il oriente ses recherches vers une organisation spatiale animée d'architectures légères. Masaccio, élève de Masolino da Panicale, compose avec celui-ci, vers 1425, les fresques de la chapelle Brancacci à Santa Maria del Carmine. Ici, la figure humaine tourne et se meut dans l'espace, le modèle joue dans l'ombre et la lumière, l'air circule, la matière s'anime pour devenir pensée ; par son art réaliste et puissant, Masaccio inaugure vraiment la peinture de la Renaissance. Pour Paolo Uccello, Domenico Veneziano et Andrea del Castagno, l'art est d'abord une question d'intelligence ; ils résolvent des problèmes d'anatomie et de géométrie, expérimentent passionnément les possibilités de la perspective scientifique et portent ainsi la peinture vers l'abstraction plastique. Parallèlement, Fra Filippo Lippi établi un heureux compromis entre les pures valeurs picturales et le goût narratif.

Durant la seconde moitié du xve s. apparaît une nouvelle génération de peintres que l'on peut, par commodité, répartir en deux groupes. D'une part, ceux qui vont représenter l'univers réel : Benozzo Gozzoli, qui multiplie les effigies de ses contemporains dans les fresques de la chapelle du palazzo Medici, Cosimo Rosselli (1439-1507) et surtout Domenico Ghirlandaio, dont l'Histoire de la Vierge et de saint Jean-Baptiste à Santa Maria Novella est aussi une galerie de portraits. D'autre part, ceux qui vont évoquer un univers rêvé, guidés par l'intellectualisme de Laurent le Magnifique : Alessio Baldovinetti (1425-1499), puis Sandro Botticelli, élève de Filippo Lippi et protégé des Médicis, qui le choisissent pour peindre des allégories d'un classicisme mélodieux et subtil : le Printemps, Minerve et le centaure, la Naissance de Vénus ; au tournant du siècle, l'artiste connaîtra une crise morale et religieuse sous l'influence de Savonarole.
La haute Renaissance (fin xve-xvie s.)
Après la mort de Laurent de Médicis (1492), Florence tombe dans l'agitation, les contradictions et l'anarchie politique. La fin du xve s. est dominée par l'apparition de deux artistes, Léonard de Vinci et Michel-Ange, enfants de Florence et de ce siècle éblouissant. À l'aube des Temps modernes, ils vont porter l'art à l'un de ses points les plus sublimes. Etude de la nature et étude de l'Antiquité leur permettent d'atteindre une quintessence de la beauté et, dans la représentation plastique de l'être humain, un point de perfection et d'exaltation qui ne fut égalé, en Occident, que par la Grèce.
Léonard de Vinci, esprit universel, règne sur les deux âges de la Renaissance. Formé à Florence dans l'atelier de Verrocchio, il voyage et travaille beaucoup au dehors. En 1503, à son retour, il est confronté avec Michel-Ange dans la grande salle du Palazzo Vecchio, pour laquelle il peint la bataille d'Anghiari, en face de la bataille de Cascina de Michel-Ange (toutes deux disparues). La confrontation de ces deux géants, dont l'un représentait le génie intellectuel et l'autre le génie plastique de Florence, fut sans lendemain, mais, même loin de leur ville, ils ne cessèrent d'orienter son art. À la suite de Léonard, Fra Bartolomeo (1478-1517) inaugure le style dévot de Savonarole et se laisse séduire par les tamisés du clair-obscur. Andrea del Sarto (1486-1530), fidèle au quattrocento dans les fresques de la Santissima Annunziata (1510), laisse des portraits d'une persuasive intuition psychologique, Raphaël, né à Urbino, gagne Florence au moment où Michel-Ange et Léonard s'affrontent ; à ce carrefour d'influences, il établit les bases d'un rare équilibre classique.
Michel-Ange, apprenti dans l'atelier des Ghirlandaio, favori de Laurent de Médicis, sculpte en 1502 le David de la Seigneurie. Ardent patriote, il se fait ingénieur et construit des fortifications pour défendre sa ville. De 1520 à 1534, il travaille à San Lorenzo : vestibule de la bibliothèque Laurentienne, tombes médicéennes, nouvelle sacristie. À l'expression d'un idéal classique fait de plénitude spirituelle et physique se substitue progressivement, dans son œuvre, une poétique de l'instabilité, de l'inquiétude (Pietà de 1550-1555, à la cathédrale).

Après Michel-Ange et Léonard, l'art florentin va entrer dans une lente décadence qui n'exclut pas l'apparition d'artistes très originaux, tel Jacopo Carucci dit le Pontormo. Ville de l'équilibre et de l'élégance, Florence devient la cité du maniérisme avec Giorgio Vasari, architecte du palais des Offices et auteur de la première histoire de la peinture, le portraitiste de cour Agnolo Tori dit le Bronzino (1503-1572), le brillant sculpteur et architecte Bartolomeo Ammannati (1511-1592) [fontaine de Neptune] ; avec également Benvenuto Cellini [Persée de la loggia dei Lanzi] et Giambologna, qui, fixé à Florence, multiplie les statues parmi les grottes et terrasses des jardins Boboli.
Après le xvie s., Florence n'a plus de position prédominante, mais elle maintient une tradition de bon goût et d'originalité. L'art baroque y laisse peu de traces : fontaines de Pietro Tacca (1577-1640), et surtout décors de Pierre de Cortone au palais Pitti.
Les arts décoratifs
Florence n'a cessé d'être, du xiiie au xviie s., un centre actif d'arts appliqués. On doit signaler d'abord les tissus brodés, les passementeries destinées à orner les vêtements liturgiques, les broderies destinées aux devants d'autel, qui sont, parfois, commandés à des ateliers illustres comme celui d'Antonio Pollaiolo ; quant aux brocarts et aux soieries à fleurs, les costumes de Gozzoli ou de Botticelli suffisent à en indiquer la qualité. On n'attachera pas moins d'intérêt à l'orfèvrerie, qui s'épanouit avec Orcagna au xive s. et Ghiberti au début du xve s. ; l'autel d'argent du baptistère, commandé au xive s., achevé au xve s., est un abrégé du style monumental des artistes du temps (musée de la cathédrale). La pratique de la terre cuite polychrome vernissée, aux couleurs douces, est étendue, par l'atelier des Della Robbia, de l'usage domestique à l'emploi ornemental, jusqu'à composer des retables complets. L'un des domaines où les Toscans ont innové fut celui de la marqueterie (intarsio ou tarsia) ; sous l'impulsion de Brunelleschi et d'Uccello, les décorateurs utilisent les scènes en perspective et les motifs géométriques, dès 1430-1440 ; la marqueterie florentine s'épanouit ensuite dans le meuble (coffres, banquettes) et les stalles. Au siècle suivant, la marqueterie de pierre (tarsia) et les cabinets de mosaïque connaissent une vogue marquée, qui se prolongera jusqu'au xviie s. Parmi les porcelaines de l'âge classique, les types à camaïeu du château de San Marco, près de Florence, à la fin du xvie s., méritent d'être signalés.
UNE VILLE-MUSÉE

Florence, où toutes les œuvres, bâtiments, sculptures, peintures se trouvent, en dépit des vicissitudes de l'histoire, sur les lieux mêmes où ils ont été conçus, sollicite les hommes du xxe s., qui viennent s'imprégner de sa culture. Non seulement chaque monument, par la richesse de ses trésors, est un musée en lui-même, mais, durant plusieurs siècles de mécénat éclairé, les Médicis constituèrent des collections d'œuvres italiennes et aussi étrangères qui sont exposées dans des musées comptant parmi les plus importants du monde.
Le musée national du Bargello conserve toute la grande sculpture florentine ainsi que des objets d'art du Moyen Âge et de la Renaissance.
Le palais des Offices a été transformé à plusieurs reprises selon les divers usages auxquels il a été affecté. La loggia du dernier étage, raccordée au palais de la Seigneurie par un passage et au palais Pitti par un couloir construit sur les toits, fut destinée à abriter des statues. La galerie des Offices, qui a son origine dans les œuvres d'art léguées par les Médicis, abrite un incomparable ensemble de tableaux italiens.
Le palais Pitti, ancienne demeure princière dont il conserve la richesse, abrite la galerie d'art moderne, le musée de l'Argenterie et la galerie Pitti ou Palatine, qui renferme une autre collection célèbre de peintures (xve-xviiie s.).
Situés derrière le palais Pitti, les jardins Boboli sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2013.
La galerie de l'Académie, le musée de San Marco, fondé au xixe s., le musée Andrea del Castagno, ouvert au xxe s. dans l'ancien monastère de Sant'Apollonia, le musée Archéologique avec son importante section étrusque sont autant de témoins de l'extraordinaire richesse du patrimoine artistique de Florence.
Tous ces objets d'art mêlés à son histoire – des sculptures antiques aux sculptures modernes, des armures aux faïences et aux porcelaines, des médailles à l'orfèvrerie, aux ivoires, aux bronzes, aux tapisseries – montrent quelle place a tenue l'art, au cours des siècles, dans les destinées de la ville. Un Occidental ne peut se sentir étranger à Florence, tant elle reste imprégnée de cette civilisation humaniste dont elle a été le centre.

 

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DÉSERTS

 


 

 

 

 

 

désert

Un désert est une région du globe très sèche, caractérisée par une pluviométrie inférieure à 200 et souvent même à 100 mm/an, marquée par l'absence de végétation ou la pauvreté des sols et la rareté du peuplement.
Les déserts, dans l'acception la plus large, couvrent environ un tiers des terres émergées, soit approximativement 50 millions de km2 (presque 100 fois la superficie de la France). Ils s'étendent sur tout ou partie d'une soixantaine de pays, surtout en Afrique boréale (situé de part et d'autre du tropique du Cancer, le Sahara est le plus grand désert du monde), en Asie occidentale et centrale (parfois à des latitudes plus septentrionales : Chine occidentale, Gobi), dans l'intérieur de l'Australie (au nord et au sud du tropique du Capricorne), et aux latitudes polaires.
1. Le climat des déserts

L'existence de déserts tempérés (Mongolie), de déserts chauds (Sahara, désert de Simpson en Australie) et de déserts froids (déserts polaires) démontre que la chaleur n'est pas un critère pour définir les milieux désertiques.
1.1. Le manque d’eau

Le point commun à tous les déserts est le manque d'eau. Le climat des déserts est en effet caractérisé, quelle que soit leur latitude, par la faiblesse des précipitations. Si la plupart des déserts reçoivent moins de 200 mm par an, le désert de Gobi ne reçoit que 100 mm, le Sahara moins de 20 mm dans sa plus grande partie, la île d'Ellesmere (île du Canada, située dans l’océan Arctique) 25 mm, et le minimum mondial des précipitations moyennes annuelles (sur une cinquantaine d'années) est de 0,8 mm, à Arica, dans le nord du Chili. La faible humidité relative de l'air (généralement inférieure à 50 %) et le ciel le plus souvent dégagé expliquent également les fortes amplitudes thermiques : dans les déserts chauds, aux températures supérieures à 50 °C le jour succèdent ainsi des températures inférieures à 0 °C la nuit. En Asie centrale, une saison froide s'oppose à la saison chaude.


L'irrégularité des pluies d'une année sur l'autre caractérise également les climats désertiques. Ainsi, à Arica, plusieurs années peuvent s'écouler sans qu'aucune averse ne se produise ; toutefois, lorsque les pluies se déclenchent, elles s'abattent avec violence. Dans certains déserts, l'absence de précipitations ne signifie pas absence de vapeur d'eau dans l'air, aussi les précipitations occultes (brouillards, rosée) ne sont-elles pas négligeables : elles représentent 50 mm/an dans le désert du Namib, en Namibie.
Quand elles se développent, les précipitations ne profitent guère aux déserts. Dans les déserts chauds, en raison des températures du sol élevées (30 à 50 °C), l'évaporation est toujours supérieure à 2 000 mm/an et peut atteindre des valeurs très élevées : 5 000 mm/an à Tamanrasset (aujourd'hui Tamenghest, en Algérie). Elle est accrue par la fréquence des vents, réguliers et secs (l'harmattan au Sahara). L'absence de tapis végétal réduit l'infiltration et les rétentions de l'eau dans le sol.
1.2. Le degré d’aridité


En 1923, le géographe français Emmanuel de Martonne a proposé un indice d'aridité « I », grâce auquel différents degrés d'aridité ont été définis selon la formule I = P/T+10 : P est la hauteur moyenne des précipitations annuelles et T la moyenne des températures annuelles. Plus la valeur I est faible, plus la station climatique considérée est aride. En fonction de cet indice, il est possible de distinguer trois types de régions désertiques :
image: http://www.larousse.fr/encyclopedie/data/images/1006903-Sahara.jpg
SaharaSahara
– les régions hyperarides : caractérisées par un indice d'aridité I inférieur à 5, ces régions dites de déserts absolus (Tanezrouft au Sahara, désert d'Atacama au Chili) ne couvrent que 4 % des terres émergées ; la végétation y est éphémère ;

– les régions arides : caractérisées par un indice d'aridité I compris entre 5 et 10, ces régions (une grande partie du Sahara, déserts d'Iran, de Thar en Inde, de Sonora au Mexique, d'Arizona aux États-Unis) représentent 14 % des terres émergées ;

les précipitations, inférieures à 250 mm/an, alimentent une maigre végétation très discontinue, et l'irrigation y est indispensable à l'agriculture ;

– les régions semi-arides : caractérisés par un indice d'aridité I oscillant entre 10 et 20, ces espaces de transition (Sahel et Kalahari en Afrique, Chaco en Argentine, Nordeste au Brésil) entre les régions arides et les régions subhumides voisines couvrent 12,5 % des terres émergées ; la végétation, toujours discontinue, se compose d'espèces buissonnantes, de touffes de graminées et de quelques arbres ; les précipitations, comprises entre 250 et 500 mm/an, rendent possibles les cultures sèches.
2. Les types de déserts

Par-delà la diversité des causes climatiques ou géographiques qui sont à leur origine, quatre grands types de déserts peuvent être dégagés : subtropicaux, continentaux, d'abris, littoraux.
2.1. Les déserts subtropicaux


Les déserts subtropicaux forment deux chapelets de déserts aux latitudes subtropicales (entre 25° et 35° de latitude nord et sud) : dans l'hémisphère Nord, le Sahara, les déserts d'Arabie et d'Iran, le Thar et le Sind en Inde, le désert de Sonora au Mexique ; dans l'hémisphère Sud, les déserts du Kalahari en Afrique et d'Australie. Ils sont dus à des anticyclones subtropicaux permanents, qui engendrent des masses d'air subsidentes, chaudes et sèches. Ce sont des régions ensoleillées, où les hivers sont tièdes et les étés torrides (station de Faya-Largeau au Tchad : 20,4 °C en janvier, 34,2 °C en juin, 16 mm de précipitations par an, en moyenne).
2.2. Les déserts continentaux


Situés au cœur des continents, l'éloignement des déserts continentaux par rapport aux océans est un élément déterminant : les masses d'air océanique, chargées d'humidité, ne les atteignent que très rarement. De plus, en hiver, des hautes pressions (liées au froid) repoussent les dépressions océaniques génératrices de précipitations. Ce type de désert est bien représenté dans l'hémisphère Nord (centre-ouest des États-Unis, Asie centrale), où les continents sont plus étendus que dans l'hémisphère Sud. Les précipitations se produisent en été, après la disparition des hautes pressions hivernales, et les hivers sont très froids (station de Kazalinsk au Kazakhstan : − 11,3 °C en février, + 26,7 °C en juillet ; 108 mm de précipitations par an, en moyenne).
2.3. Les déserts d'abris


Ils se trouvent « sous le vent », abrités derrière des barrières montagneuses élevées qui s'opposent à la pénétration des masses d'air humide. Ainsi, la cordillère des Andes, orientée nord-sud, fait obstacle aux vents d'ouest chargés d'humidité, et à l'est de cette chaîne de montagnes s'étend le désert de Patagonie. Les bassins intramontagnards des Andes (Altiplano), des Rocheuses et de l'Himalaya correspondent à ce type de déserts. Ainsi, l'Himalaya empêche la mousson indienne d'atteindre le désert tibétain. Les hivers y sont froids et les étés tempérés (station de Maquinchao en Patagonie argentine : + 1,3 °C en juillet, + 17 °C en janvier ; 173 mm de précipitations par an, en moyenne).
2.4. Les déserts littoraux


L'influence de courants marins froids dans la zone intertropicale explique l'existence de déserts côtiers jusqu'à des latitudes proches de l'équateur. À leur contact l'air refroidi se stabilise, ce qui empêche les précipitations, mais la vapeur d'eau se condense et les brouillards sont fréquents. Ainsi en est-il des déserts du Namib et de Mauritanie en Afrique, d'Atacama au Chili, de Basse-Californie au Mexique. Ce sont des déserts brumeux, relativement frais, où l'amplitude thermique est faible et l'humidité relative de l'air forte (station de Lima, Pérou : + 15,1 °C en août, + 22,3 °C en février ; 35 mm de précipitations par an, en moyenne).
Les principaux déserts du monde
3. Le relief des déserts


La faible protection végétale dont disposent les déserts entraîne une forte prédominance des processus d'érosion mécanique. Si le vent remanie seulement les sables en construisant des dunes, en formant des regs, en revanche les eaux courantes, bien que rares, ont une action très efficace. Bien que les paysages des déserts soient souvent monotones, la couleur des roches, qui n'est pas masquée par la végétation, est ici facteur de diversité : les plateaux de basalte noir du désert de Syrie contrastent fortement avec l'Ayers Rock en grès rougeâtre du Grand Désert Victoria, en Australie.
3.1. L'action de l’eau


Les averses ravinent toutes les pentes, donnant aux moindres collines un profil décharné. Mais ces eaux se perdent au pied des reliefs, s'étalant en nappes d'épandage. Ainsi se forment les glacis, ou pédiments. Les reliefs se dressent brusquement au-dessus de ces glacis, à la manière d'îles sur la mer, d'où le nom d'inselberg qui leur a été donné. L'évolution du relief désertique est naturellement d'autant plus lente que le climat est plus sec : les marges des déserts sont le siège d'une morphogenèse plus rapide que leur centre.
L'écoulement des eaux dans les déserts reflète les excès du climat dans ces régions : il est à la fois irrégulier et brutal dans le temps, et discontinu dans l'espace. Quand une averse est assez abondante pour entraîner un écoulement, l'eau, arrivant sur une surface desséchée, ruisselle. Si cette eau parvient à se concentrer dans des rigoles, elle engendre des ravinements. Les écoulements non concentrés qui persistent et balaient le bas des pentes sont responsables de la formation de vastes plans réguliers, légèrement inclinés : glacis en roche tendre et pédiments en roche dure. Ces derniers sont souvent accidentés d'inselbergs, reliefs résiduels constitués de roches résistantes.
Une partie des eaux de ruissellement se concentre et converge vers les oueds. Ceux-ci, secs pendant des mois, voire des années, se remplissent brusquement. Un flot impétueux, écumeux, chargé de sable, de limon et de cailloux, parcourt le lit de l'oued. Paradoxalement, les oueds sont les cours d'eau qui connaissent les crues les plus brutales dans le monde. Ils transportent alors des quantités considérables de matériaux et des débris de grande taille, mais ils n'ont plus assez d'énergie pour creuser leur lit. À l'inverse, le sapement latéral est très actif, ce qui explique l'aspect général d'un oued : un lit démesurément large, encombré d'alluvions de tous calibres, à peine encaissé (2 à 5 m) entre des berges abruptes. Le sapement latéral tend à élargir ainsi de façon démesurée la vallée. Les eaux atteignent rarement la mer : le drainage est de type endoréique. Les oueds se perdent par infiltration ou évaporation, ou bien leurs eaux vont alimenter des dépressions fermées (sebkhas, playas, salares), inondées temporairement et couvertes d'une croûte de sel le reste du temps.
C'est dans les régions semi-arides que l'action des eaux contribue le plus au façonnement actuel du relief. Dans les régions arides et hyperarides, les formes dues à l'action des eaux sont le plus souvent des héritages.
3.2. La transformation de la roche

Dans les déserts, la fragmentation des roches est due principalement aux processus mécaniques. La cryoclastie est le processus le plus efficace dans les déserts continentaux et froids : la fréquence des alternances de gel et de dégel favorise la désagrégation des roches par éclatement. L'haloclastie, fragmentation par cristallisation du sel dans les fissures des roches, est active dans les déserts côtiers. L'hydroclastie, alternance d'humectation et de dessiccation des roches entraînant leur fragmentation, et la thermoclastie, fragmentation des roches provoquée par les fortes variations de température, ont un rôle plus limité. Comme il n'y a pas d'écoulement permanent pour entraîner les débris, ceux-ci s'accumulent au pied des escarpements en de vastes tabliers d'éboulis. L'altération chimique des roches est extrêmement limitée, en raison de la rareté de l'eau. Néanmoins, son action n'est pas inconnue dans les déserts. Les vernis à la surface des roches (indurations superficielles) et les encroûtements calcaires ou gypseux proches de la surface du sol sont liés à la remontée des sels sous l'effet de l'évaporation et à leur concentration à la surface des roches ou du sol.
3.3. L’action du vent


Les fragments rocheux, provenant de la désagrégation mécanique ou des processus d'altération chimique, sont triés par le vent. Celui-ci balaie les étendues désertiques en n'emportant que les particules fines, limons et sables, tandis que les éléments plus grossiers, trop lourds, restent au sol : c'est la déflation. Ce vannage aboutit à la formation de vastes plaines pierreuses, les regs, ou de plateaux jonchés de blocs inégaux, les hamadas. Sables et limons sont transportés sur de grandes distances. Ainsi, le sirocco peut transporter jusqu'au nord de la France des particules rouges très fines venant du Sahara. Les grains de sable soulevés par le vent étant plus nombreux à proximité du sol, l'action de mitraillage y est plus intense. C'est pourquoi les roches ainsi sculptées sont modelées en forme de champignon (les gour au Sahara).
Les déserts ne sont pas uniquement des étendues de dunes de sable à l'infini. Seulement 30 % environ des régions désertiques dans le monde sont des déserts de sable. Les grands massifs de dunes, les ergs, se localisent dans les parties basses de la topographie. Façonnés par les vents les plus réguliers, comme les alizés au Sahara ou en Australie, les ergs forment des alignements de dunes, parallèles à la direction des vents dominants, et séparés par des couloirs (gassis). Les dunes des ergs peuvent aussi avoir la forme de grandes pyramides (ghourds), dépassant souvent 200 m de haut, notamment dans le Grand Erg oriental en Algérie. Avec 200 000 km2 de superficie, l'erg de Libye est l'un des plus grands du monde. Les dunes des ergs ne se déplacent pas. Il existe des dunes mobiles, généralement isolées à la périphérie des ergs ou sur les plateaux pierreux. Elles se sont constituées à la faveur d'un rocher ou d'une touffe de végétation (nebka) qui fixe le sable. Le vent modèle les dunes isolées en croissants, dont les pointes sont allongées dans le sens du vent. Leur profil est dissymétrique : le versant au vent est en pente douce, le versant sous le vent a une forte pente. Ces dunes sont nombreuses dans le Turkestan. Elles sont appelées « barkhanes ».
4. Les cours d'eau et les sols des déserts

4.1. Les sols des déserts

Dans les déserts, la décomposition des roches aboutit généralement à la formation des sols squelettiques, guère favorables au développement de la végétation et encore moins à celui des cultures. Des sols cultivables ne se trouvent guère que dans les oasis ou sur le cours des oueds importants. Les sables des grands massifs dunaires sont parfois cultivés en bordure des palmeraies. Les dépressions plus ou moins étendues qui existent à la surface des plateaux rocheux sont en partie comblées par des sols assez fertiles où se développe une riche végétation. Ces sols sont parfois mis en culture. D'une façon générale, malgré une action bactérienne intense et une microfaune active, les sols désertiques sont très pauvres en humus.
4.2. Les cours d'eau des déserts

Les eaux de ruissellement, qui jouent un si grand rôle dans la fertilisation des sols désertiques, acquièrent souvent au cours de leur cheminement en surface ou dans la profondeur une certaine salinité. Il en résulte des accumulations parfois importantes de sels de différentes natures. De vastes étendues de terres qui pourraient être utilisées soit comme pâturages, soit comme terres cultivables sont ainsi rendues totalement stériles. Quelques plantes halophiles ont seules la possibilité de se développer.
5. La faune et la flore des déserts

5.1. De très fortes contraintes naturelles

Les régions entièrement impropres à la vie, comme l'Antarctique central, ne sont pas appelées désert en écologie, et les régions arides de l'Arctique sont plutôt appelées toundras. Dans les déserts proprement dits, chauds ou froids, l'eau à l'état liquide, condition absolue de vie, n'est pas constamment absente. Le milieu désertique impose de nombreuses contraintes aux êtres vivants. La rareté de l'eau en est la principale : plantes et animaux doivent supporter de longues périodes sans pluies. Parallèlement, l'évaporation et la transpiration des plantes, accentuées par la chaleur et le vent, engendrent d'importantes pertes d'eau. Les êtres vivants subissent aussi de fortes contraintes thermiques : l'alternance de fortes chaleurs et de froid nocturne ou saisonnier est hostile à la vie. Quant aux sols, ils sont squelettiques, et certains ont une forte teneur en sel. La vie n'est cependant pas absente des déserts : elle s'y présente sous une forme adaptée.
Les êtres vivants qui admettent, souvent en tant qu'optimum écologique, les conditions xérothermiques extrêmes qui règnent dans les déserts sont dits érémicoles. Parmi ceux-ci, on distingue des archérémiques, espèces dont la morphologie particulière témoigne d'une très grande évolution en milieu désertique.
5.2. La flore

La flore des milieux désertiques est pauvre. Si 1 200 espèces ont été recensées dans le Sahara, seules 400 se trouvent dans les régions arides et 50 vivent dans les régions hyperarides. Le nombre réduit d'espèces n'exclut pas l'originalité : ainsi, certains cactus ne se rencontrent que dans les déserts américains.
Les plantes des régions désertiques ont essentiellement à lutter contre la sécheresse et les températures élevées. Les végétaux qui survivent doivent aussi accepter des sols pauvres en humus et où, par ailleurs, la concentration en sels est importante (chlorures, sulfates...). Cette végétation dépend encore étroitement du modelé désertique : plateaux rocheux, montagnes de haute ou moyenne altitude, étendues sableuses ou argileuses, vallées encaissées ou simples ravinements. Les espèces se répartissent ensuite selon les propriétés chimiques des sols (salés ou non salés, par exemple) et suivant les influences climatiques (tempérées, tropicales, océaniques). Il y a lieu de séparer, en outre, les espèces propres au désert de celles des faciès voisins, steppes ou savanes appauvries, dont l'aire de distribution s'étend souvent dans les déserts à la faveur des fluctuations périodiques du climat. On se trouvera ainsi conduit à entrevoir dans la flore des régions désertiques des espèces xérophiles au sens large et d'autres plus strictement érémicoles.
On distingue parmi ces érémicoles :
– des éphémères, qui accomplissent leur cycle végétatif en un temps très court correspondant à la durée d'évaporation de l'eau de pluie imprégnant le sol. Ainsi, Boehravia repens germe et produit des graines en moins de dix jours. Ces graines peuvent attendre pendant de longues années (jusqu'à cinquante ans) l'averse providentielle qui va provoquer leur germination ;
– des plurisaisonnières, à floraison unique, mais dont le développement s'étend sur plusieurs années suivant la quantité d'eau reçue ;
– des annuelles, plantes souterraines dont la partie aérienne peut disparaître entièrement pendant la saison sèche mais qui maintiennent dans le sol des organes de réserve leur permettant de reverdir dès les premières pluies ;
– des vivaces, plantes basses essentiellement liées à l'eau qui s'accumule dans la profondeur. Ces dernières, ainsi que les phréatophytes, qui plongent leurs racines dans la nappe profonde (des espèces ligneuses principalement), sont indépendantes du régime et du rythme des précipitations.
5.2.1. Les formes d'adaptation

Les plantes ont développé des formes d'adaptation très variées. La vie implique pour la végétation une résistance à la chaleur, une consommation d'eau très faible et, par conséquent, une transpiration réduite. Aussi, pour puiser l'eau du sol, le système racinaire est-il fortement développé : il représente jusqu'à 80 % de la biomasse de certaines plantes. Les racines, qui peuvent être pivotantes, vont, comme celles du welwitschia ou du prosopis, chercher l'eau des nappes souterraines à des profondeurs de 20 à 30 m.
Les cactées, plantes typiques de certains déserts américains tels que celui de Sonora, présentent également de nombreuses particularités. Le cactus géant de l'Arizona (Carnegiea gigantea), par exemple, a la possibilité de germer dans le sable sec. Les cactées ont des racines très étalées, à proximité de la surface du sol, pour profiter de la moindre averse avant que l'eau s'infiltre ou s'évapore.
Pour réduire au minimum la transpiration, les végétaux limitent leur surface totale. Les feuilles, de petite taille comme celles de l'armoise, ne sont souvent que des épines, ou que des écailles, comme celles du saxaoul (Haloxylon hammodendrum) de l'Asie centrale. Leur cuticule est épaisse, revêtue de gomme ou de cire comme celle des feuilles du créosotier (Larrea tridentata) du désert du Mexique. Les stomates peuvent être clairsemés ou, tout au contraire, denses mais alors de petites dimensions. Aux heures les plus chaudes de la journée, les stomates se ferment pour limiter les pertes d'eau par transpiration.
La constitution de réserves d'eau est une autre forme d'adaptation. Certaines plantes stockent l'eau dans leur feuilles succulentes. Ces plantes « grasses » comme les cactus ou l'agave emmagasinent de grandes quantités d'eau leur permettant de traverser une longue période sans pluies. Dans le nord-ouest du Mexique, le saguaro (Carnegia gigantea) peut ainsi contenir de 2 à 3 m3 d'eau.
Certains végétaux des régions désertiques vivent en parasites sur différentes plantes (Cistanchea sur tamarix, champignons hypogées du genre Terfezia sur Helianthemum). Enfin, il existe dans les sols des régions désertiques toute une microflore dont le rôle est extrêmement important dans la transformation de la matière organique du sol et la fixation de l'azote atmosphérique (bactéries, champignons microscopiques, algues).
5.2.2. Les biotopes

Les différents biotopes des déserts sont plus ou moins favorables à la végétation. La steppe est la formation végétale la plus répandue dans ces déserts. C'est une végétation basse, discontinue, puisque les plantes ne couvrent pas intégralement le sol, composée d'herbes dures, comme le drinn en Afrique ou l'ichu des punas andines. Dans les régions semi-arides, la steppe recouvre plus de 50 % de la surface du sol. En direction des régions arides et hyperarides, le taux de recouvrement de la végétation diminue, pouvant s'abaisser à 10 %, voire moins. Les surfaces pierreuses ne sont colonisées que par des touffes de graminées, et les arbustes y sont rares. Les secteurs sableux sont plus favorables à la végétation, et les arbustes comme Retama retama colonisent les dunes ; c'est dans le creux de celles-ci, où l'eau des pluies converge, que la végétation est la plus dense. Les oueds sont garnis de petits fourrés d'arbres alimentés par un écoulement d'eau proche de la surface (inféroflux). Dans les montagnes des régions désertiques apparaît un étage forestier clair, suivi d'une steppe d'altitude.

Les oasis constituent des îlots de verdure repérables de loin. Dans les déserts chauds, le palmier-dattier (Phoenix dactylifera) est par excellence l'arbre des oasis. Dans les déserts à hivers froids, il cède la place aux peupliers et aux saules.

Les sols salés sont peuplés de végétaux spécialisés, dits « halophiles ». Certaines espèces, comme l'armoise, l'atriplex ou la salicorne, résistent à des teneurs élevées en sel dans le sol grâce à leur forte pression osmotique. Ce type de végétation est très répandu dans tous les déserts.
5.3. La faune

Si le nombre d'espèces animales dans les déserts est réduit, la plupart des groupes zoologiques terrestres et d'eau douce y sont représentés. Comme les plantes, les animaux doivent lutter contre le manque d'eau, la chaleur et l'intensité de la lumière.
5.3.1. La dépendance par rapport à l'eau

La dépendance par rapport à l'eau est variable selon les espèces : si certains animaux doivent boire tous les jours, et ne s'éloignent pas des points d'eau, d'autres comme l'oryx ou le chameau résistent plusieurs jours sans boire. Le dromadaire, s'il trouve un point d'eau, est capable de boire 100 litres en une fois. La bosse du dromadaire et les deux bosses sont des réserves de graisse dont l'oxydation métabolique produit une certaine quantité d'eau, redistribuée par le sang dans tout l'organisme ; le chameau peut ainsi perdre 30 % de son poids. Il est capable de fermer hermétiquement ses narines pour ne pas respirer la poussière et le sable transportés par les vents. Ses yeux sont bordés par deux rangées de cils protecteurs, et son conduit auditif par des poils en broussaille.

Le museau allongé en trompe du saïga – unique antilope d'Asie – filtre également la poussière.

Quelques animaux peuvent se passer totalement de boire, en se contentant de l'eau produite par l'oxydation des aliments ingérés : les rongeurs (mérione, gerboise) peuvent vivre sans eau libre en s'alimentant de plantes succulentes ou de plantes à bulbe.
5.3.2. Les adaptations physiologiques et comportementales

Bien que limitées, les adaptations anatomiques sont parfois remarquables. Les grandes oreilles très vascularisées du fennec sont de véritables régulateurs thermiques, et les insectes possèdent de longues pattes qui les tiennent à distance du sol brûlant. Chez les grands herbivores des déserts (haddax, dromadaire...), la surface des pieds est élargie pour leur éviter de s'enfoncer dans le sable. Les pieds capitonnés du chameau sont bien adaptés à la marche sur les sols rocailleux du désert de Gobi.
Les adaptations physiologiques et comportementales sont beaucoup plus développées. Certains animaux résistent à la déshydratation en ne transpirant pas ; leurs urines sont très concentrées, leurs excréments très secs, leurs glandes sudoripares rares. Pour échapper aux fortes chaleurs et au rayonnement solaire intense, la plupart des rongeurs, lézards et serpents ne sortent que la nuit. Les animaux diurnes se perchent ou s'envolent pour se soustraire aux fortes températures au niveau du sol. Pendant la saison la plus chaude, des animaux, comme la tortue terrestre (Testudo horsfieldi), entrent en léthargie. Dans les étangs temporaires, les œufs des amphibiens restent en sommeil lorsque l'étang est à sec. De même, lorsque la température du sol atteint 52 °C, les sauterelles s'envolent toutes les quatre minutes. La terre constituant un excellent isolant thermique, de nombreux animaux vivent dans des terriers. Les scorpions, les araignées et les insectes, favorisés par leur taille réduite, cherchent l'ombre et l'humidité dans les anfractuosités des rochers.
De nombreux rongeurs vivent au désert sans boire. Les dipodomys, ou rats-kangourous, qui hantent les déserts américains, se nourrissent surtout de graines et de débris végétaux à faible teneur en eau. Leur taux normal d'hydratation est le même que celui des autres mammifères (66 %). Ce taux demeure constant pendant plusieurs mois, même si le régime alimentaire ne comporte que des matières sèches, en l'ocurrence 100 g de graines par mois, fournissant 54 g d'eau par oxydation.
Chez les insectes, on a distingué des fouisseurs au sens strict, qui se déplacent dans la masse même du sable, des mineurs, qui creusent des galeries d'un type bien défini, des excavateurs, qui creusent un refuge en forme d'entonnoir piège, comme chez les fourmis-lions. Certaines de ces particularités morphologigues ou éthologiques apparaissent comme étant d'origine génétique, d'autres sont des accommodats individuels. C'est ainsi que l'élargissement de l'extrémité apicale d un tibia de coléoptère peut être considéré comme un caractère stable, alors que l'ajustement mimétique de la teinte du tégument de certains acridiens de la livrée désertique des mammifères ou des oiseaux sur la teinte du milieu ambiant relève de processus hormonaux.
Le scinque se déplace dans les dunes à une vitesse étonnante, semblant nager dans le sol mouvant. Surnommé poisson des sables, ce lézard se sert peu de ses courtes pattes, mais fait surtout onduler son corps pour mieux glisser sur le sable. Pour économiser son énergie, une araignée se laisse rouler jusqu'au bas des dunes. D'une envergure de 10 cm, elle est capable de parcourir de cette façon 2 m/s (plus de 7 km/h).
D'une façon générale, la faune des régions désertiques se dérobe aux conditions extrêmes plutôt qu'elle ne les admet, la plupart des espèces vivant dans la profondeur du sol ou étant de moeurs nocturnes. Néanmoins, il existe certains éléments qui supportent cet environnement à peine compatible avec la vie. quelques espèces le recherchent même comme un optimum écologigue. Les Eremiaphila, petits insectes mantidés érémicoles assez mimétiques, sont au Sahara les hôtes habituels des regs de la région centrale (Tanezrouft, en particulier), où il n'est pas rare de les rencontrer même pendant le moment le plus chaud de la journée. Ils survivent dans ces régions grâce à des proies accidentelles apportées par le vent et à quelques espèces se nourrissant là de débris divers, des lépismes en particulier. Chez les vertébrés, l'addax est également une espèce qui admet les conditions écologiques les plus rudes du désert. Cette antilope occupait autrefois la presque totalité du Sahara. Aujourd'hui, elle ne se rencontre plus guère que dans le sud du désert.
Dans les déserts continentaux à hivers froids, le meilleur moyen de se protéger du froid est d'être bien couvert. La fourrure du chameau devient épaisse et laineuse à l'arrivée de la mauvaise saison (l'été, elle tombe par plaques). De même, le pelage du saïga s'épaissit considérablement – en outre, il blanchit pour se fondre dans les paysages enneigés. En passant dans sa trompe, l'air se réchauffe pour ne pas arriver glacé dans les poumons.
6. L'homme et les déserts

6.1. Quelle vie dans un milieu hostile ?


Le milieu aride est hostile. Pourtant, le désert, à la fois un lieu de rejet et de ressourcement fascine.
On observe presque partout, dans les déserts chauds ou tempérés, l'opposition entre les taches de population dense et les zones où la population est clairsemée : opposition entre l'oasis et les régions parcourues par les nomades, qui ont souvent dominé les sédentaires. L'élevage était autrefois associé à des activités de pillage ou de commerce (transport du sel et des dattes). L'essor des moyens de transport a permis de mettre en valeur des régions désertiques, par l'irrigation (Turkménistan, Israël, etc.). Mais, surtout, l'exploitation des richesses minérales, et en premier lieu du pétrole, a transformé l'économie de certains pays désertiques : Libye, Sahara algérien, Arabie saoudite. Le rythme d'utilisation des terres s'est accéléré ; le surpâturage, les feux, les troupeaux qui ne nomadisent plus ont entraîné la destruction écologique des zones semi-arides qui ont atteint le niveau de production des déserts dans certaines régions.

La connaissance des ressources en eau douce présentes dans les déserts est indispensable à la vie des hommes et à leurs activités. Les fleuves allogènes constituent un premier type de ressources en eau. Ce sont de grands fleuves, comme le Nil en Égypte, le Tigre et l'Euphrate au Moyen-Orient, ou l'Indus au Pakistan, qui traversent les régions désertiques, atteignent la mer, et dont la zone d'alimentation se trouve dans des régions bien arrosées. Ils apportent de grandes quantités d'eau, utilisées par l'homme dès l'Antiquité. Les eaux souterraines sont d'un grand intérêt dans des régions où les eaux de surface font le plus souvent défaut. Dans le lit des oueds, où les alluvions sont épaisses, des nappes d'eau proches de la surface sont alimentées à chaque averse par les eaux d'infiltration. Le long des fleuves allogènes, des nappes phréatiques latérales sont rechargées par des crues régulières comme celles, annuelles, du Nil. L'eau de ces nappes souterraines est aisément accessible par des puits de quelques dizaines de mètres de profondeur. Les nappes d'eau profondes, prisonnières dans des roches magasins, sont des nappes fossiles, héritées de périodes plus humides. Leur exploitation nécessite des moyens plus lourds : seuls des forages profonds, jusqu'à 1 300 m dans les déserts australiens, permettent de ramener l'eau en surface.
6.2. L’organisation des sociétés traditionnelles


La vie humaine dans les déserts est fondée sur la coexistence de deux modes de vie traditionnels : le nomadisme et la sédentarité.
image: http://www.larousse.fr/encyclopedie/data/images/1006370-Nuers.jpg
NuersNuers
Depuis le néolithique, les nomades exploitent de façon extensive les pâturages des régions désertiques. Ils se déplacent avec leurs troupeaux, composés de moutons, de chèvres et d'animaux de bât (chameau, dromadaire, yack, lama), en fonction des points d'eau et des pâturages. Les migrations s'effectuent soit entre le désert et ses marges, au climat moins hostile, soit entre les montagnes, où les nomades passent l'été, et les plaines, où ils cherchent des pâturages d'hiver. Ces nomades sont de redoutables guerriers (Touareg et Peuls au Sahara), qui ont toujours dominé les peuples sédentaires. Le commerce de caravane est associé à l'activité pastorale des nomades. Ces derniers vendent aux sédentaires du sel, des épices et les produits de leur élevage, ce qui leur permet d'acheter des dattes, des céréales et des tissus. Le mode de vie des nomades semble aujourd'hui menacé. Les gouvernants des pays concernés tentent de sédentariser les nomades, pour mieux contrôler ces populations mouvantes. Le camion et l'avion, qui transportent rapidement les marchandises, ont ruiné le commerce de caravane. Les oasis, qui étaient souvent des étapes pour les caravaniers, souffrent de ce déclin.

Les sédentaires vivent près des fleuves allogènes (Nil, Euphrate, Indus…) ou des points d'eau. En creusant des puits et en amenant l'eau dans des sites favorables grâce à des conduites souterraines, ils ont créé des espaces aménagés, les oasis, où ils pratiquent une agriculture irriguée. Sur de petites parcelles entourées de rigoles, les cultures présentent trois strates : céréales et légumes poussent sous les arbres fruitiers, à l'ombre des palmiers-dattiers.
6.3. La mise en valeur des déserts

Depuis la Seconde Guerre mondiale, les déserts ont connu des transformations importantes. Les forages profonds dans le Néguev, dans le sud d'Israël, la construction du barrage d'Assouan sur le Nil, les aménagements hydrauliques du Syr-Daria et de l'Amou-Daria en Asie centrale ont permis d'étendre de façon considérable les périmètres irrigués dans les régions désertiques. La découverte de gisements métallifères (fer de Mauritanie, uranium d'Arlit au Niger), et surtout de gisements d'hydrocarbures, comme en Arabie saoudite, dans le Sahara algérien ou encore au Texas, a conduit à la mise en valeur de régions autrefois délaissées. Des villes comme Koweït sont nées de l'extraction pétrolière ; d'autres, comme Le Caire, Samarkand ou Tachkent, ont vu leur population augmenter et l'espace bâti gagner sur le désert environnant. L'approvisionnement en eau potable est un problème majeur pour ces villes du désert. Cependant, les étendues désertiques demeurent des espaces où les densités de population sont faibles, ce qui explique que les hommes y installent des bases spatiales (site de Baïkonour au Kazakhstan), ou y réalisent des essais nucléaires (État du Nevada aux États-Unis).
7. L'avancée des déserts


Les déserts se sont développés à la fin de l'ère tertiaire, il y a 15 millions d'années. Au début du quaternaire, les déserts actuels sont en place, mais leurs limites ont connu d'importantes variations. D'anciens dépôts lacustres, des plantes et des animaux fossiles, des vestiges préhistoriques témoignent des changements climatiques passés survenus dans les déserts. Il y a 20 000 ans, le Sahara s'étendait 400 km plus au sud, sur une partie du Sahel, où il a laissé des dunes actuellement colonisées par la végétation. Cette phase plus aride a duré jusque vers 12 000ans B.P. (before present, la date de référence étant 1950). De 12 000 à 4 000 ans B.P., une période plus humide lui a succédé : au Sahara, les pluies d'origine tropicale étaient plus abondantes, et le lac Tchad était beaucoup plus étendu qu'aujourd'hui. À partir de 4 000 ans B.P., les déserts ont progressé à nouveau.
L'extension actuelle des déserts au détriment des régions subhumides voisines est rapide. Depuis 1950 environ, le processus de désertification a entraîné au Sahara la perte de 650 000km2 de terres autrefois productives. Cette désertification est due à des causes multiples. Les crises climatiques comme la sécheresse au Sahel de 1968 à 1973 ou celle qui a affecté le Nordeste du Brésil de 1979 à 1984, en provoquant la destruction du couvert végétal, sont en partie responsables de l'avancée des déserts. L'homme, en intervenant sur l'équilibre fragile des écosystèmes désertiques, est également un agent très actif du processus de désertification. Ainsi, le surpâturage des animaux domestiques entraîne la dégradation de la végétation, aggravée par le piétinement des bêtes, qui tasse le sol, le rendant très sensible à l'érosion. La mauvaise maîtrise de l'eau engendre l'augmentation de la teneur en sels dans les sols, qui deviennent peu à peu stériles. Ainsi, l'oasis de Chinguetti, en Mauritanie, victime de la salinisation des sols, a été abandonnée ; elle est aujourd'hui envahie par les sables.
Une meilleure gestion de l'eau et des pâturages, et la plantation d'espèces adaptées (acacias, saxaouls, tamaris...) afin de constituer des « barrières vertes », comme dans le nord du Sahara algérien, sont les principaux moyens de lutte contre l'avancée des déserts.

 

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DÉSERT

 


 

 

 

désert
1. Le climat des déserts
1.1. Le manque d’eau
1.2. Le degré d’aridité
2. Les types de déserts
2.1. Les déserts subtropicaux
2.2. Les déserts continentaux
2.3. Les déserts d'abris
2.4. Les déserts littoraux
3. Le relief des déserts
3.1. L'action de l’eau
3.2. La transformation de la roche
3.3. L’action du vent
4. Les cours d'eau et les sols des déserts
4.1. Les sols des déserts
4.2. Les cours d'eau des déserts
5. La faune et la flore des déserts
5.1. De très fortes contraintes naturelles
5.2. La flore
5.2.1. Les formes d'adaptation
5.2.2. Les biotopes
5.3. La faune
5.3.1. La dépendance par rapport à l'eau
5.3.2. Les adaptations physiologiques et comportementales
6. L'homme et les déserts
6.1. Quelle vie dans un milieu hostile ?
6.2. L’organisation des sociétés traditionnelles
6.3. La mise en valeur des déserts
7. L'avancée des déserts
Voir plus
Plan
désert
(latin desertum)


Un désert est une région du globe très sèche, caractérisée par une pluviométrie inférieure à 200 et souvent même à 100 mm/an, marquée par l'absence de végétation ou la pauvreté des sols et la rareté du peuplement.
Les déserts, dans l'acception la plus large, couvrent environ un tiers des terres émergées, soit approximativement 50 millions de km2 (presque 100 fois la superficie de la France). Ils s'étendent sur tout ou partie d'une soixantaine de pays, surtout en Afrique boréale (situé de part et d'autre du tropique du Cancer, le Sahara est le plus grand désert du monde), en Asie occidentale et centrale (parfois à des latitudes plus septentrionales : Chine occidentale, Gobi), dans l'intérieur de l'Australie (au nord et au sud du tropique du Capricorne), et aux latitudes polaires.
1. Le climat des déserts

L'existence de déserts tempérés (Mongolie), de déserts chauds (Sahara, désert de Simpson en Australie) et de déserts froids (déserts polaires) démontre que la chaleur n'est pas un critère pour définir les milieux désertiques.
1.1. Le manque d’eau

Le point commun à tous les déserts est le manque d'eau. Le climat des déserts est en effet caractérisé, quelle que soit leur latitude, par la faiblesse des précipitations. Si la plupart des déserts reçoivent moins de 200 mm par an, le désert de Gobi ne reçoit que 100 mm, le Sahara moins de 20 mm dans sa plus grande partie, la île d'Ellesmere (île du Canada, située dans l’océan Arctique) 25 mm, et le minimum mondial des précipitations moyennes annuelles (sur une cinquantaine d'années) est de 0,8 mm, à Arica, dans le nord du Chili. La faible humidité relative de l'air (généralement inférieure à 50 %) et le ciel le plus souvent dégagé expliquent également les fortes amplitudes thermiques : dans les déserts chauds, aux températures supérieures à 50 °C le jour succèdent ainsi des températures inférieures à 0 °C la nuit. En Asie centrale, une saison froide s'oppose à la saison chaude.


L'irrégularité des pluies d'une année sur l'autre caractérise également les climats désertiques. Ainsi, à Arica, plusieurs années peuvent s'écouler sans qu'aucune averse ne se produise ; toutefois, lorsque les pluies se déclenchent, elles s'abattent avec violence. Dans certains déserts, l'absence de précipitations ne signifie pas absence de vapeur d'eau dans l'air, aussi les précipitations occultes (brouillards, rosée) ne sont-elles pas négligeables : elles représentent 50 mm/an dans le désert du Namib, en Namibie.
Quand elles se développent, les précipitations ne profitent guère aux déserts. Dans les déserts chauds, en raison des températures du sol élevées (30 à 50 °C), l'évaporation est toujours supérieure à 2 000 mm/an et peut atteindre des valeurs très élevées : 5 000 mm/an à Tamanrasset (aujourd'hui Tamenghest, en Algérie). Elle est accrue par la fréquence des vents, réguliers et secs (l'harmattan au Sahara). L'absence de tapis végétal réduit l'infiltration et les rétentions de l'eau dans le sol.
1.2. Le degré d’aridité


En 1923, le géographe français Emmanuel de Martonne a proposé un indice d'aridité « I », grâce auquel différents degrés d'aridité ont été définis selon la formule I = P/T+10 : P est la hauteur moyenne des précipitations annuelles et T la moyenne des températures annuelles. Plus la valeur I est faible, plus la station climatique considérée est aride. En fonction de cet indice, il est possible de distinguer trois types de régions désertiques :

– les régions hyperarides : caractérisées par un indice d'aridité I inférieur à 5, ces régions dites de déserts absolus (Tanezrouft au Sahara, désert d'Atacama au Chili) ne couvrent que 4 % des terres émergées ; la végétation y est éphémère ;

– les régions arides : caractérisées par un indice d'aridité I compris entre 5 et 10, ces régions (une grande partie du Sahara, déserts d'Iran, de Thar en Inde, de Sonora au Mexique, d'Arizona aux États-Unis) représentent 14 % des terres émergées ;

les précipitations, inférieures à 250 mm/an, alimentent une maigre végétation très discontinue, et l'irrigation y est indispensable à l'agriculture ;

– les régions semi-arides : caractérisés par un indice d'aridité I oscillant entre 10 et 20, ces espaces de transition (Sahel et Kalahari en Afrique, Chaco en Argentine, Nordeste au Brésil) entre les régions arides et les régions subhumides voisines couvrent 12,5 % des terres émergées ; la végétation, toujours discontinue, se compose d'espèces buissonnantes, de touffes de graminées et de quelques arbres ; les précipitations, comprises entre 250 et 500 mm/an, rendent possibles les cultures sèches.
2. Les types de déserts

Par-delà la diversité des causes climatiques ou géographiques qui sont à leur origine, quatre grands types de déserts peuvent être dégagés : subtropicaux, continentaux, d'abris, littoraux.
2.1. Les déserts subtropicaux


Les déserts subtropicaux forment deux chapelets de déserts aux latitudes subtropicales (entre 25° et 35° de latitude nord et sud) : dans l'hémisphère Nord, le Sahara, les déserts d'Arabie et d'Iran, le Thar et le Sind en Inde, le désert de Sonora au Mexique ; dans l'hémisphère Sud, les déserts du Kalahari en Afrique et d'Australie. Ils sont dus à des anticyclones subtropicaux permanents, qui engendrent des masses d'air subsidentes, chaudes et sèches. Ce sont des régions ensoleillées, où les hivers sont tièdes et les étés torrides (station de Faya-Largeau au Tchad : 20,4 °C en janvier, 34,2 °C en juin, 16 mm de précipitations par an, en moyenne).
2.2. Les déserts continentaux


Situés au cœur des continents, l'éloignement des déserts continentaux par rapport aux océans est un élément déterminant : les masses d'air océanique, chargées d'humidité, ne les atteignent que très rarement. De plus, en hiver, des hautes pressions (liées au froid) repoussent les dépressions océaniques génératrices de précipitations. Ce type de désert est bien représenté dans l'hémisphère Nord (centre-ouest des États-Unis, Asie centrale), où les continents sont plus étendus que dans l'hémisphère Sud. Les précipitations se produisent en été, après la disparition des hautes pressions hivernales, et les hivers sont très froids (station de Kazalinsk au Kazakhstan : − 11,3 °C en février, + 26,7 °C en juillet ; 108 mm de précipitations par an, en moyenne).
2.3. Les déserts d'abris


Ils se trouvent « sous le vent », abrités derrière des barrières montagneuses élevées qui s'opposent à la pénétration des masses d'air humide. Ainsi, la cordillère des Andes, orientée nord-sud, fait obstacle aux vents d'ouest chargés d'humidité, et à l'est de cette chaîne de montagnes s'étend le désert de Patagonie. Les bassins intramontagnards des Andes (Altiplano), des Rocheuses et de l'Himalaya correspondent à ce type de déserts. Ainsi, l'Himalaya empêche la mousson indienne d'atteindre le désert tibétain. Les hivers y sont froids et les étés tempérés (station de Maquinchao en Patagonie argentine : + 1,3 °C en juillet, + 17 °C en janvier ; 173 mm de précipitations par an, en moyenne).
2.4. Les déserts littoraux


L'influence de courants marins froids dans la zone intertropicale explique l'existence de déserts côtiers jusqu'à des latitudes proches de l'équateur. À leur contact l'air refroidi se stabilise, ce qui empêche les précipitations, mais la vapeur d'eau se condense et les brouillards sont fréquents. Ainsi en est-il des déserts du Namib et de Mauritanie en Afrique, d'Atacama au Chili, de Basse-Californie au Mexique. Ce sont des déserts brumeux, relativement frais, où l'amplitude thermique est faible et l'humidité relative de l'air forte (station de Lima, Pérou : + 15,1 °C en août, + 22,3 °C en février ; 35 mm de précipitations par an, en moyenne).
Les principaux déserts du monde
3. Le relief des déserts


La faible protection végétale dont disposent les déserts entraîne une forte prédominance des processus d'érosion mécanique. Si le vent remanie seulement les sables en construisant des dunes, en formant des regs, en revanche les eaux courantes, bien que rares, ont une action très efficace. Bien que les paysages des déserts soient souvent monotones, la couleur des roches, qui n'est pas masquée par la végétation, est ici facteur de diversité : les plateaux de basalte noir du désert de Syrie contrastent fortement avec l'Ayers Rock en grès rougeâtre du Grand Désert Victoria, en Australie.
3.1. L'action de l’eau


Les averses ravinent toutes les pentes, donnant aux moindres collines un profil décharné. Mais ces eaux se perdent au pied des reliefs, s'étalant en nappes d'épandage. Ainsi se forment les glacis, ou pédiments. Les reliefs se dressent brusquement au-dessus de ces glacis, à la manière d'îles sur la mer, d'où le nom d'inselberg qui leur a été donné. L'évolution du relief désertique est naturellement d'autant plus lente que le climat est plus sec : les marges des déserts sont le siège d'une morphogenèse plus rapide que leur centre.
L'écoulement des eaux dans les déserts reflète les excès du climat dans ces régions : il est à la fois irrégulier et brutal dans le temps, et discontinu dans l'espace. Quand une averse est assez abondante pour entraîner un écoulement, l'eau, arrivant sur une surface desséchée, ruisselle. Si cette eau parvient à se concentrer dans des rigoles, elle engendre des ravinements. Les écoulements non concentrés qui persistent et balaient le bas des pentes sont responsables de la formation de vastes plans réguliers, légèrement inclinés : glacis en roche tendre et pédiments en roche dure. Ces derniers sont souvent accidentés d'inselbergs, reliefs résiduels constitués de roches résistantes.
Une partie des eaux de ruissellement se concentre et converge vers les oueds. Ceux-ci, secs pendant des mois, voire des années, se remplissent brusquement. Un flot impétueux, écumeux, chargé de sable, de limon et de cailloux, parcourt le lit de l'oued. Paradoxalement, les oueds sont les cours d'eau qui connaissent les crues les plus brutales dans le monde. Ils transportent alors des quantités considérables de matériaux et des débris de grande taille, mais ils n'ont plus assez d'énergie pour creuser leur lit. À l'inverse, le sapement latéral est très actif, ce qui explique l'aspect général d'un oued : un lit démesurément large, encombré d'alluvions de tous calibres, à peine encaissé (2 à 5 m) entre des berges abruptes. Le sapement latéral tend à élargir ainsi de façon démesurée la vallée. Les eaux atteignent rarement la mer : le drainage est de type endoréique. Les oueds se perdent par infiltration ou évaporation, ou bien leurs eaux vont alimenter des dépressions fermées (sebkhas, playas, salares), inondées temporairement et couvertes d'une croûte de sel le reste du temps.
C'est dans les régions semi-arides que l'action des eaux contribue le plus au façonnement actuel du relief. Dans les régions arides et hyperarides, les formes dues à l'action des eaux sont le plus souvent des héritages.
3.2. La transformation de la roche

Dans les déserts, la fragmentation des roches est due principalement aux processus mécaniques. La cryoclastie est le processus le plus efficace dans les déserts continentaux et froids : la fréquence des alternances de gel et de dégel favorise la désagrégation des roches par éclatement. L'haloclastie, fragmentation par cristallisation du sel dans les fissures des roches, est active dans les déserts côtiers. L'hydroclastie, alternance d'humectation et de dessiccation des roches entraînant leur fragmentation, et la thermoclastie, fragmentation des roches provoquée par les fortes variations de température, ont un rôle plus limité. Comme il n'y a pas d'écoulement permanent pour entraîner les débris, ceux-ci s'accumulent au pied des escarpements en de vastes tabliers d'éboulis. L'altération chimique des roches est extrêmement limitée, en raison de la rareté de l'eau. Néanmoins, son action n'est pas inconnue dans les déserts. Les vernis à la surface des roches (indurations superficielles) et les encroûtements calcaires ou gypseux proches de la surface du sol sont liés à la remontée des sels sous l'effet de l'évaporation et à leur concentration à la surface des roches ou du sol.
3.3. L’action du vent


Les fragments rocheux, provenant de la désagrégation mécanique ou des processus d'altération chimique, sont triés par le vent. Celui-ci balaie les étendues désertiques en n'emportant que les particules fines, limons et sables, tandis que les éléments plus grossiers, trop lourds, restent au sol : c'est la déflation. Ce vannage aboutit à la formation de vastes plaines pierreuses, les regs, ou de plateaux jonchés de blocs inégaux, les hamadas. Sables et limons sont transportés sur de grandes distances. Ainsi, le sirocco peut transporter jusqu'au nord de la France des particules rouges très fines venant du Sahara. Les grains de sable soulevés par le vent étant plus nombreux à proximité du sol, l'action de mitraillage y est plus intense. C'est pourquoi les roches ainsi sculptées sont modelées en forme de champignon (les gour au Sahara).
Les déserts ne sont pas uniquement des étendues de dunes de sable à l'infini. Seulement 30 % environ des régions désertiques dans le monde sont des déserts de sable. Les grands massifs de dunes, les ergs, se localisent dans les parties basses de la topographie. Façonnés par les vents les plus réguliers, comme les alizés au Sahara ou en Australie, les ergs forment des alignements de dunes, parallèles à la direction des vents dominants, et séparés par des couloirs (gassis). Les dunes des ergs peuvent aussi avoir la forme de grandes pyramides (ghourds), dépassant souvent 200 m de haut, notamment dans le Grand Erg oriental en Algérie. Avec 200 000 km2 de superficie, l'erg de Libye est l'un des plus grands du monde. Les dunes des ergs ne se déplacent pas. Il existe des dunes mobiles, généralement isolées à la périphérie des ergs ou sur les plateaux pierreux. Elles se sont constituées à la faveur d'un rocher ou d'une touffe de végétation (nebka) qui fixe le sable. Le vent modèle les dunes isolées en croissants, dont les pointes sont allongées dans le sens du vent. Leur profil est dissymétrique : le versant au vent est en pente douce, le versant sous le vent a une forte pente. Ces dunes sont nombreuses dans le Turkestan. Elles sont appelées « barkhanes ».
4. Les cours d'eau et les sols des déserts

4.1. Les sols des déserts

Dans les déserts, la décomposition des roches aboutit généralement à la formation des sols squelettiques, guère favorables au développement de la végétation et encore moins à celui des cultures. Des sols cultivables ne se trouvent guère que dans les oasis ou sur le cours des oueds importants. Les sables des grands massifs dunaires sont parfois cultivés en bordure des palmeraies. Les dépressions plus ou moins étendues qui existent à la surface des plateaux rocheux sont en partie comblées par des sols assez fertiles où se développe une riche végétation. Ces sols sont parfois mis en culture. D'une façon générale, malgré une action bactérienne intense et une microfaune active, les sols désertiques sont très pauvres en humus.
4.2. Les cours d'eau des déserts

Les eaux de ruissellement, qui jouent un si grand rôle dans la fertilisation des sols désertiques, acquièrent souvent au cours de leur cheminement en surface ou dans la profondeur une certaine salinité. Il en résulte des accumulations parfois importantes de sels de différentes natures. De vastes étendues de terres qui pourraient être utilisées soit comme pâturages, soit comme terres cultivables sont ainsi rendues totalement stériles. Quelques plantes halophiles ont seules la possibilité de se développer.
5. La faune et la flore des déserts

5.1. De très fortes contraintes naturelles

Les régions entièrement impropres à la vie, comme l'Antarctique central, ne sont pas appelées désert en écologie, et les régions arides de l'Arctique sont plutôt appelées toundras. Dans les déserts proprement dits, chauds ou froids, l'eau à l'état liquide, condition absolue de vie, n'est pas constamment absente. Le milieu désertique impose de nombreuses contraintes aux êtres vivants. La rareté de l'eau en est la principale : plantes et animaux doivent supporter de longues périodes sans pluies. Parallèlement, l'évaporation et la transpiration des plantes, accentuées par la chaleur et le vent, engendrent d'importantes pertes d'eau. Les êtres vivants subissent aussi de fortes contraintes thermiques : l'alternance de fortes chaleurs et de froid nocturne ou saisonnier est hostile à la vie. Quant aux sols, ils sont squelettiques, et certains ont une forte teneur en sel. La vie n'est cependant pas absente des déserts : elle s'y présente sous une forme adaptée.
Les êtres vivants qui admettent, souvent en tant qu'optimum écologique, les conditions xérothermiques extrêmes qui règnent dans les déserts sont dits érémicoles. Parmi ceux-ci, on distingue des archérémiques, espèces dont la morphologie particulière témoigne d'une très grande évolution en milieu désertique.
5.2. La flore


La flore des milieux désertiques est pauvre. Si 1 200 espèces ont été recensées dans le Sahara, seules 400 se trouvent dans les régions arides et 50 vivent dans les régions hyperarides. Le nombre réduit d'espèces n'exclut pas l'originalité : ainsi, certains cactus ne se rencontrent que dans les déserts américains.
Les plantes des régions désertiques ont essentiellement à lutter contre la sécheresse et les températures élevées. Les végétaux qui survivent doivent aussi accepter des sols pauvres en humus et où, par ailleurs, la concentration en sels est importante (chlorures, sulfates...). Cette végétation dépend encore étroitement du modelé désertique : plateaux rocheux, montagnes de haute ou moyenne altitude, étendues sableuses ou argileuses, vallées encaissées ou simples ravinements. Les espèces se répartissent ensuite selon les propriétés chimiques des sols (salés ou non salés, par exemple) et suivant les influences climatiques (tempérées, tropicales, océaniques). Il y a lieu de séparer, en outre, les espèces propres au désert de celles des faciès voisins, steppes ou savanes appauvries, dont l'aire de distribution s'étend souvent dans les déserts à la faveur des fluctuations périodiques du climat. On se trouvera ainsi conduit à entrevoir dans la flore des régions désertiques des espèces xérophiles au sens large et d'autres plus strictement érémicoles.
On distingue parmi ces érémicoles :
– des éphémères, qui accomplissent leur cycle végétatif en un temps très court correspondant à la durée d'évaporation de l'eau de pluie imprégnant le sol. Ainsi, Boehravia repens germe et produit des graines en moins de dix jours. Ces graines peuvent attendre pendant de longues années (jusqu'à cinquante ans) l'averse providentielle qui va provoquer leur germination ;
– des plurisaisonnières, à floraison unique, mais dont le développement s'étend sur plusieurs années suivant la quantité d'eau reçue ;
– des annuelles, plantes souterraines dont la partie aérienne peut disparaître entièrement pendant la saison sèche mais qui maintiennent dans le sol des organes de réserve leur permettant de reverdir dès les premières pluies ;
– des vivaces, plantes basses essentiellement liées à l'eau qui s'accumule dans la profondeur. Ces dernières, ainsi que les phréatophytes, qui plongent leurs racines dans la nappe profonde (des espèces ligneuses principalement), sont indépendantes du régime et du rythme des précipitations.
5.2.1. Les formes d'adaptation

Les plantes ont développé des formes d'adaptation très variées. La vie implique pour la végétation une résistance à la chaleur, une consommation d'eau très faible et, par conséquent, une transpiration réduite. Aussi, pour puiser l'eau du sol, le système racinaire est-il fortement développé : il représente jusqu'à 80 % de la biomasse de certaines plantes. Les racines, qui peuvent être pivotantes, vont, comme celles du welwitschia ou du prosopis, chercher l'eau des nappes souterraines à des profondeurs de 20 à 30 m.
Les cactées, plantes typiques de certains déserts américains tels que celui de Sonora, présentent également de nombreuses particularités. Le cactus géant de l'Arizona (Carnegiea gigantea), par exemple, a la possibilité de germer dans le sable sec. Les cactées ont des racines très étalées, à proximité de la surface du sol, pour profiter de la moindre averse avant que l'eau s'infiltre ou s'évapore.
Pour réduire au minimum la transpiration, les végétaux limitent leur surface totale. Les feuilles, de petite taille comme celles de l'armoise, ne sont souvent que des épines, ou que des écailles, comme celles du saxaoul (Haloxylon hammodendrum) de l'Asie centrale. Leur cuticule est épaisse, revêtue de gomme ou de cire comme celle des feuilles du créosotier (Larrea tridentata) du désert du Mexique. Les stomates peuvent être clairsemés ou, tout au contraire, denses mais alors de petites dimensions. Aux heures les plus chaudes de la journée, les stomates se ferment pour limiter les pertes d'eau par transpiration.
La constitution de réserves d'eau est une autre forme d'adaptation. Certaines plantes stockent l'eau dans leur feuilles succulentes. Ces plantes « grasses » comme les cactus ou l'agave emmagasinent de grandes quantités d'eau leur permettant de traverser une longue période sans pluies. Dans le nord-ouest du Mexique, le saguaro (Carnegia gigantea) peut ainsi contenir de 2 à 3 m3 d'eau.
Certains végétaux des régions désertiques vivent en parasites sur différentes plantes (Cistanchea sur tamarix, champignons hypogées du genre Terfezia sur Helianthemum). Enfin, il existe dans les sols des régions désertiques toute une microflore dont le rôle est extrêmement important dans la transformation de la matière organique du sol et la fixation de l'azote atmosphérique (bactéries, champignons microscopiques, algues).
5.2.2. Les biotopes

Les différents biotopes des déserts sont plus ou moins favorables à la végétation. La steppe est la formation végétale la plus répandue dans ces déserts. C'est une végétation basse, discontinue, puisque les plantes ne couvrent pas intégralement le sol, composée d'herbes dures, comme le drinn en Afrique ou l'ichu des punas andines. Dans les régions semi-arides, la steppe recouvre plus de 50 % de la surface du sol. En direction des régions arides et hyperarides, le taux de recouvrement de la végétation diminue, pouvant s'abaisser à 10 %, voire moins. Les surfaces pierreuses ne sont colonisées que par des touffes de graminées, et les arbustes y sont rares. Les secteurs sableux sont plus favorables à la végétation, et les arbustes comme Retama retama colonisent les dunes ; c'est dans le creux de celles-ci, où l'eau des pluies converge, que la végétation est la plus dense. Les oueds sont garnis de petits fourrés d'arbres alimentés par un écoulement d'eau proche de la surface (inféroflux). Dans les montagnes des régions désertiques apparaît un étage forestier clair, suivi d'une steppe d'altitude.

Les oasis constituent des îlots de verdure repérables de loin. Dans les déserts chauds, le palmier-dattier (Phoenix dactylifera) est par excellence l'arbre des oasis. Dans les déserts à hivers froids, il cède la place aux peupliers et aux saules.
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ArmoiseArmoise
Les sols salés sont peuplés de végétaux spécialisés, dits « halophiles ». Certaines espèces, comme l'armoise, l'atriplex ou la salicorne, résistent à des teneurs élevées en sel dans le sol grâce à leur forte pression osmotique. Ce type de végétation est très répandu dans tous les déserts.
5.3. La faune

Si le nombre d'espèces animales dans les déserts est réduit, la plupart des groupes zoologiques terrestres et d'eau douce y sont représentés. Comme les plantes, les animaux doivent lutter contre le manque d'eau, la chaleur et l'intensité de la lumière.
5.3.1. La dépendance par rapport à l'eau

La dépendance par rapport à l'eau est variable selon les espèces : si certains animaux doivent boire tous les jours, et ne s'éloignent pas des points d'eau, d'autres comme l'oryx ou le chameau résistent plusieurs jours sans boire. Le dromadaire, s'il trouve un point d'eau, est capable de boire 100 litres en une fois. La bosse du dromadaire et les deux bosses sont des réserves de graisse dont l'oxydation métabolique produit une certaine quantité d'eau, redistribuée par le sang dans tout l'organisme ; le chameau peut ainsi perdre 30 % de son poids. Il est capable de fermer hermétiquement ses narines pour ne pas respirer la poussière et le sable transportés par les vents. Ses yeux sont bordés par deux rangées de cils protecteurs, et son conduit auditif par des poils en broussaille.

Le museau allongé en trompe du saïga – unique antilope d'Asie – filtre également la poussière.

Quelques animaux peuvent se passer totalement de boire, en se contentant de l'eau produite par l'oxydation des aliments ingérés : les rongeurs (mérione, gerboise) peuvent vivre sans eau libre en s'alimentant de plantes succulentes ou de plantes à bulbe.
5.3.2. Les adaptations physiologiques et comportementales

Bien que limitées, les adaptations anatomiques sont parfois remarquables. Les grandes oreilles très vascularisées du fennec sont de véritables régulateurs thermiques, et les insectes possèdent de longues pattes qui les tiennent à distance du sol brûlant. Chez les grands herbivores des déserts (haddax, dromadaire...), la surface des pieds est élargie pour leur éviter de s'enfoncer dans le sable. Les pieds capitonnés du chameau sont bien adaptés à la marche sur les sols rocailleux du désert de Gobi.
Les adaptations physiologiques et comportementales sont beaucoup plus développées. Certains animaux résistent à la déshydratation en ne transpirant pas ; leurs urines sont très concentrées, leurs excréments très secs, leurs glandes sudoripares rares. Pour échapper aux fortes chaleurs et au rayonnement solaire intense, la plupart des rongeurs, lézards et serpents ne sortent que la nuit. Les animaux diurnes se perchent ou s'envolent pour se soustraire aux fortes températures au niveau du sol. Pendant la saison la plus chaude, des animaux, comme la tortue terrestre (Testudo horsfieldi), entrent en léthargie. Dans les étangs temporaires, les œufs des amphibiens restent en sommeil lorsque l'étang est à sec. De même, lorsque la température du sol atteint 52 °C, les sauterelles s'envolent toutes les quatre minutes. La terre constituant un excellent isolant thermique, de nombreux animaux vivent dans des terriers. Les scorpions, les araignées et les insectes, favorisés par leur taille réduite, cherchent l'ombre et l'humidité dans les anfractuosités des rochers.
De nombreux rongeurs vivent au désert sans boire. Les dipodomys, ou rats-kangourous, qui hantent les déserts américains, se nourrissent surtout de graines et de débris végétaux à faible teneur en eau. Leur taux normal d'hydratation est le même que celui des autres mammifères (66 %). Ce taux demeure constant pendant plusieurs mois, même si le régime alimentaire ne comporte que des matières sèches, en l'ocurrence 100 g de graines par mois, fournissant 54 g d'eau par oxydation.
Chez les insectes, on a distingué des fouisseurs au sens strict, qui se déplacent dans la masse même du sable, des mineurs, qui creusent des galeries d'un type bien défini, des excavateurs, qui creusent un refuge en forme d'entonnoir piège, comme chez les fourmis-lions. Certaines de ces particularités morphologigues ou éthologiques apparaissent comme étant d'origine génétique, d'autres sont des accommodats individuels. C'est ainsi que l'élargissement de l'extrémité apicale d un tibia de coléoptère peut être considéré comme un caractère stable, alors que l'ajustement mimétique de la teinte du tégument de certains acridiens de la livrée désertique des mammifères ou des oiseaux sur la teinte du milieu ambiant relève de processus hormonaux.
Le scinque se déplace dans les dunes à une vitesse étonnante, semblant nager dans le sol mouvant. Surnommé poisson des sables, ce lézard se sert peu de ses courtes pattes, mais fait surtout onduler son corps pour mieux glisser sur le sable. Pour économiser son énergie, une araignée se laisse rouler jusqu'au bas des dunes. D'une envergure de 10 cm, elle est capable de parcourir de cette façon 2 m/s (plus de 7 km/h).
D'une façon générale, la faune des régions désertiques se dérobe aux conditions extrêmes plutôt qu'elle ne les admet, la plupart des espèces vivant dans la profondeur du sol ou étant de moeurs nocturnes. Néanmoins, il existe certains éléments qui supportent cet environnement à peine compatible avec la vie. quelques espèces le recherchent même comme un optimum écologigue. Les Eremiaphila, petits insectes mantidés érémicoles assez mimétiques, sont au Sahara les hôtes habituels des regs de la région centrale (Tanezrouft, en particulier), où il n'est pas rare de les rencontrer même pendant le moment le plus chaud de la journée. Ils survivent dans ces régions grâce à des proies accidentelles apportées par le vent et à quelques espèces se nourrissant là de débris divers, des lépismes en particulier. Chez les vertébrés, l'addax est également une espèce qui admet les conditions écologiques les plus rudes du désert. Cette antilope occupait autrefois la presque totalité du Sahara. Aujourd'hui, elle ne se rencontre plus guère que dans le sud du désert.
Dans les déserts continentaux à hivers froids, le meilleur moyen de se protéger du froid est d'être bien couvert. La fourrure du chameau devient épaisse et laineuse à l'arrivée de la mauvaise saison (l'été, elle tombe par plaques). De même, le pelage du saïga s'épaissit considérablement – en outre, il blanchit pour se fondre dans les paysages enneigés. En passant dans sa trompe, l'air se réchauffe pour ne pas arriver glacé dans les poumons.
6. L'homme et les déserts

6.1. Quelle vie dans un milieu hostile ?


Le milieu aride est hostile. Pourtant, le désert, à la fois un lieu de rejet et de ressourcement fascine.
On observe presque partout, dans les déserts chauds ou tempérés, l'opposition entre les taches de population dense et les zones où la population est clairsemée : opposition entre l'oasis et les régions parcourues par les nomades, qui ont souvent dominé les sédentaires. L'élevage était autrefois associé à des activités de pillage ou de commerce (transport du sel et des dattes). L'essor des moyens de transport a permis de mettre en valeur des régions désertiques, par l'irrigation (Turkménistan, Israël, etc.). Mais, surtout, l'exploitation des richesses minérales, et en premier lieu du pétrole, a transformé l'économie de certains pays désertiques : Libye, Sahara algérien, Arabie saoudite. Le rythme d'utilisation des terres s'est accéléré ; le surpâturage, les feux, les troupeaux qui ne nomadisent plus ont entraîné la destruction écologique des zones semi-arides qui ont atteint le niveau de production des déserts dans certaines régions.

La connaissance des ressources en eau douce présentes dans les déserts est indispensable à la vie des hommes et à leurs activités. Les fleuves allogènes constituent un premier type de ressources en eau. Ce sont de grands fleuves, comme le Nil en Égypte, le Tigre et l'Euphrate au Moyen-Orient, ou l'Indus au Pakistan, qui traversent les régions désertiques, atteignent la mer, et dont la zone d'alimentation se trouve dans des régions bien arrosées. Ils apportent de grandes quantités d'eau, utilisées par l'homme dès l'Antiquité. Les eaux souterraines sont d'un grand intérêt dans des régions où les eaux de surface font le plus souvent défaut. Dans le lit des oueds, où les alluvions sont épaisses, des nappes d'eau proches de la surface sont alimentées à chaque averse par les eaux d'infiltration. Le long des fleuves allogènes, des nappes phréatiques latérales sont rechargées par des crues régulières comme celles, annuelles, du Nil. L'eau de ces nappes souterraines est aisément accessible par des puits de quelques dizaines de mètres de profondeur. Les nappes d'eau profondes, prisonnières dans des roches magasins, sont des nappes fossiles, héritées de périodes plus humides. Leur exploitation nécessite des moyens plus lourds : seuls des forages profonds, jusqu'à 1 300 m dans les déserts australiens, permettent de ramener l'eau en surface.
6.2. L’organisation des sociétés traditionnelles


La vie humaine dans les déserts est fondée sur la coexistence de deux modes de vie traditionnels : le nomadisme et la sédentarité.

Depuis le néolithique, les nomades exploitent de façon extensive les pâturages des régions désertiques. Ils se déplacent avec leurs troupeaux, composés de moutons, de chèvres et d'animaux de bât (chameau, dromadaire, yack, lama), en fonction des points d'eau et des pâturages. Les migrations s'effectuent soit entre le désert et ses marges, au climat moins hostile, soit entre les montagnes, où les nomades passent l'été, et les plaines, où ils cherchent des pâturages d'hiver. Ces nomades sont de redoutables guerriers (Touareg et Peuls au Sahara), qui ont toujours dominé les peuples sédentaires. Le commerce de caravane est associé à l'activité pastorale des nomades. Ces derniers vendent aux sédentaires du sel, des épices et les produits de leur élevage, ce qui leur permet d'acheter des dattes, des céréales et des tissus. Le mode de vie des nomades semble aujourd'hui menacé. Les gouvernants des pays concernés tentent de sédentariser les nomades, pour mieux contrôler ces populations mouvantes. Le camion et l'avion, qui transportent rapidement les marchandises, ont ruiné le commerce de caravane. Les oasis, qui étaient souvent des étapes pour les caravaniers, souffrent de ce déclin.

Les sédentaires vivent près des fleuves allogènes (Nil, Euphrate, Indus…) ou des points d'eau. En creusant des puits et en amenant l'eau dans des sites favorables grâce à des conduites souterraines, ils ont créé des espaces aménagés, les oasis, où ils pratiquent une agriculture irriguée. Sur de petites parcelles entourées de rigoles, les cultures présentent trois strates : céréales et légumes poussent sous les arbres fruitiers, à l'ombre des palmiers-dattiers.
6.3. La mise en valeur des déserts

Depuis la Seconde Guerre mondiale, les déserts ont connu des transformations importantes. Les forages profonds dans le Néguev, dans le sud d'Israël, la construction du barrage d'Assouan sur le Nil, les aménagements hydrauliques du Syr-Daria et de l'Amou-Daria en Asie centrale ont permis d'étendre de façon considérable les périmètres irrigués dans les régions désertiques. La découverte de gisements métallifères (fer de Mauritanie, uranium d'Arlit au Niger), et surtout de gisements d'hydrocarbures, comme en Arabie saoudite, dans le Sahara algérien ou encore au Texas, a conduit à la mise en valeur de régions autrefois délaissées. Des villes comme Koweït sont nées de l'extraction pétrolière ; d'autres, comme Le Caire, Samarkand ou Tachkent, ont vu leur population augmenter et l'espace bâti gagner sur le désert environnant. L'approvisionnement en eau potable est un problème majeur pour ces villes du désert. Cependant, les étendues désertiques demeurent des espaces où les densités de population sont faibles, ce qui explique que les hommes y installent des bases spatiales (site de Baïkonour au Kazakhstan), ou y réalisent des essais nucléaires (État du Nevada aux États-Unis).
7. L'avancée des déserts


Les déserts se sont développés à la fin de l'ère tertiaire, il y a 15 millions d'années. Au début du quaternaire, les déserts actuels sont en place, mais leurs limites ont connu d'importantes variations. D'anciens dépôts lacustres, des plantes et des animaux fossiles, des vestiges préhistoriques témoignent des changements climatiques passés survenus dans les déserts. Il y a 20 000 ans, le Sahara s'étendait 400 km plus au sud, sur une partie du Sahel, où il a laissé des dunes actuellement colonisées par la végétation. Cette phase plus aride a duré jusque vers 12 000ans B.P. (before present, la date de référence étant 1950). De 12 000 à 4 000 ans B.P., une période plus humide lui a succédé : au Sahara, les pluies d'origine tropicale étaient plus abondantes, et le lac Tchad était beaucoup plus étendu qu'aujourd'hui. À partir de 4 000 ans B.P., les déserts ont progressé à nouveau.
L'extension actuelle des déserts au détriment des régions subhumides voisines est rapide. Depuis 1950 environ, le processus de désertification a entraîné au Sahara la perte de 650 000km2 de terres autrefois productives. Cette désertification est due à des causes multiples. Les crises climatiques comme la sécheresse au Sahel de 1968 à 1973 ou celle qui a affecté le Nordeste du Brésil de 1979 à 1984, en provoquant la destruction du couvert végétal, sont en partie responsables de l'avancée des déserts. L'homme, en intervenant sur l'équilibre fragile des écosystèmes désertiques, est également un agent très actif du processus de désertification. Ainsi, le surpâturage des animaux domestiques entraîne la dégradation de la végétation, aggravée par le piétinement des bêtes, qui tasse le sol, le rendant très sensible à l'érosion. La mauvaise maîtrise de l'eau engendre l'augmentation de la teneur en sels dans les sols, qui deviennent peu à peu stériles. Ainsi, l'oasis de Chinguetti, en Mauritanie, victime de la salinisation des sols, a été abandonnée ; elle est aujourd'hui envahie par les sables.
Une meilleure gestion de l'eau et des pâturages, et la plantation d'espèces adaptées (acacias, saxaouls, tamaris...) afin de constituer des « barrières vertes », comme dans le nord du Sahara algérien, sont les principaux moyens de lutte contre l'avancée des déserts.


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