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LE JAPON - HISTOIRE

 

JAPON : HISTOIRE
1. Préhistoire et protohistoire
1.1. La période Jomon
1.2. La période Yayoi
1.3. La période des tumulus
1.4. Le Kojiki et le Nihon Shoki
2. La période d'Asuka (milieu du vie s.-début du viiie s.)
3. La période de Nara (710-794)
4. La période de Heian (794-1185/1192)
5. La période de Kamakura (1185/1192-1333)
6. La période Ashikaga ou de Muromachi (1333-1582)
7. L'ère des dictateurs (1582-1616)
8. La période d'Edo ou des Tokugawa (1616-1868)
9. L'ère Meiji (1868-1912)
10. Les suites de l'ère Meiji (1912-1927)
11. La montée du militarisme (1927-1937)
12. La seconde guerre sino-japonaise : 1937-1945
12.1. L'entrée en guerre
12.2. L'offensive générale
12.3. La capitulation
Japon : histoire
Meiji Tenno
Multimillénaire, l'histoire du Japon est jalonnée de ruptures. Après l'intrusion plus ou moins brutale de tribus continentales au iiie s. avant notre ère, la naissance, neuf siècles plus tard, d'un État unifié sous l'égide d'un dynastie impériale aux origines obscures, constitue la deuxième rupture. Aux alentours de l'an 1000, cet État s'effondre dans les guerres incessantes que se livrent les clans des Minamoto et des Taira ; à l'État centralisé succède la féodalité. L'affaiblissement du pouvoir shogunal plonge l'empire dans deux siècles d'anarchie sanglante (xve s.-xvie s. et marque la quatrième rupture. Les Tokugawa pacifient le pays et forgent un État centralisé et moderne, dans lequel se constituent de puissantes dynasties marchandes ; le pays est fermé au monde ; cette nouvelle rupture ouvre la période d'Edo (1616-1868), souvent considérée comme la « matrice du Japon moderne ». L'avènement de l'empereur Mutsuhito ouvre l'ère Meiji (1868-1912), caractérisée par un processus de modernisation économique et politique qui transforme un archipel replié sur lui-même en un empire agressif et expansionniste : guerre sino-japonaise (1894-1895), guerre russo-japonaise (1904-1905), annexion de la Corée (1910). Contraint par les Occidentaux à limiter son expansion coloniale (traité de Washington, 1921-1922), atteint par la crise de 1929, alors que la pression démographique devient insoutenable, le Japon connnaît une nouvelle rupture avec la montée du militarisme (1930-1945). Au lendemain de sa défaite en 1945, le Japon impérial entame sa mue en une démocratie officiellement pacifiste et transpose sur le plan économique son énergie et son appétit d'expansion.
1. Préhistoire et protohistoire

La conquête de l'archipel par les JaponaisLa conquête de l'archipel par les Japonais
Les îles du Japon sont peuplées, dès avant le VIIIe millénaire avant notre ère, par des populations provenant probablement du continent nord-asiatique et qui étaient au stade du paléolithique supérieur (ou tout au moins mésolithique). On distingue dans la préhistoire du Japon plusieurs phases, la plus ancienne étant qualifiée de pré-Jomon ou précéramique. Lui succède une culture céramique de type particulier (à impressions de cordes, d'où son nom de Jomon), qui durera jusqu'au iiie s. avant notre ère dans le sud du Japon, mais se continuera parfois jusqu'au xe s. dans le Nord.
1.1. La période Jomon

Cette longue période de « mésolithique attardé », au développement assez lent, est caractérisée par des poteries à fond plat ou pointu, décorées de reliefs sur leurs bords, et par l'utilisation d'un outillage de pierre. Ces objets appartiennent à des populations clairsemées de chasseurs-ramasseurs et de pêcheurs au harpon, demeurant dans des cabanes de bois à demi enterrées, rectangulaires ou rondes. Vers le milieu de la période (Ve-IVe millénaire avant notre ère), les poteries commencent de s'orner de décors fantastiques en relief et de figures anthropomorphes. La pierre polie se substitue progressivement à la pierre taillée, sans toutefois la supplanter complètement. Vers la fin de la période, la poterie se simplifie et apparaissent des mortiers plats en pierre, servant à broyer les graines alimentaires. On peut déjà discerner des éléments de cultes du foyer. Les techniques de chasse et de pêche se perfectionnent et des filets sont utilisés pour attraper le poisson. .
Pour en savoir plus, voir l'article Jomon.
1.2. La période Yayoi

Vers le iiie s. avant J.-C., dans le nord du Kyushu, apparaît un nouveau peuple en provenance du sud de la Chine. Ces Yayoi (du nom d'un quartier de Tokyo où, en 1884, ont été découvertes les premières poteries : yayoishiki) apportent avec eux la technique de la culture du riz. Leur céramique, montée au tour et cuite à une température plus élevée, a des formes inspirées de la poterie des Han et de la Corée. Dans le même temps apparaissent, dans l'extrême nord des îles, des populations venues de Sibérie, apparentées aux Caucasoïdes, les Aïnous, qui se mélangent aux peuples Jomon attardés. Dans le reste des îles, les populations Jomon sont progressivement refoulées dans les montagnes par les néolithiques Yayoi, qui utilisent de nouvelles techniques : métallurgie du fer et du bronze, tissage, tour de potier, etc. Parmi les objets métalliques, on distingue des armes rituelles, des miroirs et des dotaku.

Dotaku

Mot japonais désignant des cloches de bronze sans battant de l'époque Yayoi (IIe siecle av J.C.-IIIe siecle apr. J.-C.), de forme semi-cylindrique et souvent ornées d'un décor en léger relief.

Les paysans Yayoi sont organisés en petites communautés ou chefferies, dont le roi est en même temps le grand prêtre. Ils construisent des maisons d'un type nouveau inspiré de celles, sur pilotis, du sud de la Chine et enterrent leurs morts dans des cistes ou des urnes. De cette époque date probablement la « mongolisation » de la population, une certaine sinisation des mœurs et une organisation religieuse et politique particulière.
Pour en savoir plus, voir l'article Yayoi.
1.3. La période des tumulus


Vers le milieu du iiie s. de notre ère, des groupes de cavaliers-guerriers venus de Corée pénètrent dans le Japon méridional et s'installent en maîtres. Ces familles « aristocratiques » s'imposent facilement aux paysans Yayoi et entrent en lutte contre les populations de « sauvages » réfugiées dans les montagnes et le nord des îles. Ces cavaliers-archers d'origine altaïque, bardés de fer et montés sur de grands chevaux, deviennent les chefs des communautés villageoises et les organisent en « États ». Ils se font inhumer dans des tumulus de très grandes dimensions appelés kofun, sous lesquels sont ménagées des chambres funéraires, dont certaines ont un plan en « entrée de serrure », qui semble particulier au Japon. Autour des tumulus sont rangés des cylindres de terre cuite (haniwa), parfois surmontés de représentations humaines ou animales. Ces guerriers apportent également aux paysans Yayoi de nouvelles croyances (chamanisme sibérien), des mythes et un schéma d'organisation sociale en clans. Ceux-ci, en se groupant, forment des sortes de royaumes qui ne tardent pas à entrer en lutte les uns contre les autres. Il n'y a pas alors de distinction politique entre les îles du Japon et le sud de la Corée : celle-ci ne se fera que plus tard, alors qu'à la suite des luttes internes un groupe de clans arrivera à dominer tous les autres dans les îles.
1.4. Le Kojiki et le Nihon Shoki

Le clan souverain du Yamato (région du sud de Kyoto), une fois sa position solidement établie, va prétendre à l'empire, et son roi (miyatsuko) prendra aussitôt le titre chinois d'empereur (tenno). Assez tardivement (en 712 et 720), les nouveaux empereurs, afin de légitimer leur emprise, font rédiger une « histoire » du Japon, faisant descendre leur lignée de la déesse du Soleil, Amaterasu. Les deux ouvrages ainsi rédigés à la gloire des tenno, le Kojiki et le Nihon Shoki, sont les seules sources (ou à peu près) que nous ayons pour établir une histoire du Japon avant l'arrivée du bouddhisme (venu de Corée vers 538). On y apprend qu'un empereur Jimmu, petit-fils d'Amaterasu, aurait fondé l'empire, que des guerres auraient opposé le Mimana (sud de la Corée) au Yamatai (nord de Kyushu ?), dans lesquelles se seraient illustrés l'« impératrice » Jingu et son fils Ojin. Le sud de Kyushu fut à son tour conquis sur les autochtones. Ces luttes provoquèrent un afflux considérable de Coréens au Japon, qui y apportèrent leurs mythes et croyances, ainsi que de nombreuses techniques nouvelles héritées des Chinois : tissage de la soie, écriture, poterie vernissée, architecture, doctrines confucéenne et taoïque, ainsi que des rudiments de culture chinoise. On date généralement de 538 (introduction officielle du bouddhisme coréen) le début de la période historique du Japon.
Pour en savoir plus, voir les articles bouddhisme, Confucius, confucianisme.
2. La période d'Asuka (milieu du vie s.-début du viiie s.)

538-587 : la royauté étant établie en Yamato, des ambassades commencent de s'échanger avec les cours coréenne et chinoise. Des Japonais vont étudier en Chine et des moines bouddhistes coréens s'installent à la cour, ce qui provoque une guerre civile entre les clans Soga (partisans de l'adoption du bouddhisme et de la civilisation chinoise) et Mononobe (partisans des cultes indigènes, appelés shinto, et de l'isolement politique du Yamato). Les Soga finissent par l'emporter ; ils font élever un temple de type coréen à Asuka, alors résidence temporaire de la cour.
628 : après la mort du prince Shotoku (en 622), neveu de l'impératrice Suiko (593-628), un code de lois en 17 articles est promulgué. Shotoku a fait construire de nombreux temples bouddhiques. Textes chinois, bouddhiques et confucéens, techniques, idées politiques affluent au Japon.
645 : le clan Nakatomi réussit à éliminer celui des Soga, alors tout-puissant, et établit un système de gouvernement calqué sur celui de la Chine des Tang (code de l'ère Taika), un système d'« ères », et préconise une distribution idéale des terres aux paysans, assiette d'un système d'impôts inspiré de celui alors en vigueur en Chine.
663 : défaite des troupes japonaises en Corée ; les liens politiques sont rompus avec le continent, mais de très nombreux Coréens accompagnent les Japonais dans leur retraite et s'établissent dans les îles.
672 : l'empereur Temmu fait appliquer plus strictement le code Taika et entreprend de faire rédiger un code plus complet, celui de l'ère Taiho (701).
3. La période de Nara (710-794)

Six sectes bouddhiques, installées près de Nara et de la cour d'Asuka, imposent leurs conceptions, mais le peuple n'y a point de part.
Petit lexique du Japon féodal
PETIT LEXIQUE DU JAPON FÉODAL

bakufu
Gouvernement militaire.
daimyo
Seigneur local.
fudai
Samouraï vassal dépendant directement de Tokugawa Ieyasu et qui avait combattu à ses côtés à Sekigahara (1600).
hatamoto
Samouraï placé sous la vassalité directe du shogun et non d'un daimyo. Sous les Tokugaya, les hatamoto furent au nombre de 80 000.
kampaku
Titre d'une fonction équivalent à celle de régent. Les Fujiwara, les premiers à l'assumer, exercèrent en fait une véritable dictature du Xe au XIIesiecle
ronin
Samouraï qui, volontairement ou non, quittait le service de son maître et se mettait à parcourir le pays en quête d'aventures.
samouraï
Guerrier placé au service d'un daimyo. Les samouraïs développèrent un idéal d'honneur et de fidèlité exacerbé.
shikken
Lieutenant d'un shogun. La fonction fut créée par les premiers shogun de Kamakura (XIIesiecle). En 1199, cette charge échut à la famille des Hojo, qui la rendirent héréditaire, puis gouvernèrent sous ce titre à la place des shogun de Kamakura.
shogun
1. À l'origine, chef militaire japonais en campagne contre les Aïnous.
2. Dictateur militaire du Japon de 1192 à 1867.
tandai
Titre donné, sous le shogunat de Kamakura (1192-1333), aux gouverneurs militaires de certaines régions, principalement Kyoto et le Kanto.
tozama
Nom donné aux daimyo qui ne se soumirent au shogun Tokugawa Ieyasu qu'après la bataille de Sekigahara (1600) et la chute du château d'Osaka (1615). Ils bénéficiaient d'une plus grande indépendance de fait que les fidèles de Ieyasu, appelés fudai.
710 : achèvement du code de l'ère Taiho, promulguant une nouvelle distribution des terres, précisant les droits et devoirs de chacun et instituant un système militaire et social nouveau.
712 : rédaction officielle du Kojiki. La cour s'établit définitivement à Nara, abandonnant l'habitude de changer de lieu de résidence à la mort de chaque souverain. Les paysans, trop imposés, s'évadent des terres impériales pour se réfugier sur celles des seigneurs ou des monastères, ce qui affaiblit le pouvoir impérial au profit des chefs de clans et des communautés religieuses.
741 : l'empereur Shomu fait construire des temples bouddhiques dans toutes les provinces, afin de prier pour la prospérité, ce qui affaiblit financièrement les chefs de clans obligés de participer à la dépense.
743 : l'empereur permet la possession individuelle des terres nouvellement défrichées ; c'est l'origine des grands domaines féodaux. Épidémie de variole : pour apaiser les divinités, on élève un grand temple, le Todai-ji, à Nara (alors appelée Heijokyo) et on y installe une grande effigie du Bouddha en bronze, en 749.
751 : première anthologie officielle de poèmes, le Kaifuso, rédigée en chinois.
754 : le moine bouddhiste Ganjin arrive de Chine avec des élèves et de nombreux techniciens.
756 : l'impératrice douairière Komyo fonde un musée (le Shosoin), encore intact de nos jours.
770 : à la mort de l'impératrice Shotoku, le moine Dokyo, qui avait usurpé tous les pouvoirs, est chassé, et les ministres refusent désormais de laisser le trône à des femmes.
784 : l'empereur Kammu, afin de se libérer de l'emprise des moines bouddhistes de Nara, fonde une nouvelle capitale à Nagaoka, puis, dix ans plus tard, une autre à Heiankyo (Kyoto), qu'il fait édifier sur le plan en damier de la capitale des Tang, Changan (aujourd'hui Xi’an). Cette nouvelle cité, inaugurée en 794, demeurera la capitale du Japon jusqu'en 1868.
Pour en savoir plus, voir l'article Nara.
4. La période de Heian (794-1185/1192)

800-803 : le général Sakanoue no Tamuramaro refoule vers l'extrême nord les populations Jomon et Aïnous, qui se faisaient menaçantes ; sur les terres ainsi conquises viennent s'installer des colons guerriers qui s'érigent en clans.
805-806 : deux moines bouddhistes japonais reviennent de Chine, Saicho (Dengyo Daishi) et Kukai (Kobo Daishi), et en rapportent de nouvelles doctrines bouddhiques ainsi que des formes d'art nouvelles. Ils fondent de grands monastères. Une nouvelle écriture syllabique est créée pour transcrire les désinences purement japonaises et permettre aux femmes (lesquelles n'ont pas accès à la culture chinoise) d'écrire. Des académies se créent. Les nouvelles doctrines bouddhiques tentent de concilier les croyances autochtones, les concepts confucéens et taoïques avec les doctrines du bouddhisme.
838 : le Japon tente de se libérer de l'emprise culturelle chinoise et cesse d'envoyer des ambassades, bien que les contacts individuels (moines surtout) continuent. Des réformes sont entreprises pour transformer la société et l'organiser sur des bases bouddhiques.
858 : un ministre du clan Fujiwara, ayant épousé la fille de l'empereur Saga, prend le titre de régent (kampaku). Sa famille détiendra en fait les rênes du pouvoir jusqu'au milieu du xiie s.. Les Fujiwara instaurent une ère de paix et de développement culturel qui fera de leur période l'ère « classique » du Japon.
903 : un adversaire politique des Fujiwara, le ministre Sugawara no Michizane, est exilé et meurt à Kyushu. Le peuple le divinisera sous la forme chinoise du « dieu de la Littérature et de la Calligraphie ». Les Fujiwara et les seigneurs des grands domaines (shoen) lèvent des troupes personnelles parmi les clans de colons guerriers du Nord et de l'Est afin de faire la police et de se protéger contre le banditisme. Le Japon se morcelle en un grand nombre de « grandes propriétés », tandis que la cour, oisive, mène une vie luxueuse et pieuse.
940 : un seigneur du clan des Taira se révolte dans l'Est et ose se proclamer empereur. Les Fujiwara envoient contre lui des troupes empruntées à un autre clan guerrier de l'Est, celui des Minamoto. Les clans des Taira et des Minamoto tentent alors de supplanter les Fujiwara, commencent de se livrer à des guerres de conquête afin d'affirmer leur pouvoir, et organisent leurs provinces comme de véritables États.
Vers 1000 : les femmes de la cour écrivent des romans, et la nouvelle secte bouddhique d'Amida, prônant une sorte de piétisme populaire, diffuse le bouddhisme dans le peuple. Dans l'Est, les clans guerriers se fortifient et, à la cour, les intrigues se font de plus en plus nombreuses, visant à éliminer le clan tout-puissant des Fujiwara.
1068 : pour la première fois depuis plus d'un siècle, un empereur accède au pouvoir sans qu'il soit apparenté aux Fujiwara et tente de réaliser des réformes. Pour avoir les mains plus libres, il abdique en 1072 au profit de son fils et forme un gouvernement « parallèle », inaugurant ainsi une coutume qui se prolongera pendant plus d'un siècle. Le clan Fujiwara ne tarde pas à se diviser en factions ennemies. Ces dissensions font le jeu des chefs des clans guerriers, qui bientôt obtiendront de hautes charges à la cour, soutenus par de nombreux petits seigneurs et les grands monastères bouddhiques qui se sentent menacés dans leurs possessions. Le pays se divise de plus en plus, sous l'égide des deux clans les plus puissants militairement, les Minamoto et les Taira. Tour à tour ceux-ci prendront le parti de l'empereur contre les Fujiwara et les remplaceront aux postes clés. Mais les deux clans rivaux ne tardent pas à s'affronter pour la suprématie.
1159-1160 : le chef du clan des Taira, Kiyomori, est dépossédé par les Minamoto, qui déposent l'empereur. Les Taira attaquent et battent les Minamoto dans la ville de Kyoto.
1167 : Taira no Kiyomori devient chancelier de l'Empire, mais sa dureté lui aliène la sympathie de la population, qui se tourne vers les Minamoto.
1180 : des batailles opposent sans cesse les Taira et les Minamoto, à Kyoto et Uji. Les troubles politiques favorisent le banditisme. Des famines s'installent dans le centre et l'est de l'île de Honshu, affaiblissant principalement le clan des Taira. Dès 1183, les Minamoto attaquent ces derniers et, en 1185, détruisent la flotte Taira près de Shimonoseki, à Dan-no-Ura. Le jeune empereur Antoku est noyé dans la bataille. Le chef du clan Minamoto, Yoritomo (1147-1199) et son frère, le général Minamoto no Yoshitsune, éliminent le clan des Taira.
1189 : les Minamoto se retournent alors contre les Fujiwara et conquièrent leurs territoires du nord du Honshu.
Pour en savoir plus, voir les articles confucianisme, taoïsme.
5. La période de Kamakura (1185/1192-1333)

Après avoir confisqué « au nom de l'empereur » les terres de nombreux seigneurs qui lui étaient hostiles, Minamoto no Yoritomo a constitué un gouvernement parallèle à celui de l'empereur, mais sur des bases différentes, instaurant une société quasi féodale fondée sur les relations d'assistance et de fidélité existant entre Yoritomo lui-même, ses vassaux et les vassaux de ceux-ci. Il lève des troupes, libère quelque peu la paysannerie des règles qui la régissaient jusque-là, lui donnant les terres qu'elle cultive, mais lui conférant un statut inférieur à celui des guerriers (samouraïs). Des intendants représentent Yoritomo dans chaque État vassal, et, à partir de 1192, un représentant personnel du shogun, le tandai, est placé auprès de la cour à Kyoto. Yoritomo a imposé un kampaku de son choix à la cour et repris à son compte la politique matrimoniale instaurée par les Fujiwara au ixe s.
1192 : devenu le seigneur le plus puissant du Japon, Yoritomo se fait nommer shogun par l'empereur, qui, à Kyoto, ne possède plus aucune autorité. Yoritomo, ayant établi son bakufu à Kamakura, dicte ses ordres au pays tout entier. Le pays, ruiné, affamé, se rallie à lui. Yoritomo met fin au régime des « empereurs retirés » et règne en maître sur tout le Japon.
1195 : Minamoto no Yoritomo fait une impressionnante démonstration de force à Kyoto, mais les intrigues continuent.
1199 : à la mort de Yoritomo, un seigneur Hojo (apparenté aux Taira) prend la régence (shikken) du bakufu, avec l'aide de sa fille Masako, veuve de Yoritomo. Yoriie, fils de Yoritomo, prend le titre de shogun.
1203 : Yoriie, incapable, abdique au profit de son frère Sanetomo et est assassiné. Hojo Tokimasa est cependant obligé de démissionner de sa charge de shikken en 1205, Masako s'étant opposée à Makiko son épouse. Son fils Hojo Yoshitoki lui succède en tant que shikken.
1219 : Sanetomo ayant été assassiné, l'empereur Go-Toba déclare (en 1221) le bakufu rebelle et tente de reprendre le pouvoir. Hojo Yoshitoki bat les troupes de l'empereur à Uji et l'exile. Les shikken Hojo ont désormais tous les pouvoirs et nomment à leur gré les empereurs.
1222 : le bakufu fait faire un recensement général.
1232 : promulgation d'un nouveau code de lois en 51 articles, le Joei Shikimoku, rédigé en japonais. Il recevra par la suite, en 1243 et 1286, des additions. Ce « code national » restera en vigueur jusqu'en 1868.
1247 : à la suite de la révolte de quelques seigneurs non inféodés au bakufu et après la victoire de ce dernier, leurs domaines sont confisqués. Bien que le shogun soit désormais choisi dans la famille impériale, le véritable pouvoir demeure aux mains des shikken Hojo. Le bakufu s'aristocratise et se stabilise.
1266-1268 : Kubilay Khan, alors empereur de Chine, prétend conquérir le Japon. Le bakufu, alarmé, fait renforcer les défenses du nord de l'île de Kyushu et mobilise tous les samouraïs. En 1271, une autre ambassade chinoise (mongole) est renvoyée.
1274 : attaque du nord de Kyushu par une grande flotte mongole et coréenne (30 000 hommes) qui, inexplicablement, se retire la nuit suivante. La cour offre des prières aux divinités.
1275 : des envoyés du khan demandant la soumission du Japon à la Chine sont exécutés. Le bakufu se dote d'une flotte puissante et fait construire un long mur en pierre le long des côtes du nord de Kyushu.
1281 : deux flottes mongole et coréenne (environ 140 000 hommes) débarquent en deux points de la côte nord de Kyushu. Les Mongols sont sur le point de vaincre, lorsque, le 14 août, un typhon providentiel détruit une partie de la flotte d'invasion et force les guerriers mongols et coréens à se rembarquer en toute hâte ; ceux qui sont restés à terre sont impitoyablement massacrés par les samouraïs.
1294 : mort de Kubilay Khan. Le Japon est provisoirement sauvé de l'envahisseur chinois, mais les shikken préfèrent garder sous les armes les samouraïs afin de prévenir un retour offensif des Mongols. Ces guerriers, une fois démobilisés, se trouvent ruinés. Certains sont alors obligés, en contrevenant à la loi, de vendre des parties de leurs domaines à des marchands, qui, seuls, ont profité de la guerre en fournissant armements et vivres…
1297 : le bakufu renforce les lois interdisant la vente des fiefs. Mais les seigneurs dépossédés n'obéissent déjà plus au gouvernement de Kamakura. L'empereur les soutient dans leur révolte.
1326 : l'empereur Daigo II refuse d'abdiquer comme le lui demande le shikken, et, soutenu par les nobles, désigne son fils comme héritier.
1331 : Daigo II est battu par les troupes du shikken et exilé dans l'île d'Oki.
1333 : grâce à la complicité d'un Minamoto dissident, Ashikaga Takauji, Daigo II s'enfuit, réunit des troupes et rentre à Kyoto. Soulèvement général des seigneurs contre le bakufu. La ville de Kamakura est prise et incendiée. Daigo II restaure le pouvoir impérial.
Pour en savoir plus, voir l'article Mongols.
6. La période Ashikaga ou de Muromachi (1333-1582)

1336 : Ashikaga Takauji , devenu le seigneur le plus puissant du Japon, se retourne contre l'empereur et établit à son tour un bakufu à Kyoto même. En 1338, il se fait nommer shogun par l'empereur qu'il a mis sur le trône. L'empereur légitime se réfugie dans les montagnes du Yamato avec ses partisans, inaugurant la période dite des « deux cours », pendant laquelle la guerre civile va ensanglanter le pays jusqu'en 1392. La lutte sera épisodique mais acharnée. La ville de Kyoto sera prise et reprise quatre fois, et chaque fois détruite. Dans les provinces, les seigneurs, espérant conquérir la suprématie, se battent, plongeant le pays dans la guerre civile.
1383 : bien qu'Ashikaga Takauji soit mort en 1358, la situation demeure la même sous ses successeurs et ceux de Daigo II. L'île de Kyushu reste acquise aux loyalistes, mais, dans le Nord, nombre de seigneurs se sont rendus indépendants.
1392 : reconquête de Kuyshu par les Ashikaga. L'empereur légitime Go-Kameyama accepte d'abdiquer, et la guerre des deux cours se termine. Mais le pays est ensanglanté et la ville de Kyoto presque totalement détruite. Sous l'autorité des shogun Ashikaga, l'organisation administrative a été refondue et le pays divisé en trois grandes régions dirigées par un kanrei (grand délégué) sous l'autorité du shogun.
1400-1401 : le shogun tente de réduire les pirates Wako, qui écumaient les côtes japonaises, coréennes et chinoises et renoue des relations amicales avec la Chine des Ming.
1419 : les Wako de l'île de Tsushima sont détruits par les Coréens.
1428 : révolte des paysans des provinces à la suite d'épidémies et de famines. Ils forment des ligues de défense contre les bandes de samouraïs-brigands.
1456 : le shogun Ashikaga Yoshimasa doit reconnaître les droits de propriété des paysans et réduire leurs dettes.
1457 : grande famine et épidémies. Le gouvernement central ne fait rien. Les grands seigneurs lèvent des barrières d'octroi qui entravent le commerce et aggravent les famines. Les paysans, à bout de ressources, s'engagent comme soldats à pied (ashigaru) dans les rangs des armées seigneuriales, et se livrent au brigandage.
1467-1477 : une nouvelle guerre civile est déclenchée entre les seigneurs au sujet de la succession du shogun Yoshimasa. 160 000 hommes s'affrontent dans la ville de Kyoto, qui est la proie des flammes. Cette guerre civile, dite de l'ère Onin, est une guerre « pour le plaisir » faite par les daimyo pour leur gloire. Elle s'étend jusque dans les provinces, où les guerriers s'affrontent sans savoir pourquoi.
1486 : grande révolte paysanne contre les excès des guerriers. Les paysans demandent le départ des troupes et veulent rentrer en possession de leurs terres.
1489 : le shogun Ashikaga Yoshihisa est assassiné et sa succession fait s'affronter les daimyo. Ceux-ci s'opposent entre eux ou au bakufu de Muromachi, rendant tout gouvernement central impossible. Des comités de paysans, de commerçants, d'artisans se créent afin de constituer des gouvernements locaux. La cour, oisive et ruinée, protégée par l'un ou l'autre des daimyo, se désintéresse de la situation. Le Japon est alors partagé de fait entre une trentaine de grands daimyo et une centaine de plus petits seigneurs qui se combattent sans répit, aidés par des bandes de paysans-guerriers n'observant aucune des lois de la chevalerie des samouraïs.
1542 : des marchands portugais échoués sur la petite île de Tanegashima (sud de Kyushu) importent les premiers mousquets. Très vite l'usage de cette arme nouvelle se répand dans tout le Japon.
1549 : François Xavier commence l'évangélisation du pays. Bateaux portugais, hollandais et espagnols accostent et font du commerce avec les Japonais des côtes.
1568 : un petit seigneur du Nord, Oda Nobunaga (1534-1582), réussit à vaincre tous ses adversaires, entre à Kyoto en vainqueur et se fait nommer shogun, ayant abattu la puissance déclinante des Ashikaga. Il organise à son profit les provinces centrales.
1574 : les sectes religieuses, qui s'étaient armées, représentent désormais une puissance avec laquelle le gouvernement doit compter. La secte Ikko (créée par le moine Shinran) se révolte et soulève les campagnes.
1576 : Oda Nobunaga se fait construire un château sur les bords du lac Biwa, prototype de tous les châteaux japonais, et le fait luxueusement décorer par les meilleurs artistes de son temps. En 1571, il a détruit les monastères rebelles du mont Hiei, près de Kyoto, et fait massacrer leurs moines. En 1574, il a attaqué et mis en fuite le dernier Ashikaga, Yoshiaki. En 1580, il abat la puissance de la secte Ikko et prend son château d'Osaka. Avec l'aide de ses généraux Tokugawa Ieyasu et Toyotomi Hideyoshi, il vient finalement à bout de tous ses adversaires et unifie le centre du Japon sous son autorité.
1582 : Oda Nobunaga, devenu dictateur des provinces centrales, est attaqué par un de ses généraux, et obligé de se suicider. Treize jours après, le félon est attaqué et tué par Toyotomi Hideyoshi, qui prend la succession de son maître.
7. L'ère des dictateurs (1582-1616)

Tokugawa IeyasuTokugawa Ieyasu
1584 : Hideyoshi fait élire le fils d'Oda Nobunaga comme shogun, mais garde le pouvoir. Il continue alors la guerre contre les seigneurs non encore ralliés, surtout ceux de Kyushu, et transfère le siège de son gouvernement à Osaka, où il oblige les grands daimyo à lui construire un immense château. Il fait en même temps démolir ceux des seigneurs rebelles. Il fait établir un recensement général des terres, rend les paysans propriétaires et solidaires de leurs terres et interdit le port des armes aux non-samouraïs. Il établit le principe (d'origine chinoise) de la responsabilité collective et fixe l'impôt entre 40 et 50 % de la récolte. Les daimyo sont classés selon leur revenu annuel en koku (180 litres) de riz. Le plus puissant d'entre eux, Tokugawa Ieyasu, en possède 2 500 000, les moins puissants seulement 10 000.
1585 : Hideyoshi fait frapper sa propre monnaie et favorise le développement des mines d'or et d'argent. Homme le plus riche du Japon, il subventionne la cour impériale, ordonne un grandiose programme de constructions, donne des fêtes splendides et patronne arts et lettres. Il est nommé dajo daijin (Premier ministre) par l'empereur.
1586 : Hideyoshi réunit une immense armée afin de soumettre les grands daimyo encore indépendants (sauf cependant Tokugawa Ieyasu, avec qui il est allié et qui demeure dans son fief du Kanto [région de Tokyo]).
1590 : le dernier des daimyo Hojo est vaincu en son château d'Odawara.
1592 : afin d'occuper ses guerriers, Hideyoshi les lance à la conquête de la Corée. Ses troupes entrent à Séoul. Il décide alors de s'attaquer à la Chine.
1593 : les Chinois étant venus au secours des Coréens, les Japonais perdent Séoul. Un fils naît à Hideyoshi. Le neveu de Hideyoshi, Hidetsugu, nommé son successeur, se révèle débauché et cruel.
1595-1597 : les troupes japonaises en Corée subissent revers sur revers. Hideyoshi, qui montre des signes d'aliénation mentale, contraint son neveu au suicide. En 1596, il nomme son fils (âgé de trois ans) kampaku. L'amiral coréen Li Sunshin, qui a inventé un bateau cuirassé, détruit la flotte japonaise. Hideyoshi réorganise alors sa flotte et envoie en 1597 100 000 hommes en renfort en Corée pour soutenir l'armée commandée par Konishi Yukinaga.
1598 : les Sino-Coréens refoulent les armées japonaises. Mort de Hideyoshi. Konishi traite avec les Chinois et abandonne la Corée. Tokugawa Ieyasu se pose en protecteur du jeune Hideyori, mais se voit confronté aux ambitions des autres seigneurs.
1600 : affrontement général entre les troupes fidèles à Tokugawa Ieyasu et les autres daimyo. À Sekigahara, Tokugawa Ieyasu est vainqueur. Il fait exécuter les principaux chefs des armées adverses (parmi lesquels Konishi) et prend le pouvoir.
1601 : Ieyasu confisque les mines d'or, fait battre monnaie et oblige les villes à lui céder leurs privilèges.

1603 : Tokugawa Ieyasu établit son bakufu au centre de ses domaines, à Edo (aujourd'hui Tokyo), et s'y fait construire un château. Il monopolise le commerce de la soie et acquiert une fortune considérable. Il s'adjoint des hommes habiles : le confucéen Hayashi Razan (1583-1657), le navigateur anglais William Adams, dit Anjin (qui s'était échoué sur les côtes du Japon et que Ieyasu avait pris à son service afin qu'il créât une marine moderne), des marchands influents… Il divise ses vassaux en trois classes : les fudai, dépendant directement de lui et qui avaient combattu à ses côtés à Sekigahara, les hatamoto ou vassaux mineurs, dépendant aussi directement de lui, enfin les tozama ou « daimyo extérieurs », très surveillés et obligés de venir vivre à Edo pendant une partie de l'année. Le code de réglementation instauré par Hideyoshi est strictement appliqué.
1614-1615 : les seigneurs mécontents se regroupent autour d'Hideyori dans le château d'Osaka. Deux sièges permettent à Tokugawa Ieyasu d'abattre les rebelles. La forteresse est rasée et Hideyori contraint au suicide, ainsi que les principaux chefs des rebelles.
1616 : Ieyasu, blessé au cours du siège d'Osaka, meurt. Son fils, Tokugawa Hidetada, déjà intronisé shogun depuis 1605, lui succède. L'œuvre de Ieyasu a été immense et durable : il a unifié le pays et donné à celui-ci un gouvernement stable ; il a renoué des relations amicales avec la Chine des Qing, amélioré sa flotte de commerce et noué de fructueuses relations avec les pays du Sud-Est asiatique, et même l'Europe. Ayant tout d'abord favorablement accueilli les prêtres étrangers, il s'est vite aperçu de la collusion de ceux-ci avec les puissances militaires d'Europe, et il a interdit prosélytisme et construction d'églises, sans toutefois recourir à la persécution, comme l'avait fait Hideyoshi sur la fin de sa vie.
8. La période d'Edo ou des Tokugawa (1616-1868)

1623-1624 : après avoir consolidé la position du bakufu, Hidetada laisse sa charge de shogun à son fils Iemitsu. Mais celui-ci renforce les interdits relatifs aux étrangers déjà promulgués par son père en 1616 : tous les ports japonais sont fermés aux navires européens, sauf ceux de Hirado et Nagasaki. Cependant, l'activité missionnaire reprenant dans l'île de Kyushu, Iemitsu recourt à la persécution, dès 1622. En 1624, les marchands portugais quittent le pays et les Anglais ferment leur comptoir à Hirado.
1637 : grande rébellion chrétienne et paysanne à Shimabara. Le bakufu réagit violemment, massacre les chrétiens de Shimabara et interdit aux navires portugais et espagnols d'aborder au Japon.
1639 : le pays est fermé aux étrangers, sauf aux Chinois et aux Hollandais, qui ont permission de rallier une partie du port de Nagasaki, Dejima (Deshima). Les bateaux japonais doivent être munis d'une autorisation spéciale pour aller en Chine, aux îles Ryukyu, en Corée ou dans le Sud-Est asiatique. Création de grandes routes (Tokaido). Le christianisme est pourchassé.
1651 : mort de Tokugawa Iemitsu. Tentative de coup d'État avortée. De nombreux hatamoto, appauvris, vivent de brigandage.
1657 : un incendie catastrophique détruit la ville d'Edo, faisant plus de 100 000 morts. La capitale est reconstruite sur un plan nouveau. Troubles chez les tozama, qui sont rapidement remis à la raison.
1680 : sous le shogun Tokugawa Tsunayoshi, la classe de marchands commence à prendre une très grande importance. Les daimyo sont parfois obligés de leur emprunter de quoi subvenir à leurs fastueuses dépenses.
1703 : incident de la « vengeance des 47 ronin » (samouraïs ayant quitté le service de leur maître et parcourant le pays en quête d'aventures) : le shogun les condamne à se suicider, mais cet événement va défrayer la chronique et inspirer d'innombrables récits et pièces de théâtre.
1709 : Arai Hakuseki, conseiller confucéen du shogun Ienobu, complète la « Règle des maisons guerrières » instaurée par Tokugawa Ieyasu et adoucit la justice pénale. Les villes connaissent une grande prospérité et la classe des chonin (citadins) se développe.
1716 : plusieurs années de disette ont fait monter les prix et la situation économique est précaire. Le shogun Yoshimune tente des réformes agraires, fait irriguer de nouvelles terres et interdit les dépenses excessives.
1735 : Yoshimune fixe le prix du riz, mais les paysans, accablés par les impôts, se révoltent.
1764, 1765, 1773 : nouvelles et sanglantes révoltes paysannes.
1787 : le conseiller du shogun Ienari, pour rétablir la situation, chasse les fonctionnaires corrompus, assainit les finances et tente de repeupler les campagnes.
1792 : apparition de bateaux russes sur les côtes d'Hokkaido. La prospérité est revenue et les citadins jouissent d'une vie facile baptisée ukiyo (« monde flottant »).
1804 : l'amiral russe N. P. Rezanov mouille dans le port de Nagasaki et y reste pendant six mois. Il ne reçoit pas l'autorisation de se rendre à Edo.
1808 : un navire anglais menace de bombarder Nagasaki si on lui refuse l'approvisionnement en eau et en vivres.
1825 : le shogun Ienari ordonne de détruire tout navire étranger mouillant dans un port japonais.
1832-1836 : série de famines suivies de révoltes paysannes.
1844 : le gouvernement hollandais demande au bakufu de cesser sa politique d'isolement.
1845-1846 : un navire anglais est bien accueilli à Nagasaki ; deux navires de guerre américains mouillent en rade d'Edo, mais ne peuvent entreprendre de pourparlers avec le bakufu.
1853 : l'Américain Matthew Calbraith Perry vient avec quatre bateaux de guerre apporter une lettre du président des États-Unis et annonce son intention de revenir l'année suivante chercher la réponse. Le pays se divise en anti-Occidentaux et pro-Occidentaux.
1854 : retour de l'amiral Perry. Le bakufu, effrayé, consent à ouvrir deux ports, Shimoda et Hakodate, et à recevoir un consul américain. Il doit signer des accords semblables avec la Grande-Bretagne, la Russie et la Hollande.
1856 : arrivée du consul américain Harris, qui est reçu en 1857 par le shogun Iesada.
1858 : une partie du pays se soulève, indignée des accords signés par le shogun avec les « barbares ».
1860 : li Naosuke, conseiller du shogun et partisan de l'ouverture du Japon, est assassiné. Le shogun demande conseil à l'empereur, aux côtés duquel se rangent les ennemis du bakufu.
1862-1863 : après l'assassinat d'un Anglais, la flotte britannique bombarde le port de Kagoshima.
1863 : un bateau américain ayant été attaqué par les canons du port de Shimonoseki, une escadre internationale prend la ville et oblige le daimyo du Choshu à payer une forte indemnité.
1864 : les partisans de l'empereur se révoltent à Kyoto et battent les troupes envoyées par le bakufu. Le shogun Yoshinobu offre sa démission à l'empereur en 1867. Un gouvernement provisoire est mis en place. Les partisans des Tokugawa tentent de résister, mais un soulèvement populaire abat leur résistance. Mutsuhito monte sur le trône et assume le pouvoir.
1868 : Mutsuhito transfère son gouvernement à Edo, rebaptisée en Tokyo. Une ère nouvelle commence, appelée Meiji ou « Époque éclairée ».
9. L'ère Meiji (1868-1912)


Le Japon, 1868-1939Meiji Tenno
1868-1874 : l'empereur Mutsuhito procède à de profonds remaniements. Le pays est divisé administrativement en arrondissements, le peuple est organisé en nouvelles classes, enfin le droit au sabre est refusé aux samouraïs. La loi donne la propriété des terres aux paysans (1868), rétablit la liberté d'achat et de vente de celles-ci (1871), ainsi que la liberté du commerce intérieur et extérieur (1872-1873). L'impôt foncier est réformé (1872), des universités sont créées et le gouvernement est modernisé.
1874-1877 : Saigo Takamori et Eto Shimpei groupent les mécontents et se révoltent. L'armée impériale (créée en 1871) mettra trois ans à réduire les rebelles.
1885 : Mutsuhito supprime le Conseil impérial des Taira et institue un cabinet parlementaire de style occidental présidé par Ito Hirobumi.


1889 : le 11 février, l'empereur promulgue une Constitution, mais les partisans de l'ancien régime sont encore nombreux et les assassinats politiques se succèdent. La Constitution donne des pouvoirs étendus à l'empereur, crée deux chambres législatives (diète), la Chambre des pairs, aux membres désignés par l'empereur, et la Chambre des représentants élus. Cette dernière assemblée sera réorganisée en 1900 et 1902. La justice est refondue sur des modèles français et allemands. L'armée et la marine sont modernisées, le service militaire obligatoire institué. De nombreuses lois accélèrent le processus d'occidentalisation du Japon. Des lignes de chemin de fer sont inaugurées entre les plus grandes villes, à partir de 1870. La population japonaise augmente rapidement.
1894 : à la suite d'un différend au sujet de la Corée, les forces japonaises débarquent en Chine. Elles l'emportent sur mer comme sur terre. Les Japonais envahissent Formose (Taïwan). La Chine signe le traité de Shimonoseki en 1895, qui consacre la victoire du Japon et, malgré la diplomatie occidentale, l'influence prépondérante de celui-ci en Corée.
1902 : le Japon, après avoir aidé les puissances occidentales contre la révolte des Boxeurs en Chine en 1900, conclut une alliance militaire avec l'Angleterre, alliance destinée à contenir les visées russes sur la Corée. Le tsar Nicolas II envoie 100 000 hommes en Mandchourie.
1904 : le Japon attaque la marine russe basée à Port-Arthur et débarque une armée en Corée et dans le Liaodong.
1905 : après d'âpres combats, le général russe Stoessel, qui commande Port-Arthur, est obligé de capituler. Les troupes japonaises avancent en Mandchourie. La flotte russe de la Baltique, envoyée en renfort, est détruite dans le détroit de Tsushima par les forces de l'amiral Togo. La Russie est obligée de concéder le droit de s'installer en Mandchourie et en Corée aux Japonais, et leur cède la moitié sud de l'île de Sakhaline. Ito Hirobumi est nommé résident en Corée et commence de « japoniser » ce pays. Au Japon même, où l'économie a fait un bond en avant énorme grâce aux deux guerres victorieuses, le jeu des partis s'installe au gouvernement, faisant alterner au pouvoir libéraux et conservateurs. Militaristes et libéraux s'affrontent, mais, en 1911, les militaristes finiront par l'emporter sur le cabinet temporisateur de Saionji.
Pour en savoir plus, voir les articles bataille de Tsushima, guerres sino-japonaises, guerre russo-japonaise.
10. Les suites de l'ère Meiji (1912-1927)

1912 : mort de Mutsuhito, désormais appelé Meiji tenno. Son fils, Yoshibito, âgé de 33 ans, accède au trône. Sous son règne, le jeu des partis continue. Katsura Taro (1847-1913) tentera d'imposer un pouvoir autoritaire. À sa mort, c'est l'amiral Yamamoto qui est chargé de former le nouveau gouvernement.
1914 : le Japon entre en guerre contre l'Allemagne et soutient les Alliés, de manière à avoir les mains libres en Chine.
1915 : le Japon envoie au dictateur chinois Yuan Shikai un ultimatum en 21 points. La Chine est obligée de céder, et la caste militaire triomphe.
1917 : le gouvernement provisoire russe ne reconnaît pas les accords passés avec le tsar. La Chine entre en guerre aux côtés des Alliés, ce qui met le Japon dans une situation délicate.
1918 : les Japonais pénètrent en Sibérie soviétique et s'opposent aux « rouges ». À la conférence de la paix de Versailles, le Japon obtient toutes les possessions allemandes du Pacifique au nord de l'équateur.
1919 : mort de l'ancien empereur de Corée. Les nationalistes coréens conduits par Syngman Rhee (Lee Sung-man) réclament le départ des Japonais et la liberté. La révolte est noyée dans le sang par les militaires japonais. Au Japon, les libéraux reprennent le pouvoir en alternance avec les militaristes.
1923 : un terrible tremblement de terre détruit entièrement Tokyo et Yokohama. L'empereur, de santé chancelante, a déjà nommé son fils, Hirohito régent depuis deux ans. La loi martiale est proclamée. Mouvement de retour aux traditions et à la xénophobie.
1926 : mort de l'empereur Yoshihito, dont le nom devient Taisho tenno. Son fils Hirohito lui succède et nomme son règne « ère Showa » (« La Paix lumineuse »).
11. La montée du militarisme (1927-1937)


En signant les traités de Washington (1921-1922), qui entérinaient le statu quo entre les grandes puissances en Asie et dans le Pacifique et gelaient les armements navals pour dix ans, les politiciens japonais renonçaient à l'expansion coloniale. L'armée avait vu diminuer son influence de même que son budget. Mais, à la fin de l'ère Taisho, le Japon rentre dans une période de tourmente : corruption politique, poussée des « partis prolétariens », misère et violences rurales provoquées par la concentration des terres. En 1927, les militaires proposent comme solution de reprendre l'expansion coloniale (« mémoire Tanaka »). La crise de 1929 les convainc de passer à l'action. En novembre 1930, ils abattent le Premier ministre Hamaguchi, qui vient d'accepter la prolongation du gel des armements navals (traité de Londres). En septembre 1931, l'armée force la main du gouvernement en occupant la Mandchourie, en violation du système de Washington. Comme le monde des affaires refuse de souscrire un emprunt de défense nationale, le directeur général de Mitsui est assassiné en mars 1932 ; en mai, c'est le Premier ministre Inukai. Terrorisées, les élites civiles abandonnent de facto le pouvoir aux militaires ; la Constitution n'est pas violée. La Diète siège, et les élections se déroulent normalement. Mais l'empereur ne désigne plus que des Premiers ministres soumis aux militaires, qui forment des cabinets extraparlementaires que la Diète n'ose pas renverser. La question qui suscite de vives controverses est de savoir si l'empereur Hirohito est alors le complice actif des militaires ou leur otage.
Les militaires imposent au Japon une organisation de type totalitaire : fusion « volontaire » de tous les partis politiques dans l'Association pour le service du trône (1940), organisation corporatiste de l'économie, encadrement de la population par les 1 120 000 tonarigumi (groupes de voisinage), endoctrinement et répression de toute dissidence par la police secrète Kempeïtaï. L'idéologie repose sur le kokutai et sa vision d'une nation organique, pure, homogène et supérieure – mais sans la volonté systématique d'éliminer les races dites « inférieures » qu'on trouve dans le nazisme. La propagande puise pêle-mêle dans la mythologie shinto, l'éthique samouraï et le confucianisme.
L'empereur est placé au centre de tout. La survie du kokutai est indissociable de celle de sa lignée divine. La nation n'agit que par lui (il légitime le pouvoir exercé en son nom) et pour lui (tous ses sujets lui doivent dévouement jusqu'à la mort). Le tennosei (système impérial) est ainsi le principe actif du totalitarisme japonais. Mais, en même temps, son existence préserve, au cœur même du système, un espace sur lequel l'emprise totalitaire ne s'exerce pas, puisqu'un ordre impérial ne peut pas être contesté. Hirohito, quelle que soit son implication dans les agissements de l'armée, l'utilise pour protéger une « faction de la paix », qui s'organise au palais à partir de 1942, et, tout à la fin, pour mettre un terme à la guerre.
Comme les nazis à leurs débuts, les militaires dénoncent aussi le caractère « antinational » des grands groupes capitalistes (les zaibatsu). Mais, malgré les velléités de l'armée de promouvoir de nouveaux groupes (Nissan, Hitachi), les quatre grands zaibatsu ne feront qu'accroître leur emprise sur l'économie pendant la guerre.
12. La seconde guerre sino-japonaise : 1937-1945

12.1. L'entrée en guerre

Dès 1932, les Japonais ont fait de la Mandchourie l'État fantoche du Mandchoukouo, que la SDN et la Chine refusent de reconnaître. Le Japon quitte alors la SDN, et ses troupes entrent en Chine du Nord (1933). L'armée est divisée sur la stratégie à adopter ; une opération sur Shanghai tourne court (1934). Le 6 février 1936, les généraux proches du palais (faction du Contrôle) éliminent les jeunes officiers extrémistes de la faction de la Voie Impériale. La cohésion de l'armée et ses liens avec les élites civiles sont renforcés. Le 7 juillet 1937, l'offensive générale est lancée contre la Chine.
12.2. L'offensive générale


Bombardement de Pearl HarborFranklin Delano Roosevelt, déclaration de guerre contre le Japon
C'est le début d'une fuite en avant. Les Japonais s'emparent des régions côtières et établissent à Nankin un gouvernement chinois à leur dévotion. Ils mènent une guerre de terreur (massacre d'au moins 200 000 civils à Nankin, en 1937). Mais Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek) résiste dans l'intérieur du pays avec l'aide des communistes de Mao Zedong. Les Occidentaux, alarmés par la poussée japonaise vers leurs colonies, l'approvisionnent par la route de Birmanie. Les Japonais s'enlisent, mais la guerre en Europe et la défaite de la France (juin 1940) leur permettent d'envisager d'attaquer Jiang Jieshi par le sud. Ils se rapprochent de l'Axe (pacte tripartite de septembre 1940) et, sous la menace, obtiennent le droit de passer par l'Indochine française et d'en utiliser les ressources (riz, caoutchouc). Les États-Unis s'interposent alors et prennent des sanctions : gel des avoirs japonais, embargo sur le fer et le pétrole. Le Japon se prémunit contre une guerre sur deux fronts en signant un pacte de neutralité avec l'URSS (avril 1941). Le prince Konoe, Premier ministre, tente d'obtenir que Washington reconnaisse les acquis japonais. En octobre 1941, il est remplacé par le commandant en chef de l'armée, le général Tojo Hideki. Le 7 décembre, l'aéronavale japonaise détruit une partie de la flotte américaine du Pacifique à Pearl Harbor.
Pour en savoir plus, voir l'article Seconde Guerre mondiale.
12.3. La capitulation

Après cette victoire, le Japon compte sur sa supériorité aéronavale pour s'emparer de l'Asie du Sud-Est et de ses matières premières, couper la route de Birmanie et s'établir dans les archipels au milieu du Pacifique afin de pouvoir ensuite discuter en position de force. Mais, après six mois de succès, durant lesquelles ses forces parviennent jusqu'aux portes de l'Inde et de l'Australie, il est mis en échec sur mer (îles Midway, juin 1942) et sur terre, à Guadalcanal.
En 1943, les Américains contre-attaquent. La prise de Saipan (juillet 1944) leur permet de bombarder l'archipel qu'ils coupent de l'Asie du Sud-Est en reprenant les Philippines (octobre). Le 1er avril 1945, ils débarquent en terre japonaise, à Okinawa, et prennent l'île au terme de furieux combats (49 000 soldats américains, 110 000 soldats et 150 000 civils japonais tués), marqués par l'utilisation massive des kamikazes.

Harry Truman, Hiroshima, le 6 août 1945Harry Truman, Hiroshima, le 6 août 1945
Le Japon est à bout de forces. Tojo a quitté le gouvernement après la perte de Saipan. Tokyo essaye de négocier une reddition sans occupation ni représailles. Il faut la bombe atomique (Hiroshima, 6 août ; Nagasaki, 9 août) et l'entrée en guerre de l'URSS (8 août) pour que l'empereur impose la capitulation aux ultras et l'annonce à la nation (15 août). Le 30 août, le général Douglas MacArthur atterrit à la tête des unités d'occupation. Hirohito, que les Américains ont préféré maintenir en place, tirera lui-même un trait sur l'idéologie militariste en dénonçant à la radio « l'idée erronée selon laquelle l'empereur est divin et le peuple japonais supérieur aux autres » (1er janvier 1946).
Deux millions de soldats et près de 700 000 civils ont péri. Les grandes villes (sauf Kyoto) sont presque anéanties. La production industrielle est à 10 % de son niveau de 1940. Six millions de soldats et de colons sont rapatriés en désordre. Le pays est à reconstruire.

 

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L'ORIGINE DE LA CIRCONCISION

 

    
L’origine de la circoncision


Quelle est l'origine de la circoncision? (Maïlys)
 

circoncision

Bas-relief illustrant le rituel de la circoncision
Tombeau d'Ankhmahor, Saqqarah (Égypte).

Tout le monde sait ce qu’est la circoncision. Elle consiste dans l’ablation du prépuce du pénis des hommes, opération chirurgicale qui n’a pas de signification religieuse en soi mais qu’on lui a accordée plus tard. La circoncision est attestée en Égypte à une époque ancienne, dès le troisième millénaire, dans des bas-reliefs et des textes. Si on a retrouvé certaines momies qui n’étaient pas circoncises, il semble, du moins, que le rite ait été obligatoire pour les prêtres (confronter Jos 5,9 ou Éz 32,21-30 avec Jr 9,24-25). Ces attestations très anciennes ont longtemps conduit à croire que c’est d’Égypte que le rite se serait répandu dans tout l’Orient où, à une époque, sa pratique était généralisée. Toutefois, de récentes découvertes archéologiques ont amené certains spécialistes à supposer un mouvement inverse, partant de l’Orient vers l’Égypte. En Égypte, elle ne semble pas avoir eu de signification religieuse, mais hygiénique et surtout sociale. On la pratiquait sur les garçons de 8-10 ans ou les adolescents qui étaient sur le point de se marier. Elle était donc liée à la puberté, comme c’est encore le cas à plusieurs endroits en Afrique. Peut-être ce lien est-il attesté par des récits bibliques comme Gn 34, où le rite est motivé par la possibilité d’un mariage, ou le récit – difficile à comprendre– d’Ex 4,24-26 dans lequel, de toute façon, il y a un lien entre le mariage et la circoncision. On pense encore à Gn 17 lui-même qui prépare la grossesse de Sara jusque-là stérile et la naissance d’Isaac. Ce récit est intéressant puisque ce n’est plus le rite lui-même qui assure une nombreuse descendance – ce qui aurait pu être interprété de façon magique – mais les seules promesses de Dieu. Les mots hébreux, enfin, qui désignent la circoncision sont proches de ceux qui désignent aussi les jeunes époux et d’autres membres masculins de la famille. Il semble donc, qu’à l’origine du moins, la circoncision rendait apte à une vie sexuelle normale, qu’elle était une initiation au mariage. Le rite possédait aussi une connotation magique visant à éloigner le mal (Ex 4,24-26 où Çippora circoncit son fils pour qu’il évite le châtiment des premier-nés égyptiens incirconcis; aussi Ex 12 sur le sang de la Pâque qui éloigne l’exterminateur. La prière juive accompagnant le rite va dans le même sens). Plus tard, on en vint à circoncire les enfants mâles quelques jours après leur naissance, ce qui estompa la signification première du rite. La signification socio-religieuse qui lui fut associée acheva ce processus. On sait en effet combien la circoncision a joué un rôle identitaire autant au point de vue social ou ethnique que religieux (les deux étant étroitement reliés pour les Anciens).

     D’autres spécialistes ont argué que le rite scellait un pacte. On sait en effet que les traités d’alliance s’effectuaient lors d’un sacrifice qui se terminait en prenant les divinités à témoin et en appelant sur soi des malheurs si les stipulations n’étaient pas respectées. Or, les textes cités sont aussi en contexte d’alliance : Gn 17, entre Dieu et Abraham; Gn 34 entre Israël et Sichem, peut-être aussi Jos 5,2-9 en tant que renouvellement de l’alliance.

     Les textes bibliques qui en parlent montrent aussi une certaine évolution. Les lois les plus anciennes du Pentateuque mentionnent le rite en passant, au sujet de la participation à la Pâque (Ex 12,44.48), de la purification de la femme qui venait d’accoucher (Lv 12,3), en comparaison avec les premiers fruits des arbres (Lv 19,23). Le texte central est bien évidemment Gn 17,1-14 (P) qui est la toute première loi de la Bible, où yhwh institue la circoncision comme signe de l’alliance entre lui et Abraham et sa descendance. Il y est spécifié que l’opération doit être pratiquée sur tous les enfants mâles à l’âge de huit jours (Gn 17,10-14). L’origine ancienne est peut-être attestée par la précision que la circoncision devait être pratiquée par un silex (Ex 4,25; Jos 5,2-3), alors que le métal était connu depuis longtemps à l’époque des textes. Effectivement, Isaac est circoncis huit jours après sa naissance (Gn 21,4). L’opération devait être pratiquée par le père, plus tard par un médecin ou un spécialiste. Le lieu variait, mais jamais la circoncision n’a été pratiquée dans le sanctuaire ni par les prêtres. Comme on peut imaginer, la blessure ne guérissait qu’après quelques jours de repos, surtout s’il s’agissait d’adultes (Gn 34,25; Jos 5,8).

     Selon Gn 17,12-13, les Israélites devaient aussi faire circoncire leurs serviteurs (israélites ou étrangers). C’était une condition pour que les étrangers (serviteurs ou résidants) puissent participer à la Pâque (Ex 12,43-49). Ce n’est pas tous les peuples voisins d’Israël qui pratiquaient aussi ce rite (cf. Jg 14,3), mais la plupart semblent l’avoir fait. La circoncision, donc, ne distinguait pas vraiment les Israélites des autres peuples avoisinants. Les lecteurs de la Bible ont tous en tête les mentions des « incirconcis ». On doit préciser que ce terme s’applique surtout aux Philistins, peuple venu d’Occident par la mer (Crête? îles égéennes?), donc loin culturellement des peuples d’orient (Jg 14,3; 15,18; 1 S 14,6; 17,26.36; 31,4; 2 S 1,20). Quoi qu’il en soit, l’interminable conflit avec eux acheva de donner à la circoncision une valeur identitaire. Si l’on ajoute à cela que ni les Babyloniens ni les Grecs ne la pratiquaient, il devient clair que c’est seulement pendant l’exil que la circoncision devint la marque distinctive de l’appartenance au peuple d’Israël. Il semble aussi qu’à cette époque les peuples d’orient abandonnaient peu à peu la coutume. Lors de l’invasion militaire et culturelle des Grecs puis des Romains, pour qui la circoncision était une abomination et un motif de raillerie, la coutume eut de la difficulté à survivre. En effet, les Grecs ne craignaient pas de se montrer nus en public (au gymnase ou dans les bains publics), mais abhorraient la circoncision. Antiochus IV Épiphane (175-163 avant Jésus Christ) l’interdit et punit les contrevenants (cf. 1 M 1,60-61; 2 M 6,10), de même que l’empereur Hadrien (117-138). Devant les menaces d’assimilation, l’importance de la circoncision comme signe de l’alliance et appartenance au peuple choisi s’affirma avec toujours plus de force. Au Ier siècle de notre ère, les prosélytes y étaient forcés (Jdt 14,10; Est 8,17; Ac 15 ; 16,3; Ga 2,3).

     Il faut dire un mot, enfin, sur l’emploi métaphorique du mot, la fameuse « circoncision du cœur », ainsi appelée par les prophètes qui réagissaient contre un certain automatisme, une institutionnalisation du rite. Un cœur incirconcis est un cœur qui ne comprend pas, qui ne se laisse pas toucher (Jr 4,4; 9,24-29; Dt 10,16; 30,6; Lv 26,41). Jr 6,10 parle d’une « oreille incirconcise », celle qui, évidemment, n’écoute pas; Ex 6,12 de « lèvres incirconcises » qui ne parlent pas. Quant à Éz 44, 7, il parle des « incirconcis de cœur et incirconcis de corps ». Dans ces exemples, l’incirconcision rend inapte à faire ce que Dieu veut. Ainsi, un fils d’Israël qui a le cœur incirconcis est ravalé au niveau des païens, de ceux qui n’appartiennent pas au peuple choisi et sont membres de l’alliance. Au contraire, un fils d’Israël circoncis de corps et de cœur peut entrer pleinement dans l’alliance. Le fait que c’est en ce jour-là que les nouveau-nés recevaient leur nom peut aussi renforcer cette signification de vocation nouvelle, de vie nouvelle. Dans le système lévitique du pur et de l’impur, le prépuce équivaut à l’impur qui empêche de participer à la sainteté de Dieu (cf. Lv 19,23-25 aux sujets des premiers fruits). Le Nouveau Testament a repris l’image (Jn 7,22-23; Ac 7,51; Rm 2,25-29; 1 Co 7,18-19; Ga 5,6; 6,13.15; Ph 3,3; Col 2,11; 3,1).

     Si l’on récapitule les différents niveaux de signification du rite de la circoncision, on peut affirmer que, de façon générale, il rend capable d’accomplir l’œuvre de Dieu, soit dans le mariage et la fertilité, soit dans l’alliance, soit dans la délivrance du mal, soit enfin dans l’identité nationale de peuple de Dieu. Les textes ne portent généralement pas toutes ces significations mais jouent plutôt sur l’un ou l’autre niveau.

Hervé Tremblay

 

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ALEXANDRIE

 

Alexandrie
Cet article fait partie du dossier consacré à l'Égypte ancienne.

Principal port et deuxième ville d'Égypte.
Population pour l'agglomération : 4 400 104 hab. (estimation pour 2010)
Carrefour routier et ferroviaire, centre commercial et financier, industriel (textile, mécanique, chimie) et culturel (université ; bibliothèque [Bibliotheca Alexandrina, 2002, héritière symbolique de la bibliothèque antique]).
L'histoire d'Alexandrie

La création de la ville antique

Plusieurs villes, fondées par Alexandre le Grand au cours de ses campagnes militaires en Asie et en Égypte, portaient le nom d'Alexandrie. Mais la plus célèbre et la plus importante est Alexandrie la Grande, ou l'Égyptienne. L'emplacement de ce petit port méditerranéen, qui était fréquenté par les Phéniciens et qui avait été un lieu de garnison à l'époque pharaonique, séduisit Alexandre, car ses deux entrées naturelles formées par la proximité de l'île de Pharos, étaient idéales pour les manœuvres des embarcations grecques. Bâtie en 332 avant J.-C. ou, d'après certaines sources, à son retour de l'oasis d'Amon en 331 avant J.-C, elle était destinée à abriter les autochtones, la garde macédonienne, quelques immigrés grecs, ainsi qu'une minorité juive.
Il n'y avait à l’origine sur le site choisi qu'une pauvre bourgade, Rhakotis. À proximité, les marais du delta étaient habités par les Boukoloï, population de bergers farouches, auxquels se mêlaient tous les brigands de l'Égypte. Sur place, un sol pierreux, salin, ingrat, dépourvu d'eaux potables. Il fallait donc compter sur des citernes (il s'en construisit beaucoup) et accessoirement sur l'eau du lac Mariout. Entre la mer et ce lac, Alexandrie pouvait être la porte et le bastion de défense de l'Égypte, mais en demeurant à l'écart de la vallée du Nil ; il était entendu qu'elle se juxtaposait à l'Égypte, sans s'y intégrer : Alexandrea ad Ægyptum, Alexandrie près de l'Égypte. Favorisée par sa situation géographique et par la construction astucieuse de son port, Alexandrie devint rapidement un centre économique et une ville maritime des plus renommées de l'Antiquité. Mais aussi éclatante fut sa grandeur, aussi perturbée et aventureuse fut sa longue existence.
Alexandrie capitale de l'Égypte ptolémaïque : l’âge d’or

De 331 à 31 avant J.-C., Alexandrie fut la capitale d'un royaume gréco-égyptien. Durant son premier siècle d'existence et sous le règne des trois premiers Ptolémées, elle connut la gloire la plus resplendissante. Les maîtres de l'Égypte se plurent à orner la ville de la splendeur de l'art hellénistique, expression d'un monde en évolution. Ptolémée Ier, lieutenant d'Alexandre le Grand, dont il suivit fidèlement les principes de tolérance, sut se concilier la sympathie de ses sujets. Respectueux des institutions civiles et politiques, et des croyances et religions locales, il administra l'Égypte dans un climat de paix interne. Grâce à lui Alexandrie devint une capitale exemplaire; il fit construire des temples, des palais majestueux et le fameux phare d'Alexandrie, (Pharos) connu comme l'une des Sept Merveilles du monde et dont des vestiges significatifs ont été mis au jour lors de fouilles sous-marines en 1995. La ville devint également un centre culturel important où se rencontraient de nombreux savants et artistes, protégés et subventionnés par le souverain. La bibliothèque d'Alexandrie, qui réunissait plus de 700 000 manuscrits, fut célèbre de tous temps. Elle fut incendiée lors de la révolte de la ville contre César (guerre d'Alexandrie, 48-47 avant J.-C.). À la mort de Ptolémée Ier, surnommé le Sauveur, son fils lui succéda. Se gardant d'entraîner l'Égypte dans les conflits qui mettaient alors à feu et à sang les royaumes voisins, il se contenta de suivre avec ardeur la politique entreprise par son père. Ami des arts et des sciences, il s'entoura de nombreux poètes et savants, parmi lesquels s'illustrèrent Théocrite et Callimaque. Avec la mort de Ptolémée III Évergète, fidèle à la politique de ses prédécesseurs, prend fin l'âge d'or d'Alexandrie.
Alexandrie sous les rois lagides

Alexandrie était le lieu de résidence du roi lagide, dont le palais se trouvait à proximité du Grand Port. La Cour gravitait autour du souverain. L'administration propre de la ville pouvait être définie comme un ensemble de corporations (politeumata) correspondant aux différentes nationalités d'origine, celle des Grecs, appelés aussi citoyens ou tout simplement Alexandrins, étant de beaucoup la plus forte. Au sommet, des représentants du roi : gouverneur, préfet de police, exégète et ethnarque, veillaient à la police, à l'approvisionnement et à l'administration en général.
Cette coexistence des puissants et de la population explique la plupart des troubles qui perturbèrent la vie urbaine. Ces troubles étaient dus d'abord aux autochtones égyptiens, difficiles à gouverner, ensuite aux mercenaires, nombreux et indisciplinés (Alexandrie était la principale ville de garnison), enfin aux Alexandrins eux-mêmes. Il n'y eut pas de révolutions organisées, mais des soulèvements de caractère spontané, provoqués par la politique royale ou les problèmes dynastiques (en 203, 170, 165, 136-135, 80 avant J.-C.). De leur côté, les maîtres ne s'étaient pas privés de provoquer le peuple, surtout Ptolémée VII, qui connaissait l'hostilité de beaucoup d'Alexandrins à son égard.
Les Juifs d’Alexandrie
Flavius Josèphe estimait le nombre des Juifs d'Alexandrie à 100 000. Ils habitaient surtout le quartier dit du « Delta », à l'est des ports et du palais, mais ne s'y confinaient pas. Ils étaient établis de longue date en Égypte, où ils étaient venus en qualité de mercenaires ou de rescapés de l'exil de Babylone. Alexandre leur aurait donné toute licence de profiter de sa fondation nouvelle. Ptolémée Ier avait ramené beaucoup de prisonniers juifs, qui vécurent là comme soldats ou comme esclaves. Ces derniers s'affranchirent vite et tous prospérèrent dans le cadre de leur communauté, dirigée par un ethnarque assisté d'un conseil.
À la jalousie des Grecs s'ajoutèrent les effets d'une tradition d'antisémitisme déjà ancienne dans les milieux égyptiens cultivés. Enfin, ce qui ne détendit pas l'atmosphère, les Juifs furent mêlés aux affaires dynastiques, quand, mal vu des Alexandrins, Ptolémée VI fit appel à un contingent juif pour lutter contre Ptolémée VII, lequel se vengea par la suite.
Il existe des traces de l'activité intellectuelle des Juifs alexandrins. Un certain Aristée, repris par Flavius Josèphe, avait décrit le studieux travail des Juifs hellénisés. C'est dans leur milieu que fut rédigée la traduction grecque de l'Ancien Testament connue sous le nom de version des Septante, et qui mettait les livres sacrés des Hébreux à la portée de ceux qui ne lisaient plus que le grec. Dans les synagogues alexandrines, on priait en grec. Hellénisés à ce point, les Juifs avaient été en mesure de fournir à la monarchie de hauts fonctionnaires, issus de familles parfois très riches, comme celle du philosophe Philon.
Alexandrie romaine

César et la guerre d'Alexandrie
Jules César
César débarqua à Alexandrie en octobre 48 avant J.-C., juste avant l'assassinat de Pompée. La foule et les soldats de Ptolémée manifestèrent vivement contre lui, et des soldats romains furent assassinés les jours suivants. César dut se retrancher dans le quartier du palais ; il réussit à brûler la flotte égyptienne et les arsenaux ; le feu se communiqua à la bibliothèque. Il vainquit la flotte des Alexandrins, mais il dut un peu plus tard s'enfuir à la nage de son vaisseau qui chavirait. Deux mois plus tard, il sortait d'Alexandrie pour rejoindre son allié Mithridate, débarqué à Péluse, et rentrait victorieusement dans la ville, en mars 47 avant J.-C. Il regagna Rome à une date controversée, mais vraisemblablement en septembre 47 avant J.-C. Cette guerre a été racontée dans un Bellum Alexandrinum, d'un auteur contemporain.
La ville sous l’Empire romain
Auguste

Auguste  Dioclétien
Sous l'Empire romain, l'essentiel de la machine gouvernementale demeura dans la ville, devenue résidence du préfet d'Égypte, de l'idiologue (intendant du domaine impérial), de l'alabarque (directeur des impôts indirects) et de quelques procurateurs impériaux. On peut essayer d'estimer la population à l'époque impériale à partir de l'affirmation de Diodore de Sicile, qui donnait à Alexandrie 300 000 habitants libres. C'était la seconde ville de l'Empire. Les empereurs s'attachèrent à l'embellir et à y laisser les marques de leur gloire ou de leur vénération envers les dieux. Auguste bâtit la ville satellite de Nikopolis, ou Juliopolis, avec les bâtiments nécessaires aux jeux quinquennaux institués en souvenir de sa victoire sur Antoine. En l'honneur de l’empereur Dioclétien, un préfet d'Égypte érigea une colonne, longtemps appelée colonne de Pompée, et qui se trouvait dans l'enceinte du Serapeum. À l'époque impériale furent encore érigés quelques nouveaux sanctuaires, dont celui de Mithra, des bains publics, dont les noms ont été conservés par les textes, et des lieux consacrés aux spectacles. Les spectacles, effectivement, ne manquaient pas. Les larges boulevards se prêtaient aux parades à l'occasion de la venue de l'empereur comme aux processions religieuses. Les athlètes alexandrins étaient nombreux et réputés. Alexandrie aurait même été la première ville gréco-orientale à avoir un cirque.
Une vaste boutique
« Alexandrie tout entière n'est qu'une vaste boutique », disait Grégoire de Nazianze. On imagine quelque chose d'analogue aux souks de l'époque arabe : des rues entières d'artisans boutiquiers se consacrant à diverses spécialités. Le travail du verre produisait des vases ornés, souvent dorés, qui avaient un grand succès dans le monde. La poterie de fabrication locale est plus modeste : ce sont surtout des vases à dessin sur fond clair, blanc ou crème, à usage funéraire, les hydries dites de Hadra, du nom d'une nécropole. La toreutique et la bijouterie ont également produit des œuvres remarquables. Autre spécialité alexandrine, les tissus de qualité, brochés, damassés ou brodés, y compris ceux qui étaient à décor de style barbare destinés à l'exportation lointaine. On tissait aussi un lin de très fine qualité, le byssos. Les produits de parfumerie et de pharmacie constituaient l'objet d'une industrie importante, très organisée, qui traitait les plantes du Delta aussi bien que les produits d'Arabie. La valeur des produits manipulés entraînait un exceptionnel luxe de précautions contre les vols dans les officines. Une partie était exportée, mais la pratique égyptienne de l'embaumement et les goûts des Alexandrins en absorbaient la plus grande part.
L'activité n'était pas moins grande du côté des ports. De grands chantiers navals construisaient ou réparaient les bateaux, en utilisant le bois importé de Phénicie ou d'Asie Mineure. Ptolémée IV y avait fait construire un navire royal très somptueux et un gigantesque vaisseau à quarante rangs de rames. Dans le même secteur, en bordure des ports, se trouvaient les magasins, et surtout les silos, où s'entassait le blé d'Égypte, véritable monnaie d'échange à l'époque lagide et produit essentiel d'exportation vers Rome à l'époque impériale. Les exportations comportaient en outre le papyrus et les produits du désert et de l'Orient, marbres, pierres précieuses, épices. Les importations consistaient en huile et vin, d'ailleurs lourdement taxés sous les Ptolémées.


Néron
NéronCaracallaAurélien
Sous la tutelle étroite de Rome, Alexandrie paraissait devoir retrouver un certain calme. Les empereurs, qui connaissaient les foules, se méfiaient : la ville fut relativement isolée, n'ayant plus de gouvernement direct sur l'Égypte et étant devenue grenier privé de l'Empire. Il y eut cependant quelques épisodes d'une rare violence.
Sous Néron, en 66, une bataille éclata à l'amphithéâtre, et, à titre répressif, les soldats firent un vrai carnage dans le quartier juif. Sous Trajan, de 115 à 117, les Juifs manifestèrent par leur révolte leur participation à l'agitation qui ébranlait leurs rangs dans tout l'Orient : ce fut l'origine d'une guerre sans merci qui nécessita l'appel à des troupes extérieures à l'Égypte, et entraîna destructions, confiscations de biens, exécutions. Les Juifs furent alors parqués dans leur ghetto du Delta.
En 215, Caracalla vint à Alexandrie, où il fut accueilli avec beaucoup d'honneur, mais aussi avec des plaisanteries qu'il n'apprécia pas, et en tira une vengeance froidement calculée : il prit un prétexte pour réunir la jeunesse et la fit massacrer.
En 273, l'empereur Aurélien vint mettre fin à la révolte du Grec Firmus, qui s'était donné les droits d'un souverain. Le quartier du Brouchion, où ses fidèles s'étaient repliés, fut dévasté.
En 296, après huit mois de siège, Dioclétien entra dans Alexandrie, où un nommé Achilleus s'était proclamé empereur. La ville souffrit, tant pendant le siège que lors de la répression qui suivit. Mais une page était tournée : les chrétiens se haussaient désormais au premier plan de l'actualité.
Alexandrie dans l'Empire byzantin

De 326 à 641, Alexandrie passe sous le contrôle de l'Empire byzantin. L'installation d'un empire chrétien à Byzance, héritier de l'Empire romain d'Orient consacra Alexandrie comme capitale de la chrétienté, aux côtés de Constantinople et d'Antioche.
Alexandrie chrétienne
Saint Marc

Saint Marc  Saint Athanase
L'Église d'Alexandrie est, à n'en pas douter, des plus anciennes, bien que soit légendaire la tradition qui attribue sa fondation à l'apôtre saint Marc. Les chrétiens ne font parler d'eux qu'à dater de la persécution de Septime Sévère, en 202. La persécution de Decius fut terrible, celle de Dioclétien incita les Alexandrins à faire partir de son avènement l'ère dite des martyrs, expression qui fut utilisée aux ve et vie s. Les derniers martyrs datent du temps de Maximin Daïa. Ensuite, le nombre des chrétiens se multiplia, tandis que le paganisme conservait des défenseurs acharnés dans les milieux intellectuels et des alliés chez les Juifs. La fermeture des temples païens et la destruction du Serapeum en 391, les combats avec les Juifs et la lapidation de la philosophe Hypatie en 415 marquèrent les luttes entre païens et chrétiens.
L'Église avait depuis longtemps des structures bien établies. Un patriarcat avait été fondé. Dès 362, un concile alexandrin avait promulgué des décisions qui complétaient celles de Nicée. La cathédrale fut construite sur ce qui restait du Cesareum.
La ville avait conservé sa qualité de foyer intellectuel : jusque sous Justinien subsistèrent des écoles païennes (en particulier l'école philosophique néo-platonicienne), et l'aptitude aux discussions théologiques créait un climat favorable à la naissance des hérésies. L'hérésie d'Arius y fut brillamment et ardemment combattue par l'éminent patriarche que fut saint Athanase (328-373). Aux ve et vie s., le monophysisme, qui avait la faveur des coptes, fut à l'origine de désordres sérieux. Lieu d'élection de cette hérésie, Alexandrie fut privée de son patriarche Théodose, exilé et remplacé par Paul, moine orthodoxe et autoritaire (538). Ce qui n'empêcha pas les monophysites de revenir en force. En 633, l'empereur Héraclius avait cru rétablir la paix religieuse : en réalité, les monophysites, persécutés, croyaient voir l'Antéchrist en la personne du patriarche Cyrus.
Pour en savoir plus, voir l'article Empire byzantin : histoire.
Alexandrie, ville arabe, vénitienne, puis ottomane

Occupée par les Perses (616), elle fut ensuite conquise par les Arabes (641-642), installés à Péluse dès 639, ils entrèrent dans Alexandrie en 642.
La réduction radicale de l'activité commerciale suivit celle de la population. Vers 875, Ahmad Ibn Tulun faisait abattre les trop vastes remparts antiques pour édifier une enceinte plus restreinte.
En 1202, les Vénitiens prirent momentanément Alexandrie. Comme les Génois et les Pisans, et même plus qu'eux, ils obtinrent des privilèges commerciaux et firent du port un centre de commerce des épices de l'Orient, aux xive et xve s. Ils y importaient en contrepartie des armes et des esclaves originaires des Balkans. Le Sultan percevait des droits de port élevés.
La découverte de l'itinéraire du cap de Bonne-Espérance réduisit l'activité transitaire avec l'Orient. La venue des Turcs Ottomans, en 1517, porta le coup de grâce à Alexandrie, qui fut saccagée.
L'Époque moderne

Quand Napoléon Bonaparte débarqua à Alexandrie en 1798, il n'y avait plus que 7 000 habitants. Méhémet-Ali redonna quelque rôle à la ville, dont la population remonta : 25 000 habitants en 1825, 100 000 en 1850. De son temps datent diverses constructions : un nouveau phare, à l'ouest de la presqu'île, l'arsenal du port de l'ouest, le palais de Ras al-Tin, enfin le canal Mahmudiyya, qui contourne l'agglomération par le sud, remplace l'ancien canal canopique et relie Alexandrie au Nil.
Ce fut le signal de la renaissance de la ville, qui, point de départ de la route terrestre des Indes, s'européanisa progressivement et attira non seulement des Français et des Anglais, mais aussi des Grecs, des Juifs et des Syriens. Elle fut la capitale de fait de l'Égypte, depuis Méhémet-Ali jusqu'à l'avènement d'Ismaïl, qui favorisa Le Caire.
La géographie de la ville antique

La ville s'étendait le long de la mer et s'accrochait à quelques collines. À l'ouest le vieux quartier indigène de Rhakotis, à l'est le quartier royal (Brouchion), puis le quartier juif et les faubourgs. En face, l'îlot rocheux de Pharos, qui fut bientôt relié au continent par un pont, l'Heptastadion. Ce pont, qui séparait les deux ports, le Grand Port à l'est et l'Eunostos à l'ouest, est remplacé aujourd'hui par un large tombolo.
Alexandre le Grand avait confié à l'architecte Dinocratès, de Rhodes, le soin de tracer le plan de la ville : ce fut un damier de larges avenues selon la manière des urbanistes de ce temps.
L'ensemble était ceinturé de remparts, qui jouèrent efficacement leur rôle jusqu'à leur démolition, au ixe s. Selon l’historien Tacite, ils avaient été l'œuvre de Ptolémée Ier, mais les fouilles n'ont pas confirmé cette ancienneté de façon absolue et n'ont reconstitué qu’approximativement leur tracé.
Culture et patrimoine d’Alexandrie

Le patrimoine de la ville antique

Les recherches ultérieures, menées par les conservateurs successifs du Musée gréco-romain, ont permis de découvrir des vestiges du Serapeum [expliquer], mais elles ont surtout porté sur les nécropoles, nombreuses dans les alentours : la plus spectaculaire est, au sud, celle de Kum al-Chaqafa, la « colline des tessons ».
Si l'on veut se faire une idée des principaux monuments d'Alexandrie, il faut se tourner vers les auteurs anciens. Le géographe Strabon énumère une partie des édifices : le fameux phare qui tient son nom de l'île de Pharos, les palais royaux, de l'autre côté du port, sur le cap Lochias, et, au-delà de ceux-ci, le théâtre, le Timonium bâti par Antoine, le Cesareum construit par Cléopâtre en mémoire de César ; beaucoup plus à l'intérieur, le Serapeum, qui semble dominer la ville, l'amphithéâtre et le stade du quartier de Nikopolis, le gymnase, le Paneum, colline artificielle dans laquelle on monte par un escalier intérieur. Deux édifices ont bénéficié d'un prestige tout particulier et ont marqué la vie alexandrine : le Serapeum et le Musée.
Le culte de Sérapis

L'origine du culte, typiquement alexandrin, de Sérapis, est obscurcie par la légende. Son temple, le Serapeum, était de beaucoup le plus grand d'Alexandrie. Il était situé sur une colline, aux abords de Rhakotis, là où l'on voit la colonne de Dioclétien [empereur]. C'était une enceinte carrée, close de murs, et dans laquelle se trouvaient divers sanctuaires de Sérapis et des divinités qui lui étaient associés, Isis et Harpocrate. Les fouilles ont permis de découvrir des plaques de fondation, en une collection de matériaux différents, allant de l'or à la faïence et attestant les constructions successives. Outre les sanctuaires, l'enceinte contenait des habitations de prêtres, des portiques, une bibliothèque.
Alexandrie renfermait au minimum deux ou trois autres temples de Sérapis. L'île de Pharos possédait un temple d'Isis Pharia, et il y avait des lieux de culte consacrés aux souverains : culte d'Alexandre au Sêma (son tombeau), culte d'Arsinoé II à l'Arsinoeion, temple de Ptolémée Ier et de ses successeurs, qui s'identifiaient volontiers à des divinités classiques. Le temple que Cléopâtre avait érigé en l'honneur de César (le Cesareum) fut consacré par Auguste au culte impérial (le Sebasteion).
Le Musée, la bibliothèque

Le célèbre Musée d'Alexandrie, placé sous l'invocation des Muses, donnait asile aux intellectuels les plus éminents de l'époque, venus de tout le monde grec. Installé en plein centre de la ville, il comportait des promenades, des portiques, des salles de conférences, une salle à manger, un parc zoologique, des installations spécialisées telles que celles qu'utilisaient les astronomes, et enfin la bibliothèque. La vie intellectuelle bénéficiait ainsi d'un climat favorable et de la protection royale. Certains pensionnaires (le poète Callimaque, le critique Zénodote, le poète Apollonios de Rhodes) détinrent les fonctions de bibliothécaire. La bibliothèque fournissait des instruments de travail abondants. La production du papyrus favorisa le développement de la paperasserie égyptienne, mais aussi la multiplication des écrits. Alexandrie était donc l'endroit d'élection pour la plus grande bibliothèque du monde antique. Fondée sous Ptolémée Ier, elle était, à la fin de la période hellénistique, riche de 700 000 volumes ! Chiffre étonnant, auprès du petit nombre d'œuvres classiques qui ont survécu. Chiffre qu'il faut réduire pour comprendre l'importance réelle de la bibliothèque : ces volumina, rouleaux de papyrus, ne comprenaient pas le dixième du texte d'une brochure moderne, et, d'autre part, on avait catalogué généralement plusieurs exemplaires d'un même écrit. Le Serapeum contenait une autre bibliothèque, plus petite.
La grande bibliothèque avait brûlé accidentellement en 47 avant J.-C., durant la guerre d'Alexandrie : reconstituée avec des livres venus de Pergame, elle eut encore à pâtir des désordres des iiie et ive s. après J.-C.
L’un des principaux foyers intellectuels de l’Antiquité

Ces événements n'empêchèrent pas la vie intellectuelle de prospérer ; après le temps des poètes de cour (Apollonios, Aratos de Soles, Callimaque, Théocrite, Timon) et des grammairiens (Zénodote, Aristarque de Samothrace), après le temps des érudits juifs (Philon et les auteurs des Septante, de la Lettre d’Aristée) vinrent les philosophes néo-platoniciens (Ammonios et son disciple Plotin, Jamblique) et leurs rivaux chrétiens (Clément d’Alexandrie, Origène, saint Denys le Grand). Alexandrie demeura ainsi une des capitales de la discussion philosophique jusqu'à la fin de l'Antiquité.
LE PHARE D'ALEXANDRIE

Introduction

À la fin de l'année 333 avant J.-C., Alexandre, ayant réduit les ports de la côte syrienne et les estimant trop à la portée d'un retour perse, prit la décision de créer de toutes pièces une grande cité portuaire sur la côte d'Égypte. Le choix du conquérant se porta sur un site naturellement abrité, situé à l'ouest de l'embouchure du Nil, mais non pas sur le fleuve lui-même, dont les atterrissements modifient le rivage et le rendent peu propice à l'aménagement d'un port. Il confia alors à son architecte Dinocratès le soin de dessiner la nouvelle ville et d'en aménager le port. On est en droit de penser que le Phare figurait déjà dans le projet de Dinocrate, peut-être à l'instigation d'Alexandre, mais il est certain que sa construction ne fut entreprise qu'à la génération suivante. Considéré dans l'Antiquité comme la septième merveille du monde, il n'est plus connu aujourd'hui que par de rares témoignages littéraires et iconographiques. Les recherches menées sur place depuis 1994 par l'Institut français d'archéologie orientale et par le Centre d'études alexandrines, notamment les fouilles sous-marines, ont permis de dégager des vestiges immergés par 8 m de fond, sous lesquels pourraient se trouver des blocs appartenant au célèbre monument. À la faveur de ces fouilles, on a retrouvé la statue de Ptolémée XII Aulète, le père de la reine Cléopâtre VII.
Un monument antique

C'est Ptolémée Sôtêr qui commanda l'ouvrage à l'architecte Sostratos de Cnide, lequel dut commencer les travaux aux alentours de 290 avant J.-C. Architecte et ingénieur de talent, Sostratos poursuivit ses travaux alexandrins durant le règne suivant. La construction du Phare demanda, on s'en doute, plusieurs années, et l'inauguration eut lieu sous le règne de Ptolémée Philadelphe vers 280 avant J.-C.
Par une bonne fortune, nous connaissons la dédicace du monument, rapportée par Strabon (Géographie XVII, 1,6) et mentionnée par Pline l'Ancien et Lucien. Voici le texte de Pline :« L'on vante aussi une tour, ouvrage royal, élevée dans l'île de Pharos qui commande le port d'Alexandrie. Elle coûta, dit-on, huit cents talents, et, pour ne rien passer sous silence, rappelons la magnanimité du roi Ptolémée qui permit à l'architecte Sostratos de Cnide d'y inscrire son nom sur le corps même de la construction. Son utilité est de montrer aux navires, au cours de leurs navigations nocturnes, des feux semblables à ceux qui brûlent à présent en bien des endroits, ainsi à Ostie et à Ravenne. » (Histoire naturelle, livre XXXVI, 18, traduction R. Bloch).
Il n'est pas sans intérêt de noter que l'auteur, qui écrit à l'époque de Néron, croit devoir expliquer l'utilité et le rôle du Phare, ce qui inciterait à croire que ce type d'édifice était encore une nouveauté pour les Romains. Ainsi Suétone y fait référence lorsqu'il décrit la construction du premier phare d'Ostie par l'empereur Claude, vers l'an 50 de notre ère :« Il [Claude] créa le port d'Ostie en faisant construire deux jetées en arc de cercle à droite et à gauche, et dans des eaux déjà profondes, un môle pour barrer l'entrée ; pour asseoir ce môle plus solidement, on commença par couler le navire qui avait amené d'Égypte le grand obélisque […] là-dessus, on construisit une foule de piliers supportant une tour très haute, destinée, comme celle du Pharos d'Alexandrie, à éclairer de ses feux pendant la nuit la route des navires. » (Vie des douze césars, Claude, XX, traduction H. Ailloud).
Strabon, après nous avoir décrit minutieusement le découpage de la côte et« l'île de Pharos […] simple îlot de forme oblongue et tellement rapproché du rivage qu'il forme avec lui un port à double ouverture », nous explique que la passe d'accès au port oriental, le Portus Magnus des Romains, le mieux abrité, eût été pratiquement inaccessible sans un signal pour en indiquer l'entrée. Ainsi naquit l'idée, non seulement d'un amer diurne mais, mieux encore, d'un fanal autorisant les approches nocturnes depuis une grande distance. Enfin, l'auteur de la Géographie précise que« Sostratos de Cnide l'a érigé et dédié […] ainsi que l'atteste l'inscription apposée sur le monument. ».
Les témoignages littéraires

À l'époque pharaonique, l'île de Pharos était occupée par un village de pêcheurs, qui, à l'époque ptolémaïque fut transformé en place forte destinée à protéger l'accès maritime d'Alexandrie (Histius, De bello Alexandrino, XIV, 1 ; XVII, 19-21) ; le Phare lui-même et son enceinte propre devaient, grâce à leur situation de commandement immédiat de l'entrée du port, jouer un rôle dans ce système d'alerte et de défense.
Ce n'est donc pas sans raison si, en 1477, comme le rapportent les chroniques arabes, le sultan mamelouk Qaitbay, au cours d'une visite d'inspection à Alexandrie, donna l'ordre de construire une forteresse sur l'extrémité nord-est de l'île de Pharos, là où se trouvaient, selon toute probabilité, les restes du Phare. Le chroniqueur Ibn Iyas, à qui nous devons l'information relative à l'édification du fort, déclare en effet que celui-ci devait s'élever « sur des fondations antiques », sans préciser toutefois la nature perceptible de ces vestiges.
Deux ans après que Qaitbay eut commandé la construction de la forteresse, un voyageur allemand du nom de Tucher visite Alexandrie et décrit le nouvel ouvrage, confirmant l'initiative du sultan et la date des travaux. Son témoignage et ceux d'autres chroniqueurs ont été rassemblés en 1909 par l'archéologue allemand Hermann Thiersch dans son importante monographie : Pharos, Antike, Islam und Occident ; cet auteur, à partir de la réunion des différents récits anciens et en utilisant des représentations monétaires a proposé une restitution du Phare qui demeure aujourd'hui l'une des plus vraisemblables.
Que nous disent les textes antiques et les récits de voyageurs de l'aspect du monument tant durant sa phase de fonctionnement que durant sa lente destruction ? César, dans sa Guerre civile (De bello civil) entre deux récits de combats pour la maîtrise d'Alexandrie, prend le temps de noter :« Le Phare est une tour très élevée, d'une architecture merveilleuse, bâtie dans une île dont elle porte le nom. » C'est tout et c'est peu ; on y trouve néanmoins une évocation de dimension et un jugement qualitatif. Pline l'Ancien, cité à propos de la dédicace de Sostratos, s'il est plus disert, puisqu'il révèle même le prix de la construction, néglige malheureusement de décrire l'aspect du Phare, qui est seulement qualifié de « tour ». C'est en fait grâce à Strabon que l'on entrevoit la silhouette du monument, qui devient sous sa plume une « tour à plusieurs étages, en marbre blanc ».
Cette information, toutefois, peut sembler anodine, puisqu'une tour- construction élevée - possède généralement plusieurs étages ; il fallait donc interpréter différemment cette formule et comprendre « plusieurs étages visibles donc en retrait les uns sur les autres ». C'est alors que l'on retrouve la silhouette « en ziggourat » des phares figurant sur les mosaïques d'Ostie.
Un autre auteur antique, rapportant une chronique sans rapport direct avec Alexandrie, nous parle de la forme du Phare : il s'agit de Flavius Josèphe, lequel dans sa description du siège de Jérusalem établit un état des défenses de la ville (la Guerre des Juifs, livre V, 2). Parmi les constructions énumérées figure une tour dite « de Phazaël » dont Josèphe nous dit que « sa forme ressemblait à celle du phare d'Alexandrie où un feu toujours allumé sert de fanal aux mariniers pour les empêcher de donner à travers les rochers qui pourraient leur faire faire naufrage ; mais celle-ci était plus spacieuse que l'autre ». Ailleurs, il précise : « La clarté du feu du Phare s'étend jusqu'à trois cents stades. »
Beaucoup plus tard, à un moment où le Phare en tant que signal lumineux était abandonné à la suite de destructions, l'écrivain arabe Ali al-Masudi, nous décrit dans ses Prairies d'or le monument tel qu'on pouvait encore le voir et l'estimer :« La hauteur du Phare, actuellement, est à peu près de 230 coudées. Anciennement, elle était d'environ 400 coudées ; le temps, les tremblements de terre et les pluies l'ont détérioré ; […] sa construction a trois formes : il [le phare] est carré jusqu'à un peu moins que la moitié et un peu plus que le tiers ; là, la construction est en pierre blanche ; ce qui fait 110 coudées à peu près. Ensuite, la figure en devient octogone et il est alors construit de pierres et de plâtre dans l'étendue de soixante et quelques coudées. Un balcon l'entoure pour pouvoir se promener autour. Enfin, la partie supérieure en est ronde. ».
Un musulman de Málaga, Ibn al-Sayg, ayant séjourné à Alexandrie en 1165 et 1166, eut la curiosité de mesurer, à l'aide d'une corde, dit-il, la tour du Phare et nous livre les dimensions suivantes : pour le premier étage, carré, une hauteur que l'on peut traduire par 60 m et pour le deuxième étage, octogonal, une hauteur de 26 m ; avec le dernier niveau la hauteur totale avoisinait 105 m. Ce dernier niveau, cylindrique, Ibn al-Sayg, en fait une petite mosquée en forme de coupole. Plus tard, l'historien arabe Ahmad al-Maqrizi (1364-1442), grand compilateur de chroniques anciennes, écrit à propos de deux témoignages anciens :« Un écrivain dit l'avoir mesuré et avoir trouvé 233 coudées [pour la hauteur du Phare] ; il est de trois étages : le premier étage est un carré haut de 121,5 coudées ; le deuxième est octogone, de 81,55 [de haut] ; le troisième étage est rond, il a 31,5 coudées. ».
Ibn Djubayr note, dans son mémoire de voyage, que le Phare d'Alexandrie paraît à plus de 70 milles ; qu'il a mesuré lui-même un des quatre côtés de l'édifice, en l'année 548 de l'hégire (1183), et qu'il l'a trouvé de plus de 50 coudées, que, enfin, la hauteur dépassait 150 brasses. Reprenons ces mesures et traduisons-les : pour al-Masudi, la hauteur restante est de 102 m, elle était à l'origine de 177,40 m (« à peu près ») ; le premier étage, de plan carré, est haut de 48,78 m, le deuxième, octogonal, est haut de plus de 26,61 m, enfin la partie terminale, ronde, n'est pas évaluée. Chez l'auteur du xiie s. cité par al-Maqrizi, les dimensions se précisent et deviennent : pour la hauteur totale, de 103,33 m ; pour le premier étage, carré, de 53,88 m ; pour le deuxième étage, octogonal, de 36,14 m ; enfin, pour le troisième étage, circulaire, de 13,97 m. Enfin, le second auteur cité par al-Maqrizi ajoute une troisième série de dimensions : une hauteur de plus de 225 m ( !) et un côté à la base de 22,17 m, un véritable stylet ayant, telle une colonne, une hauteur égale à dix fois la base !
Autre chroniqueur et voyageur arabe apportant des précisions sur le Phare, Ibn Battuta, le « Voyageur », originaire de Tanger, nous a laissé une description de l'état du Phare en 1326 : à cette date, l'un des quatre côtés de l'édifice, dont la base mesurait 100 pieds, s'était effondré. Retourné sur place vingt-trois ans plus tard, l'auteur constate que la dégradation s'est accrue considérablement au point qu'il est même devenu impossible d'accéder à la porte.
De ces dimensions, parfois fort variables, nous retiendrons que le Phare avait une hauteur voisine et légèrement supérieure à une centaine de mètres et qu'il était constitué de trois étages, de hauteur et de largeur dégressives, et respectivement de plan carré, octogonal et circulaire.
Les témoignages iconographiques

L'iconographie du Phare est certainement celle qui est la plus abondante de celle des Sept Merveilles. La meilleure source nous est donnée par des monnaies alexandrines, frappées entre le règne de Domitien (81 à 96) et celui de Commode (180 à 192), sur lesquelles le Phare apparaît avec ses trois étages. On y distingue même, au sommet du premier étage, les silhouettes de tritons sonnant de la trompe, tandis qu'une statue, Poséidon ou Ptolémée divinisé, somme le dernier étage. Dans une telle structure, le foyer devait être abrité dans le pavillon sommital ajouré par une colonnade.
D'autres supports présentent le Phare avec une précision variable ; deux sont des mosaïques d'époques tardives, un autre, beaucoup moins conventionnel est un verre gravé, souvenir anecdotique d'un voyageur ayant séjourné à Alexandrie, retrouvé sur le site de Begram, en Afghanistan ; enfin, trois lampes de terre cuite en forme de phare sont conservées au musée d'Alexandrie.
Les deux mosaïques apparaissent comme plus explicites : la première, malheureusement mutilée, provenant de la basilique Saint-Jean de Gerasa, identifie Alexandrie par une inscription et montre le Phare, isolé de la ville. La seconde mosaïque, datée des environs de 1200, se trouve dans la basilique Saint-Marc de Venise et représente l'arrivée du saint à Alexandrie. À cette époque, le Phare avait cessé de fonctionner en tant que tel et ne servait plus que d'amer diurne, tandis que sur son sommet une petite mosquée avait été aménagée.
BEAUX-ARTS

Plusieurs musées témoignent du passé de la ville ; la nécropole d'Anfouchi (iiie-iie s. avant J.-C.), les catacombes de Kom el-Chougafa (ier-iie s.) et le musée national d'Alexandrie (2003).

 

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DENG XIAOPING

 

Deng  Xiaoping

Deng Xiaoping
Homme d'État chinois (Guangan, province de Sichuan, 1904-Pékin 1997).
Secrétaire général du parti communiste en 1948, il est ministre des Finances (1953-1954). Il dirige la délégation chinoise lors de la rencontre sino-soviétique de Moscou (juillet 1963), dernière tentative de conciliation entre les deux partis. Très violemment attaqué par les gardes rouges, peu après la décision du Comité central sur la Révolution culturelle (8 août 1966), il est expulsé de la hiérarchie (septembre 1967). Il réapparaît, à Pékin, en avril 1973, et fait de nouveau partie du Comité central au Xe Congrès (août 1973). Au Bureau politique en janvier 1974, il est proche collaborateur de Zhou Enlai. L'année suivante, il est élu par l'Assemblée nationale premier vice-Premier ministre et membre du comité permanent du Bureau politique. Il occupe alors le 3e rang dans la hiérarchie. Il est aussi chef d'état-major de l'armée. De nouveau limogé en avril 1976, il retrouve toutes ses fonctions en juillet 1977. Il abandonne le poste de chef d'état-major au début de 1980 et, en septembre de la même année, il quitte ses fonctions de vice-Premier ministre, tout en restant, jusqu'à la suppression du poste en 1982, vice-président du parti. Depuis la mise à l'écart de Hua Guofeng, auquel succèdent à la tête du gouvernement (en 1980), puis du parti (en 1981), des hommes proches de Deng Xiaoping, ce dernier exerce en fait la réalité du pouvoir et est responsable des orientations nouvelles de la politique chinoise. En 1987, à la suite du XIIIe Congrès du P.C.C., il quitte le Bureau politique et le Comité central. Les graves événements de juin 1989 (répression sanglante contre les manifestations estudiantines), dont il est le principal responsable, montrent cependant qu'il reste une personnalité très influente.

 

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