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ANTHROPOLOGIE |
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Qu'est-ce que l'esprit ? le point de vue d'un anthropologue
L'idée d'esprit ne peut être conçue qu'en opposition au corps ou au cerveau. Cette opposition semble largement répandue, sinon universelle, dans les sociétés humaines, sous une forme ou sous une autre, le spirituel ou l'immatériel étant opposé à la chair, au monde, au matériel. Elle est donc liée à la notion du corps et de l'âme, un dualisme dont on trouve une version extrême dans les croyances cathares que ce qui est du monde a une valeur négative en comparaison du spirituel et que pour les Parfaits, c'est une faute de procréer des enfants et perpétuer le mal.
Ce dualisme a tendu à être mis de coté dans les discussions récentes par les psychologues et les philosophes bien que la différence entre les actions volontaires et les actions automatiques et la question de la conscience soulèvent encore des problèmes. Il reste cependant un autre problème. Jusqu'à quel point les opérations mentales (l'esprit) sont-elles organisées par les processus génétiques vus comme gabarits ou comme dispositions ou jusqu'à quel point sont-elles le produit du comportement appris, de la culture. L'approche de la science cognitive prend la première orientation très fermement , mais il faut laisser de la place pour la transformation des opérations mentales à travers les changements des technologies de l'intellect, comme l'usage du langage, l'écriture, le mot imprimé ou numérisé.
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LE TEMPS |
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Le temps
Jean-Pierre Briand, physicien des particules élémentaires et François Jullien, philosophe, évoquent, l'un et l'autre leur conception de la notion de temps. Aristote, Platon, Saint-Augustin, Thomas d'Aquin, Avicenne, Ronsard, Lamartine, Baudelaire, mais aussi Newton et Einstein sont également convoqués dans le débat.
La philosophie des sciences est morte du divorce, au siècle dernier, entre la Natürphilosophie allemande représentée par Schelling et Hegel et le monde scientifique. L'explosion des résultats en mathématique, en physique et en biologie a accentué ce divorce et les scientifiques se sont faits philosophes en expliquent le monde à leur manière. Cette série fait le point sur ces positions et sur les grandes questions posées par la science pour que chacun puisse se faire son opinion et devenir l'honnête homme du 21e siècle.
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LE SENS |
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Le sens
Conférence du 17 février 2000 par Oswald Ducrot.
On admet que la description d'un mot, d'une expression ou d'une phrase ne saurait se réduire à celle de sa prononciation ou de son écriture. Ce que l'on appelle ""sens"", c'est cette insuffisance reconnue à la description de la seule face visible des êtres linguistiques. De là on conclut d'habitude à l'existence d'une face cachée du signe linguistique. De même, ayant observé que le locuteur ou l'écrivain sentent souvent l'impropriété, l'inadéquation de tel ou tel mot d'abord envisagé, on conclut quelquefois qu'il y a, derrière la parole et l'écriture, une pensée, une intention qui obligent à préférer certains mots à d'autres. L'étude du sens viserait ainsi à découvrir une arrière-boutique de la langue, en supposant, au delà des mots, des entités qui ne relèvent pas de la langue. Ces entités supposées, on peut les appeler ""choses réelles"", ou bien "idées", " croyances", "notions", ou encore "attitudes sociales". La description sémantique semble ainsi exiger que l'on sorte de la langue si l'on veut expliquer qu'elle ne se réduit pas à son aspect perceptible. Par définition, la sémantique imposerait donc de renoncer au principe structuraliste, qui interdit de décrire les objets d'un domaine à partir des objets d'un autre domaine.
A l'opposé de ces idées, on essayera d'esquisser une autre conception du sens, plus compatible avec le projet structuraliste. Selon celle-ci, l'insuffisance de la description d'un être linguistique par son aspect "visible" tient à ce que cet être est constitué par ses rapports avec d'autres entités de la langue, plus précisément par les rapports qu'il entretient avec elle dans certaines formes de discours. Il se s'agit plus alors de remplir ce vide appelé habituellement "sens", mais de le décrire comme un appel au discours - et non comme le pressentiment d'une chose absente.
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LE CONCEPT D'IMAGE |
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Le concept d'image
Qu'est-ce qu'une image ? Une copie, un reflet, une ressemblance, une visée intentionnelle, une manière d'être de la conscience imageante ? En quoi se distingue-t-elle d'un concept, d'un signe, d'un symbole ? Faut-il y voir un décalque de la réalité physique, un prolongement de la perception, de l'intuition sensible, une idée, un auxiliaire, une étape de la pensée abstraite, le moteur essentiel de l'imagination créatrice ou bien plutôt une illusion trompeuse, un obstacle à la pensée discursive ? Pense-t-on même par image ? La notion d'image mentale a t-elle un sens ? L'image pure n'est-elle pas un mythe ? Tout n'est-il pas image ?
Autant de questions qui, depuis l'Antiquité, n'ont cessé d'opposer partisans et adversaires de l'image. Dans les vingt dernières années, plusieurs phénomènes à bien des égards révolutionnaires obligent à reprendre ces discussions avec un regard neuf D'abord la prolifération d'images de toute nature, mais plus encore l'apparition de nouveaux types d'images (photos, films, vidéos, images de synthèse, virtuelles, numériques, etc.) et la complexification galopante des réseaux et médias dans lesquels elles s'insèrent. Ensuite, l'apparition de nouvelles techniques d'imagerie et parmi elles, l'imagerie cérébrale fonctionnelle qui vise à établir des cartographies du cerveau en fonctionnement. Enfin, et grâce à ces nouvelle technologies, un renouvellement des méthodes en neuroscience, en psychologie cognitive et en philosophie de l'esprit. Il devient possible non seulement d'obtenir des informations morphologiques relatives à l'anatomie du cerveau (IRM, scanner X), mais, grâce à des techniques telles que l'électroencéphalographie (EEG), la tomographie par émission de positons (TEP), l'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) ou la magnéto-encéphalographie (MEG), d'observer in vivo le cerveau engagé dans des activités cognitives telles que celles, notamment, d'imagerie.
A partir d'exemples concrets, on commencera par préciser les caractéristiques communes aux images (physiques ou psychiques) et plus généralement, ce qui définit la fonction image (ou iconique) relativement à d'autres fonctions telles que celles d'indication et de symbolisation de la réalité et l'on s'interrogera sur la pertinence de la catégorie ou de l'objet image. Puis on rappellera quelques une des expériences récemment menées en psychologie cognitive qui permettent en particulier de préciser le lien qu'ont les images mentales avec la perception et l'imagination, et de façon générale de mieux cerner leur structure et la nature de leur contribution au fonctionnement cognitif (en matière de résolution de problèmes, de mémorisation, de simulation ou d'anticipation). On essaiera alors de voir en quoi ces nouvelles approches permettent d'éclairer et dans certains cas de dissoudre certains des problèmes et débats classiques qui continuent d'animer philosophes mais aussi artistes, psychologues, linguistes, logiciens ou mathématiciens, en vérité pour des raisons sur lesquelles on pourra d'ailleurs s'interroger tout un chacun.
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