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ABRAHAM LINCOLN |
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Abraham Lincoln
Abraham Lincoln, né le 12 février 1809 dans le Comté de Hardin au Kentucky et mort le 15 avril 1865 à Washington, est le seizième Président des États-Unis. Il est élu pour deux mandats de quatre ans, en 1860 et 1864, sans terminer ce dernier. Il est le premier président républicain de l'histoire du pays. Il a dirigé les États-Unis lors de la pire crise constitutionnelle, militaire et morale de son histoire — la Guerre de Sécession —, et réussit à préserver l'Union. C’est au cours de celle-ci qu’il fait ratifier le XIIIe amendement de la Constitution des États-Unis et abolit l’esclavage. Il sort victorieux de la guerre mais meurt assassiné deux mois plus tard, à la suite d'un complot émanant de partisans confédérés au début de son second mandat.
Lincoln naît dans une famille modeste. Après une enfance et adolescence sans relief, il apprend le droit grâce à ses seuls talents d’autodidacte et devient avocat itinérant. Entraîné peu à peu sur le terrain de la politique, il dirige un temps le parti Whig et est élu à la Chambre des représentants de l’Illinois dans les années 1830, puis à celle des États-Unis pour un mandat dans les années 1840.
Alors que le pays traverse depuis plusieurs années une période de grandes tensions au sujet de l’esclavage, Lincoln, qui s’oppose à son extension, acquiert une notoriété nationale en 1858 à la suite d’une série de débats contre Stephen A. Douglas, partisan du droit des États à introduire ou non l’esclavage sur leur territoire. Porté par cette popularité, Lincoln est choisi par le Parti républicain nouvellement formé, pour le représenter aux élections présidentielles. Bien que lâché par les États du Sud, il remporte la plupart des États du Nord et est élu président en 1860. Cette élection entraîne immédiatement la sécession de sept États esclavagistes du sud avec l’Union et la formation des États confédérés d'Amérique, bientôt rejoint par d’autres États malgré des tentatives de compromis et de réconciliation de la part de l’Union[réf. nécessaire].
L’attaque de Fort Sumter le 12 avril 1861 par les troupes confédérées pousse la majeure partie du Nord à se regrouper derrière l’étendard national et Lincoln à concentrer sa politique et son action sur l’effort de guerre. Son but est alors de réunir la nation. Tandis que le Sud entre en état d’insurrection, Lincoln exerce son droit de suspendre l’habeas corpus entraînant l’arrestation et la détention sans procès de milliers de suspects sécessionnistes. Pendant la guerre, son combat pour l’abolition de l’esclavage apparaît notamment à travers la Proclamation d'émancipation, en vigueur le 1er janvier 1863, dans lequel il encourage les États intermédiaires à abolir progressivement l’esclavage. Cette proclamation est également la première étape d'un processus qui, à terme, amène à la ratification du XIIIe amendement de la Constitution par le Congrès, offrant la liberté à tous les esclaves du pays en décembre 1865. Lincoln suit de près l’évolution de la guerre et supervise notamment la nomination des généraux, dont celle d'Ulysses S. Grant. Dans son cabinet, il réunit les différents leaders de son parti et les oblige à coopérer. Sous son commandement, l’Union met en place un blocus naval pour paralyser les échanges commerciaux du Sud, prend le contrôle des États frontaliers au début de la guerre, gagne celui des réseaux de communication fluviaux du sud, et essaie sans relâche de s’emparer de la capitale confédérée, Richmond en Virginie, jusqu’au succès de Grant en 1865.
Une succession de batailles victorieuses, ainsi que des tentatives d’entente avec les démocrates lui assurent sa réélection en 1864. Après la défaite des États confédérés, Lincoln se veut conciliant avec le Sud lors de son discours d’investiture de second mandat, et appelle à l’apaisement. Mais son programme de reconstruction ne vit pas le jour en raison de son assassinat le 14 avril 1865 par John Wilkes Booth, partisan sudiste. La mort de Lincoln est le premier assassinat d'un président des États-Unis et plonge le pays dans le deuil. Lincoln est considéré tant par les historiens que par le public comme un des plus grands présidents des États-Unis.
Origines et jeunesse
Origines familiales
Son père, Thomas Lincoln, descend d'une longue lignée de Lincoln, dont le premier avait émigré d'Angleterre dans le Massachusetts en 1637. De là, les générations ont voyagé en Pennsylvanie, en Virginie puis dans le Kentucky. Son propre père, nommé Abraham, sera tué par des Indiens en 17861. Simple charpentier illettré au départ, Thomas est devenu un des fermiers les plus riches du comté2.
Sa mère, Nancy Hanks, est née en Virginie de Lucy Hanks et de père inconnu. Illettrée, elle sera élevée par des parents et des tuteurs jusqu'à son mariage. Elle inculque la religion chrétienne à ses enfants en leur citant des passages de la Bible3.
Les parents Lincoln se marient en 1806. De cette union naîtront trois enfants. Le premier est Sarah, née en 1807, le second, Abraham, le troisième, Thomas, décèdera en bas âge et sera enterré dans une petite tombe en vue de la cabane familiale3.
Enfance
Abraham Lincoln, surnommé « Abe », naît dans le Comté de Hardin, sur la « Frontière » le 12 février 1809 dans la cabane en rondins de ses parents, un couple de fermiers sans fortune1. Leur propriété de 348 acres (140 hectares) se trouve sur les berges de la Nolin Creek dans la partie sud-est du comté de Hardin (Kentucky), près de Hodgenville1. Il est prénommé Abraham, sans deuxième prénom, en souvenir de son grand-père paternel. Le mythe a quelque peu exagéré la pauvreté de ses parents à sa naissance. Abraham va à l'école de Cumberland Road avec sa sœur.
À l'automne 1816, Thomas Lincoln décide d’emmener sa famille dans le sud-ouest de l’Indiana, notamment à cause d'affaires judiciaires concernant une erreur dans les titres de propriété des terres du Kentucky qu'il a toutes perdues. Il y squatte des terres publiques situées dans l'agglomération de Little Pigeon Creek, au fond des bois. La famille vit provisoirement dans une ferme à demi construite à laquelle manque une façade. Après avoir construit un habitat plus acceptable, il achète le terrain et entreprend sa culture. Abraham participe au travail des champs et à l’élevage mais répugne à la chasse et à la pêche. Issu d'une famille esclavagiste, Thomas Lincoln partage originairement les préjugés raciaux de sa famille, avant de rejoindre cette même année de 1816 une Église séparatiste qui combat l'alcoolisme et l'esclavagisme3.
En 1818, alors qu’il n'a que neuf ans, Abraham voit sa mère mourir de la « maladie du lait » (maladie provoquée par l'ingestion de lait d'animaux ayant mangé de l'eupatoire rugueuse, une plante vénéneuse)4. Quand elle décède, Nancy Lincoln a 34 ans5. Son mari lui fabrique un cercueil de cerisier avant de l'enterrer sur une colline environnante. Dans l’année qui suit, Thomas Lincoln épouse Sarah "Sally" Bush Johnston, une veuve qu'il connaît depuis plusieurs années, de dix ans sa cadette et ayant deux filles et un fils5. Elle s’occupe du logis et traite Abraham à égalité avec ses propres enfants. Abraham et Sarah deviennent si proches que plus tard, il se souviendra d’elle comme son « angel mother ».
De onze à quinze ans, Abraham fréquente de manière irrégulière l'école, entre les récoltes d'hiver et les labours de printemps. Il s'intéresse néanmoins à la poésie, écrit des vers et des lettres pour ses parents, et développe rapidement un appétit certain pour la lecture, passion encouragée par sa belle-mère Sarah mais incomprise par son père. Malgré cela, Lincoln n'aurait pu lire effectivement que quelques livres, dont il a toutefois su garder souvenir. Au fil de ses lectures, il découvre la Bible, l’histoire de l’Angleterre et des États-Unis. Parmi les livres qu’il aurait lus, on trouve Robinson Crusoé de Daniel Defoe ou encore les fables d’Ésope. Son voisinage rapportera plus tard qu’il était prêt à parcourir des miles pour aller emprunter un livre.
Premiers emplois
À dix-sept ans, Abraham quitte quelque temps la maison familiale pour travailler sur un ferry à la jonction d'Anderson et de l'Ohio.
À dix-neuf ans, il perd sa sœur Sarah, morte en donnant naissance à son premier enfant. La mère et le bébé mort-né sont enterrés ensemble au pied de l'église que Thomas Lincoln avait bâtie. En avril 1828, il signe un contrat avec James Gentry, un colon voisin, aux termes duquel il doit acheminer un bateau de produits agricoles jusqu'à La Nouvelle-Orléans. Le périple dure trois mois, au cours duquel il descend avec un des fils Gentry l'Ohio puis le Mississippi, où ils durent affronter courants violents et une attaque de leur cargaison. De retour en Indiana, Abraham donne à son père les 25 dollars que ce contrat lui a rapportés.
En mars 1830, alors qu’Abraham a 21 ans, Thomas Lincoln décide de rejoindre les terres fertiles de l’Illinois, sur le bord de la rivière Sangamon. Son fils l'aide à défricher ses nouvelles terres. L'hiver suivant est rude et la famille reste bloquée plusieurs mois par la neige et la glace.
En mars 1831, Abraham projette de gagner de l'argent en proposant à un spéculateur nommé Denton Offutt de convoyer un chaland de marchandises jusqu'à La Nouvelle-Orléans. Il s'avère que ledit Offutt ne possède pas de péniche. Abraham, son cousin John Hanks et John Johnston (le fils de Sarah Lincoln) en construisent une eux-mêmes au bord de la Sangamon. Lincoln devient ainsi matelot et fait un voyage sur le Mississippi jusqu’à La Nouvelle-Orléans. Sur le retour, il s’installe dans le village de New Salem, sur la rivière Sangamon. Il y devient magasinier, postier, surveillant. En 1832, il s’enrôle dans la milice locale pour combattre les Indiens de Black Hawk et est élu capitaine de sa compagnie. Il déclarera plus tard n’avoir jamais vu de guerriers indiens, mais avoir participé à des disputes virulentes entre miliciens.
Aspirant à avoir une vie publique, il se présente à l’assemblée de l’État comme représentant du parti whig, mais est la première fois défait avant d’être élu puis plusieurs fois réélu. Hésitant, il préfère finalement devenir avocat plutôt que forgeron pour gagner sa vie. Après avoir déjà étudié les mathématiques et la grammaire, il commence donc à étudier le droit. En 1836, il réussit l’examen du barreau.
Carrière de député
Un juriste qui s'engage en politique
Juriste de province autodidacte, Lincoln part s'installer en 1837 à Springfield et commence à exercer son métier. Il contracte la syphilis en 18366.
Il est réélu quatre fois comme représentant à la chambre de l'Illinois. Il aspire ensuite à devenir représentant de l'Illinois à la Chambre des représentants des États-Unis à Washington, D.C.
Il est élu en 1846 et siège à partir de la fin 1847. À Washington, il s'oppose à la guerre contre le Mexique, qu'il juge inconstitutionnelle et injuste. Malgré cette opinion, il vote plusieurs fois l’envoi de troupes supplémentaires. Ses opinions sont jugées anti-patriotiques et suscitent le mécontentement parmi les électeurs de l'Illinois, si bien que Lincoln ne sollicite pas le renouvellement de son mandat. Au cours de la guerre, son futur adversaire s'illustre au contraire par une attitude inverse. Jefferson Davis, futur président des États confédérés d'Amérique devient un héros militaire.
De retour à Springfield, il se concentre sur son métier de lawyer (juriste dont une des facettes du métier est trial lawyer, avocat) et devient célèbre, se constituant une importante clientèle à Chicago. Il défend notamment l’Illinois Central Railroad pour qu’elle obtienne une charte de l’État. Il lutte contre le comté de McLean, qui souhaite instaurer une taxe sur les activités de cette compagnie. Il reçoit 5 000 dollars à cette occasion, mais doit se retourner contre la compagnie pour les obtenir. Parmi les affaires qu’il traite, on trouve aussi des affaires criminelles. Défendant Duff Armstrong, accusé de meurtre, il doit s'opposer à un témoin prétendant avoir vu son client parmi les meurtriers grâce à la lumière de la lune. Sur la base d’un seul almanach, Lincoln soutient que la lune n’a pu permettre au témoin de voir la scène et obtient l’acquittement.
Cette carrière d’homme de loi exemplaire contribue à donner à Lincoln une réputation d’homme brillant, éloquent et honnête.
Au Congrès
Abraham Lincoln est élu au Congrès des États-Unis tout en exerçant la profession d’avocat. Dès cette période, ses positions anti-esclavagistes sont apparentes mais il n'est pas en faveur du droit de vote pour la population noire. Il se fait connaître en tant que défenseur des compagnies de chemin de fer, mais aussi par ses discours contre l’admission de nouveaux États esclavagistes dans l’Union en particulier lorsqu’il se présente aux élections sénatoriales de 1858. Le Kansas-Nebraska Act de 1854, qui abroge les limites de la diffusion de l'esclavage (Compromis du Missouri), remet Lincoln sur le devant de la scène politique. Le sénateur démocrate Stephen A. Douglas propose un référendum sur la question de l'esclavage dans les territoires en question. En 1858, Lincoln prononce un discours qui met en évidence le danger de désunion du pays sur le problème de l'esclavage7. Son éloquence le fit connaître du grand public.
Campagne présidentielle de 1860
Lincoln fut choisi par les Républicains pour l'élection présidentielle de 1860. Il fut élu le 6 novembre 1860 et devint le 16e président des États-Unis avec 39,9 % des voix, grâce aux divisions au sein du Parti démocrate. Il bat ainsi les autres candidats qui étaient Stephen A. Douglas (29,5 %), John C. Breckenridge (18,1 %) et John C. Bell (12,5 %).
Peu après l’élection, alors que le nouveau président n’est pas encore investi, sept États font sécession : la Caroline du Sud, le Mississippi, la Floride, l’Alabama, la Géorgie, la Louisiane et le Texas. Les six derniers décideront le 4 février 1861 de former les États confédérés d'Amérique, que Lincoln refusa de reconnaître. Les États du Delaware, Maryland, Virginie, Caroline du Nord, Tennessee, Kentucky, Missouri et Arkansas décident de rester dans l'Union mais avertissent Lincoln qu'ils n'accepteront pas le passage des troupes sur leur territoire.
Nonobstant les nombreuses menaces de mort qu'il reçut, un complot d'extrémistes sécessionnistes pour assassiner le nouveau président avant son investiture fut déjoué dans la matinée du 23 février 1861 à Baltimore. Dès mars 1861, il affirma que l'Union ne pouvait être brisée.
Présidence
Premier mandat (1861-1865)
1861
4 mars : investiture d’Abraham Lincoln en tant que seizième président des États-Unis.
12 avril : début de la Guerre de Sécession avec la bataille de Fort Sumter en Caroline du Sud, par les forces confédérées. Trois jours plus tard, Lincoln déclare l’état d’insurrection et prévoit la levée d’une armée de 75 000 volontaires. Les États de Virginie, Caroline du Nord, Tennessee et Arkansas font sécession.
Fin avril : Lincoln ordonne le blocus des ports des États confédérés et interdit le commerce avec eux.
1862[
27 janvier : Lincoln signe l’ordre de début des opérations militaires contre les États confédérés.
20 mai : la loi du Homestead Act est signée par Abraham Lincoln. Elle permet à chaque famille pouvant justifier qu'elle occupe un terrain depuis 5 ans d'en revendiquer la propriété privée, et ce dans la limite de 160 acres (soit 65 hectares). Si la famille y vit depuis au moins 6 mois, elle peut aussi sans attendre acheter le terrain à un prix relativement faible de 1,25 dollar par acre (soit 308 dollars pour 1 km2). Cette loi a joué un rôle éminent dans la conquête de l'Ouest américain.
19 juin : il commence à rédiger la proclamation d’émancipation des esclaves.
1er juillet : il institue l’impôt sur le revenu pour financer la Guerre de sécession.
2 juillet : Morrill Land-Grant Colleges Act.
22 septembre : il annonce qu’il publiera sa proclamation d’émancipation des esclaves dans les États en sécession. Elle sera à l’origine de deux amendements à la Constitution, le premier abolissant l’esclavage, le second garantissant les droits civils.
1863
1er janvier : les esclaves sont émancipés.
20 juin : Lincoln incorpore l'Ouest de la Virginie dans l’Union, la Virginie-Occidentale devient donc le 35e État.
3 juillet : victoire nordiste de Gettysburg, en Pennsylvanie.
3 octobre : Lincoln institue la fête nationale de Thanksgiving au dernier jeudi de novembre.
19 novembre : Lincoln fait un discours pour l’inauguration du cimetière national situé sur le champ de bataille de Gettysburg.
8 décembre : Lincoln annonce son programme pour la reconstruction des États du Sud et fait une offre d’amnistie aux déserteurs de l’armée confédérée.
1864
Le 3 octobre 1862, Abraham Lincoln vient rendre visite au général McClellan à son quartier général d'Antietam, après la rude bataille que celui-ci a mené contre les Confédérés le 17 septembre.
12 mars : Lincoln nomme le général Ulysses S. Grant en tant que commandant en chef des armées de l’Union.
7 juin : la convention nationale du parti républicain désigne Lincoln comme son candidat pour les prochaines élections.
18 juillet : Lincoln ordonne le recrutement de 500 000 volontaires dans l’armée.
8 novembre : Lincoln est réélu pour un second mandat avec 56 % du vote populaire.
1865[modifier | modifier le code]
3 février : Lincoln tente une dernière fois de terminer la Guerre de sécession par la négociation. Il exige la reddition des forces confédérées et le retour des États dans l’Union. Ces derniers veulent leur indépendance et la réunion se termine par un échec.
Second mandat (1865)[modifier | modifier le code]
4 mars : investiture d’Abraham Lincoln pour un deuxième mandat.
9 avril : fin « officielle » de la Guerre de sécession.
6 décembre : vote du XIIIe amendement
Politique étrangère[
Vu sous l’angle de la politique étrangère le problème de la sécession des États du Sud se résume à la reconnaissance de la Confédération des États d’Amérique par les autres pays et les États européens en particulier. En fait ces derniers étaient surtout intéressés par la poursuite des relations commerciales et ont évité de soutenir la Confédération au risque de voir s’établir des relations privilégiées entre l’Union et leurs compétiteurs.
Toutefois, selon André Kaspi, spécialiste de l'histoire américaine : « Lincoln avait dans son cabinet des gens hostiles à la proclamation de l'émancipation en 1862. Il est passé outre car il pensait que c'était indispensable, essentiellement pour des raisons diplomatiques. La Grande-Bretagne [où l'esclavage a été aboli en 1838] soutenait les abolitionnistes et la France [esclavage aboli en 1848, sauf en Algérie] était plutôt du côté des esclavagistes. Nous [les Français] n'avons pas un rôle particulièrement brillant à cette époque. D'autant plus que Napoléon III pensait qu'il pourrait installer un empire vassal de la France au Mexique en profitant de la division des États-Unis. Cette dimension internationale n'est jamais évoquée dans le film [de Spielberg] ».
Politique intérieure
Dès son élection, A. Lincoln est confronté au problème de la sécession des États sudistes. En fait cette sécession ainsi que la création de la Confédération par les États du sud n’est pas reconnue par les États de l’Union d'où le terme « Guerre civile (Civil War) » employé par les Américains (et non « Guerre de Sécession » employé dans les ouvrages francophones). L'objectif de la guerre, toujours dans le même esprit, est de préserver l'Union.
La priorité de Lincoln est le maintien de l’Union et la réintégration des États sécessionnistes. Il dirige directement les opérations des forces armées avant de trouver en la personne du général Ulysses S. Grant un chef en qui il peut avoir confiance. La conduite de la guerre nécessite des hommes et un financement ; Lincoln introduit le service militaire pour pallier le déficit de volontaires et l’impôt sur le revenu. Sa contribution la plus connue restera la Proclamation d'émancipation libérant les esclaves dans les États Confédérés qui n'étaient pas sous contrôle de l'Union. La proclamation concernait donc 3 000 000 d'esclaves dans le Sud, mais n'avait aucun effet sur près d'un million d'esclaves vivant dans les États esclavagistes restés dans l'Union (Delaware, Kentucky, Maryland, Missouri) ou dans le Tennessee occupé par les troupes de l'Union8. Du fait de l’état de guerre, A. Lincoln est l’un des présidents qui a accumulé le plus de pouvoirs entre ses mains.
Il s'attacha également à la création d'un système de banques nationales (National Banking Acts entre 1863 et 1865).
Droits civiques, les minorités et l’immigration
Avant d’être élu président, et pendant sa campagne électorale en particulier, Lincoln avait fait plusieurs déclarations indiquant clairement son opposition à l’esclavage au nom de principes moraux. Il restera dans l’histoire comme l’auteur de la Proclamation d’émancipation des esclaves, mais certains critiques ont estimé que sa priorité était liée à la restauration de l’Union, pas aux droits civiques des esclaves. « Si je pouvais sauver l'Union sans libérer un seul esclave, je le ferais ; si je ne pouvais la sauver qu'en les libérant tous, je le ferais aussi… Cela est ma position officielle et n'a rien à voir avec mes convictions personnelles… J'ai dit assez souvent que, selon moi, tous les hommes, partout, devaient être libres…9 »
Politique financière, économique et sociale[
La politique du président Lincoln bénéficie très vite de l'augmentation de la masse monétaire grâce à la découverte du plus grand gisement d'argent-métal de l'histoire, après le Potosi bolivien, qui voit se constituer en quelques années les grandes fortunes de l'ouest américain. Dès 1862, plusieurs centaines de petites compagnies minières se partagent le gisement du Comstock Lode découvert trois ans plus tôt à Virginia City, dans le Nevada, sous les yeux du journaliste Mark Twain, en pleine conquête de l'Ouest. Alors que les États du Sud émettent en Europe un emprunt indexé sur la valeur du coton, profitant du rayonnement de la place financière parisienne, Lincoln préfère développer la finance américaine, lorsqu'il est obligé d'emprunter à tour de bras pour équiper les armées, avec l'aide d'un proche, Jay Cooke (10 août 1821 - 8 février 1905), qui créé une des premières banques d'investissement américaines, Jay Cooke & Co, pour organiser les émissions d'obligation.
Le président Lincoln décide d'opérer très tôt la reconstruction du Sud par des programmes sociaux. En 1862 et 1864 il fait voter deux lois successives pour apporter le soutien de l'État à la construction des premiers chemins de fer transcontinentaux, achevés en 1869 et permettant de donner du travail aux soldats démobilisés. Le gouvernement soutient aussi Associated Press et la Western Union, en leur confiant les commandes aux Journal officiel de Washington10, amenant la création par les journaux du MidWest d'une nouvelle Associated Press. Soixante ans plus tard, le président Franklin Delano Roosevelt rappela ce mot d'Abraham Lincoln: « Le plus fort lien de sympathie entre les hommes après les relations de travail devait être celui qui unit les travailleurs de toutes les Nations ».
Politique partisane
Lincoln est élu à la présidence essentiellement en raison des dissensions au sein du Parti démocrate. Au cours de son mandat, il est critiqué au sein de son propre parti car la guerre est longue et coûteuse et beaucoup d’Américains ne voient pas de raison de se battre pour le droit des Noirs. Il sera malgré tout réélu car l’Union est opportunément victorieuse sur le champ de bataille au moment du vote.
Vie personnelle
Ayant perdu le premier amour de sa vie, Ann Rutledge, probablement morte de typhoïde, il courtise Mary Owens, la sœur de son amie Elizabeth Abell. Lincoln fait sa demande en mariage à Owens en mai 1837, mais elle refuse. Dix-huit mois plus tard, il se fiance à Mary Todd. Finalement le 4 novembre 1842, ils se marient. Ils s'installent ensuite dans une maison sur la Huitième et Jackson à Springfield, qui se trouve à proximité de son étude d'avocat. Mary peine un peu à s'habituer à sa nouvelle existence parce qu'elle a eu l'habitude d'être toujours servie par les nombreux esclaves que possédait sa famille. La relative pauvreté dans laquelle vit le couple est aussi difficile pour elle qui n'a jamais manqué de rien. Des tensions se font jour entre Abraham et Mary lors des premières années de leur mariage, mais elles s'atténuent lorsque naît leur premier fils.
Le couple aura quatre enfants. Robert Todd Lincoln naît le 1er août 1843, à Springfield dans l'Illinois. Il est le seul de leurs enfants qui ait atteint l'âge adulte. Les autres, nés également à Springfield, vont mourir pendant leur enfance ou durant l'adolescence. Edward Baker Lincoln naît le 10 mars 1846 et meurt le 1er février 1850. William Wallace Lincoln vient au monde le 21 décembre 1850 et meurt à Washington D.C. le 20 février 1862, lors du premier mandat présidentiel de son père. Thomas « Tad » Lincoln naît le 4 avril 1853 et meurt le 16 juillet 1871, à Chicago. Le dernier descendant de Lincoln, en ligne directe, était Robert Todd Lincoln Beckwith (en), mort le 24 décembre 1985.
La sexualité d'Abraham Lincoln est sujette à débat. Plusieurs personnes ont émis l'hypothèse[Qui ?] qu'il était homosexuel ou bisexuel, parmi lesquelles le chercheur Clarence Arthur Tripp, qui a notamment mis en avant les relations ambiguës qu'il a entretenues au cours de sa vie avec des hommes, alors qu'il faisait preuve de distance envers les femmes ; Tripp a ainsi fait état de deux relations homoérotiques de Lincoln11.
Portrait physique et caractère[modifier | modifier le code]
Lincoln reste dans l'histoire des États-Unis le plus grand des présidents par la taille : (1,93 m), il a les cheveux noirs et épais, un grand nez et de grandes oreilles12.
Les portraits les plus connus de Lincoln le montrent barbu alors qu'il n'a porté la barbe que dans les dernières années de sa vie. Il semble qu'il l'ait laissée pousser en 1860 à la demande de Grace Bedell, une petite fille de 11 ans13,14.
L'assassinat
14 avril 1865 : Abraham Lincoln rencontre souvent le général Grant, qui commande les troupes de l'Union, pour aborder les problèmes de la reconstruction des États sudistes. C’est au cours d’une sortie au théâtre Ford à Washington (la pièce s'appelait Our American cousin), qu’il est assassiné5 par un sympathisant sudiste. Ce dernier, John Wilkes Booth, s'introduit derrière Lincoln et lui tire une balle à bout portant derrière la tête, au niveau de la nuque. Les médecins accourent et voient tout de suite que la balle a atteint le cerveau. Ils le transportent dans une maison en face du théâtre où il passe la nuit sans reprendre connaissance. Lincoln meurt le lendemain matin, à 7 h 22. Booth cria en s'enfuyant « Sic semper tyrannis! » (latin : « Ainsi en est-il toujours des tyrans ! »). Cette citation se trouve dans l'hymne du Maryland, où Booth avait rencontré un certain succès en tant qu'acteur, et sur le Grand Sceau de l'État de Virginie dont elle est la devise officielle. La nouvelle arrive en Europe dix jours plus tard, par le paquebot Australasian, puis télégraphiée par Reuters assez tôt pour le bouclage de l'édition du 27 avril 1865 du quotidien Le Temps15,16.
Quatre personnes furent condamnées à mort par un tribunal militaire à la suite de l’assassinat de Lincoln. Parmi elles, une femme Mary Surratt qui fut la première à être exécutée par le gouvernement des États-Unis.
Abraham Lincoln est enterré à Springfield, en Illinois, dans une crypte fortifiée bâtie en 1901 à la suite de menaces proférées contre sa dépouille. Auparavant, son cercueil avait été déplacé 17 fois depuis son enterrement initial en 1865 ainsi qu'ouvert à 5 reprises : le 21 décembre 1865, le 19 septembre 1871, le 9 octobre 1874, le 14 avril 1887 et le 26 septembre 1901.
Hommages
Lincoln est l’un des présidents les plus admirés de l’histoire des États-Unis12 : selon un classement dressé par des historiens pour le magazine The Atlantic Monthly, il est l'Américain le plus influent de l'Histoire17. Son nom a été donné à la capitale de l’État du Nebraska, un monument (le Lincoln Memorial) est érigé en son honneur au centre de la capitale fédérale et son effigie apparaît sur la pièce de 1 ¢ comme sur le billet de 5 $, elle est aussi apparue sur un billet de 100 $ émis le 10 mars 1863 en Louisiane qui est un des premiers billets émis par le gouvernement américain après que le National Banking Act fut accepté en février 1863. Son portrait est sculpté sur le mont Rushmore et les endroits importants de sa vie ont été transformés en musées. Depuis sa mort, environ 16 000 livres lui auraient été consacrés, selon les estimations de la commission du bicentenaire d'Abraham Lincoln12. Le musée Abraham Lincoln de Springfield, dans l'Illinois est l'un des principaux musées consacrés au président.
L’anniversaire de sa naissance a été déclaré jour férié (jusqu’à la création du « jour des présidents », jour férié destiné à honorer tous les présidents des États-Unis). Le 12 février 2009, plusieurs cérémonies célébrant le bicentenaire de sa naissance eurent lieu au Lincoln Memorial, dans la capitale fédérale. Le théâtre Ford, lieu de son assassinat, a organisé un gala pour fêter sa réouverture après les travaux de rénovation qui coûtèrent plusieurs millions de dollars12.
L’assassinat d'Abraham Lincoln, quelques jours après la fin de la guerre de Sécession, a empêché ses contemporains de critiquer son action. Certains historiens relèvent aujourd’hui qu’il était bien plus préoccupé par le maintien de l’Union que par les droits des esclaves. L'écrivain Jorge Luis Borges porte même à son égard un jugement plus sévère encore (voir article), mais cet avis reste isolé.
La marine américaine a honoré sa mémoire en nommant plusieurs de ses navires USS Abraham Lincoln. Il s'agit d'un sous-marin lance-missiles et d'un porte-avions nucléaire.
Jusqu'à 5 000 Américains, réunis dans la Brigade Abraham Lincoln, ont participé aux brigades internationales pendant la guerre d'Espagne (1936-1939)18.
L'État de Illinois est surnommé Land of Lincoln (la terre de Lincoln) et cette appellation est reprise sur les plaques d'immatriculations de cet État.
Lincoln Park, le plus vaste parc urbain public de la ville de Chicago (Illinois), et deuxième plus grand du pays après celui de Central Park, fut nommé en son honneur. Il abrite également le Lincoln Monument, une statue de bronze haute de 3,7 m en hommage à Lincoln.
Lincoln Center for the Performing Arts, est un centre culturel de New York. Construit dans les années 1960, il est le siège d'une douzaine de compagnies artistiques.
Au cours de la guerre de Sécession, Lincoln prononce sur le champ de bataille de Gettysburg son célèbre Discours de Gettysburg en hommage aux soldats morts pour « la renaissance de la liberté - un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ». Le texte, très court, est gravé sur le monument qui lui rend hommage à Washington ; il est considéré par les Américains comme une déclaration d’importance majeure que les élèves du primaire apprennent par cœur.
Lincoln est aussi renommé pour la lettre qu'il envoya en novembre 1864 à une certaine Madame Bixby, une veuve de Boston dont les cinq fils seraient tombés pendant la guerre de Sécession. Ce texte est généralement considéré comme un des plus beaux de Lincoln, au même titre que son Discours de Gettysburg et le discours inaugural de sa deuxième présidence.
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VACCIN CONTRE LA GRIPPE - 2ème GUERRE MONDIALE |
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Vaccin contre la grippe et Seconde Guerre mondiale
Par
Xavier Riaud
Attaché au laboratoire de Louis Martin de l’Institut Pasteur depuis 1912-1913, diplômé de la Faculté de médecine de Paris en 1913 après avoir soutenu une thèse sur la méningite, René Dujarric de la Rivière 1 (1885-1969) s’engage pendant la guerre et devient médecin d'ambulance au 45e régiment d'infanterie, médecin-chef de laboratoires cliniques, puis du laboratoire central de l'Armée. En 1918, confronté à l’hécatombe produite par la grippe espagnole plus meurtrière que le conflit lui-même, il parvient à filtrer le virus de la grippe prouvant ainsi son origine virale (Dujarric de la Rivière, 1936). Le premier virus grippal humain (type A) a été isolé en 1933, par Wilson Smith, Andrewes C.-H. & Laidlaw P. P. du National Institute for Medical Research de Londres, après injection de produit de prélèvement rhino-pharyngé au furet. Smith sera d’ailleurs contaminé par le virus de la grippe au cours de ses expériences. En 1935, le même parvient à propager le virus à des souris sensibilisés par l’anesthésie et chez des embryons de poulet (Berche, 2007).
Dès 1931, Ernest Goodpasture (1886-1960) réussit à cultiver de nombreux virus dans l’œuf de poule à l’état embryonnaire. En 1940, le virologue australien MacFarlane Burnett (1899-1985) réussit à cultiver le virus de la grippe dans la cavité amniotique de l’œuf de poule. En 1943, le virus est observé au microscope électronique pour la première fois (Berche, 2007). C’est ainsi que sont découverts les trois types de virus de la grippe (ABC) et de sous-virus, ce qui implique la création d’un vaccin avec un large spectre. Cette technique permet à Smith et Francis, de préparer aux Etats-Unis les premiers vaccins inactivés dont l’efficacité est encore douteuse. Mais, c’est Jonas Salk et Thomas Francis Jr. qui, encouragés par les autorités militaires américaines, ont préparé le premier vaccin efficace à grande échelle en purifiant et en inactivant le liquide allantoïque ensemencé. Ce vaccin a été injecté aux soldats du corps expéditionnaire américain en Europe en 1944-1945, afin d’éviter une possible contamination par la grippe sur le sol européen. Dans le même temps, le vaccin a été produit à grande échelle et commercialisé.
US Army Camp Hospital n°45, Aix-les-Bains, France, 1918.
Malades atteints de la grippe espagnole.
En 1938, alors à l’université de New York, Thomas Francis Jr., diplômé de la Faculté de médecine de Yale en 1925, est professeur de bactériologie au New York University College of Medicine. En 1941, il est missionné par l’armée américaine et prend la direction de la commission d’études sur la grippe du Comité épidémiologique des Forces armées 2. L’entrée en guerre des USA va accélérer les impératifs de résultats dans ses recherches. L’hécatombe causée par l’épidémie de grippe espagnole de 1918 est toujours très présente dans les mémoires. 46 992 hommes de l’armée américaine sont morts de cette maladie pour 50 385 au combat, soit presque le même nombre. Le Service de médecine préventive de l’armée américaine est déterminée à ce que pareille catastrophe ne se reproduise pas. Le Comité épidémiologique de l’armée (AEB = Army Epidemiological Board) a été créé par le Service de médecine préventive de l’armée à cette fin. Composé de trois autres membres, c’est de cette structure dont Francis prend la direction. Ses membres ont été recrutés pour leur connaissance en la matière, mais aussi pour leur grande intégrité (Bayne-Jones, 1942). Francis comprend très vite que sa tâche est titanesque. Il a pour mission de protéger la plus grande force armée jamais rassemblée jusqu’alors par les Etats-Unis et de convaincre la Santé publique américaine de pratiquer une vaccination à l’échelon national. Sa tâche est colossale et la pression sur ses épaules est monumentale. Avec courage et grâce à des compétences bien réelles, notre homme relève le défi. L’urgence de la guerre va décupler la rapidité de ses recherches et la commercialisation du vaccin obtenu. Sa position lui confère aussi tous les droits pour tester l’efficacité d’éventuels vaccins. Aucun homme et aucune population n’ont jamais été soumis à de telles expérimentations aussi contrôlées. Des tests ont donc été réalisés, placés sous la haute autorité militaire, sur différentes populations. Des comparaisons ont été faites avec un échantillon d’individus non vaccinés. Les résultats de ces expériences conduites par la commission de recherches sur la grippe sont parus en 1943, dans sept articles (Commission on Influenza, 1945). Face à la diversité des souches, le vaccin a dû être adapté pour répondre au mieux aux besoins. Des adjuvants ont été ajoutés pour augmenter sa durée d’action. Les résultats ont permis d’aboutir à une durée d’efficacité d’une année. Après la guerre, la commission a publié une seconde séries d’articles sur ses travaux.
Cette même année, après trois années à l’université de New York, Francis est nommé professeur et chef du service d’épidémiologie de la toute nouvelle école de santé publique de l’université du Michigan, répondant ainsi à l’invitation du Dr Henry F. Vaughan, son doyen. Il y reste 28 ans. Ce département sera plus qu’un département de statistiques et d’épidémiologie. Il développera et explorera tous les aspects philosophiques de ces deux disciplines.
En 1941, Salk décide de suivre une formation post-doctorale de deux mois dans le laboratoire de Thomas Francis Jr. Subissant les quotas juifs de New York, Thomas Francis vient en aide à Salk en l’autorisant à venir dans son laboratoire. C’est son premier contact avec la virologie et Salk est emballé. Au cours de son séjour, Salk aurait isolé une souche du virus de la grippe et aurait contribué dans une large part à la création du vaccin. Une polémique a couru, concernant cette période. En 1942, Francis et divers chercheurs, dont Salk, auraient contaminé de nombreux malades mentaux de l’asile psychiatrique d’Ypsilanti du Michigan en leur insufflant la grippe directement dans leurs cavités nasales afin de tester l’efficacité du vaccin qu’ils leur injectaient après. A la suite de leur trouvaille, Salk part en 1947, à Pittsburgh, pour travailler dans son propre laboratoire. En 1955, poursuivant ses recherches en virologie et en épidémiologie, il découvrira le vaccin contre la poliomyélite.
En 1946, Thomas Francis Jr a reçu la médaille de la Liberté décernée par l’armée américaine. En 1947, il a reçu le Lasker Award pour ses recherches sur la grippe, de l’Association américaine de santé publique.
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Palmyre
Palmyre (en grec ancien Παλμύρα / Palmúra) est une oasis du désert de Syrie, à 210 km au nord-est de Damas. Son nom sémitique, attesté déjà dans les archives de Mari (xviiie siècle av. J.-C.), est Tadmor1 ou Tedmor2 (تدمر). C’est toujours son nom actuel.
Histoire
L'origine de Palmyre
L’histoire de Palmyre à l’âge du bronze est mal connue : la ville se développa sur un tell qui fut au ier siècle av. J.-C. recouvert par la terrasse du sanctuaire de Bēl. Quand les Séleucides prirent le contrôle de la Syrie en 323 av. J.-C., la ville devint indépendante. Mais de la fin du ive siècle av. J.-C. jusqu'en 41 av. J.-C., la situation de la ville ne nous est pas connue.
La Bible attribue la construction de Palmyre au roi Salomon (« Et il bâtit Tadmor dans le désert » (II Chr VIII:4)).
Palmyre gréco-romaine
La ville faisait partie d’un réseau marchand reliant la Syrie à la Mésopotamie et à la côte méditerranéenne. Le nom de Palmyre est mentionné pour la première fois dans les sources gréco-romaines en 41 av. J.-C., quand Marc Antoine lança ses troupes contre elle, pour leur procurer du butin. En 41 av. J.-C., en effet les Romains essayèrent de piller Palmyre mais ils échouèrent, les habitants de la ville s’étant réfugiés avec leurs biens de l’autre côté de l’Euphrate. On en déduit que les Palmyréniens de cette époque étaient encore pour l’essentiel des nomades, vivant de l’élevage et du commerce caravanier.
Intégrée à l’Empire romain sous Tibère, en l'an 19, dans le cadre de la province romaine de Syrie, Palmyre entretint d'étroites relations avec la principauté des Sampsigéramides qui s'étendait autour d’Aréthuse et d’Émèse, cette dernière constituant le débouché naturel vers la mer pour le commerce de Palmyre. Dans une inscription provenant du temple de Bel à Palmyre, Sampsigéramos II est d'ailleurs désigné comme « roi suprême »3. Palmyre atteignit ensuite son apogée sous Hadrien, qui la visita en 129. À cette occasion, elle prit le titre d’Hadriana Palmyra, épithète qui traduit habituellement une aide matérielle puissante de l'empereur, sans qu'il faille y voir l'octroi juridique d'un statut de cité libre4. C’était une ville splendide, qui se développa jusque sous les Sévères. En 212, l’empereur Caracalla promut Palmyre et sa voisine Émèse au statut de colonie romaine5. L’armée romaine y entretenait une garnison de soldats auxiliaires dans un camp au nord de la ville.
Au cours de la crise du IIIe siècle, Palmyre échappa aux invasions perses qui ravagèrent la Syrie en 252 et 260. Après 260, ce fut un notable de Palmyre, Odénat, qui fut chargé par l’empereur Gallien de coordonner la défense de l’Orient. Quand sa veuve Zénobie tenta de prendre le pouvoir comme impératrice avec son fils Wahballat, Palmyre se retrouva impliquée un peu malgré elle dans une guerre civile romaine. En 272, vaincue par Aurélien à Antioche puis à Émèse, Zénobie se replia avec ses troupes sur Palmyre, où Aurélien vint la poursuivre. Dans un premier temps les notables de Palmyre se rallièrent à Aurélien et chassèrent Zénobie, qui fut arrêtée. Aurélien laissa à Palmyre une petite garnison et rentra en Italie. À ce moment éclata dans la cité une révolte qui tenta de remettre le pouvoir à Antiochos, le père de Zénobie. Aurélien revint sur ses pas, mata la révolte et ne semble pas avoir exercé de représailles sur la ville. Le sanctuaire d'Hélios fut cependant pillé6 ; l’empereur réquisitionna tout le quartier ouest de la ville pour y installer à demeure la Ire Légion illyrienne.
Au ive siècle et par la suite, Palmyre ne fut plus la prospère cité caravanière d’autrefois. C’est une ville de garnison, occupée par la Ier Légion illyrienne, étape d’une route militaire reliant la région de Damas à l’Euphrate, la Strata Diocletiana. La partie monumentale de la ville fut protégée par un rempart qui laissait en dehors tout le quartier sud (entre le wadi et la source Efqa), quartier peut-être abandonné à cette date. Sous Constantin Ier les forts de la Strata Diocletiana furent pour la plupart abandonnés mais Palmyre demeura jusqu’au vie siècle une ville romaine occupée par l’armée, tandis que la steppe tout autour était occupée par des communautés de moines monophysites, et contrôlée par les tribus arabes Ghassanides, chrétiennes et alliées de l’Empire. Des églises furent construites, tandis que d’anciens temples païens comme la cella de Baalshamin ou encore celle du sanctuaire de Bel furent convertis en églises et décorés de peintures murales.
Sous Justinien au vie siècle, l’enceinte fut renforcée de tours, et les adductions d’eau furent restaurées. La ville qui, selon Procope de Césarée, « était devenue depuis longtemps un désert », reçut une nouvelle garnison qui constituait le poste avancé de la Syrie contre les invasions des Perses.
L'urbanisme de Palmyre gréco-romaine
Au temps de son apogée au début du iiie siècle, la ville de Palmyre était beaucoup plus étendue que l’actuel site archéologique, pourtant très vaste. La plupart des maisons était faite de briques crues, qui n’ont guère laissé de vestiges visibles. Ce que l’on voit aujourd’hui est le squelette de pierre de la ville, c’est-à-dire les monuments publics, ou parfois simplement les colonnes qui entouraient l’atrium des demeures les plus riches, tandis que le reste a disparu.
Les vestiges de la Palmyre hellénistique ont été identifiés au sud du wādi. La ville se développa d’abord à l’emplacement du sanctuaire de Bel puis, quand le grand parvis fut construit au ier siècle, elle s’étendit entre le sanctuaire de Bel et la source Efqa au sud-ouest (là où aujourd’hui il n’y a plus que les jardins de l’oasis). Autour de la ville vinrent se fixer des familles arabes d’origine nomade, chacune autour de son sanctuaire tribal, comme celui de Baalshamin ou, tout à l’ouest sur la route d’Émèse, celui d’Allat. Au cours du iie siècle, ces banlieues furent intégrées au tissu urbain avec la construction du quartier monumental structuré autour de la grande colonnade.
Pendant cette période prospère, Palmyre était une ville ouverte, dépourvue de remparts. Il existait un mur (traditionnellement appelé « mur de la douane ») entourant un très vaste secteur tout autour de la ville, mais ce mur de pierres ou de briques crues selon les secteurs n’avait aucune fonction militaire ou de prestige : c’était une simple limite administrative, un péage municipal pour le paiement des taxes fixées par le texte intitulé « Tarif de Palmyre », promulgué le 18 avril 137 sous l’empereur Hadrien7. À la fin du iiie siècle, un rempart défensif fut construit à la hâte en remployant des pierres prélevées sur des monuments funéraires, et ne protégeant que le quartier monumental, tandis que le reste de la ville était sans doute abandonné.
La société palmyrénienne[
Les très nombreuses inscriptions retrouvées sur place permettent de connaître l’organisation de la cité à l’époque romaine. Palmyre adopta les institutions grecques : elle était gouvernée par une boulè, assemblée des principaux propriétaires terriens, et un démos (peuple) constitué des citoyens. Les responsabilités particulières étaient confiées à des magistrats pris dans la boulè, tels que les stratèges ou les agoranomes. Un curateur ou logistès, sorte de contrôleur des finances, était chargé d'apurer les comptes civiques, dès avant la création de la colonie de Palmyre.
Ces institutions étaient demeurées en place jusqu’au ive siècle, y compris, semble-t-il, pendant la crise du iiie siècle, quand Odénat fut salué du titre de resh (en grec « exarque ») de Palmyre : il dut s’agir d’un commandement militaire. Quant au titre de « Roi des rois » porté plus tard par ce même Odénat, et repris par sa veuve Zénobie et son fils Wahballat, il ne signifiait pas pour autant que Palmyre ait changé de régime, puisque les inscriptions montrent qu’à cette époque c’est toujours la boulè et le démos qui font les lois.
À côté de ces institutions civiles, les élites de la cité étaient organisées en collèges de prêtres pour le culte rendu aux principaux dieux. Le plus prestigieux de ces collèges était celui des prêtres de Bel, présidé par le symposiarque (« chef du banquet »).
Les commerçants et les artisans de Palmyre étaient organisés eux aussi en corporations : on connaît celles des corroyeurs, des orfèvres, des tanneurs, des fabricants de radeaux d’outres (radeaux pneumatiques nommés keleks utilisés jusqu’au ixe siècle pour transporter des marchandises qui descendaient l’Euphrate ou le Tigre)8. Palmyre a aussi développé une activité florissante de tissage de soie, laine, coton et lin.
Le commerce caravanier[
Palmyre fut du ier siècle au iiie siècle la plus grande puissance commerciale du Proche-Orient, prenant le relais de Pétra, la cité caravanière des Nabatéens. Palmyre exploitait une route caravanière qui, passant par des caravansérails dans la steppe, gagnait les bords de l’Euphrate et les longeait jusqu’à la région de Babylone. De là, ces caravanes gagnaient le royaume de Mésène à l’embouchure du Tigre et de l’Euphrate. Des navires partaient de là pour gagner l’Inde ou d’autres ports de l’Océan Indien. On a récemment[Quand ?] retrouvé une tablette votive laissée par un Palmyrénien nommé Abgar, en 256, sur l’île de Socotra au large de la Somalie.
Les caravanes de Palmyre étaient des entreprises saisonnières et annuelles. Les différents marchands s'associaient pour grouper leurs expéditions, sous la responsabilité d'un « synodiarque » ou « chef de caravane », puissant commerçant qui prenait en charge une partie des frais. Si des caravansérails ont été identifiés par les archéologues aux sorties de la ville, c’est au cœur du quartier monumental que se trouvait le centre commercial, une place entourée de boutiques et nommée « agora » de Palmyre.
Des communautés de commerçants palmyréniens expatriés étaient installées à demeure dans les différentes étapes de ce réseau commercial. On connaît, grâce aux inscriptions, l’existence de cette diaspora à Séleucie du Tigre (au sud de l’actuelle Bagdad) au ier siècle, puis à Ctésiphon (capitale des Parthes, face à Séleucie), à Vologésias, cité commerciale fondée par les Parthes sans doute non loin du site de Babylone, et surtout à Spasinou Charax (ou Charax de Mésène), capitale du royaume de Mésène. Là, la communauté palmyrénienne était si implantée et si influente que des Palmyréniens pouvaient y occuper des fonctions officielles auprès du roi. D’autres Palmyréniens étaient implantés en Égypte sur les bords de la mer Rouge. Enfin, il existait une communauté palmyrénienne à Rome même, installée au iie siècle dans le quartier du Trastevere.
Ce trafic caravanier s'est poursuivi jusqu’aux années 260, y compris quand la Mésène et la Mésopotamie étaient sous la domination des Perses Sassanides. C’est après l’assassinat d’Odénat en 267-268, et la tentative de prise du pouvoir par Zénobie que les caravanes cessèrent d’être attestées. Beaucoup plus tard au vie siècle, c’est la ville de la Mecque dans le Hedjaz qui prendrait la succession de Palmyre comme plaque tournante du commerce caravanier.
Les marchandises exotiques dont Palmyre faisait ainsi commerce du Ier au iiie siècle étaient mal connues dans le détail. Il est certain qu’il s’agissait pour l’essentiel de marchandises précieuses, représentant une grande valeur sous un faible volume, comme les tissus de luxe (notamment la soie), les perles, les pierres précieuses, les épices. Les Palmyréniens eux-mêmes, du moins les plus riches, étaient grands amateurs de ces produits. Les reliefs représentant les riches Palmyréniens en costume parthe montrent que ces costumes étaient couverts de rangées de perles, qui ne viennent guère à cette époque que de l’Inde ou de l’île de Ceylan. D’autre part, on a retrouvé dans les tombes de Palmyre des fragments de soieries chinoises, provenant du Hunan parfois brodées de dragons, et du cachemire d'Afghanistan9.
Les guerriers de Palmyre
Pour protéger ces caravanes, les Palmyréniens se faisaient aussi soldats. Le territoire de Palmyre, au nord de la ville, possédait au iie siècle de véritables haras dans la steppe où l’on élevait des chevaux, à des fins qui ne pouvaient être que militaires. La ville elle-même avait une garnison de l’armée régulière romaine, mais les bédouins ou les paysans du territoire de la cité formaient des guerriers montés sur des chevaux ou des chameaux et combattant à la lance ou à l’arc.
Ces guerriers arabes furent enrôlés dans l’armée romaine, surtout à l’époque des Sévères. Certains furent incorporés à l’armée régulière, comme la XXe Cohorte des Palmyréniens, unité de cavalerie qui formait la garnison de Doura Europos aux bords de l’Euphrate sous Sévère Alexandre. D’autres, servant comme numeri, troupes informelles commandées par des officiers romains mais gardant leur équipement traditionnel, furent basés sur les bords du Danube ou encore, pour des méharistes, dans la province de Numidie (en Algérie actuelle). Il n’est pas douteux que cette cavalerie palmyrénienne ait constitué une grande partie des forces militaires d’Odénat puis de Zénobie.
Les dieux de Palmyre
Selon Jean Starcky, les Palmyréniens de l’époque hellénistique adoraient une divinité suprême nommée Bôl (« le Seigneur » dans le dialecte araméen de Palmyre). Très tôt, sous l’influence de Babylone, ce dieu suprême fut désigné comme Bel, forme babylonienne. D’autres dieux lui étaient associés comme Aglibôl (dont le nom conserve la forme ancienne) et Malakbêl, littéralement « l’Ange (malak) du Seigneur (Bel) ». Ce sont là, semble-t-il, les dieux historiques de Palmyre.
Avec l’arrivée d’autres Syriens ou de nomades arabes de plus en plus nombreux, d’autres dieux vinrent ajouter leurs sanctuaires à celui de Bel, voire s’y assimilèrent. C’est ainsi qu’on éleva un temple au dieu solaire syrien Baalshamin (littéralement « le Seigneur (Baal) des Cieux (shamin) »), qui fut assimilé à Bel. D’autres Arabes édifièrent à l’ouest de la ville un sanctuaire à la déesse arabe Allat, assimilée par les Grecs à Athéna. Dans ce temple, fouillé par les archéologues polonais, ont été retrouvées deux statues d’Allat : la première, du ier siècle, représente la déesse comme un lion protégeant une gazelle, la seconde, plus récente, est tout simplement une statue en marbre d’Athéna, dans le style de Phidias, importée de Grèce. Au sud du sanctuaire de Bel se trouvait le sanctuaire de Nébo, un dieu d’origine babylonienne (Nabû), assimilé par les Grecs à Apollon.
D’autres dieux étaient attestés à Palmyre : Arsou et Azizou, dieux chameliers protecteurs des caravanes, ainsi que le dieu Hammon, d’origine sans doute égyptienne.
Le culte le plus important était rendu à Bel, le dieu protecteur de la cité. C’est à lui que fut dédié l’immense sanctuaire de Bel, entouré de portiques, orné de dizaines de statues de bienfaiteurs ayant contribué à le construire. Ce sanctuaire, à peu près contemporain du Temple de Jérusalem bâti par Hérode Ier le Grand, lui était très comparable, tant pour les dimensions que pour la disposition générale et le style architectural. Sur l’immense parvis ouvert sur la ville par des propylées entourés de deux tours se trouvaient un bassin, un autel monumental pour les sacrifices, une salle des banquets où se réunissaient les prêtres de Bel, et surtout la cella monumentale, à laquelle sans doute seuls les prêtres pouvaient accéder. À l’intérieur, deux niches surélevées (l’équivalent du Saint des Saints) contenaient les statues divines. Concession à l’Empire romain, on y plaça au ier siècle aussi la statue de Germanicus et de Tibère.
Le dieu était peut-être aussi présent sous la forme d’un bétyle. Une niche, creusée dans le mur extérieur de la cella, abritait sans doute une pierre sacrée à laquelle les pèlerins pouvaient ainsi accéder, comme celle de la Kaaba de la Mecque. Un bas-relief représente la procession de la pierre sacrée (ou est-ce autre chose ?), placée sur un chameau dans une qubba fermée par des tentures, et au passage de laquelle les femmes voilent complètement leur visage de manière rituelle.
La ville islamique
Palmyre fut prise au viie siècle par les Musulmans, quand elle ouvrit ses portes en 634 à Khalid ibn al-Walid. Sous les califes omeyyades, la ville évolua. La construction de boutiques au beau milieu de la grande colonnade transforma cette artère principale en souk, comme dans les autres villes de Syrie. Les califes firent construire dans la steppe aux environs de Palmyre des domaines luxueux, comme Bkhara au sud-est (ancien fort romain transformé en château omeyyade), ou le magnifique palais de Hisham à Qasr el Heyr el Gharbi, à l’ouest de la ville. Palmyre elle-même eut à souffrir des guerres civiles qui aboutirent à la fin des Omeyyades.
Au temps des Croisades, Palmyre dépendit des émirs seldjoukides de Damas, puis passa au pouvoir de l’atabeg bouride Tughtekin, puis de Mohammed fils de Shirkuh, en tant qu’émir de Homs dépendant de Saladin. Ce fut quand Palmyre dépendait des Bourides de Damas qu’en 1132 le chambellan Nasir ad-Din transforma le sanctuaire de Bel en forteresse. La cella du temple fut transformée en mosquée. Au xiiie siècle, la ville passa sous le contrôle du sultan mamelouk Baybars (le texte d’un décret de Baybars relatif aux droits de pâturage des habitants de Tadmor a été retrouvé gravé sur le mur est de la cella de Bel).
La ville fut pillée par Tamerlan en 1401, mais semblait s’en être relevée. Au xve siècle, Ibn Fadlallah al-Omari décrivit Tadmor en vantant ses « vastes jardins, la prospérité de son commerce et ses curieux monuments ». Au xvie siècle, Fakhr ed-Din al Maany fit construire un château-fort, le Qalat Ibn Maan, sur la montagne qui domine la ville à l’ouest. À l’époque ottomane, Palmyre décline. Au xviie siècle, la ville semblait avoir retrouvé ses dimensions de l’Âge du Fer : ce n’est plus qu’un village enfermé dans l’enceinte fortifiée de l’ancien sanctuaire de Bel. Tout le reste a été abandonné.
Du xviie siècle à nos jours[modifier | modifier le code]
Palmyre est découverte par les marchands anglais d'Alep en 1691, et des descriptions de ses vestiges, enrichies de gravures saisissantes, sont publiées par Wood en 175310. Ainsi dès le xviie siècle, Palmyre devint célèbre en Europe. Ses magnifiques ruines, la qualité classique de son architecture remontant à l’époque romaine (iie siècle), formèrent un contraste saisissant avec le désert alentour.
Au xixe siècle, les Ottomans y installèrent une petite garnison, tandis que les archéologues venus d’Europe et des États-Unis commencèrent l’étude systématique des ruines et des inscriptions.
Après la Première Guerre mondiale, la Syrie est occupée par les Français dans le cadre d’un mandat de la Société des Nations. L’armée française implante à Palmyre une unité de méharistes et construit un terrain d’aviation pour le contrôle aérien de la steppe. Les fouilles archéologiques sont organisées sur une grande échelle : le village qui occupait le sanctuaire de Bel est détruit et la population relogée dans une ville moderne construite au nord du site archéologique, tandis que le temple antique est restauré.
Depuis l’indépendance de la Syrie, la ville moderne de Tadmor s’est considérablement développée. Le terrain d’aviation est devenu une base militaire, mais le projet d'en faire un aéroport civil pour développer le tourisme n’a jamais été mené à bien. Il y a aussi une prison. Comme dans l’Antiquité, la ville vit de l’agriculture dans l’oasis, de l’élevage bédouin dans la steppe, tandis que les profits autrefois tirés du grand commerce sont remplacés par les revenus non négligeables du tourisme.
Article détaillé : Bataille de Palmyre.
En mai 2015, Palmyre est le théâtre d'une bataille entre le régime syrien et les djihadistes de l'État islamique. Des combats ont eu lieu à seulement un kilomètre des ruines. La progression de l'État islamique, qui a déjà produit des destructions volontaires de ruines en Irak, notamment à Nimroud et Hatra fait alors craindre le pire pour le site de Palmyre11,12,13. Au 21 mai 2015, l'État islamique contrôle la totalité de la cité antique de Palmyre. Irina Bokova, directrice-générale de l'Unesco, appelle à « protéger Palmyre et à tout mettre en oeuvre pour empêcher sa destruction mais il est possible que dans quelque jours il n'y aura plus rien »
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LE PAPIER |
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LE PAPIER, UN MATÉRIAU COMPLEXE
Gérard Coste (EFPG/IRFIP)
(05 avril 2004)
I - Le papier, la belle histoire
L'empereur Chiuangdi
Le papier est né en Chine vers la fin du IIIème siècle avant l'ère chrétienne, sous le règne de l'empereur Chiuangdi (dynastie des Qin). Au VIIIème siècle, les arabes apprennent l'art chinois de fabrication du papier, et le transmettent peu à peu à l'occident. Au XVème siècle, l'invention de la typographie par Gutenberg accroît la consommation de papier. Mais c'est au XIXème siècle que l'industrie du papier prend réellement son essor. Au siècle suivant, elle devient l'industrie lourde que nous connaissons aujourd'hui.
Le papier a toujours accompagné l'activité et le développement de l'homme, assurant par là même l'essor des peuples qui en maîtrisaient la fabrication. Le présent document raconte la naissance et le développement de ce vecteur de la culture et de la technologie.
I-1- Les débuts du papier
Tsaï Loun, un précurseur
en matière de qualité
Document arabe sur la
fabrication du papier
Qui connaît Tsaï Loun, ministre chinois de l'Agriculture ? Pas grand monde, sans doute. Pourtant, c'est lui qui, après la naissance en Chine vers la fin du IIIe siècle avant l'ère chrétienne, codifie l'art de fabriquer le papier, en 105 après J.-C., en préconisant d'utiliser des fibres issues de bambou, des écorces de mûrier et surtout du lin et du chanvre. Le père du papier moderne en somme, et le rédacteur de la première certification "ISO 9000" pour la papeterie !
Cet art de fabriquer le papier restera chinois et japonais jusqu'au VIIIème siècle avant de passer chez les Arabes, à la suite de la bataille de Samarkand en 751. Ces derniers comprennent rapidement tout le profit qu'ils peuvent tirer du papier pour propager l'Islam.
Après l'introduction peu fructueuse du coton comme matière première fibreuse pour améliorer la blancheur, ils en font leur vecteur de communication numéro un. À ce titre, le papier peut être considéré comme le premier grand média de masse.
Dès lors, à mesure que les Arabes progressent vers l'Occident, le papier y fait son apparition : on le retrouve à Bagdad en 793, au Caire en 900, à Xàtiva (San Felipe, Espagne) en 1056, en Sicile en 1102, à Fabriano (Italie) en 1276 et en France au début du XIVème siècle. En 1184, Fès au Maroc comptait plus de 400 moulins à papier.
I-2- Le rôle de l'invention de la typographie
Atelier de piles à maillet
Vers 1440, nouvelle révolution : l'invention de la typographie (basée sur le principe de caractères mobiles) par Gutenberg dope l'utilisation et donc la fabrication du papier, qui deviendra complètement artisanale avec la généralisation des piles à maillets actionnées par l'énergie hydraulique.
Roue hydraulique (Vallis Clausa)
Les adeptes de la nouvelle église réformée choisissent à leur tour le papier pour assurer leur propagande.
À l'époque, les artisans papetiers, majoritairement protestants, propulsent la France au premier rang parmi les nations papetières. Malheureusement, la révocation de l'Édit de Nantes en 1685 sonne à jamais le glas de la supériorité française dans ce secteur.
I-3- L'apport capital des hollandais
L’invention par les Hollandais du cylindre qui porte leur nom, reste un événement marquant pour la trituration des chiffes et des chiffons et pour l’histoire du papier. Cette nouvelle technique apporte des avantages considérables par rapport à celle des piles à maillets. On peut citer :
les faibles pertes en matières sèches ;
les gains en énergie et en personnel à production égale ;
une qualité bien supérieure des papiers obtenus.
L’utilisation de tels cylindres en Hollande est mentionnée en 1673 mais il faut attendre le début du XVIIIème siècle pour voir leur apparition dans le reste de l’Europe : 1710 en Allemagne de l’ouest, 1711 en Prusse, 1726 en Suisse et vers 1750 en Angleterre.
Cylindre hollandais
Leur implantation en France est beaucoup plus laborieuse. Elle se situe vers 1730-1740. Les initiatives de l’époque sont cependant, pratiquement toutes vouées à l’échec, à cause du manque de compétence des maîtres charpentiers utilisés pour la construction et la mise en service de ces cylindres. La plupart des papetiers qui tentent alors l’expérience reviennent très vite à leurs traditionnelles piles à maillet. D’autres tentatives plus ou moins fructueuses ont également lieu entre 1750 et 1770 dont celle de 1761 au moulin de Puymoyen en Angoumois, et celle de 1766 à Lana dans les Vosges. Pierre de Montgolfier d’Annonay fait également une tentative après 1750, qui elle aussi n’est pas très concluante. La maîtrise de l’utilisation des piles hollandaises en France est surtout due à l’intervention de Jean-Guillaume Ecrevisse, papetier hollandais et collaborateur de l’Inspecteur des Manufactures Nicolas Desmarest. Ecrevisse équipe de nombreux moulins entre 1760 et 1780, dont ceux de Montgolfier et Johannot à Annonay à partir de 1780 et ceux d’Essonnes de 1781 à 1785.
I-4- L'invention de la machine à papier
Nicolas Robert
C'est incontestablement le XIXème siècle qui permet au papier d'acquérir toutes ses lettres de noblesse et à son procédé de fabrication d'opérer sa grande mutation, en passant de l'artisanat à l'industrie lourde. Pour y parvenir, deux verrous résistent :
la formation industrielle de feuilles ou de bobines de papier ;
l'approvisionnement en matières premières fibreuses.
Le premier verrou saute au moment de la Révolution française, grâce à Nicolas Robert qui invente la machine à fabriquer le papier "à grande étendue". Les principes de la fabrication industrielle à grande échelle sont posés.
Machine à papier de Nicolas Robert
I-5- La fabrication du papier à partir du bois
Le second verrou résiste jusqu'au milieu du XIXème siècle. Face aux difficultés d'approvisionnement en chiffons de plus en plus grandes, notamment à cause de la flambée des prix, les papetiers recherchent de nouvelles matières premières. On pense alors tout naturellement au bois.
F.G. Keller invente la pâte
mécanique de bois
H. Voelter perfectionne
la pâte mécanique de bois
Une idée qui n'a rien de nouveau : les Chinois avaient déjà fabriqué du papier à partir de fibres d'écorces et de bambous. Plusieurs tentatives d'utilisation du bois avaient même eu lieu au XVIIIème siècle et au début du XIXème, mais l'histoire ne les retiendra pas et attribuera l'invention de la première pâte de bois à un tisserand natif de Saxe : Friedrich Gottlob Keller, qui fabrique de la pâte mécanique au moyen d'une meule et dépose un brevet en 1844.
Keller cède en 1846 son invention à un autre Allemand de Saxe, Heinrich Voelter. Ce dernier perfectionne le système, puis s’associe avec J.M. Voith fondateur de la puissante firme allemande pour la construction de matériel papetier.
Aristide Berges
Défibreur Voelter
Aristide Berges reste l'un des grands promoteurs de cette pâte mécanique de meule. Il dépose trois brevets sur des améliorations du procédé et sur l'emploi de la pâte mécanique dans la fabrication des papiers. Il est également connu pour être le premier à domestiquer et à utiliser l'énergie "stockée dans les montagnes", qu'il nomme la Houille Blanche, pour faire tourner ses défibreurs à meule à Lancey, dans la vallée du Grésivaudan, près de Grenoble.
En 1885, la pâte mécanique devient la matière première essentielle pour produire du papier journal, acceptée par la plupart des éditeurs de journaux aux États-Unis et au Canada.
Fibres de pin sylvestre
Dans la deuxième moitié du XIXème siècle, des procédés chimiques sont mis au point pour obtenir des fibres à partir du bois -- les pâtes chimiques. Ils permettent d'augmenter considérablement la solidité des papiers et par la même leur vitesse de production. Des développements sont rendus possibles par les travaux des chimistes de l'époque, dont le Français Anselme Payen, qui montrent que toutes les cellules végétales contiennent une substance blanche et fibreuse, chimiquement identique au coton des chiffons : la cellulose, nommée ainsi car constituant l'essentiel des cellules. Les procédés chimiques consistent donc à extraire du bois les fibres cellulosiques à partir desquelles on fabrique du papier. Les fibres de coton ont vécu.
I-6- Le passage du stade artisanal à l'industrie lourde
L’industrie papetière, tirée par une consommation de papier sans cesse croissante, devient ainsi une industrie lourde. En 1908, la plus grosse machine à papier au monde, d'une largeur de 4,30 mètres, se trouve à Sittingbourne en Angleterre, et peut produire du papier journal à 165 m/mn.
La tour Kamyr d'une usine
de pâte à papier
La vitesse de production de 200 m/mn supposée être une limite difficilement franchissable à l’époque est malgré tout atteinte vers 1910. Vous pouvez observer la photographie d'une machine de cette période en ouvrant une page annexe (25 secondes avec un modem 56K).
En 1935 la plus grosse machine à papier au monde se trouve également en Angleterre, elle mesure 8,15 mètres de laize et fabrique du papier journal à plus de 425 m/mn ! La vitesse de fabrication de 1000 m/mn est franchie vers 1958 et en 2000, la vitesse record de 1800 m/mn est atteinte pour la fabrication du papier journal.
Pour alimenter ces monstres d’acier, deux grands procédés en continu sont mis au point entre les deux guerres pour préparer de la pâte à partir de copeaux de bois. Le but est d’utiliser au maximum les déchets de scierie et le bois non utilisé comme bois d’œuvre. Un procédé d’obtention de pâte mécanique de raffineur -- ou défibreur à disques sous pression -- est développé par le suédois Arno Asplund dès 1931, pour être utilisé industriellement à partir des années 1956-1960. Ce procédé est à l’origine de la pâte TMP (Thermomechanical Pulping) et CTMP (Chemi Thermomechanical Pulping). Un autre grand procédé de préparation de pâte chimique en continu est mis au point par Johan Richter de la société suédoise Kamyr AB, dés 1938 au stade laboratoire à Karlsborg. Une première application industrielle démarre en 1947 à Fengersfors en Suède.
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