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MAO ZEDONG

 


MAO  ZEDONG


1. Mao jusqu’à la naissance de la Chine populaire (1893-1949)
1.1. Mao avant le communisme (1893-1921)
La jeunesse (1893-1918)
Formation intellectuelle et politique
Naissance du communisme chinois (1919-1921)
1.2. L’ascension de Mao au sein du parti communiste (1921-1935)
De l’alliance à la rupture avec le Guomindang (1921-1927)
La guérilla au Jiangxi (1927-1930)
La mise à l’écart de Mao (1930-1934)
La Longue Marche : Mao chef du Parti (1934-1935)
1.3. De la Longue Marche à la victoire communiste (1935-1949)
Vers l’alliance tactique avec le Guomindang (1935-1937)
La guerre sino-japonaise (1937-1945)
La guerre civile (1946-1949)
2. Le dirigeant de la Chine populaire (1949-1976)
2.1. La Démocratie nouvelle (1949-1953)
2.2. La phase d’imitation du modèle soviétique (1953-1956)
2.3. Le tournant de 1956-1957
Mao remis en question
Le maoïsme comme stratégie et comme idéologie
La campagne des Cent Fleurs
2.4. Le Grand Bond en avant et ses suites (1958-1965)
Un immense élan de volontarisme
Un bilan désastreux
La rupture avec l’URSS (1960)
La préparation de la Révolution culturelle (1962-1966)
2.5. La Révolution culturelle (1966-1976)
Un premier sommet (1966-1968)
Une fragile normalisation (1969-1971)
Un impact mondial
Ultimes retournements et mort de Mao (1971-1976)
2.6. L’héritage de Mao
Voir plus
Mao Zedong ou Mao Tsö-tong ou Mao Tsé-toung
Mao Zedong
Cet article fait partie du dossier consacré à la guerre froide.
Homme d'État chinois (Shaoshan, Hunan, 1893-Pékin 1976).
Mao Zedong
Mao participe à la fondation du parti communiste chinois en 1921. C’est pendant la Longue Marche conduite pour échapper au Guomindang qu’il devient chef du parti en 1935. Après avoir conduit la guerre contre le Japon, puis le Guomindang, il fonde en 1949 la République populaire de Chine qu’il dirige jusqu’à sa mort, l’emportant sur ses rivaux au prix d’initiatives aventureuses comme le Grand Bond en avant ou la Révolution culturelle. Bien qu’ayant mené son pays au bord de l’effondrement, il continue aujourd’hui à y incarner l’idéal révolutionnaire.
Mao avant la Chine populaire (1893-1949)
Fils instruit d’un paysan aisé, Mao devient, après ses études, bibliothécaire à l’université de Pékin. Il participe en 1921 à la fondation du parti communiste chinois (PCC) par Chen Duxiu et une poignée de marxistes, désireux, comme le gouvernement nationaliste du Guomindang, de libérer le pays de l’emprise des seigneurs de guerre et des impérialistes.
Après la rupture avec le Guomindang en 1927, Mao organise des bases révolutionnaires paysannes dans la province du Jiangxi, où est fondée une « République soviétique chinoise » dont il devient président en 1930. Désavoué par le parti, puis délogé par le Guomindang, il se replie vers le nord en menant la Longue Marche (1934-1935), pendant laquelle il est enfin reconnu comme chef du Parti.
De nouveau allié au Guomindang dans la lutte contre les Japonais (1937-1945), il mène ensuite contre lui la seconde guerre civile à l’issue de laquelle est proclamée, le 1er octobre 1949, la République populaire de Chine.
Le dirigeant de la Chine populaire (1949-1976)
Président du parti et de la République, Mao donne le ton aux différentes phases du régime, même s’il est fréquemment contesté, ce qui le conduit, à partir de 1957, à une surenchère révolutionnaire plus tactique qu’idéologique, puisqu’elle est destinée à le faire triompher de ses rivaux.
Après la phase de Démocratie nouvelle (1949-1953) consacrée au redressement du pays, puis la période d’imitation du modèle soviétique (1953-1956), Mao, indirectement atteint par la remise en question du culte de la personnalité de Staline en URSS, reprend l’initiative en lançant en 1957 la campagne de libre expression des Cent Fleurs, puis, en 1958 le Grand Bond en avant, expérience de développement économique chaotique qui provoque la mort de 36 millions de Chinois. Désavoué par Liu Shaoqi, auquel il cède la présidence de la République en 1959, Mao prépare sa revanche.
Ce sera la Révolution culturelle, orchestrée par ses soins à partir de 1966 pour créer « l’homme nouveau » en éliminant tous ceux qui « retardent l’édification du socialisme ». De plus en plus coupé des réalités, jouant d’une faction contre l’autre, Mao réussit ainsi à conserver le pouvoir jusqu’à sa mort en 1976. Si celle-ci est suivie d’un virage vers la modernisation économique au détriment du socialisme, la Chine ne connaîtra pas de démaoïsation comparable à la déstalinisation soviétique.
1. Mao jusqu’à la naissance de la Chine populaire (1893-1949)

1.1. Mao avant le communisme (1893-1921)

La jeunesse (1893-1918)
Fils d'un paysan aisé enrichi dans le commerce des grains qui aurait voulu faire de lui le gérant de la petite affaire familiale, Mao Zedong doit se rebeller contre l'autorité paternelle pour continuer ses études. Il grandit dans une Chine humiliée d'avoir dû accorder aux puissances occidentales des concessions qui jouissent d'énormes avantages, les empereurs s'avérant incapables de faire respecter l'indépendance nationale du pays ni de moderniser celui-ci.
Quand, en 1911, la révolution du Guomindang de Sun Yat-sen met fin à la monarchie et proclame la république, Mao est, comme de très nombreux jeunes gens de son âge, gagné par l'enthousiasme, et il s'engage durant six mois dans l'armée révolutionnaire. Il revient ensuite à Changsha, capitale du Hunan, poursuivre ses études primaires supérieures jusqu'en 1918. À l'école normale du Hunan (1913-1918), Mao organise aussi des cours du soir pour alphabétiser les travailleurs.
Formation intellectuelle et politique
Nourri de culture chinoise traditionnelle et de culture occidentale, Mao est un admirateur des grands empereurs chinois chefs de guerre. En 1917, dans la revue Nouvelle Jeunesse de Chen Duxiu, il publie son premier article, sur l'éducation physique nécessaire au peuple chinois pour se libérer de la tutelle impérialiste. La même année, le voici à la tête de la Société d'étude du nouveau peuple constituée dans le Hunan parmi les étudiants radicaux. À l'automne 1918, Mao devient aide-bibliothécaire à l'université de Pékin sous l'autorité du bibliothécaire en chef, Li Dazhao.
Le jeune Mao subit l'influence de Chen et de Li, qui, après avoir dirigé le mouvement du 4 mai, accueillent avec enthousiasme la révolution russe de 1917. C'est à Chen que Mao devra sa conversion au marxisme en 1920.
Naissance du communisme chinois (1919-1921)
La Chine, un moment unifiée par la république présidée par Yuan Shikai (1912-1916), est entrée depuis dans une longue période de confusion politique : dans les provinces, les généraux (seigneurs de la guerre) accèdent au pouvoir tandis que Sun Yat-sen prend en 1917 à Canton la tête d'un gouvernement républicain. Cette période d'affrontements internes et de morcellement politique durera en fait jusqu'en 1949.
Mao, qui a participé au mouvement du 4 mai à Changsha où il est revenu s'établir, fonde une section des Jeunesses socialistes. Il publie son premier article marxiste en novembre 1920. Il est alors directeur d'école primaire puis gérant d'une librairie. En juillet 1921, il est un des douze délégués qui créent à Shanghai le parti communiste chinois (PCC), dont Chen devient le premier secrétaire général.
1.2. L’ascension de Mao au sein du parti communiste (1921-1935)

De l’alliance à la rupture avec le Guomindang (1921-1927)
Nommé responsable pour le Hunan du secrétariat au travail, Mao organise des syndicats ouvriers. Il approuve la politique d'alliance avec le Guomindang de Sun Yat-sen pratiquée par le PCC sur les conseils de l'Internationale communiste. En 1923-1924, le voici responsable de l'organisation du PCC mais aussi membre du bureau de Shanghai du Guomindang. Cette stratégie permet au PCC d'élargir son influence. Témoin des fortes réactions populaires qui se produisent dans son village natal du Hunan à la suite des incidents des 30 mai et 23 juin 1925 au cours desquels la police anglaise de Shanghai et de Canton a tiré sur la foule, Mao y prend conscience du rôle révolutionnaire de la paysannerie. Il écrira en 1927 son Rapport sur l'enquête menée dans le Hunan à propos du mouvement paysan pour affirmer le rôle de la paysannerie dans la lutte révolutionnaire.
Après la mort de Sun Yat-sen (mars 1925), l’aile droite l’emporte au sein du Guomindang, avec Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek), qui rompt brutalement avec les communistes en avril 1927 (fusillades de Shanghai). Le parti se replie alors dans les campagnes, et Mao est chargé de l'organiser sur une base militaire dans son Hunan natal.
La guérilla au Jiangxi (1927-1930)
En septembre 1927, Mao conduit ses troupes dans les montagnes du Hunan puis du Jiangxi. En avril 1928, son armée reçoit le renfort de celle d'un autre dirigeant du PCC, Zhu De, puis, en novembre, de l'armée de Peng Dehuai. Jusqu'en 1934, le Jiangxi est administré par les communistes : c'est la République soviétique du Jiangxi, dont Mao est le président depuis novembre 1931. L'Armée rouge, fortement politisée, est formée selon la doctrine d'une action aux tâches extramilitaires multiples : propagande, organisation des masses et même production. Mao énonce les principes de la lutte de guérilla, tactique d'« encerclement des villes par les campagnes ».
La mise à l’écart de Mao (1930-1934)
Grâce à l'appui que leur apportent les paysans, les communistes étendent leur influence à un point tel que, durant l'été 1930, la direction du PCC dont le nouveau secrétaire général est Li Lisan, ordonne à l'armée du Jiangxi de sortir de ses bases et de lancer une offensive contre les grandes villes tenues par le Guomindang. C'est l'échec ; Mao propose le repli sur le Jiangxi tandis que Li Lisan est écarté. Mais le PCC ne passe pas pour autant sous le contrôle de Mao mais sous celui de Wang Ming et des « vingt-huit bolcheviques » ainsi appelés par Mao parce qu'ils avaient pour la plupart étudié en URSS. Mao, critiqué pour ses conceptions militaires en faveur de la guérilla, doit s'incliner, son autorité à la tête de la République soviétique du Jiangxi devenant de plus en plus nominale. Désormais, l'armée communiste doit privilégier les batailles rangées et c'est de cette façon qu'elle repousse à quatre reprises, entre 1930 et 1934, les attaques que lance le Guomindang pour la détruire.
 La Longue Marche : Mao chef du Parti (1934-1935)
Mais cette stratégie montre ses limites en 1934 lors de la cinquième offensive, à l'issue de laquelle l'armée communiste n'évite l'encerclement total que par une percée en octobre 1934 qui lui fait abandonner le Jiangxi. Ainsi commence la Longue Marche qui conduit au bout d'un an et 12 000 kilomètres, en octobre 1935, les 30 000 survivants dans le Shanxi. Là, l'armée du Jiangxi est grossie d'autres contingents communistes. Au cours de cette retraite, bientôt transformée en épopée, Mao a pu faire adopter ses méthodes militaires et a beaucoup gagné en autorité dans le parti. En janvier 1935, à Zunyi dans le Guizhou, au cours d'une réunion des chefs politiques et militaires, il fait condamner la politique de la direction du PCC et devient le chef du parti.
1.3. De la Longue Marche à la victoire communiste (1935-1949)

Vers l’alliance tactique avec le Guomindang (1935-1937)
À partir d'octobre 1935, Mao installe sa capitale à Yan'an dans le Shaanxi. De là, il proclame que l'ennemi principal du PCC est l'envahisseur japonais installé en Mandchourie depuis septembre 1931 et offre son alliance au Guomindang, qui finit par accepter en septembre 1937, deux mois après le début officiel de la guerre sino-japonaise.
La guerre sino-japonaise (1937-1945)
La guerre permet aux communistes d’asseoir leur position dans le Nord et le Centre et de mobiliser les populations locales contre l’envahisseur, alors que le Guomindang se discrédite par sa passivité. Elle confère surtout à Mao une stature nationale. À plus de 40 ans, Mao est maintenant un dirigeant éprouvé. C'est ce symbole vivant de la révolution, ayant perdu dans la lutte plusieurs membres de sa famille, que rencontre le journaliste américain Edgar Snow, dont les écrits vont faire connaître la révolution chinoise à l'étranger. Parallèlement, ses idées sur la « sinisation du marxisme » triomphent dans le parti (campagne de rectification de 1942). En avril-juin 1945, le VIIe congrès du PCC l'élit président du Comité central et proclame que le parti est désormais guidé par la « pensée de Mao Zedong ».
La guerre civile (1946-1949)
Dès la capitulation du Japon (2 septembre 1945), la reprise de la guerre civile est inéluctable. Les mêmes méthodes qui ont assuré le succès de la Longue Marche et de la lutte contre les Japonais permettent au PCC de l'emporter dans la guerre civile qui l'oppose de 1946 à 1949 au Guomindang, pourtant aidé par les Américains. Le PCC de Mao réussit à incarner aux yeux des Chinois tout à la fois l'indépendance nationale, les espoirs de révolution sociale, l'honnêteté face à la corruption des nationalistes et la paix civile par une politique de large alliance avec les adversaires de Jiang Jieshi, qui finit par se réfugier à Taiwan avec ses partisans.
2. Le dirigeant de la Chine populaire (1949-1976)

Mao Tsé-toung, octobre 1949Mao Tsé-toung, octobre 1949
En septembre 1949, dans Pékin conquise, Mao réunit une Conférence politique consultative qui désigne un gouvernement de coalition sous sa présidence. Le 1er octobre 1949, la République populaire de Chine est proclamée. Les institutions en seront fixées par la Constitution du 20 décembre 1954. Mao concentre entre ses mains trois présidences essentielles : celle du parti, celle de la République et celle du conseil militaire révolutionnaire. Pourtant, même si son autorité est exceptionnelle, même si sa pensée inspire la politique du parti, les autres dirigeants ne sont pas des comparses.
L'homme qui est maintenant à la tête d'un pays de 600 millions d'habitants a conservé les goûts simples d'un paysan, s'exprimant dans le dialecte du Hunan. Il vit en reclus dans ses diverses résidences de Pékin, Beidaihe, Wuhan, Hangzhou, lit beaucoup et voyage souvent dans le pays. S'il reçoit occasionnellement les dirigeants du parti et de l'État, dont Zhou Enlai, le Premier ministre, il communique en général avec eux par notes écrites. Ce comportement en fait un personnage à part, dont le prestige est immense, mais, l'éloignant de la pratique quotidienne du pouvoir, il contribuera à l'isoler, au fil des différentes phases de l’histoire de la République populaire : Démocratie nouvelle (1949-1953), imitation du modèle soviétique (1953-1956), campagne des Cent Fleurs (1957), Grand Bond en avant (1958), Révolution culturelle (1966-1976).
2.1. La Démocratie nouvelle (1949-1953)

Dans tous les domaines, c'est lui qui donne le ton. La base théorique de la République populaire de Chine est son essai de juin 1949 (De la dictature démocratique populaire) qui intègre, aux côtés de la classe ouvrière et de la petite paysannerie, la petite bourgeoisie et la bourgeoisie nationale dans le groupe des quatre classes anti-impérialistes et antiféodales, et dénie aux autres « ennemis du peuple » tout droit de suffrage dans la « Démocratie nouvelle », slogan qui donne son nom à cette première période au cours de laquelle il s'agit, avant tout de reconstruire la Chine.
– Reconstruction politique par l'élimination, y compris physique, des contre-révolutionnaires, par la reprise en main des intellectuels et par une plus grande discipline dans le parti ;
– reconstruction économique par la réforme agraire et par le développement de la production industrielle ;
– reconstruction sociale par un grand effort fait pour l'instruction et par la reconnaissance de l'égalité entre les hommes et les femmes ;
– reconstruction de la politique extérieure par le traité d'alliance et d'amitié signé avec l'URSS en février 1950 et par l'aide en armes apportée aux communistes vietnamiens et en soldats aux communistes coréens.
2.2. La phase d’imitation du modèle soviétique (1953-1956)

De 1953 à 1956, le développement économique se fait sur le modèle soviétique : adoption du premier plan quinquennal, collectivisation des terres par regroupement de plus en plus autoritaire dans des coopératives. Mao reconnaît lui-même que le parti communiste de l'Union soviétique est « le meilleur professeur » du PCC et que la nouvelle Chine appartient au « front anti-impérialiste » dirigé par l'URSS.
En quelques années, la Chine accroît sa production dans des proportions importantes, bénéficiant d'une aide soviétique multiforme et de la sécurité revenue dans le pays pour la première fois depuis des décennies. Ses réalisations sociales incontestables, l'aide apportée aux mouvements d'indépendance nationale en Asie en font un pays au prestige international retrouvé et symbolisé par sa participation à la conférence de Bandung (1955) malgré la perte de son siège à l'ONU en 1951.
2.3. Le tournant de 1956-1957

Mao remis en question
L'année 1956 marque un tournant dans la vie de Mao comme dans le destin de la Chine populaire. En février, le XXe Congrès du parti communiste de l'Union soviétique condamne le culte de la personnalité de Staline. Craignant que cette attitude n'ouvre la voie à des attaques contre sa propre personne, qui est alors l'objet d'un culte du même type, Mao désapprouve le rapport de Nikita Khrouchtchev. Mais le VIIIe Congrès du PCC, en septembre 1956, confirme les pires craintes de Mao. Le numéro deux du parti, Liu Shaoqi, et celui qui devient alors secrétaire général, Deng Xiaoping, attaquent le culte de la personnalité, font l'éloge de la direction collective, critiquent la précipitation en matière politique. Plus grave, le Congrès fait disparaître des textes du parti toute référence à la pensée de Mao. Certes, ce dernier conserve toutes ses fonctions, mais il est clair que le Congrès s'est fait contre lui.
Toutes les initiatives politiques qu'il va prendre de 1957 à 1966 sont autant d'efforts pour contrecarrer la ligne établie par le VIIIe Congrès en court-circuitant au besoin les instances dirigeantes du PCC.
C'est donc à la fois en termes d'idéologie (pour ou contre le maoïsme) et de lutte pour le pouvoir qu'il convient d'analyser les soubresauts que va connaître la Chine jusqu'à la mort de Mao.
Le maoïsme comme stratégie et comme idéologie
Le maoïsme lui-même, par son empirisme et son opportunisme (puisque rechercher la vérité dans les faits, comme le dit Mao dès 1941, peut conduire à la modification radicale d'une ligne, par exemple passer de la sacralisation du parti à son dénigrement pendant la Révolution culturelle) peut apparaître en partie comme une justification pseudo-théorique pour conserver ou reconquérir le pouvoir. Mao, sans hésiter à puiser dans la tradition taoïste et à citer Laozi, affirme que la Chine doit résoudre la contradiction « entre les lois objectives du développement économique de la société socialiste et la connaissance subjective » des communistes. C'est-à-dire qu'il considère comme inévitables les erreurs dans l'édification de la nouvelle société, tout en appelant à en tirer des enseignements.
Le maoïsme est également une conception particulière du marxisme où la paysannerie se voit dotée d'un potentiel révolutionnaire supérieur à celui de la classe ouvrière, où l'armée a un rôle particulier à jouer en temps de paix, où la grandeur de la Chine est un objectif essentiel, où le moralisme et le volontarisme doivent permettre l'avènement d'une société égalitaire.
La campagne des Cent Fleurs
En février 1957, Mao reprend l'initiative par un discours attaquant la bureaucratie communiste et demandant aux intellectuels comme aux membres des partis alliés de critiquer le PCC (« Que cent fleurs s'épanouissent, que cent écoles rivalisent »). Pour la première fois depuis 1949, Mao met en cause un parti dont il est le président. Après quelques hésitations, les critiques fusent de toute part contre le PCC mais aussi contre Mao lui-même. Le mouvement (sorte de révolution culturelle avortée) est allé trop loin. Mao fait alors bloc avec le parti et prend la tête d'une campagne contre les « droitistes » : près d'un demi-million de personnes se retrouvent dans des camps de rééducation.
2.4. Le Grand Bond en avant et ses suites (1958-1965)

Un immense élan de volontarisme
En mai 1958, le moment est venu pour Mao de lancer le Grand Bond en avant. Il s'agit, en réalisant une mobilisation sans précédent des masses, d'accélérer la rupture avec les traditions réactionnaires de la Chine ancestrale et de rattraper économiquement la Grande-Bretagne en quinze ans. Tandis que le travail manuel est exalté, que des milliers de fonctionnaires du parti sont envoyés aux champs, de grands chantiers s'élèvent un peu partout, les hauts-fourneaux de poche se généralisent et des communes populaires sont créées. C'est dans ce contexte qu'apparaît en mai 1958 le concept de « révolution permanente » ou « révolution ininterrompue ». Même si c'est Liu Shaoqi qui a le premier utilisé l'expression, cette théorie est au cœur du maoïsme et connaîtra une grande fortune avec la Révolution culturelle.
Un bilan désastreux
Cependant, dès la fin de 1958, le Grand Bond en avant apparaît comme un énorme gâchis : les récoltes pourrissent dans les champs ; pour fabriquer un acier inutilisable on a fondu des outils agricoles et des ustensiles ménagers dont on manque cruellement ; la disette se répand partout. S'il est difficile d'évaluer le coût humain du Grand Bond en avant, l’historien Yang Jisheng (Stèles. La Grande Famine en Chine, 1948-1961, 2012) parle aujourd'hui de 36 millions de morts !
C'est à ce moment que Mao démissionne de la présidence de la République ; retrait volontaire ou injonction du parti ? On ne sait. Il est remplacé en avril 1959 par Liu Shaoqi, dont les vues plus modérées sont connues, mais Mao obtient en août de la même année la destitution du chef de l'armée Peng Dehuai qui, avec d'autres, a critiqué l'irréalisme du Grand Bond en avant et qui, par ailleurs, est favorable à une collaboration militaire avec l'URSS.
 La rupture avec l’URSS (1960)
Or, c'est justement durant cette période que se distendent les liens entre la Chine et l'URSS. En juillet 1958, Mao reçoit Khrouchtchev, qui émet des réserves sur les communes populaires et prêche la modération vis-à-vis de Taïwan. Depuis des années, les Soviétiques apprécient peu que les Chinois mettent en avant l'exemplarité de leur révolution pour le tiers-monde et le caractère exceptionnel de la pensée de Mao. Un mois plus tard, affichant son indépendance, Mao entame les bombardements sur l'île taïwanaise de Quemoy. En juin 1959, l'URSS dénonce l'accord sino-soviétique d'octobre 1957 prévoyant la fourniture des secrets de l'arme atomique à la Chine. La rupture intervient en 1960. Les nombreux incidents de frontière sino-soviétiques à partir de 1961 peuvent être interprétés comme une diversion aux difficultés internes chinoises mais aussi une opposition de plus en plus radicale à l'hégémonie du PCUS sur le mouvement communiste et de l'URSS sur le camp socialiste.
La préparation de la Révolution culturelle (1962-1966)
Ce n'est qu'en janvier 1962, devant la croissance de l'opposition du parti, emmenée par Liu Shaoqi, que Mao reconnaît l'échec du Grand Bond en avant.

Affiche pour la révolution culturelle prolétarienneAffiche pour la révolution culturelle prolétarienne
Mais, pour réduire ses adversaires au sein du PCC, il multiplie entre 1962 et 1966 les initiatives qui préparent au grand affrontement avec le parti que sera la Révolution culturelle : en septembre 1962, il estime que la Chine est menacée par une restauration du capitalisme et par l'opposition des intellectuels ; à partir de 1963, sa quatrième épouse, Jiang Qing, commence à jouer un rôle dans la politique culturelle du parti dans le sens de l'intransigeance idéologique ; en mai 1964 paraît la première édition des citations du président Mao (Petit Livre rouge) dont Lin Biao se sert aussitôt pour développer dans l'armée le culte de Mao ; en 1965, Mao critique Liu Shaoqi et Deng Xiaoping ; enfin, le 17 mars 1966, devant le Bureau politique, il propose de déclencher contre les intellectuels une révolution culturelle et, en avril, est constitué le petit groupe de la Révolution culturelle avec Jiang Qing, Chen Boda, Kang Sheng. Leur rôle est de traquer les éléments « bourgeois » dans le parti, l'armée, le gouvernement.
2.5. La Révolution culturelle (1966-1976)

Mao Zedong et Lin Biao
Mao Zedong et Lin Biao
Mao Zedong et Lin BiaoLa Révolution culturelle prolétarienne
Entreprise utopique qui projette d'éliminer les Quatre Vieilleries (vieilles idées, culture, coutumes et habitudes) et de « créer l'homme nouveau », la Révolution culturelle se veut une nouvelle phase de la lutte des classes : il s'agit d'éliminer tous ceux qui retardent « l'édification du socialisme ». Mao estime qu'on ne peut atteindre ce résultat que par une nouvelle révolution. Lui-même se retire alors à Hangzhou tandis que la Chine commence à connaître une agitation de plus en plus vive.
Un premier sommet (1966-1968)
Durant deux ans, les manifestations d'étudiants et de lycéens se multiplient, accompagnées de multiples violences physiques, contre les hiérarchies de l'université et du parti. Dès le 6 août 1966, des millions de gardes rouges, étudiants en majorité, défilent à Pékin devant Mao qui justifie leur rébellion. Mais les résistances de la population et du parti sont si fortes que Mao lance un appel à l'armée pour soutenir les gardes rouges. Le parti est finalement brisé, mais, le chaos continuant, Mao décide en juillet 1968 de rétablir l'ordre en s'appuyant sur l'armée et sur les ouvriers des usines : sous couvert de régénération au contact des réalités, des millions de jeunes sont envoyés dans les campagnes.
Une fragile normalisation (1969-1971)
Lorsque le IXe Congrès du PCC se réunit en avril 1969, la référence à la pensée de Mao, supprimée en 1956, est rétablie. Dans le nouveau Comité central dominent deux groupes distincts se réclamant également de Mao : celui de Jiang Qing et celui de Lin Biao. Ce dernier, désigné comme le successeur de Mao, paraît d'abord l'emporter. Il développe la militarisation de la société et un culte outrancier du « Grand Timonier » Mao. Pourtant, celui-ci désapprouve ces excès. Il semble que Lin Biao, sentant venir sa disgrâce, ait préparé un complot, mais il s'enfuit et, selon la thèse officielle, trouve la mort dans un accident d'avion en septembre 1971.
Un impact mondial
Nixon et MaoNixon et Mao
Peu soucieux de laisser le champ libre à Jiang Qing, Mao rappelle bientôt les membres du parti écartés depuis 1966. À la faveur de la Révolution culturelle, interprétée par le régime et par ses partisans à l'étranger – malgré les nombreuses victimes qu'elle fit – comme un grand mouvement de pureté révolutionnaire opposé au dogmatisme, à la bureaucratie, à l'impérialisme américain comme à l'« hégémonisme » soviétique, le maoïsme ainsi entendu touche tous les continents, exalte la jeunesse de nombreux pays et influence le mouvement communiste mondial, suscitant ici et là des scissions au sein des PC sans pourtant supplanter globalement l'influence soviétique. Dans la pratique, cependant, Mao prend des positions surprenantes en politique étrangère : rapprochement avec les États-Unis (visite de Richard Nixon en février 1972), soutien au chah d'Iran, Mohammad Reza Pahlavi, et au général Pinochet (1975).
Ultimes retournements et mort de Mao (1971-1976)
Les dernières années de Mao sont dominées par la maladie, aggravée par un genre de vie sédentaire et son refus de se faire soigner. Au Xe Congrès du PCC, en août 1973, apparaissent autour de sa personne deux groupes distincts : celui des jeunes radicaux dogmatistes avec Jiang Qing (→  Bande des Quatre) et celui des vétérans empiristes du parti avec Zhou Enlai et Deng Xiaoping, revenu au premier plan. Mao apporte d'abord son soutien au groupe de Zhou, et Deng est promu vice-président du PCC et premier des vice-Premiers ministres après Zhou.
Puis, tandis que sa santé se détériore, Mao passe en 1975 sous l'influence de son neveu Mao Yuanxin, proche de Jiang Qing. Après la mort de Zhou Enlai, le 8 janvier 1976, les attributions de Deng lui sont retirées et Mao fait de Hua Guofeng à la fois le Premier ministre et le premier vice-président du PCC. La lutte couve entre le groupe de Hua et la Bande des Quatre lorsque, le 9 septembre 1976, Mao meurt.
2.6. L’héritage de Mao

L'arrestation peu après de la Bande des Quatre et le retour de Deng en 1977 marquent la fin de la période inaugurée par Mao depuis 1958 et préparent l'ouverture future de la Chine à une économie de marché contrôlée.
Deng Xiaoping engage, à partir de 1978, un processus de « démaoïsation ». Dans ce contexte nouveau, le rôle de Mao fait l'objet d'une réévaluation critique (en 1979, le Grand Bond en avant est qualifié de « Grand Bond en arrière »).
EN SAVOIR PLUS
• campagne des Cent fleurs
• Grand Bond en avant
• histoire de la Chine
• Longue Marche
• maoïsme
• marxisme
• parti communiste chinois (PCC)
• Révolution culturelle
Pourtant, le nom du fondateur de la République populaire demeure toujours une référence en Chine, sans doute parce que ce révolutionnaire mythique sert de soupape dans un pays en proie à la corruption généralisée des cadres. Il reste de lui le culte des projets démesurés – le barrage des Trois-Gorges en est un exemple –, l’idée d’une justice sociale distribuée équitablement entre les régions, souvent invoquée devant l’accroissement des inégalités, et l’héritage du parti unique, mais dont ses successeurs, contrairement à lui, se sont efforcés de préserver l’unité.

 

 DOCUMENT      larousse.fr     LIEN

 
 
 
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Grande Révolution culturelle prolétarienne


Affiche pour la révolution culturelle prolétarienne
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Période de l'histoire contemporaine de la Chine ouverte brutalement au printemps de 1966 et achevée en 1976.
Elle commence par une attaque des milieux intellectuels de Shanghai et de Pékin, puis la mairie de Pékin est visée, ses responsables sont destitués. Les jeunes des écoles et des universités s'organisent en associations de gardes rouges ; les cours ne sont plus assurés ; dazibaos, réunions politiques, meetings critiques se succèdent. Les jeunes provinciaux viennent à la capitale et les Pékinois parcourent le pays pour « échanger des expériences révolutionnaires ».

Mao ZedongMao Zedong
Tous se réclament de la pensée de Mao Zedong. La situation n'est plus contrôlée par les autorités administratives et politiques traditionnelles qui sont contestées au plus haut niveau : tels Deng Xiaoping (alors secrétaire général du P.C.C.) et surtout Liu Shaoqi (président de la République). Cependant, les forces en place résistent souvent. Les situations locales sont très diverses, et fréquemment confuses. L'armée, commandée par Lin Biao, intervient. Les jeunes sont envoyés à la campagne pour se rééduquer (1968) et des « comités révolutionnaires », contrôlés en fait par les troupes, sont alors mis en place. Au IXe Congrès (1969), Lin Biao est officiellement présenté comme le dauphin de Mao. Mais, en 1971, il disparaît à son tour, dans des circonstances mystérieuses.

Zhou EnlaiZhou Enlai
Jusqu'au décès de Mao, l'idéologie de la Révolution culturelle sera représentée au sommet par Jiang Qing, dont l'influence sera contrebalancée par celle du Premier ministre Zhou Enlai. Ce n'est qu'en 1976, avec l'arrestation de la Bande des Quatre, que la page sera vraiment tournée. Les réhabilitations se succèdent et les jeunes reviennent de la campagne. On considère aujourd'hui que ces « dix années de troubles » qui ont coûté fort cher au pays, en vies humaines, en destructions et l'ont désorganisé (universités fermées de 1966 à 1972) ont surtout été une tentative de Mao de retrouver l'essentiel du pouvoir, dont il avait été écarté après l'échec du Grand Bond en avant (1958). Mais, à l'époque, les mots d'ordre de « démocratie directe, lutte contre les privilèges, contre les inégalités entre les villes et la campagne » fascinèrent non seulement la jeunesse chinoise, mais aussi celle de bien des démocraties occidentales.

 

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SAINT-PÉTERSBOURG

 

Saint-Pétersbourg


Cet article est extrait de l'ouvrage Larousse « Dictionnaire de la musique ».
Fondée en 1703 par Pierre le Grand, capitale de la Russie de 1715 à la révolution, Saint-Pétersbourg voit se développer une vie musicale dès les premières années de son existence. Les victoires militaires de Pierre le Grand donnent lieu à des fêtes où sont exécutés des kanty (chants panégyriques). En 1711, un oukaze ordonne la formation d'orchestres militaires, lesquels vont fréquemment servir à animer les festivités dans les palais des nobles. Dès les années 1720, des troupes théâtrales, des ensembles et des chœurs allemands, français, italiens, viennent faire des tournées à Saint-Pétersbourg. Pendant plus d'un demi-siècle (1735-1795, années correspondant aux règnes d'Élisabeth Petrovna et de Catherine II), ce seront les maîtres italiens qui domineront la vie musicale pétersbourgeoise. Les compositeurs autochtones apparaîtront à partir des années 1770 et s'imposeront peu à peu, d'abord parallèlement aux Italiens, puis de plus en plus indépendamment.
Francesco Araja est le premier Italien à se produire en Russie avec un opera seria en langue italienne, La Forza dell'amore e dell'odio (1737), suivi d'Alexandre aux Indes (1743), Scipion (1745), Mithridate (1747). En 1755, Araja fait représenter le premier opera seria sur un texte russe de Soumarokov, Céphale et Procris. En 1757, la troupe italienne de l'impresario Giovanni Battista Locatelli donne à Saint-Pétersbourg, puis à Moscou, des représentations d'opera buffa.
Après Araja, Saint-Pétersbourg verra passer successivement Vincenzo Manfredini (1758-1769 et 1798-99), dont l'Olympiade donnée en 1762 ne plaît guère à Catherine II ; Baldassare Galuppi (1765-1768), qui joue un rôle important en tant que directeur de la chapelle impériale, et qui forme les premiers compositeurs russes ; Tommaso Traetta (1768-1775), auteur d'une remarquable Antigone (1772) ; Giovanni Paisiello (1776-1783), qui écrit pour Saint-Pétersbourg son Barbier de Séville (1782), antécédent de celui de Rossini ; Giuseppe Sarti (1784-1802), qui devint le musicien attitré du prince Potemkine et qui fut, comme Galuppi, un pédagogue estimé ; Domenico Cimarosa, maître de chapelle à la cour de 1787 à 1791.
Les Italiens ont trouvé à Saint-Pétersbourg un remarquable matériel humain avec les chanteurs de la chapelle impériale, formation prestigieuse qui descendait d'un chœur de chantres moscovites, et possédait des traditions vocales vieilles de deux siècles. Réservés originellement à la seule musique religieuse, les chœurs de la chapelle se sont scindés en deux parties, au milieu du xviiie siècle, une partie restant attachée à l'art religieux, l'autre passant au service de l'opéra et de la musique profane. L'orchestre de la cour, fondé sous Élisabeth Petrovna, s'est réparti, lui aussi, entre le théâtre et les bals donnés à la cour.
Jusqu'à la fin des années 1770, c'est la cour qui centralise l'essentiel de la vie musicale. Les représentations sont données au théâtre de l'Ermitage, à l'intérieur du palais d'Hiver, en attendant que Catherine II fasse construire le grand théâtre en annexe du palais. Mais à Saint-Pétersbourg, les représentations et les concerts publics se multiplient rapidement dans les palais et les hôtels particuliers appartenant à la noblesse, chez les Razoumovski, les Stroganov, le général Stcherbatchov, au théâtre du Corps des pages.
La croissance architecturale de la ville favorise l'extension de la vie musicale puisqu'elle fournit des locaux ; certains mécènes font construire spécialement des bâtiments pour les spectacles, ainsi le comte Yagoujinski. En 1779, l'entrepreneur Knipper organise des représentations d'opéras au Théâtre de Bois (ancien Théâtre allemand) ; en 1783, le Grand Théâtre de pierre est construit, dans lequel vont alterner des œuvres italiennes, françaises et russes. Le journal les Nouvelles de Saint-Pétersbourg passe des annonces de cours de piano et de harpe. Des cours de musique sont organisés à l'Académie des beaux-arts, dans les pensionnats et les collèges. Parmi les musiciens étrangers de passage à Saint-Pétersbourg, il faut citer le violoniste et compositeur Antonio Lolli, l'abbé Vogler, le clarinettiste Anton Stadler, le violoniste français Paisible.
C'est à Saint-Pétersbourg que sont représentés les premiers opéras-vaudevilles russes. En 1772 est joué Aniouta sur un texte de Mikhaïl Popov, dont la musique est perdue. En 1779, le Meunier, sorcier fourbe et marieur de Sokolovski, que l'on s'accorde à considérer comme le premier opéra russe connu. Les vingt dernières années du siècle sont dominées par deux noms russes : Pachkévitch, chef d'orchestre du théâtre Knipper, auteur de l'Auberge de Saint-Pétersbourg (1782), l'Avare (1782), les Débuts du règne d'Oleg (1790, en collaboration avec Sarti et Cannobio, sur un livret de Catherine II) ; et Fomine, qui se révèle en 1786 à l'Ermitage avec le Preux Boïeslavitch de Novgorod, suivi des Cochers au relais (1787) et du remarquable mélodrame Orphée et Eurydice (1792). À la même époque (à partir de 1775), Saint-Pétersbourg découvre l'opéra-comique français de Grétry, Philidor, Favart, Monsigny, dont l'influence s'exerce sur les Russes parallèlement à celle de l'opéra italien.
En 1796, la chapelle impériale, dirigée jusque-là par des Italiens, passe aux mains de Bortnianski, qui en assure la direction jusqu'en 1825.
Dans le premier tiers du xixe siècle, la vie musicale pétersbourgeoise reste passablement occidentalisée. De 1801 à 1811, c'est Boieldieu qui est le musicien attitré de la cour. Il faudra attendre 1836, avec la représentation de la Vie pour le tsar de Glinka au théâtre Marie, puis son Rouslan et Ludmilla en 1842, pour que les bases de l'école russe s'affirment à Saint-Pétersbourg, en dépit des réticences d'une partie de la noblesse. Pendant ce temps, les musiciens étrangers les plus prestigieux se succèdent à Saint-Pétersbourg : Liszt (1843), Schumann (1844), Berlioz (1847, second voyage en 1867-68). En 1862, Verdi fait représenter à Saint-Pétersbourg la Force du destin.
L'essor de la musique nationale va correspondre avec la formation du groupe des Cinq, rassemblé à Saint-Pétersbourg autour de Balakirev en 1857-1862, et dont le mentor est le critique d'art Vladimir Stassov. En 1862, Balakirev fonde l'École gratuite de musique, dont les concerts révèlent les œuvres de la jeune génération russe. De son côté, le conservatoire de Saint-Pétersbourg, fondé la même année par Anton Rubinstein, avec un effectif pédagogique presque exclusivement étranger (parmi lesquels Leschetitski en piano, Wieniawski en violon), prône l'enseignement musical d'après les traditions occidentales. Avec l'entrée de Rimski-Korsakov au conservatoire, comme professeur de composition (1871), les deux tendances, russe et occidentale, vont peu à peu s'y équilibrer.
Au théâtre Marie, inauguré en 1860, les représentations d'opéras russes se succèdent : Judith (1863) et Rogneda (1865) de Serov, Boris Godounov (1874) de Moussorgski, le Démon (1875) de Rubinstein, la Nuit de mai (1880), Snegourotchka (1882) de Rimski-Korsakov, l'Enchanteresse (1887), la Dame de pique (1890) de Tchaïkovski, le Prince Igor (1890) de Borodine. La plupart de ces créations sont dirigées par Félix Napravnik, chef d'orchestre du théâtre de 1869 à 1914.
En 1883, la direction de la chapelle impériale est confiée à Balakirev, qui prend Rimski-Korsakov comme assistant. En même temps, un nouveau cénacle, prenant la relève du groupe des Cinq depuis longtemps désuni, se rassemble autour du mécène Mitrofan Belaiev. Il est constitué de Rimski-Korsakov et de plusieurs de ses élèves, notamment Glazounov et Liadov. En 1885, Belaiev fonde les Concerts symphoniques russes dont Rimski-Korsakov prend la direction.
Un événement important est la représentation de la Tétralogie de Wagner à Saint-Pétersbourg au cours de la saison 1888-89.
Depuis le milieu du siècle, il existe à Saint-Pétersbourg plusieurs importantes maisons d'éditions musicales dont Bessel (1869), Jurgenson (1870) et Belaiev (1885). La critique musicale est représentée par Stassov, César Cui, Hermann Laroche, dans les Nouvelles de Saint-Pétersbourg, le Messager théâtral et musical, la Revue musicale (Mouzykalnoie Obozrenie) ; en 1894, le musicologue Findeisen fonde la Gazette musicale russe qui existera jusqu'en 1918. À la veille de la révolution, André Rimski-Korsakov, le fils du compositeur, fonde et dirige la revue musicologique le Contemporain musical, à laquelle est adjointe une Chronique rendant compte de l'essentiel de la vie musicale de la capitale.
Vers la fin du xixe siècle, les activités musicales de Saint-Pétersbourg cèdent le pas à celles de Moscou. Néanmoins, c'est du conservatoire de Saint-Pétersbourg que sortiront les deux révolutionnaires russes de la musique, Stravinski et Prokofiev, qui consomment la rupture avec la tradition académique de l'enseignement prodigué au conservatoire.
En 1905, à la suite des agitations consécutives aux événements politiques, la direction du conservatoire fut confiée à Aleksandr Glazounov. Au cours de la période 1905-1917, le corps professoral était constitué, entre autres, d'Essipova (piano), Auer (violon), Verjbilovitch (violoncelle, jusqu'en 1911), Liadov (harmonie, composition), Steinberg (composition, à partir de 1908), Glazounov (composition), Yerchov (classe d'opéra), Nicolas Tcherepnine (direction d'orchestre). En 1900-1912, les Soirées de musique contemporaine ont fait connaître les œuvres de Debussy, Strauss, Reger, Mahler, Schönberg, ainsi que celles de Prokofiev, Stravinski, Miaskovski.

 

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MARCO POLO

 

Marco Polo

Cet article fait partie du dossier consacré aux grandes découvertes et du dossier consacré aux grands explorateurs.
Voyageur vénitien (Venise 1254-Venise 1324).
Accompagnant son père et son oncle, négociants à Venise, Marco Polo prit dès 1271 la route de Pékin à travers l'Asie centrale et arriva en 1275 à Shangdu, résidence de l'empereur Kubilay Khan. Celui-ci lui ayant confié diverses missions, il parcourut le pays pendant seize ans. Rentré à Venise (1295), il fit le récit de son voyage dans le Livre des merveilles du monde (dit encore Il Milione, ou le Devisement du monde), extraordinaire description de la Chine mongole.
1. L'épopée en famille

Caravane de Marco Polo
D'origine dalmate, les Polo s'établissent à Venise au début du xie siècle et y deviennent de prospères négociants. Le père de Marco, Niccolo, et son oncle, Matteo, inaugurent avec éclat la vocation exploratrice de la famille, puisqu'ils transforment une tournée commerciale en un immense voyage qui les conduit à Boukhara, puis jusqu'à Khanbalik (Pékin), où le Grand Khan, curieux de voir des « Latins », les a conviés. Partis en 1255, ils ne sont de retour qu'en 1269, avec un message de Kubilay Khan, petit-fils de Gengis Khan, pour le pape : le chef des chrétiens est amicalement invité à envoyer d'autres visiteurs en Chine.
Dès 1271, les deux frères repartent avec Marco (né le 15 septembre 1254). Le récit de Marco Polo commence à Ayas (Lajazzo en italien), en Cilicie, sur la Méditerranée orientale. Par l'Arménie, les voyageurs gagnent les régions de l'actuelle Géorgie, puis le golfe Persique. Se dirigeant vers le nord, ils traversent la Perse et, reprenant le vieil itinéraire de la route de la soie, s'enfoncent dans les montagnes d'Asie centrale. La traversée du Pamir les conduit à Kachgar, puis à Yarkand et à Khotan. Après les déserts entourant le Lob Nor, ils atteignent la première cité véritablement chinoise (Ganzhou) : c'est le premier contact de Marco Polo avec la civilisation d'Extrême-Orient et avec une religion presque inconnue, le bouddhisme. Les Polo s'arrêtent une année entière à Ganzhou, où les affaires sont très profitables.
Le voyage reprend en 1275, lorsque le Grand Khan envoie une escorte pour convoyer les visiteurs jusqu'à sa résidence d'été, à Shangdu (aujourd'hui Kaiping), au nord-est de la capitale Khanbalik. Le souverain, qui apprécie l'intelligence de Marco, le prend sous sa protection. Il lui confie diverses missions – notamment en qualité d'administrateur des gabelles –, qui lui font parcourir tout le pays. Le Vénitien reste ainsi seize ans au service du Grand Khan.
Mais le désir de revenir à Venise se fait finalement sentir. Kubilay finit par accepter de se séparer des trois Latins. Il leur confie une dernière mission en 1292 : convoyer une princesse destinée à épouser un khan de Perse. Par le détroit de Malacca, les Vénitiens atteignent Ceylan, puis la côte occidentale du Deccan. Ayant accompli leur mission à Ormuz, en Perse, ils gagnent ensuite Trébizonde et la mer Noire par la terre, enfin Constantinople et Venise (1295).
2. La révélation de la Chine mongole

Saint Athanase
En 1296, Marco Polo est fait prisonnier au cours d'une bataille navale opposant Gênes à Venise. Transporté à Gênes, il y est incarcéré. C'est là qu'en 1298 il dicte ses souvenirs à son compagnon d'infortune, le trouvère Rusticien de Pise. À sa parution, le Livre des merveilles du monde est beaucoup plus qu'un simple récit de voyage. C'est un tableau géographique, ethnique et économique de la Chine à l'apogée de la dynastie mongole, un répertoire de ses croyances, de ses rites et de ses institutions, une anthologie des fables concernant son passé légendaire, une chronique enfin de seize ans de son activité politique. Ce qui frappe le plus le Vénitien, outre les magnificences de la capitale Khanbalik, c'est à la fois l'organisation administrative de l'immense pays, l'incomparable système des postes, les réalisations de travaux publics (routes, ponts et canaux), celles de l'artisanat – en particulier le travail de la soie –, l'utilisation, enfin, du papier-monnaie.
Le Livre des merveilles du monde jouera un rôle considérable dans le développement des mythes relatifs aux richesses de la Chine et des contrées voisines. Il marquera profondément l'imaginaire européen. Toutes les grandes découvertes des Temps modernes sont en effet nées de ce livre : les expéditions de Vasco de Gama et de Christophe Colomb ne seront entreprises que pour partir à la conquête des fabuleux trésors qu'il révèle, en contournant l'obstacle musulman qui s'oppose alors à la pénétration occidentale en Chine.
Libéré en 1299, Marco Polo passe le reste de sa vie dans sa cité natale, où il reprend pleinement sa place dans le monde des marchands vénitiens. Il décède le 8 janvier 1324, à près de 70 ans.
3. Un best-seller médiéval

Benoît XIIBenoît XII
Rédigé par Rusticien de Pise dans un français mêlé de vénitien, le manuscrit original du Livre des merveilles du monde est perdu, mais le succès du récit a été tel qu'il fut aussitôt transcrit dans la plupart des langues romanes et en latin. On en connaît 143 manuscrits, les plus remarquables étant le manuscrit franco-italien de la Bibliothèque nationale de France (début du xive siècle), la version latine de Fra Pipino (Florence, 1320), le Livre des merveilles du monde du duc Jean de Berry (BNF, 1400) et la version italienne dite « de Ramusio » (Navigationi e viaggi, 1559).
La découverte à Milan d'un manuscrit de 1795 – copie d'un exemplaire latin de 1470 retrouvé ensuite à Tolède – a donné lieu à trois remarquables éditions, établies en italien par Luigi Fascolo Benedetto (Florence, 1928, et Turin, 1962), en anglais par Arthur Christopher Moule et Paul Pelliot (Londres, 1938) et en français par Louis Hambis (Paris, 1955).

 

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