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ENJEUX ETHIQUES DE LA GENETIQUE |
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Les enjeux éthiques de la génétique
Conférence du 31 janvier 2000 par Axel Kahn. Au XIXème siècle, la théorie de l'évolution, qui s'applique à l'Homme et le dépossède donc de son privilège de créature à l'image de Dieu, a constitué une onde de choc dont les effets se font encore sentir aujourd'hui. En effet, les grandes idéologies qui ont si cruellement marquées le XXème siècle, notamment l'eugénisme et le racisme ont massivement emprunté à la science de l'évolution ce qui leur semblait de nature à conforter leurs préjugés. La génétique a plus modifié l'énoncé des idéologies enracinées dans une conception pervertie de l'évolution qu'elle ne les a créées. Le gène est rapidement devenu l'élément de base matérialisé des vieilles conceptions déterministes et des projets eugénistes et racistes. Le danger est grand que tous ceux qui sont déjà persuadés que le destin humain est déterminé par sa dimension biologique se trouvent confortés dans leurs préjugés par une certaine présentation du programme "génome humain" et par l'interprétation rapide de nombre d'études génétiques, en particulier celles portant que les comportements. Le généticien a une responsabilité élective : non seulement réaliser du mieux qu'il le peut une science qui fasse honneur au génie humain, mais aussi s'impliquer pour la présenter au public, expliquer ce qu'elle signifie et ce qu'il est illégitime de lui faire dire. S'il est parfaitement illégitime de faire dire à la génétique que nous sommes tous prisonniers de nos gènes, la science ne suffit pas non plus à fonder l'exigence de liberté.
CONFERENCE CANAL U LIEN
DOCUMENT PEDAGOGIQUE
Texte de la 31ème conférence de l'Université de tous les savoirs réalisée le 31 janvier 2000 par Axel Kahn
Les enjeux éthiques de la génétique
De tous temps, les sciences de la vie ont eu une résonance individuelle, sociale et parfois politique toute particulière. Cest que le monde vivant, auquel appartient lHomme, est traditionnellement considéré comme relevant du domaine divin. Dailleurs, le vitalisme, un système de pensée excluant lessence de la vie des processus physico-chimiques sappliquant au monde inanimé, a persisté jusquau début de notre siècle, survivant donc pendant plusieurs centaines dannées à lémergence de lesprit scientifique en Europe au XVIIème siècle.
Au XIXème siècle, la théorie de lévolution, qui sapplique à lHomme et le dépossède donc de son privilège de créature à limage de Dieu, a constitué une onde de choc dont les effets se font encore sentir aujourdhui. En effet, les grandes idéologies qui ont si cruellement marqué le XXème siècle, notamment leugénisme et le racisme, ont massivement emprunté à la science de lévolution ce qui leur semblait de nature à conforter leurs préjugés.
La génétique, cest-à-dire létude des lois gouvernant la transmission des caractères héréditaires, est une science encore plus récente puisque, issue des travaux de Gregor Mendel en 1865, elle nest redécouverte, indépendamment de ceux-ci, quau début du XXème siècle. A dire vrai, la génétique a plus modifié lénoncé des idéologies enracinées dans une conception pervertie de lévolution quelle ne les a créées. Il nempêche que cette science, appliquée à lhomme, se fixe pour objectif de déterminer lorigine des caractères humains, des similitudes et des différences, de leur transmission au travers du lignage. Toutes ces questions sont probablement de celles que se posent les communautés humaines depuis lorigine si bien que, après le concept de lévolution, la science génétique devait avoir sur lhistoire du XXème siècle plus de répercussions que tout autre science. Le gène est en effet rapidement devenu lélément de base matérialisé des vieilles conceptions déterministes et des projets eugénistes et racistes. Depuis la nuit des temps, les hommes considèrent que le destin est écrit. Avec la génétique, na-t-on pas reconnu quil létait dans le langage des gènes ? Leugénisme, cest-à-dire la mise en Suvre de politiques volontaires damélioration des sociétés humaines, a dès lors été entendu comme lensemble des activités visant à limiter la diffusion des mauvais gènes dans la population. Les races, considérées antérieurement comme inférieures car à un niveau moindre de lévolution humaine, se sont vues définies par leur faible qualité génétique. Chacun se rappelle les horreurs commises au nom de leugénisme et du racisme, au nom des gènes ! Après guerre, leffroi des sociétés démocratiques à la découverte de létendue des dégâts provoqués par ces idéologies devait largement libérer les sciences biologiques, notamment la génétique, de leur gangue idéologique.
La théorie de lévolution permet de prévoir que les mécanismes gouvernant tous les organismes vivants sont de même nature, puisque tous les êtres dérivent dune même forme de vie originelle. Cest ce que confirme luniversalité du code génétique, cest-à-dire des règles permettant dexpliquer les propriétés biologiques des cellules vivantes à partir de lenchaînement des lettres qui constituent leur matériel génétique. A partir de 1973, la réunion des outils du génie génétique aboutit à une confirmation supplémentaire des déductions tirées de la théorie de lévolution. Tout gène, appartenant à quelque être vivant que ce soit, peut fonctionner lorsquil est transféré dans un autre organisme vivant. Cela signifie quil est possible dasservir génétiquement nimporte quel être à lexpression du programme génétique dun autre être vivant, simplement par transfert de gènes. Cest alors lexplosion des progrès de la biologie durant les vingt cinq dernières années de notre siècle, qui trouvent une illustration éloquente dans les programmes génomes.
Avant deux à trois ans, on connaîtra lenchaînement des quelques 3,4 milliards de lettres constituant notre génome, cest-à-dire les molécules dADN de nos chromosomes qui forment le support moléculaire de nos quelques 80.000 à 140.000 milles gènes. Les enjeux éthiques de ces avancées scientifiques découlent à la fois du caractère sensible de la génétique, proie idéale pour toute les idéologies de la stigmatisation, et de lampleur des connaissances et outils nouveaux engendrés. A lheure du génie génétique et des programmes génomes, il existe sur le plan biologique une unité profonde du monde vivant à laquelle néchappe pas lunivers de lHomme, accessible aux mêmes méthodes détude et de modification génétique que nimporte quel autre organisme, animal, végétal ou microbien. La quête de lessence humaine dans les méandres du génome est donc condamnée à léchec, aboutissant à la négation de la spécificité de lhumain. Loeil rivé sur les gènes et le fonctionnement des cellules, le biologiste risque de négliger ce qui est le plus caractéristique du processus dhominisation, cest-à-dire lédification en dehors du mammifère humain, de ses gènes, du monde symbolique, culturel et des connaissances, enrichi génération après génération par lHomme. Ce nest quaprès imprégnation par cet univers intellectuel quil a progressivement créé que le primate Homo sapiens shumanise. Cependant, bien entendu, ce sont les propriétés biologiques du cerveau humain, inscrites dans les gènes de lHomme, qui gouvernent sa sensibilité aux empreintes symboliques, culturelles et éducatives. En retour, ainsi configurées par acculturation, ce sont les capacités mentales de lHomme qui lui permettent de contribuer à lenrichissement de lunivers culturel et des connaissances.
Le danger est grand que tous ceux qui sont déjà persuadés que le destin humain est déterminé par sa dimension biologique se trouvent confortés dans leurs préjugés par une certaine présentation du programme génome humain et par linterprétation rapide de nombre détudes génétiques, en particulier celles portant sur les comportements. Le destin est écrit, pensaient les Grecs. Il est inscrit dans des êtres biologiques soumis aux mécanismes de lévolution, propose la lecture sociobiologique du darwinisme. Il peut être lu dans ce grand livre de lHomme quest le génome humain, se laissent parfois aller à affirmer des généticiens imprudents ou idéologiquement marqués.
La réalité dun tel danger est illustré pratiquement chaque semaine dans les publications scientifiques et le compte-rendu quen font les médias généralistes. On apprend en effet quont été localisés, identifiés, voire manipulés les gènes de lamour maternel, de la violence, de la curiosité intellectuelle, de la fidélité masculine, de lhomosexualité ... voire de lintelligence. En fait, les progrès récents de la génétique et de la neurobiologie moléculaire ne disent rien de tel. Ce que gouvernent les gènes humains, cest la plasticité cérébrale, cest-à-dire la sensibilité du cerveau de lHomme aux impressions laissées par le milieu socioculturel. Ils sont ainsi le moyen de desserrer létau des comportements innés auxquels sont si étroitement assujettis les mammifères non humains. A ce titre, les gènes humains sont plus le moyen de la liberté que sa limite.
Il nempêche quil serait également déraisonnable de refuser toute forme de déterminisme génétique : les gènes, et cest là leur définition, sont bien des déterminants de propriétés biologiques. Le fait que celles-ci dépendent souvent de lintervention de plusieurs gènes et varient en fonction du contexte de lenvironnement nenlève rien à cette réalité qui fonde la science génétique. En médecine, cela se manifeste par le fait quil est possible de ranger toutes les maladies humaines sur une échelle. A gauche de celle-ci se trouvent les affections qui sont presque totalement déterminées par laltération dun gène. Toute personne ayant hérité dun ou de deux gènes altérés de ses parents, suivant le type de transmission génétique, développera la maladie. Tel est le cas de l hémophilie, de la mucoviscidose, de la myopathie de Duchenne, de la chorée de Huntington ...etc. Un peu à droite de cette position se placent des maladies qui sont très dépendantes de laltération dun gène, mais dont la «pénétrance» cest-à-dire ici le risque associé nest pas total. Ainsi, des personnes ayant hérité dune copie dun gène muté de susceptibilité au cancer du sein ou du colon auront entre 50 et 75% de chances de développer de telles tumeurs, mais certaines personnes y échapperont. Encore plus à droite se situent nombre daffections communes qui sont en partie déterminées par la constitution génétique, souvent par plusieurs gènes, mais également en très grande partie par les habitudes de vie et lenvironnement. On peut citer ici la sensibilité aux infections, à de très nombreux cancers, aux maladies cardio-vasculaires, à lathérosclérose, à lhypertension artérielle, aux formes communes du diabète et de lobésité et, probablement, à nombre de maladies psychiatriques. Enfin, tout à fait à droite de notre échelle on range des maladies sans fondement génétique, dorigine avant tout toxique ou accidentelle. La grande fréquence des affections possédant des déterminants génétiques, absolus ou relatifs, est à lorigine de lessor de ce qui a été appelé «médecine prédictive», ou bien, pour utiliser une désignation mieux appropriée, médecine de prévision. Lorsque la possibilité de prévoir la survenue dune maladie permet de léviter, ou bien den atténuer la gravité, une telle prévision génétique constitue un plein succès de la médecine. Cependant, fréquentes sont les situations ou prévoir ne permet pas encore de prévenir. Lourdes de menaces pour léquilibre psychique des personnes, de telles prévisions débouchant sur limpuissance thérapeutique nont guère dintérêt médical. Cependant, la possibilité de prévoir le destin biologique des individus a un intérêt considérable pour nombre de secteurs dactivité : lassurance privée, qui gagnerait à établir des groupes homogènes de risques dont les membres seraient assujettis à des tarifs différentiels, la sélection des candidats à un emploi salarié, si les tests génétiques permettaient doptimaliser ladéquation entre les employés et le poste de travail ; le prêt bancaire...etc. La généralisation de telles pratiques, dont la logique économique est indéniable, aboutirait ni plus ni moins à un bouleversement de nos sociétés. En effet, lillusion selon laquelle tous les hommes naissent et demeurent égaux en dignité et en droit serait abandonnée puisque les droits réels des personnes ne seraient plus que ceux que leur laissent leurs gènes.
Le développement des recherches en génétique humaine offre bien entendu des outils dune redoutable efficacité pour poursuivre par dautres moyens les vieux desseins eugéniques. Au-delà du diagnostic prénatal de maladies génétiques gravissimes, la tentation se fait jour de soumettre plus généralement les embryons humains à un tri sur la base de caractéristiques moins pathologiques, voire totalement physiologiques tel que le sexe. Ce qui est en cause ici, cest lessentielle irréductibilité des caractéristiques de chaque individu à la volonté normative de tiers, fussent les parents. La prédétermination par ceux-ci du sexe et de laspect dun enfant à naître serait naturellement portée à son maximum par lutilisation du clonage humain à visée reproductive.
Leugénisme à lheure de la génétique, nous lavons vu, revient à lamélioration du potentiel génique dun lignage humain. Le moyen en a été jusqualors la sélection. Le mythe dun eugénisme positif se fixant pour but non pas lélimination des sujets au patrimoine insuffisant, mais laugmentation du potentiel génique par apport de gènes «améliorateurs» est ancien et semble même gagner aujourdhui en consistance, sinon scientifique au moins idéologique. Sur le plan scientifique, les qualités proprement humaines, laptitude à créer du sens, de la beauté, de la bonté sont à lévidence irréductibles à la manipulation grossière de quelques gènes. Cependant on a pu lire à la fin de lannée 1999 sous la plume de certains des auteurs et philosophes les plus éminents du moment lénoncé de scénarios prévoyant une telle modification biotechnologique de lhomme. A ce degré de diffusion du mythe, il devient une réalité sociale et une menace idéologique.
En conclusion, la génétique en elle-même ne dit rien de bien nouveau sur la nature humaine qui ne soit déjà implicite dans la théorie de lévolution. En revanche, elle engendre une série de données et doutils, moralement neutres par eux-mêmes, mais dont laccaparement par les vieilles idéologies du déterminisme, de la stigmatisation et de lexclusion est particulièrement aisé et dangereux. En ce sens, le généticien, conscient de la susceptibilité particulière de son domaine scientifique aux récupérations idéologiques, a une responsabilité élective : non seulement réaliser du mieux quil le peut une science qui fasse honneur au génie humain, mais aussi simpliquer pour la présenter au public, expliquer ce quelle signifie et ce quil est illégitime de lui faire dire. En tant que citoyen, il reviendra ensuite au généticien de prolonger ce travail de recherches et dexplications par un combat citoyen contre toutes les tentatives dasservir lHomme. Sil est parfaitement illégitime de faire dire à la génétique que nous sommes tous prisonniers de nos gènes, la science ne suffit pas non plus à fonder lexigence de liberté. A ce stade, lengagement est dautre nature. Il est moral. |
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CITATIONS PHILOSOPHIQUES |
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* "Le plaisir est le commencement et la fin de la vie heureuse." (Épicure, Lettre à Ménécée)
LIEN
Dictionnaire des citations (classement par Notions)
On trouvera ici un choix de citations classées selon les notions du programme. Certaines d'entre elles sont commentées dans le Dictionnaire des citations (classement par auteurs). Elles sont précédées d'un astérisque.
La conscience, l'inconscient, le sujet
* "Connais-toi toi-même" (Socrate)
* "La conscience est toujours conscience de quelque chose." (Husserl, Méditations cartésiennes)
* "L'enfer, c'est les autres." (Sartre, Huis-clos)
* "Le moi (...) n'est pas seulement maître dans sa propre maison" (Freud, Introduction à la psychanalyse)
* "L'interprétation des rêves est la voie royale qui mène à la connaissance de l'inconscient dans la vie psychique." (Freud, La science des rêves)
"Je pense où je ne suis pas, donc je suis où je ne pense pas." (Lacan, Écrits)
* "Je pense donc je suis" (Descartes, Discours de la méthode)
Autrui
"Le chemin le plus court de soi à soi passe par autrui" (Lavelle)
* "L'enfer, c'est les autres." (Sartre, Huis-clos)
Le désir
* "Tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs plutôt que l'ordre du monde" (Descartes, Discours de la méthode)
* "Malheur à qui n'a plus rien à désirer ! Il perd pour ainsi dire tout ce qu'il possède. On jouit moins de ce qu'on obtient que de ce qu'on espère et l'on n'est heureux qu'avant d'être heureux" (Rousseau, La Nouvelle Héloïse)
"L'homme est une création du désir, non pas une création du besoin." (Bachelard, La psychanalyse du feu)
L'existence et le temps (et la mort)
* "Le corps est le tombeau de l'âme" (Platon, Cratyle)
* "L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible des roseaux, mais c'est un roseau pensant." (Pascal, Pensées)
"La vie est un songe un peu moins inconstant" (Pascal, Pensées)
* "L'homme n'est rien d'autre que la série de ses actes." (Hegel, Encyclopédie)
* "L'homme est un animal métaphysique" (Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation)
* "La vie oscille, comme une pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l'ennui." (Schopenhauer, Le monde comme volonté et comme représentation)
* "Il ne peut y avoir un système de l'existence." (Kierkegaard, Post-scriptum aux miettes philosophiques)
* "L'homme est quelque chose qui doit être surmonté." (Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra)
* "L'existence précède l'essence" (Sartre, L'existentialisme est un humanisme)
* "Tout existant naît sans raison, se prolonge par faiblesse et meurt par rencontre." (Sartre, L'Être et le Néant)
* "L'homme est une passion inutile" (Sartre, L'Être et le Néant)
"Si je veux que ma vie ait un sens pour moi, il faut qu'elle en ait pour autrui ; personne n'oserait donner à la vie un sens que lui seul apercevrait." (Bataille, L'expérience intérieure)
* "Tu ne meurs pas de ce que tu es malade ; tu meurs de ce que tu es vivant" (Montaigne, Essais)
* "Qui a appris à mourir, il a désappris à servir" (Montaigne, Essais)
* "On mourra seul" (Pascal, Pensées)
* "La sagesse est une méditation non de la mort mais de la vie" (Spinoza, Éthique)
* "Se faire tuer ne prouve rien, sinon qu'on n'est pas le plus fort." (Diderot, Nouvelles pensées philosophiques)
* "L'humanité se compose de plus de morts que de vivants" (Comte)
* "La mort n'est jamais ce qui donne son sens à la vie, c'est au contraire ce qui lui ôte toute signification." (Sartre, L'Être et le Néant)
* "Être mort, c'est être en proie aux vivants." (Sartre, L'Être et le Néant)
La nature - La nature et la culture
* "La nature ne fait rien en vain" (Aristote, Métaphysique)
* "Dieu, c'est-à-dire la nature" (Spinoza)
* "Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles" (Leibniz)
* "L'Univers m'embarrasse, et je ne puis songer / Que cette horloge existe et n'ait pas d'horloger" (Voltaire)
* "L'homme est naturellement un animal politique." (Aristote, Politique)
* "A l'état de nature, l'homme est un loup pour l'homme" (Hobbes, Léviathan)
* "L'homme est naturellement bon et c'est la société qui le déprave." (Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes)
Le langage
* "Ce dont on ne peut parler, il faut le taire." (Wittgenstein, Tractatus logico-philosophicus)
"Le pouvoir est là tapi dans tout discours que l'on tient, fût-ce à partir d'un lieu hors pouvoir." (Roland Barthes, Leçon)
L'art
* "L'art est imitation de la nature" (Aristote)
"Il n'est point de serpent, ni de monstre odieux / Qui par l'art imité ne puisse plaire aux yeux." (Boileau, Art poétique)
* "Quelle vanité que la peinture qui attire notre admiration par la ressemblance des choses dont on n'admire point les originaux" (Pascal, Pensées)
* "La réalité est "une apparence plus trompeuse que l'apparence de l'art." (Hegel, Esthétique)
"La vie imite l'art beaucoup plus que l'art n'imite la vie." (Oscar Wilde, Intentions)
* "L'art n'a d'autre objet que d'écarter (...) tout ce qui nous masque la réalité, pour nous mettre face à la réalité même." (Bergson, Le rire)
"L'art est la magie délivrée du mensonge d'être vrai" (Adorno, Minima moralia)
"L'art ne reproduit pas le visible mais rend visible." (Paul Klee, Théorie de l'art moderne)
* "Le beau plaît immédiatement. Il plaît en dehors de tout intérêt."(Kant, Critique de la faculté de juger)
Le travail et la technique
* "Riche ou pauvre, puissant ou faible, tout citoyen oisif est un fripon." (Rousseau, Émile ou de l'éducation)
* "L'homme est intelligent parce qu'il a une main" (Anaxagore, Fragments)
* "On ne commande à la nature qu'en lui obéissant" (Bacon, Novum Organum)
* La technique nous rend "comme maîtres et possesseurs de la nature" (Descartes, Discours de la méthode)
* "L'intelligence, envisagée dans ce qui en paraît être la démarche originelle, est la faculté de fabriquer des objets artificiels, en particulier des outils à faire des outils, et d'en varier indéfiniment la fabrication. (Bergson, L'évolution créatrice)
La religion
* "Je crois parce que c'est absurde" (Saint Augustin)
* "Si les triangles faisaient un Dieu, ils lui donneraient trois côtés" (Montesquieu, Lettres Persanes)
* "L'idée qu'il n'y a pas de Dieu ne fait trembler personne ; on tremble plutôt qu'il y en ait un." (Diderot, Pensées philosophiques)
* "La religion est l'opium du peuple." (Marx, Critique de la philosophie hégélienne du droit)
* "Dieu est mort" (Nietzsche)
"Mythe est le nom de tout ce qui n'existe et ne subsiste qu'ayant la parole pour cause." (Paul Valéry, Petite lettre sur les mythes)
L'histoire
* "Le nez de Cléopâtre, s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé" (Pascal, Pensées)
* "Rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion." (Hegel, La Raison dans l'histoire)
* "L'expérience et l'histoire nous enseignent que peuples et gouvernements n'ont jamais rien appris de l'histoire." (Hegel, La Raison dans l'histoire)
* "L'histoire du monde n'est pas le lieu de la félicité. Les périodes de bonheur y sont des pages blanches." (Hegel, La Raison dans l'histoire)
* "La Raison gouverne le monde" (Hegel, La Raison dans l'histoire)
* "L'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire de la lutte des classes." (Marx, Manifeste du parti communiste)
"L'histoire justifie ce que l'on veut. Elle n'enseigne rigoureusement rien, car elle contient tout et donne des exemples de tout" (Paul Valéry, Regards sur le monde actuel)
La raison et le réel
* "Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée" (Descartes, Discours de la méthode)
* "Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas" (Pascal, Pensées)
* "Ce qui est rationnel est réel et ce qui est réel est rationnel" (Hegel, Principes de la philosophie du droit)
Théorie et expérience
* "On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve" (Héraclite d'Éphèse, Fragments)
* "Des pensées sans matière sont vides, des intuitions sans concepts sont aveugles" (Kant, Critique de la Raison pure)
* "L'homme connaît le monde en le transformant et le transforme en le connaissant." (Marx)
* "Une expérience scientifique est (...) une expérience qui contredit l'expérience commune." (Bachelard, La formation de l'esprit scientifique)
* "Une théorie qui n'est réfutable par aucun évènement qui se puisse concevoir est dépourvue de caractère scientifique." (Popper, Conjectures et réfutations)
La démonstration
* "Qui a une idée vraie sait en même temps qu'il a une idée vraie et ne peut douter de la vérité de la chose" (Spinoza, Éthique)
L'interprétation
"L'homme est une invention dont l'archéologie de notre pensée montre aisément la date récente. Et peut-être la fin prochaine." (Foucault, Les mots et les choses)
Le vivant
"La vie est l'ensemble des fonctions qui résistent à la mort" (Bichat, Recherches physiologiques sur la vie et la mort)
La matière et l'esprit
La vérité
* "La seule chose que je sais, c'est que je ne sais rien" (Socrate)
* "L'homme est la mesure de toute chose" (Protagoras d'Abdère)
"Car je ne cherche pas à comprendre pour croire, mais je crois pour comprendre." (Anselme, Proslogion)
* L'imagination est "maîtresse d'erreur et de fausseté" (Pascal, Pensées)
" Il viendra un jour où l'humanité ne croira plus, mais où elle saura." (Renan, L'avenir de la science)
* "L'opinion a, en droit, toujours tort." (Bachelard, La formation de l'esprit scientifique)
* "Le commencement de toutes les sciences, c'est l'étonnement de ce que les choses sont ce qu'elles sont" (Aristote, Métaphysique)
* "Science, d'où prévoyance ; prévoyance d'où action." (Comte, Cours de philosophie positive)
* "L'humanité ne se pose jamais que les problèmes qu'elle peut résoudre." (Marx)
"La chance ne favorise que les esprits préparés." (Pasteur)
* "Philosopher, c'est apprendre à mourir au sensible' (Platon, Phédon)
* "Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre" (Platon, phrase gravée sur le fronton de l'Académie)
* L'oisiveté est la mère de la philosophie" (Hobbes, Léviathan)
* "Se moquer de la philosophie c'est vraiment philosopher" (Pascal, Pensées)
* "La chouette de Minerve ne prend son envol qu'au crépuscule." (Hegel, Principes de la philosophie du droit)
* "Les philosophes n'ont fait qu'interpréter diversement le monde : il s'agit maintenant de le transformer." (Marx, Thèses sur Feuerbach)
* " La phénoménologie (...) c'est d'abord le désaveu de la science." (Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception)
La société et les échanges
* "La propriété, c'est le vol" (Proudhon, Qu'est-ce que la propriété ?)
* "Ce n'est pas la conscience des hommes qui déterminent leur être social, c'est leur être social qui détermine la conscience des hommes." (Marx)
"La première règle est la plus fondamentale est de considérer les faits sociaux comme des choses." (Durkheim, Les règles de la méthode sociologique)
L'État, la justice et le droit
* "Il faudrait pour le bonheur des États que les philosophes fussent rois ou que les rois fussent philosophes" (Platon, La République)
* "C'est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu'à ce qu'il trouve des limites" (Montesquieu, De l'esprit des lois)
* "Il faut que par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir." (Montesquieu, De l'esprit des lois)
* "Il n'y a point encore de liberté si la puissance de juger n'est pas séparée de la puissance législative et de l'exécutrice" (Montesquieu, De l'esprit des lois)
"L'État est une communauté humaine qui dans les limites d'un territoire revendique avec succès pour son propre compte le monopole de la violence physique légitime" (Max Weber, Le savant et le politique)
* "Commettre l'injustice est pire que la subir, et j'aimerai mieux quant à moi, la subir que la commettre." (Platon, Gorgias)
* "Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au delà" (Pascal, Pensées)
* "Les lois sont toujours utiles à ceux qui possèdent et nuisibles à ceux qui n'ont rien" (Rousseau, Du Contrat social)
* "Le bois dont l'homme est fait est si noueux qu'on ne peut y tailler des poutres bien droites." (Kant, Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique)
* "De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins" (Marx, L'idéologie allemande)
La liberté
* "Parmi les choses, les unes dépendent de nous, les autres n'en dépendent pas." (Épictète)
* "Être libre, c'est vouloir que les choses arrivent, non comme il te plaît, mais comme elles arrivent" (Épictète)
* "Renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme" (Rousseau, Du Contrat social)
* "L'obéissance au seul appétit est esclavage et l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté." (Rousseau, Du Contrat social)
* "Aie le courage de te servir de ton propre entendement !" (Kant, Qu'est-ce que les Lumières)
* "L'homme est condamné à être libre" (Sartre, L'existentialisme est un humanisme)
* "Jamais nous n'avons été aussi libres que sous l'occupation allemande." (Sartre, Situations, III)
"Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux" (La Boétie, Discours sur la servitude volontaire)
"Soyez résolus de ne servir plus, et vous voilà libres" (La Boétie, Discours sur la servitude volontaire)
* "La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent" (Montesquieu, De l'esprit des lois)
* "Dans un État, c'est-à-dire dans une société où il y a des lois, la liberté ne peut consister qu'à pouvoir faire ce que l'on doit vouloir, et à n'être point contraint de faire ce que l'on ne doit pas vouloir." (Montesquieu, De l'esprit des lois)
* "Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites, mais je me battrai pour que vous ayez le droit de le dire." ( Phrase attribuée à Voltaire)
"Entre le fort et le faible, le riche et le pauvre, c'est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit." (Lacordaire, Conférences de Notre Dame)
"Qui cherche dans la liberté autre chose qu'elle-même est fait pour servir." (Tocqueville, L'Ancien régime et la Révolution)
* "Il faut avoir le courage de rompre les chaînes du consentement, qui sont les vraies chaînes." (Alain)
* "Tout peuple qui s'endort en liberté se réveillera en servitude." (Alain, Politique)
* "Résistance et obéissance, voilà les deux vertus du citoyen. Par l'obéissance il assure l'ordre, par la résistance il assure la liberté." (Alain, Propos d'un Normand)
* "La liberté ne peut être limitée que par la liberté." (Rawls)
Le devoir et le bonheur
* "Nul n'est méchant volontairement" (Socrate)
* "Conscience ! Conscience ! Instinct divin (Rousseau, Émile ou de l'éducation)
* "Agis toujours de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin et jamais simplement comme un moyen" (Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs)
* "Il n'y a qu'une chose qu'on puisse tenir pour bonne sans restriction, c'est une bonne volonté." (Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs)
* "Tu dois donc tu peux" (Kant)
"Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d'une vie authentiquement humaine" (Jonas, Le principe de responsabilité)
"Agis de façon que les effets de ton action ne soient pas destructeurs pour la possibilité future de la vie." (Jonas, Le principe de responsabilité)
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LA REPUBLIQUE DES JUGES |
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La République des juges
16h30 : La République des juges
Noëlle Lenoir, avocate à la Cour, membre honoraire du Conseil Constitutionnel, ancienne ministre
Dominique Rousseau, professeur à l?Université de Paris I Panthéon-Sorbonne, président du conseil scientifique de l?Association française de droit constitutionnel, ancien membre du Conseil supérieur de la Magistrature ( 2002-2006 )
PasqualePasquino, professeur de droit constitutionnel à New-York University, directeur de recherche au CNRS
17h30 : Les oligarchies et le capitalisme d'héritiers
Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, sociologues, dernier ouvrage paru Le Président des riches, Zones ( La Découverte), 2010
Yann Algan, économiste, professeur à Sciences-Po Paris
Ernest-Antoine Seillière, président du Conseil de surveillance de Wendel, président d?honneur du MEDEF
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LE POUVOIR |
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Le pouvoir
"Dans cette Université de tous les savoirs, il semble que vienne naturellement prendre place une étude du pouvoir. Je suis conscient de ce qu'il y avait de téméraire à la prendre en charge. Il n'est pas, en effet, de discipline scientifique dont l'objet spécifique soit la nature, l'origine et l'exercice du pouvoir, bien que ce phénomène ait suscité depuis longtemps la réflexion de grands esprits. Je doute d'ailleurs qu'une telle discipline ait quelque chance de se former, pour des raisons qui apparaîtront au cours de cet exposé. Rien, en tout cas, ne permet de croire que nous puissions bénéficier des acquis d'un savoir cumulatif. Qu'appelle-t-on pouvoir ? Question préalable, semble-t-il. Mais, pour répondre, il faudrait énoncer un critère qui permette aussitôt de trancher un noeud de représentations dont chacune porte la marque d'une expérience collective. Si l'on veut bien admettre que le pouvoir ne peut se réduire à la domination, à la puissance, au commandement ou à l'autorité, ce n'est pas toutefois sans raison qu'on en reconnaît le signe, soit à la capacité de décider des affaires publiques, soit à celle de disposer des moyens de coercition, soit à celle de commander, soit à celle d'incarner ou de représenter quelque puissance au-dessus des hommes ou bien d'en participer, soit à celle de posséder un savoir-faire qui échappe à l'intelligence commune. Bref, il peut être associé à l'image du prince, du gouvernant, du guerrier, du prêtre ou du magicien. Dans tous les cas, le caractère du pouvoir est lié à celui de l'obéissance, et l'obéissance elle-même implique un certain mode de croyance. D'une domination établie par la force on peut même se demander, comme nous y invitait La Boétie, si elle a jamais pu s'entretenir durablement sans bénéficier d'une "" servitude volontaire "".
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