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LE CAFÉ

 

La grande histoire du café

DOSSIER
        De la plante au petit noir

        Histoire du café
        De la récolte au petit noir
        Le café à travers le monde
Une pause détente ou un petit coup de mou ? Direction la machine à café évidemment ! Pourtant, rien ne prédestinait les cerises de caféier, aux vertus stimulantes découvertes par hasard par un berger éthiopien, à un tel succès populaire…

Originaire d'une province d'Ethiopie, nombre de légendes circulent concernant la découverte des effets du fruit du caféier. Sa consommation se développe ensuite dans le Monde Arabe du XVIème siècle, alors qu'il reste encore inconnu en Europe. Avant de se retrouver dans les tasses des foyers occidentaux, le café s'est retrouvé au coeur de légendes mais aussi de conflits politiques, religieux et économiques. Aujourd'hui, 1 500 tasses sont consommées par minute en France 1, correspondant à 330 000 tonnes par an 2.
De la légende, à l'expansion dans le Monde du XVIIème siècle

Le caféier serait probablement originaire d'une province d'Ethiopie appelée Kaffa. De nombreuses légendes circulent sur la découverte des propriétés stimulantes des cerises de caféier. La plus célèbre conte l'histoire d'un jeune berger nommé Khaldi, intrigué par le comportement de ses chèvres qui avaient consommé les fruits de l'arbre. En rendant compte de cette anecdote au prieur voisin, celui-ci eut l'idée d'en faire une boisson.
Au XVème siècle, l'expansion se fait d'abord dans l'Arabie voisine, grâce aux pèlerins musulmans se rendant à la Mecque. On appelle alors cette boisson aux effets stimulants "K'hawah". L'alcool étant interdit par l'islam, le café y rencontre un gros succès.


Les premiers cafés ouvrent : ces lieux culturels et d'échange sont particulièrement appréciés des intellectuels. Le café appartient alors au monopole arabe qui applique une politique de non exportation.
En 1615, des commerçants vénitiens parviennent néanmoins à en ramener en Europe. Le vieux continent connaît alors une véritable effervescence autour des boissons chaudes avec les arrivées récentes du chocolat (1528) et du thé (1610).
Les années suivantes, la France, les Pays-Bas et l'Angleterre implantent des caféiers dans leurs colonies, permettant de s'approvisionner librement. Parallèlement à cela, de nombreux cafés ouvrent dans les grandes villes d'Europe. En France, le café arrive par le port de Marseille. C'est là qu'on inaugure, vers 1640, le premier café français. Il faudra attendre près de 30 ans (1672) pour voir le premier café s'ouvrir dans la capitale, près du Pont-Neuf (contrairement à ce que son nom pourrait laisser penser, c'est le plus vieux pont parisien, achevé en 1606). Ces lieux sont alors particulièrement prisés des lettrés, philosophes et musiciens classiques.
En Amérique, l'arrivée du café se fait plus tardive, en 1668. Il est rendu très populaire par l'épisode de la "Boston Tea Party", marquant le début de la guerre d'indépendance. Agacé des lourdes taxes imposées par le Roi anglais Charles III sur le thé, les Bostonais décidèrent de boycotter les marchandises anglaises et de remplacer le thé par le café dans leurs habitudes alimentaires.


Une expansion controversée ?
Tout au long de son expansion, le café, de par ses propriétés stimulantes sur l'organisme, va être sujet à de nombreuses polémiques. La première date de 1511 : en signe de protestation contre la popularité du café, les autorités de La Mecque veulent brûler les sacs de graines. Selon elles, les cafés seraient des lieux de débauche et de contestation politique.
Après son arrivée en Europe, des prêtres italiens tentent de le faire interdire par le Pape Clément VIII, jugeant que le café serait la boisson des infidèles. Or, après en avoir dégusté une tasse, le Pape l'eut aimé et voulut même le baptiser !


Deux tentatives d'interdictions ont également eu lieu en Angleterre. En 1674, des femmes signèrent une pétition, clamant que le café éloignait leurs maris, préférant passer du temps au café plutôt qu'au domicile familial. Charles II fût à l'origine de la deuxième tentative. Pensant que c'était dans ces lieux que la révolution se forgeait, il voulut interdire et fermer les cafés.
Plus original : en Allemagne, on pensait que le breuvage rendait stérile et donc, on tenta de le prohiber aux femmes. Enfin, à la fin du XVIIIème siècle, le café concurrençait sérieusement, voire nuisait au commerce de la bière produite en Prusse. Le roi Frédéric le Grand tenta donc de le prohiber…
Le café aujourd'hui…


Le café est actuellement la deuxième boisson (derrière le thé) la plus consommée au monde. Même si les plus gros buveurs se trouvent en Scandinavie, la France en est particulièrement adepte. A partir de 17 ans, plus de la moitié des Français en consomme 3, et chacun de nous en achète plus de 5 kg par an 2 !
D'un point de vue économique, on estime à plus de 100 millions le nombre de personnes vivant de la caféiculture. Le café est même la première denrée agricole commercialisée dans le monde, devant le blé ou le sucre. De plus, pour de nombreux pays en développement, le café représente 80 % des exportations totales, le plaçant régulièrement deuxième devise derrière le pétrole.


Cependant, la consommation de café évolue : depuis quelques années, les dosettes envahissent nos rayons de supermarchés. Certes moins écologique, les industriels ont développé ce système afin de répondre aux besoins de praticité recherchés par le consommateur. Excellent moyen de concilier écologie et solidarité, le commerce équitable tend également à bousculer nos habitudes d'achat. D'ailleurs, le café s'avère le produit le plus plébiscité des consommateurs français.
Le café a ainsi connu une histoire très mouvementée avant de devenir le partenaire indispensable de vos coups de fatigue et une denrée alimentaire au pouvoir économique indéniable !
Frédéric Tronel

Créé le 21 avril 2010

 

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L'AFRIQUE

 

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PLAN
AFRIQUE : HISTOIRE
Introduction
1. Nouvelles perspectives de l'histoire africaine
1.1. Une étude historique récente
1.2. Diversité des sources
2. Un développement endogène
3. La diversité des formes étatiques
3.1. Le royaume d'Aksoum
3.2. Les « royaumes du Sahel »
4. Un monde d'échanges
4.1. Le commerce transsaharien
4.2. L'ouverture sur l'océan Indien
5. La mainmise européenne
5.1. Premiers voyages arabes et européens
5.2. Exploration et conquête
5.3. Découverte de l'intérieur du continent
5.4. Les puissances coloniales
6. Les indépendances
Voir plus
Afrique : histoire
La traite des esclaves
Introduction

L'Afrique est avant tout une réalité géographique, et son histoire s'imbrique avec celle d'autres régions et d'autres aires culturelles. Les recherches récentes ont mis en évidence quelques caractéristiques essentielles de son évolution : la dynamique historique des sociétés africaines, l'existence de fortes relations commerciales et culturelles à l'intérieur du continent et vers le monde extérieur, l'échange inégal avec l'Europe.
L'indépendance, intervenue pour la plupart des pays dans les années 1960, n'a donné naissance ni à des régimes stables ni à de véritables démocraties. Au contraire, guerres civiles et coups d'État se sont succédé à un rythme inquiétant. Depuis la fin des années 1980, cependant, l’Afrique connaît des transformations politiques et socio-économiques profondes. La plupart des guerres civiles ont pris fin, la démocratisation, bien que chaotique, est portée par des sociétés civiles dynamiques et, en dépit de la persistance de la pauvreté et d’inégalités sociales profondes, certains États, convertis à la « bonne gouvernance », retrouvent la croissance.
1. Nouvelles perspectives de l'histoire africaine

1.1. Une étude historique récente

L'étude historique du continent africain, considéré dans son ensemble, est relativement récente. D'abord cantonnée à quelques régions (Égypte, Maghreb) et divisée entre différentes spécialités (égyptologie, orientalisme, islamologie…), l'histoire de l'Afrique, intégrant l'ensemble des sociétés connues au nord et au sud du Sahara, débute véritablement comme science dans les années 1960, après les indépendances africaines : le Journal of African History, principale revue anglo-saxonne sur l'histoire de l'Afrique, est fondé en 1960, et le projet d'une histoire générale du continent, parrainée par l'Unesco, commence à être réalisé au début des années 1970. Préhistoriens et historiens ont ainsi peu à peu mis au jour la remarquable profondeur chronologique des sociétés humaines en Afrique, et leur diversité d'organisation dans le temps et dans l'espace.
Les sources de l'histoire africaine ne sont pas fondamentalement différentes de celles que l'historien a l'habitude d'utiliser pour d'autres régions et les études africanistes se sont multipliées, suscitant parfois des débats dépassant le cadre de la recherche strictement historiographique comme en témoigne le développement de l’école dite « post-coloniale ».
1.2. Diversité des sources

Avec la découverte des plus anciens restes d'hominidés connus (australopithèques et Homo habilis) dans les gisements de l'Afrique orientale (→  Omo, Oldoway) et australe (→ Sterkfontein, Swartkrans), la préhistoire a fait de cette région un véritable laboratoire pour étudier et comprendre l'hominisation. À mesure que se multiplient les recherches et les révélations paléontologiques, le débat sur l’origine africaine de l’humanité se poursuit aujourd’hui.

Si l'étude et la critique des traditions orales constituent un domaine particulièrement développé par les études africaines, l'Afrique n'est pas, loin s'en faut, un continent sans écriture : les sources écrites autochtones sont nombreuses, à commencer par les écrits en langue égyptienne dont les différentes formes (hiéroglyphique, démotique, copte) offrent une profondeur temporelle remarquable (plus de trois millénaires et demi).
D'autres systèmes d'écriture se sont développés, comme l'alphabet tifinagh, à partir du ier siècle, qui a servi à noter la langue berbère, ou le syllabaire éthiopien, qui s'est fixé, dans une forme encore utilisée de nos jours, vers le ive siècle ; ailleurs, on a emprunté des systèmes extérieurs (l'alphabet arabe par exemple) pour transcrire des langues africaines ou pour composer des textes en arabe, comme l'ont fait ces lettrés des villes de la boucle du Niger (Tombouctou, Gao, Djenné) qui ont rédigé ouvrages pieux et chroniques historiques aux xvie et xviie siècles.
Sources écrites, internes ou externes, sources orales, témoins archéologiques, enquêtes linguistiques et anthropologiques ont été mis à profit par la critique historique à partir des années 1960-1970 pour renverser bien des perspectives anciennes.
2. Un développement endogène

Les recherches historiques ont révélé les dynamiques des sociétés africaines, détruisant cette vieille idée qui attribuait le développement de sociétés organisées sur le continent africain à des influences venues de l'extérieur. Il s'agit maintenant pour l'historien d'essayer de comprendre les conditions d'émergence des sociétés africaines depuis le néolithique, d'analyser leur façon de réagir aux changements climatiques, économiques, sociaux.
La prise en compte de l'histoire des peuples libyco-berbères a renouvelé notre compréhension de l'Afrique du Nord des périodes punique (ixe-iie sicèle avant J.-C.) et romaine (iie siècle avant J.-C.-ive siècle après J.-C.), jusqu'à la conquête arabo-musulmane (viiie siècle), et l'essor des grandes dynasties berbéro-andalouses (→  Almoravides, Almohades) sans oublier la résistance culturelles des Berbères à l'arabisation.
De son côté, l'égyptologie a pu insister sur la dimension africaine de l'Égypte pharaonique et s'intéresser à ses relations anciennes avec les régions nubiennes.
Quant à l'Afrique noire, plus personne ne soutient aujourd'hui l'hypothèse d'une origine non africaine des spectaculaires ruines en pierre de Zimbabwe, qui apparaissent seulement comme la partie la plus visible d'un ensemble de vestiges témoignant de la croissance d'un État puissant, sur le haut plateau du Sud-Est africain, de la fin du xiiie siècle au xve siècle. De même, on sait que, face à l'arrivée européenne et au développement de la traite négrière, certains États côtiers du golfe de Guinée (→  Bénin, Dahomey, Ashanti et Oyo) ont su, aux xviie et xviiie siècles, mettre au point des stratégies politiques et commerciales pour s'imposer comme des partenaires actifs et des intermédiaires obligés des traitants européens.
Pour en savoir plus, voir l'article Afrique noire.
3. La diversité des formes étatiques

3.1. Le royaume d'Aksoum

L'Afrique ancienne est riche de formations territoriales et étatiques qui ont semblé proches, au premier abord, de celles qui existaient dans d'autres parties du monde à l'époque antique ou médiévale. C'est le cas, pour la période antique, du royaume d'Aksoum qui s'est développé au début de notre ère autour d'un port sur la mer Rouge, Adulis, et d'une capitale, Aksoum (dans le nord de l'Éthiopie actuelle). Les rois d'Aksoum ont mené une active politique de conquête territoriale, contrôlé une partie du commerce maritime passant par la mer Rouge et encouragé, à partir du ive siècle, le développement du christianisme et de sa culture.
3.2. Les « royaumes du Sahel »

À l'époque « médiévale » (entre le viiie et le xvie siècle) est apparue dans la région sahélienne, entre le fleuve Sénégal (royaume du Jolof) et le lac Tchad (Kanem-Bornou), une série d'États engagés dans le commerce avec les États musulmans du nord du Sahara : ces « royaumes du Sahel », qui ont développé une civilisation urbaine, une société de cour et une stratification sociale élaborée, ne sont ni des créations de l'islam ni des formations similaires à celles que connaissait au même moment l'Europe médiévale.
C’est ainsi que dans l’ouest africain, se développent et se succèdent en partie :
– l'empire soninké du Ghana (menacé par celui du Tekrour aux ixe-xe siècles fondé par des Peuls puis converti à l’islam) ;
– l’empire mandingue du Mali (xiiie-xve siècles), issu d’une vaste conquête de Soundiata Keita entre l’Atlantique et la boucle du Niger ;
– l’Empire songhaï, fondé au viie siècle, islamisé au début du xie siècle, s’imposant aux dépens de celui du Mali mais contraint à céder face aux Sadiens du Maroc à la fin du xvie siècle.
Plus au sud, le royaume du Kongo est à son apogée à la fin du xve siècle lorsque les Portugais établissent avec lui les premiers contacts, tandis que dans l’est de l’Afrique australe, se forme l'empire du Monomotapa (xve siècle) après l’effacement de Zimbabwe, avant d’entrer à son tour en décadence au xviie siècle.
Du xvie au xviiie siècle, d’autres États apparaissent encore dans une grande partie de l’Afrique : alors que l’émiettement succède aux empires dans la région du Sahel et dans celle des Grands lacs, une agglomération de clans donne naissance à plusieurs royaumes comme ceux du Bunyoro, du Buganda ou de Nkore ; dans le nord du Katanga, se constituent le royaume Luba et, à l’ouest de ce dernier, l’empire Lunda.
En Afrique australe, le royaume zoulou, né en 1816, est au faîte de sa puissance lorsque les Britanniques en viennent à bout en 1879 ; à Madagascar, le royaume Merina s’affirme à partir du xviiie siècle avant l’annexion de l’île par les Français en 1896.
Comprendre ces dynamiques politiques demande une réflexion sur la vaste gamme des pouvoirs qui existait alors dans les sociétés africaines, depuis la dilution de l'autorité politique dans ces sociétés lignagères que l'anthropologie avait cru, bien à tort, pouvoir figer dans une éternité codifiée par de rigides systèmes de parenté, jusqu'aux monarchies « sacrées » où le roi, élevé « au-dessus » des lignages, entouré d'interdits religieux, apparaissait comme le garant de l'harmonie entre le cosmos et la société, et était tenu pour responsable des bonnes récoltes, de l'abondance des pluies et de la prospérité du pays.
Pour en savoir plus, voir l'article Afrique noire.
4. Un monde d'échanges

La dynamique historique de ces sociétés est illustrée également par les liens qui se sont tissés entre elles et qui les ont rapprochées d'autres régions. Rien ne serait plus faux que de concevoir les sociétés africaines repliées sur elles-mêmes, comme le prouve l'existence d'échanges sur de longues distances dans un continent où ni le Sahara, ni la grande forêt, ni les océans n’ont été des obstacles aux mouvements des hommes, des ressources, des idées et des techniques.
4.1. Le commerce transsaharien

Le plus connu de ce réseau de commerce à longue distance est celui qui, après l'élargissement du Sahara désertique, l'introduction du dromadaire originaire du Proche-Orient (peut-être au cours des iie et iiie siècles de notre ère), et l'émergence de pôles économiques complémentaires au nord et au sud du Sahara, a joint pendant plus d'un millénaire, surtout à partir du ixe siècle, de manière régulière, les deux rives du grand désert.
Le long de pistes organisées, qui ont évolué au rythme de l'histoire des formations politiques qui en contrôlaient les points de départ et d'arrivée, mais qui comprenaient globalement trois axes (le premier, occidental, du sud du Maroc à l'empire du Ghana ; le deuxième, central, du Sud algérien vers la boucle du Niger ; le troisième, du Fezzan aux royaumes riverains du lac Tchad), de vastes caravanes conduites par des intermédiaires nomades sahariens allaient chercher les produits du Sud, l'or au premier chef, en échange de diverses marchandises, dont le sel saharien. C'est par ce biais que l'islam a pénétré dans les sociétés sahéliennes, sans détruire pour autant les religions locales.
Plus au sud, entre les villes de la zone sahélienne et les régions productrices d'or ou de noix de cola, un dense réseau de pistes s'est formé, en particulier à l'époque de l'hégémonie de l'empire du Mali. Il était parcouru par des marchands soudanais musulmans de langue malinké (que les Arabo-Berbères ont appelés Wangaras, puis que l'on a désignés par le nom de Dioulas), des commerçants qui ont diffusé dans les sociétés guinéennes les valeurs culturelles des royaumes islamisés du Sahel.
4.2. L'ouverture sur l'océan Indien

Le symbole de l'ouverture de la façade est-africaine sur l'océan Indien est le peuplement de la Grande Île (Madagascar) par l'arrivée d'Indonésiens et de populations bantouphones du continent à partir des ve-viiie siècle.
Déjà, pendant la période pharaonique, puis à l'époque grecque et romaine, le littoral de la mer Rouge et le nord de la côte orientale de l'Afrique (la Somalie actuelle) étaient intégrés dans des circuits commerciaux aboutissant en Méditerranée. À partir des ixe et xe siècles, sous l'impulsion de commerçants arabo-musulmans, des villes-comptoirs se sont développées sur la côte orientale pour s'épanouir aux xiie et xiiie siècles, depuis Muqdisho jusqu'à Kilwa.
Dirigées par des élites où se mêlaient les anciens maîtres de la côte et les nouveaux arrivants venus du sud de l'Arabie ou du golfe Persique, ces cités-États, creusets de la civilisation swahilie, participaient à un commerce de dimension mondiale en alimentant en produits côtiers ou venus de l'intérieur du continent les navires arabo-musulmans qui faisaient communiquer des pays riverains de l'océan Indien, comme l'Inde et le monde méditerranéen.
Échanges transsahariens et commerce à travers l'océan Indien montrent que, particulièrement entre le xiie et le xvie siècle, l'Afrique n'était pas isolée du reste du monde.
5. La mainmise européenne

La traite des esclavesLa traite des esclaves
L'histoire des contacts avec l'Europe doit être située dans ce contexte plus large. Mais elle a ceci de particulier qu'elle a débouché sur une domination économique, dont la traite a été le terrible emblème, puis sur une domination politique, avec la colonisation. Elle s'est accompagnée d'un double préjugé envers les sociétés africaines : méconnaissance et crainte de l'islam d'une part, racisme envers les Noirs d'Afrique d'autre part, qui expliquent en partie pourquoi le monde africain, si proche de l'Europe méditerranéenne, est resté aussi longtemps ignoré, voire méprisé.
La carte décrivant les voyages arabes et européens en Afrique montre trois grandes phases dans l'exploration du continent.
5.1. Premiers voyages arabes et européens

Jusqu'au xve siècle, la connaissance de l'Afrique par les géographes et les voyageurs occidentaux reste très fragmentaire. Voyageurs, comme Marco Polo de retour de son voyage en Chine par l'océan Indien (xiiie siècle), ou pèlerins qui traversent l'Égypte pour se rendre à Jérusalem, doivent l'essentiel de leurs informations à leurs interlocuteurs arabophones, qui ont des contacts économiques et politiques anciens avec l'Afrique subsaharienne. Le monde arabo-musulman a en effet construit depuis les viiie et ixe siècles une véritable géographie des populations et des États de l'Afrique sahélienne, des côtes de la mer Rouge et de l'océan Indien, alimentée par les récits de voyageurs comme celui du fameux Ibn Battuta qui parcourt ces régions au xive siècle lors de ses grands voyages (rilha).
5.2. Exploration et conquête

L'Afrique, XVIe siècleL'Afrique, XVIe siècle
Dans une deuxième phase d’exploration et de connaissance de l’Afrique, il revient aux navigateurs portugais d'avoir relevé l'ensemble des côtes du continent entre le milieu du xve et le début du xvie siècle : un nouveau monde s'ouvre alors à la connaissance et à la convoitise des Européens. Il ne s'agit plus d'initiatives individuelles d'aventuriers, mais de la mise en place par la couronne portugaise d'une véritable politique des découvertes qui culmine avec les voyages terrestres de Pêro da Covilhã et maritimes de Bartolomeu Dias (1487), puis avec le périple de Vasco de Gama (1497-1498).
Cependant, la thalassocratie portugaise se satisfait de la construction de quelques solides forts sur les côtes pour garantir sa suprématie maritime et commercer avec l'Afrique et, malgré quelques voyages de marchands ou de missionnaires, l'intérieur du continent reste très mal connu : pendant le xvie siècle, sur les cartes géographiques aux côtes si précises, il dérive le plus souvent des écrits d'un compilateur comme Léon l'Africain.
L'arrivée des Portugais est inséparable des débuts de la traite des esclaves, atlantique puis transatlantique. Certes l'esclavage existait antérieurement en Afrique, comme dans d'autres régions, et la traite vers les pays musulmans à travers le Sahara, la mer Rouge ou l'océan Indien a porté sur un trafic de grande envergure : on avance le chiffre de 9,5 millions d'Africains déportés.
Le système de la traite, mis en place par les Portugais au début du xvie siècle puis relayé par d'autres pays européens, atteint son apogée au milieu du xviiie siècle. Difficile à chiffrer avec précision, la ponction démographique de cette déportation massive est considérable : certains estiment que près de 10 millions d'Africains ont été emmenés de force vers les Amériques, d'autres de 15 à 20 millions. Lors du transfert, les mauvais traitements ont fait mourir plus de 10 % d'entre eux.
Pour en savoir plus, voir les articles traite des Noirs, esclavage.
5.3. Découverte de l'intérieur du continent

Une troisième phase dans l'histoire de l'exploration de l'Afrique débute au milieu du xviiie siècle, avec le goût de l'époque des Lumières pour les grands voyages, la volonté politique des Anglais et des Français de connaître les sociétés de l'intérieur et les premiers effets d'une idéologie qui allait faire des ravages : apporter la « civilisation » en Afrique. Ce ne sont pas les difficultés du climat ou les risques sanitaires qui avaient freiné jusqu'alors ces voyages, mais plutôt l'existence de sociétés organisées, hostiles pour des raisons commerciales et religieuses à la venue des Européens, ou parfois encore minées par la violence liée à la traite.
Les premiers grands voyages de cette nouvelle ère sont ceux de James Bruce (1730-1794) en Éthiopie et de Mungo Park (1771-1806) au Soudan. À partir de ces deux pionniers et durant tout le xixe siècle, le voyage change de nature. Il devient une véritable expédition, soutenue par des sociétés savantes puis par les gouvernements, suivie par un public pour lequel on rédige livres et articles autour de quelques grands thèmes propres à enflammer son imagination : les sources du Niger (Mungo Park), Tombouctou (René Caillié), les sources du Nil (→ David Livingstone, John Hanning Speke, sir Richard Francis Burton).
À la fin du siècle, l'histoire de ces voyages se confond avec celle de la colonisation : l'explorateur passe des traités, cherche à gagner des territoires pour son pays et à devancer ses concurrents (rivalité entre Stanley et Brazza dans certaines régions du bassin du Congo). En une trentaine d'années, entre 1880 et 1914, la quasi-totalité du continent africain va être colonisée par les puissances européennes, à l'exception de deux États restés indépendants, l'Éthiopie de Ménélik et le Liberia, fondé au début du xixe siècle par des esclaves revenus des Amériques.
5.4. Les puissances coloniales

La décolonisation en Afrique, 1936-1990
En 1880, à la veille de la conquête, la présence européenne est essentiellement côtière, même si les deux principales puissances coloniales, la France et le Royaume-Uni, ont commencé à mettre la main sur des zones intérieures du continent : la colonisation française de l'Algérie est réalisée pendant le second Empire, de même que le contrôle de la basse et moyenne vallée du Sénégal ; le Royaume-Uni domine l'Égypte et la Tripolitaine, et, dans le sillage des Hollandais au xvie siècle, amorce son expansion territoriale dans l'Afrique australe à partir de la colonie du Cap. Le Portugal possède les zones côtières de l'Angola et du Mozambique.
Aux côtés de la France, du Royaume-Uni et du Portugal, de nouveaux venus font leur apparition : la Belgique, l'Allemagne et l'Italie. Qui veut s'affirmer comme puissant sur la scène européenne se doit de posséder des colonies.
Pour l'Afrique – où certains royaumes (zoulou, Dahomey…) et souverains (→ Rabah, Samori Touré …) tentent en vain de résister au colonisateurs – s'ouvre un siècle d'une domination lourde de bouleversements : exploitation économique en faveur des puissances coloniales, apparition de nouveaux systèmes politiques coercitifs. Mais c'est aussi le temps des résistances et de la formation d'élites politiques qui entament, après 1945, le combat pour l'indépendance.
Pour en savoir plus, voir l'article colonisation.
6. Les indépendances

En l'espace de six ans, de l'indépendance du Maroc et de la Tunisie (1956) à celles de l'Ouganda, du Rwanda et de l'Algérie (1962), plus de vingt-cinq pays africains sont devenus indépendants. Ce processus s'est poursuivi après cette date (Angola en 1975, Djibouti en 1977, Zimbabwe en 1980, Namibie en 1990, Érythrée en 1993). C'est dire, cependant, que la majorité de la population actuelle des pays africains n'a pas connu la période coloniale mais les régimes politiques qui sont nés depuis.
Il importe d'abord de souligner que les frontières héritées de la période coloniale – et entérinées par l'Organisation de l'unité africaine (OUA), dès sa fondation en 1963 par 31 pays indépendants – forment le cadre territorial des États actuels. Les tentatives d'union entre différents pays, prônées par les pères fondateurs de l'indépendance et chantres du panafricanisme ou par la Libye du colonel Kadhafi, ont tourné court, remplacées parfois par des essais de regroupements économiques régionaux.
En second lieu, des constantes politiques peuvent être relevées durant cette période dans certains pays africains : prédominance du parti unique, personnalisation du pouvoir et pratiques « clientélistes », fréquence des changements brutaux (coups d'État militaires), luttes constantes à l'intérieur des élites politiques, persistance des conflits régionaux. Ces phénomènes ne sont pas l'expression d'une « malédiction » qui pèse sur l'Afrique mais témoignent plutôt, dans un contexte défavorable de dépendance économique vis-à-vis des pays développés, de la difficile construction d'États-nations dans des sociétés où d'autres types de solidarité et de conscience communautaire existent.
Depuis le début des années 1990, tous les régimes mis en place lors de l'accession à l'indépendance sont entrés en crise : les générations nouvelles (45 % de la population africaine a moins de 15 ans) ne supportent plus la corruption des dirigeants et l'incapacité des bureaucraties à faire face aux pénuries alimentaires et à l'effondrement de l'économie.
Des transitions démocratiques plus ou moins réussies – des « modèles » d’alternance politique inaugurés au Bénin et au Ghana aux trajectoires beaucoup plus chaotiques que l’on observe en Côte d’Ivoire ou au Zimbabwe – ont ainsi lieu. Parallèlement, les richesses et les potentialités du continent suscitent l’intérêt croissant des puissances émergentes comme la Chine et, dans une moindre mesure, l’Inde et le Brésil, tandis que d’anciennes puissances coloniales telles que la France sont en voie d’être désormais supplantées par les États-Unis.
Toutefois, malgré la participation active des États africains à la vie des organisations internationales et en dépit de l'existence de nombreuses organisations propres à l'Afrique, la place des pays africains sur la scène diplomatique est assez marginale depuis la fin de la guerre froide, la disparition du bloc politico-économique centré sur l'Union soviétique, ainsi que le déplacement de l'axe de l'économie mondiale vers le Pacifique.

 
 
 
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ISRAEL

 

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Israël et les territoires occupés
1. L'évolution de la vie politique

1.1. Les fondements de l'État d'Israël

Le 14 mai 1948, conformément à la résolution de l'assemblée générale de l'ONU en date du 29 novembre 1947, David Ben Gourion proclame l'indépendance de l'État d'Israël (« Medinat Israel ») et devient Premier ministre. Le nouvel État doit immédiatement faire face à l'offensive de cinq armées arabes (Égypte, Transjordanie, Iraq, Syrie, Liban) qui viennent prêter main-forte aux Arabes de Palestine, militairement défaits. La guerre s'achève par la victoire d'Israël, mais engendre un nouveau problème humanitaire et politique, celui des réfugiés palestiniens.
Si l'année 1948 marque l'accession à la souveraineté d'un nouvel État, elle constitue à bien des égards la consécration d'une réalité sociopolitique qui a pris progressivement corps dans la première moitié du siècle. Les pionniers juifs qui arrivent de Russie dès 1904 jettent en effet les premières bases d'une société juive indépendante (villages coopératifs, partis politiques, union agricole, organisation paramilitaire d'autodéfense). Ces débuts modestes connaissent d'importants développements après l'instauration du mandat britannique sur la Palestine en 1920.
Le rôle de la Histadrout
La Histadrouth (Fédération générale des travailleurs d'Eretz Israel) est, dès le départ, bien plus qu'un simple syndicat : elle agit aussi comme entrepreneur (coopératives, entreprises, kibboutzim, mochavim), pourvoyeur de soins (par l'intermédiaire de la Koupat Holim, Caisse d'assurance maladie) et « agence culturelle » (gestion jusqu'en 1951 des écoles du courant ouvrier, d'associations sportives et culturelles, de maisons d'édition, de journaux…). Elle contrôle également à l'origine la Haganah, l'embryon d'armée juive, qui s'étoffera progressivement jusqu'à rassembler 45 000 hommes en 1947.
L'Agence juive
Si la Histadrouth est le véritable instrument de consolidation du sionisme, la communauté juive de Palestine (yichouv) dispose également de véritables organismes « paragouvernementaux ». Le plus important est l'Agence juive qui, dirigée par Ben Gourion à partir de 1935, fonctionne comme le gouvernement officieux des Juifs de Palestine et de la diaspora qui se reconnaissent dans le projet sioniste.
 L'Assemblée des élus et le Conseil national
Deux autres instances spécialisées représentent les seuls Juifs de Palestine : l'Assemblée des élus (Asefat ha-Nivharim) et le Conseil national (Vaad Leoumi). La première est un « Parlement des Juifs de Palestine », qui préfigure la Knesset, et permet d'organiser la vie politique naissante autour de quatre courants : le bloc socialiste, qui voit régulièrement croître son audience, les sionistes généraux (libéraux centristes), les révisionnistes (droite conservatrice), les sionistes religieux. Quant au Conseil national, émanant de l'Assemblée des élus, il constitue un organe essentiellement administratif s'occupant de l'acquisition des terres, de l'éducation, de la santé, des affaires sociales…
La prééminence du sionisme socialiste
Toute cette infrastructure institutionnelle encadre une communauté juive qui s'est renforcée démographiquement durant l'entre-deux-guerres du fait de l'immigration, passant de 56 000 en 1918 à 550 000 en 1945 (durant la même période, la population arabe passe de 600 000 à 1,2 million).
La déclaration d'indépendance en 1948 marque un tournant, mais, à bien des égards, elle constitue aussi l'aboutissement de l'entreprise de consolidation nationale menée depuis un demi-siècle. Les représentants du sionisme socialiste, qui dominent l'appareil du mouvement sioniste et les institutions du yichouv depuis les années 1930, vont conserver cette suprématie jusqu'aux élections de mai 1977 – où, pour la première fois, l'opposition de droite accède au pouvoir.
1.2. La domination de la gauche travailliste (1948-1977)

L'ère Ben Gourion (1948-1963)
Israël et les territoires occupésIsraël et les territoires occupés
Cette longue période est d'abord marquée, de 1948 à 1963, par l'« ère de Ben Gourion », dont le parti Mapai (travailliste) rassemble en moyenne 35 % des voix. Toutefois, bien que dominant, le « parti des travailleurs d'Eretz Israel » est obligé de s'allier à d'autres formations pour constituer une majorité gouvernementale. Ce recours aux coalitions est lié au mode de scrutin. Les 120 députés de la Knesset sont en effet élus tous les quatre ans, par listes, à la proportionnelle intégrale (pour être représenté, il suffit d'obtenir 1,5 % des suffrages exprimés). Aucun parti n'est donc en mesure de bénéficier à lui seul de la majorité des sièges et, pour former le gouvernement – auquel appartient le véritable pouvoir exécutif –, les alliances politiques s'avèrent indispensables.
Jusqu'en 1955, le Mapai s'est appuyé sur les sionistes généraux et les partis religieux (dont les exigences seront à l'origine de nombreuses crises gouvernementales). Par la suite, il entrera dans une alliance de plus en plus étroite avec les autres formations de gauche, Ahdout ha-Avodah (centré autour de la fédération de kibboutzim ha-Kibboutz ha-Mehouhad) et Mapam (formation marxisante centrée autour d'une autre fédération de kibboutzim, ha-Kibboutz ha-Artzi).
À l'intérieur de son parti, Ben Gourion, qui n'accepte pas facilement d'être contesté, doit faire face à des divergences d'opinion avec son ministre des Affaires étrangères, Moshe Sharett, favorable à une attitude plus modérée vis-à-vis des pays arabes. Cela le conduit à une première retraite politique (décembre 1953-février 1955) au cours de laquelle il ne cesse de réclamer une politique plus offensive envers l'Égypte nassérienne qui se fait le héraut du nationalisme arabe. La détérioration du climat politique en Israël, consécutive à « l'affaire Lavon » (du nom du ministre de la Défense israélien compromis dans une série d'attentats anti-américains commis en Égypte dans le but de provoquer une crise entre Washington et Le Caire), favorise son retour au pouvoir et lui permet de lancer, en coopération avec la France et la Grande-Bretagne, la campagne de Suez contre l'Égypte (→ canal de Suez, octobre 1956).

Shimon Peres
Shimon Peres
Shimon PeresLevi Eshkol
De nouveaux rebondissements dans l'affaire Lavon, à partir de 1960, conduisent finalement Ben Gourion à la démission (juin 1963). Sa tentative pour se doter d'une nouvelle base politique – il constitue en 1965 un nouveau groupement, le Rafi, avec de jeunes partisans comme Moshe Dayan et Shimon Peres – sera un échec. En 1968, le Rafi rejoint Ahdout ha-Avodah et le Mapai pour constituer le parti travailliste israélien (PTI).
Levi Eshkol (1963-1969) et Golda Meir (1969-1974)
Le successeur de Ben Gourion, Levi Eshkol, n'infléchit guère la ligne politique générale. La montée de la tension régionale en mai 1967 le pousse à nommer le général M. Dayan ministre de la Défense et à former un gouvernement d'union nationale où siège, pour la première fois, Menahem Begin, le leader du Gahal, un bloc de droite regroupant la droite conservatrice (Herout) et le parti libéral.

Golda MeirGolda Meir
Ce gouvernement bipartisan continuera à fonctionner jusqu'à l'été 1970 sous la direction de Golda Meir, nommée Premier ministre à la mort de L. Eshkol (février 1969). Celle-ci maintient difficilement l'unité du parti travailliste, traversé par des luttes sévères entre Yigal Allon et Abba Ebban d'un côté, Shimon Peres et Moshe Dayan de l'autre. De plus, elle doit faire face à un mécontentement grandissant des Séfarades, qui dénoncent les discriminations sociales dont ils sont l'objet.
Enfin, la guerre d'usure entre l'Égypte et Israël, le long du canal de Suez, entretient une tension régionale persistante qui conduit d'ailleurs à l'éclatement de la quatrième guerre israélo-arabe, en octobre 1973 (guerre du Kippour). La victoire à l'arraché obtenue par Israël engendre une grave crise de confiance qui pousse Golda Meir à démissionner en avril 1974, après des élections législatives au cours desquelles le crédit des travaillistes a été largement entamé, alors que le bloc de droite, appelé désormais Likoud, gagne du terrain.
Yitzhak Rabin (1974-1977)
Yitzhak RabinYitzhak Rabin
Les années 1974-1977, où le Premier ministre, Yitzhak Rabin, doit faire face à une opposition de droite de plus en plus virulente (y compris dans les colonies juives de Cisjordanie), sont également marquées par une rivalité grandissante entre celui-ci et son ministre de la Défense, S. Peres, pour le leadership du parti. Cette décomposition interne contribue à la victoire du Likoud, en mai 1977. En obtenant 43 sièges contre 32 à l'Alignement travailliste (PTI et Mapam), le Likoud de M. Begin met fin à l'hégémonie du sionisme socialiste et intègre définitivement le camp nationaliste de droite dans le jeu politique israélien.
1.3. Alternances politiques (1977-2000)

Menahem Begin (1977-1983)
Menahem BeginMenahem Begin
Le Likoud doit avant tout son succès au « second Israël », ces couches populaires séfarades qui se considèrent comme des laissés-pour-compte de l'État travailliste. Le changement de gouvernement entraîne une série de conséquences : multiplication des implantations juives en Cisjordanie et à Gaza au nom de l'édification du « Grand Israël » (de la Méditerranée au Jourdain), libéralisation de l'économie, qui accroît la liberté de mouvement des capitaux mais produit aussi un emballement de l'inflation (160 % en 1983)… Le grand succès de l'ère Begin reste la paix avec l'Égypte (mars 1979), conclue grâce à l'entremise américaine (→ accords de Camp David) ; son échec le plus sérieux est la guerre du Liban, déclenchée en juin 1982, qui n'atteint aucun de ses objectifs (reconstruction d'un État libanais fort, marginalisation de la Syrie, élimination de l'Organisation de libération de la Palestine [OLP] comme acteur politique).
Yitzhak Shamir (1983-1992)
Yitzhak ShamirYitzhak Shamir
Lorsque M. Begin passe la main à Y. Shamir (août 1983), le pays est dans une situation assez médiocre. Isolé sur le plan diplomatique pour son engagement au Liban et son refus de dialoguer avec l'OLP, en proie à des difficultés économiques (inflation, grèves…), le gouvernement finit par tomber, mais les élections de juillet 1984, loin de dégager une majorité cohérente, donnent un poids parlementaire quasiment équivalent à la gauche et à la droite et contraignent le PTI et le Likoud à constituer un gouvernement d'union nationale. Ce dernier procède en 1985 au retrait de l'armée israélienne du Liban (à l'exception d'une zone dite de sécurité, au sud du pays) et stabilise l'économie nationale.

Campagne électorale, Israël, 1992Campagne électorale, Israël, 1992
L'élection, en novembre 1988, d'une nouvelle chambre ingouvernable (droite : 47 députés ; gauche sioniste : 49 ; partis religieux : 18) entraîne de nouveau la formation d'un gouvernement d'union nationale, dirigé par Y. Shamir. Miné par des rivalités internes, le gouvernement se trouve rapidement paralysé, alors même qu'Israël est confronté à un soulèvement populaire de grande ampleur (Intifada) dans les territoires occupés depuis 1967 en Cisjordanie et à Gaza. Après une ultime crise, l'union nationale se brise en mars 1990, permettant à Y. Shamir de constituer une coalition de droite qui va diriger les affaires du pays jusqu'en juin 1992, date à laquelle le parti travailliste reprendra le pouvoir.
Pour en savoir plus, voir l'article Palestine.
Yitzhak Rabin (1992-1995), Shimon Peres (1995-1996)
L'accord de Washington, 1993
L'accord de Washington, 1993
L'accord de Washington, 1993Benyamin Netanyahou
La victoire du PTI sous la conduite de Yitzhak Rabin n'est pas la réédition – inversée – du triomphe électoral du Likoud en 1977. Il s'agit en effet davantage d'un vote sanction contre le Likoud pour ses échecs internes (mauvais résultats économiques, absorption imparfaite des immigrants russes) que d'un vote d'adhésion au PTI, même si le nouveau Premier ministre, leader respecté et pragmatique, paraît plus convaincant que son adversaire. Rabin place la question de la paix au premier rang de ses priorités.
En étroite collaboration avec son ministre des Affaires étrangères, Shimon Peres, il imprime à la diplomatie israélienne un tournant radical en concluant avec l'ennemi d'hier, l'OLP, lors de négociations secrètes menées à Oslo, une déclaration de principes (13 septembre 1993) qui dresse les contours d'un règlement définitif du conflit israélo-palestinien (→ accords de Washington.) Cette décision courageuse suscite des critiques véhémentes de la droite et des oppositions de plus en plus vives de certains secteurs de la société israélienne (en particulier parmi les sionistes religieux). L'hostilité au gouvernement croît d'autant plus que le processus de négociations avec les Palestiniens s'accompagne d'une montée de la violence (massacre de musulmans à Hébron par un colon juif ultranationaliste, attentats suicides du mouvement islamiste Hamas).
Dans ce climat de plus en plus tendu, l'irréparable se produit : le 4 novembre 1995, Y. Rabin est assassiné à Tel-Aviv par un ultranationaliste juif. Ce meurtre, qui traumatise les Israéliens, souligne combien la fracture est profonde entre partisans et adversaires du processus de paix. L'héritier politique de Y. Rabin, S. Peres, qui le remplace comme Premier ministre, bénéficie d'un crédit politique de courte durée. En février-mars 1996, cinq attentats islamistes extrêmement meurtriers permettent à la droite, d'abord discréditée par ses outrances verbales, de retrouver une audience plus large.
Benyamin Netanyahou (1996-1999)
Après une lutte très serrée, le candidat de la droite, Benyamin Netanyahou, remporte les premières élections directes au suffrage universel en mai et devient Premier ministre. Il parvient sans mal à constituer un gouvernement avec l'appui des formations religieuses et des partis de centre droit. Tout en ne rejetant pas explicitement les accords de Washington, le nouveau Premier ministre en donne toutefois une interprétation rigide qui ralentit considérablement le rythme des négociations, alors qu'il relance parallèlement la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem.
Soumis à une forte pression américaine, il finit cependant par signer, en octobre 1998, avec Yasser Arafat un mémorandum destiné à relancer le processus de paix (accord de Wye River [ou Wye Plantation]). Abandonné progressivement par ses amis politiques, opposés aux accords, et condamné par la gauche qui lui reproche d'avoir bloqué l'application de ces derniers, B. Netanyahou ne parvient pas à s'opposer au vote du Parlement en faveur d'élections générales anticipées (fin décembre). Victime de ses contradictions, il est ainsi contraint d'écourter le terme de son mandat, prévu initialement en 2001.
Ehoud Barak (1999-2001)
Ehoud BarakEhoud Barak
Ce scrutin, organisé en mai 1999, permet le retour des travaillistes au pouvoir : Ehoud Barak est élu Premier ministre (56,1 % des suffrages), succédant à B. Netanyahou (43,9 %). Cette large victoire tend à démontrer le renforcement des idées centristes, mais le résultat des élections législatives relativise cette première impression : d'abord, la fragmentation de la Knesset, qui compte désormais quinze formations politiques ; ensuite, le renforcement des tendances centrifuges qui fissurent la société israélienne (poussée des partis religieux et de ceux qui revendiquent ouvertement la laïcité).
Au terme de longues tractations, E. Barak parvient à former un gouvernement, qui lui donne une large majorité à la Knesset ; il se caractérise notamment par la participation du Shas, le parti orthodoxe séfarade, qui obtient quatre postes ministériels. Investi officiellement le 7 juillet, E. Barak réaffirme sa détermination à mettre fin au conflit israélo-arabe. Trois principaux dossiers sont à l'ordre du jour : la reprise des négociations de paix avec les Palestiniens, la normalisation des relations israélo-syriennes et le départ des troupes israéliennes du Liban.
Les négociations avec les Palestiniens reprennent en juillet 1999 et une version révisée de l'accord de Wye River est signée à Charm el-Cheikh (Égypte), par E. Barak et Y. Arafat, le 4 septembre. Mais les hésitations des négociateurs à s'engager de façon irrévocable retardent le processus qui devrait conduire à un accord de paix définitif, accord qui se prononcera, entre autres, sur le statut des territoires palestiniens.
La normalisation des relations israélo-syriennes s'avère beaucoup plus difficile que prévu, puisque les différentes rencontres initiées en décembre 1999 se soldent par un premier constat d'échec (mars 2000). Pourtant, dans la foulée, Israël annonce unilatéralement le retrait en juillet de ses troupes du Liban-Sud, finalement exécuté en mai avec plus d'un mois d'avance sur la date préalablement fixée. En arrière-plan à ces difficiles négociations, E. Barak lutte sans relâche pour conserver une coalition gouvernementale particulièrement hétéroclite. En juin 2000, les ministres du Meretz (gauche laïque) démissionnent ; ils sont suivis en juillet par les ministres de trois autres formations.
1.4. L'échec du sommet de Camp David (2000) et le retour de la violence

Les États-Unis convoquent alors en urgence un sommet israélo-palestinien, qui a pour but d'arracher un compromis historique aux deux parties. Ehoud Barak, en grande difficulté (gouvernement désormais minoritaire, motions de censure à répétition), n'a qu'une très faible marge de manœuvre et compte sur le soutien de son peuple, tandis que Y. Arafat reste étroitement dépendant d'une direction palestinienne très divisée.
Ouverte le 11 juillet 2000 à Camp David, cette rencontre s'achève deux semaines plus tard sans l'accord escompté. Pourtant les négociations ont permis de lever certains tabous.
Pour en savoir plus, voir l'article accords de Camp David.
Jérusalem
JérusalemJérusalem
Le plus important concerne Jérusalem. Rompant avec la ligne officielle soutenue jusqu'alors par tous les gouvernements israéliens pour lesquels Jérusalem « réunifiée » est la capitale du seul État d'Israël, E. Barak propose de concéder aux Palestiniens des espaces de souveraineté dans les quartiers arabes du secteur oriental de la ville, rattaché unilatéralement à Jérusalem-Ouest dans la foulée de la victoire militaire en juin 1967. La souveraineté israélienne serait en revanche préservée dans la dizaine de quartiers juifs (180 000 habitants) édifiés depuis 1967.
Sur le kilomètre carré de la Vieille Ville, là où se trouvent la plupart des Lieux saints (→ Haram al-charif ou esplanade des Mosquées [mont du Temple, pour les Juifs], Mur occidental ou Mur des lamentations, Saint-Sépulcre), Israël est disposé à admettre une souveraineté palestinienne dans les quartiers chrétien et musulman.
Enfin, Israël souhaite se voir reconnaître la souveraineté ultime sur le mont du Temple, même si les autorités musulmanes conservaient la gestion de fait de ce site sur lequel se dressent le dôme du Rocher et la mosquée al-Aqsa qui font de Jérusalem la troisième ville sainte de l'islam. Ce dernier point, à forte dimension religieuse, est un élément majeur du blocage avec les Palestiniens.
Pour en savoir plus, voir l'article Jérusalem.
Les frontières
Si Jérusalem apparaît comme la pierre d'achoppement principale, les autres dossiers sont loin d'être réglés. Celui sur les frontières enregistre des avancées significatives mais la proposition de restituer aux Palestiniens 91 % de la Cisjordanie, les 9 % restants – où résident 80 % des colons juifs – étant annexés par Israël, aurait pratiquement coupé en trois leur futur État.
Les réfugiés
Finalement, la question des réfugiés (soit 3,6 millions de personnes) n'est qu'effleurée. Israël rejette toute responsabilité dans l'exode des 750 000 Palestiniens en 1948 et refuse de prendre en considération la résolution 194 de 1948, prévoyant soit le retour des réfugiés dans leurs foyers, soit le versement de compensations financières. Pour l'Organisation de la Palestine (OLP), qui a été pendant des décennies le porte-parole des réfugiés palestiniens, il est évident qu'accepter un compromis – pourtant nécessaire – sur ce dossier s'est avéré, pour l'heure, prématuré.
Bilan
Le bilan du sommet de Camp David est donc mitigé. D'un côté, E. Barak a incontestablement transformé les termes du débat intérieur en Israël. Sur Jérusalem comme sur les colonies, il a posé de nouveaux paramètres qui ne pourront être ignorés par ses successeurs. D'un autre côté, malgré ces avancées, le sommet n'a pas abouti à un accord concret et cet échec a pesé lourd par la suite pour les Palestiniens qui y ont vu l'illustration de l'impasse persistante du processus de Washington au cours duquel la colonisation juive s'est poursuivie sans relâche, rendant un compromis territorial de plus en plus difficile à mettre en œuvre.
Reprise de la violence
À l'évidence, cette réalité sur le terrain a nourri un profond ressentiment qu'un geste a suffi à faire éclater. La visite d'Ariel Sharon sur l'esplanade des Mosquées (mont du Temple pour les Juifs), fin septembre 2000, est l'étincelle qui met le feu aux poudres, ouvrant une phase de confrontation violente entre Israéliens et Palestiniens. Celle-ci se traduit par une militarisation croissante : liquidations d'activistes du Hamas et du Fatah, incursions prolongées de chars, raids d'hélicoptères de combat et d'avions de la part d'Israël ; mitraillages de colonies juives, tirs de mortier et attentats-suicides du côté palestinien. Le prix humain est considérable : plus de 5 800 morts (à la fin août 2007), dont les quatre cinquièmes sont palestiniens, des milliers de blessés, deux sociétés traumatisées. Dnas l'État hébreu, cette violence généralisée a alimenté un mouvement de « défense patriotique » assez large, qui a conduit à une « droitisation » de l’opinion publique.
Pour en savoir plus, voir l'article seconde Intifada.
1.5. Les droites au pouvoir (2001-2013)

Ariel SharonAriel Sharon
En Israël, le sentiment que le pays est en danger a amené une majorité d'électeurs à se rassembler autour d'Ariel Sharon, élu Premier ministre en février 2001 avec 62 % des suffrages, et à soutenir l'établissement d'un gouvernement d'unité nationale, Shimon Peres devenant ministre des Affaires étrangères.
Toutefois, une crise gouvernementale finit par mettre un terme à l'union nationale en Israël, conduisant à des élections législatives anticipées en janvier 2003. A. Sharon voit sa position consolidée : avec 40 mandats, le Likoud double sa représentation à la Knesset, tandis qu'avec 19 sièges, le parti travailliste enregistre une défaite historique. Le bloc de droite est largement dominant avec 69 sièges (sur 120), tandis que celui de gauche obtient difficilement 36 mandats, 15 sièges revenant à la formation centriste Shinouï (Changement). Fort de ces résultats, A. Sharon constitue un gouvernement rassemblant le Likoud, l'extrême droite et le Shinouï, à l'exclusion des ultraorthodoxes qui se retrouvent pour la première fois depuis bien longtemps sur les bancs de l'opposition.
Quasi-réoccupation de la Cisjordanie, élimination de cadres palestiniens et construction d'un mur de séparation
La tâche de cette nouvelle équipe est double : redresser une situation économique dégradée (hausse du chômage, reprise de l'inflation, baisse des investissements…) et sortir de la confrontation avec les Palestiniens dans un environnement régional transformé. Pour répondre au premier défi, le gouvernement a adopté un budget d'austérité qui comporte en particulier une réduction draconienne des aides sociales.
Face à la seconde Intifada, qui a conduit à la suspension des relations diplomatiques entre Israël et le monde arabe, le gouvernement a choisi l'option militaire. Elle s'est traduite par la quasi-réoccupation de la Cisjordanie (accompagnée de mesures de bouclages très sévères, d'arrestations et de destructions de maisons) ainsi que par une politique d'« assassinats ciblés » visant les cadres des groupes paramilitaires palestiniens. Au printemps 2004, Israël liquidait tour à tour le cheikh Ahmad Yassine, fondateur et chef spirituel du Hamas, et son successeur Abdel Aziz al-Rantissi. Parallèlement, la construction d'un mur de séparation, édifié depuis 2002 de manière unilatérale entre Israël et la Cisjordanie, s'est accélérée malgré sa condamnation par la Cour internationale de justice (CIJ) en juillet 2004.
L'impasse diplomatique du « Quartet »
Sur le front diplomatique, en revanche, les choses n'ont guère avancé. L'adoption, au printemps 2003, par le « Quartet » (États-Unis, Union européenne, Russie, Nations unies) d'une « feuille de route » visant à parvenir, en trois étapes, à un règlement définitif du conflit israélo-palestinien sur la base de la coexistence entre deux États, marquait une volonté renouvelée d'implication de la communauté internationale. Néanmoins, en l'absence de gestes significatifs d'Israël (sur la question des implantations et les opérations de l'armée dans les territoires palestiniens) comme de trêve inter-palestinienne durable, cette initiative a tourné court.
L'accord Nusseibeh-Ayalon et l'initiative de paix de Genève
Face à cette impasse diplomatique, les raisons d'espérer sont venues de l'intérieur des sociétés palestinienne et israélienne avec le lancement, à l'automne 2003, de deux initiatives. La première consiste en une pétition à l'origine de laquelle se trouvent Ami Ayalon, ancien chef des services de renseignements intérieurs de l'État hébreu, et Sari Nusseibeh, président de l'université palestinienne al-Quds, pétition qui précise que la solution au conflit passe par la constitution, dans les frontières du 4 juin 1967, d'un État palestinien, aux côtés d'Israël, et par le respect de certains principes (évacuation des colonies juives, souveraineté divisée à Jérusalem-Est, strict cadrage de l'application du « droit au retour » des réfugiés palestiniens).
La seconde, plus politique et dite « initiative de Genève », lancée par Yossi Beilin, au nom d'une large partie de la gauche israélienne, et par Yasser Abed Rabbo, soutenu par d'importants secteurs du Fatah, consiste en un véritable plan de paix alternatif contenant des dispositions très précises pour régler l'ensemble du contentieux israélo-palestinien.
Retrait unilatéral de la bande de Gaza et gel des négociations israélo-palestiniennes
Du côté israélien, ces propositions de paix ont suscité un vaste débat interne et contraint A. Sharon à reprendre l'initiative en annonçant son intention de procéder à un retrait unilatéral de la bande de Gaza et du Nord de la Cisjordanie. Cette initiative devrait conduire au retrait de l'armée et, surtout, pour la première fois, au démantèlement de 25 implantations juives et à l'évacuation de leurs habitants (environ 8 000 personnes). Ce projet a suscité l'opposition des partis d'extrême droite, qui ont quitté la coalition, contraignant A. Sharon à s'allier, à nouveau, au parti travailliste en janvier 2005. La constitution de ce gouvernement d'unité nationale a facilité la mise en œuvre fructueuse du plan de désengagement au cours de l'été 2005.
Concentré sur cette politique unilatérale, le gouvernement Sharon n'a guère cherché à relancer les négociations bilatérales avec les Palestiniens, malgré l'élection de Mahmud Abbas à la présidence de l'Autorité nationale palestinienne en janvier 2005. Le triomphe du Hamas aux législatives palestiniennes de janvier 2006, qui refuse de reconnaître l'État hébreu, a conduit à sa mise en quarantaine et au gel des négociations.
Contraint d'organiser des élections législatives anticipées, A. Sharon choisit de créer une formation politique plus centriste, Kadima (En avant), afin d’accroître sa marge de manœuvre politique, mais, victime d'une attaque cérébrale au tout début de l'année 2006, il disparaît brusquement de la scène politique.
Ehoud Olmert (2006-2008)
Désormais emmené par Ehoud Olmert, Kadima gagne les élections de mars 2006 (29 sièges) et constitue un nouveau gouvernement d'union avec le parti travailliste. La voie de l'unilatéralisme dans laquelle Kadima entendait persister après le triomphe du Hamas aux législatives palestiniennes de janvier 2006, est suspendue après le semi-échec de la guerre menée contre le Hezbollah au Liban au cours de l'été, qui fragilise considérablement le gouvernement.
La prise du pouvoir par la force du Hamas à Gaza, en juin 2007, contribue aussi à détériorer la situation sur le terrain avec la multiplication des tirs de roquette sur le sud d'Israël d'un côté, la poursuite des opérations militaires israéliennes de l'autre. Les conclusions de la commission d'enquête chargée de se pencher sur la conduite de la seconde guerre du Liban soulignent de graves défaillances politiques et militaires.
Bien que E. Olmert ait vu sa popularité entamée, l'absence d'alternative politique crédible contribue un temps à son maintien au pouvoir. Prenant acte de l'impasse de l'unilatéralisme, il reprend, dans le sillage de la conférence internationale d'Annapolis (États-Unis, novembre 2007), des négociations de fond avec le président M. Abbas, mais celles-ci échouent à mettre en place un accord-cadre sur le règlement final avant la fin 2008. Rattrapé par une nouvelle affaire de corruption, E. Olmert annonce fin juillet qu'il ne participera pas aux primaires de son parti et qu'il démissionnera dans la foulée.
Le retour de Benyamin Netanyahou (depuis 2009)
Tzipi Livni remporte ces primaires, en septembre, mais la nouvelle dirigeante de Kadima ne parvient pas à constituer un gouvernement autour d'elle, rendant de nouvelles élections inévitables. Tenu en février 2009, après une campagne militaire de plus de trois semaines menées contre le Hamas à Gaza, ce scrutin donne la majorité au bloc de droite, permettant à B. Netanyahou de constituer, fin mars, un gouvernement qui regroupe, autour du Likoud, formations religieuses et nationalistes (Shas, « Foyer juif », Israel Beitenou, Judaïsme unifié de la Torah) mais aussi, de façon plus inattendue, le parti travailliste (jusqu'en janvier 2011).
Ce gouvernement, très marqué à droite, doit faire face à des tensions inédites avec la nouvelle administration américaine, soucieuse de relancer le processus de paix en obtenant d’Israël un arrêt complet de la colonisation. Face à la pression américaine, B. Netanyahou finit par accepter un gel limité dans le temps (novembre 2009-septembre 2010) et à la seule Cisjordanie ; toutes choses qui ne suffisent ni à rétablir la confiance avec Washington ni à redémarrer les négociations avec les Palestiniens.
En janvier 2013, suite à de nouvelles élections législatives, B. Netanyahou est reconduit comme Premier ministre à la tête d’une coalition différente. Au Likoud-Israël Beitenou s’adjoignent les partis centristes Yesh Atid et Ha-Tnouah mais aussi avec le parti sioniste-religieux « Foyer juif ». L’agenda prioritaire du gouvernement est centré sur les questions intérieures : enrôlement des ultra-orthodoxes dans l’armée, budget de rigueur, question du logement.
2. Une société plurielle en devenir

2.1. Un pays d'immigration

Le judaïsme dans le monde aujourd'huiLe judaïsme dans le monde aujourd'hui
Parce qu'il est défini comme l'État du peuple juif, l'État d'Israël est ouvert à tous les Juifs de la diaspora qui bénéficient d'un droit naturel et inaliénable à y immigrer (réglementé par la loi du retour de 1950). La réalisation du sionisme passe avant tout par l'immigration (aliyah), qui a essentiellement touché deux zones géographiques : la Russie et l'Europe orientale, d'où vinrent les gros bataillons d'immigrants (jusqu'en 1950, puis dans les années 1970 et les années 1990), et les pays d'islam, qui se vidèrent quasiment de tous leurs Juifs en trois vagues successives entre 1948 et 1964.
Durant les quinze premières années qui suivirent sa création, alors qu'Israël accueillait plus d'un million d'immigrants, l'État défendit une intégration nationale par fusion qui supposait que les nouveaux arrivants abandonnent leurs identités d'origine et se laissent absorber dans leur nouvelle société d'accueil.
Cette idéologie du melting-pot réclamait l'assimilation des nouveaux immigrants au modèle socioculturel en place, forgé par les pionniers russo-polonais ayant immigré entre 1904 et 1923. Cette intégration, menée par l'État, passait par la mobilisation de deux instruments de socialisation, l'école et l'armée. Celles-ci ont contribué de façon déterminante à faire naître une conscience collective partagée. Elles ont nourri un patriotisme israélien, qui s'est également renforcé avec l'usage de l'hébreu comme langue parlée, abondamment diffusée par les mass média, et avec l'attachement à une territorialité spécifique (nourri par l'étude de la Bible, l'archéologie, les excursions à travers le pays). Si un sentiment d'appartenance nationale a vu le jour, la société israélienne reste toutefois fortement divisée selon trois lignes de fracture.
2.2. Les Arabes en Israël

Comme tous les États du Proche-Orient, l'État d'Israël est fondé sur la reconnaissance des appartenances communautaires. Par conséquent, Juifs, Arabes et Druzes (secte hétérodoxe de l'islam) sont officiellement considérés comme des groupes ethniques différents.
1,2 million d'Arabes et de Druzes possèdent de plein droit la citoyenneté israélienne, mais leur statut de minoritaires dans un État juif les place souvent dans une situation très délicate. Soumis jusqu'en 1966 à une administration militaire qui restreignait sévèrement leurs libertés civiles, les Arabes d'Israël virent leurs terres expropriées et remises à des localités juives et à des kibboutzim. Quant aux ressources qui leur étaient allouées, elles étaient notoirement plus réduites que celles destinées aux Juifs (subventions publiques, dotations budgétaires aux conseils locaux et municipaux…).
Bien que la situation objective des Arabes d'Israël se soit améliorée depuis les années 1970, leur intégration dans un État juif dont ils ne peuvent partager les valeurs et les symboles demeure nécessairement problématique, et leur participation à la vie de la cité, imparfaite : il faudra attendre 2001 pour voir un Arabe accéder à un poste de ministre et 2007 pour qu'un musulman devienne ministre.
Situés à la périphérie de la société israélienne, les Arabes apportent majoritairement leurs suffrages à des partis non sionistes (parti communiste, parti démocratique arabe, Alliance nationale démocratique) et poursuivent une stratégie de consolidation communautaire qui passe de façon croissante par l'islam. De plus, tout en exigeant l'égalité de traitement avec leurs concitoyens juifs, ils ont réaffirmé, au contact des Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza, leur identité palestinienne. La reprise de l'Intifada n'a fait que resserrer ces liens, 13 Arabes israéliens ayant été tués par la police lors de manifestations en octobre 2000.
2.3. Ashkénazes et Séfarades

Autant les différences entre Juifs et Arabes sont officiellement reconnues, autant celles entre Juifs sont récusées par un État fondé sur le postulat de l'unité du peuple juif. Pourtant, les conditions mêmes dans lesquelles la société israélienne s'est constituée progressivement (par immigrations successives) ont perpétué un clivage entre Ashkénazes et Séfarades.
Jusqu'à la récente vague migratoire venant de l'ex-URSS, la population juive était à peu près également distribuée entre les deux groupes ethniques. Bien que les Séfarades aient connu une ascension sociale certaine depuis les années 1970 (forte pour les Irakiens, normale pour les Yéménites, faible pour les Marocains) et que les phénomènes de convergence (dans les modes de vie, les pratiques familiales) soient réels, la constitution d'une nation israélienne homogène par amalgame des immigrants est loin d'être réalisée.
La persistance d'un écart ethnique important dans les domaines éducatif et professionnel au détriment des Séfarades montre que la stratégie de fusion dans un creuset commun n'est pas parvenue à ses fins. Ainsi, les élèves d'origine orientale sont concentrés dans les écoles professionnelles alors que leurs condisciples ashkénazes sont plus nombreux dans l'enseignement général. À l'université, les Séfarades ont cinq fois moins de chance d'obtenir un diplôme que les Ashkénazes.
Au niveau économique, les Juifs des pays d'islam sont concentrés parmi les cols bleus (ouvriers) alors que les Juifs d'Occident forment les gros bataillons des classes moyennes et dominent l'élite économique, universitaire et médiatique. Le mécontentement du « second Israël » par rapport au parti travailliste, accusé d'avoir conduit la politique d'intégration de façon autoritaire, s'est traduit par le soutien massif accordé au Likoud en 1977, ce qui a permis la première alternance politique du pays. Cette adhésion au Likoud demeure importante, mais l'État d'Israël a affaire aujourd'hui à une mobilisation inédite de la « séfaradité » à travers le parti Shas (« Séfarades gardiens de la Torah »), qui appelle à une pratique rigoriste du judaïsme et valorise la spécificité culturelle des Juifs des pays d'islam. En offrant un ensemble de services (jardins d'enfants, écoles primaires…), le Shas est parvenu à renforcer sa base politique et à s'imposer comme le porte-parole de l'« Israël séfarade », économiquement défavorisé et culturellement marginalisé. Son audience électorale reste forte. Si le résultat obtenu lors des élections législatives de mai 1999, avec 17 sièges, demeure exceptionnel, les 11 mandats décrochés en 2009 montrent que le Shas est bien installé dans le paysage politique israélien.
Le processus de communautarisation n'est pas limité au monde séfarade puisqu'il a touché les nouveaux immigrants de l'ex-URSS, mais il a, dans ce cas, évolué différemment. Un certain nombre de facteurs ont entretenu la tendance à la mobilisation communautaire : le poids démographique (1 million d'immigrants), le profil identitaire (forte déjudaïsation allant de pair avec la valorisation d'une identité culturelle russe), l'organisation interne très efficace (associations, presse et télévision en russe).
La communautarisation est demeurée une réalité sociale mais elle a connu des traductions politiques variables. Présentes à la Knesset à partir de 1996, les formations « russes » s'étaient fondues dans la droite israélienne en 2003 avant de renaître en 2006 avec le parti Israel Beitenou (Israël, notre maison) dirigé par Avigdor Liberman, qui est devenu en 2009 le troisième parti avec 15 sièges. Cette formation revendique un nationalisme sans concession qui réclame, à terme, l'homogénéisation ethnique d'Israël par rattachement des zones peuplées d'Arabes israéliens à toute future entité palestinienne.
Qu'elle soit séfarade ou « russe », l'ethnicité est une ressource disponible pour être mobilisée politiquement dans une société israélienne plurielle mais traversée par une forte opposition entre religieux et laïcs.
2.4. Religieux et laïcs

Dès le départ, Israël s'est défini comme un État juif, devant donc assurer, à travers ses institutions, un projet de vie collective juive. Même si le contenu précis de cette identité nationale n'a jamais été clairement déterminé, le caractère juif de l'État impliquait que le droit de la famille et l'espace public étaient partiellement régis par une législation d'origine religieuse. D'où l'adoption d'une série de lois réglementant le respect du shabbat, la distribution de nourriture kasher dans les cantines publiques, l'élevage et la commercialisation de porc…, et attribuant la gestion des mariages et des divorces aux seules autorités religieuses.
Ce statu quo dans lequel l'État concède certains droits à la sphère religieuse s'est maintenu jusqu'à aujourd'hui, malgré de nombreuses crises. Il est toutefois malmené par un phénomène contradictoire qui voit la réaffirmation religieuse aller de pair avec l'approfondissement de la sécularisation de la société.
Le pôle religieux, qui regroupe environ un quart de la population juive, est composé de deux courants : l'un ultraorthodoxe et l'autre sioniste religieux. Bien que séparés par d'importantes controverses théologiques quant à la signification religieuse à accorder à l'État d'Israël, ces deux courants défendent une même interprétation rigoriste du judaïsme, et sont favorables à une présence plus grande de la religion dans la vie publique. Le rôle pivot que les partis religieux remplissent dans les différentes coalitions gouvernementales leur donne un moyen de pression idéal pour faire avancer leurs revendications.
Toutefois, l'activisme des groupes religieux se heurte à l'opposition d'autres secteurs de la société israélienne, qui défendent une laïcité inconditionnelle (passant, entre autres, par la séparation de la synagogue et de l'État). Cette laïcité militante a été parfois défendue par des formations politiques comme le parti Shinouï (Changement), qui obtint 15 mandats à la Knesset en 2003 au nom de la lutte contre la coercition religieuse, mais ne parvint pas à perdurer sur le plan électoral.
Le clivage religieux / laïcs se cristallise beaucoup sur la question de la conscription. En effet, alors que les Juifs laïcs et nationalistes-religieux passent, pour les hommes, trois ans sous les drapeaux puis effectuent des périodes de réserve jusque dans leur quarantaine, 60 000 étudiants des instituts d’études talmudiques sont dispensés d’obligations militaires en vertu d’un ancien accord datant de 1948 (à peine 400 jeunes gens étaient alors concernés). Cette situation nourrit un profond sentiment d’injustice chez les laïcs, poussant nombre d’électeurs laïcs à voter pour Yair Lapid, et sa formation Yesh Atid (« Il y a un avenir », 19 mandats en 2013), qui s’est engagée à mettre fin aux exemptions systématiques dont bénéficient les Juifs ultra-orthodoxes.
En mars 2014, la loi prévoyant la conscription des ultra-orthodoxes est adoptée par 67 voix (une contre). Saluée par ses promoteurs comme une avancée significative sur la voie de l’universalisation du service militaire, la loi a été critiquée tant par les ultra-orthodoxes – qui la dénoncent par principe –, que par des laïcs qui la jugent trop timorée. Sa mise en œuvre, nécessairement graduelle, risque d'être retardée par nombre d'obstacles.
Deux mouvements contradictoires traversent la société israélienne, amenant les uns à prôner un État selon la Torah, et les autres à se faire les avocats d'un Israël post-sioniste. Entre les deux pôles, il existe toutefois un vaste conglomérat « centriste » de personnes attachées à la nature hybride de l'État d'Israël comme État juif et démocratique. La bipartition politique de la société israélienne (en particulier autour de la question déterminante du processus de paix) entretient une polarisation croissante entre un courant « normalisateur » (regroupant les laïcs de toute obédience) et un courant « identitariste » (allant des ultra-orthodoxes aux traditionalistes).
2.5. Riches et pauvres

Israël a longtemps été basé sur une économie sociale-démocrate, avec une forte présence du secteur public et para-public, et un système d’aide à l’emploi, à la santé et à l’éducation qui assurait une distribution relativement égalitaire des ressources.
À compter des années 1980, le pays entra dans une phase de libéralisation économique, de privatisation et de dérégulation, qui eut pour effet de réduire l’ampleur de la protection sociale. Deux conséquences s’en suivirent : d'une part, la croissance régulière de l’écart entre les plus riches et les plus pauvres, qui fait d’Israël un des pays les plus inégalitaires parmi les 34 membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ; d’autre part, le pourcentage des familles israéliennes vivant sous le seuil de pauvreté est important, puisqu'il représente 20 % des familles.
Cette situation d’inégalité a pourtant nourri une contestation sociale relativement limitée, sauf en 2011. L’augmentation continue du coût du logement a en effet conduit à l’apparition d’un « mouvement des tentes » qui, né à Tel-Aviv, a progressivement gagné des dizaines de villes d’Israël. D’abord sur la défensive, le gouvernement Netanyahou répondit à cette contestation sociale en mettant en œuvre certaines réformes : augmentation des impôts sur les entreprises et les hauts revenus, loi sur le logement…
2.6. Quelle identité nationale ?

Le jeu complexe des différents clivages – Juifs / Arabes, Séfarades / Ashkénazes, religieux / laïcs, riches / pauvres – définira les contours de l'État d'Israël de demain. En effet, les incertitudes sur l'évolution de l'identité nationale se multiplient, alors que le pays a gagné progressivement une légitimité internationale plus large, dont la consolidation dépendra, toutefois, d'un règlement global de l'ensemble du contentieux israélo-arabe.
3. Israël dans la communauté internationale

Paradoxe d'Israël : créé par une décision de la communauté internationale en 1947 (par 33 voix pour, 13 contre et 10 abstentions), l'État juif est sans doute l'État au monde dont l'existence a été la plus contestée dans le concert des nations. Ses relations internationales s'en sont longtemps ressenties. Depuis sa création, Israël n'a établi des rapports stables et continus qu'avec l'Occident. Le monde arabo-musulman lui a été totalement hostile pendant des décennies, alors que les pays de l'Est et le tiers-monde ont entretenu avec lui, le plus clair du temps, des relations globalement assez distantes.
Pendant longtemps, l'isolement total de l'État juif dans la région rendait impérieux l'établissement de relations fortes avec des partenaires susceptibles de le soutenir, et ceux-ci se trouvaient essentiellement en Occident.
3.1. Israël, la France et l'Europe

Israël et la France
Durant les vingt premières années de son existence, Israël est surtout soutenu par la France. Dans les années 1950, grâce aux efforts de Shimon Peres alors directeur général du ministère des Affaires étrangères, plusieurs accords d'armement sont conclus entre les deux pays, prévoyant la livraison de tanks, d'avions et de pièces d'artillerie. Le début de la révolution algérienne, en novembre 1954, amène la constitution d'une alliance encore plus étroite, dans la mesure où le principal ennemi d'Israël, l'Égypte, est aussi le soutien majeur du Front de libération nationale (FLN).
Pour en savoir plus, voir l'article guerre d'Algérie.
L'expédition conjointe sur le canal de Suez, en octobre 1956, comme l'aide française à la construction du réacteur nucléaire de Dimona, dans le Néguev, constituent les manifestations les plus fortes de cette union franco-israélienne contre le nationalisme arabe. L'instauration en France de la Ve République ne conduit pas immédiatement à une modification des rapports bilatéraux, mais la fin du conflit en Afrique du Nord pousse le général de Gaulle à renouer avec les pays arabes et à adopter, ce faisant, une position plus équilibrée dans le conflit israélo-arabe.
La guerre des Six-Jours (5-10 juin 1967) marquera un tournant de la politique française : de Gaulle déclare un embargo sur la livraison de toutes les armes à destination du Moyen-Orient, ce qui pénalise fortement Israël, tributaire de la France en matière d'armement. Cette mesure fera progressivement des États-Unis le fournisseur quasi exclusif de l'État juif, tout en refroidissant les relations franco-israéliennes.
Israël et l'Allemagne
Avec l'Allemagne, le rapprochement était à la fois extrêmement délicat et pourtant indispensable. En reconnaissant publiquement la responsabilité allemande dans le génocide des Juifs d'Europe, le chancelier Adenauer enclencha un processus qui permit la conclusion, en septembre 1952, de l'accord de Luxembourg au terme duquel l'Allemagne s'engageait à verser à Israël, à titre de réparation, pendant douze années 3,4 milliards de marks (plus les dédommagements individuels destinés aux victimes du nazisme). Cet accord facilitera l'établissement de relations diplomatiques en mai 1965, et ce, malgré l'opposition virulente de la droite nationaliste regroupée autour de Menahem Begin.
Israël et l'Europe
Pour Israël, l'Europe est aujourd'hui avant tout un partenaire commercial vital. L'État hébreu bénéficie depuis 1975 d'un accord d'association avec l'Union européenne, accord qui a été renouvelé en 1995 dans le cadre du partenariat euro-méditerranéen. Si l'Europe est un enjeu surtout économique (30 % des exportations israéliennes se dirigent vers l’Europe des 28), les États-Unis constituent véritablement l'allié privilégié sur le plan politique.
3.2. L'alliance stratégique avec les États-Unis

Bien que l'appui diplomatique américain ait été décisif dans la naissance de l'État juif, c'est la réorientation de la position française après la guerre des Six-Jours qui conduira progressivement à l'intervention de plus en plus appuyée des États-Unis aux côtés d'Israël. L'entente avec Washington concerne trois domaines : militaire (coopération stratégique : don annuel de 1,8 milliard de dollars dans les années 1990 étant passé à 3 milliards en 2010), économique (accord de libre-échange, don annuel de 1,2 milliard de dollars dans les années 1990, désormais supprimé), diplomatique.
Les États-Unis n'ont jamais ménagé leur soutien politique à Israël, en particulier à l'ONU, considérant que l'État hébreu constituait un élément de stabilité régionale et un atout stratégique (hier contre l'Union soviétique et ses alliés arabes, aujourd'hui contre l'islamisme radical). La perception de valeurs démocratiques partagées et le dynamisme de la communauté juive américaine ont, par ailleurs, cimenté l'alliance stratégique israélo-américaine.
Cette forte proximité n'a pas empêché les États-Unis de promouvoir à plusieurs reprises des projets globaux de règlement du conflit israélo-arabe (plan Rogers de 1969-1970, processus de Camp David en 1978, plan Reagan de 1982), mais ceux-ci étaient difficiles à mettre en œuvre tant que l'Union soviétique se posait en puissance rivale des États-Unis.
La disparition de l'URSS en 1991 change radicalement la donne régionale et incite les États-Unis à lancer une initiative diplomatique majeure : la conférence de la paix de Madrid (octobre 1991), qui ouvre un cycle de négociations directes entre Israël et tous ses voisins arabes (y compris les Palestiniens).

L'accord de Washington, 1993L'accord de Washington, 1993
Par la suite, les États-Unis accompagnent le processus de paix d'Oslo entre l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et Israël (déclaration de principes de 1993, accord intérimaire sur la Cisjordanie et Gaza de 1995, mémorandum de Wye River de 1998, accord de Charm el-Cheikh de 1999). Mais, après l'échec d'un nouveau sommet qui se tient à Camp David en juillet 2000 et la seconde Intifada qui a embrasé les territoires palestiniens, la perspective d'une reprise des négociations initiées à Madrid en 1991 s'est éloignée.
La diplomatie finit pourtant par reprendre ses droits en 2003 avec l'adoption de la « feuille de route » du « Quartet » qui prévoyait la création d'un État palestinien permanent dans le contexte d'une paix israélo-arabe globale (d'ici à 2005). Officiellement accepté par les Palestiniens et les Israéliens au sommet d'Aqaba en juin 2003, ce document n'a pourtant pas été en mesure d'enclencher une dynamique vertueuse de négociations. Malgré l'élection à la présidence de l'Autorité nationale palestinienne (ANP) d'un partisan convaincu du dialogue, Mahmud Abbas, Israël s'engage dans une politique de désengagement unilatéral (à Gaza en 2005). Toutefois, tant le semi-échec israélien au Liban (→ histoire du Liban), que la prise de contrôle de la bande de Gaza par le Hamas en juin 2007 poussent le président G. W. Bush à se réengager dans le dossier israélo-palestinien en réunissant fin novembre 2007 aux États-Unis une conférence internationale. Si celle-ci permet la relance des négociations entre Israël et l'ANP, ces dernièresne débouchent pas sur un accord de règlement définitif.
Face au Hamas, le gouvernement Ehoud Olmert décide, après la non-reconduction d'une trêve de six mois, de lancer à la mi-décembre 2008 une opération militaire de grande envergure afin de « changer l'équa

 
 
 
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CHAMPOLLION

 

La mystérieuse mort de Champollion, l'homme qui décrypta les hiéroglyphes

Selon plusieurs théories, Jean-François Champollion serait mort d'une infection parasitaire contractée en Égypte. Mais un chercheur britannique dévoile une toute autre explication.

MYSTÈRE. Né en 1790, le français Jean-François Champollion est considéré comme l'un des plus grands linguistes de tous les temps. Il est le premier à être parvenu à déchiffrer les hiéroglyphes. Il meurt brutalement en 1832 à l'âge de 41 ans en France, après avoir passé une année en Égypte. Mais de quoi ? Difficile de le savoir puisqu'à l'époque, sa famille refuse toute autopsie.
Le Dr Hutan Ashrafian, médecin et chercheur de l'Imperial College de Londres, avance une nouvelle théorie : selon son étude récemment publiée dans la revue Clinical Neurophysiology, le père de l'égyptologie aurait été victime d'une sclérose latérale amyotrophique (SLA, encore appelée "maladie de Charcot"), une maladie neurologique due à la dégénérescence des neurones moteurs, cellules du cerveau et de la moelle épinière qui ont pour fonction de transmettre aux muscles les ordres donnés par le cerveau. De moins en moins sollicités, les muscles finissent par s'atrophier, jusqu'à la paralysie complète du patient.

Des symptômes caractéristiques de la maladie de Charcot
THÉORIES. À l'époque, le décès de Champollion est attribué à une attaque, liée à un épuisement professionnel. Par la suite, une deuxième hypothèse fut évoquée : l'égyptologue serait décédé des conséquences d'une bilharziose, maladie infectieuse provoquée par des vers parasites présents dans certaines eaux douces des zones tropicales. Mais pour le chercheur britannique, cette théorie n'est pas crédible. "Lors de son séjour d'un an en Egypte, il n'est mentionné nulle part dans les écrits de l'époque et les ouvrages de référence sur Champollion qu'il ait contracté une maladie infectieuse et qu'il ait souffert de fièvre ou de troubles du système lymphatique (ndlr : des symptômes caractéristiques d'une maladie infectieuse)", explique t-il dans son étude.
En revanche, plusieurs symptômes apparus dans les dernières années de sa vie corroborent la théorie de la SLA, selon lui. "Avant son voyage en Égypte, en 1828, Champollion ressentait des faiblesses dans les bras, des spasmes et des crampes, l'empêchant par exemple d'écrire de longues lettres. Ces symptômes se seraient même aggravés à son retour à Paris en 1829", décrivent-ils. De plus, il aurait éprouvé des difficultés d'élocution lors des conférences qu'il donnait en tant que professeur d'égyptologie, et aurait développé une toux sévère due à des infections pulmonaires récurrentes. Des symptômes qui peuvent se développer dans le cas d'une SLA.

Victime du syndrome d'enfermement
Mais le plus flagrant pour le chercheur se déroule quelques semaines avant la mort de Champollion : celui-ci aurait présenté les caractéristiques du syndrome d'enfermement ("locked-in syndrome") et du syndrome pseudobulbaire, c'est-à-dire des rires ou des pleurs incontrôlables. Deux symptômes souvent présents chez les personnes atteintes de SLA.

GOUTTE. Enfin, le médecin n'évoque pas de goutte (forme particulière d'arthrite qui provoque des crises récurrentes de vives douleurs à une ou quelques articulations), comme cela a été évoqué par des recherches précédentes, mais plutôt des fasciculations (brèves secousses musculaires involontaires), qui pourraient aussi être une conséquence de la SLA. "En conclusion, au vu de tous ces symptômes, et de son jeune âge lors de son décès, Champollion est probablement mort des suites d'une sclérose latérale amyotrophique", juge t-il.

Un autre diagnostic est probable, selon cette étude : la maladie du neurone moteur, une affection neurologique dégénérative très grave, mais bien plus rare que la SLA. Bien que l'auteur conclue :"c'est un génie de plus touché par cette maladie", il manque tout de même quelques preuves formelles d'une perte de capacités cognitives, ou encore d'antécédents familiaux, pour valider sa théorie.

 

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